Quand Marine Le Pen se prend pour Jack Bauer

10 décembre 2014

Selon la présidente du FN, la police devrait prendre exemple sur les héros des séries télévisées américaines. Cela promet...

L'affaire a déjà fait grand bruit. L'usage de la torture est-il « excusable » dans certaines circonstances ? Interrogée ce matin, mercredi 10 décembre 2014, par Jean-Jacques Bourdin, sur le plateau de BFM TV, Marine Le Pen a répondu sans ambiguïté : « il peut y avoir des cas », a-t-elle déclaré, « quand une bombe – tic, tac ; tic, tac ; tic, tac – doit exploser dans une heure ou dans deux heures, et accessoirement peut faire deux cents ou trois cents victimes civiles, où il est utile de faire parler la personne pour savoir où est la bombe », et cela « avec les moyens qu'on peut » – autrement dit, sous la torture si nécessaire.

Ce faisant, Marine Le Pen ne se contente pas de transgresse un tabou éthique. De sa part, d'ailleurs, cela n'est qu'à moitié surprenant : ne marche-t-elle pas dans les pas de son père ? D'un point de vue politique, peut-être y a-t-il plus grave. En effet, le scénario invoqué par la présidente du FN s'inspire directement des fictions produites outre-Atlantiques, à commencer par 24 heures chrono, dont le héros damné est appelé à mettre la morale au placard pour déjouer un attentat imminent. C'est un comble : Marine Le Pen a beau relayer servilement la propagande de Moscou, son esprit n'en est pas moins perverti par le soft power américain !

Or, tout cela, c'est à la télévision. Dans la "vraie vie", nous doutons qu'aucun agent de la DGSI n'ait jamais été confronté à pareil scénario. Et si certains l'avaient été, sans doute ne se seraient-ils pas mépris quant à la portée de leur action : couper les doigts d'un suspect contribuerait sans doute à le faire parler, mais vraisemblablement pour lui faire dire n'importe quoi.

En vérité, Jack Bauer n'existe pas, et c'est tant mieux comme ça. On s'étonnera néanmoins qu'un personnage prétendant présider aux destinées de l'État puisse s'imaginer le contraire. Selon son père, Marine Le Pen serait pourtant « du gabarit de Mme Merkel ou de Mme Thatcher ». Au moins le Menhir n-a-t-il pas perdu son humour.

Mise à jour – Un collaborateur du Huffington Post a publié un billet du même genre que le nôtre. Nous avions pourtant vérifié que rien n'avait été fait avant de poster !

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