Christian Estrosi : ennemi des libertés, complice des islamistes
18 avril 2015
Tentant d'exploiter à leur profit la hantise croissante de l'islam, des députés UMP le stigmatisent sans craindre de promouvoir ses déclinaisons les plus radicales, ni de sacrifier les libertés – et cela à l'aide d'une argumentation pour le moins inconséquente.
L'UMP n'en finit pas de verser dans le populisme islamophobe. Une trentaine de députés, Christian Estrosi en tête, ont ainsi présenté une proposition de loi « visant à transformer en délit le port du voile intégral ». Dans leur esprit, la liberté des uns ne s'arrête pas là où commence celle des autres, mais à la frontière d'un « pacte républicain » défini à leur convenance. Dans cette perspective, étant donné qu'il traduirait « un refus ostensible de l'égalité entre les hommes et les femmes », le port du voile intégral constituerait « une atteinte à la dignité de la personne », et cela « qu'il soit subi ou accepté ». Les femmes portant atteinte à leur propre dignité devraient être punies en conséquence : un an de prison et 20 000 euros d'amende.
De toute façon, comme l'expliquent M. Estrosi et ses collègues, héritiers fidèles de Créon, « la loi de la République doit être supérieure à toutes les lois ». Et de marteler que « ce n'est pas la République qui doit être en conformité avec la spiritualité mais le contraire ». Autrement dit, il ne s'agirait pas d'assurer la cohabitation de l'une et de l'autre, mais d'exercer la tutelle de celle-là sur celle-ci. « Le législateur a le devoir d'être vigilant afin de protéger le caractère laïc de notre République », se justifient les signataires. Appliquée aux seules institutions, la laïcité est un principe de tolérance ; étendue à la société dans son ensemble, elle sert de paravent à des velléités totalitaires.
Selon les démagogues de l'UMP, « la sauvegarde de notre pacte social et de notre nation » imposerait au législateur « de prendre toutes les mesures permettant de lutter contre des pratiques communautaristes radicales ». À commencer, donc, par le port du voile intégral, dont ces imbéciles font pourtant la publicité à mesure qu'ils prétendent l'interdire. Ils reconnaissent d'ailleurs leur échec à demi-mot : « paiement des amendes par d'autres personnes que les contrevenants, récidive, communication sur les failles du système répressif... sont autant d'éléments qui constituent un défi envers notre République et ses valeurs ». Voyant le mur approcher, les élus de la République proposent d'accroître la pression sur l'accélérateur – chapeau !
L'inconséquence s'avère tout aussi patente dans leur argumentation : « en portant le voile intégral dans l'espace public », constatent les députés, « l'auteur agit volontairement en faisant un acte interdit par la loi » ; ce faisant « il défit [sic] la République et ses valeurs » ; « l'élément intentionnel de cette infraction est donc caractérisé » ; « il doit donc être sanctionné plus lourdement ». À ce petit-jeu-là, nul n'étant censé ignoré la loi, ce sont l'intégralité des infractions qui devraient être sanctionnées plus lourdement. La cour d'assises pour un PV de stationnement, c'est pour quand ? En toute logique, c'est bien ce que devraient proposer M. Estrsoi et ses collègues. C'est dire la haute estime qu'ils nous inspirent.