Comment les souverainistes veulent soumettre Paris à Bruxelles
15 mai 2015
Retour sur le cas norvégien.
Dans la perspective d'un Brexit, Londres pourrait-il s'inspirer d'Oslo pour établir ses relations avec Bruxelles ? « Je ne suis pas sûr que l'approche "tout accepter sans droit de vote" convienne à l'image que les Britanniques ont d'eux-mêmes », a prévenu Vidar Helgesen, ministre norvégien des Affaires européennes, dans un entretien accordé pour Euractiv à nos confrères Henriette Jacobsen et Frédéric Simon.
De son point de vue, « Il y a très clairement un paradoxe dans le fait que l'acteur international qui influence le plus la société et la vie quotidienne des Norvégiens, l'UE, est également la seule grande organisation internationale dont nous ne sommes pas membre ». D'autant que cela ne dispense nullement Oslo des contributions financières propres aux États membres : « nous versons plus ou moins ce que nous verserions si nous étions un pays membre », souligne M. Helgesen. « C'est une drôle de situation où vous avez toutes les taxes et aucune représentation », observe-t-il, avant de nuancer son propos : « nous avons une certaine représentation » ; « nous n'avons juste pas le droit de vote ».
En conséquence, explique-t-il, « il est plus important pour nous que pour les États membres d'être actifs dès le départ, avant que les décisions ou propositions soient présentées ». En effet, « les spécialistes norvégiens ont le droit de participer aux comités de la Commission ». Or, « si vous avez des connaissances et de l'expertise à apporter aux discussions, votre voix est entendue, tout comme celle des États membres ». « Nombre de ces discussions sont techniques », souligne le ministre norvégien, selon lequel, « dans certains domaines », ses équipes seraient « à la pointe du savoir-faire ». Cependant, reconnaît-il, « quand il s'agit de questions politiques plus larges, nos limites sont plus flagrantes, parce que nous ne pouvons pas être à la table des discussions quand les décisions sont prises ».
Curieusement, constate-t-il, « le paysage politique norvégien est caractérisé par une certaine satisfaction vis-à-vis de notre situation ». S'agit-il pourtant d'un exemple à suivre pour le Royaume-Uni, et surtout pour la France ? Méfions-nous des mirages souverainistes : en pratique, la vague promesse d'une indépendance de façade se traduirait vraisemblablement par une perte effective d'influence.