Star Wars au Louvre : publicité mensongère !

29 novembre 2015

En quête d'un nouveau public, « désireux de rendre l'art accessible à tous », comme disent ses porte-parole, le musée du Louvre serait-il passé du côté obscur de la Force ?

Éclaboussé par lé déferlante Star Wars, le temple de la culture accueille jusqu'au 4 juillet 2016 une exposition consacrée aux « mythes fondateurs ». À voir les affiches placardées dans les couloirs du métro parisien, Dark Vador y occuperait une place comparable à celle d'Hercule. Mais parmi les quelques dizaines d'œuvres exposées dans la Petite Galerie du musée du Louvre (quatre petites salles sur deux cent quarante mètres carrés), inaugurée pour l'occasion, seules trois ou quatre proviennent effectivement d'une galaxie lointaine, très lointaine : le masque de Dark Vador (que l'on contemple sous tous les angles avec émotion, tant le personnage semble alors prendre vie sous nos yeux...), une illustration de Ralph McQuarrie, trois petits dessins de storyboard, deux affiches... et puis c'est tout.

Les amateurs du seigneur Sith risquent d'être déçus ! Les autres aussi, car le crocodile des origines, la hache rituelle ou le portrait de Circée sembleraient presque juxtaposés de façon gratuite. « Les mythologies de la culture populaire ne puisent-elles pas toujours dans le même répertoire d'histoires et de héros ? », s'interrogent les organisateurs. Mais alors, pourquoi n'ont ils pas explicitement dirigé les visiteurs vers les multiples portes que La Guerre des étoiles est susceptible de leur ouvrir vers la culture ? La voie avait été ouverte à l'initiative du Musée national de l'Air et de l'Espace de Washington, qui avait consacré une exposition à la saga et à ses inspirations, dont subsiste pourtant l'excellent catalogue.

Parmi les tableaux présentés à la Petite Galerie du Louvre, il y a, entre autres, Le Pandemonium, la capitale des Enfers peinte par John Martin, où quelques bâtiments émergent des roches en fusion. Cela rappellera naturellement Mustafar à tous les fans de Star Wars, cette planète volcanique qui scella plus ou moins la chute d'Anakin Skywalker vers le côté obscur de la Force, et dont il n'échappa qu'au prix d'atroces mutilations. Pourquoi ne pas avoir souligné cette continuité historique, par exemple ?  C'eût été d'autant plus opportun que, juste à côté de ce tableau, sont projetés des extraits de films traitant précisément des « métamorphoses ».

Peut-être cela a-t-il été fait à dessein ? Dans ces conditions, cette exposition peut constituer un bon support pédagogique, mais elle ne saurait se suffire à elle-même. Pour nous, sa visite fut un prétexte pour revenir au Louvre, en compagnie d'un guide coutumier des lieux, qui nous entraîna ensuite sur les chemins de la Mésopotamie, à la découverte de statues aussi majestueuses qu'impressionnantes... Aucun regret donc ! Mais qu'en sera-t-il des plus jeunes, ouvertement visés, auxquels on aura promis qu'ils allaient en découdre au sabre-laser ? Déception oblige, leur première visite au Louvre risque de leur laisser un souvenir mitigé.

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