Laurent Fabius a-t-il vraiment salué le « bon boulot » du Front al-Nosra ?

2 décembre 2015

En décembre 2012, quand ces propos controversés ont été rapportés, la France réservait officiellement sa position à l'égard du Front al-Nosra.

C'est une accusation propagée avec zèle par des propagandistes à la botte de Bachar el-Assad, tout particulièrement à l'extrême droite, mais pas seulement : Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, serait un fervent thuriféraire du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.

Pour preuve, nous dit-on, il en aurait fait l'apologie dans les colonnes du Monde. « Sur le terrain, ils font du bon boulot », aurait-il effectivement déclaré, selon notre consœur Isabelle Mandraud. À bien relire son article daté du 13 décembre 2012, cependant, on relève quelque ambiguïté. En effet, M. Fabius semble rendre compte de l'opinion du président de la Coalition nationale syrienne, ce que confirme la retranscription officielle de sa conférence de presse du 12 décembre 2012, à laquelle ont vraisemblablement assisté nos collègues du Monde.

Évoquant le Front al-Nosra, mais se refusant à le citer nommément, Laurent Fabius observait alors : « Il y a en particulier un groupe qui a des positions militaires qui sont importantes, mais les Américains ont estimé que ce groupe, compte tenu de ses orientations, devait être mis sur la liste des terroristes. D'autres pays, je pense à un certain nombre de pays arabes, ont dit que cela ne leur paraissait pas pertinent. Et le président de la Coalition a dit que, bien évidemment, on pouvait avoir des visions différentes sur ce sujet mais que, lorsqu'un groupe menait une action qui était efficace et utile au service des Syriens et contre Bachar el-Assad, c'était très difficile de le récuser en tant que tel. »

« En ce qui concerne la France », annonçait le ministre, « nous allons examiner cette question de manière approfondie parce que c'est une question que l'on ne peut pas éluder ».

Autrement dit, en décembre 2012, Paris réservait officiellement sa position à l'égard du Front al-Nosra.

Sans doute cela suffira-t-il à indigner les détracteurs de la politique menée par Paris. Il n'empêche : réduire sa critique à l'agitation d'une petite phrase sortie de son contexte n'est pas à leur honneur. Qu'on débatte plutôt avec de vrais arguments, et sans fausse naïveté s'il vous plaît !

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