Daech, un modèle pour la France

23 janvier 2015

Petit "coup de gueule" poussé contre l'hystérie politico-médiatique qui semble gagner la justice – et cela aux dépens de la concorde sociale.

Le délit de blasphème « n'est pas dans notre droit » et « ne le sera jamais », a déclaré le Premier ministre Manuel Valls. Ces jours-ci, pourtant, bien des échos médiatiques donnent à croire le contraire. Trois agents municipaux travaillant à Lille ne sont-ils pas attiré les foudres de l'édile, par ailleurs cacique socialiste, après avoir refusé d'assister à la grand messe républicaine organisée dans la foulée des attentats ? Aggravant son cas, l'un d'entre eux aurait même justifié son refus de prendre part à cette minute de silence. Pauvre fou ! En conséquence, peut-être se retrouvera-t-il bientôt derrière les barreaux. Une trentaine d'hérétiques ont déjà été condamnés à de la prison ferme, rapportent nos confrères du Figaro. « Petit détail à ne pas négliger », précisent-ils, toutes ces peines « tiennent compte de faits délictuels annexes ».

Le Syndicat de la magistrature n'en dénonce pas moins des procédures « où l'on a examiné et jugé le contexte, à peine les circonstances des faits, si peu l'homme, poursuivi pour avoir fait l'apologie du terrorisme. Non pas pour avoir organisé une manifestation de soutien aux auteurs des attentats, élaboré et diffusé à grande échelle des argumentaires, pris part à des réseaux, mais pour des vociférations, lancées sous le coup de l'ivresse ou de l'emportement : en fait, des formes tristement actualisées de l'outrage. [...] Comme si la justice pénale, devenue l'exutoire de la condamnation morale, pouvait faire l'économie d'un discernement plus que jamais nécessaire en ces temps troublés. »

Prenant ses distances à l'égard du Menhir, alors que celui-ci venait de verser dans des élucubrations conspirationnistes (dédiabolisation oblige), Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, a expliqué que Jean-Marie Le Pen ne comprenait « pas bien la société française actuelle, très compassionnelle et médiatique ». Peut-être la religiosité ici à l'œuvre procède-t-elle effectivement d'un respect absolu des victimes ? Quoi qu'il en soit, l'Inquisition n'entend pas en rester là. « Loin de tirer les conséquences de ces condamnations aveugles et démesurées, d'interroger leur effet sur ceux qui, ainsi labellisés "terroristes", en retirent surtout la certitude légitime de l'injustice », Christiane Taubira « surenchérit », déplore le Syndicat de la magistrature. « Elle annonce sa volonté de modifier le régime juridique des insultes et de la diffamation, qui pourront également être poursuivies en comparution immédiate dès lors qu'elles comportent un caractère raciste, antisémite ou homophobe. »

Dieudonné, quant à lui, est poursuivi pour avoir déclaré sur Facebook qu'il se sentait « Charlie Coulibaly » – ce qui pourrait constituer, nous dit-on, une apologie du terrorisme. Horrifiée, la marie de Limoges, dirigée par l'UMP Émile-Roger Lombertie a dénoncé le « nouveau dérapage » d'un « pseudo-humoriste devenu totalement incontrôlable » – comme si l'État ne devait accorder des libertés aux individus qu'avec la l'assurance qu'il en maîtriserait l'usage ! « Une société qui, par millions, descend dans la rue proclamer son attachement à la liberté d'expression ne peut, sans se contredire, emprisonner sur l'heure celui qui profère des mots hostiles à la loi qui affirme ses valeurs. », prévient, par ailleurs, le Syndicat de la magistrature. Mais peut-être y a-t-il plus consternant encore. « On meurt pour des idées, des mots et même pour des traits de crayons. Alors on peut aller en prison pour des mots », a déclaré Nathalie Rocci-Planes, procureur de la République, lors d'un procès qui s'est tenu dernièrement à Montpellier. Comment ça, « alors » ? Depuis quand la justice française était-elle censée s'inspirer de l'application la plus violente de la charia ? La République devrait-elle s'ériger en pendant soft de l'État islamique, selon le représentant du ministère public ? Les frères kouachi n'en espéraient pas tant !

Charlie, Dieudonné et les journaleux

22 janvier 2015

« Si je dégomme un journaliste, juif de surcroît, ils rouvrent le procès de Nuremberg », s'est amusé Dieudonné, dénonçant, à sa façon, les réflexes corporatistes observés chez nos confrères.

Beaucoup d'autres ont coutume de s'en indigner, notamment à l'extrême droite, dont une incarnation historique se plaisait pourtant à répéter, dans les années quatre-vingt : « J'aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines que mes voisines, mes voisines que les inconnus. »

Or, qu'est-ce qu'un journaliste pour un autre journaliste ? Un prochain – littéralement. Quelqu'un dont on se sent spontanément plus solidaire que de n'importe qui. Sans doute notre métier n'est-il pas étranger au fait que nous nous soyons nous-même dit "Charlie", et c'est bien normal, le travail étant un puissant vecteur d'enracinement social.

Bien qu'ils prétendent pourfendre l'individualisme, les populistes l'instrumentalisent et l'exacerbent...

Pendant quelque temps, soit dit en passant, le mouvement d'Action française n'avait plus appelé à rendre « la France aux Français », mais « les Français à la France » – heureuse initiative !

Chronique du conspirationnisme ordinaire

16 janvier 2015

Quand la mise en cause des médias réputés manipulateurs atteint les sommets du ridicule.

Hier, mercredi 14 janvier 2015, à l'antenne de Radio Courtoisie, dans son Libre Journal de la résistance française, Gérard Marin a interrogé Joachim Véliocas à propos des manifestations islamophobes organisées en Allemagne sous l'impulsion du mouvement Pegida. Un phénomène que l'« on nous [...] cache soigneusement » selon l'animateur ; « les médias aux ordres ne nous en parlent pas », s'est-il indigné. Son invité n'était pas du même avis : « les médias en parlent quand même pas mal » ; c'est notamment le cas « sur France 24 », lui a-t-il été gentiment rétorqué. « Je parlais des médias quasi-officiels », s'est-il alors justifié. Or, si France 24 n'est pas un média « quasi-officiel », on se demande bien quelle chaîne de télévision – et a fortiori quel journal – pourrait être considéré comme tel...

« Je suis Charlie »

8 janvier 2015

« Ils l'ont bien cherché », me souffle-t-on à l'oreille, à propos de nos collègues assassinés hier dans les bureaux de Charlie Hebdo.

Ignoble réaction !

D'autant plus affligeante qu'elle émane d'un collègue volontiers xénophobe, cultivant une hantise paranoïaque de l'islam : autrement dit, quand on crache quotidiennement à la figure de nos paisibles compatriotes musulmans, on témoigne d'autant moins de respect à l'égard de ceux qui défient leurs coreligionnaires les plus fanatiques au péril de leur vie... Quelle honte ! Comble de la mesquinerie, on écarte toute solidarité au motif que les victimes de l'attentat ne seraient pas de notre bord politique ; et l'on s'inquiète surtout à l'idée que ce drame pourrait profiter à la popularité du président Hollande...

Cela nous a mis en colère. Et encouragé à participer modestement à cet élan d'unité nationale, en publiant sur ce blog la vignette qu'on l'on voit partout sur la Toile. Cela ne mange pas de pain : notre vie à nous n'est pas menacée. Dans le cas contraire, nous serions vraisemblablement resté silencieux. Comme tout le monde, ou presque. Raison de plus pour témoigner d'un minimum de respect à l'égard de ceux qui sont sortis du lot.

Des libertés à portée de clic ?

1 janvier 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

En suscitant de nouveaux usages, le numérique contribue à redistribuer les pouvoirs, au risque de léser certains intérêts, non sans provoquer quelque résistance politique.

Le déploiement du numérique « redonne aux citoyens un pouvoir », a remarqué le président François Hollande, dans un discours prononcé début décembre (2014). Pour le meilleur ou pour le pire, aurait-il pu ajouter. Quoique cela soit peut-être une affaire de point de vue. De fait, l'intérêt des taxis s'accorde mal avec celui des chauffeurs occasionnels, dont l'activité s'était développée dernièrement à la faveur du service Uber Pop. Celui-ci sera interdit à partir du 1er janvier 2015, a annoncé le gouvernement, qui menace de lourdes sanctions ceux qui se risqueraient à le maintenir ou à lui proposer un successeur : deux ans de prison et 300 000 euros d'amende.

Pas de TVA entre particuliers

Le message est clair : toutes les opportunités offertes par la Toile ne seront pas tolérées par le pouvoir. Constatant la multiplication des transactions immobilières réalisées directement entre particuliers, deux députés socialistes, Sylviane Bulteau et Jacques Cresta, s'en sont inquiétés auprès du gouvernement : sans doute conviendrait-il de protéger les agences dont l'activité est assujettie à la TVA, avaient-ils plaidé en substance au mois d'octobre. Moult grains de sable pourraient se glisser demain dans les rouages du pouvoir, dans la foulée de l'initiative visant a faire racheter par des citoyens lambda les 49,9 % du capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac cédés par l'État... Finalement, c'est un investisseur chinois qui a empoché la mise. L'essor du "financement participatif" (crowdfunding) n'en continue pas moins de nourrir les projets les plus divers. Inévitablement, l'heure est venue des premières déconvenues : ainsi une PME a-t-elle été placée en redressement judiciaire le 27 novembre dernier, « trois mois à peine après avoir emprunté 75 000 euros », comme le rapporte Alexis Vintray. « Les trois cent vingt-neuf petits investisseurs qui auront prêté à la société Smok-it n'ont même pas le droit d'imputer ces pertes sur les intérêts d'emprunts des autres prêts qu'ils auraient faits », déplore-t-il sur Contrepoints. Selon lui, « ce cadre défavorable risque bien de freiner le crowdfunding, alors que la France affirme vouloir en devenir un leader ».

Quant au Bitcoin, la plus populaire des crypto-monnaies, si son succès se confirmait, il pourrait ébranler le pouvoir des banques, voire la mainmise des États sur les affaires monétaires. De là à envisager un monde émancipé du politique (un peu comme dans le film Elysium, où la cité est administrée par un programme informatique...), il reste un pas que nous nous garderons de franchir : bien que le numérique rebatte les cartes, il est loin de l'avoir rendu caduc. En témoigne ces révélations de Bloomberg, selon lesquelles l'explosion survenue en 2008 dans un oléoduc turc aurait été le fait d'une cyberagression, vraisemblablement perpétrée à la demande de Moscou. « L'opération est déclenchée le 5 août 2008, deux jours avant la guerre contre la Géorgie », souligne Olivier Kempf, animateur du blog Egea. « En coupant le réseau de distribution de pétrole (et donc une ressource économique cruciale), il s'agissait d'affaiblir l'ennemi géorgien. » À côté des Russes, les pirates nord-coréens soupçonnés de chercher des noises à Sony Pictures font bien pâle figure !