Le féminisme en voiture

6 octobre 2016
Article publié dans L'Action Française 2000

Femme au volant, mort au tournant ? Une délégation du Sénat s'attaque à ce cliché.

Le Mondial de l'automobile de Paris a ouvert ses portes au public samedi dernier, 1er octobre 2016. Sans Alpine ni Mazda, Volvo ou Ford. Mais toujours en présence de jolies hôtesses. Jean-Claude Girot, commissaire général du salon, l'a pourtant assuré : « s'il est vrai qu'il y a quelques années, il n'y avait que des femmes qui [...] étaient là essentiellement pour la représentation, aujourd'hui ce n'est le plus cas ». Du moins a-t-il tenté d'en convaincre la délégation aux droits des femmes du Sénat.

Statistiques à l'appui

Celle-ci s'est penchée sur l'automobile, y voyant « un enjeu de lutte contre la précarité, d'orientation professionnelle et de déconstruction des stéréotypes », selon l'intitulé du rapport présenté par Chantal Jouanno (UDI-UC) et Christiane Hummel (LR). « Les clichés sexistes associés à l'inaptitude des femmes en matière de conduite sont largement démentis par les statistiques », soulignent-elles. Mais la hantise des discriminations interdit désormais aux assureurs d'en tirer quelque conséquence tarifaire. « La délégation regrette cette évolution qui a pénalisé les jeunes conductrices » ; mais peut-être y contribue-t-elle elle-même...

Constatant la moindre réussite des femmes à l'épreuve pratique du permis de conduire, Chantal Jouanno et Christiane Hummel l'expliquent par « la déstabilisation des jeunes candidates que pourrait entraîner le sexisme » et par « l'impact de l'intériorisation des stéréotypes ». Aussi moniteurs et inspecteurs devraient-ils être formés à les déconstruire, tandis que « des équipes paritaires d'enseignants » devraient voir le jour. Curieusement, aucune mention n'est faite de l'initiative prise à Villefranche-sur-Saône, où les responsables d'une auto-école s'étaient vantés, l'été dernier, de contrevenir aux canons de la mixité...

Aujourd'hui, les trois quarts des femmes ont leur permis en poche, mais cela n'a pas toujours été le cas. Les rapporteurs ne manquent pas de le rappeler : « en 1967, les femmes ne sont encore que 22 % à conduire, soit trois fois moins que les hommes » ; « il faut attendre 1981 pour qu'une femme sur deux détienne le permis de conduire, et 2007 pour que cela soit le cas de près de 75 % d'entre elles ». Sans surprise, la délégation du Sénat met en cause « la crainte des hommes de voir les femmes s'émanciper et échapper à la sphère privée par le biais de l'automobile, qui symbolise à ses débuts le désir de vitesse, de réduction des espaces et la connaissance de nouveaux horizons ». Une crainte qui prit parfois l'apparence d'une bienveillance suspecte.

Relecture de l'Histoire

Dans cette perspective, l'Histoire apparaît d'autant plus perverse que l'accès à la conduite ne fut concédé aux femmes que pour les maintenir asservies : « les trajets des femmes sont plus courts, plus segmentés et plus fréquents » ; « le travail domestique y joue un rôle prépondérant », déplorent Chantal Jouanno et Christiane Hummel. Celles-ci relèvent qu'« une polémique durable a eu lieu sur le genre du substantif "automobile" : masculin entre 1905 et 1920, et féminin seulement après 1920 sur prescription de l'Académie française ». Elles y voient un « élément révélateur de la volonté d'exclure les femmes du monde automobile ». La relecture de l'historie via le prisme de la "guerre des sexes" se prête manifestement aux interprétations les plus hardies.

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