16 février 2017
François Villeroy de Galhau galvanise les conspirationnistes qui fantasment sur la loi "Pompidou-Giscard-Rothschild" de 1973.
L'accusation a été lancée par Alain Madelin, mardi dernier, 14 février 2017, sur BFM Business : « je soupçonne fortement Villeroy de Galhau d'être un sous-marin du Front national
», a-t-il déclaré ; « parce qu'une facture de 30 milliards pour la sortie de la France de l'euro, ce n'est vraiment pas cher
», a-t-il expliqué. À ses yeux, c'est même « une facture ridicule
» ; en réalité, a-t-il prévenu, « bien évidemment, elle serait beaucoup plus élevée
».
La veille, le 13 février, le gouverneur de la Banque de France était intervenu sur France Inter, répondant aux questions d' Alexandra Bensaid. À cette occasion, il a évoqué la question « du financement des déficits par la Banque de France
». « On dit quelquefois que cette interdiction date de l'euro
», a-t-il rappelé ; mais « cela n'est pas le cas
», a-t-il poursuivi, affirmant qu'« elle date de bien avant
» et, plus précisément, « d'une loi de 1973
». C'est exagérer la portée de cette loi, qui avait modifié sans les bouleverser les statuts de la Banque de France établis dans les années trente. D'ailleurs, comme l'a souligné Jean-Marc Daniel sur BFM Business, « tous les gens qui accusent la loi de 73 d'avoir tout bloqué devraient regarder comment a été financé le plan de relance de 1975
».
Incidemment, donc, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, donne du crédit à cette thèse conspirationniste d'inspiration clairement antisémite, selon laquelle Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, aux ordres de la banque Rothschild, auraient soudainement privé la France d'une source inépuisable de financement, cela dans le seul but d'enrichir des juifs cupides aux dépens de la nation. Affligeant !
NB – Quelques liens présentant la réelle teneur de cette loi votée en 1973.
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16 février 2017
Petite mise au point.
« Croire que l'on peut réformer une bureaucratie de la taille de l'UE, c'est de l'ordre de la croyance religieuse
», rapportait dernièrement Le Salon beige.
Mais qu'en est-il des chiffres ?
Les institutions de l'Union européenne emploient apparemment quelque 56 000 fonctionnaires et agents assimilés. À peu près autant que la seule ville de Paris, où travaillent plus de 50 000 agents. Quant à la fonction publique d'État, elle comptait 2,4 millions de collaborateurs fin 2014, selon les sources citées par Wikipédia.
Si la taille de la bureaucratie européenne la rend irréformable, que dire alors de celle de la République française ?
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16 février 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
La présentation d'une nouvelle Alpine est imminente. Pour Renault, il s'agit de renouer avec une tradition en sommeil depuis une vingtaine d'années.
L'attente aura été longue : le mois prochain (en mars 2017), à l'occasion du salon de Genève, sera enfin dévoilée la nouvelle Alpine ; plus d'un quart de siècle se sera écoulé depuis la présentation, en mars 1991, au même endroit, de l'A610, ultime héritière d'une dynastie fondée en 1955. Pour peu qu'ils soient chauvins, cela ne manquera pas de réjouir les amateurs de conduite, sinon de pilotage. « À quoi sert la course automobile ?
», avait jadis demandé le général de Gaulle. « À faire gagner la France !
», lui avait répondu Jean Rédélé, fondateur d'Alpine.
Montée en gamme
C'est d'abord sur la route que cette nouvelle voiture se frottera à ses rivales. Moins bourgeoise qu'une Porsche Cayman, elle s'annonce toutefois plus confortable qu'une Lotus Élise. À travers elle, Renault prétend investir le segment du « sport premium
». Sans doute les ventes seront-elles modestes, quoique les quelque deux mille premiers exemplaires ouverts à la réservation aient déjà trouvé preneur. En tout cas, c'est un petit pas vers la montée en gamme du Losange. De toute façon, comme l'expliquait dernièrement Carlos Tavares, ancien directeur général de Renault, aujourd'hui à la tête de PSA, « la course au volume est une dimension d'un autre âge
» (Les Échos) – la priorité étant désormais donnée à l'accroissement des marges.
Reniant l'aspect spartiate de la célèbre A110, ce nouveau modèle se rapprochera davantage, dans sa philosophie, de l'A310 appelée à lui succéder en 1971. Mais pas dans son design ! Se raccrochant aux épisodes les plus glorieux de son histoire, Alpine inscrit son renouveau dans l'héritage quasi-exclusif de la berlinette disparue en 1977. D'un point de vue technique, cependant, sa lointaine descendante s'en distingue à bien des égards. Son moteur ne sera plus disposé en porte-à-faux arrière, mais en position centrale, juste derrière les sièges. De plus, « elle va disposer d'un châssis en aluminium qui est la marque de fabrique de Lotus et non d'Alpine
», s'indigne Jacques Cheinisse, numéro 2 historique de la marque, dans un entretien au site Motor 1. Cela étant, toute tradition n'est-elle pas nécessairement critique ?
Soucieux de renouer avec elle, Renault enracine à Dieppe, siège historique de la marque, la production de la nouvelle Alpine. C'est un choix rationnel dans une optique strictement économique, cette usine étant spécialisée dans les productions de niche et tout particulièrement dans celle des voitures de sport. Mais c'est aussi un atout marketing, les clients potentiels exigeant aujourd'hui, plus ou moins consciemment, des gages d'authenticité. En revanche, le retour du "A fléché" en compétition apparaît, quant à lui, très artificiel : si les victoires sont engrangées sur les circuits des European Le Mans Series, elles le sont en fait par un constructeur tiers (Signatech) dont les voitures ont simplement été repeintes aux couleurs d'Alpine.
Noblesse mécanique
Le public sera-t-il dupe ? On verra bien. Mais peut-être Renault aura-t-il tiré quelque leçon de ses erreurs, parfois récentes. En 2010, il avait tenté une relance bien hasardeuse de Gordini, un nom prestigieux lui aussi, ravalé au rang de simple finition. Par ailleurs, ses modèles sportifs ont souvent pâti d'un manque de noblesse mécanique. Sur ce point, les circonstances jouent en sa faveur : sous les capots des Porsche et autres BMW, par exemple, afin de réduire les consommations, les moteurs quatre cylindres sont désormais légion, si bien que l'Alpine n'aura pas à rougir de la comparaison. Si les acheteurs sont conquis, il sera tentant de transformer l'essai afin d'en récolter des dividendes via la production d'une modèle plus largement diffusé (on parle déjà d'un SUV). Au risque de rompre les fils reliant Alpine à son passé, lesquels sont pourtant la clef du succès escompté.
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8 février 2017
La monnaie unique constitue « un élément de puissance
» selon Christian de Boissieu.
À l'origine de l'Union économique et monétaire, le traité de Maastricht a été signé il y a vingt-cinq ans, le 7 février 1992. À l'occasion de cet anniversaire, une émission des Décodeurs de l'éco vient d'être consacrée à l'euro sur BFM Business.
Un commentaire de Christian de Boissieu a plus particulièrement retenu notre attention : « dans les vingt ans qu ont précédé l'arrivée de l'euro
», a-t-il rappelé au micro de Fabrice Lundy, « nous avions le Système monétaire européen
». Or, s'est-il demandé, « que voulait dire la souveraineté monétaire nationale dans un contexte où le Deutsche Mark était de fait la monnaie principale de l'Europe
» ?
Christian de Boissieu « distingue la souveraineté réelle et l'illusion de la souveraineté
». Selon lui, « le passage à l'euro nous a redonné de la souveraineté en ce sens que la France est autour de la table à travers le gouverneur de la banque centrale
» – tandis qu'auparavant nous subissions « la politique monétaire allemande comme la principale externalité de notre politique économique
».
Autrement dit, de son point de vue, « l'euro est un élément de puissance ». À méditer !
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5 février 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
La ratification de l'accord de cogestion conclu entre Paris et Port-Louis est encore une fois reportée. Cependant, cela ne saurait garantir le respect de la souveraineté française outre-mer.
L'île Tromelin, située dans l'océan Indien, s'étend sur une petit kilomètre carré. Mais l'espace maritime qui lui est associé recouvre 280 000 kilomètres carrés – « une surface équivalente aux eaux métropolitaines sous juridiction française
», souligne Gilbert Le Bris, député du Finistère, dans un entretien accordé au Fauteuil de Colbert. Cela traduit, à ses yeux, toute l'importance de ce territoire rattaché aux Terres australes et antarctiques françaises. Le mois dernier, il a orchestré la fronde faisant échec, une nouvelle fois, à la ratification d'un accord en application duquel la France et l'île Maurice en assureraient la cogestion.
Délicate police des pêches
Le Front national tout comme le Medef – entre autres – se sont réjouis de la reculade du Gouvernement. Mais qu'en est-il de Port-Louis ? Étonnamment, alors que ce traité a été signé en juin 2010, il n'en aurait toujours pas lancé la ratification, selon notre confrère Fabien Piliu, collaborateur de La Tribune. Cependant, il n'est pas indifférent au sort de Tromelin. Bien au contraire : il en revendique la souveraineté et prétend même octroyer des permis de pêche à ce titre. De fait, « le contrôle de cette zone a déjà fait l'objet de plusieurs frictions entre la France et la République de Maurice
», comme le rapporte dans Les Échos notre consœur Justine Babin ; « notamment en 2004 lorsque deux navires de pêche japonais y furent arraisonnés après que les autorités françaises avaient découvert qu'ils disposaient de permis de pêches accordés par l'île Maurice
».
Il semblerait toutefois que Paris peine à se faire respecter. Selon Fabien Piliu, « les recours contre les thoniers étant longs, coûteux et administrativement compliqués, ils ne sont que rarement punis
» ; c'est pourquoi, poursuit-il, « une cogestion de ces ressources avec la France pourrait permettre de résoudre ce problème de pillage
[…] sans perdre la main sur les ressources potentielles en pétrole et en gaz
». Autrement dit, à travers cet accord, peut-être Paris espère-t-il sauvegarder une souveraineté en passe de devenir fantoche… Au passage, notre confrère rappelle qu'« un accord autorise déjà les Mexicains à pêcher une certaine quantité de poissons dans la ZEE de Clipperton
».
Quoi qu'il en soit, prévient Gilbert Le Bris, « les gouvernements mauriciens affirment constamment que le traité de cogestion sur Tromelin
[…] n'est qu'une première étape dans l'optique mauricienne de recouvrer une souveraineté pleine et entière sur Tromelin
». En 2015, à la tribune des Nations unies, Sir Anerood Jugnauth, Premier ministre mauricien, s'était dit optimiste : « nous savons pouvoir compter sur la noblesse de la France et ses idéaux de justice et de fraternité pour que la République de Maurice puisse exercer sa souveraineté effective sur Tromelin
», avait-il déclaré. Un simple effet de manche ?
La France manque de navires
Saluant le "sursis" accordé à Tromelin, Gilbert Le Bris et ses collègues frondeurs ont encouragé la France « à éventuellement engager des négociations avec la République de Maurice pour établir un nouvel accord plus respectueux de la pleine souveraineté française
». À quoi bon ? Port-Louis campera vraisemblablement sur ses positions. Quant à Paris, il se fourvoierait en se réfugiant dans une approche strictement juridique. En effet qu'est-ce que la souveraineté sans la puissance ? « Hormis une station météorologique et une piste sommaire d'aviation, le passage régulier d'un patrouilleur de la Marine nationale, un territoire comme Tromelin est tout sauf une charge financière pour la collectivité nationale
», martèle Gilbert Le Bris. Il faudra bien consentir quelque effort pour protéger l'Outre-mer. « De l'avis de tous ceux qui s'intéressent de près aux affaires maritimes, le renouvellement des patrouilleurs et autres avisos
[…] est plus qu'urgent
», constate Laurent Lagneau, animateur du blog Zone militaire. « Cela revêt pour moi une grande importance
», a déclaré à ce sujet l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine nationale ; « ce qui est laissé vide sera pillé
», a-t-il souligné devant une commission du Sénat. Au moins sommes-nous prévenus.
NB – Dans le différend opposant Paris et Port-louis quant à la souveraineté qu'ils revendiquent chacun sur l'île Tromelin, il semblerait que Moscou ait pris parti en faveur du second. « Il est fort logique que la Russie attaquée juridiquement sur ce qui s'est passé en Crimée prenne la peine de soulever à nouveau les contestations touchant la souveraineté française sur certaines de ses possessions
», commente Gilbert Le Bris, dans son entretien au Fauteuil de Colbert. Quelle est exactement la position de Moscou ? Sollicitée à ce sujet, l'ambassade de Russie à Paris ne nous a pas répondu. Affaire à suivre.
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