La solidarité nationale ne saurait être qu'un monopole d'État
17 novembre 2018
Telle est, en substance, l'opinion exprimée par des députés socialiste et Les Républicains, à l'occasion d'un débat parlementaire portant sur l'accueil des réfugiés.
Il y a un mois, le mercredi 17 octobre 2018, un amendement a été adopté à l'Assemblée nationale afin d'encourager l'accueil des migrants par la population – cela contre l'avis du Gouvernement. On doit ce texte à Aurélien Taché, député du Val-d'Oise, autrefois encarté au Parti socialiste, désormais affilié à la République en marche. Ce dernier a donc proposé « la création d'un crédit d'impôt pour les Français qui hébergent des réfugiés, à hauteur de 1 500 euros maximum, à raison de 5 euros par nuitée
».
« L'objectif de ce crédit d'impôt
», a-t-il expliqué, « c'est de mettre fin à la situation actuelle, qui fait que les seules rencontres que font les réfugiés pendant deux ans se limitent à leurs visites à la préfecture ou dans une association
» ; de son point de vue, « il est important que les réfugiés puissent rencontrer les gens avec qui ils vont vivre et avec qui ils devront construire le pays
». Peut-être faut-il préciser que, la veille, une mesure similaire avait été adoptée pour faciliter l'hébergement des sans-abri ; par ailleurs, ce sont bien des réfugiés, reconnus comme tels, qui sont concernées – et non des immigrés clandestins.
La charité sous-traitée à la population : un vrai scandale !
« Ce crédit d'impôt ne s'appliquera que si les réfugiés concernés sont suivis par une association agréée par le préfet
», a souligné son promoteur. Le contrôle auquel sera soumis ce dispositif n'en a pas moins été jugé insuffisant par Joël Giraud, député des Hautes-Alpes, rapporteur général de la commission des Finances. Ainsi que par Gérald Darmanin, qui représentait le Gouvernement au moment du vote. Une fois n'est pas coutume, le reste de la majorité ne l'aura pas suivi.
D'autres réserves ont été émises dans les rangs de l'opposition. Selon Fabien Di Filippo, député de la Moselle, Les Républicains, il serait « déplorable
» de « sous-traiter
» ainsi « l'accueil des migrants à nos compatriotes
». Son collègue Jean-Louis Bricout, député du Nord, socialiste, est apparemment du même avis : de son point de vue, « cet amendement remplace la solidarité nationale par la solidarité individuelle
», ce qui, a-t-il confessé, le « choque un peu
». Autrement dit, aux yeux des députés PS et LR, il serait intolérable que le pays réel prenne les choses en main – comme si l'État devait revendiquer un monopole sur la charité. Dont acte.