3 novembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Fidèles à leurs habitudes, les parlementaire s'immiscent dans
les mœurs et malmènent la mémoire.
Parmi les dernières propositions de loi déposées au Parlement,
on relève celle de Jean-Marie Sermier, député UMP du Jura, qui entend
lutter contre « l'outrage aux symboles de la
République ». Ce faisant, il fait planer une menace sur les
royalistes caricaturant Marianne...
Rebondissant sur l'affaire Baby Loup (du nom d'une crèche où
travaillait une employée voilée), Françoise Laborde, sénateur PRG de
Haute-Garonne, se fait le chantre de la laïcité : elle demande
que « l'obligation de neutralité » soit étendue aux
structures privées en charge de la petite enfance.
La parité n'est pas en reste. Tandis que Jean Louis Masson
(ex-UMP) se mobilise au Sénat, Chantal Brunel (UMP) mène le bal à
l'Assemblée, dans l'espoir que l'"égalité professionnelle" soit érigée
en « grande cause nationale ».
Adeptes de la repentance, divers sénateurs se sont
manifestement divisés quant au contenu du texte à déposer à l'approche
du 17 octobre, date anniversaire de la manifestation de 1961.
« Les hommes qui manifestaient à mains nues furent molestés,
torturés et massacrés. Des coups de feu furent tirés. Loin de la
"bavure", cette action était préméditée et coordonnée »,
soutient la communiste Nicole Borvo Cohen-Seat. Employant des termes
plus durs encore, sa collègue écologiste Esther Benbassa pointe
carrément un « un crime d'État ».
Au micro de RFR, rebond sur la polémique
déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.
La France est dans la merde ! Pire : elle
s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les
militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier.
Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les
forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du
Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du
théâtre de la Ville.
On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de
Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans
la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène.
C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont
le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics.
En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant
se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros.
Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut
s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.
Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs
politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus
intelligible que de crier au « blasphème » censé
insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je
ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture
du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être
chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit
au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul
doute, cet élan de solidarité.
C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination
pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails
détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un
message « spirituel et christique », selon l'auteur
de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est
une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la
fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments
dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du
martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ
illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque
spectateur en profondeur. »
Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout
disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en
photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a
prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est
passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous.
Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La
beauté véritable est au terme des choses. »
Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non
seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent
faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec
l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un
cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine
propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples
condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés
par la Halde, c'est un comble !
Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil
du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà
mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il
quoi que ce soit à l'affaire ?
Rendez-vous sur le site de RFR pour
découvrir les autres interventions :
6 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Se démarquant des chantres de la "diversité", le Haut Conseil
à l'intégration pointe les tensions suscitées dans l'entreprise par les
revendications religieuses. En réponse, il invoque la sacro-sainte
laïcité.
Après avoir agité l'école, les services publics et les
crèches, la laïcité suscite le débat dans l'entreprise. « Le
paysage a bien changé », observe Jean-Christophe Sciberras,
président de l'Association nationale des directeurs des ressources
humaines (DRH). Selon lui, « la revendication religieuse se
fait plus forte, en raison notamment du recours à une main d'œuvre
immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années
soixante ». Les chantiers du bâtiment constitueraient un cas
emblématique : « on y observe le plus souvent des
équipes constituées par communautés d'appartenance et par affinités
religieuses », rapporte le Haut Conseil à l'intégration (HCI).
Dans un avis publié le mois dernier, celui-ci ne craint pas d'aborder
un sujet « tabou et politiquement incorrect ».
D'autant qu'il aurait « toujours considéré la question de la
laïcité comme intrinsèquement liée à celle de l'intégration des
personnes d'origine étrangère ».
Problèmes concrets
Le service de repas halal, l'aménagement
des horaires en vue des prières et l'octroi de congés pour les fêtes
religieuses seraient gérés « avec assez de
souplesse » dans les grandes entreprises. En revanche, le port
de signes religieux, l'ouverture de salles de prière et les relations
hommes-femmes seraient plus délicats à traiter. La légalité s'en
trouverait bafouée : « Ainsi, tel restaurant ne
possède pas de vestiaire pour femmes parce que son patron n'envisage
pas d'en embaucher. [Dans] un salon de coiffure strictement réservé aux
femmes, l'inspecteur du travail ne peut entrer pour effectuer un
contrôle parce que son intervention troublerait leur
intimité. »
Deux types de restrictions de l'expression religieuse peuvent
être inscrites dans le règlement intérieur des entreprises :
elles portent, d'une part, sur les impératifs de sécurité, d'hygiène et
de santé et, d'autre part, sur la tâche du salarié définie dans son
contrat de travail. « La jurisprudence du "boucher de Mayotte"
(arrêt de la Cour de cassation, mars 1998) est claire sur ce
point : un salarié boucher de confession islamique demandait,
après deux ans de travail, de ne plus avoir à traiter de viande de
porc ; l'employeur refuse ; le salarié cesse son
travail et invoque un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais
le juge estime que "l'employeur ne commet aucune faute en demandant au
salarié d'exécuter la tâche pour laquelle il a été
embauché". » Par ailleurs, « le juge français a
évoqué au cours de plusieurs affaires la relation avec la clientèle
pour justifier la restriction du port du foulard par des femmes
musulmanes. Ainsi, la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion (1997)
a admis le licenciement pour cause réelle et sérieuse d'une salariée de
confession islamique qui refusait d'adopter la tenue conforme à l'image
de marque de l'entreprise. »
Tandis que la loi leur interdit de répertorier la religion de
leurs employés, patrons et DRH risquent des poursuites judiciaires
quand ils refusent de céder à certaines revendications. En effet,
« certains seront tentés de lire toute limitation de
l'expression religieuse [...] comme une discrimination religieuse,
quand bien même cette restriction serait proportionnée et
justifiée ». À ce titre, déplore le HCI, « la Halde a
participé de cette évolution qui par certains aspects ne favorise guère
l'apaisement entre salariés et entre employeur et salariés ».
Sentiment d'injustice
En outre, des accommodements peuvent être perçus comme des
privilèges accordés à une minorité : « Si certains
sont exemptés de travail le vendredi ou le samedi, serait-ce à dire que
d'autres doivent impérativement les remplacer ces jours-là ?
Si certains ont des horaires aménagés, pourquoi alors le refuser à
d'autres dont les raisons ne seraient pas religieuses mais familiales
par exemple ? » Souhaitant palier l'absence de
réponses claires et homogènes, le HCI soutient « la mise en
œuvre d'un dispositif à la fois législatif et règlementaire ».
Aujourd'hui, ces questions seraient traitées au plus près du terrain.
Selon le HCI, il conviendrait de promouvoir explicitement « la
neutralité religieuse », de façon à « favoriser la
qualité du lien social dans l'entreprise ». Concrètement, cela
supposerait la révision des règlement intérieurs, et l'organisation de
séminaires où serait diffusée la bonne parole républicaine.
« La laïcité est le moyen de faire coexister
pacifiquement dans un espace commun une pluralité de
convictions », martèle le HCI. C'est ignorer la violence des
inventaires, et négliger les instrumentalisations auxquelles se prête
un principe ambigu. C'est en son nom qu'on tente, parfois, d'étouffer
des traditions façonnées par le christianisme – en allant jusqu'à
réclamer que les sapins soient retirés des écoles à l'approche de de
Noël ! Mais n'est-ce pas en son nom, également, que le Front
national dénonce désormais l'immigration ? « En
dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la
laïcité », assure Élisabeth Badinter, dans un entretien
accordé au Monde des religions. Le
22 septembre, deux condamnations ont été prononcées par le
tribunal de Police de Meaux en application de la loi du
11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans
l'espace public. Or, si l'on en croit l'enquête du Guardian,
cela ne devrait rien changer au comportement des femmes incriminées. À
moins qu'elles renoncent définitivement à sortir de chez elles,
confrontées à des injures dont la violence irait croissant. Curieuse
façon d'œuvrer à la concorde sociale.
4 août 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Les services gouvernementaux veillent sur le bonheur des
Français. Pour preuve, ils se soucient de les faire partir en vacances.
Cela donne à réfléchir sur les modalités de l'aide sociale.
Parmi les Français, 62 % étaient partis en vacances
au cours de l'année passée. Du moins, au sens où l'entend
l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), qui définit les vacances
comme un déplacement d'agrément d'au moins quatre nuits consécutives
hors du domicile. Quoique supérieure à la moyenne européenne, cette
proportion est jugée insuffisante par le Centre d'analyse stratégique
(CAS). Dans une note d'analyse publiée le mois dernier, celui-ci
promeut le développement d'« une politique globale de soutien
au départ en vacances pour tous ». Cela conformément à la loi
selon laquelle, depuis 1998, « l'égal accès de tous, tout au
long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et
aux loisirs constitue un objectif national ».
Psychologie
Les rapporteurs escomptent quelque bénéfices de la
multiplication des vacanciers, « tant en matière de bien-être
que d'autonomisation, de lien social, de soutien à la parentalité ou de
lutte contre l'exclusion ». Autant de préoccupations
auxquelles les pouvoirs publics pourraient répondre sans prendre par la
main tout un chacun. Les auteurs vont jusqu'à traiter des
« barrières psychologiques » faisant obstacle au
départ chez les personnes souffrant d'anxiété. C'est dire les dérives
auxquelles se prête la politique sociale. Dans le cas présent, elle
investit un domaine que nous réserverions à la Santé. Constatant, par
ailleurs, que « les propriétaires d'une maison apprécient d'y
rester pour faire des travaux ou pour inviter des proches »,
les rapporteurs en concluent que « la qualité de vie
quotidienne influe [...] fortement sur le choix de partir ou non, ce
qui pourrait expliquer que les Corses restent deux fois plus chez eux
que la population générale ». Le cas échéant, l'État ne
devrait-il pas se concentrer sur l'urbanisme et l'organisation du
territoire ?
Le CAS lui assigne une autre priorité :
« développer le sentiment d'appartenance à un collectif
européen », en s'assurant que les jeunes Français aient voyagé
au moins une fois dans l'Union européenne avant leurs vingt ans.
Peut-être pourrait-on commencer par faire visiter Versailles aux
écoliers, quitte à inscrire dans un jumelage ce genre d'initiatives...
L'observation suivante nous est apparue plus pertinente :
« Indépendamment des structures marchandes, d'autres systèmes
se développent grâce à l'internet, à l'image des échanges de maisons et
d'appartements entre particuliers. » Un dispositif jugé
particulièrement intéressant dans le champ du handicap, où seraient
échangés des logements accessibles. Au-delà, on évite l'écueil
affectant les infrastructures exploitées en marge des activités
lucratives. En effet, « face aux effets d'usure mais aussi à
l'évolution des standards de qualité, les structures du tourisme
associatif répondent de moins en moins aux attentes de leurs
clients : ce serait ainsi près de 40 % du parc
immobilier qui nécessiterait des travaux pour un montant estimé à
500 millions d'euros. »
Usine à gaz
Parmi les dispositifs sociaux censés favoriser les départs en
vacances, on relève les chèques vacances, les aides des caisses
d'allocations familiales, des réductions offertes par la SNCF et de
multiples initiatives locales et associatives. Or, « cette
diversité de sources de financement et d'offres d'accompagnement [...]
présente inévitablement un certain nombre de limites en termes d'accès
à l'information et à l'ensemble des droits disponible ». C'est
d'ailleurs un problème récurrent en matière sociale. Plusieurs
initiatives visent à pallier ces difficultés. Tel le projet "Espace
vacances aides au départ" (EVAD), porté par trois associations en
Poitou-Charentes, qui devrait se concrétiser par la mise en ligne d'un
site Internet, l'installation d'une permanence téléphonique et des
campagnes de communication et de formation communes.
Entretenue de la sorte, l'usine à gaz continuera peut-être à
tourner des années durant, mais au prix d'une énergie largement
dissipée en chaleur. Or, en pleine crise de la dette souveraine,
l'État-providence subira vraisemblablement de multiples assauts. Jadis
en pointe sur les questions sociales, les royalistes devront se saisir
du débat. Peut-être trouveront-ils quelque source d'inspiration dans
les propositions de "revenu familial minimum garanti" ou autres "impôt
négatif" censés substituer aux minima sociaux une allocation dégressive
servie aux plus modestes. Si l'on en croit ses promoteurs libéraux,
l'idée fut popularisée dans les années soixante par le cercle des
économistes de Chicago, autour de Milton Friedman, le chantre du
monétariste. C'est un lourd passif, dont le rappel ne devrait pas
faciliter sa diffusion dans l'Hexagone... De toute façon, le
gouvernement vient d'annoncer la mise en place imminente d'un tarif
social pour l'internet haut débit. Quant aux politiciens en campagne,
peut-être montreront-ils la Belgique en exemple : là-bas,
l'assurance chômage contribue à financer les congés des jeunes
actifs.
En route pour 2012, l'UMP se penche « sur la place
des femmes dans la société ». Inspirées par une idéologie
grotesque, ses propositions nourrissent une inquiétude grandissante,
tant la folie semble gagner les élites politiques.
À l'approche des élections de 2012, l'UMP s'est fixé
« un rendez-vous avec la modernité ».
« Depuis 2007 », affirme-t-elle, « le
gouvernement et les parlementaires de la majorité [...] ont été très
actifs pour défendre et promouvoir l'égalité entre les
sexes ». Sans doute cela n'aura-t-il pas suffi aux yeux de
Jean-François Copé, chantre notoire de la parité, dont le parti verse
délibérément dans la surenchère féministe.
En témoignent les
vingt-six propositions présentées lundi dernier (20 juin
2011) « pour arriver enfin à l"égalité ». On y relève
quelque écho au
récent rapport de l'IGAS sur « sur l'égal accès des
femmes et des hommes aux responsabilités familiales dans le monde du
travail ». En effet, selon l'UMP, « les femmes
pourront pleinement investir le marché du travail quand notre vision de
la parentalité aura évolué ». Autrement dit,
« l'entreprise ne doit plus voir en ses salariés simplement
des femmes et des hommes mais plutôt une majorité de mères et de pères
[...], tous également susceptibles [...] de prendre un congé
parental ».
On nous annonce une profusion de quotas. Afin, par exemple,
d'« obliger les administrations à employer 40 % de cadres
supérieurs de l'un ou de l'autre sexe d'ici 2015 ». L'UMP
envisage même d'ériger la parité en obligation constitutionnelle !
Affichant la volonté de « changer inexorablement les
mentalités », elle appelle, sans surprise, à lutter contre les
« stéréotypes », accusés de « contrarier les
talents et le potentiel de chacune et chacun ». Comme si les
personnalités se construisaient sans référence à aucun repère social...
Et de pointer les médias, coupables de mettre en scène « un
monde binaire, voire archaïque » – rien de moins !
Faudra-t-il interdire d'antenne les femmes racontant leur grossesse
avec enthousiasme ? Dans un premier temps, c'est la publicité
qu'il conviendrait de mettre sous surveillance, avec « un
examen systématique » des campagnes d'affichage.
La proposition la plus effarante vise à « introduire,
dès la maternelle, des séances consacrées à la mixité et au respect
hommes-femmes ». Avec, pour objectif explicite,
« d'amener les enfants à se sentir autorisés à adopter des
conduites non stéréotypées ». Autrement dit, à s'émanciper de
leur identité sexuelle – de leur nature même ! On nage en
plein délire.
16 juin 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Un rapport officiel promeut l'égalité dans les ménages, avec,
pour mesure phare, l'incitation des pères à profiter d'un "congé
d'accueil de l'enfant".
En janvier dernier, Mme Roselyne Bachelot, ministre
des Solidarités et de la Cohésion sociale, avait confié à l'Inspection
générale des Affaires sociales (IGAS) une mission « sur l'égal
accès des femmes et des hommes aux responsabilités familiales dans le
monde du travail ». Celle-ci vient de lui remettre son
rapport, établi par Brigitte Grésy, qui avait signé, il y a deux ans,
un « manuel de résistance » contre le
« sexisme ordinaire », selon les termes de son
éditeur. Cela plante le décor.
Mme Grésy observe que les hommes et les femmes
« font l'objet, depuis l'enfance, d'assignations différentes
en matière de rôles parentaux ». Lesquelles susciteraient,
pour chaque sexe, « enfermement et résistances ». Et
de citer les appellations "heure des mamans", "école maternelle",
"assistantes maternelles", accusées d'assigner les femmes à la petite
enfance. Or, prévient le rapporteur, « l'égalité
professionnelle entre les femmes et les hommes, et, dans son sillage,
l'égalité sociale, ne peut être atteinte tant qu'il y aura inégal
partage des responsabilités domestiques et familiales ». Dans
ces conditions, « un effort sans précédent » devrait
être porté « sur tous les lieux de production et reproduction
des stéréotypes sexués, que ce soit les lieux d'accueil collectifs de
la petite enfance, l'école ou encore les médias ».
Mme Grésy se fait l'apôtre d'une double
émancipation : « émancipation de la sphère privée
pour les femmes », mais aussi « émancipation de la
sphère publique pour les hommes ». En conséquence, elle
formule vingt-cinq propositions, à commencer par la création d'un
« congé d'accueil de l'enfant ». S'ajoutant au congé
de maternité de douze semaines, il comprendrait huit semaines
« à partager également entre les deux parents, non
transférables, devant être pris à la suite du congé de maternité, avec
un bonus d'une semaine, en cas de prise intégrale de son congé par le
père, à prendre indifféremment entre les deux parents jusqu'au un an de
l'enfant ». « Pour mieux associer les pères au
déroulement de la grossesse de leur conjointe », il est
proposé également « de leur ouvrir le droit de l'accompagner,
lors des examens médicaux obligatoires ».
« Jouer sur les congés pour les pères est un élément
central, en effet, de ce changement de paradigme » appelé par
Mme Grésy. « Des études montrent ainsi que la prise
de congés par les pères, à la naissance, dans les pays du Nord de
l'Europe, a un impact fort, par la suite, sur la redéfinition et la
redistribution des tâches domestiques et parentales. » Ce
faisant, s'agit-il de répondre aux aspirations des femmes ?
Bien qu'elle fustige « une injustice ménagère »,
Mme Grésy constate que celle-ci n'est pas « ressentie
comme telle ». D'ailleurs, souligne-t-elle, le partage des
tâches « souhaité dans le dire des femmes [...] est pourtant
fragilisé par la toute-puissance de la compétence
maternelle ». Et d'évoquer « la bataille autour de
l'allaitement maternel et l'assignation, parfois abusive, faite aux
jeunes mères de s'y conformer » qui « renforce ce
lien d'exclusivité ». S'agit-il alors de répondre aux besoins
des enfants ? Pas vraiment. « Les analyses sont, ici,
délicates, non seulement parce qu'elles relèvent de champs variés des
sciences humaines mais aussi parce que la valorisation du rôle du père
auprès des enfants, aux côtés de la mère, risque de porter en elle une
vision normative et ne saurait délégitimer d'autres formes d'éducation
parentale. » Manifestement, ce rapport promeut
l'instrumentalisation des mesures sociales en vue de remodeler les
mœurs familiales suivant les canons d'une idéologie égalitariste. Le
rapporteur pose « la question d'une immixtion peut-être trop
importante de l'entreprise dans la vie privée des individus ».
Sans doute devrait-il s'interroger sur celle des pouvoirs publics.
S'ils suivaient ses recommandations, ceux-ci
parviendraient-ils au résultat escompté ? L'IGAS nous fournit
quelques indices qui permettent d'en douter. La répartition du travail
ménager serait caractérisée par « une remarquable stabilité en
termes d'investissement temporel ». En outre, « dans
les couples où les pères sont au foyer, les femmes qui occupent le rôle
de pourvoyeuse de revenu n'abandonnent pas la responsabilité et la
charge mentale relatives à la vie domestique et continuent en réalité
de gérer une multiplicité de contraintes familiales et professionnelles
[...] et les clivages traditionnels persistent ». Comme
l'observe Mme Grésy, « l'entrée de la petite enfance
dans la culture de la paternité est très récente à l'échelle de
l'histoire et fait partie des bouleversements qui modifient les
représentations les plus profondes ». Raison pour laquelle on
préférera s'en remettre, plutôt qu'au volontarisme idéologique, à la
sagesse de l'empirisme organisateur.
16 juin 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Le nucléaire pourrait s'inviter au cœur de la campagne
présidentielle. Or, la politique énergétique suppose des arbitrages
difficiles. D'autant qu'il faut compter avec l'émotion et le "principe
de précaution".
La Suisse et l'Allemagne avaient ouvert la voie ;
l'Italie les a suivies : à l'occasion d'un référendum organisé
les 12 et 13 juin, elle a exclu de revenir au nucléaire civil,
à la faveur de 94 % des voix. Ce résultat, typique d'une
république soviétique, souligne combien les démocraties occidentales
sont sensibles à l'émotion – sinon soumises à sa dictature.
Pas de moratoire
En France, la catastrophe de Fukushima a ravivé la défiance à
l'égard de l'atome, quoique celle-ci demeure bien moindre que chez nos
voisins. Pour Nicolas Sarkozy, c'est l'occasion de revêtir ses nouveaux
habits d'homme d'État : « Nous sommes les héritiers
d'une histoire qui ne nous appartient pas », a-t-il déclaré le
mardi 7 juin. « Je n'ai pas été élu pour détruire une
filière industrielle qui crée de l'emploi, de la compétitivité et de
l'indépendance énergétique. Il est extrêmement important d'avoir du
sang-froid en toute chose. » (Les Échos,
08/06/2011)
De fait, aucun moratoire ne devrait interrompre la
construction de deux EPR dans l'Hexagone. Anne Lauvergeon, le P-DG
d'Areva, affiche un optimisme mesuré : « les projets
de réacteurs nucléaires en cours d'examen seront retardés de six à neuf
mois environ », a-t-elle prévenu (BFM Business,
30/05/2011). À moyen terme, peut-être son groupe profitera-t-il
d'exigences de sécurité renforcées de part le monde. Paris milite de
longue date en ce sens. Il l'a confirmé le 7 juin, en
accueillant, dans la foulée du G8 de Deauville, un séminaire
ministériel sur la sûreté nucléaire, où trente-trois pays étaient
représentés. On parle, notamment, de développer les revues périodiques
par les pairs. Étant donné les difficultés rencontrées par les
Européens pour s'accorder sur des "tests de résistance", peut-être ce
projet réclamera-t-il quelque habileté diplomatique pour être mis en
œuvre.
Modèle français
Dominique Louis, président du directoire d'Assystem France,
soutient que l'industrie « doit s'appuyer sur une autorité de
sûreté nucléaire très forte, sur le modèle français ou américain, ainsi
que sur un nombre limité d'opérateurs nucléaires pérennes et
transparents » (Les Échos,
24/05/2011). Il établit une comparaison saisissante : «
En France, les cinquante-huit réacteurs sont opérés par un
seul exploitant – EDF – autour de procédures de sécurité communes et
partagées par l'ensemble des centrales. Un incident sur un réacteur
fera l'objet d'une procédure de sécurité sur l'ensemble des autres
réacteurs du même type. Le Japon, pour cinquante-quatre réacteurs,
dénombre pas moins de onze exploitants, disposant chacun de ses propres
procédures. [...] Par ailleurs, les récentes annonces de Tepco nous
permettent de sérieusement douter de la solidité capitalistique, de la
gouvernance et de la pérennité industrielle des opérateurs nucléaires
japonais. Ces difficultés structurelles se reflètent dans la
disponibilité du parc nucléaire japonais. Depuis 1998, elle a
constamment chuté jusqu'à atteindre en 2009 moins de 60 % du
potentiel de production, à comparer à une disponibilité supérieure à
75 % en France et 80 % aux États-Unis ou en
Allemagne. »
Avant d'être submergée par un raz-de-marée, la centrale de
Fukushima-Daiichi a résisté à un séisme d'une magnitude exceptionnelle.
Cela ne manquera pas de nourrir la confiance des plus optimistes. Mais
nul ne peut assurer avec une absolue certitude qu'aucune catastrophe
nucléaire ne surviendra jamais en France. Reste à en évaluer le risque
et les conséquences potentielles, puis à les mettre en perspective.
Berlin aurait abandonné l'atome en marge de toute concertation
européenne. Quoique sa décision soit vraisemblablement dictée par un
calcul électoral, cette désinvolture peut sembler significative d'une
matière où les arbitrages apparaissent authentiquement politiques.
Le social s'en mêle
L'expertise et la technocratie ne sauraient suffire quand sont
en jeu, tout à la fois, l'indépendance du pays, la santé de ses
habitants, la compétitivité de son économie. Aux méfaits potentiels des
radiations, il convient de confronter les conséquences avérées de la
pollution atmosphérique ; au risque de mettre en friche un
territoire sinistré, on opposera la crainte de fragiliser l'emploi...
« Depuis le début du débat sur la sortie rapide du nucléaire,
le prix du kilowatt-heure à la bourse de l'électricité a augmenté de
10 % et celui des certificats d'émissions de CO2 de
2 euros la tonne », souligne Utz Tillmann, directeur
de la fédération allemande de la chimie (Les Échos,
31/05/2011). « Notre industrie ne peut répercuter ces hausses
sur ses produits », a-t-il prévenu. « À terme, si
notre politique d'innovation ne peut déboucher sur la mise sur le
marché de produits à des prix concurrentiels, l'industrie devra se
poser la question de rester ou non sur le sol allemand. »
Reste que le nucléaire suscite un effroi tout
particulier. Parce qu'il touche à l'intimité de la matière,
que ses méfaits s'enracinent durablement dans l'environnement, qu'il
suscite un danger invisible... Agitant à tout va le principe de
précaution, la société feint de croire qu'elle va bannir le risque.
Tout au plus le rendra-t-elle plus diffus. Quitte à restreindre les
marges de manœuvre du politique.
17 novembre 2005 Article publié dans L'Action Française 2000
Critique de la reconnaissance institutionnelle de
l'homosexualité.
Depuis la parodie de mariage orchestrée par Noël Mamère, les
partisans de la "cause homosexuelle" semblent peut-être moins
pressants, mais leur résolution n'a pas faibli. Le retour de leurs
revendications sur le devant de la scène politique sera-t-il l'occasion
d'un débat plus réfléchi ? Le dernier ouvrage du prêtre et
psychanalyste Tony Anatrella, Le Règne de Narcisse,
devrait nous aider à en cerner les enjeux.
Dans une première partie, l'auteur se propose de définir
l'homosexualité. Il y voit la conséquence d'un manque d'intériorisation
de la différence des sexes, le résultat d'une identification au même
que soi. Cette « fixation narcissique » donnerait
parfois des personnalités très imbues d'elles-mêmes ; à
l'opposé, elle pourrait aussi encourager les individus à se
dévaloriser. Dans tous les cas, elle ne serait pas une option
équivalente à l'hétérosexualité, mais un échec dans le processus normal
du développement psychique de l'individu.
Principe de précaution
Représente-t-elle une image de la sexualité à partir de
laquelle la société doit s'organiser ? Dans une seconde
partie, Tony Anatrella expose les motifs de son opposition à la
reconnaissance institutionnelle de l'homosexualité. Il décrypte la
"théorie du gender", selon laquelle la masculinité et la féminité
seraient déterminées par la culture. Ses implications sont
profondes : le déni de la différence sexuelle pourrait
notamment amener la société à dissocier la procréation de la sexualité,
brouillant ainsi les repères de la filiation.
L'auteur s'inquiète des conséquences de ce bouleversement
symbolique. Selon lui, l'amour ne suffit pas à combler les besoins de
l'enfant, qui risque d'être perturbé. Il en appelle donc au principe de
précaution pour justifier son refus d'ouvrir le mariage et l'adoption
aux « duos homosexuels ».
Imposture
Reste à convaincre nos compatriotes... La troisième partie est
consacrée à la dénonciation d'un concept désormais consacré par la loi,
l'"homophobie". Ce n'est qu'une « imposture » pour
Tony Anatrella. Sa fonction ne serait pas seulement de discréditer
l'opposition aux revendications homosexuelles, par analogie avec le
racisme. Ce concept pourrait également contribuer à occulter certains
phénomènes.
La détresse des jeunes homosexuels, particulièrement enclins
au suicide, est connue de tous, mais quelle en est l'origine ?
La mise en accusation de la société est une explication naïve aux yeux
de l'auteur. Considérée comme « le résultat d'un complexe
psychologique », l'homosexualité suscitera un trouble
indépendamment du regard porté sur elle par la société. Quant à la
réaction des parents découvrant l'homosexualité de leur enfant, parfois
vive, elle témoigne « d'une angoisse existentielle et non pas
d'une quelconque "homophobie", comme on veut le prétendre dans un excès
d'interprétation psychologique moralisante ».
Bons sentiments
S'il est démuni de toute connaissance en psychologie, le
lecteur ne se sentira peut-être pas à son aise, et dans ce cas il
regrettera d'autant plus que l'ouvrage ne soit pas construit d'une
façon plus rigoureuse. Trop d'idées sont avancées ici alors qu'il faut
chercher l'explication ailleurs ; d'autres reviennent comme un
leitmotiv sans être suffisamment argumentées : le déni de la
différence sexuelle est peut-être dénoncé à chaque page, mais aucune
n'est consacrée à la définition de cette réalité jugée fondamentale.
On comprend néanmoins combien la question de l'homosexualité
et de sa reconnaissance institutionnelle est abordée de façon
superficielle dans les médias. Sa dimension psychologique est écartée,
les possibles conséquences sociales sont ignorées... Sous « le
règne de Narcisse », les intelligences sont dévoyées par les
bons sentiments. Ce constat est inquiétant à plus d'un titre, car il
est symptomatique d'une société où le bien commun n'a plus sa place.
Tony Anatrella, Le Règne de Narcisse – Les Enjeux
du déni de la différence sexuelle, Presses de la
Renaissance, 250 p., 18 euros.