30 juillet 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
Le souverainisme piégé par la démocratie.
Selon la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, le traité de
Lisbonne est compatible avec la loi fondamentale allemande, mais sa
ratification nécessite un renforcement préalable des pouvoirs du
parlement national. Dans un communiqué, Jacques Myard regrette « que la
France n'ait pas exigé les mêmes conditions d'application du traité ».
Selon lui, il résulterait de cet arrêt « une inégalité entre les
signataires » justifiant « une renégociation totale du traité ».
Nous ne saurions souscrire aux motifs appuyant cette exigence,
en dépit de la sympathie que nous inspire le député des Yvelines.
Sa réaction illustre, à nos yeux, les ambiguités du
souverainisme, conduisant ici à réclamer un rééquilibrage des
institutions françaises par l'entremise... d'une uniformisation
européenne ! C'est la conséquence, somme toute logique, de la confusion
entretenue dans le combat pour la "souveraineté nationale". Au sens où
l'entendait Maurras, rappelons que celle-ci était indéfendable.
L'expression suggère que la France est souveraine par elle-même : cela
conduit naturellement au mythe de la souveraineté populaire et, plus
concrètement, à la dénonciation du "déficit démocratique" européen,
stigmatisant l'influence croissante des gouvernements qui contournent
les parlementaires.
Mais un État libéré de leur pression ne serait-il
pas davantage "souverain" ? Cherchez l'erreur !
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2 juillet 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
Saluée comme une victoire par les souverainistes, l'abstention aux élections européennes justifie également les appels en faveur d'une Europe plus fédérale.
Les résultats électoraux se prêtent toujours aux
interprétations les plus diverses. À l'issue du scrutin des 6 et 7
juin, Jean Quatremer saluait « l'Europe, grand vainqueur des élections
en France », tandis que Le Salon Beige pointait « un désaveu pour l'UE ».
L'abstention massive (59,37 % des inscrits) réjouit
naturellement les souverainistes. Les enquêtes d'opinion pourraient
toutefois les faire déchanter. Le tableau est nuancé : 80 % des
Français seraient favorables à la construction européenne, mais 26 % la
percevraient comme « une menace pour notre identité » ; 78 %
considéreraient qu'elle « les rend plus forts face au reste du monde »,
mais 62 % estimeraient qu'elle « coûte cher à la France » ;
enfin, 6 % réclameraient la dissolution de l'UE (1).
Quoi qu'il en soit, l'abstention doit être invoquée avec
prudence. En effet, comment peut-on l'expliquer ? Sans doute par le peu
d'implication de l'Union européenne dans les politiques de
redistribution sociale cristallisant les clivages partisans ; ainsi que
par la faible "personnification" des enjeux : le vote des électeurs
peut influencer la composition de la Commission, mais sa désignation
demeure l'apanage des États. Autant de "maux" que les fédéralistes
aspirent à corriger : l'abstention serait vraisemblablement endiguée
par un accroissement des compétence de l'UE et une émancipation – peu
réaliste selon nous - de la Commission et du Parlement.
En attendant, la transposition du formalisme parlementaire au
niveau communautaire apparaît aberrante à bien des égards. Les
journalistes de Libération posent parfois de bonnes questions (2) : « On
peut dès lors se demander s'il était bien nécessaire de faire élire au
suffrage universel direct le Parlement européen : en déséquilibrant une
construction qui a été pensée dès l'origine comme une union d'États et
dont la légitimité démocratique s'exerçait uniquement au second degré,
cette innovation a sans doute concouru à renforcer le sentiment que
l'Union souffrait d'un grave déficit démocratique. » Selon Jean
Quatremer, « le seul moyen d'y remédier ne serait évidemment pas de
revenir en arrière, cela étant démocratiquement inacceptable, mais de
créer un véritable État fédéral ». De notre point de vue, cependant,
qu'importe la démocratie !
(1) Enquête réalisée du 28 avril au 5 mai par Efficience 3
pour la Représentation en France de la Commission européenne.
(2) Coulisses de Bruxelles, 11/05/09.
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4 juin 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
Jérome Rivière voit trouble dans l'affaire du rosé coupé.
Dans un entretien audio diffusé par Novopress (20/05/09),
Jérôme Rivière, directeur de campagne de Libertas France, s'insurge
contre le projet de règlement européen autorisant la production de vin
rosé par coupage de blanc et de rouge : la Commission voudrait réviser
les pratiques œnologiques « pour que demain on puisse importer les vins
d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Afrique du Sud ». Or,
selon le rapport du sénateur Gérard César, les vins coupés australiens seraient déjà sur le marché
européen, sans indication sur les étiquettes ! Étant donné l'intérêt du
dossier pour la campagne des souverainistes, une argumentation plus
rigoureuse aurait été la bienvenue.
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