Un indice de durabilité ou réparabilité devrait bientôt apparaître sur les emballages des produits. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s'en réjouit sans toutefois apporter aucune contribution aux travaux en cours sur le sujet.
L'« affichage environnemental » vient de faire l'objet d'un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) publié le mois dernier (mars 2019). On y relève notamment que « pour le CESE, les notions de "durée de vie des produits" et-ou de "réparabilité" nécessiteraient d'être prises en compte de façon explicite dans l'affichage environnemental ». Mais sur cette question, on n'y trouve pas grand-chose de plus.
Le rapporteur, Philippe Dutruc, se borne en fait à rappeler les objectifs définis dans la feuille de route pour l'économie circulaire (FREC) présentée l'année dernière. Laquelle mentionne effectivement « différentes mesures relatives à la réparabilité des produits : "renforcer les obligations des fabricants et des distributeurs en matière d'information sur la disponibilité des pièces détachées pour les équipements électriques, électroniques et les éléments d'ameublement" (mesure 9) ainsi que "l'affichage obligatoire à partir du 1er janvier 2020 pour les équipements électriques, électroniques d'une information simple sur leur réparabilité" (mesure 10) ».
Les entreprises joueront-elles le jeu ? Selon Alain Pautrot, représentant du groupe SEB, auditionné par le CESE, « l'apposition d'un logo clair sur la réparabilité […] est de nature à convaincre le consommateur » : « les études du groupe montrent en effet que 8 % des clients basculent vers l'achat d'un produit durable sur lequel est apposé ce logo ». Par ailleurs, a-t-il assuré, un affichage de ce type serait bien accueilli par les distributeurs. Reste à préciser et concrétiser ce projet.
Une coopérative toulousaine a créé un label dénommé « Long Time » censé garantir une meilleure durabilité des produits. S'agit-il de lutter contre l'obsolescence programmée ? En partie seulement.
« L'expression obsolescence programmée donne une vision fataliste des choses », explique Elsa Lomont, à l'origine du projet, citée par Le Parisien. Ce fatalisme se manifeste à plusieurs occasions, pourrions-nous préciser : il détourne le consommateur de ses responsabilités au moment de l'achat, alors que tous les produits ne se valent pas ; il légitime ensuite ses négligences concernant l'entretien ; enfin, quand survient un dysfonctionnement, il le décourage de tenter une réparation.
Sur leur site Internet, les promoteurs de ce label ne s'interdisent pas de faire référence à l'obsolescence programmée, mais au moins le font-ils il avec quelque nuance ; « l'obsolescence programmée n'est qu'une petite partie des obsolescences », écrivent-ils notamment. En tout cas, de leur point de vue, « les responsabilités quant à l'existence de l'obsolescence organisée sont partagées ». Cela tranche avec le discours de l'association HOP, selon laquelle « il paraît essentiel de ne pas moraliser le consommateur, avant tout victime de l'obsolescence accélérée des produits ». En réalité, il en est moins la victime que le complice. Cela étant, son choix sera d'autant plus éclairé qu'il sera mieux informé. D'où l'intérêt potentiel d'un tel label.