Si les Chevaliers du Zodiaque passent sous la coupe du féminisme, que va-t-il rester de leur amour pour Athéna ?

16 décembre 2018

Dans une version revisitée de ses aventures, Seiya va se battre aux côtés d'une femme. Il fallait, paraît-il, se plier à l'air du temps. Mais la série risque d'en être profondément dénaturée.

Un remake des Chevaliers du Zodiaque sera bientôt diffusé sur Netflix. La bande-annonce de cette nouvelle série a été dévoilée voilà quelques jours. À sa découverte, certains fans ont aussitôt dénoncé un sacrilège : Shun n'est plus le même. Plus du tout. Et pour cause : il a changé de sexe ! Désormais, c'est donc une femme.

Eugene Son, le scénariste de cette version revisitée, s'en est expliqué sur Twitter : « il y a trente ans, qu'un groupe d'hommes se batte pour sauver le monde, sans femmes à leurs côtés, n'était pas un problème », a-t-il déclaré. « Mais désormais », selon lui, « c'en est un ». « Notre monde a changé », s'est-il justifié ; « le public est désormais habitué à voir des hommes et des femmes traités d'égal à égal, et mettre en scène des personnages exclusivement masculins aurait pu être interprété comme un message que nous chercherions à envoyer ». Comme si, dans la série d'origine, le personnage d'Athéna – une femme donc – n'était pas tout particulièrement mis en valeur… Et d'affirmer, à l'intention des plus mécontents : « si vous détestez ce changement, et que vous me détestez par la même occasion, et ne souhaitez pas regarder cette série, aucun souci, je comprends parfaitement ».

Dont acte. Peut-être serons-nous malgré tout curieux d'évaluer l'ampleur du massacre. Car la substitution d'un sexe à l'autre n'est pas une opération anodine. Pas dans une série comme celle-ci, où l'on retrouvait comme un soupçon d'amour courtois – du moins dans une perspective française ou occidentale. Imaginez un instant que les rôles soient inversés : avec une armée d'Amazones qui serviraient non plus une déesse respectée mais un dieu adulé… C'est toute l'histoire qu'il faudrait réécrire. Un homme ne motiverait pas des combattantes de la même façon qu'une femme inspire ses chevaliers. Peut-être ces derniers sont-ils abusés par des « stéréotypes », mais c'est ainsi que fonctionne notre imaginaire – et cela doit bien vouloir dire quelque chose : c'est la bonté d'Athéna qui galvanise Seiya et ses compagnons ; c'est sa chaleur qui les conduit à se relever quand tout semble perdu ; son abnégation aussi, car elle est prête à souffrir ; en un mot : son amour, avec toute l'ambiguïté qu'implique ce terme – le baiser que Saori vole furtivement à Seiya en témoigne.

Bref, si les chevaliers d'Athéna deviennent indifféremment des hommes ou des femmes, alors, fatalement, les archétypes qui fondent la saga des Chevaliers du Zodiaque volent en éclats.

Accessoirement, on remarquera que le personnage émasculé dans ce remake n'a pas été choisi au hasard : les auteurs ont jeté leur dévolu sur le moins viril des quatre candidats qui se présentaient à eux ; celui qui répugnait à la violence ; celui qui portait une armure rose et dont le public, notamment français, se demandait précisément s'il s'agissait bien d'un homme ! Incidemment, donc, tout en cédant à la pression du féminisme, les scénaristes semblent avoir conforté tous les « stéréotypes » que celui-ci est censé abhorrer. Bien joué !

Han Solo, otage du féminisme ?

27 mai 2018

Considérations politiques sur le nouveau Star Wars censé présenter les origines du célèbre contrebandier.

Que dire de Solo – A Star Wars Story ? Ce film est-il porteur d'un quelconque message ? Ron Howard, son réalisateur, lui prête « une dimension politique ». En effet, « chaque personnage est victime d'une oppression », a-t-il expliqué à nos confrères du Journal du dimanche (19 mai 2018). « Il y a même un droïde féministe qui milite pour l'égalité des droits », s'est-il félicité.

Lando et sa sexualité prétendument débridée

Effectivement, la rébellion attisée sur Kessel par L3-37 aurait pu donner à réfléchir dans cette galaxie lointaine où l'esclavage semble banal. Cet épisode est toutefois traité sous un angle parodique – tout comme la relation que Lando entretient avec cette agitatrice. Selon Jonathan Kasdan, coscénariste, cela témoignerait d'« une certaine fluidité dans la sexualité » du capitaine Calrissian où même « les droïdes ont une place » ; c'est en tout cas ce qu'il a prétendu dans un entretien  accordé au Huffington Post, cité par Star Wars Universe  (18 mai 2018). « J'aurais adoré qu'il y ait un personnage plus explicitement LGBT dans ce film », a-t-il par ailleurs regretté ; « je pense que le temps est venu pour ça », a-t-il poursuivi, négligeant la naïveté propre à La Guerre des étoiles. Donald Glover, le nouvel interprète de Lando, a surenchéri en ces termes auprès de la radio Sirius XM citée par Première (22 mai 2018) : « Comment ne pas être pansexuel dans l'espace ? Il y a tellement de choses avec lesquelles faire l'amour. Je n'ai pas trouvé ça étrange. Oui, il drague tout ce qui bouge. Et alors ? Ça ne m'a pas semblé si bizarre parce que si vous êtes dans l'espace, toute est possible ! Il n'y a pas que des gars et des filles. […] Êtes-vous un homme ou une femme ? On s'en fiche. Amuse-toi. »

Le héros prié d'adopter un nouveau langage

Tout cela n'a rien de manifeste à la découverte du film. À moins que des considérations idéologiques expliquent précisément la platitude qui s'en dégage ? Lawrence Kasdan, l'autre coscénariste, père de Jonathan et qui officia jadis à l'écriture de L'Empire contre-attaque puis du Retour du Jedi, n'est pas loin de le suggérer dans les colonnes du Point (24 mai 2018). « Tout ce que nous écrivons maintenant est devenu plus compliqué », a-t-il expliqué à notre confrère Philippe Guedj, non sans lâcher un soupir. Et de poursuivre : « Les archétypes incarnés par Han Solo n'ont plus cours […] parce que les hommes doivent désormais devenir de chics types. Et ça, c'était un vrai challenge à relever. Impossible de laisser Han parler aux femmes comme il s'adresse à Leia dans La Guerre des étoiles et L'Empire contre attaque. » C'était mieux avant !