18 octobre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Un nouveau manifeste dénonce le désintérêt de la France pour
ses armées. Il faudra faire avec, estime, en substance, leur chef
d'état-major.
Tandis que le Parlement examine une nouvelle loi de
programmation militaire, un manifeste, largement diffusé à l'initiative
du général de corps d'armée (2S) Jean-Claude Thomann, brosse le tableau
d'une armée française réduite « à l'état
d'échantillon ». S'ils ne versent pas dans la nuance, ses
auteurs se gardent d'incriminer la seule « disette
budgétaire » : selon eux, « la fin de la
Guerre froide, les impératifs de l'État-providence et la volonté des
"post-modernes" d'en finir avec le "fracas des armes" ont été les
abrasifs les plus puissants » à l'origine de cette décadence.
Mais les plus hautes autorités du pays n'en ont-elles pas
conscience ?
L'ennemi invisible
« En l'absence d'ennemi visible aux frontières, les
opinions publiques sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis des
expéditions lointaines, surtout lorsque les enjeux et les résultats
sont indirects », observe l'amiral Édouard Guillaud, chef
d'état-major des armées (CEMA). Devant la nouvelle promotion de l'École
de guerre, il s'est essayé à un exercice prospective. Aujourd'hui,
« certaines opérations durent quelques jours, comme
l'évacuation de ressortissants conduite à Beyrouth en 2006 »,
a-t-il souligné. « D'autres durent quelques mois, comme la
Libye, en 2011. La plupart durent plusieurs années, et parfois bien
davantage : nous sommes au Liban depuis 1978, soit trente-cinq ans, au
Tchad depuis 1986, en Afghanistan depuis 2001. » Or, prévient
le CEMA, « cette caractéristique est, pour les années qui
viennent, celle qui sera le plus souvent remise en cause ». En
effet, explique-t-il, « tant les gouvernements que les opinions
publiques font preuve d'impatience, aussi bien dans la vie de tous les
jours que dans leur évaluation stratégique. [...] Si l'intérêt d'un
outil militaire en complément de la diplomatie est correctement perçu
par l'autorité politique, il n'en demeure pas moins que son emploi
reste conditionné par le temps médiatique et les contraintes de la
politique intérieure. C'est une difficulté supplémentaire pour le
commandement militaire, que d'appliquer ce vieux principe de la guerre
de l'économie des moyens à un champ médiatique, voire
politicien ! »
Le ministère de la Défense britannique se demande, quant à
lui, « comment réduire l'opposition croissante de l'opinion
publique [...] envers les opérations de combat », rapporte
notre confrère Philippe Chapleau, animateur du blog Lignes
de défense. Entre autres propositions, il préconise un
déploiement accru des drones, des forces spéciales, des sociétés
militaires privées et des supplétifs locaux. Appliquées en France, ces
mesures ne suffiraient pas à rassurer les "Sentinelles de l'agora"
représentées par le général Thomann. De leur point de vue,
« l'absence actuelle de menace militaire majeure n'est qu'un
simple moment de l'Histoire. [...] C'est une faute vis-à-vis de la
sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la
capacité de résilience du pays face à une éventuelle situation de
chaos, dont nul ne peut préjuger le lieu, l'heure et la
nature. » Il serait donc « plus que temps [...] de permettre à
la France de se remettre à penser en termes de risques et de puissance
stratégique ». Mais dans quelle mesure en serait-elle
capable ? C'est la société tout entière qui semble s'y
refuser !
Politique d'abord
Cela étant, les institutions ne sont pas sans incidence sur la
donne. L'amiral Guillaud se félicite d'ailleurs d'une
« singularité » française héritée, dirons-nous, d'une
certaine tradition monarchique : « un lien direct
dans le domaine des opérations entre le CEMA et le président de la
République ». Cela « garantit l'adéquation entre les
objectifs politiques et leur traduction en effets militaires, et ce
avec une réactivité que beaucoup nous envient », martèle
l'amiral, qui cite deux exemples récents :
« l'intervention de notre aviation au-dessus de Benghazi, en
Libye, le 19 mars 2011 ; et celle de nos forces
spéciales, de nos hélicoptères de combat et de nos chasseurs pour
bloquer la progression des groupes terroristes vers le Sud malien, le
11 janvier 2013. À chaque fois, l'effet militaire a été
appliqué quelques heures seulement après la décision politique. À
chaque fois, cette réactivité a été décisive. » Répétons-le
encore une fois : c'est un atout à préserver – politique
d'abord !
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12 septembre 2013
Suite du feuilleton : cette fois-ci, Goldorak perd des points
face au gouvernement.
Précédemment, nous
avions opposé Goldorak à un Golgoth d'un nouveau genre, à savoir Najat
Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et
porte-parole du gouvernement. Sans scrupule particulier, nous avions
pris la défense du premier. Mais voilà que dans un épisode suivant (le
vingt-troisième), Actarus se comporte en vrai goujat.
De retour au ranch du bouleau blanc, qu'il avait déserté des
heures durant pour combattre Véga, il ne sait comment justifier son
absence, provoquant la colère de Vénusia. Alors qu'un cheval s'est
enfui dans la montagne, celle-ci veut partir à sa recherche.
« C'est trop dangereux pour une femme », lui rétorque
Actarus. Dans la version originale, il se montre toutefois plus
courtois : « c'est de la folie », se
contenterait-il d'avertir, si l'on en croit les sous-titres proposés
par AB-vidéo.
Un peu plus loin, en tout cas, les images ne trompent pas.
Alors que son amie vient de tomber dans un précipice, le prince
d'Euphor se « métamorphose » pour lui venir en aide.
Aussi doit-il lui révéler sa véritable identité. Désemparée, voire
effrayée, Vénusia se montre distante. Froissé par sa réaction, Actarus
la traite d'« idiote ». Pire, il lui donne une
claque. Ça craint ! Manifestement honteux de son geste, il ne
présentera pourtant aucune excuse.
Sur ce coup-là, il est indéfendable. Un point pour Najat,
donc. Affaire à suivre, au fil des parutions en DVD.
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5 septembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Tandis que s'ouvrent à Nice les Jeux de la Francophonie,
l'Irsem propose un aperçu des perspectives ouvertes par cette
communauté ayant la langue de Molière en partage.
Samedi prochain, 7 septembre 2013, s'ouvriront à
Nice, sous la présidence de François Hollande, les VIIe Jeux
de la Francophonie. Cet événement ravivera-t-il l'intérêt pour la
francophonie, « qui est un atout considérable quelquefois
négligé en France », selon le ministre des Affaires
étrangères, Laurent Fabius ? Dans sa dernière étude, l'Irsem
(Institut de recherche stratégique de l'École militaire) en souligne
justement la « profondeur stratégique ».
Un fort potentiel
« Dans ce contexte de déterritorialisation de la
puissance et de déclassement de la sanctuarisation, la recherche
d'influence (soft power) devient nécessairement
complémentaire de la puissance pure », affirme Hugo Sada.
« Celle-ci doit se construire et se déployer bien au-delà des
cadres étatiques, et dans un système international caractérisé par la
multiplication des acteurs stratégiques. ». La Francophonie
serait « l'un de ces nouveaux acteurs stratégiques, encore
relativement mineur, mais doté d'un fort potentiel ».
Dans le Maghreb, annonce Flavien Bourrat, « des
possibilités existant de voir le français devenir [...] la langue
régionale de coopération y compris en matière de défense et de
sécurité ». « Du moment où elle n'est plus perçue
comme l'instrument exclusif de projection de la politique française
dans la région », la Francophonie « pourrait ainsi
constituer la cheville permettant d'articuler et de consolider les
liens entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne ». D'ores et
déjà, précise Flavien Bourrat, « on constate que les relations
denses et les échanges qu'entretiennent les pays du Maghreb avec leurs
voisins africains francophones, notamment au Sahel [...], se font le
plus souvent en français ». Cela étant, prévient-il,
« le contexte de transition politique découlant des
révolutions arabes pourrait donner une nouvelle vigueur aux querelles
linguistiques et aux orientations idéologiques opposées à la
francophonie – en particulier dans le secteur clef de
l'éducation ». « Rachid Ghannouchi, leader du parti
Ennahdha majoritaire au sein de l'actuel gouvernement tunisien, a ainsi
déclaré le 26 octobre 2011 à Radio Express FM :
"Nous sommes arabes et notre langue, c'est la langue arabe. On est
devenu franco-arabe, c'est de la pollution linguistique." Au Maroc, où
existe un fort clivage entre les médias arabophones et francophones,
l'actuel gouvernement dominé par le Parti de la justice et du
développement (PJD) a tenté de remettre en cause, à travers une réforme
de l'audiovisuel, la diffusion à une heure de grande écoute du journal
télévisé en français de la chaîne publique 2M. »
En Afrique, tout particulièrement, les États francophones
« présentent des spécificités notamment sur le plan
organisationnel (les polices francophones sont fondées sur un système
dual composé de la police et de la gendarmerie) ou procédural
(tradition romano-germanique et coutumes locales) », souligne
Frédéric Ramel. Aussi la Francophonie a-t-elle apporté une contribution
indéniable à la réforme des "systèmes de sécurité" en République
centrafricaine, en Guinée et en Guinée-Bissau, en collaboration avec
les Nations Unies, plus habituées, jusqu'alors, à s'inspirer des
traditions britanniques en la matière. Plus de la moitié des effectifs
déployés par l'ONU se trouvent d'ailleurs en territoire francophone.
Dans ces conditions, annonce Brice Poulot, « l'usage du
français en contexte militaire ira croissant ».
Langue militaire
D'ores et déjà, précise-t-il, « les autorités
militaires francophones des pays développés ont mis en place de
nombreuses actions afin de conforter le rayonnement militaire du
français à l'international ». Le "français langue militaire"
(FLMI) « tient, depuis le début des années 2000, une place
importante, notamment par l'action de la Direction de la coopération de
sécurité et de défense (DCSD) du ministère des Affaires étrangères
français, qui finance plus de dix mille formations par an ».
Si le français participe « à l'affirmation des capacités
opérationnelles des armées », il présente une autre vertu,
celle « d'extraire un pays de la sphère d'influence d'un
voisin trop puissant : le Brésil favorise par exemple
l'apprentissage du français pour s'émanciper des États-Unis, tout comme
l'Autriche, membre de l'Organisation internationale de la Francophonie
(OIF) et acteur du FLMI, qui cherche ainsi à se démarquer de son voisin
allemand ».
De plus, affirme Brice Poulot, « il existe un lien
réel entre la francophilie d'une armée étrangère (ou du moins de son
état-major) et la provenance de son matériel de défense », si
bien que le FMLI pourrait « participer [...] à l'augmentation
des exportations de matériel de défense des pays
francophones ». Toutefois, nuance-t-il, « certains
exemples à travers le monde nous interdisent tout triomphalisme et
suggèrent que le travail à mener auprès des institutions est encore
conséquent ». Ainsi la gendarmerie européenne a-t-elle
« choisi l'anglais comme seule langue de travail alors qu'elle
est composée uniquement de pays de langue latine, et que le modèle
gendarmique constitue une spécificité organisationnelle par excellence
des forces de police issues historiquement de la tradition ou de
l'influence francophone ». Un paradoxe parmi
d'autres : comme le rappellent Alexandra Veleva et
Niagalé Bagayoko, le français n'est aujoud'hui « ni la langue
maternelle, ni même la langue d'usage de l'ensemble des membres de
l'Organisation internationale de la Francophonie ».
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31 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Parmi les mission assignées à l'École figure désormais la
lutte contre l'"homophobie", qu'il conviendrait d'élargir aux
"transphobies" et autres "phobies" connexes, selon un rapport sollicité
par la Rue de Grenelle. Morceaux choisis.
Les pouvoirs publics n'en finissent pas de désigner de
nouveaux fléaux sociaux. Parmi ceux-ci figurent désormais les
"LGBT-phobies". Lesquelles « doivent être abordées avec la
même force et les mêmes convictions républicaines que le racisme,
l'antisémitisme ou le sexisme par l'ensemble des acteurs de la
communauté éducative », soutient Michel Teychenné, auteur d'un
rapport commandé par le ministre de l'Éducation nationale, Vincent
Peillon.
LGBT-phobie
En préambule, l'auteur propose la définition suivante de la
"LGBT-phobie" : « peur, rejet ou aversion, souvent
sous la forme d'attitudes stigmatisantes, de comportements
discriminatoires ou de violences envers les lesbiennes, gays,
bisexuels, transsexuel(le)s ». On devine qu'elle se décline
sous des formes diverses. Moqueries et insultes seraient, parait-il,
les plus répandues. Leur « banalisation » serait même
observée « dès l'école primaire », où
« l'emploi de mots comme "pédé" ou "enculé", par exemple,
n'est d'ailleurs souvent pas conscientisé par le jeune ». Les
instituteurs devront-ils expliquer aux élèves ce dont il
retourne ? On leur souhaite bien du plaisir ! Selon
le rapporteur, « une éducation sur les stéréotypes, les
préjugés, les rôles ou l'identité peut être mise en place dès le plus
jeune âge [...] afin de conduire à l'acceptation de la diversité
humaine, y compris de la transidentité ou de la transgression du
genre ». À l'école primaire, précise-t-il, « c'est au
travers notamment de la diversité des familles, de l'homoparentalité,
du refus des insultes et des discriminations que le sujet peut être
abordé ». Soucieux d'« agir sur les représentations
et les préjugés », il entend « valoriser des
représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité
de l'homosexualité et de la transsexualité à l'école ». Autre
proposition, plus explicite : « sensibiliser à ces
questions les éditeurs de manuels scolaires qui pourront notamment
s'appuyer sur les travaux et les recommandations de la
Halde ». Laquelle regrettait, par exemple, que nulle mention
ne soit faite, dans les manuels de SVT (sciences de la vie et de la
terre), des comportements homosexuels observés parfois chez les
animaux.
Vingt-cinq mille élèves
« En Europe occidentale », déplore
M. Teychenné, « la France est en retard en matière de
politiques publiques de lutte contre les LGBT-phobies à
l'école ». L'année dernière, vingt-cinq mille élèves de
l'enseignement secondaire (2,6 % des effectifs) auraient
bénéficié d'une intervention de « sensibilisation aux
discriminations LGBT ». Certains établissements se
distinguent, comme à Saint-Étienne, où des lycéens ont participé au
"festival du film gay et lesbien". La moitié des conseils académiques
de vie lycéenne (CAVL) auraient demandé « à se saisir des
problématiques des LGBT-phobies au lycée ». En revanche, la
promotion de la ligne Azur, mise en place à l'intention des adolescents
s'interrogeant sur leur sexualité, aurait rencontré quelques
ratés : « Environ la moitié des établissements n'ont
pas diffusé les affiches. Quant aux établissements qui les ont
utilisées, la moitié les a installées uniquement à ou près de
l'infirmerie. Seuls un quart des établissements les ont placardées dans
un lieu de passage, comme demandé dans le courrier
d'accompagnement. » Qu'en est-il dans le privé ?
« Les échanges que j'ai eus avec le secrétariat général de
l'enseignement catholique laissent entrevoir une prise de conscience
des dangers de l'homophobie », confie le rapporteur. Selon
lui, « dans le respect de la spécificité de l'enseignement
catholique, la mise en place d'un dispositif propre à l'enseignement
catholique sous contrat pourrait être envisagée de façon complémentaire
à [ses] recommandations ».
Constructivisme
Peut-être les responsables de l'enseignement catholique
s'inquiètent-ils sincèrement de la détresse des jeunes homosexuels.
« Parmi les adolescents et jeunes adultes », souligne
François Beck, du département enquêtes et analyses statistiques de
l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé),
« les populations LGBT ont deux à sept fois plus de risques
d'effectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur
vie que les populations hétérosexuelles ». « Ces
risques sont de deux à quatre fois supérieurs pour les filles, et de
cinq à dix fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de
suicides chaque année », précise Michel Teychenné. Or, selon
lui, « la prévention du suicide chez les jeunes LGBT sera
d'autant plus efficace que le climat scolaire sera inclusif et que les
équipes éducatives seront sensibilisées et formées à lutter contre les
LGBT-phobies ». De son point de vue, « l'ensemble des
actions mises en œuvre doivent viser à déconstruire les préjugés, idées
fausses et stéréotypes ». D'ailleurs, explique-t-il,
« homophobie, transphobie et discriminations envers les
femmes » participeraient « du même ordre sexuel dans
lequel les rapports sociaux correspondent à une hiérarchie des genres
et des sexes ». Et de pointer un « un contexte
normatif où tout le monde est présupposé hétérosexuel ».
Peut-être espère-t-il changer la donne ? Ce serait verser,
nous semble-t-il, dans un volontarisme bien utopique.
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17 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Un personnage jugé jadis chevaleresque risquerait fort,
aujourd'hui, d'être vilipendé pour "sexisme". Au point d'être censuré à
la télévision et même sur la Toile ? C'est en tout cas le
projet du gouvernement.
Étant donné ses appels répétés à traiter hommes et femmes sur
un pied d'égalité, Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des
Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, ne devrait pas nous
reprocher de révéler son âge : elle a trente-cinq ans. Comme
toute une génération, sans doute a-t-elle grandi avec Dorothée, suivant
les aventures de Candy quand d'autres, dont nous étions, vibraient aux
exploits de Goldorak - un dessin animé culte dont un premier
volume est enfin disponible en DVD depuis le mois dernier (juin 2013).
Actarus et les femmes
Nostalgie mise à part, un épisode a plus particulièrement
retenu notre attention : le neuvième, où Vega menace de
détruire la planète Concordia si l'une de ses habitantes, le commandant
Euridie, échoue à détruire Goldorak lors d'une mission suicide. Son
vaisseau s'étant écrasé, le prince Actarus s'en approche dans l'espoir
de faire un prisonnier. Découvrant l'identité du pilote, il est saisi
d'effroi : « Une femme ! Je n'aurai jamais
le courage de l'obliger à parler », s'exclame-t-il.
L'accueillant parmi les siens, il l'invite à porter la robe que lui
prête Venusia : « je ne veux pas voir d'uniforme
militaire, surtout sur une femme », lui explique-t-il. De quoi
donner la nausée à Mme Vallaud-Belkacem, au cas où elle se
risquerait à revoir Goldorak, du moins en version
française. Si l'on en croit les sous-titres proposés par AB vidéo sur
la version originale, en effet, l'homologue japonais d'Actarus se
montre plus réservé, quoique tout aussi prévenant.
Prononcées aujourd'hui à la télévision, a fortiori
à l'intention du jeune public, ces paroles provoqueraient la réaction
virulente des officines féministes. Pour preuve, un collectif vient de
prendre à partie Thierry Pflimlin, le patron de l'audiovisuel public,
après qu'eut été diffusé sur France 2,
le 9 juillet, le deuxième épisode de "Qui sera le prochain
grand pâtissier ?". Au cours de cette émission, les
téléspectateurs auraient subi « un florilège incroyable de
propos sexistes », selon une quarantaine d'associations.
« À l'heure où France Télévisions s'engage pour l'égalité
femmes-hommes dans ses programmes », leurs responsables jugent
« curieux – pour ne pas dire fatigant, énervant, révoltant –
d'entendre, en prime time, des phrases d'une
bêtise aussi crasse que "les petites filles aiment les coccinelles et
les petits garçons les dinosaures, les trucs bruts de décoffrage" ou
encore que les femmes auraient des compétences particulières pour
réaliser des gâteaux ». De leur point de vue,« ce
genre d'inepties fige dans le marbre les stéréotypes et les préjugés,
qui sont à la racine des inégalités ».
Le CSA nous surveille
Cette conviction semble partagée par le gouvernement, qui a
présenté, le 3 juillet, un projet de « loi cadre sur
l'égalité femmes-hommes ». Entre autres dispositions, ce texte
prévoit d'étendre les compétences du Conseil supérieur de l'audiovisuel
(CSA) afin qu'il « assure le respect des droits des femmes
dans le domaine de la communication audiovisuelle ». Le CSA
devrait veiller, d'une part, « à une juste représentation des
femmes dans les programmes des services de communication
audiovisuelle » et, d'autre part, « à l'image des
femmes qui apparaît dans ces programmes, notamment en luttant contre
les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les
violences faites aux femmes et les violences commises au sein des
couples ». Sous son contrôle, les chaines hertziennes
devraient même contribuer « à la lutte contre les préjugés
sexistes et les violences faites aux femmes en diffusant des programmes
relatifs à ces sujets ». Un retour à la télévision
d'État ?
La Toile n'est pas en reste, comme le souligne Marc Rees,
rédacteur en chef de PC Impact. Si le
projet était adopté en l'état, la loi obligerait les "intermédiaires
techniques" à lutter activement contre le "sexisme" et l'"homophobie".
Plus concrètement, explique notre confrère, « si dans un forum
ou sur un réseau social, un internaute se lance dans ce genre de
discours sexistes avec quelques propos fleuris appelant à la
discrimination, l'hébergeur devra impérativement dénoncer ces contenus
aux autorités dès lors que ceux-ci lui auront été signalés par un
individu ».
Alors, Goldorak est-il bon pour la casse ? On ne
reprochera pas aux pouvoirs publics d'annoncer, par ailleurs, une
protection accrue des femmes victimes de violences conjugales. Reste
une question posée incidemment par Actarus : son refus de
porter la main sur une femme, mais aussi son aversion à la voir prendre
les armes, ne relèveraient-ils pas d'une même inclination ? Le
cas échéant, l'égalité, agitée à tout va, serait une piètre parade aux
souffrances dont s'inquiète, légitimement, le porte-parole du
gouvernement.
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5 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
L'Union européenne prévoit d'intensifier ses échanges
commerciaux avec les États-Unis. À cet effet, un traité de
libre-échange transatlantique pourrait être adopté. Aperçu des enjeux
des négociations à venir.
Producteurs et acteurs ont obtenu gain de cause :
"l'exception culturelle" française est sauvegardée. Vendredi
14 juin 2013, après treize heures de débats, les ministres
européens du Commerce ont fini par s'accorder : ils ont défini
le mandat en vertu duquel la Commission européenne négociera, au nom
des Vingt-Huit, un traité de libre-échange avec les États-Unis. Comme
prévu, les services audiovisuels seront exclus des discussions.
Réactionnaire
José Manuel Barroso s'en est ému, jugeant
« totalement réactionnaire » cette aversion pour la
mondialisation. Ce faisant, le président de la Commission européenne a
conforté l'image d'un gouvernement protégeant l'Hexagone des assauts de
la concurrence. Auparavant, Paris n'avait-il pas encouragé Bruxelles à
hausser le ton contre Pékin ? Les Échos
l'avaient annoncé le 13 juin : « Le
protectionnisme progresse partout dans le monde. »
« Sur les douze derniers mois, 431 mesures
protectionnistes ont été mises en place. Et 183 autres sont
programmées. C'est le pire résultat observé depuis le début de la
crise », précise notre confrère Richard Hiault, citant le
rapport annuel de Global Trade Alert.
Cela étant, n'en déplaise à M. Montebourg,
« nous ne sommes pas en crise avec Bruxelles », si
l'on en croit Thierry Repentin, ministre délégué chargé des Affaires
européennes. Son collègue du Redressement productif a beau multiplier
les rodomontades, « ces discussions n'auront pas beaucoup de
répercussions », a-t-il déclaré à nos confrères d'Euractiv.
D'ailleurs, un projet de loi autorisant la ratification d'un accord de
libre-échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud vient d'être
présenté en conseil des ministres le 19 juin. C'est dire
combien doivent être relativisées les velléités protectionnistes du
gouvernement.
Avec sa bénédiction, Bruxelles négocie d'ores et déjà des
accords de libre-échange avec la Moldavie, le Japon, le Canada...
Autrement dit, bien que les discussions multilatérales soient enlisées
à l'OMC, le libre-échangisme a toujours la cote. Washington, quant à
lui, négocie en ce sens avec neuf pays de l'Asie pacifique. Ce serait
même sa priorité. « Le risque existe donc pour l'Europe
d'apparaître comme demandeuse et dans ce cas de figure, d'avoir à faire
plus de concessions », s'inquiète Seybah Dagoma, député PS de
Paris.
Monts et merveilles
« La politique commerciale est l'un des principaux
leviers de croissance » dont dispose l'Europe,
affirme-t-elle dans un rapport parlementaire. De fait, Bruxelles promet
monts et merveilles : à la faveur d'un accord transatlantique,
545 euros supplémentaires bénéficieraient chaque année aux
familles européennes, selon une étude commandée par la Commission
européenne. Étant donné la complexité des phénomènes en jeu, la
multiplicité des interactions à l'œuvre, on reste circonspect quant à
la fiabilité de telles prévisions. « Les conséquences
économiques d'un accord de libre-échange transatlantique sont
potentiellement considérables pour les deux partenaires, mais aussi
pour le monde entier », prévient Mme Dagoma.
Les droits de douane sont déjà faibles de part et d'autre de
l'Atlantique, souligne-t-elle dans son rapport, « même s'il
subsiste [...] des "pics tarifaires", voire des restrictions
quantitatives aux échanges ». Dans ces conditions,
explique-t-elle, « la baisse, voire la suppression, des tarifs
douaniers existants ne sont pas l'enjeu principal de la négociation à
venir ». Celle-ci portera plutôt sur la réduction des
barrières non tarifaires : la convergence des règlementations et autres
procédures d'homologation. Cela s'annonce laborieux. « En
pratique, la fragmentation de la compétence normative et la délégation
de l'évaluation de la conformité au secteur privé qui caractérisent le
modèle américain pourraient constituer les obstacles les plus
importants. »
Agriculture
L'agriculture requiert une attention particulière. Pas
seulement en raison des suspicions pesant sur les OGM, le bœuf aux
hormones ou les poulets lavés à l'eau de Javel en provenance des
États-Unis. « Un point majeur de l'accord devrait être
l'occasion d'offrir une reconnaissance et une protection effective de
nos principales indications géographiques » (IG), explique
Éric Adam, dans une analyse publiée sur Telos. « Le marché
américain présente un potentiel d'exportation important, en particulier
pour les fromages et les vins », confirme Seybah Dagoma.
Toutefois, prévient-elle, « ce développement des exportations
ne sera possible que si les usurpations cessent. C'est particulièrement
le cas des produits qui subissent la concurrence des produits dits semi
génériques tolérés aux États-Unis, comme le California
Champagne. » En la matière, des avancées ont récemment été
obtenues en Chine, où les champagnes français ne sont plus confondus
avec d'autres mousseux.
Ces perspectives doivent-elles nous réjouir ?
« Ravi que l'on défende l'exception culturelle »,
Nicolas Dupont-Aignan s'étonne néanmoins que « dans notre
pays, les ouvriers n'aient pas la chance d'être défendus comme les
acteurs ». « J'aimerais que l'on étende le
protectionnisme qui a sauvé le cinéma français au reste de l'économie,
au lieu de se contenter de défendre un pré carré », a-t-il
déclaré lors d'un débat en commission parlementaire. De son point de
vue, « il ne s'agit pas d'aménager cet accord transatlantique,
mais de le combattre ainsi que ses présupposés ». En
filigrane, on devine des équivoques économiques, mais aussi politiques,
voire philosophiques.
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24 mai 2013
Le ministère de l'Intérieur envisagerait, parait-il, une
interdiction du Printemps français. À l'origine de cette
annonce : des supputations médiatiques nullement vérifiées.
Ce matin, vendredi 24 mai 2013, Manuel Valls était l'invité
de Raphaëlle Duchemin sur France Info.
À cette occasion, notre consœur l'a interrogé sur les menaces qui
pèseraient sur Frigide Barjot, à l'approche d'une nouvelle
manifestation contre le "mariage homo", sollicitant, par ailleurs, sa
réaction à la lecture d'un
communiqué du Printemps français – un appel à la
« résistance » rédigé selon des termes pour le moins
virulents.
En réponse, le ministre de l'Intérieur s'est insurgé contre
« toute menace de mort, toute menace de haine »,
stigmatisant « des groupes radicaux, d'extrême
droite », sans jamais en citer aucun. Il n'en aurait pas moins
« évoqué une possible interdiction du "Printemps
français" », selon le site Internet de France Info.
Un "chapeau" étant par nature racoleur, il n'y a rien de choquant à ce
que les propos de Manuel Valls y soient quelque peu extrapolés.
On se désole, en revanche, de la passivité moutonnière de nos
confrères : qu'il s'agisse de
L'Express, du
Figaro, du
Huffington Post, de
Libération ou du
Monde, entre autres exemples, tous ont
repris l'accroche de France Info. Naturellement,
le Centre royaliste d'Action française n'a
pas manqué de s'engouffrer dans la brèche, dénonçant
« un nouveau pas dans l'instauration d'un État
policier » - c'est de bonne guerre !
En tout cas, cela donne à réfléchir sur notre propre métier :
que pèsent la rigueur et l'esprit critique des journalistes face à
l'effet boule de neige ?
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23 avril 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Tandis que l'Union européenne s'immisce dans la sécurité des
réseaux informatiques, les services secrets français se prennent les
pieds dans le tapis en tentant de censurer la Toile.
Les attentats de Boston ont ravivé le spectre d'un terrorisme
sanglant, éminemment visible. Mais d'autres menaces, plus insidieuses,
planent sur la sécurité des sociétés occidentales. Notamment dans le
cyberespace - un milieu que les stratégistes commencent seulement à
appréhender. L'année dernière, le Sénat a d'ailleurs invité l'État à se
doter d'une "doctrine de lutte informatique offensive" – comme il
l'avait fait, dans les années soixante, en matière de dissuasion
nucléaire. Le 7 février dernier, Bruxelles a proposé, plus
modestement, une « stratégie de cybersécurité » pour
l'Union européenne.
Prise de conscience
Cette initiative « témoigne d'une véritable prise de
conscience de ces enjeux de la part de la Commission
européenne », selon les sénateurs Jacques Berthou (PS) et
Jean-Marie Bockel (UDI). Dans une proposition de résolution, ils se
félicitent « de l'accent mis sur les aspects
industriels ». « Afin de garantir la souveraineté des
opérations stratégiques ou la sécurité de nos infrastructures
vitales », expliquent-ils, « il est, en effet,
crucial de s'assurer de la maîtrise de certaines technologies
fondamentales, dans des domaines comme la cryptologie, l'architecture
matérielle et logicielle et la production de certains équipements de
sécurité ou de détection. Garder cette maîtrise, c'est protéger nos
entreprises, notamment face au risque d'espionnage
informatique. » De concert avec Bruxelles, les sénateurs
prônent « l'instauration d'une obligation de déclaration des
incidents informatiques significatifs à l'autorité nationale compétente
qui serait applicable aux administrations publiques et aux opérateurs
critiques, tels que les entreprises de certains secteurs jugés
stratégiques, comme les banques, la santé, l'énergie et les
transports ». Cependant, préviennent les parlementaires, c'est
aux États, et non à la Commission, qu'il appartient d'en définir les
modalités d'application. Par ailleurs, on ne saurait exiger des
autorités nationales qu'elles notifient à Bruxelles les incidents dont
elles ont connaissance. « Outre sa lourdeur bureaucratique,
une telle mesure paraît susceptible de soulever des difficultés au
regard de la sécurité nationale, notamment dans le cas d'attaques
informatiques à des fins d'espionnage », plaident
MM. Berthou et Bockel. « Il faut savoir que, si les
soupçons se portent le plus souvent sur la Chine ou la Russie, d'autres
pays, y compris parmi nos proches alliés, sont aussi soupçonnés d'être
à l'origine de telles attaques. Or, informer la Commission européenne
et l'ensemble des États membres de l'Union européenne de l'attaque
informatique dont on fait l'objet risquerait d'alerter également -
directement ou indirectement - l'auteur de cette attaque. Celui-ci
pourrait alors prendre des mesures afin de se dissimuler davantage ou
augmenter encore le niveau de son attaque. »
Nouveaux acteurs
En tout cas, s'il est nécessaire de prévenir les piratages et
autres tentatives d'espionnage, voire d'y répliquer, il convient aussi
de s'acclimater à la nouvelle donne sociale et politique. Des acteurs
jusqu'alors inconnus se dressent face aux États, à commencer par les
cyberactivistes – voire cyberterroristes - d'Anonymous. Dernièrement,
ils ont interféré dans la crise coréenne, révélant les noms de quelque
quinze mille ressortissants du Sud habitués à consulter les
informatisations mises en ligne par le Nord... Autant de traitres
potentiels aux yeux de Séoul ! Quant aux banque centrales,
elles voient leur monopole monétaire con-testé à la marge :
jeudi dernier, 11 avril, sur BFM TV,
notre con-frère Nicolas Doze s'est interrogé sur la flambée erratique
du Bitcoin, un substitut aux monnaies traditionnelles créé par un
programmeur anonyme.
Maladresse sidérante
Apparemment, les autorités sont loin d'avoir tiré toutes les
conséquences des bouleversements en cours. Les déboires de la DCRI
(Direction centrale du renseignement intérieur) viennent d'en
témoigner. Jugeant sensible le contenu d'un article publié sur Wikipedia
présentant la station militaire hertzienne de Pierre-sur-Haute, ses
services auraient sommé ses collaborateurs de le retirer. Cela avec une
maladresse sidérante. Si bien que les 6 et 7 avril, le texte
incriminé aurait été le plus consulté de tous les articles francophones
de Wikipedia. Chapeau ! Dans la foulée,
il a fait l'objet de quelques traductions. En outre, il figure
désormais parmi les « exemples majeurs » de "l'effet
Streisand" : « un phénomène Internet qui se manifeste
par l'augmentation considérable de la diffusion d'informations ou de
documents par le simple fait d'avoir été l'objet d'une tentative de
retrait ou de censure ». Dans ces conditions, l'État est-il
condamné à l'impuissance ? Loin s'en faut. Qu'on songe
seulement aux "printemps arabes", sur lesquelles l'influence américaine
s'est précisément exercée par l'entremise des réseaux sociaux en
ligne...
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23 avril 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Les résidus du service national profitent désormais à la
propagande en faveur de l'égalité hommes-femmes.
Qu'est-ce que la "journée défense et citoyenneté" ?
Un « rendez-vous essentiel de la promotion de l'esprit de
défense et des valeurs républicaines », selon la Direction du
service national. Le 8 mars dernier, elle a pris une
coloration féministe. Notamment en Bretagne, où est intervenue
Mme Françoise Kieffer, délégué régional aux droits des femmes
et à l'égalité. Après avoir rendu compte du « long cheminement
vers l'égalité » qui aurait été entamé au XIXe siècle,
celle-ci a soumis son jeune public à un "quiz" censé « faire
tomber les préjugés », comme le rapporte l'Hôtel de Brienne.
Un quiz caricatural
Rédigées dans un français approximatif, les questions
exploitaient les clichés de l'égalitarisme en vogue. On frisait la
caricature, comme en témoignent ces quelques exemples :
« À votre avis, d'être une fille ou un garçon a une influence
sur les choix d'orientation ? »
« Pensez-vous personnellement que les femmes sont plus aptes à
certains métiers ou fonctions, et que les hommes plus aptes à d'autres
? » « Dans un couple avec enfant-s, le père a le
statut de chef de famille ? » Naturellement, les
réponses attendues ne versaient pas dans la nuance... Les participants
ont été invités, par ailleurs, à féminiser les noms de fonctions. Aux
yeux de l'État et de ses délégués, en dépit des recommandations de
l'Académie française, c'est une priorité. De quoi justifier,
vraisemblablement, que la syntaxe soit reléguée au second plan...
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23 avril 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Une vague populiste est-elle en train de submerger
l'Europe ? Sous la pression de mouvements émergents, les
partis de gouvernement infléchissent leurs politiques.
Il y a le feu dans la maison Europe, s'inquiète Gérard
Grunberg, directeur de recherche au CNRS. « C'est l'ensemble
des élites politiques européennes favorables à l'intégration européenne
qui [...] sont immobiles, voire pétrifiées, face à la marée populiste
montante », déplore-t-il sur Telos. De
fait, selon un sondage Harris Interactive pour LCP,
un nombre croissant de Français jugeraient que Marine Le Pen
« ferait une bonne présidente de la République ». Par
ailleurs, dimanche dernier, 14 avril, s'est tenu le congrès
fondateur d'Alternative pour l'Allemagne, un parti prônant
« une dissolution ordonnée » de l'Union économique et
monétaire - autrement dit, le retour au mark. Bien que la défiance à
l'égard de l'euro semble faiblir outre-Rhin, et quoique Angela Merkel
bénéficie d'une popularité record, ce nouveau venu pourrait rafler
quelques voix à la CDU-CSU lors des élections législatives programmées
en septembre, perturbant quelque peu le jeu politique.
Partout en Europe...
À l'image du Mouvement 5 étoiles (M5S) de l'autre
côté des Alpes ? Celui-ci compte des militants parmi les
Italiens expatriés en Allemagne, comme le rapporte le magazine Cicero,
cité par le Courrier international.
« Quand il n'y aura plus de politiciens professionnels au
Parlement, mais qu'il y aura seulement des membres de la société
civile, qui ne s'inscrivent que pour un temps déterminé dans les
institutions, le M5S ne sera plus nécessaire », assure l'un
d'entre eux. De là à proposer l'institution d'une représentation
organique de la nation, il n'y a qu'un pas. En France, les royalistes
l'ont franchi de longue date !
« Sans un sursaut politique au niveau européen, les
partis de gouvernement seront amenés, chacun dans son pays, à tenir
compte de la poussée populiste et à atténuer leur discours
pro-européen », prévient encore M. Grunberg. N'est-ce
pas déjà le cas ? La crise aidant, la fraternité universelle
n'a plus la cote. La hantise du plombier polonais suscitait jadis
quelque suspicion morale. Mais aujourd'hui, à Paris, un chantre de la
"démondialisation" siège au Conseil des ministres, vilipendant Chinois,
Coréens et autres envahisseurs responsables du déclin français. À
Madrid, le gouvernement entend restreindre les conditions d'obtention
de la nationalité espagnole. À Copenhague, on somme les chômeurs
étrangers d'apprendre le danois, sous peine de réduire leurs
indemnités.
Le cas britannique
À Londres, enfin, « le chancelier de l'Échiquier,
George Osborne s'est publiquement demandé, à propos d'un homme vivant
de l'aide sociale et reconnu coupable d'avoir provoqué l'incendie qui a
causé la mort de ses six enfants : "Pourquoi l'État devrait-il soutenir
des gens comme Philpott ?" » Selon The Daily
Telegraph, cité par le Courrier international,
« Osborne est applaudi par ses alliés tories mais accusé par
le Labour "d'exploiter cyniquement les crimes de Philpott pour faire
passer sa réforme controversée" ». Les grandes
lignes en ont été présentées le 25 mars par le Premier
ministre David Cameron, dont le projet vise à réduire l'immigration des
ressortissants de l'Espace économique européen. « Plusieurs
mesures ont été mises en avant et notamment la fin du versement de
l'aide perçue par un immigré au chômage au bout de six mois s'il n'a
aucune perspective d'emploi, ainsi que la restriction des droits des
immigrés en matière d'aide au logement et d'accès au système de
santé », rapporte la Fondation Robert Schuman.
Voilà seulement quelques années, l'Europe entière aurait crié
au scandale ! Reste à savoir comment cette pression populiste
se conjuguera aux facteurs économiques... « Un détricotage de
la zone euro, puis de l'Union européenne elle-même, risque [...] de
s'opérer », prévient Gérard Grunberg. Affaire à
suivre.
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