5 décembre 2015
The Clone Wars, saison 2,
épisode 9, L'Intrigue de Grievous.
« Lors d'une mission de sauvetage, Anakin, Obi-Wan et Adi
Gallia tombent dans un piège tendu par le général Grievous. »
Lequel n'aime pas la politique !
Alors qu'il vient de faire prisonnier un membre du conseil
Jedi, Grievous s'adresse à ses homologues :
« Écoutez-moi Jedi ! Je me moque des questions
politiques. Je me moque aussi de votre République. Je ne vis que pour
vous voir mourir. » Un peu plus tard, tandis qu'Obi-Wan
dénonce « une quête absolument futile du pouvoir »,
il déclare à son intention : « Je ne combats pas pour
les objectifs politiques de Dooku. Je suis le chef de l'armée de
droïdes la plus puissante que la galaxie ait jamais vue. »
La
vengeance et la gloire seraient-ils les seuls moteurs de son
action ? Incidemment, par sa relative légèreté, son dédain des
ressorts les plus profonds du conflit, Grievous semble illustrer la
formule attribuée à Georges Clemenceau, selon laquelle la guerre serait
une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires...
Un classique du cinéma américain, où les hauts gradés apparaissent souvent comme de gros bourrins sans cervelle !
Publié dans Star Wars | Pas de commentaires
5 décembre 2015
The Clone Wars, saison 2,
épisode 8, Envahisseurs mentaux. « Ahsoka
et Barriss doivent empêcher le fléau des vers cérébraux de Geonosis de
s'étendre dans toute la galaxie. » Jack Bauer en guest
star !
Tandis qu'un grave danger menace sa padawan, Anakin se dirige
vers la cellule d'un prisonnier afin d'obtenir des informations
susceptibles de la sauver. Découvrant que ses « pouvoirs
spirituels » s'avèrent sans effet sur lui, il le frappe, le
jetant à terre, puis l'étrangle à travers la Force. La morale – à moins
qu'il s'agisse seulement de bienséance ? – se trouve
manifestement transgressée, comme le souligne une musique grave,
reprenant les accents de la Marche impériale.
De retour sur la passerelle du vaisseau, Anakin suscite
l'incrédulité pleine d'ingénuité des maîtres Jedi qui avaient tenté, en
vain, de faire parler le prisonnier. « Vous avez donc
interrogé Poggle ? », s'étonne maître Unduli.
« Comment as-tu réussi à le faire
parler ? », lui demande encore Ki-Adi-Mundi.
« Tout ce qui importe », leur rétorque-t-il,
« c'est qu'il m'ait expliqué comment arrêter ces vers
parasites. » Dont acte. Ahsoka s'en
sort, grâce à lui donc, non sans avoir affronté avec courage bien des
périls...
Barris, une autre padawan qui l'accompagne, se trouve comme possédée.
Dans un accès de lucidité, elle la supplie même de la tuer. Ashoka
s'y refuse. Était-ce une erreur, aurait-elle péché par faiblesse, troublée par l'amitié ? Une
fois sauvée, elle fait part de ses doutes à son maître. Très
protecteur, Anakin lui tient précisément le discours que le spectateur
serait tenté de lui adresser à lui : « Il est de ton
devoir de sauver le plus de vies possibles. [...] Tu as fait ce qu'il
fallait. »
Bref, on se croirait dans 24 heures chrono !
Peut-être la torture corrompt-elle celui qui la pratique, mais c'est
pour la bonne cause – et puis ça marche : tel est, en substance, le message
délivré par cet épisode, dont les scénaristes sont visiblement passés
du côté obscur de la Force.
NB – Dans un épisode précédent
(peut-être y reviendrons-nous à l'occasion), Yoda exprimait toute
l'empathie que lui inspiraient chacun des soldats aux côtés desquels il
combattait. Mais ici, tandis qu'Ahsoka se refuse à tuer Barris,
celle-ci n'a pas les mêmes scrupules à l'égard du clone
qu'elle transperce d'un coup de sabre-laser. Alors, « les
nôtres avant les autres » ?
Publié dans Star Wars | Pas de commentaires
3 décembre 2015
N'en déplaise à certains socialistes indignés, déchoir des
Français de leur nationalité participerait d'une démarche typiquement
progressiste.
À l'instant, sur France Info (Les
Informés, émission animée par Jean-Mathieu Pernin,
3 décembre 2015), un certain nombre d'intervenants s'étonnent
– et même s'émeuvent – qu'un pouvoir socialiste envisage de déchoir de
leur nationalité des individus nés français. En effet, un projet de
révision de la Constitution devrait être présenté prochainement en ce
sens.
François Hollande et son gouvernement ne sont pas animés par
des motivations idéologiques, mais politiques : il s'agit de
flatter une opinion publique xénophobe, donner l'illusion d'une action
résolue contre le terrorisme, couper l'herbe sous le pied de
l'opposition, etc. Cependant, n'est-est-ce pas à
gauche, un peu plus qu'ailleurs, qu'on nous explique qu'être français,
ce serait, précisément, adhérer à des "valeurs", en l'occurrence celles
de la République ?
Dans cette perspective, la participation à l'organisation d'un
attentat exprimant manifestement leur reniement, c'est tout
naturellement qu'elle devrait se traduire, juridiquement, par la
déchéance de nationalité. Autrement dit, il s'agirait de prendre acte
d'un choix délibéré, en application d'une conception volontariste de la
nationalité.
Ce serait donc une mesure progressiste, émancipant l'individu
d'un héritage imposé par sa naissance. Tout comme la lutte contre les
"stéréotypes" est censée l'affranchir de déterminismes sociaux, voire
biologiques, par exemple.
De notre point de vue, cela n'est pas à son honneur, mais
force est de le constater : sous la houlette de François
Hollande, la gauche demeure fidèle à ses idéaux.
À lire sur le même sujet :
Publié dans Droit, France, Humeur, Idées, Polémique, Société | Pas de commentaires
3 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Regard désabusé sur l'ouverture de la grand-messe du climat.
Le COP21 s'est donc ouverte lundi dernier,
30 novembre 2015. Ce jour-là, près de deux cents États étaient
représentés, pour la plupart au plus haut niveau. « Cet
événement constituera la plus grande conférence jamais organisée en
France depuis la signature de la déclaration universelle des droits de
l'homme à Paris en 1948 », avait
annoncé le Quai d'Orsay. Tout son réseau avait été mobilisé
en conséquence. Y compris à Kaboul, où les poules de l'ambassade de
France ont été mises « au service de lutte contre le
changement climatique ». Jean-Michel Marlaud, ambassadeur de
France en Afghanistan, l'explique très sérieusement dans
les Carnets diplomatiques du ministère
des Affaires étrangères.
Des poules et des centrales
Ironie mise à part, peut-être l'Exécutif s'inscrit-il dans la
tradition d'un certain messianisme français. D'autant que Paris a été
le seul à se porter candidat à l'accueil de cette conférence. D'autres
considérations s'avèrent plus prosaïques : il pourrait s'agir
de donner des gages aux Verts, ou de soutenir l'industrie nucléaire où
la France excelle. Mais pourquoi les chefs d'État ou de gouvernement
ont-il répondu si nombreux à l'appel ? Sans doute n'ont-ils
rien à y perdre. Comme
l'explique Carole Mathieu, chercheur à l'IFRI,
« l'économie mondiale va nécessairement connaître de profonds
changements dans les quinze prochaines années en raison de la
croissance de la demande d'énergie et de produits agricoles et
forestiers mais aussi de l'essor de la population
urbaine » ; or, poursuit-elle, « orienter
vers la construction d'une économie sobre en carbone » les
investissements nécessaires « serait à peine plus
onéreux ».
Aussi François
Hollande nous a-t-il promis un accord « universel,
différencié et contraignant ». Contraignant ?
« La contrainte, ce sera l'engagement international,
l'obligation de transparence, l'effet sur la réputation »,
décrypte la négociatrice française Laurence Tubiana, citée
par Sciences et Avenir. Laurent
Fabius a beau saluer « l'engagement de grandes
autorités spirituelles et religieuses », nulle révolution ne
devrait bouleverser la marche du monde à l'issue de cette COP21.
Publié dans International, Monde, Politique | Pas de commentaires
2 décembre 2015
En décembre 2012, quand ces propos controversés ont été
rapportés, la France réservait officiellement sa position à l'égard du
Front al-Nosra.
C'est une accusation propagée avec zèle par des propagandistes
à la botte de Bachar el-Assad, tout particulièrement à l'extrême
droite, mais pas seulement : Laurent Fabius, ministre français
des Affaires étrangères, serait un fervent thuriféraire du Front
al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.
Pour preuve, nous dit-on, il en aurait fait l'apologie dans
les colonnes du Monde. « Sur le terrain,
ils font du bon boulot », aurait-il effectivement déclaré,
selon notre consœur Isabelle Mandraud. À bien relire son article daté
du 13 décembre 2012, cependant, on relève quelque ambiguïté.
En effet, M. Fabius semble rendre compte de l'opinion du
président de la Coalition nationale syrienne, ce que confirme la
retranscription officielle de sa conférence de presse du
12 décembre 2012, à laquelle ont vraisemblablement assisté nos
collègues du Monde.
Évoquant le Front al-Nosra, mais se refusant à le citer
nommément, Laurent Fabius observait alors : « Il y a
en particulier un groupe qui a des positions militaires qui sont
importantes, mais les Américains ont estimé que ce groupe, compte tenu
de ses orientations, devait être mis sur la liste des terroristes.
D'autres pays, je pense à un certain nombre de pays arabes, ont dit que
cela ne leur paraissait pas pertinent. Et le président de la Coalition
a dit que, bien évidemment, on pouvait avoir des visions différentes
sur ce sujet mais que, lorsqu'un groupe menait une action qui était
efficace et utile au service des Syriens et contre Bachar el-Assad,
c'était très difficile de le récuser en tant que tel. »
« En ce qui concerne la France », annonçait
le ministre, « nous allons examiner cette question de manière
approfondie parce que c'est une question que l'on ne peut pas
éluder ».
Autrement dit, en décembre 2012, Paris réservait
officiellement sa position à l'égard du Front al-Nosra.
Sans doute cela
suffira-t-il à indigner les détracteurs de la politique menée par
Paris. Il n'empêche : réduire sa critique à l'agitation d'une
petite phrase sortie de son contexte n'est pas à leur honneur. Qu'on
débatte plutôt avec de vrais arguments, et sans fausse naïveté s'il
vous plaît !
Publié dans Désinformation, International, Monde | Pas de commentaires
29 novembre 2015
En quête d'un nouveau public, « désireux de rendre
l'art accessible à tous », comme disent ses porte-parole, le
musée du Louvre serait-il passé du côté obscur de la Force ?
Éclaboussé par lé déferlante Star Wars,
le temple de la culture accueille jusqu'au 4 juillet 2016 une
exposition consacrée aux « mythes fondateurs ».
À voir les affiches placardées dans les couloirs du métro parisien,
Dark Vador y occuperait une place comparable à celle d'Hercule. Mais
parmi les quelques dizaines d'œuvres exposées dans la Petite Galerie du
musée du Louvre (quatre petites salles sur deux cent quarante mètres
carrés), inaugurée pour l'occasion, seules trois ou quatre proviennent
effectivement d'une galaxie lointaine, très lointaine : le
masque de Dark Vador (que l'on contemple sous tous les angles avec
émotion, tant le personnage semble alors prendre vie sous nos yeux...),
une illustration de Ralph McQuarrie, trois petits dessins de storyboard,
deux affiches... et puis c'est tout.
Les amateurs du seigneur Sith risquent d'être déçus !
Les autres aussi, car le crocodile des origines, la hache rituelle ou
le portrait de Circée sembleraient presque juxtaposés de façon
gratuite. « Les mythologies de la culture populaire ne
puisent-elles pas toujours dans le même répertoire d'histoires et de
héros ? », s'interrogent les organisateurs. Mais alors,
pourquoi n'ont ils pas explicitement dirigé les visiteurs vers les
multiples portes que La Guerre des étoiles est
susceptible de leur ouvrir vers la culture ? La voie avait été
ouverte à l'initiative du Musée national de l'Air et de l'Espace de
Washington, qui avait consacré une exposition à la saga et à ses
inspirations, dont
subsiste pourtant l'excellent catalogue.
Parmi les tableaux présentés à la Petite Galerie du Louvre, il
y a, entre autres, Le Pandemonium, la
capitale des Enfers peinte par John Martin, où quelques
bâtiments émergent des roches en fusion. Cela rappellera naturellement
Mustafar à tous les fans de Star Wars,
cette planète volcanique qui scella plus ou moins la chute d'Anakin
Skywalker vers le côté obscur de la Force, et dont il n'échappa qu'au
prix d'atroces mutilations. Pourquoi ne pas avoir souligné cette
continuité historique, par exemple ? C'eût été
d'autant plus opportun que, juste à côté de ce tableau, sont projetés
des extraits de films traitant précisément des
« métamorphoses ».
Peut-être cela a-t-il été fait à dessein ? Dans ces
conditions, cette exposition peut constituer un bon support
pédagogique, mais elle ne saurait se suffire à elle-même. Pour nous, sa
visite fut un prétexte pour revenir au Louvre, en compagnie d'un guide
coutumier des lieux, qui nous entraîna ensuite sur les chemins de la
Mésopotamie, à la découverte de statues aussi majestueuses
qu'impressionnantes... Aucun regret donc ! Mais qu'en
sera-t-il des plus jeunes, ouvertement visés, auxquels on aura promis
qu'ils allaient en découdre au sabre-laser ? Déception oblige,
leur première visite au Louvre risque de leur laisser un souvenir
mitigé.
Publié dans Star Wars | Pas de commentaires
4 novembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Projetées au cœur de populations dont elles connaissent mal la
culture, les armées occidentales sont encore loin de maîtriser ce
nouvel art de la guerre, où les sciences sociales vont jouer un rôle
croissant.
Alors que des abus sexuels étaient commis contre des enfants
en Afghanistan, des soldats américains, témoins de ces horreurs, se
seraient vu « ordonner [...] de détourner leur regard car cela
fait partie de la culture locale », selon
les révélations du New York Times, cité par le Courrier
international (en ligne) le 22 septembre 2015.
Pareil cynisme semble effroyable, mais peut-être cela reflète-t-il la
difficulté des armées occidentales à relever le défi de
« l'interculturalité dans les opérations
militaires », auquel
Nathalie Ruffié consacre précisément un petit livre.
Des écoles dont personne ne veut
En effet, nous dit-elle, « les exemples ne manquent
pas quant aux perceptions culturelles erronées des
militaires ». Comme en Irak, où des soldats américains,
arrêtant des hommes, les mettaient face contre terre – « une
position interdite par l'islam sauf pendant la prière » – au
risque de choquer les détenus, mais aussi les passants. Ou comme dans
le Sud de l'Afghanistan, où le puits construit à l'initiative des
Occidentaux « fut détruit non pas par les Talibans mais par
les femmes du village », celles-ci préférant « aller
chercher l'eau à la rivière [...] loin de la surveillance des
hommes ». L'auteur rapporte encore l'obstination de militaires
danois à proposer la construction d'une école dans un village afghan,
dont la population « est alors plus préoccupée par la perte
d'une vache lors d'un bombardement ou le piétinement d'un champ de
culture par le passage des soldats ».
À l'inverse, au Mali, après avoir chassé les djihadistes de la
ville de Gao, l'armée française s'est attiré les sympathies de la
population en y reconstruisant un marché, contribuant ainsi à relancer
la vie économique et sociale. « Au niveau tactique »,
poursuit Nathalie Ruffié, « la compréhension des effets de
genre ou de la famille peut sauver des vies ». Prêts à mourir
sous le feu d'un bombardier B-52, des combattants musulmans préférèrent
se rendre quand ils apprirent que l'appareil était piloté par une
femme... Un succès ponctuel qui ne saurait masquer l'ampleur du défi
stratégique : étant donné leur rapport au temps,
« les guerriers afghans ont la capacité de s'engager dans leur
cause sur de très longues périodes, ce qui peut être un facteur décisif
de victoire ».
Cependant, actionné à bon escient, le "levier culturel"
produit parfois des effets spectaculaires au bénéfice des armées
occidentales. En juillet 2009, toujours en Afghanistan, huit cents
Marines envoyés en renfort parcoururent en petites équipes la province
d'Helmand, allant à la rencontre de la population. « Cinq mois
plus tard, la province avait changé de profil : les insurgés
avaient du mal à investir le terrain sans être dénoncés par les
fermiers. » Les attentats perpétrés à l'aide de bombes
artisanales avaient même chuté de 90 %. Or, souligne l'auteur,
« aucune information ne fut trouvée sur ces changements dans
les rapports officiels au niveau du quartier
général » !
C'est dire la profondeur des lacunes affectant l'organisation
des armées occidentales – voire leur culture. À l'avenir, peut-être de
nouveaux outils informatiques permettront-ils de les combler – l'auteur
y consacre d'ailleurs toute une partie de son livre. Dans l'immédiat,
observe-t-elle, « la communauté de renseignement lutte à
intégrer les analyses socio-culturelles au sein des analyses
traditionnelles car [ses] structures restent concentrées sur l'État,
modèle de la Guerre froide ». Les effectifs déployés sur le
terrain étant relevés généralement tous les six mois, cela n'arrange
rien : « les mêmes propositions reviennent en boucle
malgré les échecs précédents », tandis que « les
interlocuteurs afghans – qui eux restent en place – peuvent utiliser
les failles »...
Il faut réviser les doctrines
Peut-être cette étude contribuera-t-elle à la révision des
doctrines... À vrai dire, sa publication semble s'adresser aux
spécialistes, en quête de références bibliographiques, davantage qu'aux
profanes, avides d'anecdotes, somme toute peu nombreuses. Sa lecture
n'en reste pas moins aisée, quoique les citations non traduites de
l'anglais puissent en gêner certains. On regrettera, par ailleurs, que
l'orthographe et la syntaxe ne soient pas d'une rigueur absolue.
Saluons toutefois l'initiative des éditions du Cygne, qui proposent,
outre la traditionnelle version papier, le téléchargement d'un fichier
libre de tout verrou numérique (DRM) – un exemple à suivre !
Nathalie Ruffié, L'Interculturalité dans les
opérations militaires – Le cas américain en Irak et en Afghanistan,
éditions du Cygne, juin 2015, 138 pages, 14,00 euros
(version numérique, Epub ou PDF sans DRM, 12,60 euros).
Publié dans Défense | Pas de commentaires
21 octobre 2015
À l'approche de la COP 21, la priorité devrait être
donnée à l'égalité hommes-femmes, nous disent les sénateurs.
Le
président de la République l'avait annoncé le 27 septembre, en
marge de l'Assemblée générale des Nations unies :
« Je demanderai que dans les moyens financiers que nous
dégagerons dans la conférence de Paris, les projets présentés par les
femmes soient considérés comme prioritaires. » Voilà qui
devrait satisfaire Mme Chantal Jouanno (UDI), auteur
d'un rapport d'information « sur l'égalité entre hommes et
femmes pour la justice climatique », établi au nom
de la délégation aux droits des femmes du Sénat, qui vient tout
juste d'être rendu public.
« Il est [...] indispensable que l'égalité entre
femmes et hommes et la prise en compte des conséquences pour les femmes
des changements climatiques soient une dimension spécifique de la
COP 21 qui s'ouvrira dans quelques semaines à
Paris », explique-t-elle notamment. « Comme l'a
souligné la représentante d'ONU Femmes-France »,
poursuit-elle, « l'égalité doit être un "principe central,
directeur et transversal de l'accord" ; "les droits des femmes
devront figurer dans chaque partie opérationnelle du texte" ».
Cette démarche s'inscrirait apparemment dans la continuité du
« tournant » qui s'était « manifesté lors de
la COP 18 de Doha, avec la décision de tenir une "journée du
genre" dans les sessions à venir ». Cependant, regrette le
rapporteur, « un tiers seulement des contributions nationales
à la COP 21 déposées à ce jour mentionnent l'égalité entre
hommes et femmes comme principe directeur du futur accord de
Paris ». Ça craint, n'est-ce pas ?
« Le lien particulier entre le renforcement de
l'autonomie et des droits des femmes et la lutte contre le
réchauffement climatique n'est toujours pas universellement
reconnu », déplore encore Mme Jouanno. Quelle
surprise ! Quoi qu'elle en dise, à la lumière des arguments
(si l'on peut dire) présentés dans son rapport, cela n'a vraiment rien
d'évident... Ainsi les « conséquences du réchauffement
climatique sur la santé des femmes » apparaitraient-elles
« par exemple à travers leur exposition à la pollution de
l'air domestique, accentuée par l'utilisation d'énergies polluantes
pour la cuisson des aliments et le chauffage ». Or, dans le
cas présent, ce n'est pas le réchauffement climatique qui est en cause,
mais la qualité de l'air, preuve que la démonstration se veut très
rigoureuse...
Entre autres recommandations, il est dit que « le
soutien des savoir-faire traditionnels doit être renforcé dans la mise
en œuvre des mesures d'adaptation et d'atténuation, car cette
orientation met en valeur les compétences des femmes ». S'il
convient effectivement de lutter contre le réchauffement climatique, et
s'il s'avère que des savoir-faire traditionnels peuvent y aider,
alors, oui, soutenons leurs dépositaires ! Mais pour leur
valeur propre, pas en fonction du sexe de ceux qui les perpétuent...
Nos sénateurs marchent sur la tête !
Publié dans Féminisme & Genre | Pas de commentaires
18 octobre 2015
Menacés par la percée du Front national, les eurodéputés
socialistes et Les Républicains cultivent sans vergogne le sectarisme
partisan. Cependant, leurs rivaux populistes ne trouvent pas davantage
grâce à nos yeux.
Voilà que le Front national appelle l'Union européenne à
s'aligner sur les États-Unis ! En cause :
l'autorisation donnée par la Commission européenne, en juillet dernier,
à la commercialisation du Sulfoxaflor, un pesticide accusé de nuire aux
abeilles, interdit outre-Atlantique.
Sylvie Goddyn, député français au Parlement européen, explique
avoir « engagé une procédure d'urgence pour faire obstacle à
ce produit ». À tort ou à raison, la plupart de ses
collègues partagent apparemment sa défiance à l'égard du Sulfoxaflor.
Mais il se trouve que Mme Goddyn a été élue sous les couleurs
du Front national... Or, « pour les socialistes
français », rapporte
notre consœur Aline Robert, « la ligne de conduite
est très claire : pas question de voter le moindre amendement
FN ou de négocier le moindre compromis ». D'ailleurs, loin de
s'arrêter en si bon chemin, « le groupe socialiste et
démocrate planche [...] sur l'établissement d'une position commune pour
éviter qu'un élu de sa formation ne soutienne des amendements du groupe » où siègent les eurodéputés du Front national.
« La même initiative a été prise à droite au PPE, où Alain
Lamassoure et Françoise Grossetête [...] veulent aussi mettre le sujet
sur la table. Il s'agit de convaincre leurs collègues [...] de ne pas
voter les amendements FN. »
« Nous ne pouvons pas soutenir des gens qui veulent
détruire l'Europe », se justifie le socialiste Guillaume
Balas, cité
par Euactiv. Comme si le Front national
la menaçait en quoi que ce soit... Comme
l'expliquait un collaborateur de Contrepoints,
« la présence de ces députés opposés à l'UE n'a jamais altéré
le fonctionnement de l'UE mais elle leur permet de bénéficier des
largesses financières de l'Union européenne » – ainsi que
d'une tribune, dont
Marine Le Pen a fait un usage particulièrement médiatisé le
7 octobre dernier.
Ce jour-là, on s'en souvient, alors que le président de la
République venait de s'exprimer devant le Parlement européen aux côtés
du chancelier allemand, la présidente du Front national l'avait affublé
du tire de « vice-chancelier administrateur de la province
France », l'accusant de « se soumettre aveuglement à
une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ». Des
propos éminemment grotesques : si l'Élysée était effectivement
une antenne de la Maison-Blanche, sans doute Paris investirait-il
davantage dans sa défense, conformément aux recommandations de l'Otan,
par exemple ; et si Bercy rendait des comptes à Berlin, ce
n'est pas un tel laxisme qui gouvernerait le budget de l'État !
En tout cas, cela tranche avec l'attitude d'une Marie-France
Garaud, qui disait s'interdire de critiquer la politique de son pays
hors de ses frontières (1)... C'est à Strasbourg que Marine
Le Pen s'est illustrée, nous rétorquera-t-on. Strasbourg, qui
se trouve toujours en France donc. Certes, mais qu'est-ce que le
Parlement européen ? La représentation plus ou moins légitime
de vingt-huit États, ou bien celle d'un improbable peuple
européen ? Aux yeux de Paris, rappelons-le, la participation
de la France à l'UE relève encore, à bien des égards, de la politique
étrangère, comme en témoigne la tutelle du ministre des Affaires
étrangères sous laquelle est toujours placé le secrétaire d'État aux
Affaires européennes.
Paradoxalement, Marine Le Pen semble vouloir nous faire croire
le contraire, se faisant complice d'une propagande européiste. Pas la
peine de l'accabler, cependant : elle n'est que le rouage,
certes complaisant, d'un système institutionnel qui la
dépasse ; de toute façon, un nouvel acteur la remplacerait
vraisemblablement dans son rôle si elle avait la décence d'y
renoncer... Il n'empêche : si le souverainisme était
conséquent, ses tenants n'applaudiraient pas la prestation de l'égérie
populiste ; ils dénonceraient plutôt l'existence même du
Parlement européen, ou du moins son mode de fonctionnement, où un
pareil affrontement, opposant, devant l'Europe entière, la première
délégation nationale au chef de l'État, devrait leur paraître
insupportable. Mais avec des "si"...
(1) Nous nous souvenons l'avoir entendue revendiquer une telle
conduite lors d'un entretien à la radio. En toute rigueur, cependant,
sans doute conviendrait-il d'examiner ses interventions au Parlement
européen.... Avis aux historiens !
Publié dans Europe, Polémique, Politique, Souverainisme | Pas de commentaires
18 octobre 2015
Un petit billet écrit pour L'AF2k.
Héraut des droits de l'homme, Laurent Fabius a jeté le gant à
Bachar el-Assad, qu'il entend même traîner devant la justice
internationale. À certains égards, son discours fait mouche :
il est vrai que les médias, plus particulièrement audiovisuels,
s'accommodent volontiers d'une vision du monde en noir et blanc...
Morale et efficacité
Poutine étant passé par là, voilà que le Quai d'Orsay met de
l'eau dans son vin. « Il ne faut pas opposer d'un côté la
morale et de l'autre l'efficacité », martèle désormais le
ministre des Affaires étrangères ; « cela va
exactement dans le même sens », a-t-il affirmé le
29 septembre 2015 sur le plateau de BFM TV.
Le même jour, lors d'un sommet sur le terrorisme, il a jugé
« très difficile d'imaginer qu'on puisse avoir [...] une Syrie
unie, une Syrie libre, une Syrie qui respecte les communautés si à sa
tête il est écrit que sera comme dirigeant celui qui a été à l'origine
du chaos ». Et d'appeler à la constitution d'un gouvernement
« avec des éléments du régime » (dont seule la figure
de proue est désormais fustigée) « et avec des éléments de
l'opposition modérée ».
Logique de puissance
On le devine : l'obstination de Paris pourrait
presque se décliner sur un mode réaliste, à l'image du discours tenu
par Arnaud Danjean, député Les Républicains au Parlement européen.
« On peut décapiter Daech, lui infliger des pertes
importantes, le contenir, le dégrader », a-t-il expliqué à nos
confrères de L'Opinion ; « mais
le fond sunnite en ébullition persistera, faute de solutions
politiques », a-t-il prévenu. Dans cette perspective, le
départ de Bachar el-Assad n'apparaît plus comme une exigence morale,
mais comme un gage nécessaire qu'il faudrait donner aux populations
sunnites. Cela reste discutable, mais, à défaut d'infléchir encore sa
position, pourquoi le Quai d'Orsay ne la défend-il pas de cette
façon ? Le gouvernement a beau se proclamer en
« guerre » contre le terrorisme, il hésite à
s'inscrire clairement dans une logique de puissance. Dans ces
conditions, en dépit de ses engagements militaires, la France risque de
se montrer relativement passive sur la scène internationale, où la
Russie s'engage, à l'inverse, sans aucun complexe.
Publié dans International, Monde | Pas de commentaires