Cela nous a fait sourire, donc, mais tout le monde de l'a pas
entendu de cette oreille. Ainsi Yeni Safak a-t-il dénoncé « un
projet suscitant la dégénérescence et visant à créer une masse d'idiots
idolâtrant le sexe ». Erasmus, déplore-t-il, « c'est
un programme visant à fabriquer une génération de païens mondialisés
sans racines ».
M. Safak serait-il membre du Parti chrétien démocrate, de
Civitas ou d'une autre officine réactionnaire ? Oui et
non : c'est un journaliste turc, réputé proche de l'AKP, selon
le Courrier international.
Finalement, peut-être Alain Escada et Farida Belghoul ne se
sont-ils pas acoquinés sans raison ! 😉
Réaction teintée d'ironie à la découverte du nouveau cheval de
bataille des activistes néo-cathos.
Gleeden, vous connaissiez ? Bien qu'elles nous aient
échappé, ses publicités pleuvent sur Paris, nous
dit Le Figaro. Au point que
quelques individus, manifestement désœuvrés, auraient entrepris de les
arracher méthodiquement. Lassés de lutter contre le "mariage pour
tous", ils s'alarment d'une nouvelle menace pesant sur la société – à
savoir, les rencontres adultères auxquelles convie, précisément,
l'annonceur incriminé.
L'affaire nous avait semblé insignifiante, jusqu'à ce qu'elle
revienne à nos oreilles via les ondes de Radio Courtoisie,
dont les "réinformateurs" ont jugé opportun de l'évoquer dans
leur journal diffusé aujourd'hui, mercredi 10 septembre 2014.
On savait la frustration susceptible de convertir bien des
militants à la défense orgueilleuse d'un certain ordre moral. Force est
de constater, par ailleurs, leur complicité à propager les vices qu'ils
s'honorent de châtier. Sans eux, en effet, jamais une telle attention
n'aurait été portée à l'objet du scandale...
Combien de couples les "Veilleurs" auront-ils ainsi
brisés ? Combien de divorces provoqués, d'enfants
traumatisées, de vies à jamais ruinées par leur faute ? Puissent des âmes
charitables prier pour que miséricorde leur soit accordée en dépit d'un
pareil forfait !
4 avril 2013 Article publié dans L'Action Française 2000
L'obstruction parlementaire offre un sursis aux embryons
humains : dans l'immédiat, ceux-ci continueront de ne pouvoir
faire l'objet de recherches qu'à titre dérogatoire – au moins en
apparence.
En février 2012, alors qu'il était en campagne, François
Hollande avait annoncé que, s'il était élu président de la République,
la loi encadrant les recherches sur l'embryon serait à nouveau révisée.
Ce faisant, avait-il déclaré, « nous rattraperons notre retard
sur d'autres pays et nous favoriserons le retour des post-doctorants
partis à l'étranger » - notamment aux États-Unis, où la loi
n'impose aucune restriction en la matière. Sa promesse semblait en
passe d'être tenue : à cet effet, une proposition de loi
devait être votée par l'Assemblée nationale mardi dernier,
2 avril. C'était compter sans la résistance de quelques
députés UMP, qui ont noyé le texte sous une pluie d'amendements,
empêchant son examen dans les délais impartis.
Ambiguïtés légales
Dans l'immédiat, la législation conservera donc ses
ambiguïtés : si elle autorise la recherche sur l'embryon,
c'est, formellement, à titre dérogatoire, quoique de façon pérenne –
comme s'il fallait maintenir un interdit symbolique tout en s'en
affranchissant dans les faits. Autant en finir avec
l'hypocrisie ! C'était l'objet de la proposition de loi en
débat, dont l'adoption aurait néanmoins constitué « un
bouleversement éthique et juridique », selon Théophane Le
Méné. De son point de vue, elle aurait entériné « la
réification de la personne humaine, la suprématie de la technique sur
l'homme et son asservissement à la logique utilitariste des
laboratoires ». En effet, a-t-il expliqué sur Causeur,
« le principe allait devenir l'exception et l'exception le
principe ».
Aujourd'hui, trente-six équipes de recherche travailleraient,
en France, sur des cellules embryonnaires. Elles y ont été autorisées
par l'Agence de la biomédecine, avec la bénédiction des ministres
chargés de la Santé et de la Recherche, mais aussi le consentement des
individus à l'origine des "embryons surnuméraires" conçus in
vitro dans le cadre d'une procréation médicalement assistées, les seuls
pouvant faire l'objet de recherches au regard du droit. Avant d'agréer
un protocole, les autorités sont censées s'assurer que soient réunies
les conditions suivantes, résumées par Mme Dominique Orliac,
député PRG du Lot, rapporteur du texte soumis à l'Assemblée :
« la pertinence scientifique du projet de recherche est
établie ; la recherche est susceptible de permettre des
progrès médicaux majeurs ; il est expressément établi qu'il est
impossible de parvenir au résultat escompté par le biais d'une
recherche ne recourant pas à des embryons humains, des cellules souches
embryonnaires ou des lignées de cellules souches ».
La hantise des recours
Autant d'éléments dont l'appréciation est sujette à
discussion. « S'il est vrai que les chiffres de l'Agence de
biomédecine révèlent un véritable dynamisme de la recherche française
en la matière, la rédaction actuelle de la loi est source de
contentieux qui retardent le lancement de certains projets
scientifiques », déplore Mme Orliac. De fait,
explique-t-elle, « la Cour administrative d'appel de Paris a
déduit de l'existence de l'interdiction de principe de la recherche
qu'il appartenait à l'Agence de la biomédecine de faire la preuve que
des recherches employant des moyens alternatifs ne pouvaient parvenir
au résultat escompté. Elle a en conséquence annulé l'autorisation
accordée trois ans auparavant à une recherche. » Apparemment,
la loi proposée répondrait surtout à la Fondation Jérôme Lejeune, dont
les recours feraient peser sur les chercheurs « une véritable
insécurité juridique ». Onze affaires seraient en cours
d'instruction, s'inquiète Dominique Orliac, au motif que l'Agence de
biomédecine « n'avait pas prouvé l'impossibilité de mener ces
recherches par d'autres méthodes ». Or, prévient-elle,
« en matière de recherche fondamentale, une telle preuve ne
peut pas être apportée ». Cependant, poursuit-elle,
« les recherches sur les cellules souches adultes et les
cellules reprogrammées n'ont pas vocation à se substituer, en l'état
des connaissances scientifiques, à la recherche sur les cellules
souches embryonnaires, mais en sont le complément
nécessaire ».
Alternative prometteuse
Voilà précisément ce que conteste, par exemple,
Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la
Conférence des évêques de France. Étant donné les perspectives offertes
par les ressources du sang placentaire ou la reprogrammation
cellulaire, l'engagement en faveur de la recherche sur l'embryon serait
« un combat d'arrière-garde » selon lui, Ce
combat n'est mené « que pour contester la valeur intrinsèque
de l'embryon », a-t-il déclaré dans un entretien à Radio
Notre-Dame retranscrit par France catholique.
Évidemment, les chercheurs s'en défendent : « il n'y
a aucune "appétence" particulière des scientifiques pour la recherche
sur les cellules souches embryonnaires et si, à l'avenir, d'autres
méthodes s'avèrent être plus efficaces, elles évinceront naturellement
cette dernière », soutient Mme Orliac.
Les projets les plus prometteurs, à brève échéance, viseraient
à traiter la maladie de Steinert, qui se traduit par des anomalies
musculaires et neuronales, ou la dégénérescence maculaire, affectant
plus particulièrement la vue des personnes âgées. Les patients
concernés peuvent-ils, dès lors, espérer une guérison prochaine ? Mgr
Vingt-Trois entend dissiper de faux espoirs : « c'est
une tromperie à l'égard des gens que de leur faire croire que grâce à
cela ils vont avoir des traitements pour Alzheimer, Parkinson,
etc. », a-t-il prévenu. « Cela n'aboutira
pas. » Un jugement sans appel.
Au micro de RFR, rebond sur la polémique
déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.
La France est dans la merde ! Pire : elle
s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les
militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier.
Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les
forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du
Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du
théâtre de la Ville.
On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de
Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans
la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène.
C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont
le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics.
En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant
se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros.
Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut
s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.
Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs
politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus
intelligible que de crier au « blasphème » censé
insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je
ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture
du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être
chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit
au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul
doute, cet élan de solidarité.
C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination
pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails
détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un
message « spirituel et christique », selon l'auteur
de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est
une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la
fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments
dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du
martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ
illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque
spectateur en profondeur. »
Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout
disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en
photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a
prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est
passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous.
Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La
beauté véritable est au terme des choses. »
Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non
seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent
faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec
l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un
cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine
propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples
condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés
par la Halde, c'est un comble !
Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil
du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà
mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il
quoi que ce soit à l'affaire ?
Rendez-vous sur le site de RFR pour
découvrir les autres interventions :
Tandis qu'elle mobilise à nouveau la réacosphère, la
"christianphobie" nous inspire toujours certaines réserves.
Enorgueillis par leur
coup d'éclat, nos camarades du CRAF, certes fort courageux,
se sont montrés injustes à l'égard de nos confrères, qu'ils accusent
bien légèrement de verser dans la « désinformation »,
à l'exemple du Figaro coupable, selon eux, de les
avoir assimilés à des « fondamentalistes chrétiens ».
À quoi s'attendaient-ils ? En s'insurgeant contre un
« blasphème », ils s'aventuraient bel et bien sur un
terrain religieux. Quant au rapprochement avec l'islamisme,
potentiellement connoté par l'expression, il découle d'abord des
faits : c'est tout naturellement qu'on songe au scandale
déclenché par les caricatures de Mahomet...
Les chantres de la censure n'en ont pas moins l'audace de
s'ériger en défenseurs de la liberté d'expression. À force de traquer
la "chritianophobie", ils s'en sont même convaincus :
« Que ce soit au Caire ou à Paris, il est désormais risqué
d'être chrétien et de le proclamer. » Voilà qui renforce notre
méfiance à l'égard d'un épouvantail apparaissant, à bien des égards,
comme le « paravent d'un intégrisme paranoïaque ».
PS - La pièce controversée « a été allégée
du moment où l’on voyait des enfants jeter des grenades en plastique
sur la reproduction géante du Salvator Mundi »,
rapporte
La Croix.
Nouveau crime contre Dieu ! L'Éducation nationale
veut encourager le travail des écoliers le mercredi matin. Une
initiative d'inspiration éminemment démoniaque...
Selon
une circulaire publiée le 18 mars dans le Bulletin
Officiel de l'Éducation nationale, en prévision de la
rentrée 2010, « les recteurs et les inspecteurs d'académie
seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec
les collectivités locales, les parents d'élèves et les enseignants. En
visant avant tout l'intérêt de l'enfant, ils étudieront les formules
les plus adaptées aux besoins de l'élève. L'organisation de la semaine
en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi
matin) est encouragée chaque fois qu'elle rencontre
l'adhésion. »
Sandale dans la réacosphère ! Liberté
politique a dénoncé une « menace sur la
liberté d'enseignement du catéchisme » – rien de
moins ! –, accusant le ministre Luc Chatel de participer
« sans états d'âme au détricotage insidieux du christianisme
en France ». Sa responsabilité dans la désertion des églises
est certes incontestable : n'a-t-elle pas commencé en
juin 2009 avec sa nomination rue de Grenelle ? On
devine la main du démon derrière les manigances du gouvernement. Sans
doute Satan en a-t-il lui-même dicté la composition au président
Sarkozy – ce dont atteste le soutien de Frédéric Mitterrand au festival
Hellfest. Échaudés par les attaques lancées contre le pape, certains
catholiques ont manifestement perdu la tête !
« Les enfants n'ont pas classe le mercredi, non pas
d'abord pour qu'ils se reposent mais parce qu'une loi de mars 1882
prévoit que les écoles ferment pendant une journée pour que les enfants
puissent aller au catéchisme », affirme encore Liberté
politique. Le ministre appellerait-il ses subordonnés à
bafouer la loi ? En dépit de moult révisions, le
code de l'Éducation stipule toujours que « les
écoles élémentaires publiques vaquent un jour par semaine en outre du
dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le
désirent, à leurs enfants l'instruction religieuse, en dehors des
édifices scolaires ». À vrai dire, nous n'imaginions pas que
la République se montrait si magnanime à l'égard des curés. Magnanimité
nullement remise en cause, puisque, depuis le XIXe siècle,
c'est « un jour par semaine, en outre du dimanche » –
et non le mercredi nécessairement – qui leur est réservé.
Les protestations conservatrices apparaissent d'autant plus
grotesques à la lumière de ce rappel historique. Reste que l'extrême
droite, fût-elle catholique, se complait volontiers dans une posture de
victime. Le
Salon Beige l'a souligné vendredi dernier, Michel
Janva citant saint François de Sales : « Quoi que
nous fassions, le monde nous fera toujours la guerre. » En
peignant leur propre caricature, ces "laïcs engagés" ne servent guère
la cause de l'Église. Ce serait son affaire si cela n'avait pas une
incidence politique.
Paravent d'un intégrisme religieux paranoïaque, la
dénonciation irraisonnée de la « cathophobie »
légitime le laïcisme et les appels incessants en faveur du
« métissage » – dont le culte contribue, nous
semble-t-il, à l'éclatement de la société. Agnès Rousseaux n'avait pas
tort de fustiger
dans Témoignage Chrétien
« certains catholiques [qui] semblent vouloir réduire
l'identité nationale à la France chrétienne ». Mais dans la
foulée, notre consœur a pris ses distances avec Mgr Aillet,
pour qui « ceux que nous accueillons doivent être dans le
grand respect de ce qui fait notre identité nationale, c'est-à-dire
dans le grand respect de nos racines culturelles
chrétiennes ».
Nostalgiques d'un passé révolu, des intégristes entretiennent
délibérément la confusion entre des racines incontestablement
chrétiennes et les fruits qu'elles ont produits, où la prégnance
religieuse est devenue très diffuse. Ce faisant, ils encouragent nos
contemporains à fouler au pied notre héritage national... Chapeau les
cathos !
L'AFE s'attaque au Père Noël ; nous prenons sa
défense ! Sans craindre la polémique, mais en rappelant à nos
petits camarades qu'elle peut stimuler les intelligences en marge de toute
inimitié. 😉
À l'approche de Noël, tandis que la joie gagne spontanément
bien des cœurs, quelques grincheux se manifestent parmi les
inconditionnels de la messe de minuit. Chantres d'une austérité que
récuseraient vraisemblablement des catholiques plus conséquents, ils
observent avec dédain la ferveur envahissant des foyers illuminés avec
faste par les « infidèles » (sic) : le
Christ, lui, s'était contenté d'une étable, nous rappellent-ils avec
véhémence.
L'AFE
leur a ouvert son blog, versant dans un obscurantisme
déplacé. « Athéisée », la fête de Noël se trouverait
réduite de ce fait à une « mascarade d'une vulgarité
abjecte » selon F. Magellan. Elle serait d'autant moins
porteuse de sens que l'humanité s'imaginerait « née d'un
enchainement de coups de bol chimiques ». Noël, propriété
créationniste ? Fichtre !
Ces outrances jettent le discrédit sur une critique du
consumérisme par ailleurs compréhensible, à laquelle nous aurions pu
souscrire en partie si elle avait été explicitée : qu'on juge
la valeur d'un cadeau à son prix nous désole ! Cela dit, c'est
moins le dévoiement de la fête que sa sécularisation qui incommode
notre gardien du temple. La tradition façonnée par l'Église se perpétue
dans une société déchristianisée ; avec vigueur
même ! C'est en ce sens qu'elle constituerait « le
comble du délire ».
En toute logique, les nostalgiques devraient se féliciter
d'une telle survivance : la France demeure ancrée dans son
passé chrétien, et si l'on s'affaire dans les magasins pendant l'avent,
c'est tout de même pour choyer ses proches ; c'est autre chose
que la frénésie des soldes ! Qu'importe aux yeux des nouveaux
croisés, jaloux de leur monopole, oublieux peut-être des enseignements
de leur propre religion : ils ne sauraient tolérer que le
profane cohabite avec le sacré.
Aussi dressent-ils le Père Noël contre
Leur-Seigneur-Jésus-Christ-agneau-de-Dieu, affublant le vieillard
ingénu de défauts insoupçonnés : il serait
l'« allégorie sublime de la goinfrerie consumériste, de la
pseudo-égalité destructrice [et] de l'iniquité démocratique
libérale ». Sans doute était-il trop convenu d'y voir un
symbole de l'amour filial... Son innocence l'a rendu consensuel. Une
tare inexcusable : ignorant ses aïeux chrétiens, ses
détracteurs le dénigrent avant tout par snobisme.
Cette posture infantile nous aurait arraché un sourire si elle n'avait pas été
teintée d'un si virulent sectarisme. Lequel met en cause nos valeurs, mais aussi
la "concorde sociale"... Politique d'abord, merde !
L'inscription de L'Art d'aimer d'Ovide
au programme de latin de terminale suscite une levée de boucliers dans
certains milieux réactionnaires. Des protestations déplacées.
Une polémique nous oppose à l'un de nos collaborateurs depuis
qu'il a voulu faire écho à un
communiqué de l'abbé Régis de Cacqueray dénonçant
l'inscription de L'Art d'aimer au programme de
latin de terminale. C'est « une œuvre érotique du poète
Ovide », fulmine le supérieur du District de France de la
Fraternité Saint-Pie X. Lui emboîtant le pas, notre camarade s'est attaqué à « l'école de la
débauche », où les élèves seraient « formés à la
mentalité hédoniste et abortive » en étudiant
« obligatoirement et exclusivement L'Art d'aimer ».
Désinformation
Or, Ovide sera loin d'accaparer toute l'attention des
latinistes de terminale. Illustration d'un totalitarisme sans borne, l'Éducaton
nationale « laisse au professeur la liberté
d'organiser précisément son projet pédagogique » :
outre l'œuvre au programme, seules des thématiques lui sont
imposées ; l'enseignant choisit ses textes, y compris, pour
cette année et la suivante, les extraits de L'Art d'aimer
faisant l'objet « de traductions et analyses
précises ».
Ceux-ci devant être retenus « pour leur importance ou
leur représentativité », les passages distillant quelques
conseils à suivre sous la couette risquent fort de passer à la trappe.
En effet, nous n'en n'avons relevé que deux. Arrêtons-nous sur le
premier, écrit à l'intention des hommes, qui mérite d'être cité in
extenso tant il est sulfureux : « Crois-moi, il ne
faut pas hâter le terme de la volupté, mais y arriver insensiblement
après des retards qui la diffèrent. Quand tu auras trouvé l'endroit que
la femme aime à sentir caressé, la pudeur ne doit pas t'empêcher de le
caresser. Tu verras les yeux de ton amie brûler d'un éclat tremblant,
comme il arrive souvent aux rayons du soleil répétés par une eau
transparente. Puis viendront des plaintes, viendra un tendre murmure et
de doux gémissements et les paroles qui conviennent à l'amour. Mais ne
va pas, déployant plus de voiles (que ton amie), la laisser en
arrière, ou lui permettre de te devancer dans ta marche. Le but,
atteignez-le en même temps ; c'est le comble de la volupté
lorsque, vaincus tous deux, femme et homme demeurent étendus sans
force. Voilà la conduite à suivre lorsque le loisir te laisse toute
liberté, et que la crainte ne te contraint pas à hâter le larcin de
l'amour. Lorsqu'il y aurait danger à tarder, il est utile de te pencher
de toute ta force sur les rames et de donner l'éperon à ton coursier
lancé à toute allure. » (1)
Ces recommandations apparaitront-elles suffisamment explicites
aux yeux d'un abbé fidèle à son vœu de chasteté ? En quête
d'éclaircissements, peut-être dénichera-t-il un manuel d'anatomie
féminine dans la bibliothèque d'Écône, sait-on jamais. À défaut, qu'il
délaisse un instant ses méditations pour s'ouvrir au monde :
une oreille tournée vers les cours de récréation lui livrera bien des
secrets ; au passage, il mesurera combien la poésie d'Ovide
tranche avec la vulgarité ambiante.
Romantisme
Son érotisme tout relatif baigne dans le romantisme, révélant,
par comparaison, la fadeur des aventures d'un soir. « Mes
leçons n'enseignent que les amours légères», prétend le poète. Certes,
ses détracteurs n'y verront qu'un jeu : « Si tu n'as
pas une route sûre et facile pour rejoindre ta bien-aimée, si tu
trouves devant toi une porte verrouillée, eh bien ! Laisse-toi
glisser, chemin périlleux, par la partie du toit ouverte (sur
l'atrium) ; qu'une fenêtre élevée t'offre aussi une route
furtive. Ta maîtresse sera transportée de joie, et saura qu'elle est la
cause du péril que tu as couru pour elle, ce sera le gage assuré de ton
amour. Tu aurais pu souvent, Léandre, te priver de voir celle que tu
aimais ; tu passais l'Hellespont à la nage, pour bien lui
montrer tes sentiments. » Mais l'âme s'en trouve parfois
consumée, brûlée par la passion : « Le sillon ne rend
pas toujours avec usure ce qu'on lui a confié, et le vent ne favorise
pas toujours le vaisseau dans sa course hasardeuse. Peu de plaisirs et
plus de peines, voilà le lot des amants : qu'ils préparent
leur âme à de nombreuses épreuves. Les lièvres que nourrit le mont
Athos, les abeilles que nourrit le mont Hybla, les baies que porte
l'arbre de Pallas au feuillage sombre, les coquilles du rivage ne sont
pas aussi nombreuses que les tourments de l'amour. Les traits que nous
recevons sont abondamment trempés de fiel. »
Forte du soutien de l'académicienne Jacqueline de Romilly, l'association
Défi culturel fustige une œuvre dans laquelle « nos
enfants apprendront que l'inceste est désiré et même que les femmes
aiment être violées ». Ovide multiplie les allusions à la
mythologie, dont on connaît les mœurs douteuses, et confesse avec
désinvolture son aversion toute personnelle pour la pédophilie. Mais
n'est-ce pas de Rome qu'il s'agit ? L'évocation du viol est
ambiguë, comme en témoigne le récit de l'enlèvement des Sabine.
S'appuyant sur une citation tronquée, Défi culturel dissimule toutefois
des nuances significatives : « Quel est l'homme
expérimenté qui ne mêlerait pas les baisers aux paroles
d'amour ? Même si elle ne les rend pas prends-les sans qu'elle
les rende. D'abord elle résistera peut-être et t'appellera
"insolent" ; tout en résistant, elle désirera d'être vaincue.
Mais ne va pas lui faire mal par des baisers maladroits sur ses lèvres
délicates, et garde bien qu'elle puisse se plaindre de ta rudesse.
[...] La pudeur interdit à la femme de provoquer certaines caresses,
mais il lui est agréable de les recevoir quand un autre en prend
l'initiative. » Stigmatisant encore une œuvre
« ouvertement misogyne », l'association relève ses
attaques contre la « race perfide » que
constitueraient les femmes, négligeant cette observation par laquelle
le poète tempère son jugement : « La femme ne sait
pas écarter les feux et les flèches cruelles (de l'Amour) ; je
constate que ces traits sont moins redoutables aux hommes. Les hommes
trompent souvent, les femmes, sexe délicat, peu souvent, et, en
cherchant bien, il n'y a guère de perfidies à leur reprocher. »
Ovide ne craint pas de convoiter la femme de son prochain, ni
d'user de mauvaise foi pour parvenir à ses fins. Son traité n'a rien
d'une apologie de la licence au demeurant, n'en déplaise à des cathos
frustrés (2) assimilant l'amour, de façon exclusive, à un mariage idéalisé. Loin d'encourager
les garçons à siffler les filles, L'Art d'aimer
les exhorte à sortir "le grand jeu" pour séduire leur
dulcinée ; laquelle est invitée à soigner sa féminité, au
mépris de la "parité"... Proclamons-le sans
ambages : ce message n'est pas pour nous déplaire !
(1) L'autre passage "à lire avant de passer au lit" se situe à
la fin du livre III. « Je rougis des enseignements qu'il me
reste à donner », avoue le poète. S'adressant aux femmes, il
leur suggère de choisir la position les mettant le mieux en valeur,
selon les qualités et défauts de leur anatomie.
Les extraits cités sont tirés de la traduction
établie par Henri Bomecque (éd. Librio).
(2) L'expression a choqué. C'est de la polémique (presque) gratuite, nous en convenons.
Mais, généralement, ne nous reproche-t-on pas notre réticence à verser dans ce registre ? 😉
En outre, nous avons seulement saisi la perche qui nous était tendue...
Ce communiqué semble entretenir délibérément
la caricature des rapports de l'Église à la sexualité et l'amour !
19 avril 2007 Article publié dans L'Action Française 2000
Un frère dominicain veut réconcilier foi et raison.
Le créationnisme est en vedette dans les librairies. Selon les
cas, l'ouvrage que lui a consacré Jacques Arnould (1) – un
frère dominicain – est classé en science ou en religion. Cette
ambiguïté est à l'image d'un objet d'étude dont M. Glauzy affirme qu'il
est une « science biblique ».
Les créationnistes « refusent la vision
évolutionniste [...] selon laquelle les espèces vivantes et, plus
largement, l'ensemble de la réalité seraient le résultat du lent
travail des forces naturelles » ; pour eux,
« au contraire, Dieu en est le seul auteur, d'une manière
directe et indépendante des lois de la nature ».
Parmi les créationnistes stricts, certains observent un rejet
catégorique du discours scientifique, mais d'autres ne le condamnent
pas dans tous les cas. Ces derniers se divisent en deux écoles, selon
leur appréciation de l'âge de la Terre : les young-earth
creationists « pratiquent une lecture littérale des
onze premiers chapitres du livre de la Genèse », tandis que l'old-earth
creationism s'accommode de quelques exégèses. Moins
radicaux, les partisans du créationnisme progressif
« acceptent l'existence de différences, voire
d'incohérences, entre le texte de la Bible et les données de la
science », tout en prétendant que « l'évolution ne
permet pas d'expliquer les événements de l'histoire de la vie ».
Considéré parfois comme un néocréationnisme, le courant du dessein
intelligent s'appuie sur l'« irréductible
complexité » du vivant pour récuser la responsabilité du
hasard dans sa constitution.
Un lobby influent
La majorité des scientifiques se montrent sévères à l'égard du
mouvement créationniste. Citons par exemple Jean Chaline, directeur de
recherche émérite au CNRS (2) – qui condamne parallèlement le
néoscientisme : « Pour les créationnistes, la méthode
consiste à découvrir les failles scientifiques potentielles dans les
hypothèses, de façon à les couvrir de ridicule, ou à montrer leurs
incertitudes. Ils recourent sans état d'âme à la falsification, à la
manipulation des données scientifiques et de certains principes de la
physique... » Passant en revue quelques sujets de controverse,
il s'indigne notamment de cette réponse faite aux évolutionnistes,
selon laquelle « Dieu pourrait avoir donné une apparence de
vieillesse à l'univers qui tromperait les astronomes ». Une
hypothèse évidemment irréfutable, qui transgresse en cela les principes
élémentaires de la science.
En France, bien qu'elles comptent quelques défenseurs, ces
thèses se heurtent à une société fortement laïcisée, ainsi qu'à la
prédominance historique de l'Église catholique. La situation est tout
autre aux États-Unis, où le créationnisme est né dans des milieux
presbytériens et évangélistes pendant la seconde moitié du
XIXe siècle. Jacques Arnould rend compte de son immixtion dans
les programmes scolaires et des batailles judiciaires qui l'ont
accompagnée. Outre-Atlantique, le créationnisme s'attire les sympathies
des plus hautes personnalités politiques, tel le président Bush qui
déclara en août 2005 : « Ces deux théories
[l'évolution et l'intelligent design] doivent être
correctement enseignées de manière que les gens saisissent la nature du
débat. »
Est-il légitime de traiter les deux approches sur un pied
d'égalité ? « Le concept de théorie prend en compte
les faits, les hypothèses et les lois pour tenter d'expliquer la
réalité », rappelle Jacques Arnould ; par conséquent,
« une théorie ne peut pas être testée en dehors de la
science ». Or, celle-ci est « athée a priori
et par
méthode ». Bien que croyant, l'auteur ne s'en offusque pas,
car il a conscience « qu'il ne faut pas confondre origine
ultime et origine immédiate », Cause première et causes
secondaires.
« L'œuvre du démon »
Il entend cantonner la science à son domaine. Et aussi sa
foi : « Je dois rassurer ceux qui se demandent si je
crois [...] en Darwin. Je réserve la croyance à la religion, aux
relations humaines, voire à l'intelligence, mais pas à la
science. » Jacques Arnould constate que « les
théories héritées de Darwin sont celles sur lesquelles une majorité de
biologistes se fondent pour travailler » ; comme
nous, il reconnaît n'avoir « ni la compétence ni l'autorité
pour les critiquer ».
S'il ne leur accorde aucune caution scientifique, le frère
Arnould ne traite pas les créationnistes avec mépris :
« Il existe sans aucun doute de la bonne foi [...] de part et
d'autre. » On perçoit le désarroi que lui inspire une foi
fondée sur une lecture littérale de la Bible... Sans doute a-t-il à
l'esprit l'enseignement de Saint Paul : « La lettre
tue et l'esprit vivifie. »
Bien des auteurs abordant le sujet auraient versé dans
l'anticléricalisme. On tremble à la lecture d'un sermon prononcé jadis
dans le Tennessee par un prédicateur assimilant la découverte des
dinosaures à « l'œuvre du démon ». Jacques Arnould
tient son propos à l'écart des polémiques, mais nous observerons que
les dépositaires de cet héritage fanatique, trop prompts à tout
analyser à travers le prisme de la christianophobie, dénoncent
volontiers l'évolution comme un « montage » contre
la foi, au mépris des travaux scientifiques. L'auteur reste conscient,
néanmoins, que ces théories « ne sont pas exemptes
d'idéologies a priori, ni d'ailleurs de
récupérations a posteriori ». Par sa
mesure, il redore un peu
l'image de la religion, dévalorisée par des "champions" déniant la
rationalité.
Il apporte sa pierre au débat entre foi et raison. De son
point de vue, « s'il convient de ne pas confondre ces deux
sphères, il ne faudrait pas non plus les maintenir totalement
séparées ». Ainsi souligne-t-il que « la quête
obstinée du commencement et de l'origine se trouve au fondement même de
notre conscience d'être humain ».
Dans une société laïcisée, largement dominée par la
technologie, les croyants pourront difficilement esquiver ce débat, à
moins de se replier dans leurs communautés. Quant aux politiques,
peut-être y seront-ils bientôt régulièrement confrontés ? On
se souvient qu'en début d'année, un "atlas de la création" avait été
massivement envoyé dans les établissements de l'Éducation nationale
afin de réfuter l'évolution au nom du Coran. En réaction, le ministère
avait diffusé un « message de vigilance » auprès des
recteurs.
(1) Jacques Arnould : Dieu versus Darwin ;
Albin Michel, 317 p., janvier 2007, 20 euros.
(2) Jean Chaline : Quoi de neuf
depuis Darwin ? Ellipses, 479 p., novembre 2006,
26,50 euros.