24 avril 2016
Avec aussi une petite touche de royalisme...
« Le créneau "ni droite, ni gauche", un temps occupé par le FN
[...] paraît faire des émules
», et cela « tous
azimuts
», écrivait Aristide Leucate, dans
le dernier numéro de L'Action Française 2000
(21 avril 2016). Voilà que Rama Yade semble confirmer son
observation : alors qu'elle vient de se déclarer candidate à
l'élection présidentielle, elle se dit « libre d'être de droite,
libre d'être de gauche
», revendiquant le soutien d'une « coopérative
politique
» constituée d'une mosaïque de petits partis aux
inspirations idéologiques diverses (Alliance écologiste et indépendante,
Parti libéral démocrate, Démocratie 21, Rassemblement écocitoyen,
Cercle de la Diversité).
Apologie de la tradition
Malicieusement, notre confrère se demandait si les adeptes d'un tel
positionnement n'étaient pas des « royalistes latents
».
Rama Yade a beau se prétendre« aux antipodes
» d'Emmanuel
Macron (« je ne représente ni la bourgeoisie d'État, ni les
puissances d'argent
», clame-t-elle de façon aussi cinglante
que mesquine), la question mérite d'être posée à son propos également,
comme en témoigne le ton sur lequel elle avait commenté le mariage du
prince William et de Kate Middleton : « la tradition,
c'est quand même bien, quand elle unit deux jeunes gens et un peuple
tout entier
», expliquait-elle
en avril 2011 ; à ses yeux, « le moment le plus intense
(furtif) fut la révérence de Kate, devant la reine Elizabeth qui
semblait en avoir vu tellement
» ; en effet,
remarquait-elle, « il y avait là une transmission, un respect, une
soumission devant la tradition, un genre
»
Romantisme néo-gaullien
Cela étant, c'est au "peuple", et non au roi, que Rama Yade entend rendre
le pouvoir. Son discours ravira les souverainistes, à certains égards du
moins. Regrettant naïvement que l'Union européenne ne dispose pas d'un
véritable président, elle rappelle, cependant, qu'elle avait voté "non" au
référendum de 2005 ; or, dénonce-t-elle, « on n'a pas
respecté mon vote
», puisque le traité établissant une
constitution pour l'Europe est « revenu en 2008 par la fenêtre
».
Reprochant à Paris de « se soumettre en permanence à la
bureaucratie
» de Bruxelles, elle prône « la politique
de la chaise vide
», donnant en exemple la perfide Albion de
David Cameron, mais aussi la Grèce d'Aléxis Tsípras – lequel aurait
« su insuffler de la démocratie en Europe
». À l'avenir,
réclame-t-elle, chaque élargissement devrait faire l'objet d'un
référendum. De son point de vue, « plutôt que de nous soumettre à
la mondialisation
[...] consumériste
», il faudrait que
« la France redevienne une puissance médiatrice
».
« Extirpée de la famille américaine », celle-ci
« parviendrait, avec les symboles, à compenser ce qu'elle a perdu
en termes économiques
», promet Rama Yade, pour qui « la
France n'est pas la France sans la grandeur
».
« Aux Français de dire et faire ! »
Ce romantisme néo-gaullien, mâtine d'accents populistes, se trouve mêlé,
chez Rama Yade, à des revendications typiquement libérales. « Aux
Français de dire et faire !
», clame-t-elle dans
son manifeste. Or, précise-t-elle, « rendre le pouvoir aux
Français
», c'est, certes, en appeler au référendum, mais aussi
« les laisser faire et créer du lien entre eux
».
Autrement dit, il s'agirait de « passer de l'État-providence,
omnipotent et impuissant, à une société-providence, plus innovante
».
Dans cette perspective, « plutôt qu'une économie où les grands
groupes, en connivence avec la haute administration, finissent par se
couper du tissu économique et social de notre pays
», Rama Yade
entend promouvoir « une économie du partage qui introduise une
concurrence plus juste, libère nos entreprises de l'emprise notamment
fiscale de l'État et permette l'innovation
». Aux échecs de
Pôle Emploi et de l'Éducation nationale, elle oppose la réussite de
quelques initiatives privées citées en exemple.
Candidature sans promesse
« Notre pays compte dans ses rangs des Français extrêmement
capables et désireux d'agir
», se félicite Rama Yade. Des
paroles en l'air ? Peut-être bien. « Parce que la valeur
promesse a été disqualifiée, je n'en ferai pas
»,
annonce-t-elle avec une certaine légèreté. Son inclination à
dramatiser les enjeux ne sert pas sa crédibilité : « parce
que les Français ont perdu toute confiance, l'élection française de 2017
ne ressemblera à aucune autre
», croit elle-deviner. « À
situation hors normes, il faut un projet de radicalité
»,
poursuit-elle. Reste à en dessiner les lignes...
En attendant, c'est avec bienveillance, quoique sans illusion, que nous
accueillerons tous les discours appelant les Français à reprendre leur
destin en main : do it yourself – tel serait
notre programme pour 2017 !
Publié dans Politique | Pas de commentaires
8 mars 2016
La preuve par l'euro.
On croyait que le FN mettrait de l'eau dans son vin. Mais non.
« Tout le monde au Front national est pour la fin de l'euro et la
souveraineté monétaire
», continue
de marteler Florian Philippot, son vice-président. « Si nous
arrivons au pouvoir
», a-t-il prévenu dimanche dernier, 6 mars
2016, « il est certain qu'au bout de six mois maximum la France aura
une monnaie nationale
».
Que les antifascistes se rassurent : ce faisant, Florian Philippot
exclut manifestement toute perspective d'accession au pouvoir à court
terme. Dans le cas contraire, c'est bien évident, il se garderait de
susciter aussi délibérément la fuite des capitaux qui s'accentuerait au
fur et à mesure que Marine Le Pen serait donnée gagnante dans les
sondages.
Par souci de l'intérêt national, puisque c'est un patriote, comme chacun
sait. Mais aussi par nécessaire calcul. S'il était coupable d'appauvrir la
France avant même de prendre les rennes de l'État, le FN en compromettrait
précisément la conquête.
Pour ne rien arranger, Florian Philippot promet un référendum sur
l'euro ! Les ménages seront-ils privés d'argent liquide le temps que
se déroule le nécessaire débat censé éclairer la conscience des
citoyens ? La Grèce, voilà le modèle à suivre !
Publié dans Polémique, Politique | Pas de commentaires
6 janvier 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Déchoir des Français de naissance de leur
nationalité : telle est la mesure la plus controversée du
projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement.
Tandis que l'exécutif socialiste est accusé d'empiéter sur les
plates-bandes du Front national, l'opposition peine à faire entendre sa
voix. Ainsi Nathalie Kosciusko-Morizet s'essaie-t-elle à défendre
« la cohésion nationale » : « la
France se divise sur la déchéance de nationalité »,
regrette-t-elle sur
son blog. 85 % de nos compatriotes seraient pourtant
favorables à la révision de la Constitution proposée par le
gouvernement, selon
un sondage Opinionway pour Le Figaro...
Aussi cette question agite-t-elle surtout le pays légal !
L'enjeu apparaît d'autant plus symbolique que bien des dispositions
permettent d'ores et déjà de déchoir un Français de sa nationalité.
Nationalité mal acquise
Hervé Mariton, quant à lui, appelle à débattre non pas de la
déchéance, mais des conditions d'attribution de la nationalité. Selon
lui, « le principe directeur doit être le droit du sang,
naturellement enrichi par la vie » – autrement dit, par
« la naturalisation ». « Aussi horribles que soient
les actes commis par les enfants de France, je souhaite une nationalité
qui soit irréfragable, irréversible », a-t-il
expliqué au micro de France Inter.
« Je souhaite que cette nationalité ne soit pas supposée mal
acquise, qu'elle ne soit pas fragile pour les uns, moins fragile pour
d'autres », a-t-il poursuivi.
Implicitement, le député de la Drôme semble récuser toute
conception contractualiste de la nation. Une conception que nourrit, à
certains égards, le projet de loi présenté par le gouvernement. Cela
n'a pas échappé à Manuel Valls : accusé de trahir la gauche,
le Premier ministre prétend au contraire la servir en défendant une
« conception historique ouverte de la nation française, fondée
sur l'adhésion à l'idéal républicain et sur la volonté commune de
vivre-ensemble ». À l'inverse, s'exprimant
sur Facebook, il a rejeté l'idée de « fonder la
nationalité [...] sur ce qui par nature ne peut jamais être
révoqué ».
Double allégeance
Ce faisant, peut-être croit-il nous rassurer, entretenant, à
son corps défendant, l'illusion que la France pourrait se
débarrasser de ses brebis galeuses ? Un anthropologue s'en
inquiète dans les colonnes du Monde : «
cette proposition de déchéance de nationalité pose le postulat que
l'engagement dans le terrorisme ne concerne que les immigrés de
confession musulmane », déplore
ainsi Dounia Bouzar. Avec quelque maladresse, il semble
vouloir exprimer sa préoccupation quant aux conversions soudaines à un
islam d'emblée radical. Un symptôme parmi d'autres du mal qui gangrène
la France ?
En tout cas, plus encore que le droit du sol (dont
l'application s'avère d'ailleurs relative), c'est la double nationalité
qui semble mise en accusation. Parmi ses bénéficiaires, beaucoup ont
reçu leur seconde nationalité en héritage, par le sang donc ;
de ce point de vue, le droit du sol serait effectivement égratigné.
Mais d'autres ont pu l'acquérir... À l'image de Gérard Depardieu, par
exemple ! Dans quelle mesure les faveurs que lui accorde
Vladmiir Poutine affaiblissent-elles les liens qui l'unissent à la
France ? Incidemment, les suspicions associées à la critique
d'une "double allégeance" pourraient donc faire l'objet d'une timide
traduction juridique.
La hantise des apatrides
Il est vrai que le gouvernement n'envisage de retirer leur
nationalité qu'à des Français qui demeureraient alors les
ressortissants d'un pays tiers. Il n'est pas question de créer des
apatrides, martèle-t-on à l'envi. De toute façon, nous dit-on, les
engagements internationaux souscrits par la France le lui
interdiraient. C'est précisément ce que conteste François-Xavier
Berger, dans
un article publié par Mediapart. Quoi
qu'il en soit, peut-être cette hantise-là reflète-t-elle une conscience
plus ou moins confuse des limites d'un certain idéal individualiste. Sur
Contrepoints, Nafy-Nathalie rappelle
opportunément ces propos d'Hannah Arendt : « Être
déchu de sa citoyenneté, c'est être privé de son appartenance au
monde. »
Publié dans Droit, Immigration, Politique, Société | Pas de commentaires
3 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Regard désabusé sur l'ouverture de la grand-messe du climat.
Le COP21 s'est donc ouverte lundi dernier,
30 novembre 2015. Ce jour-là, près de deux cents États étaient
représentés, pour la plupart au plus haut niveau. « Cet
événement constituera la plus grande conférence jamais organisée en
France depuis la signature de la déclaration universelle des droits de
l'homme à Paris en 1948 », avait
annoncé le Quai d'Orsay. Tout son réseau avait été mobilisé
en conséquence. Y compris à Kaboul, où les poules de l'ambassade de
France ont été mises « au service de lutte contre le
changement climatique ». Jean-Michel Marlaud, ambassadeur de
France en Afghanistan, l'explique très sérieusement dans
les Carnets diplomatiques du ministère
des Affaires étrangères.
Des poules et des centrales
Ironie mise à part, peut-être l'Exécutif s'inscrit-il dans la
tradition d'un certain messianisme français. D'autant que Paris a été
le seul à se porter candidat à l'accueil de cette conférence. D'autres
considérations s'avèrent plus prosaïques : il pourrait s'agir
de donner des gages aux Verts, ou de soutenir l'industrie nucléaire où
la France excelle. Mais pourquoi les chefs d'État ou de gouvernement
ont-il répondu si nombreux à l'appel ? Sans doute n'ont-ils
rien à y perdre. Comme
l'explique Carole Mathieu, chercheur à l'IFRI,
« l'économie mondiale va nécessairement connaître de profonds
changements dans les quinze prochaines années en raison de la
croissance de la demande d'énergie et de produits agricoles et
forestiers mais aussi de l'essor de la population
urbaine » ; or, poursuit-elle, « orienter
vers la construction d'une économie sobre en carbone » les
investissements nécessaires « serait à peine plus
onéreux ».
Aussi François
Hollande nous a-t-il promis un accord « universel,
différencié et contraignant ». Contraignant ?
« La contrainte, ce sera l'engagement international,
l'obligation de transparence, l'effet sur la réputation »,
décrypte la négociatrice française Laurence Tubiana, citée
par Sciences et Avenir. Laurent
Fabius a beau saluer « l'engagement de grandes
autorités spirituelles et religieuses », nulle révolution ne
devrait bouleverser la marche du monde à l'issue de cette COP21.
Publié dans International, Monde, Politique | Pas de commentaires
18 octobre 2015
Menacés par la percée du Front national, les eurodéputés
socialistes et Les Républicains cultivent sans vergogne le sectarisme
partisan. Cependant, leurs rivaux populistes ne trouvent pas davantage
grâce à nos yeux.
Voilà que le Front national appelle l'Union européenne à
s'aligner sur les États-Unis ! En cause :
l'autorisation donnée par la Commission européenne, en juillet dernier,
à la commercialisation du Sulfoxaflor, un pesticide accusé de nuire aux
abeilles, interdit outre-Atlantique.
Sylvie Goddyn, député français au Parlement européen, explique
avoir « engagé une procédure d'urgence pour faire obstacle à
ce produit ». À tort ou à raison, la plupart de ses
collègues partagent apparemment sa défiance à l'égard du Sulfoxaflor.
Mais il se trouve que Mme Goddyn a été élue sous les couleurs
du Front national... Or, « pour les socialistes
français », rapporte
notre consœur Aline Robert, « la ligne de conduite
est très claire : pas question de voter le moindre amendement
FN ou de négocier le moindre compromis ». D'ailleurs, loin de
s'arrêter en si bon chemin, « le groupe socialiste et
démocrate planche [...] sur l'établissement d'une position commune pour
éviter qu'un élu de sa formation ne soutienne des amendements du groupe » où siègent les eurodéputés du Front national.
« La même initiative a été prise à droite au PPE, où Alain
Lamassoure et Françoise Grossetête [...] veulent aussi mettre le sujet
sur la table. Il s'agit de convaincre leurs collègues [...] de ne pas
voter les amendements FN. »
« Nous ne pouvons pas soutenir des gens qui veulent
détruire l'Europe », se justifie le socialiste Guillaume
Balas, cité
par Euactiv. Comme si le Front national
la menaçait en quoi que ce soit... Comme
l'expliquait un collaborateur de Contrepoints,
« la présence de ces députés opposés à l'UE n'a jamais altéré
le fonctionnement de l'UE mais elle leur permet de bénéficier des
largesses financières de l'Union européenne » – ainsi que
d'une tribune, dont
Marine Le Pen a fait un usage particulièrement médiatisé le
7 octobre dernier.
Ce jour-là, on s'en souvient, alors que le président de la
République venait de s'exprimer devant le Parlement européen aux côtés
du chancelier allemand, la présidente du Front national l'avait affublé
du tire de « vice-chancelier administrateur de la province
France », l'accusant de « se soumettre aveuglement à
une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ». Des
propos éminemment grotesques : si l'Élysée était effectivement
une antenne de la Maison-Blanche, sans doute Paris investirait-il
davantage dans sa défense, conformément aux recommandations de l'Otan,
par exemple ; et si Bercy rendait des comptes à Berlin, ce
n'est pas un tel laxisme qui gouvernerait le budget de l'État !
En tout cas, cela tranche avec l'attitude d'une Marie-France
Garaud, qui disait s'interdire de critiquer la politique de son pays
hors de ses frontières (1)... C'est à Strasbourg que Marine
Le Pen s'est illustrée, nous rétorquera-t-on. Strasbourg, qui
se trouve toujours en France donc. Certes, mais qu'est-ce que le
Parlement européen ? La représentation plus ou moins légitime
de vingt-huit États, ou bien celle d'un improbable peuple
européen ? Aux yeux de Paris, rappelons-le, la participation
de la France à l'UE relève encore, à bien des égards, de la politique
étrangère, comme en témoigne la tutelle du ministre des Affaires
étrangères sous laquelle est toujours placé le secrétaire d'État aux
Affaires européennes.
Paradoxalement, Marine Le Pen semble vouloir nous faire croire
le contraire, se faisant complice d'une propagande européiste. Pas la
peine de l'accabler, cependant : elle n'est que le rouage,
certes complaisant, d'un système institutionnel qui la
dépasse ; de toute façon, un nouvel acteur la remplacerait
vraisemblablement dans son rôle si elle avait la décence d'y
renoncer... Il n'empêche : si le souverainisme était
conséquent, ses tenants n'applaudiraient pas la prestation de l'égérie
populiste ; ils dénonceraient plutôt l'existence même du
Parlement européen, ou du moins son mode de fonctionnement, où un
pareil affrontement, opposant, devant l'Europe entière, la première
délégation nationale au chef de l'État, devrait leur paraître
insupportable. Mais avec des "si"...
(1) Nous nous souvenons l'avoir entendue revendiquer une telle
conduite lors d'un entretien à la radio. En toute rigueur, cependant,
sans doute conviendrait-il d'examiner ses interventions au Parlement
européen.... Avis aux historiens !
Publié dans Europe, Polémique, Politique, Souverainisme | Pas de commentaires
1 octobre 2015
Passage en mode "Gorafi".
Marine Le Pen participera au prochain "happening" des
Femen. « L'important n'est pas d'où nous venons, l'important
est où nous voulons aller ensemble », s'est-elle justifiée,
reprenant la formule de Max Gallo soufflée par Florian Philippot.
« Les militantes du mouvement Femen ont fait la
preuve de leur courage et de leur lucidité en dénonçant la tenue d'un meeting
islamiste à Pontoise, organisé avec la complicité de l'oligarchie
politico-médiatique », a expliqué la présidente du Front
national. « Elles auraient même toute leur place au sein du
Rassemblement Bleu Marine », a-t-elle poursuivi.
Céline Pina sera-t-elle de la partie, elle aussi ?
« Elle hésite à se dépoitrailler », regrette Marine
Le Pen. « Mais en politique », a-t-elle
martelé, « il faut savoir donner de sa personne ».
« C'est cela, être une femme d'État », confirme un
jeune militant frontiste. « Angela Merkel s'est laissé
photographier les seins à l'air. Voyez jusqu'où cela l'a menée... Pour
le plus grand bénéfice de l'Allemagne, et le malheur de la France...
Marine, c'est un peu la Jeanne d'Arc des temps modernes, elle est de la
même trempe que la chancelière ! » Dont acte.
En dépit du différend l'opposant à sa fille, Jean-Marie Le Pen
lui-même aurait joué les entremetteurs. « Les Femen vont balader leurs gros nichons dans les églises, mais elles ne vont jamais dans les
mosquées ni dans les synagogues », avait-il regretté à l'hiver
dernier. En effet, pourquoi les chrétiens seraient-ils les seuls en
profiter ? Approchées par le vieux Menhir libidineux – et
jalouses, peut-être, de l'intérêt qu'il porte à la sculpturale
Nabilla –, les "sextrémistes" lui auront donc prêté une oreille
attentive. On
comprend mieux, désormais, pourquoi Marine parlait de son père comme de
la « petite Femen » du FN : c'était en fait
leur ambassadeur !
Les modalités de cette prochaine manifestation "topless"
restent tenues secrètes. Au préalable, cependant, Marine
Le Pen devrait apparaître à la "une" de Playboy.
« Il
faut préparer la France à cette vision d'horreur », reconnaît
Louis Aliot. Cette précaution suffira-t-elle à tempérer les
inquiétudes qui s'expriment au sein du parti ? « On
va rendre la France frigide », s'alarme un transfuge des
Identitaires, pourfendeur du « grand remplacement ».
« C'est encore un coup du funeste Philippot »,
dénonce un cadre issu de la "veille garde" du FN ; « avec ses
potes homos », nous dit-il, « il espère rafler les
voix des lesbiennes qui mouillent à la vue des camionneuses ».
« Pas du tout ! », s'insurge
Gilbert Collard. « Bien au contraire », précise-t-il,
« il s'agit d'un signal envoyé à La Manif pour
tous » : « Marine respecte les traditions
initiées par sa mère », explique l'avocat ;
« c'est l'expression de notre attachement aux valeurs
familiales ».
Affaire à suivre.
NB – Les citations de Max Gallo
et de Jean-Marie Le Pen sont
authentiques, ainsi que celle de Marine Le Pen parlant de la « petite Femen » du FN (ce sont les seules).
Mise à jour – Le
Monde dit à peu près la même chose que nous :
« En s'attaquant frontalement à la religion musulmane, les
Femen n'attisent-elles pas la flamme xénophobe du Front
national ? », se demande notre consœur Catherine Vincent.
L'accès à son article est payant, mais on devine que son propos à elle
est à prendre au sérieux – du moins est-il censé l'être !
Publié dans Féminisme & Genre, Insolite, Politique | Pas de commentaires
30 septembre 2015
A priori, les Blancs sont d'une
intelligence supérieure. La preuve avec Nadine Morano ?
Dans le numéro de L'AF2K bouclé la nuit
dernière, à paraître demain (1er octobre 2015), la page
centrale est consacrée aux parodies et autres détournements faisant le
bonheur des réseaux sociaux... Cela donne des idées !
Au passage, rendons à César... Si Nadine Morano prétend
s'inspirer du général De Gaulle, à la faveur d'une citation
rapportée par Alain Peyrefitte (et seulement par lui...), peut-être
Henry de Lesquen a-t-il contribué à jouer les entremetteurs.
« C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes,
des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est
ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais
à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne
serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple
européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion
chrétienne. »
Le président de Radio Courtoisie le
répète à longueur d'antenne, prenant un malin plaisir à imiter la
diction du général De Gaulle !
Mais pourquoi s'obstiner à manier un terme nourrissant tant
d'ambiguïtés, sinon dans le but délibéré de les entretenir ?
Sans doute les mots ont-il changé de sens. Mais n'en déplaise aux
réactionnaires, tout n'était pas mieux avant.
Publié dans Humeur, Insolite, Politique | Pas de commentaires
26 septembre 2015
Des citoyens de gauche comme de droite, issus de toute la
France, désireux non pas de battre un parti au profit d'un autre, mais
de servir leur pays, s'engagent pour le redressement national.
Pour le redressement national, Macron
président !
Trop, c'est trop : ras-le-bol de l'immobilisme et du
sectarisme !
De déclarations en déclarations, Emmanuel Macron est devenu le
héraut inespéré d'une politique de redressement national.
Il s'en est pris au carcan des trente-cinq heures, et le voilà
qui propose d'assouplir les rigidités du marché du travail.
Il ouvre, en fait, la voie vers une société de
libertés : accroissement des responsabilités offertes à
chacun, réhabilitation de la négociation au sein des entreprisses,
nouvelles perspectives d'emploi...
Faut-il énumérer, outre les trois cent huit articles de sa loi
pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques,
les plus notables de ses déclarations rompant avec l'immobilisme et le
sectarisme ?
En octobre 2013, dans un entretien à Mediapart,
il invite à « revisiter un des réflexes de la gauche, selon
lequel l'entreprise est le lieu de la lutte des classes et d'un
désalignement profond d'intérêts » ; constant que
« la société statutaire où tout sera prévu va inexorablement
disparaître », il appelle à réagir en conséquence, afin de
donner « la possibilité aux individus de faire face, même aux
coups durs ».
En janvier 2015, dans un entretien aux Échos,
tandis que les professionnels de la politique se satisfont
manifestement du chômage de masse, incitant la population à la
résignation, il déclare qu'« il faut des jeunes Français qui
aient envie de devenir milliardaires ».
En juillet 2015, dans un entretien à l'hebdomadaire Le 1,
il observe qu'« il y a dans le processus démocratique et dans
son fonctionnement un absent » ; « dans la
politique française », explique-t-il, « cet absent
est la figure du roi » dont il « pense
fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la
mort ».
Sans parler de sa dernière sortie, aussi courageuse
qu'inattendue, sur le statut de la fonction publique...
Bravo, mille fois bravo ! Des ministres ont été
écartés pour bien moins que cela.
La démagogie passéiste n'est plus supportable.
Si l'on veut sauver la France du désastre, il faut s'appuyer
sur Macron. Si l'on veut dépasser les clivages partisans, cela peut se
faire avec l'aide de Macron.
Nous appelons à ce qu'il reste au gouvernement, qu'il en
prenne même la direction, puis qu'il succède au président de la
République à la tête de l'État. Ce serait "le" signal positif,
indispensable, pour enfin changer durablement de cap, revenir à des
positions saines pour toute la France.
Pour la France, Macron président !
Source : www.macron-president.fr (il s'agit d'une réponse au manifeste appelant à la
démission d'Emmanuel Macron apparu quelques heures plus tôt).
Publié dans Humeur, Insolite, Polémique, Politique | Pas de commentaires
24 juillet 2015
Marine Le Pen laisse entendre que l'Europe imposerait
à la France d'interrompre les soins dispensés à Vincent Lambert – un
mensonge flagrant.
Marine Le Pen vole « au secours de Vincent
Lambert », annonce
Nouvelles de France. « Le débat
consistant à s'interroger sur le droit de tuer quelqu'un, de tribunaux
en tribunaux et de journaux télévisés en journaux télévisés, est
épouvantable », aurait déclaré, jeudi dernier,
23 juillet 2015, la présidente du Front national, comme
le rapportent nos confères du Figaro.
Et d'ajouter : « Un pays doit pouvoir
conserver sa liberté totale, notamment dans ce domaine, et n'a pas à se
soumettre aux exigences, y compris de la Cour européenne des droits de
l'homme (CEDH). Surtout quand cette cour ne semble pas avoir le souci
véritable de défendre Vincent Lambert. »
Or, en l'espèce, que dit la CEDH ? Sa décision,
rendue le 5 juin dernier, stipule « qu'il n'y aurait pas
violation » de la Convention européenne des droits de l'homme
« en cas de mise en œuvre de la décision du Conseil d'État
autorisant l'arrêt des soins» (voir
le résumé de l'affaire proposé par Wikipédia). Autrement dit,
il s'agit plus ou moins d'un blanc-seing donné à la justice
française !
Bref, contrairement à ce qu'insinue
Mme Le Pen, en dépit de ses engagements
internationaux, la France est libre d'instruire cette affaire comme
elle l'entend.
L'Europe a bon dos !
Publié dans Désinformation, Justice, Politique, Société | Pas de commentaires
16 juillet 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Observateur attentif des droites radicales, Jean-Yves Camus
est politologue, chercheur associé à l'IRIS (Institut de relations
internationales et stratégiques).
« Protéger les jeunes du risque
d'endoctrinement anti-républicain » : tel était
l'objet du séminaire organisé par France Stratégie (le "laboratoire
d'idées" du gouvernement, héritier du Commissariat général au Plan),
auquel vous avez participé le jeudi 2 juillet 2015. Les royalistes
étaient-ils visés ?
Cette formulation émane d'une administration. Or, mon regard
est celui d'un universitaire. Sur la forme républicaine du
gouvernement, chacun a son opinion, mais je crois, honnêtement, que le
coup de force n'est pas pour demain. Que l'on s'en réjouisse ou qu'on
le déplore, le sujet, aujourd'hui, ce n'est pas le mouvement
royaliste ! Ce qui importe, c'est de regarder les mouvements
qui posent un danger pour la sécurité intérieure et extérieure de la
France. Au cours de cette réunion, 80 % des discussions ont
donc porté sur l'islamisme. L'interdiction des mouvements comme le
vôtre serait absurde. De toute façon, l'objet des discussions n'était
en aucun cas d'évoquer des mesures de répression : seul le
gouvernement peut décider de mesures de dissolution, qui ne pourraient
en aucun cas supprimer une école de pensée.
Intervenant en tant que « spécialiste
des nationalismes et extrémismes en Europe », vous avez pris
la parole aux cotés de la directrice générale du Centre de prévention
contre les dérives sectaires liées à l'islam. L'extrême droite et
l'islamisme représenteraient-ils un danger commun pour les institutions
ou la société, comme le suggère la dénonciation de
« l'islamo-fascisme » ? Y aurait-il des
points communs, voire des passerelles, entre l'islamisme et les droites
radicales ?
L'islamo-fascisme est un concept parfaitement creux, dont
l'emploi peut, à la rigueur, permettre à des publicistes de "clasher"
dans les débats télévisés, mais scientifiquement, il ne tient pas. Cela
étant, il y a effectivement des points de convergence entre tel ou tel
groupuscule – je dis bien groupuscule – d'ultra-droite et les discours
délirants qu'on peut trouver chez les salafistes radicaux :
sur le complot international, le rôle caché de tel ou tel groupe de
pression qui dirigerait le monde en tenant les ficelles... Il y a
également quelques cas rarissimes – on doit les compter sur les doigts
de la main – de gens qui, tout en ayant eu un engagement à
l'ultra-droite, sont passés ensuite à un engagement islamiste. Mais
aujourd'hui, le problème qui se pose, ce sont les conversions, pas les
passages de l'ultra-droite au salafisme !
La République est sur toutes les lèvres, comme
en témoignent l'organisation de ce séminaire ou le changement de nom de
l'UMP. Son invocation ne serait-elle pas le paravent "politiquement
correct" d'une certaine "islamophobie" ?
Je fais partie des gens qui utilisent le terme d'islamophobie.
Je n'en ai jamais nié la pertinence lorsqu'il s'agissait de parler
d'une forme de détestation de l'islam qui constitue, au sens clinique,
une phobie. Quand on a une phobie de l'islam et des musulmans, sans se
demander si les gens se définissent eux-mêmes comme musulmans, ni s'ils
sont totalement intégrés à la Nation française, quand on part du
principe que tous les musulmans forment une cinquième colonne dans la
République, alors on est un islamophobe. Cela étant, le terme est
parfois aussi utilisé pour entraver la liberté que l'on doit avoir de
questionner l'islam, de critiquer l'islam, comme on peut également
questionner et critiquer le catholicisme, le judaïsme, tout type de
croyance philosophique et religieuse. Je ne dirai pas que l'invocation
de la République sert de paravent à l'islamophobie. Cependant, il est
d'autant plus question de République, d'une façon parfois un peu
totémique, depuis que se pose la question de la radicalité islamiste en
France, et qu'une interrogation réelle se fait jour sur la place qu'on
doit donner à l'islam dans notre pays.
« En Europe occidentale »,
expliquiez-vous à L'Humanité en 2012, « les
populismes d'extrême droite ont réussi à détourner le logiciel
idéologique de la gauche sur les questions sociétales ». Qu'en
est-il du Front national ? Sa critique relativement mesurée du
"mariage pour tous" participe-t-elle de ce phénomène ? Par
ailleurs, Marine Le Pen aurait-elle rompu avec son père parce que
l'antisémitisme ne lui semblerait plus rentable ?
Tout ce mouvement-là est lié à la question de
l'islam : défense des homosexuels dans leurs droits en tant
que minorité, parce qu'on explique que, dans les pays d'islam, ils
n'ont aucun droit, et qu'ils sont menacés ici même par la montée du
fondamentalisme musulman ; défense des femmes, parce que l'islam les
opprime et les force à porter le voile ; défense de la laïcité, parce
que l'islamisme cherche à la détruire ; réappropriation de
toutes les valeurs sociétales qui étaient portées auparavant par la
gauche, parce que certains milieux laïcs considèrent qu'aujourd'hui, il
y a, dans les pays européens un nouveau totalitarisme qui s'exprime, le
totalitarisme islamiste. On vient défendre les libertés individuelles,
les libertés des minorités, contre ce totalitarisme-là. C'est vrai à ce
point que Pim Fortuyn et Geert Wilders ont pris aussi la défense des
Juifs des Pays-Bas, dont ils expliquent qu'ils sont menacés par le
totalitarisme islamiste, ce qui n'était quand même pas l'optique
dominante à l'ultra-droite il y a encore quelque temps... Que
l'évolution du Front national s'inscrive dans la même logique, cela ne
fait aucun doute. Mais il faut être très clair : l'antisémitisme,
électoralement, cela n'est pas rentable du tout ! D'ailleurs, cela
n'est pas davantage rentable que le supposé vote juif. Une étude de
Jérôme Fourquet (Ifop) sur « les votes juifs » montre
combien il est statistiquement insignifiant et divers.
« La France n'est pas que la
République », a déclaré Marion Maréchal-Le Pen, dans un
entretien à la revue Charles. Pensez-vous, comme
l'annonce Bruno Roger-Petit dans Challenges,
qu'il s'agisse d'« un cri de ralliement lancé à ce que
l'extrême droite française a toujours produit de pire depuis deux
siècles » ?
Ce qu'il y a de pire dans l'histoire des extrêmes droites,
c'est le national-socialisme... La république est la forme de
gouvernement qui, je crois, rassemble la majorité des Français.
Regardons toutefois la carte de l'Europe, ou, plus précisément, celle
de l'Union européenne : la Belgique est une monarchie, le
Danemark aussi, tout comme l'Espagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, le
Royaume-Uni ou la Suède... Tous ces pays n'en sont pas moins des
démocraties. Autrement dit, la royauté et la démocratie peuvent aller
de pair, même si, évidemment, dans le cas du journal que vous
représentez, la critique de la démocratie est principielle...
D'ailleurs, je crois que c'est aussi la force de la République de
tolérer que soient critiqués les fondements même de nos institutions.
Quel regard portez-vous sur l'Action
française ?
Par rapport à son histoire, évidemment, j'ai des divergences
énormes, qui portent en premier lieu sur l'antisémitisme d'État. En
effet, si jamais cela ne laissait pas entendre qu'il existerait des
Juifs anti-nationaux (ou non nationaux), le terme de juif national
m'irait assez bien : je suis français, je suis patriote, je
suis attaché à mon pays, au modèle civilisationnel qu'il y représente,
y compris dans la période antérieure à 1789 ! Je suis par
ailleurs clairement de cette gauche qui n'oublie pas la Nation.
L'histoire de France est indivisible à mes yeux, et ses racines sont
bien plus lointaines que la Révolution française. Cela dit, j'ai
toujours expliqué que l'Action française ne se résumait pas aux gens
tombés dans la collaboration pro-nazie, que Maurras avait condamnés, et
qui avaient condamné Maurras. D'ailleurs, on redécouvre le rôle des
militants d'Action française dans la Résistance. Toute l'AF ne tient
pas dans la dérive idéologique de Brasillach, Rebatet et quelques
autres. Maurras fait partie du patrimoine intellectuel français. Mais
comme toujours, comme dans la pensée de tous les auteurs – y compris
Voltaire –, on est amené naturellement à retrancher. Sur
l'antisémitisme d'État, les choses ont été faites assez clairement,
notamment par Boutang, assez tôt après la guerre. Incontestablement, on
peut tout dire de Maurras, sauf que c'est un écrivain ou un philosophe
insignifiant.
Publié dans Action française, Islam, Politique | Pas de commentaires