Rama Yade entre souverainisme et libéralisme

24 avril 2016

Avec aussi une petite touche de royalisme...

« Le créneau "ni droite, ni gauche", un temps occupé par le FN [...] paraît faire des émules », et cela « tous azimuts », écrivait Aristide Leucate, dans le dernier numéro de L'Action Française 2000 (21 avril 2016). Voilà que Rama Yade semble confirmer son observation : alors qu'elle vient de se déclarer candidate à l'élection présidentielle, elle se dit « libre d'être de droite, libre d'être de gauche », revendiquant le soutien d'une « coopérative politique » constituée d'une mosaïque de petits partis aux inspirations idéologiques diverses (Alliance écologiste et indépendante, Parti libéral démocrate, Démocratie 21, Rassemblement écocitoyen, Cercle de la Diversité).

Apologie de la tradition

Malicieusement, notre confrère se demandait si les adeptes d'un tel positionnement n'étaient pas des « royalistes latents ». Rama Yade a beau se prétendre« aux antipodes » d'Emmanuel Macron (« je ne représente ni la bourgeoisie d'État, ni les puissances d'argent », clame-t-elle de façon aussi cinglante que mesquine), la question mérite d'être posée à son propos également, comme en témoigne le ton sur lequel elle avait commenté le mariage du prince William et de Kate Middleton : « la tradition, c'est quand même bien, quand elle unit deux jeunes gens et un peuple tout entier », expliquait-elle en avril 2011 ; à ses yeux, « le moment le plus intense (furtif) fut la révérence de Kate, devant la reine Elizabeth qui semblait en avoir vu tellement » ; en effet, remarquait-elle, « il y avait là une transmission, un respect, une soumission devant la tradition, un genre »

Romantisme néo-gaullien

Cela étant, c'est au "peuple", et non au roi, que Rama Yade entend rendre le pouvoir. Son discours ravira les souverainistes, à certains égards du moins. Regrettant naïvement que l'Union européenne ne dispose pas d'un véritable président, elle rappelle, cependant, qu'elle avait voté "non" au référendum de 2005 ; or, dénonce-t-elle, « on n'a pas respecté mon vote », puisque le traité établissant une constitution pour l'Europe est « revenu en 2008 par la fenêtre ». Reprochant à Paris de « se soumettre en permanence à la bureaucratie » de Bruxelles, elle prône « la politique de la chaise vide », donnant en exemple la perfide Albion de David Cameron, mais aussi la Grèce d'Aléxis Tsípras – lequel aurait « su insuffler de la démocratie en Europe ». À l'avenir, réclame-t-elle, chaque élargissement devrait faire l'objet d'un référendum. De son point de vue, « plutôt que de nous soumettre à la mondialisation [...] consumériste », il faudrait que « la France redevienne une puissance médiatrice ». « Extirpée de la famille américaine », celle-ci « parviendrait, avec les symboles, à compenser ce qu'elle a perdu en termes économiques », promet Rama Yade, pour qui « la France n'est pas la France sans la grandeur ».

« Aux Français de dire et faire ! »

Ce romantisme néo-gaullien, mâtine d'accents populistes, se trouve mêlé, chez Rama Yade, à des revendications typiquement libérales. « Aux Français de dire et faire ! », clame-t-elle dans son manifeste. Or, précise-t-elle, « rendre le pouvoir aux Français », c'est, certes, en appeler au référendum, mais aussi « les laisser faire et créer du lien entre eux ». Autrement dit, il s'agirait de « passer de l'État-providence, omnipotent et impuissant, à une société-providence, plus innovante ». Dans cette perspective, « plutôt qu'une économie où les grands groupes, en connivence avec la haute administration, finissent par se couper du tissu économique et social de notre pays », Rama Yade entend promouvoir « une économie du partage qui introduise une concurrence plus juste, libère nos entreprises de l'emprise notamment fiscale de l'État et permette l'innovation ». Aux échecs de Pôle Emploi et de l'Éducation nationale, elle oppose la réussite de quelques initiatives privées citées en exemple.

Candidature sans promesse

« Notre pays compte dans ses rangs des Français extrêmement capables et désireux d'agir », se félicite Rama Yade. Des paroles en l'air ? Peut-être bien. « Parce que la valeur promesse a été disqualifiée, je n'en ferai pas », annonce-t-elle avec une certaine légèreté.  Son inclination à dramatiser les enjeux ne sert pas sa crédibilité : « parce que les Français ont perdu toute confiance, l'élection française de 2017 ne ressemblera à aucune autre », croit elle-deviner. « À situation hors normes, il faut un projet de radicalité », poursuit-elle. Reste à en dessiner les lignes...

En attendant, c'est avec bienveillance, quoique sans illusion, que nous accueillerons tous les discours appelant les Français à reprendre leur destin en main : do it yourself – tel serait notre programme pour 2017 !

2017 : le FN n'y croit pas

8 mars 2016

La preuve par l'euro.

On croyait que le FN mettrait de l'eau dans son vin. Mais non. « Tout le monde au Front national est pour la fin de l'euro et la souveraineté monétaire », continue de marteler Florian Philippot, son vice-président. « Si nous arrivons au pouvoir », a-t-il prévenu dimanche dernier, 6 mars 2016, « il est certain qu'au bout de six mois maximum la France aura une monnaie nationale ».

Que les antifascistes se rassurent : ce faisant, Florian Philippot exclut manifestement toute perspective d'accession au pouvoir à court terme. Dans le cas contraire, c'est bien évident, il se garderait de susciter aussi délibérément la fuite des capitaux qui s'accentuerait au fur et à mesure que Marine Le Pen serait donnée gagnante dans les sondages.

Par souci de l'intérêt national, puisque c'est un patriote, comme chacun sait. Mais aussi par nécessaire calcul. S'il était coupable d'appauvrir la France avant même de prendre les rennes de l'État, le FN en compromettrait précisément la conquête.

Pour ne rien arranger, Florian Philippot promet un référendum sur l'euro ! Les ménages seront-ils privés d'argent liquide le temps que se déroule le nécessaire débat censé éclairer la conscience des citoyens ? La Grèce, voilà le modèle à suivre !

La nationalité en éternel débat

6 janvier 2016
Article publié dans L'Action Française 2000

Déchoir des Français de naissance de leur nationalité : telle est la mesure la plus controversée du projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement.

Tandis que l'exécutif socialiste est accusé d'empiéter sur les plates-bandes du Front national, l'opposition peine à faire entendre sa voix. Ainsi Nathalie Kosciusko-Morizet s'essaie-t-elle à défendre « la cohésion nationale » : « la France se divise sur la déchéance de nationalité », regrette-t-elle sur son blog. 85 % de nos compatriotes seraient pourtant favorables à la révision de la Constitution proposée par le gouvernement, selon un sondage Opinionway pour Le Figaro... Aussi cette question agite-t-elle surtout le pays légal ! L'enjeu apparaît d'autant plus symbolique que bien des dispositions permettent d'ores et déjà de déchoir un Français de sa nationalité.

Nationalité mal acquise

Hervé Mariton, quant à lui, appelle à débattre non pas de la déchéance, mais des conditions d'attribution de la nationalité. Selon lui, « le principe directeur doit être le droit du sang, naturellement enrichi par la vie » – autrement dit, par « la naturalisation ». « Aussi horribles que soient les actes commis par les enfants de France, je souhaite une nationalité qui soit irréfragable, irréversible », a-t-il expliqué au micro de France Inter. « Je souhaite que cette nationalité ne soit pas supposée mal acquise, qu'elle ne soit pas fragile pour les uns, moins fragile pour d'autres », a-t-il poursuivi.

Implicitement, le député de la Drôme semble récuser toute conception contractualiste de la nation. Une conception que nourrit, à certains égards, le projet de loi présenté par le gouvernement. Cela n'a pas échappé à Manuel Valls : accusé de trahir la gauche, le Premier ministre prétend au contraire la servir en défendant une « conception historique ouverte de la nation française, fondée sur l'adhésion à l'idéal républicain et sur la volonté commune de vivre-ensemble ». À l'inverse, s'exprimant sur Facebook, il a rejeté l'idée de « fonder la nationalité [...] sur ce qui par nature ne peut jamais être révoqué ».

Double allégeance

Ce faisant, peut-être croit-il nous rassurer, entretenant, à son corps défendant,  l'illusion que la France pourrait se débarrasser de ses brebis galeuses ? Un anthropologue s'en inquiète dans les colonnes du Monde : « cette proposition de déchéance de nationalité pose le postulat que l'engagement dans le terrorisme ne concerne que les immigrés de confession musulmane », déplore ainsi Dounia Bouzar. Avec quelque maladresse, il semble vouloir exprimer sa préoccupation quant aux conversions soudaines à un islam d'emblée radical. Un symptôme parmi d'autres du mal qui gangrène la France ?

En tout cas, plus encore que le droit du sol (dont l'application s'avère d'ailleurs relative), c'est la double nationalité qui semble mise en accusation. Parmi ses bénéficiaires, beaucoup ont reçu leur seconde nationalité en héritage, par le sang donc ; de ce point de vue, le droit du sol serait effectivement égratigné. Mais d'autres ont pu l'acquérir... À l'image de Gérard Depardieu, par exemple ! Dans quelle mesure les faveurs que lui accorde Vladmiir Poutine affaiblissent-elles les liens qui l'unissent à la France ? Incidemment, les suspicions associées à la critique d'une "double allégeance" pourraient donc faire l'objet d'une timide traduction juridique.

La hantise des apatrides

Il est vrai que le gouvernement n'envisage de retirer leur nationalité qu'à des Français qui demeureraient alors les ressortissants d'un pays tiers. Il n'est pas question de créer des apatrides, martèle-t-on à l'envi. De toute façon, nous dit-on, les engagements internationaux souscrits par la France le lui interdiraient. C'est précisément ce que conteste François-Xavier Berger, dans un article publié par Mediapart. Quoi qu'il en soit, peut-être cette hantise-là reflète-t-elle une conscience plus ou moins confuse des limites d'un certain idéal individualiste. Sur Contrepoints, Nafy-Nathalie rappelle opportunément ces propos d'Hannah Arendt : « Être déchu de sa citoyenneté, c'est être privé de son appartenance au monde. »

COP21 : il n'y a pas de miracle

3 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Regard désabusé sur l'ouverture de la grand-messe du climat.

Le COP21 s'est donc ouverte lundi dernier, 30 novembre 2015. Ce jour-là, près de deux cents États étaient représentés, pour la plupart au plus haut niveau. « Cet événement constituera la plus grande conférence jamais organisée en France depuis la signature de la déclaration universelle des droits de l'homme à Paris en 1948 », avait annoncé le Quai d'Orsay. Tout son réseau avait été mobilisé en conséquence. Y compris à Kaboul, où les poules de l'ambassade de France ont été mises « au service de lutte contre le changement climatique ». Jean-Michel Marlaud, ambassadeur de France en Afghanistan, l'explique très sérieusement dans les Carnets diplomatiques du ministère des Affaires étrangères.

Des poules et des centrales

Ironie mise à part, peut-être l'Exécutif s'inscrit-il dans la tradition d'un certain messianisme français. D'autant que Paris a été le seul à se porter candidat à l'accueil de cette conférence. D'autres considérations s'avèrent plus prosaïques : il pourrait s'agir de donner des gages aux Verts, ou de soutenir l'industrie nucléaire où la France excelle. Mais pourquoi les chefs d'État ou de gouvernement ont-il répondu si nombreux à l'appel ? Sans doute n'ont-ils rien à y perdre. Comme l'explique Carole Mathieu, chercheur à l'IFRI, « l'économie mondiale va nécessairement connaître de profonds changements dans les quinze prochaines années en raison de la croissance de la demande d'énergie et de produits agricoles et forestiers mais aussi de l'essor de la population urbaine » ; or, poursuit-elle, « orienter vers la construction d'une économie sobre en carbone » les investissements nécessaires « serait à peine plus onéreux ».

Aussi François Hollande nous a-t-il promis un accord « universel, différencié et contraignant ». Contraignant ? « La contrainte, ce sera l'engagement international, l'obligation de transparence, l'effet sur la réputation », décrypte la négociatrice française Laurence Tubiana, citée par Sciences et Avenir. Laurent Fabius a beau saluer « l'engagement de grandes autorités spirituelles et religieuses », nulle révolution ne devrait bouleverser la marche du monde à l'issue de cette COP21.

Les abeilles du FN mettent le PS et LR au pied du mur

18 octobre 2015

Menacés par la percée du Front national, les eurodéputés socialistes et Les Républicains cultivent sans vergogne le sectarisme partisan. Cependant, leurs rivaux populistes ne trouvent pas davantage grâce à nos yeux.

Voilà que le Front national appelle l'Union européenne à s'aligner sur les États-Unis ! En cause : l'autorisation donnée par la Commission européenne, en juillet dernier, à la commercialisation du Sulfoxaflor, un pesticide accusé de nuire aux abeilles, interdit outre-Atlantique.

Sylvie Goddyn, député français au Parlement européen, explique avoir « engagé une procédure d'urgence pour faire obstacle à ce produit ». À tort ou à raison, la plupart de ses collègues partagent apparemment sa défiance à l'égard du Sulfoxaflor. Mais il se trouve que Mme Goddyn a été élue sous les couleurs du Front national... Or, « pour les socialistes français », rapporte notre consœur Aline Robert, « la ligne de conduite est très claire : pas question de voter le moindre amendement FN ou de négocier le moindre compromis ». D'ailleurs, loin de s'arrêter en si bon chemin, « le groupe socialiste et démocrate planche [...] sur l'établissement d'une position commune pour éviter qu'un élu de sa formation ne soutienne des amendements du groupe » où siègent les eurodéputés du Front national. « La même initiative a été prise à droite au PPE, où Alain Lamassoure et Françoise Grossetête [...] veulent aussi mettre le sujet sur la table. Il s'agit de convaincre leurs collègues [...] de ne pas voter les amendements FN. »

« Nous ne pouvons pas soutenir des gens qui veulent détruire l'Europe », se justifie le socialiste Guillaume Balas, cité par Euactiv. Comme si le Front national la menaçait en quoi que ce soit... Comme l'expliquait un collaborateur de Contrepoints, « la présence de ces députés opposés à l'UE n'a jamais altéré le fonctionnement de l'UE mais elle leur permet de bénéficier des largesses financières de l'Union européenne » – ainsi que d'une tribune, dont Marine Le Pen a fait un usage particulièrement médiatisé le 7 octobre dernier.

Ce jour-là, on s'en souvient, alors que le président de la République venait de s'exprimer devant le Parlement européen aux côtés du chancelier allemand, la présidente du Front national l'avait affublé du tire de « vice-chancelier administrateur de la province France », l'accusant de « se soumettre aveuglement à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ». Des propos éminemment grotesques : si l'Élysée était effectivement une antenne de la Maison-Blanche, sans doute Paris investirait-il davantage dans sa défense, conformément aux recommandations de l'Otan, par exemple ; et si Bercy rendait des comptes à Berlin, ce n'est pas un tel laxisme qui gouvernerait le budget de l'État !

En tout cas, cela tranche avec l'attitude d'une Marie-France Garaud, qui disait s'interdire de critiquer la politique de son pays hors de ses frontières (1)... C'est à Strasbourg que Marine Le Pen s'est illustrée, nous rétorquera-t-on. Strasbourg, qui se trouve toujours en France donc. Certes, mais qu'est-ce que le Parlement européen ? La représentation plus ou moins légitime de vingt-huit États, ou bien celle d'un improbable peuple européen ? Aux yeux de Paris, rappelons-le, la participation de la France à l'UE relève encore, à bien des égards, de la politique étrangère, comme en témoigne la tutelle du ministre des Affaires étrangères sous laquelle est toujours placé le secrétaire d'État aux Affaires européennes.

Paradoxalement, Marine Le Pen semble vouloir nous faire croire le contraire, se faisant complice d'une propagande européiste. Pas la peine de l'accabler, cependant : elle n'est que le rouage, certes complaisant, d'un système institutionnel qui la dépasse ; de toute façon, un nouvel acteur la remplacerait vraisemblablement dans son rôle si elle avait la décence d'y renoncer... Il n'empêche : si le souverainisme était conséquent, ses tenants n'applaudiraient pas la prestation de l'égérie populiste ; ils dénonceraient plutôt l'existence même du Parlement européen, ou du moins son mode de fonctionnement, où un pareil affrontement, opposant, devant l'Europe entière, la première délégation nationale au chef de l'État, devrait leur paraître insupportable. Mais avec des "si"...

(1) Nous nous souvenons l'avoir entendue revendiquer une telle conduite lors d'un entretien à la radio. En toute rigueur, cependant, sans doute conviendrait-il d'examiner ses interventions au Parlement européen.... Avis aux historiens !

Marine Le Pen participera au prochain "happening" des Femen

1 octobre 2015

Passage en mode "Gorafi".

Marine Le Pen participera au prochain "happening" des Femen. « L'important n'est pas d'où nous venons, l'important est où nous voulons aller ensemble », s'est-elle justifiée, reprenant la formule de Max Gallo soufflée par Florian Philippot.

« Les militantes du mouvement Femen ont fait la preuve de leur courage et de leur lucidité en dénonçant la tenue d'un meeting islamiste à Pontoise, organisé avec la complicité de l'oligarchie politico-médiatique », a expliqué la présidente du Front national. « Elles auraient même toute leur place au sein du Rassemblement Bleu Marine », a-t-elle poursuivi.

Céline Pina sera-t-elle de la partie, elle aussi ? « Elle hésite à se dépoitrailler », regrette Marine Le Pen. « Mais en politique », a-t-elle martelé, « il faut savoir donner de sa personne ». « C'est cela, être une femme d'État », confirme un jeune militant frontiste. « Angela Merkel s'est laissé photographier les seins à l'air. Voyez jusqu'où cela l'a menée... Pour le plus grand bénéfice de l'Allemagne, et le malheur de la France... Marine, c'est un peu la Jeanne d'Arc des temps modernes, elle est de la même trempe que la chancelière ! » Dont acte.

En dépit du différend l'opposant à sa fille, Jean-Marie Le Pen lui-même aurait joué les entremetteurs. « Les Femen vont balader leurs gros nichons dans les églises, mais elles ne vont jamais dans les mosquées ni dans les synagogues », avait-il regretté à l'hiver dernier. En effet, pourquoi les chrétiens seraient-ils les seuls en profiter ? Approchées par le vieux Menhir libidineux – et jalouses, peut-être, de l'intérêt qu'il porte à la sculpturale Nabilla –, les "sextrémistes" lui auront donc prêté une oreille attentive. On comprend mieux, désormais, pourquoi Marine parlait de son père comme de la « petite Femen » du FN : c'était en fait leur ambassadeur !

Les modalités de cette prochaine manifestation "topless" restent tenues secrètes. Au préalable, cependant, Marine Le Pen devrait apparaître à la "une" de Playboy. « Il faut préparer la France à cette vision d'horreur », reconnaît Louis Aliot. Cette précaution suffira-t-elle à tempérer les inquiétudes qui s'expriment au sein du parti ? « On va rendre la France frigide », s'alarme un transfuge des Identitaires, pourfendeur du « grand remplacement ». « C'est encore un coup du funeste Philippot », dénonce un cadre issu de la "veille garde" du FN ; « avec ses potes homos », nous dit-il, « il espère rafler les voix des lesbiennes qui mouillent à la vue des camionneuses ».

« Pas du tout ! », s'insurge Gilbert Collard. « Bien au contraire », précise-t-il, « il s'agit d'un signal envoyé à La Manif pour tous » : « Marine respecte les traditions initiées par sa mère », explique l'avocat ; « c'est l'expression de notre attachement aux valeurs familiales ».

Affaire à suivre.

NB – Les citations de Max Gallo et de Jean-Marie Le Pen sont authentiques, ainsi que celle de Marine Le Pen parlant de la « petite Femen » du FN (ce sont les seules).

Mise à jourLe Monde dit à peu près la même chose que nous : « En s'attaquant frontalement à la religion musulmane, les Femen n'attisent-elles pas la flamme xénophobe du Front national ? », se demande notre consœur Catherine Vincent. L'accès à son article est payant, mais on devine que son propos à elle est à prendre au sérieux – du moins est-il censé l'être !

A priori, les Blancs sont d'une intelligence supérieure

30 septembre 2015

A priori, les Blancs sont d'une intelligence supérieure. La preuve avec Nadine Morano ?

Dans le numéro de L'AF2K bouclé la nuit dernière, à paraître demain (1er octobre 2015), la page centrale est consacrée aux parodies et autres détournements faisant le bonheur des réseaux sociaux... Cela donne des idées !

Au passage, rendons à César... Si Nadine Morano prétend s'inspirer du général De Gaulle, à la faveur d'une citation rapportée par Alain Peyrefitte (et seulement par lui...), peut-être Henry de Lesquen a-t-il contribué à jouer les entremetteurs.

« C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »

Le président de Radio Courtoisie le répète à longueur d'antenne, prenant un malin plaisir à imiter la diction du général De Gaulle !

Mais pourquoi s'obstiner à manier un terme nourrissant tant d'ambiguïtés, sinon dans le but délibéré de les entretenir ? Sans doute les mots ont-il changé de sens. Mais n'en déplaise aux réactionnaires, tout n'était pas mieux avant.

NB – À lire sur le site de Sciences et Avenir : « Le concept de race peut-il s'appliquer aux humains ? »

Macron président !

26 septembre 2015

Des citoyens de gauche comme de droite, issus de toute la France, désireux non pas de battre un parti au profit d'un autre, mais de servir leur pays, s'engagent pour le redressement national.

Pour le redressement national, Macron président !

Trop, c'est trop : ras-le-bol de l'immobilisme et du sectarisme ! De déclarations en déclarations, Emmanuel Macron est devenu le héraut inespéré d'une politique de redressement national.

Il s'en est pris au carcan des trente-cinq heures, et le voilà qui propose d'assouplir les rigidités du marché du travail.

Il ouvre, en fait, la voie vers une société de libertés : accroissement des responsabilités offertes à chacun, réhabilitation de la négociation au sein des entreprisses, nouvelles perspectives d'emploi...

Faut-il énumérer, outre les trois cent huit articles de sa loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, les plus notables de ses déclarations rompant avec l'immobilisme et le sectarisme ?

En octobre 2013, dans un entretien à Mediapart, il invite à « revisiter un des réflexes de la gauche, selon lequel l'entreprise est le lieu de la lutte des classes et d'un désalignement profond d'intérêts » ; constant que « la société statutaire où tout sera prévu va inexorablement disparaître », il appelle à réagir en conséquence, afin de donner « la possibilité aux individus de faire face, même aux coups durs ».

En janvier 2015, dans un entretien aux Échos, tandis que les professionnels de la politique se satisfont manifestement du chômage de masse, incitant la population à la résignation, il déclare qu'« il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires ».

En juillet 2015, dans un entretien à l'hebdomadaire Le 1, il observe qu'« il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent » ; « dans la politique française », explique-t-il, « cet absent est la figure du roi » dont il « pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort ».

Sans parler de sa dernière sortie, aussi courageuse qu'inattendue, sur le statut de la fonction publique...

Bravo, mille fois bravo ! Des ministres ont été écartés pour bien moins que cela. La démagogie passéiste n'est plus supportable. Si l'on veut sauver la France du désastre, il faut s'appuyer sur Macron. Si l'on veut dépasser les clivages partisans, cela peut se faire avec l'aide de Macron.

Nous appelons à ce qu'il reste au gouvernement, qu'il en prenne même la direction, puis qu'il succède au président de la République à la tête de l'État. Ce serait "le" signal positif, indispensable, pour enfin changer durablement de cap, revenir à des positions saines pour toute la France.

Pour la France, Macron président !

Source : www.macron-president.fr (il s'agit d'une réponse au manifeste appelant à la démission d'Emmanuel Macron apparu quelques heures plus tôt).

Désinformation : Marine Le Pen instrumentalise Vincent Lambert

24 juillet 2015

Marine Le Pen laisse entendre que l'Europe imposerait à la France d'interrompre les soins dispensés à Vincent Lambert – un mensonge flagrant.

Marine Le Pen vole « au secours de Vincent Lambert », annonce Nouvelles de France. « Le débat consistant à s'interroger sur le droit de tuer quelqu'un, de tribunaux en tribunaux et de journaux télévisés en journaux télévisés, est épouvantable », aurait déclaré, jeudi dernier, 23 juillet 2015, la présidente du Front national, comme le rapportent nos confères du Figaro.

Et d'ajouter : « Un pays doit pouvoir conserver sa liberté totale, notamment dans ce domaine, et n'a pas à se soumettre aux exigences, y compris de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Surtout quand cette cour ne semble pas avoir le souci véritable de défendre Vincent Lambert. »

Or, en l'espèce, que dit la CEDH ? Sa décision, rendue le 5 juin dernier, stipule « qu'il n'y aurait pas violation » de la Convention européenne des droits de l'homme « en cas de mise en œuvre de la décision du Conseil d'État autorisant l'arrêt des soins» (voir le résumé de l'affaire proposé par Wikipédia). Autrement dit, il s'agit plus ou moins d'un blanc-seing donné à la justice française !

Bref, contrairement à ce qu'insinue Mme Le Pen, en dépit de ses engagements internationaux, la France est libre d'instruire cette affaire comme elle l'entend.

L'Europe a bon dos !

Jean-Yves Camus : « Il est d'autant plus question de République depuis que se pose la question de la radicalité islamiste en France »

16 juillet 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Observateur attentif des droites radicales, Jean-Yves Camus est politologue, chercheur associé à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques).

« Protéger les jeunes du risque d'endoctrinement anti-républicain » : tel était l'objet du séminaire organisé par France Stratégie (le "laboratoire d'idées" du gouvernement, héritier du Commissariat général au Plan), auquel vous avez participé le jeudi 2 juillet 2015. Les royalistes étaient-ils visés ?

Cette formulation émane d'une administration. Or, mon regard est celui d'un universitaire. Sur la forme républicaine du gouvernement, chacun a son opinion, mais je crois, honnêtement, que le coup de force n'est pas pour demain. Que l'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, le sujet, aujourd'hui, ce n'est pas le mouvement royaliste ! Ce qui importe, c'est de regarder les mouvements qui posent un danger pour la sécurité intérieure et extérieure de la France. Au cours de cette réunion, 80 % des discussions ont donc porté sur l'islamisme. L'interdiction des mouvements comme le vôtre serait absurde. De toute façon, l'objet des discussions n'était en aucun cas d'évoquer des mesures de répression : seul le gouvernement peut décider de mesures de dissolution, qui ne pourraient en aucun cas supprimer une école de pensée.

Intervenant en tant que « spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe », vous avez pris la parole aux cotés de la directrice générale du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam. L'extrême droite et l'islamisme représenteraient-ils un danger commun pour les institutions ou la société, comme le suggère la dénonciation de « l'islamo-fascisme » ? Y aurait-il des points communs, voire des passerelles, entre l'islamisme et les droites radicales ?

L'islamo-fascisme est un concept parfaitement creux, dont l'emploi peut, à la rigueur, permettre à des publicistes de "clasher" dans les débats télévisés, mais scientifiquement, il ne tient pas. Cela étant, il y a effectivement des points de convergence entre tel ou tel groupuscule – je dis bien groupuscule – d'ultra-droite et les discours délirants qu'on peut trouver chez les salafistes radicaux : sur le complot international, le rôle caché de tel ou tel groupe de pression qui dirigerait le monde en tenant les ficelles... Il y a également quelques cas rarissimes – on doit les compter sur les doigts de la main – de gens qui, tout en ayant eu un engagement à l'ultra-droite, sont passés ensuite à un engagement islamiste. Mais aujourd'hui, le problème qui se pose, ce sont les conversions, pas les passages de l'ultra-droite au salafisme !

La République est sur toutes les lèvres, comme en témoignent l'organisation de ce séminaire ou le changement de nom de l'UMP. Son invocation ne serait-elle pas le paravent "politiquement correct" d'une certaine "islamophobie" ?

Je fais partie des gens qui utilisent le terme d'islamophobie. Je n'en ai jamais nié la pertinence lorsqu'il s'agissait de parler d'une forme de détestation de l'islam qui constitue, au sens clinique, une phobie. Quand on a une phobie de l'islam et des musulmans, sans se demander si les gens se définissent eux-mêmes comme musulmans, ni s'ils sont totalement intégrés à la Nation française, quand on part du principe que tous les musulmans forment une cinquième colonne dans la République, alors on est un islamophobe. Cela étant, le terme est parfois aussi utilisé pour entraver la liberté que l'on doit avoir de questionner l'islam, de critiquer l'islam, comme on peut également questionner et critiquer le catholicisme, le judaïsme, tout type de croyance philosophique et religieuse. Je ne dirai pas que l'invocation de la République sert de paravent à l'islamophobie. Cependant, il est d'autant plus question de République, d'une façon parfois un peu totémique, depuis que se pose la question de la radicalité islamiste en France, et qu'une interrogation réelle se fait jour sur la place qu'on doit donner à l'islam dans notre pays.

« En Europe occidentale », expliquiez-vous à L'Humanité en 2012, « les populismes d'extrême droite ont réussi à détourner le logiciel idéologique de la gauche sur les questions sociétales ». Qu'en est-il du Front national ? Sa critique relativement mesurée du "mariage pour tous" participe-t-elle de ce phénomène ? Par ailleurs, Marine Le Pen aurait-elle rompu avec son père parce que l'antisémitisme ne lui semblerait plus rentable ?

Tout ce mouvement-là est lié à la question de l'islam : défense des homosexuels dans leurs droits en tant que minorité, parce qu'on explique que, dans les pays d'islam, ils n'ont aucun droit, et qu'ils sont menacés ici même par la montée du fondamentalisme musulman ; défense des femmes, parce que l'islam les opprime et les force à porter le voile ; défense de la laïcité, parce que l'islamisme cherche à la détruire ; réappropriation de toutes les valeurs sociétales qui étaient portées auparavant par la gauche, parce que certains milieux laïcs considèrent qu'aujourd'hui, il y a, dans les pays européens un nouveau totalitarisme qui s'exprime, le totalitarisme islamiste. On vient défendre les libertés individuelles, les libertés des minorités, contre ce totalitarisme-là. C'est vrai à ce point que Pim Fortuyn et Geert Wilders ont pris aussi la défense des Juifs des Pays-Bas, dont ils expliquent qu'ils sont menacés par le totalitarisme islamiste, ce qui n'était quand même pas l'optique dominante à l'ultra-droite il y a encore quelque temps... Que l'évolution du Front national s'inscrive dans la même logique, cela ne fait aucun doute. Mais il faut être très clair : l'antisémitisme, électoralement, cela n'est pas rentable du tout ! D'ailleurs, cela n'est pas davantage rentable que le supposé vote juif. Une étude de Jérôme Fourquet (Ifop) sur « les votes juifs » montre combien il est statistiquement insignifiant et divers.

« La France n'est pas que la République », a déclaré Marion Maréchal-Le Pen, dans un entretien à la revue Charles. Pensez-vous, comme l'annonce Bruno Roger-Petit dans Challenges, qu'il s'agisse d'« un cri de ralliement lancé à ce que l'extrême droite française a toujours produit de pire depuis deux siècles » ?

Ce qu'il y a de pire dans l'histoire des extrêmes droites, c'est le national-socialisme... La république est la forme de gouvernement qui, je crois, rassemble la majorité des Français. Regardons toutefois la carte de l'Europe, ou, plus précisément, celle de l'Union européenne : la Belgique est une monarchie, le Danemark aussi, tout comme l'Espagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou la Suède... Tous ces pays n'en sont pas moins des démocraties. Autrement dit, la royauté et la démocratie peuvent aller de pair, même si, évidemment, dans le cas du journal que vous représentez, la critique de la démocratie est principielle... D'ailleurs, je crois que c'est aussi la force de la République de tolérer que soient critiqués les fondements même de nos institutions.

Quel regard portez-vous sur l'Action française ?

Par rapport à son histoire, évidemment, j'ai des divergences énormes, qui portent en premier lieu sur l'antisémitisme d'État. En effet, si jamais cela ne laissait pas entendre qu'il existerait des Juifs anti-nationaux (ou non nationaux), le terme de juif national m'irait assez bien : je suis français, je suis patriote, je suis attaché à mon pays, au modèle civilisationnel qu'il y représente, y compris dans la période antérieure à 1789 ! Je suis par ailleurs clairement de cette gauche qui n'oublie pas la Nation. L'histoire de France est indivisible à mes yeux, et ses racines sont bien plus lointaines que la Révolution française. Cela dit, j'ai toujours expliqué que l'Action française ne se résumait pas aux gens tombés dans la collaboration pro-nazie, que Maurras avait condamnés, et qui avaient condamné Maurras. D'ailleurs, on redécouvre le rôle des militants d'Action française dans la Résistance. Toute l'AF ne tient pas dans la dérive idéologique de Brasillach, Rebatet et quelques autres. Maurras fait partie du patrimoine intellectuel français. Mais comme toujours, comme dans la pensée de tous les auteurs – y compris Voltaire –, on est amené naturellement à retrancher. Sur l'antisémitisme d'État, les choses ont été faites assez clairement, notamment par Boutang, assez tôt après la guerre. Incontestablement, on peut tout dire de Maurras, sauf que c'est un écrivain ou un philosophe insignifiant.