Marine Le Pen trahie par ses amis

18 avril 2014

Quand les partenaires du FN l'accusent implicitement d'œuvrer contre l'intérêt de la France.

Tout comme leurs prédécesseurs à Matignon et l'Élysée, Manuel Valls et François Hollande seraient les serviteurs non seulement dociles, mais zélés, de Berlin et Washington, nous répète-t-on à longueur de journée.

Cette conviction de souffrir des élites perverses, qui agiraient délibérément contre l'intérêt de leur propre pays, n'est pas propre aux souverainistes français. Pour la Ligue du Nord sévissant de l'autre côté des Alpes, par exemple, « l'Union européenne serait ainsi la "propriété des Allemands, des Français et des grands financiers" », comme le rapporte une note de la Fondation Robert Schuman.

Or, le parti sécessionniste italien figure parmi les partenaires privilégiés... du Front national.

En toute logique, donc, si la Ligue du Nord accepte de collaborer avec le FN, c'est précisément dans le but de servir Rome aux dépens de Paris.

Autrement dit, selon ses propres amis, Marine Le Pen serait l'incarnation hexagonale du "parti de l'étranger".

CQFD.

« Dire non à l'Union européenne mais oui à ses sièges ? »

18 avril 2014

À l'approche des élections européennes, Contrepoints publie une analyse signée Tmatique à laquelle nous souscrivons dans une très large mesure. Extraits.

« Quels que soient les avis sur le fonctionnement ou les attentes de l'Union européenne, le soit-disant diktat de Bruxelles n'est qu'un fantasme entretenu par des partis politiques qui se servent de l'ignorance de leurs électeurs pour obtenir les voix qui leur font défaut dans leur ascension au pouvoir », résume Tmatique. Plus précisément, « le diktat de Bruxelles n'est qu'un recours à un responsable imaginaire qui les dédouane de véritables solutions économiques et politiques pour la France, voire d'un bon diagnostic sur la situation de la France ».

Par conséquent, « dire "non" à Bruxelles n'est qu'un raccourci vide de sens qui cache d'autres ambitions ». En effet, « la présence de ces députés opposés à l'UE n'a jamais altéré le fonctionnement de l'UE mais elle leur permet de bénéficier des largesses financières de l'Union européenne ».

De toute façon, « lors de ces élections européennes, le débat pour ou contre l'UE n'a pas lieu d'être car ce ne sont pas les députés européens qui peuvent faire sortir un pays de l'UE ». Autrement dit, « vouloir lier ces élections de députés européens à des élections législatives en France c'est usurper l'expression "républicaine" qu'ils défendent,  par la remise en cause de la légitimité des députés nationaux déjà élus ». En définitive, conclut Tmatique, « voter pour des députés pique-assiettes c'est une acceptation de l'immobilisme, pas un rejet ».

Goldorak vs Belkacem

17 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Un personnage jugé jadis chevaleresque risquerait fort, aujourd'hui, d'être vilipendé pour "sexisme". Au point d'être censuré à la télévision et même sur la Toile ? C'est en tout cas le projet du gouvernement.

Étant donné ses appels répétés à traiter hommes et femmes sur un pied d'égalité, Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, ne devrait pas nous reprocher de révéler son âge : elle a trente-cinq ans. Comme toute une génération, sans doute a-t-elle grandi avec Dorothée, suivant les aventures de Candy quand d'autres, dont nous étions, vibraient aux exploits de Goldorak - un dessin animé culte dont un premier volume est enfin disponible en DVD depuis le mois dernier (juin 2013).

Actarus et les femmes

Nostalgie mise à part, un épisode a plus particulièrement retenu notre attention : le neuvième, où Vega menace de détruire la planète Concordia si l'une de ses habitantes, le commandant Euridie, échoue à détruire Goldorak lors d'une mission suicide. Son vaisseau s'étant écrasé, le prince Actarus s'en approche dans l'espoir de faire un prisonnier. Découvrant l'identité du pilote, il est saisi d'effroi : « Une femme ! Je n'aurai jamais le courage de l'obliger à parler », s'exclame-t-il. L'accueillant parmi les siens, il l'invite à porter la robe que lui prête Venusia : « je ne veux pas voir d'uniforme militaire, surtout sur une femme », lui explique-t-il. De quoi donner la nausée à Mme Vallaud-Belkacem, au cas où elle se risquerait à revoir Goldorak, du moins en version française. Si l'on en croit les sous-titres proposés par AB vidéo sur la version originale, en effet, l'homologue japonais d'Actarus se montre plus réservé, quoique tout aussi prévenant.

Prononcées aujourd'hui à la télévision, a fortiori à l'intention du jeune public, ces paroles provoqueraient la réaction virulente des officines féministes. Pour preuve, un collectif vient de prendre à partie Thierry Pflimlin, le patron de l'audiovisuel public, après qu'eut été diffusé sur France 2, le 9 juillet, le deuxième épisode de "Qui sera le prochain grand pâtissier ?". Au cours de cette émission, les téléspectateurs auraient subi « un florilège incroyable de propos sexistes », selon une quarantaine d'associations. « À l'heure où France Télévisions s'engage pour l'égalité femmes-hommes dans ses programmes », leurs responsables jugent « curieux – pour ne pas dire fatigant, énervant, révoltant – d'entendre, en prime time, des phrases d'une bêtise aussi crasse que "les petites filles aiment les coccinelles et les petits garçons les dinosaures, les trucs bruts de décoffrage" ou encore que les femmes auraient des compétences particulières pour réaliser des gâteaux ». De leur point de vue,« ce genre d'inepties fige dans le marbre les stéréotypes et les préjugés, qui sont à la racine des inégalités ».

Le CSA nous surveille

Cette conviction semble partagée par le gouvernement, qui a présenté, le 3 juillet, un projet de « loi cadre sur l'égalité femmes-hommes ». Entre autres dispositions, ce texte prévoit d'étendre les compétences du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) afin qu'il « assure le respect des droits des femmes dans le domaine de la communication audiovisuelle ». Le CSA devrait veiller, d'une part, « à une juste représentation des femmes dans les programmes des services de communication audiovisuelle » et, d'autre part, « à l'image des femmes qui apparaît dans ces programmes, notamment en luttant contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein des couples ». Sous son contrôle, les chaines hertziennes devraient même contribuer « à la lutte contre les préjugés sexistes et les violences faites aux femmes en diffusant des programmes relatifs à ces sujets ». Un retour à la télévision d'État ?

La Toile n'est pas en reste, comme le souligne Marc Rees, rédacteur en chef de PC Impact. Si le projet était adopté en l'état, la loi obligerait les "intermédiaires techniques" à lutter activement contre le "sexisme" et l'"homophobie". Plus concrètement, explique notre confrère, « si dans un forum ou sur un réseau social, un internaute se lance dans ce genre de discours sexistes avec quelques propos fleuris appelant à la discrimination, l'hébergeur devra impérativement dénoncer ces contenus aux autorités dès lors que ceux-ci lui auront été signalés par un individu ».

Alors, Goldorak est-il bon pour la casse ? On ne reprochera pas aux pouvoirs publics d'annoncer, par ailleurs, une protection accrue des femmes victimes de violences conjugales. Reste une question posée incidemment par Actarus : son refus de porter la main sur une femme, mais aussi son aversion à la voir prendre les armes, ne relèveraient-ils pas d'une même inclination ? Le cas échéant, l'égalité, agitée à tout va, serait une piètre parade aux souffrances dont s'inquiète, légitimement, le porte-parole du gouvernement.

Le populisme à la fête

23 avril 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Une vague populiste est-elle en train de submerger l'Europe ? Sous la pression de mouvements émergents, les partis de gouvernement infléchissent leurs politiques.

Il y a le feu dans la maison Europe, s'inquiète Gérard Grunberg, directeur de recherche au CNRS. « C'est l'ensemble des élites politiques européennes favorables à l'intégration européenne qui [...] sont immobiles, voire pétrifiées, face à la marée populiste montante », déplore-t-il sur Telos. De fait, selon un sondage Harris Interactive pour LCP, un nombre croissant de Français jugeraient que Marine Le Pen « ferait une bonne présidente de la République ». Par ailleurs, dimanche dernier, 14 avril, s'est tenu le congrès fondateur d'Alternative pour l'Allemagne, un parti prônant « une dissolution ordonnée » de l'Union économique et monétaire - autrement dit, le retour au mark. Bien que la défiance à l'égard de l'euro semble faiblir outre-Rhin, et quoique Angela Merkel bénéficie d'une popularité record, ce nouveau venu pourrait rafler quelques voix à la CDU-CSU lors des élections législatives programmées en septembre, perturbant quelque peu le jeu politique.

Partout en Europe...

À l'image du Mouvement 5 étoiles (M5S) de l'autre côté des Alpes ? Celui-ci compte des militants parmi les Italiens expatriés en Allemagne, comme le rapporte le magazine Cicero, cité par le Courrier international. « Quand il n'y aura plus de politiciens professionnels au Parlement, mais qu'il y aura seulement des membres de la société civile, qui ne s'inscrivent que pour un temps déterminé dans les institutions, le M5S ne sera plus nécessaire », assure l'un d'entre eux. De là à proposer l'institution d'une représentation organique de la nation, il n'y a qu'un pas. En France, les royalistes l'ont franchi de longue date !

« Sans un sursaut politique au niveau européen, les partis de gouvernement seront amenés, chacun dans son pays, à tenir compte de la poussée populiste et à atténuer leur discours pro-européen », prévient encore M. Grunberg. N'est-ce pas déjà le cas ? La crise aidant, la fraternité universelle n'a plus la cote. La hantise du plombier polonais suscitait jadis quelque suspicion morale. Mais aujourd'hui, à Paris, un chantre de la "démondialisation" siège au Conseil des ministres, vilipendant Chinois, Coréens et autres envahisseurs responsables du déclin français. À Madrid, le gouvernement entend restreindre les conditions d'obtention de la nationalité espagnole. À Copenhague, on somme les chômeurs étrangers d'apprendre le danois, sous peine de réduire leurs indemnités.

Le cas britannique

À Londres, enfin, « le chancelier de l'Échiquier, George Osborne s'est publiquement demandé, à propos d'un homme vivant de l'aide sociale et reconnu coupable d'avoir provoqué l'incendie qui a causé la mort de ses six enfants : "Pourquoi l'État devrait-il soutenir des gens comme Philpott ?" » Selon The Daily Telegraph, cité par le Courrier international, « Osborne est applaudi par ses alliés tories mais accusé par le Labour "d'exploiter cyniquement les crimes de Philpott pour faire passer sa réforme controversée" ».  Les grandes lignes en ont été présentées le 25 mars par le Premier ministre David Cameron, dont le projet vise à réduire l'immigration des ressortissants de l'Espace économique européen. « Plusieurs mesures ont été mises en avant et notamment la fin du versement de l'aide perçue par un immigré au chômage au bout de six mois s'il n'a aucune perspective d'emploi, ainsi que la restriction des droits des immigrés en matière d'aide au logement et d'accès au système de santé », rapporte la Fondation Robert Schuman.

Voilà seulement quelques années, l'Europe entière aurait crié au scandale ! Reste à savoir comment cette pression populiste se conjuguera aux facteurs économiques... « Un détricotage de la zone euro, puis de l'Union européenne elle-même, risque [...] de s'opérer », prévient  Gérard Grunberg. Affaire à suivre.

Cacophonie islamophobe

7 mars 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Une proposition de loi a été déposée à l'Assemblée nationale afin d'interdire « le financement par des États étrangers des cours d'arabe donnés en France ».

Son auteur, Damien Meslot, député UMP de Belfort, déplore que « dans certains quartiers sensibles, des cours d'arabe, financés par des réseaux occultes venant de l'étranger, prodiguent des enseignements dont le contenu véhicule des messages extrémistes ». Lesquels constitueraient, selon lui, « des appels aux troubles de l'ordre public ».

Son argumentation nous apparaît quelque peu bancale. En effet, si ces cours constituaient effectivement « un danger pour la sécurité de notre territoire national », pourquoi faudrait-il les interdire au regard de leur financement, et non de leur nature même ? Quant à la volonté de préserver la France de l'influence étrangère, elle n'est pas manifeste, le texte proposé visant seulement à la protéger des États « non partie à la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». Autrement dit, Washington et Ryad seraient affectés, mais pas Berlin et Ankara, par exemple.

Aussi cette proposition de loi relève-t-elle, à nos yeux, du pur affichage. De fait, la hantise de l'islam se prête à la démagogie tout autant que son apologie. En outre, si ce texte devait être examiné par l'Assemblée, celle-ci se trouverait confrontée à deux écueils. D'une part, elle devrait s'inquiéter des réactions internationales, et notamment des représailles susceptibles d'entraver la "diplomatie d'influence" mise en œuvre par la France, forte d'un vaste réseau d'enseignement à l'étranger. D'autre part, elle risquerait de museler la liberté d'expression à nos propres dépens. En effet, tandis qu'il fustige l'islamisme. M. Meslot pointe « des messages contraires aux valeurs de la République ». Si bien que les royalistes pourraient être les premiers à faire les frais de sa politique... Prudence !

Depardieu et le fait du prince

16 janvier 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Décidé à collectionner les nationalités, sinon à les troquer, Gérard Depardieu joue les nomades dans un monde toujours façonné par les rivalités d'États souverains.

À la faveur du différend l'opposant à Jean-Marc Ayrault, Gérard Depardieu n'a pas cessé de le marteler : « je suis un citoyen du monde », a-t-il encore déclaré début janvier (2013), alors qu'il venait de recevoir un passeport russe des mains du président Vladimiir Poutine. « Il montre effectivement que grâce à la mondialisation nous sommes, dans une certaine mesure, libres d'échapper à la main lourde d'un État », s'est félicité Emmanuel Martin, dans un billet publié par l'Institut Turgot, arguant que « la concurrence institutionnelle, et particulièrement la concurrence fiscale est une composante essentielle de notre liberté ». De fait, constate Élie Cohen, « l'accumulation de taxes nouvelles sur le capital au moment de sa formation, de sa détention, de sa transmission, et de sa distribution n'est pas soutenable à long terme dans une économie ouverte ». De ce point de vue, souligne-t-il sur Telos, « Gérard Depardieu met le doigt sur les contradictions européennes de nos gouvernants ».

Citoyen du monde ?

Mais bien qu'il se proclame « citoyen du monde », Gérard Depardieu n'en est pas moins réduit à se placer sous la juridiction d'un État, comme tout un chacun, quoique son aisance financière lui procure quelque facilité quand il s'agit de solliciter sa protection, et non d'en hériter par naissance. En cela, il ferait plutôt figure de nomade. Un nomade au déracinement somme toute relatif. « J'ai un passeport russe, mais je suis français », a-t-il également proclamé, nuançant ses propos précédents. Amateur de bonne chère, souvent aigri mais volontiers débonnaire, il « fait partie de notre patrimoine cinématographique », comme l'a observé Mme Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication. Qu'il le veuille ou non, l'interprète d'Obelix incarne la France aux yeux du monde.

Paradoxalement, c'est vraisemblablement la raison pour laquelle il a été accueilli si chaleureusement en Russie. On a beau vivre dans un village global, les États continuent de se tirer dans les pattes. « L'intelligence économique [...] de Vladimir Poutine est une démonstration concrète de la façon de saisir des opportunités pour affaiblir une nation », souligne un contributeur de l'Alliance géostratégique (AGS). « Et peu importe les déclarations diplomatiques de rose et de miel quand les faits illustrent que les nations dites "amies" sont néanmoins concurrentes avec leurs intérêts propres à promouvoir et à développer. »

Souveraineté

Dans ces conditions, « ce passeport est moins un document juridique qu'un symbole », comme le remarque Yannick Harrel, lui aussi contributeur de l'AGS. C'est pourquoi on ne s'attardera pas sur la faculté, pour Gérard Depardieu, de bénéficier effectivement d'une double nationalité franco-russe, en dépit des doutes planant à ce sujet. Par ailleurs, à supposer qu'il souhaite à nouveau se défaire de sa nationalité française - « je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale », avait-il déclaré à l'intention de Jean-Marc Ayrault - il lui faudrait engager des démarches sans trop tarder, et justifier d'une résidence effective à l'étranger. Autrement dit, sa nationalité dépend du bon vouloir de l'État – c'est-à-dire, selon les cas, des dispositions du droit ou des largesses du prince.

« C'est donc l'État souverain qui décide qui est un de ses nationaux. C'est sans doute l'expression la plus pure de sa souveraineté, car elle ne suppose pas l'accord d'un autre État », selon Me Eolas, l'animateur du Journal d'un avocat. Mme Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, ne s'y est pas trompée : « c'est le pouvoir discrétionnaire de Vladimir Poutine d'offrir la nationalité russe à qui il l'entend », a-t-elle observé, se refusant à tout autre commentaire sur BFM TV.

« Quand un citoyen français a une autre nationalité, deux souverainetés se heurtent, et aucune ne peut l'emporter », explique Eolas. « L'autre État a tout autant que la France le droit de décider qui sont ses ressortissants, et le législateur français n'a aucun pouvoir pour limiter la transmission de cette autre nationalité. Qui n'est tout simplement pas son affaire. » Tout au plus la France pourrait-elle « s'attaquer aux Français par acquisition », selon notre avocat. « Ceux-là devraient, pour pouvoir acquérir la nationalité française, renoncer préalablement à leur nationalité d'origine. Et on se casse à nouveau les dents sur la souveraineté des États étrangers. Quid si l'État en question ne prévoit pas la possibilité de renoncer à cette nationalité ? [...] On aura des enfants nés en France, y ayant grandi, voire y passant toute leur vie, mais qui ne seront jamais Français à cause d'une loi votée dans un autre pays. Tandis que son voisin, lui, aura la nationalité française dès l'âge de treize ans. En somme, la nationalité française dépendra de la loi d'un État étranger. » C'est dire la prudence avec lequel devra manœuvrer le législateur, si d'aventure il se décide à bannir la double nationalité.

Marine Le Pen n'est pas une girouette !

6 janvier 2013

Plaidoyer récréatif en faveur de l'égérie populiste.

Scandale dans la blogosphère néo-frontiste ! Marine Le Pen n'ira pas manifester, le 13 janvier prochain, contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe. L'égérie populiste serait coupable de sacrifier la famille sur l'autel de quelque calcul politicien, lit-on ici où là. C'est traiter bien injustement celle qui continue d'incarner, contre vents et marées, l'espoir du redressement national.

Aujourd'hui comme hier, en effet, la priorité demeure de renverser l'UMPS, ce syndicat d'oligarques menant le pays à sa perte. Politique d'abord ! Dans cette optique, la "manif pour tous" doit être analysée pour ce qu'elle est : à savoir, une funeste opération d'enfumage, téléguidée comme toujours depuis Bruxelles et Washington. D'ailleurs, ses organisateurs cachent mal leur jeu : les sympathies de Frigide Barjot à l'endroit des invertis donnent à réfléchir ; pour bénéficier d'une telle couverture médiatique, ne faut-il pas en être, d'une façon ou d'une autre ? Seuls des naïfs peuvent l'ignorer : le Système (avec une majuscule SVP) ne se divise que pour mieux régner. Dans le cas présent, il entretient sciemment l'illusion d'une opposition entre PS et UMP, donnant à croire qu'une alternance est possible dans notre démocratie dont les acteurs sont, en réalité, les marionnettes d'une superclasse mondiale à la solde du capitalisme apatride.

Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Marine Le Pen avait renvoyé dos à dos chacun des deux finalistes sélectionnés par les médias aux ordres. À l'époque, il n'était pas question de préférer François Hollande à Nicolas Sarkozy au motif que celui-là brouillerait plus certainement que celui-ci les repères de la filiation. Qu'on se le dise : Marine Le Pen est d'une autre trempe que les girouettes qui nous gouvernent ! Elle n'est pas du genre à retourner sa veste au moindre mouvement de foule canalisé par des services préfectoraux pour le moins complaisants... Marine Le Pen  a l'étoffe d'une femme d'État, lucide dans son jugement, ferme dans ses convictions, déterminée dans son action. L'amour de la France, voilà son unique passion ! Hélas, jusqu'au sein de son propre parti, les suppôts du mondialisme redoublent d'efforts pour la faire trébucher. Ces traitres seront châtiés comme tel le jour la France, la vraie, retrouvera ses droits. En attendant, la nouvelle Jeanne d'Arc résiste admirablement aux terribles pressions qui s'abattent sur elle. Bravo Marine ! De ton obstination à rester en marge d'une manifestation dépend évidemment l'avenir de la France, sinon celui de la planète voire de l'univers tout entiers.

La démocratie en péril ?

4 octobre 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

À la faveur, d'une part, des débats de société et, d'autre part, des défis lancés par la crise économique, hommes d'église, politologues et journalistes se risquent à critiquer un régime politique que l'on croyait inattaquable.

La démocratie a-t-elle encore la cote ? Du moins la critique-t-on plus volontiers que par le passé. D'abord dans l'Église. Ainsi Benoît XVI a-t-il jugé « évident », le 22 septembre 2012, devant le Bundestag, « que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la dignité de l'homme et de l'humanité, le principe majoritaire ne suffit pas ». Deux jours plus tard, alors que Jean-Michel Apathie l'interrogeait sur RTL à propos du mariage des homosexuels, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a tenu un discours similaire : « il n'est pas sain de mettre aux voix » la distinction du bien et du mal, a-t-il déclaré.

Érosion progressive

Outre-Rhin, le politologue Herfried Münkler analyse, quant à lui, l'« érosion progressive » qui affecterait la démocratie parlementaire. Le Courrier international s'est fait l'écho de ses interrogations publiées par le Spiegel. « Pourquoi la crise actuelle devrait-elle signifier le début de la fin de ce modèle politique ? », se demande-t-il. « N'est-ce pas qu'un moment difficile à passer, auquel succédera à nouveau une période florissante du système, rôdé et éprouvé, de la démocratie parlementaire ? Un élément ne plaide pas en ce sens : l'impossible synchronisation des rythmes économique et politique. La Bourse et les banques dictent le rythme des décisions et les parlements courent derrière elles. Ce phénomène n'est pas seulement une conséquence de la mondialisation, mais aussi un effet de l'accélération des communications et des nouvelles technologies de l'information. Les autorités politiques sont tellement sous pression que le gouvernement place en permanence le Parlement devant le fait accompli. Non seulement celui-ci se contente d'approuver ce que l'exécutif a annoncé sous la pression de la Bourse et des agences de notation, mais l'Union européenne et l'euro, qui en tant que remparts supranationaux auraient dû faire barrage à l'autonomisation des marchés, contribuent au contraire à la marginalisation des parlements nationaux, dans la mesure où les chefs de gouvernement prennent les décisions à Bruxelles et exhortent les élus à ne pas les contester sous peine de faire accourir les spéculateurs financiers. »

Apologie des pleins pouvoirs

La situation n'a pas échappé à Henri Pigeat. Intervenant lundi dernier, 1er octobre, au micro de BFM Business, l'ancien président de l'AFP n'a pas mâché ses mots. De son point de vue, l'Italie doit être montrée en exemple pour avoir réalisé, depuis un peu moins d'un an, plus de réformes que la France durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Or, ce succès tiendrait au fait que le gouvernement de Mario Monti disposerait, en quelque sorte des « pleins pouvoirs sous contrôle ». En France, soutient Henri Pigeat, « toutes les réformes récentes [...] ont été réalisées avec des gouvernements de pleins pouvoirs ». Dans les démocraties, déplore-t-il, « il y a toujours des intérêts particuliers qui vont s'opposer à l'intérêt général ». Selon lui, il faut « faire en sorte que les choses qui doivent être réglées d'urgence le soient effectivement ». Sinon, prévient-il, « nous allons butter sur une crise beaucoup plus grave que la situation actuelle et il faudra faire les réformes sous l'autorité de la Banque centrale européenne, du FMI et d'autres autorités extérieures ». Alors, "politique d'abord" ?

Petit joueur !

5 septembre 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Du bonheur en république...

Bravant l'adage populaire, selon lequel « l'argent ne fait pas le bonheur », Éric Straumann, député UMP du Haut-Rhin, s'est illustré, pendant l'été 2012, dans un entretien accordé au Figaro. À cette occasion, il s'est insurgé contre le montant faramineux atteint par la cagnotte de l'Euro Millions : 190 millions d'euros ! Selon lui, il conviendrait de légiférer de façon à limiter les gains à 30 millions d'euros, quitte à partager la somme mise en jeu. Ce faisant, a-t-il expliqué, « on pourrait faire six fois plus d'heureux » !

Comme si l'argent suffisait à palier toutes les vicissitudes de la vie... M. Straumann ignore-t-il, par exemple, qu'aucun chèque n'a jamais rassasié un joueur invétéré ? S'est-il préoccupé des ravages de l'addiction ? Quitte à faire le bonheur des gens, peut-être pourrait il prendre exemple sur ses homologues danois. Lesquels, contrairement à lui, veillent sur la santé de leurs concitoyens, et singulièrement des fonctionnaires municipaux, jusqu'à leur interdire de fumer tandis qu'ils balaient les rues d'Aarhus.

Autre ambiance a Taiwan, où le ministre de l'Environnement a prié tous les hommes de s'asseoir sur le trône à chaque fois qu'ils voudraient soulager leur vessie. En Suède, paraît-il, les petits garçons y sont d'ores et déjà incités dans les jardins d'enfants – parité oblige. Par comparaison, les velléités du député Straumann apparaissent somme toute bien timides... Petit joueur, va !

À gauche, toute !

10 août 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Un "billet d'humeur" rédigé en urgence pour L'Action Française 2000.

Le mercredi 18 juillet 2012, le Conseil des ministres a mis fin aux fonctions de commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances exercées par Yazid Sabeg. Désigné à ce poste sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, M. Sabeg avait regretté que le nouveau gouvernement s'occupe « d'autres sujets urgents que les questions d'égalité des chances et de lutte contre les discriminations ». Rien d'étonnant de la part d'un protégé de l'UMP : au cours de la législature précédente, par exemple, le couple Copé-Zimmermann nous avait habitués à verser dans la surenchère féministe ; les questions "sociétales" ne sont pas l'apanage du PS !

Puisant décidément son inspiration à gauche, l'opposition s'en est trouvée réduite à agiter l'épouvantail fasciste, tandis que le chef de l'État confiait à Lionel Jospin la présidence d'une commission sur la moralisation de la vie politique : indisposé par la « suspicion » que cela ferait peser sur les élus, Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a carrément dénoncé un penchant socialiste à l'« antiparlementarisme ». Hélas, on ne saurait compter sur François Hollande pour botter hors du Palais-Bourbon les parasites qui l'occupent...

Au reste, si dictature il y a, force est de constater la servilité avec laquelle ses victimes s'y soumettent – quand elles ne contribuent pas directement à l'installer. S'il est un bastion qui relève intrinsèquement de la gauche, c'est bien la "culture", dont le nouveau ministre, Aurélie Filippetti, « considère vraiment » qu'elle « fait partie du domaine régalien ». Qu'on se le dise : brasser du vent, c'est une affaire d'État ! À qui la faute ? Ce n'était pas François Mitterrand, mais Charles De Gaulle, qui occupait la magistrature suprême quand fut créé ce maroquin. À bon entendeur...