27 mai 2018
Considérations politiques sur le nouveau Star Wars censé présenter les origines du célèbre contrebandier.
Que dire de Solo – A Star Wars Story ? Ce film est-il porteur d'un quelconque message ? Ron Howard, son réalisateur, lui prête « une dimension politique
». En effet, « chaque personnage est victime d'une oppression
», a-t-il expliqué à nos confrères du Journal du dimanche (19 mai 2018). « Il y a même un droïde féministe qui milite pour l'égalité des droits
», s'est-il félicité.
Lando et sa sexualité prétendument débridée
Effectivement, la rébellion attisée sur Kessel par L3-37 aurait pu donner à réfléchir dans cette galaxie lointaine où l'esclavage semble banal. Cet épisode est toutefois traité sous un angle parodique – tout comme la relation que Lando entretient avec cette agitatrice. Selon Jonathan Kasdan, coscénariste, cela témoignerait d'« une certaine fluidité dans la sexualité
» du capitaine Calrissian où même « les droïdes ont une place
» ; c'est en tout cas ce qu'il a prétendu dans un entretien accordé au Huffington Post, cité par Star Wars Universe (18 mai 2018). « J'aurais adoré qu'il y ait un personnage plus explicitement LGBT dans ce film
», a-t-il par ailleurs regretté ; « je pense que le temps est venu pour ça
», a-t-il poursuivi, négligeant la naïveté propre à La Guerre des étoiles. Donald Glover, le nouvel interprète de Lando, a surenchéri en ces termes auprès de la radio Sirius XM citée par Première (22 mai 2018) : « Comment ne pas être pansexuel dans l'espace ? Il y a tellement de choses avec lesquelles faire l'amour. Je n'ai pas trouvé ça étrange. Oui, il drague tout ce qui bouge. Et alors ? Ça ne m'a pas semblé si bizarre parce que si vous êtes dans l'espace, toute est possible ! Il n'y a pas que des gars et des filles.
[…] Êtes-vous un homme ou une femme ? On s'en fiche. Amuse-toi.
»
Le héros prié d'adopter un nouveau langage
Tout cela n'a rien de manifeste à la découverte du film. À moins que des considérations idéologiques expliquent précisément la platitude qui s'en dégage ? Lawrence Kasdan, l'autre coscénariste, père de Jonathan et qui officia jadis à l'écriture de L'Empire contre-attaque puis du Retour du Jedi, n'est pas loin de le suggérer dans les colonnes du Point (24 mai 2018). « Tout ce que nous écrivons maintenant est devenu plus compliqué
», a-t-il expliqué à notre confrère Philippe Guedj, non sans lâcher un soupir. Et de poursuivre : « Les archétypes incarnés par Han Solo n'ont plus cours
[…] parce que les hommes doivent désormais devenir de chics types. Et ça, c'était un vrai challenge à relever. Impossible de laisser Han parler aux femmes comme il s'adresse à Leia dans La Guerre des étoiles et L'Empire contre attaque.
» C'était mieux avant !
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6 janvier 2018
Article publié dans L'Action Française 2000
Petite revue de presse politique publiée après la sortie des Derniers Jedi.
Le nouveau Star Wars, Les Derniers Jedi, sorti en France le 13 décembre 2017, a reçu un accueil mitigé. Sur le site américain Rotten Tomatoes, par exemple, la majorité de nos confrères l'ont encensé, mais les spectateurs ont été nombreux à le critiquer avec virulence. Pas forcément pour des motifs d'ordre artistique.
Un film féministe ?
« Les femmes font leur entrée en grande pompe dans la mythologie Star Wars, et c'est peut-être la vraie bonne nouvelle de cette nouvelle trilogie
», se félicite ainsi Gaudéric Grauby-Vermeil sur France Inter (14 décembre 2017), minimisant le rôle joué jadis par la princesse Leia… « Les dimensions mythique et archétypale
» propres à La Guerre des étoiles « sont quasiment évincées par une idéologie féministe agressive
», regrette Bishop Robert Barron, fondateur d'un mouvement catholique à Los Angeles, sur le site Yellow Hammer News (26 décembre 2017). Selon lui, les personnages masculins des Derniers Jedi seraient incompétents ou arrogants tandis que les femmes y apparaîtraient prudentes ou courageuses. Cet aspect-là du film, loin d'être flagrant à nos yeux, aurait nourri la défiance de militants plus ou moins associés à l'extrême droite américaine (Alt-right) – lesquels se seraient mobilisés pour en organiser le dénigrement sur la Toile ; c'est en tout cas ce que rapportent Bill Bradley et Matthew Jacobs dans l'édition américaine du Huffington Post (20 décembre 2017).
À défaut de rompre avec un patriarcat fantasmé, Les Derniers Jedi semblent vouloir se libérer du passé (parfois pour mieux s'y enfermer cependant, car cela ne va pas sans ambiguïtés). Le personnage de Yoda, censé incarner la sagesse, commande lui-même à la foudre de s'abattre sur la mémoire ancestrale de l'ordre Jedi, dont l'existence n'a plus lieu d'être : la maîtrise de la Force ne requiert plus vraiment d'apprentissage, comme en témoignent les prouesses de Rey. Dans un galaxie lointaine, comme chez nous en fait, la spiritualité et ses expériences propres à chacun se substituent à la religion placée sous l'égide d'une Église, constate Chaim Saiman dans The Atlantic (27 décembre 2017). Selon Jack Kerwick, professeur de philosophie, le film suggérerait même que « c'est de la civilisation, de ses traditions et de ses institutions que naît la corruption
». Aussi érige-t-il Rey en « héroïne rousseausite
» dans une analyse publiée sur le site américain Beliefnet (1er janvier 2018).
En finir avec les sang bleu
Il lui serait d'autant plus facile de faire table rase du passé qu'elle n'est affublée d'aucun patronyme. Cela réjouira notre confrère Steve Rose : dans le Guardian (4 décembre 2017), avant la sortie du film, il s'était attaqué aux « sang bleu
», exprimant l'espoir que l'héroïne de la nouvelle trilogie soit issue d'une famille anonyme ; de son point de vue « ce serait le signe que la mobilité sociale n'est pas éteinte après tout
». Les Skywalker à la lanterne ! Voilà un slogan que ne renieraient pas les militants de la « Force insoumise
», pour reprendre un titre utilisé par Libération (12 décembre 2017). « On pourrait
[…] dire que le seul vrai sujet du film, par-delà ceux scolairement répétés des volets précédents, est le dégagisme
», écrivent nos confrères Didier Péron et Olivier Lamm, risquant un parallèle avec la vie politique française : « rien à foutre du sabre-laser, à la casse le casque intégral du bébé Vador, expédié sans ménagement le grand méchant en robe de chambre lamé or et dents avariées
».
Faut-il y voir comme une mise en abyme ? Incidemment, Disney et ses sbires semblent exprimer la volonté de rompre avec l'héritage de George Lucas, qui leur a abandonné la destinée de son œuvre il y a cinq ans. « Ce n'était pas toujours facile de travailler avec George
», raconte Ben Burtt, auquel on doit d'avoir façonné l'univers sonore de la saga Star Wars, cité par Star Wars Underworld (16 décembre 2017). Cependant, poursuit-il, « vous pouviez attirer son attention, avoir votre mot à dire, présenter quelque chose et obtenir un oui ou un non
». Tel n'aurait pas été le cas s'il avait travaillé sur Les Derniers Jedi, a-t-il regretté. Autrement dit : c'était mieux avant… du temps de la monarchie.
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14 décembre 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Critiqué, avant même sa sortie, par les partisans les plus virulents de Donald Trump, Rogue One – A Star Wars Story semble inspiré par les études de genre et l'apologie de la "diversité".
Alors que Dark Vador vient de faire son retour au cinéma, son ombre plane sur la vie politique américaine. Son nom se trouve régulièrement associé à celui de Donald Trump. Un conseiller du président élu, Steve Bannon, s'est lui-même placé sous son patronage, selon des propos, au demeurant confus, rapportés par le Hollywood Reporter (18 novembre 2016). Cela n'a pas échappé à Christopher Suprundec, grand électeur républicain, qui s'en est offusqué dans le New York Times (5 décembre), tout en annonçant qu'en dépit des usages, il n'accorderait pas sa voix à Donald Trump. C'était quelques jours avant la sortie de Rogue One, le nouveau Star Wars, ce mercredi 14 décembre 2016 en France. « Je n'emmènerai pas mes enfants le voir pour célébrer le mal, mais pour leur montrer que la lumière peut en triompher
», a-t-il expliqué. Chris Weitz, coscénariste du film, s'est risqué lui aussi à galvaniser la résistance au trublion républicain. Sur Twitter, le 11 novembre, détournant le logo de l'Alliance rebelle, il lui a associé le slogan suivant : « La Guerre des étoiles contre la haine
». À ses yeux, « l'Empire est une organisation de suprématistes blancs ». À laquelle s'oppose, selon son collègue Gary Whitta, « un groupe multiculturel mené par une femme courageuse
» – les héros de Rogue One. Les partisans les plus virulents de Donald Trump, affiliés au mouvement Alt-Right, ne s'y sont pas trompés : ils appellent au boycott du film. Aussi Bob Iger, P-DG de la Walt Disney Company, propriétaire de Lucasfilm, a-t-il tenté d'éteindre l'incendie : « en aucune façon, il ne s'agit d'un film politique
», a-t-il déclaré à nos confrères du Hollywood Reporter (12 décembre).
Revendications féministes
Kathleen Kennedy, productrice, présidente de Lucasfilm, n'en revendique pas moins un certain engagement. Tout particulièrement vis-à-vis des femmes : « j'espère que nous avons une influence sur la façon dont elles sont vues tant dans les divertissements que dans l'industrie hollywoodienne
», a-t-elle déclaré, comme le rapporte 20 Minutes (5 décembre). Les études de genre semblent avoir influencé l'écriture du rôle principal de Rogue One. Celui-ci n'aurait pas été conçu pour un homme ou pour une femme, au dire du réalisateur, Gareth Edwards ; « Jyn est une personne qui se trouve être une fille
», a-t-il expliqué dans un entretien à Vulture (9 décembre). Échafaudant les théories les plus fantaisistes, certains fans s'imaginent d'ailleurs que Rey, l'héroïne du Réveil de la Force (un autre épisode de la saga), serait la réincarnation d'Anakin Skywalker… Quoi qu'il en soit, comme l'explique l'actrice Felicity Jones, il n'était pas question de « sexualiser
» le personnage qu'elle incarne. Autrement dit, le bikini de la princesse Leia reste au placard. « On ne voit même pas les bras de Jyn
», a-t-elle souligné dans un entretien à Glamour (29 novembre). Faisant la promotion du film, elle n'en a pas moins mis en scène sa féminité sur un plateau de télévision, retirant ses chaussures à talons hauts tandis qu'elle mimait un combat l'opposant à l'animateur Jimmy Fallon (The Tonight Show, NBC, 30 novembre).
Bons sentiments intéressés
Son personnage est le chef de file d'une équipe bigarrée. Diego Luna, un Mexicain, interprète du capitaine Cassian Andor, y voit « un beau message pour le monde dans lequel nous vivons
», comme le rapporte Polygon (2 décembre). « La diversité nous enrichit et nous rend plus forts
», a-t-il expliqué à The Wrap (5 décembre). Ce discours convenu, plein de bons sentiments, n'exclut par quelque considération plus terre-à-terre. « Nous vivons dans un monde de cinéma globalisé
», a souligné Donnie Yen, un Chinois, interprète de Chirrut Îmwe, dans un entretien à Première (12 décembre). Dans les bandes-annonces destinées à l'Empire du Milieu, son personnage est d'ailleurs plus particulièrement mis en avant. Évoquant sur Écran large (12 décembre) « le "multicultularisme" du casting
», Jacques-Henry Poucave soutient qu'il est « bien plus motivé par la nécessité pour le film de cartonner partout dans le monde que par la volonté d'attaquer les pauvres petits caucasiens
». Comme l'écrivait Charles Maurras, dans un tout autre contexte, « les idées
[…] sont toujours le masque des intérêts
» (L'Action Française, 8 novembre 1937).
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17 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Au-delà des films, séries et romans développent l'univers de Star Wars.
On y parle notamment de pacifisme et de démocratie.
La galaxie lointaine dépeinte dans La Guerre
des étoiles s'étend bien au-delà des films découverts au
cinéma. Notamment dans des séries d'animation. Rebels,
dont la deuxième saison est en cours de diffusion, est servi par un ton
drôle et léger, mais cède, sans surprise, à la facilité du
manichéisme : à l'opposé des rebelles, altruistes, on y voit
des fonctionnaires à la botte de l'Empire renverser l'étal d'un
maraîcher, exproprier un malheureux fermier et même assoiffer la
population de Lothal – tout cela sans raison.
Il faut choisir son camp
Moins plaisante à suivre, la série The Clone Wars
s'avère plus politique. Le pacifisme y fait l'objet de débats
récurrents. Ici, il est tourné en dérision : alors que les
Séparatistes s'apprêtent à perpétrer un génocide, le chef du village
menacé, un vieillard borné, refuse, par principe, de prendre les
armes ; c'est donc contre sa volonté que les Jedi doivent
protéger la population (saison 1, épisode 14, Les
Défenseurs de la paix). Ailleurs, le pacifisme apparaît
comme une noble utopie, à certains égards bénéfique : il
expliquerait la prospérité de Mandalore, une planète ayant renié ses
vieux démons militaristes sous l'impulsion de la duchesse Satine
(saison 2, épisode 12, Le Complot de Mandalore).
Prenant la tête des systèmes neutres, celle-ci se retrouve malgré tout
mêlée à la guerre : sollicitant le soutien des Séparatistes
(une puissance étrangère donc), des opposants tentent de la
renverser ; elle ne doit son salut qu'à l'intervention
d'Obi-Wan Kenobi. Un émissaire du Conseil Jedi, derrière lequel on
croit reconnaître les traits d'une Amérique messianique : nul
système ne saurait demeurer libre sans sa protection bienveillante –
tel est le message délivré.
Conviendrait-il, cependant, de répandre la démocratie aux
confins de la galaxie ? L'inénarrable Threepio s'y essaie avec
un succès mitigé (saison 4, épisode 6, Les
Droïdes nomades). Errant d'une planète à l'autre, il fait la
rencontre de curieuses créatures. Par maladresse, il provoque la mort
de leur chef. Aussi lui demandent-elles de prendre sa succession.
Flatté, mais néanmoins impatient de retrouver les palais dorés de la
République (c'est un droïde de protocole !), il décline leur
offre, les invitant à désigner leur nouveau chef à la faveur d'une
élection. Cela tourne au pugilat... Constatant la pagaille qu'il a
semée, Threepio se montre d'autant plus impatient de prendre la fuite...
Despotisme éclairé
Dans certains romans, narrant les événements censées se
dérouler dans les années puis les décennies suivant la bataille d'Endor
(où l'empereur trouva la mort), tout particulièrement dans ceux du Nouvel
Ordre Jedi, la Nouvelle République semble fatalement
corrompue, gangrénée par la démagogie, minée par les intrigues ourdies
notamment par Borsk Fey'lya, un politicien de la pire espèce... Par
comparaison, le "despotisme éclairé" né des Vestiges de l'Empire,
incarné par l'amiral Pellaeon, apparaît sous un jour bien
favorable ! Mais cette histoire-là a été balayée du "canon"
officiel de Star Wars tandis qu'était
mise en chantier la nouvelle trilogie. Qu'en restera-t-il dans Le
Réveil de la Force et les épisodes qui vont
suivre ? Peut-être l'idéalisme des rebelles sera-t-il mis
l'épreuve... Puisse la Force se montrer bonne inspiratrice auprès des
scénaristes !
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17 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Spontanément, en toute autonomie, des amateurs enrichissent et
protègent l'univers dont ils sont passionnés.
La Toile regorge de sites Internet animés par des passionnés
de La Guerre des étoiles. En ligne
depuis dix-huit ans, par exemple, Star Wars Universe
témoigne d'un dynamisme qui ne se dément pas. Ses contributeurs rendent
compte des actualités, mais diffusent aussi des œuvres originales.
Romans, bandes dessinées, adaptations théâtrales, films d'animation ou
en prises de vues réelles... La créativité des fans s'exprime sur tous
les supports !
Pallier les institutions
Ce faisant, les amateurs ne se contentent pas d'enrichir
l'univers balisé par Lucasfilm et ses licences commerciales :
ils contribuent parfois à sa préservation, palliant, en quelque sorte,
la défaillance des institutions. La communauté gravitant autour du site
Internet Original Trilogy s'inscrit, à ce titre,
dans une démarche significative. Ses membres proposent des montages
alternatifs des films, et s'efforcent surtout d'en sauvegarder – et
même d'en restaurer – les versions d'origine. Celles-ci n'ayant jamais
été commercialisées en haute définition, ni même optimisées pour le
DVD, des passionnés se sont donc attelés à la tâche :
combinant toutes les sources à leur disposition, ils ont produit la Despecialized
Edition, dont la qualité s'avère remarquable. Les
nostalgiques s'en trouvent comblés ! Mais pour en profiter,
ces derniers sont censés s'assujettir à certaines règles, et notamment
avoir préalablement acquis les Blu-ray officiels.
S'agit-il dès lors d'une vraie démocratie ? En partie
seulement, car l'activisme des fans demeure suspendu au bon vouloir de
Lucasfilm. Conscients de la légalité douteuse de leur action, les
contributeurs d'Original Trilogy ne proposent
aucun fichier en téléchargement direct. Mais jamais les ayant-droits ne
les ont inquiétés jusqu'à présent (décembre 2015). « Nous ne représentons pas
vraiment une menace pour leurs revenus », nous explique Harmy.
« Au contraire », poursuit-il, « cela
contribue à rendre des fans plutôt mécontents relativement satisfaits,
et donc enclins à acheter davantage de produits estampillés
"Star Wars" ». Apparemment, donc, poursuivant son
intérêt bien compris, Lucasfilm cultive la bienveillance à l'égard des
fans. À condition, bien sûr, que leurs projets soient entrepris sans
but lucratif. Ainsi des récompenses tout à fait officielles sont-elles
régulièrement décernées à leurs meilleurs films... Avis aux
amateurs !
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17 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Une version remaniée, plus professionnelle en quelque
sorte, d'un article déjà publié sur le blog.
Le musée du Louvre serait-il passé du côté obscur de la
Force ? En quête d'un nouveau public, « désireux de
rendre l'art accessible à tous », comme
disent ses porte-parole, le temple de la culture s'est laissé
éclabousser par la déferlante Star Wars.
Dans sa Petite Galerie, inaugurée pour l'occasion, il accueille
jusqu'au 4 juillet 2016 une exposition consacrée aux
« mythes fondateurs » [1]. À voir les
affiches placardées dans les couloirs du métro parisien, Dark Vador
devrait y occuper une place comparable à celle d'Hercule. Mais parmi
les quelques dizaines d'œuvres exposées, rares sont celles qui
proviennent effectivement d'une galaxie lointaine, très
lointaine : le masque de Vador, une illustration de Ralph
McQuarrie, trois petits dessins, deux affiches... et puis c'est tout. À
côté, le crocodile des origines, la hache rituelle ou le portrait de
Circée, par exemple, sont présentés sans qu'aucune continuité n'en soit
explicitement dégagée.
Mythes d'hier et d'aujourd'hui
« Les mythologies de la culture populaire ne
puisent-elles pas toujours dans le même répertoire d'histoires et de
héros ? », s'interrogent
les organisateurs. De fait, George Lucas n'a jamais caché
qu'il s'était appuyé sur un essai de mythologies comparées pour jeter
le bases de la saga Star Wars [2].
Dans les années quatre-vingt-dix, à l'initiative du Musée national de
l'Air et de l'Espace de Washington, ses sources d'inspiration ont été
mises en lumière dans une exposition itinérante, dont il subsiste
l'excellent catalogue [3]. À certains égards, le destin
d'Anakin fait écho à celui d'Icare, figure de la transgression, dont
une sculpture exposée au Louvre rappelle précisément la chute. Quant à
Mustafar, la planète volcanique dont le jeune Skywalker n'échappa qu'au
prix d'atroces mutilations, scellant symboliquement son passage vers le
côté obscur de la Force, elle reflète la vision traditionnelle des
Enfers, illustrée notamment par John Martin, dont Le Pandemonium
est présenté à la Petite Galerie. Pourquoi ne pas l'avoir souligné à
l'intention des visiteurs ? La Guerre des
étoiles était pourtant susceptible de leur ouvrir bien des
portes vers la culture et les mythes !
Dans ces conditions, cette exposition peut constituer un bon
support pédagogique, mais elle ne saurait se suffire à elle-même. Les
plus jeunes, ouvertement visés, n'en tireront vraiment profit que s'ils
la parcourent en compagnie d'un guide qui les y aura préparés. Mais
qu'en sera-t-il des enfants auxquels on aura promis qu'ils allaient en
découdre au sabre-laser, visuel publicitaire à l'appui ?
Déception oblige, leur première visite au Louvre risque de leur laisser
un souvenir mitigé.
[1] Mythes fondateurs – D'Hercule à Dark
Vador, musée du Louvre, Petite Galerie, Paris 1er,
jusqu'au 4 juillet 2016 ; soixante-dix œuvres
présentées dans quatre petites salles réparties sur deux cent quarante
mètres carrés.
[2] Joseph Campbell, Le Héros aux
mille et un visages, Oxus, 2010, 410 pages,
27,40 euros ; J'ai lu, 2013,
633 pages, 8,90 euros (édition originale parue aux
États-Unis en 1949).
[3] Mary Henderson, Star Wars – La Magie
du mythe, Presses de la Cité, 1998, 224 pages, 26
euros.
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17 décembre 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Quelques brèves écrites en complément d'une double page
consacrée à La Guerre des étoiles.
Féminisme – Signe des
temps : c'est une femme qui joue le premier rôle du nouveau Star Wars.
Ce choix refléterait-il les opinions de la productrice, Kathleen
Kennedy, chantre de la parité chez Lucasfilm ? « Rien
ne nous ferait plus plaisir que de trouver une réalisatrice pour la
saga Star Wars », a-t-elle
déclaré cet automne, comme le rapporte Allociné.
Des rumeurs lui prêtent même la volonté de bannir des produits dérivés
le bikini de la princesse Leia... Pudibonderie féministe ? Son
apparition dans l'édition 2016 du calendrier Pirelli nourrit pareille
suspicion : on n'y voit plus des mannequins affriolants, mais
des femmes se targuant d'une réussite sociale exemplaire.
Francophonie – À l'automne 1977,
quand Star Wars fit son apparition dans
l'Hexagone, ce fut avec un titre bien français. Au générique figurait
même le nom de Luc Courleciel, et non celui de Luke Skywalker, pourtant
conservé dans le doublage ! Au milieu des années
quatre-vingt-dix, comme en témoignent certaines publicités, on parlait
encore davantage de « La Guerre des étoiles ».
Depuis, la mondialisation et l'Internet sont passés par là... Si le
titre du nouvel épisode, The Force Awakens, fait
bien l'objet d'une traduction, il n'est plus question d'adapter les
noms des personnages. À une exception près, qui puise pourtant dans la
langue de Shakespeare – quelle ironie ! Ayant définitivement
évincé Darth Vader, « Dark Vador sera le seul vestige sonore
de la VF d'antan », comme le rapporte GQ.
Terrorisme – La confusion règne
de l'autre côté des Pyrénées ! Le mois dernier, l'insigne de
l'Alliance rebelle de Star Wars est apparu à la télévision espagnole,
sur la chaîne nationale TVE, où il était associé
à l'organisation terroriste Al-Qaïda. À l'origine de cette bourde,
explique notre confrère Alain Korkos, il y a une entreprise,
dénommée Al Qaeda inc. : « une maison de
disques hispanophone qui a détourné le logo de l'Alliance
rebelle », précise-t-il sur le site Internet Arrêts
sur images.
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10 décembre 2015
The Clone Wars, saison 2,
épisode 10, Le Déserteur.
« Alors qu'il se trouve sur une planète éloignée, le capitaine
Rex fait la rencontre d'un clone déserteur. » Un appel à la
tolérance ?
Blessé, le capitaine Rex est recueilli dans une ferme, au sein
d'une famille dont le chef s'avère être un clone lui aussi.
« Tu est un déserteur ! », lui lance-t-il,
indigné. « Ma foi », lui répond Cut Lawquane,
« j'avoue que je préfère dire que j'utilise légitimement mon
libre arbitre ».
« J'ai choisi de ne pas tuer pour vivre »,
lui explique-t-il. Son foyer étant assailli par des droïdes
séparatistes, il n'en risque pas moins sa vie pour sauver sa femme et
ses enfants. Attendri par ces derniers, constatant le courage de leur
père et sa détermination à les défendre, Rex renonce à le dénoncer
auprès des autorités de la République : « tu restes
un déserteur Cut, mais tu n'es certainement pas un lâche »,
lui concède-t-il finalement.
Y a-t-il une morale à cette histoire ? « Tu
as le droit de vivre ta vie exactement comme tu en as envie »,
enseigne Cut Lawquane a sa petite fille, arrachant presque
l'approbation du capitaine Rex. En cela, cet épisode pourrait
constituer un appel à la tolérance. D'autant que ce clone ne vit en
anarchiste que pour enseigner l'altruisme à ses enfants :
« nous aidons toujours les personnes qui ont besoin de
nous », annonce son petit garçon, suscitant sa fierté.
Cependant, la guerre rattrape sa famille, et c'est finalement
à la République, ou du moins à l'aide de l'un de ses plus valeureux
serviteurs, que celle-ci doit son salut. Autrement dit, si chacun est
libre de mener son existence comme il l'entend, nul n'échappe à son
destin ni ne peut vivre sans la protection d'une institution.
D'ailleurs, si la société peut s'accommoder de certaines
comportements plus ou moins déviants, c'est précisément parce que
ceux-ci demeurent marginaux. En effet, à l'image de la plupart des
soldats clones, le capitaine Rex témoigne d'une loyauté indéfectible.
Son engagement se veut même réfléchi : « je me trouve
à un tournant fondamental et absolument historique de la
République », explique-t-il à Cut ; « si
jamais nous échouons, alors nos enfants et leurs enfants pourraient
bien avoir à vivre sous un joug tyrannique que nous aurions du mal à
imaginer ».
Ironie de l'histoire, la menace séparatiste n'aura été agitée
que pour jeter les bases d'un empire maléfique... C'est bien
connu : l'enfer est pavé de bonnes intentions.
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5 décembre 2015
The Clone Wars, saison 2,
épisode 9, L'Intrigue de Grievous.
« Lors d'une mission de sauvetage, Anakin, Obi-Wan et Adi
Gallia tombent dans un piège tendu par le général Grievous. »
Lequel n'aime pas la politique !
Alors qu'il vient de faire prisonnier un membre du conseil
Jedi, Grievous s'adresse à ses homologues :
« Écoutez-moi Jedi ! Je me moque des questions
politiques. Je me moque aussi de votre République. Je ne vis que pour
vous voir mourir. » Un peu plus tard, tandis qu'Obi-Wan
dénonce « une quête absolument futile du pouvoir »,
il déclare à son intention : « Je ne combats pas pour
les objectifs politiques de Dooku. Je suis le chef de l'armée de
droïdes la plus puissante que la galaxie ait jamais vue. »
La
vengeance et la gloire seraient-ils les seuls moteurs de son
action ? Incidemment, par sa relative légèreté, son dédain des
ressorts les plus profonds du conflit, Grievous semble illustrer la
formule attribuée à Georges Clemenceau, selon laquelle la guerre serait
une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires...
Un classique du cinéma américain, où les hauts gradés apparaissent souvent comme de gros bourrins sans cervelle !
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5 décembre 2015
The Clone Wars, saison 2,
épisode 8, Envahisseurs mentaux. « Ahsoka
et Barriss doivent empêcher le fléau des vers cérébraux de Geonosis de
s'étendre dans toute la galaxie. » Jack Bauer en guest
star !
Tandis qu'un grave danger menace sa padawan, Anakin se dirige
vers la cellule d'un prisonnier afin d'obtenir des informations
susceptibles de la sauver. Découvrant que ses « pouvoirs
spirituels » s'avèrent sans effet sur lui, il le frappe, le
jetant à terre, puis l'étrangle à travers la Force. La morale – à moins
qu'il s'agisse seulement de bienséance ? – se trouve
manifestement transgressée, comme le souligne une musique grave,
reprenant les accents de la Marche impériale.
De retour sur la passerelle du vaisseau, Anakin suscite
l'incrédulité pleine d'ingénuité des maîtres Jedi qui avaient tenté, en
vain, de faire parler le prisonnier. « Vous avez donc
interrogé Poggle ? », s'étonne maître Unduli.
« Comment as-tu réussi à le faire
parler ? », lui demande encore Ki-Adi-Mundi.
« Tout ce qui importe », leur rétorque-t-il,
« c'est qu'il m'ait expliqué comment arrêter ces vers
parasites. » Dont acte. Ahsoka s'en
sort, grâce à lui donc, non sans avoir affronté avec courage bien des
périls...
Barris, une autre padawan qui l'accompagne, se trouve comme possédée.
Dans un accès de lucidité, elle la supplie même de la tuer. Ashoka
s'y refuse. Était-ce une erreur, aurait-elle péché par faiblesse, troublée par l'amitié ? Une
fois sauvée, elle fait part de ses doutes à son maître. Très
protecteur, Anakin lui tient précisément le discours que le spectateur
serait tenté de lui adresser à lui : « Il est de ton
devoir de sauver le plus de vies possibles. [...] Tu as fait ce qu'il
fallait. »
Bref, on se croirait dans 24 heures chrono !
Peut-être la torture corrompt-elle celui qui la pratique, mais c'est
pour la bonne cause – et puis ça marche : tel est, en substance, le message
délivré par cet épisode, dont les scénaristes sont visiblement passés
du côté obscur de la Force.
NB – Dans un épisode précédent
(peut-être y reviendrons-nous à l'occasion), Yoda exprimait toute
l'empathie que lui inspiraient chacun des soldats aux côtés desquels il
combattait. Mais ici, tandis qu'Ahsoka se refuse à tuer Barris,
celle-ci n'a pas les mêmes scrupules à l'égard du clone
qu'elle transperce d'un coup de sabre-laser. Alors, « les
nôtres avant les autres » ?
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