Christian Estrosi : ennemi des libertés, complice des islamistes

18 avril 2015

Tentant d'exploiter à leur profit la hantise croissante de l'islam, des députés UMP le stigmatisent sans craindre de promouvoir ses déclinaisons les plus radicales, ni de sacrifier les libertés – et cela à l'aide d'une argumentation pour le moins inconséquente.

L'UMP n'en finit pas de verser dans le populisme islamophobe. Une trentaine de députés, Christian Estrosi en tête, ont ainsi présenté une proposition de loi « visant à transformer en délit le port du voile intégral ». Dans leur esprit, la liberté des uns ne s'arrête pas là où commence celle des autres, mais à la frontière d'un « pacte républicain » défini à leur convenance. Dans cette perspective, étant donné qu'il traduirait « un refus ostensible de l'égalité entre les hommes et les femmes », le port du voile intégral constituerait « une atteinte à la dignité de la personne », et cela « qu'il soit subi ou accepté ». Les femmes portant atteinte à leur propre dignité devraient être punies en conséquence : un an de prison et 20 000 euros d'amende.

De toute façon, comme l'expliquent M. Estrosi et ses collègues, héritiers fidèles de Créon, « la loi de la République doit être supérieure à toutes les lois ». Et de marteler que « ce n'est pas la République qui doit être en conformité avec la spiritualité mais le contraire ». Autrement dit, il ne s'agirait pas d'assurer la cohabitation de l'une et de l'autre, mais d'exercer la tutelle de celle-là sur celle-ci. « Le législateur a le devoir d'être vigilant afin de protéger le caractère laïc de notre République », se justifient les signataires. Appliquée aux seules institutions, la laïcité est un principe de tolérance ; étendue à la société dans son ensemble, elle sert de paravent à des velléités totalitaires.

Selon les démagogues de l'UMP, « la sauvegarde de notre pacte social et de notre nation » imposerait au législateur « de prendre toutes les mesures permettant de lutter contre des pratiques communautaristes radicales ». À commencer, donc, par le port du voile intégral, dont ces imbéciles font pourtant la publicité à mesure qu'ils prétendent l'interdire. Ils reconnaissent d'ailleurs leur échec à demi-mot : « paiement des amendes par d'autres personnes que les contrevenants, récidive, communication sur les failles du système répressif... sont autant d'éléments qui constituent un défi envers notre République et ses valeurs ». Voyant le mur approcher, les élus de la République proposent d'accroître la pression sur l'accélérateur – chapeau !

L'inconséquence s'avère tout aussi patente dans leur argumentation : « en portant le voile intégral dans l'espace public », constatent les députés, « l'auteur agit volontairement en faisant un acte interdit par la loi » ; ce faisant « il défit [sic] la République et ses valeurs » ; « l'élément intentionnel de cette infraction est donc caractérisé » ; « il doit donc être sanctionné plus lourdement ». À ce petit-jeu-là, nul n'étant censé ignoré la loi, ce sont l'intégralité des infractions qui devraient être sanctionnées plus lourdement. La cour d'assises pour un PV de stationnement, c'est pour quand ? En toute logique, c'est bien ce que devraient proposer M. Estrsoi et ses collègues. C'est dire la haute estime qu'ils nous inspirent.

Où sont les femmes ?

17 avril 2015

Les amateurs de bagnoles devront apparemment s'y habituer : dans les salons comme sur les circuits, les hôtesses aux tenues affriolantes vont se faire moins nombreuses.

Les Chinois sont pudibonds. De fait, les hôtesses seront, paraît-il, bannies du salon automobile de Shanghai, qui ouvrira ses portes mercredi prochain, 22 avril 2015. Ses organisateurs auraient demandé aux exposants « d'éviter d'amener des show girls, mais plutôt des conseillers commerciaux seniors habillés correctement », comme le rapporte Caradisiac. Les traditions se perdent. Y compris sur les circuits. « Vous ne verrez plus aucune grid girl sur la grille de départ », a annoncé Gérard Neveu, président du championnat du monde d'endurance (WEC). « Ce sera le cas dans toutes les courses que nous organiserons », a-t-il prévenu. « Pour moi », s'est-il justifié, « c'est du passé » : « les conditions des femmes sont quelque peu différentes maintenant ». Et pourtant... le septième volet de Fast and Furious cartonne toujours au cinéma !

L'hydrogène, une technologie d'Action française !

15 avril 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Alors que l'exploitation de l'hydrogène s'avère pleine de promesses, les pouvoirs publics tardent à accompagner son développement.

Cyrus Smith, héros de L'Île mystérieuse, l'avait annoncé dès 1875 : « Oui, mes amis, je crois que l'eau sera un jour employée comme combustible, que l'hydrogène et l'oxygène, qui la constituent, utilisés isolément ou simultanément, fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisables et d'une intensité que la houille ne saurait avoir. » Le rêve de Jules Verne est devenu réalité : jadis cantonnée à la conquête spatiale, l'exploitation de l'hydrogène s'est banalisée.

Créer un réseau de distribution

« Dans plusieurs applications de niches, telles que les chariots élévateurs ou encore les alimentations secourues, l'hydrogène énergie se substitue progressivement à des solutions préexistantes, telles que les batteries électrochimiques, désormais jugées moins performantes », comme l'observent les parlementaires socialistes Laurent Kalinowski et Jean-Marc Pastor, respectivement député de la Moselle et sénateur du Tarn, auteurs d'un rapport publié fin 2013. En décembre dernier, Toyota a même commercialisé la Mirai, une voiture dont le fonctionnement produit pour seul déchet... de la vapeur d'eau. « Elle ne pollue pas plus qu'une électrique et n'en a pas les inconvénients », s'enthousiasme notre confrère Jean-Luc Moreau. « C'est un must », conclut-il dans Auto Moto. En dépit d'un prix élevé (80 000 euros outre-Rhin), le succès est au rendez-vous : à l'origine, sept cents exemplaires devaient être assemblés chaque année ; finalement, en 2016, ce sont plus de deux mille Mirai qui devraient sortir des chaînes, selon nos confrères de TF1.

Les Français ne seront pas les premiers servis. Il est vrai que les pompes à hydrogène ne sont pas légion dans l'Hexagone. La faute aux pouvoirs publics ? En partie seulement. « Dans ces deux grands pays d'industrie automobile que sont l'Allemagne et le Japon », expliquent MM. Kalinowski et Pastor, « la plus grande part de l'investissement nécessaire à la création de cette infrastructure de distribution d'hydrogène devrait être prise en charge par les constructeurs automobiles eux-mêmes ». Or, qu'en est-il des constructeurs français ? Tandis que Renault a fait un pari sur les batteries, PSA s'est enfoncé dans l'impasse de l'hybride diesel... En conséquence, « ce sont des acteurs de plus petite taille qui essaient d'identifier des applications de mobilité pour lesquelles le véhicule à hydrogène pourrait devenir concurrentiel ». Ainsi la société Symbio FCell greffe-t-elle des piles à combustible sur des véhicules existants, tel le Kango ZE. Plébiscitant cette démarche, les parlementaires envisagent « un déploiement progressif de stations à hydrogène de taille réduite, initialement destinées à alimenter des flottes captives de véhicules utilitaires, mais susceptibles d'être par la suite ouvertes au public ».

Décentraliser l'énergie

« La filière a pris du retard », constate Jean-Marc Pastor, « mais notre pays a la particularité de posséder le plus d'industriels – y compris des petites et moyennes entreprises – qui travaillent sur l'hydrogène partout dans le monde » : « au Japon, en Corée du Sud, en Floride, on voit partout des équipements Air liquide ou Total », a-t-il souligné lors d'une réunion en commission. Malheureusement, les innovations sont entravées par un cadre réglementaire dépassé, élaboré au temps où l'hydrogène n'était manipulé qu'en grandes quantités : « ainsi la construction d'une petite unité de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau nécessite-t-elle a priori de s'astreindre à un processus d'autorisation extrêmement complexe, puisque conçu pour une installation industrielle », déplore-t-il dans son rapport. Michelin en a fait la triste expérience, alors qu'il travaillait au développement d'une nouvelle technologie : « au bout de cinq années de démarches vaines auprès de l'administration française », le manufacturier « a délocalisé son équipe à Fribourg où toutes les autorisations ont été obtenues en trois mois ».

La "transition énergétique" saura-t-elle s'accommoder d'une pareille inertie des pouvoirs publics ? Selon MM. Kalinowski et Pastor, seule l'exploitation de l'hydrogène serait « en mesure de compenser, sur la durée, des fluctuations importantes de la production des énergies renouvelables ». Concrètement, il s'agirait, par exemple, de stocker par ce biais des excédents en provenance d'éoliennes, afin de les réinjecter plus tard dans le réseau. Alors qu'il vient d'inaugurer un centre de recherche dédié à l'hydrogène, comme le rapporte Clubic, Toshiba y voit le moyen d'importer de l'énergie au Japon « sans la nécessité de construire des lignes de transmission pour connecter un site de production extérieur au Japon ». Toutefois, selon les rapporteurs du Parlement, « le réalisme impose de privilégier, chaque fois que possible, une production décentralisée de l'hydrogène, répartie dans les territoires au plus près des besoins ». À leurs yeux, « ce choix ne constitue pas [...] une contrainte, dès lors que l'hydrogène peut être produit à partir de ressources locales, qu'il s'agisse de biogaz, de déchets ligneux ou d'électricité ». Aussi conviendrait-il « d'envisager une organisation du réseau électrique plus modulaire et plus robuste, basée sur l'agrégation de sous-réseaux ».

Ce faisant, la France pourrait même « s'affranchir de toute dépendance exclusive vis-à-vis d'une source d'énergie ». Resterait à sécuriser les approvisionnements en platine, nécessaire à la fabrication des piles à combustible... En résumé, l'hydrogène pourrait contribuer à la décentralisation effective du pays, sans affecter son économie, ni sacrifier l'indépendance nationale – bien au contraire ! Autrement dit, c'est une technologie d'Action française.

Mosquées : Florian Philippot et l'épouvantail islamiste

6 avril 2015

En matière de démagogie, comparé aux autres partis, le Front national, c'est pareil en pire.

Opposé à la construction de nouveaux lieux de culte musulmans, Florian Philippot, vice-président du Front national, s'est justifié en paraphrasant la Française des jeux : « 100 % des lieux de radicalisation sont des mosquées », a-t-il prétendu sur le plateau d'Itélé – sans même susciter la réaction de notre confrère Bruce Toussaint !

Or, selon Pierre Conesa, par exemple, « 80 % des types qui partent en Syrie ne sont passés ni par la prison, ni [par] la mosquée ». C'est dire l'efficacité de la politique prônée par le Front national contre l'islamisme. En la matière, rappelons-le, Marine Le Pen avait déjà proposé que les policiers  s'inspirent des méthodes à l'œuvre dans les séries télévisées américaines, à commencer par 24 heures chrono. Bref, c'est du sérieux.

NB – Les sentiments (à certains égards légitimes) visés par la démagogie frontiste préoccupent le gouvernement et ses fonctionnaires. En témoigne le séminaire qui se tiendra jeudi prochain, 9 avril 2015, consacré précisément à l'« insécurité culturelle », organisé à l'initiative de France stratégie, le think tank de Matignon.

L'islamophobie, un devoir civique

2 avril 2015

Galvanisés par leurs élites politiques, quelques citoyens exemplaires se décident enfin à en venir aux mains pour défendre les valeurs de la République.

Une femme enceinte aurait été agressée à Toulouse « à cause de son voile islamique », rapporte Le Figaro. Curieusement, précisent nos confrères, Manuel Valls, « a fait part de son "indignation" ». Ces derniers temps, pourtant, le Premier ministre nous avait habitué à davantage de fermeté. Peut-être s'est-il épuisé à vilipender le Front national ? Au moins Nicolas Sarkozy a-t-il gardé la tête froide : « la France est une République, pas seulement une démocratie », a-t-il martelé. « Dans une démocratie, chacun fait ce qu'il veut tant que cela ne fait pas de mal aux autres », a-t-il expliqué. Mais « dans une République, on est plus exigeant ». Or, a-t-il rappelé, « la République, c'est la laïcité ».

À l'UMP, quelques personnalités sont manifestement en passe d'en devenir les champions. Dernièrement, François Fillon s'est heureusement distingué de l'ancien président de la République : « la laïcité ce n'est pas l'oppression des religions, c'est le respect des différences », a-t-il déclaré. C'est pourtant un ministre de son gouvernement, Luc Chatel, qui avait banni des sorties scolaires les mamans les moins enclines à se promener cheveux au vent. C'est également en son nom qu'avait été présenté le projet de loi « interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public ». L'islamophobie aidant, les libertés les plus élémentaires s'avèrent faciles à piétiner !

D'autres exemples ? En juin dernier, s'inscrivant dans la continuité de cette politique, Richard Trinquier, maire UMP de Wissous (Essonne), avait chassé d'une plage éphémère deux mères de famille coupables de porter un voile recouvrant non seulement les cheveux... mais aussi les oreilles – un vrai scandale ! Quant à l'inénarrable Nadine Morano, au mois d'octobre, elle s'était empressée de dénoncer à un policier la femme intégralement voilée qu'elle avait croisée gare de l'Est, après l'avoir sommée, en vain, de rendre son visage à la vue du public. 

Remarquable initiative, dont on apprend donc aujourd'hui qu'elle a peut-être fait quelques émules, à l'image de ces républicains exemplaires qui viennent, paraît-il, d'agresser la malheureuse Toulousaine. Découvrant qu'elle était enceinte, ils auraient décidé de l'épargner. C'est dommage : sans doute cela les privera-t-il de la Légion d'honneur. Qu'on se le dise : la République, ça se mérite !

Chassons la République de nos assiettes !

1 avril 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Attisant le feu du communautarisme, Nicolas Sarkozy espère vraisemblablement tirer profit de la hantise suscitée par l'islam, au risque de priver les Français d'origine étrangère de toute perspective d'assimilation.

La République s'accommode mal de la diversité. Jadis, à la grande époque des hussards noirs, les petits Français surpris dans la cour de récréation à parler un patois familial étaient passibles d'une punition. Demain, les enfants refusant le porc qui leur sera proposé à la cantine seront-ils systématiquement montrés du doigt ? « Dans les cantines d'écoles publiques, je suis opposé à ce qu'on appelle les repas de substitution où, en fonction de l'origine des enfants, de la religion des parents, on choisit des repas différents », a déclaré Nicolas Sarkozy, interrogé le mois dernier par nos confrères de TF1. Ainsi l'ancien président de la République s'est-il engouffré dans la brèche médiatique ouverte quelques jours plus tôt par Gilles Platret, maire UMP de Chalon-sur-Saône, qui venait d'annoncer qu'un « menu unique » serait servi dans les écoles de sa commune à la rentrée prochaine. Ce faisant, rapporte Le Figaro, l'édile « a mis fin à une pratique vieille de trente et un ans, au nom, explique-t-il, du "principe de laïcité" et du "vivre-ensemble" ».

La laïcité dévoyée

Or, selon l'Observatoire de la laïcité, celle-ci « ne saurait être invoquée pour refuser la diversité des menus ». En effet, selon son acception à laquelle demeure cantonnée la majeure partie du droit, elle requiert la neutralité des institutions, mais protège la liberté des individus. Nul n'est dupe des ressorts de la confusion entretenue aujourd'hui par Nicolas Sarkozy : « parler de laïcité devient une façon de revendiquer une France blanche et chrétienne, où tout le monde partage la même culture et les mêmes mœurs », comme l'observe le sociologue François Dubet, cité par nos confrères du Monde ; en résumé, c'est « une façon de dire qu'on ne veut pas des musulmans ».

Cela étant, s'agit-il effectivement de protéger une identité millénaire, ou bien d'en construire une nouvelle, fondée non pas sur le respect d'un héritage, mais sur la hantise de l'islam ? Jusqu'à présent, les rondelles de saucisson et autres bouteilles de pinard n'avaient jamais figuré sur aucun étendard national... « Voilà que les jupes longues, les tenues sombres ou amples sont suspectées d'être des signes religieux », s'inquiète notre consœur Aurélie Collas ! Revigoré par l'islamophobie, le laïcisme menace d'ailleurs les traditions d'origine chrétienne les plus sécularisées, comme en ont témoigné, ici ou là, les tentatives de bannir les crèches de Noël de lieux réputés "publics". Or, quelles perspectives d'assimilation peut offrir un pays reniant ainsi sa propre histoire ?

L'apaisement, vraiment ?

Pire : tandis que le chef du gouvernement prétend s'inquiéter d'un « apartheid » social, d'aucuns voudraient délibérément susciter la ségrégation scolaire ! Le communautarisme a tout à y gagner, sous ses formes les plus variées. Ainsi Allain Bougrain-Dubourg, Aymeric Caron et Franz-Olivier Giesbert viennent-ils d'appeler « à ce que la loi française impose dans chaque cantine scolaire, mais aussi dans les restaurants universitaires et les administrations, une alternative végétarienne, voire végétalienne ». De leur point de vue, « il s'agirait d'une avancée citoyenne majeure et d'un geste fort en faveur de l'environnement et de ce "vivre-ensemble" que tant invoquent sans rien faire pour le promouvoir ». N'en déplaise à M. Platret, selon lequel les cantines scolaires devraient « redevenir des espaces de neutralité », cet objectif ne pourra être approché que dans le respect des aspirations de chacun. Cela peut s'accommoder d'une relative indifférence à l'égard de la religion : nulle prière n'est requise pour servir du poisson à un petit musulman. En revanche, le politique ne saurait l'ignorer au point de nier sa prégnance.

Thibaud Collin l'avait expliqué en décembre 2013 dans les colonnes de L'Action Française 2000 : « La laïcité est un régime de fermeture dans le sens où elle procède par abstraction. Je considère telle personne en faisant abstraction de ses croyances pour ne voir en elle que son humanité ou son statut de citoyen. Cela implique donc de se fermer, c'est-à-dire d'ignorer volontairement et consciemment une dimension pourtant essentielle de la personne humaine, pour mieux faire ressortir un aspect commun censé être principe de cohésion sociale. » Disons que la laïcité procède d'une conception potentiellement sectaire, sinon totalitaire, du fameux "vivre-ensemble". Sans doute a-t-elle contribué aux dizaines de morts survenues, à l'étranger, lors des manifestations consécutives à la publication d'une nouvelle caricature de Mahomet dans Charlie Hebdo, dont la France tout entière se revendiquait alors... Indiscutablement, comme le dit le Premier ministre Manuel Valls, « la laïcité, c'est donc l'apaisement ».

NB – Nouvelle illustration de l'invocation de la laïcité à tort et à travers : « la RATP retoque un soutien aux chrétiens d'Orient sur une affiche », comme le rapportent nos confrères du Figaro.

Source de l'illustration : http://large.canalblog.com/archives/2010/04/22/17655849.html

Les souverainistes aveugles devant l'Europe en faillite

12 mars 2015

L'Europe ne fonctionne pas, mais ses détracteurs les plus virulents ne sont pas là pour le dire.

Avant-hier, mardi 10 mars, la Commission européenne a officialisé le délai de deux ans imparti à la France pour remettre un peu d'ordre dans ses finances publiques, conformément aux règles censées régir le fonctionnement de l'Union économique et monétaire (UEM).

S'agit-il d'une nouvelle humiliation ? François Hollande est « tenu en laisse par Bruxelles », a dénoncé Nicolas Duont-Aignan ; « la Commission européenne dicte la politique de la France », vient de confirmer aujourd'hui le Front national. Décidément, les souverainistes se plaisent à croire qu'ils vivent dans cette Europe fédérale qu'ils prétendent honnir ! Les sanctions vont pleuvoir sur Paris, préviennent-ils. À la faveur de quel miracle ? Nul ne le sait. Or, depuis que l'euro a été substitué en franc, Paris s'est montré coutumier des dérapages budgétaires, sans que les mécanismes institutionnels et juridiques censés maintenir les États dans les clous n'aient jamais été tout à fait mis en œuvre.

Cet échec apparaît d'autant plus criant à l'heure où le marché n'est plus en mesure d'assurer sa fonction régulatrice, la Banque centrale européenne ayant entrepris de tirer les taux vers le bas. Autrement dit, l'aléa moral aidant, le laxisme risque fort de présider quelque temps encore à la gestion des finances publiques. L'escroquerie inflationniste s'avérant impraticable prou cause de monnaie unique, précisément, cela pourrait très mal finir.

Bref, l'Europe ne fonctionne pas. On le savait déjà, mais force est de constater que les  souverainistes ne sont pas là pour le dire. C'est normal : ils sont à peu près les seuls à croire le contraire.

NB – Nous reprenons à notre compte ce constat fait par Charles Wyplosz sur Telos : « Le juridisme du pacte de stabilité n'a pas résisté aux arbitrages politiques. [...] Un pays souverain peut dire non aux injonctions de la Commission, s'il l'ose et s'il en a les moyens. » À lire également, chez nos confrères d'Euractiv, à propos des recommandations budgétaires formulées par la Commission européenne : « Jusqu'ici, les États membres ne se sont [...] pas empressés de les traduire en mesures nationales. En 2013, seuls 9 % des recommandations ont été entièrement concrétisées. Pour 2014, ce chiffre est encore moins élevé  selon la Commission, les Vingt-Huit n'ont mis en place, entièrement ou presque, que douze des cent cinquante-sept recommandations établies l'an passé, soit environ 7,5 %. » C'est dire la réalité de la dictature de Bruxelles fantasmée par nos petits camarades souverainistes...

Le Rafale s'envole pour Le Caire

6 mars 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

L'Égypte acquiert le Rafale pour échapper à l'influence américaine, tout comme la France l'avait développé pour garantir son autonomie stratégique.

Le Rafale a enfin décollé à l'export ! Vingt-quatre appareils ont été commandés par l'Égypte le 16 février. Il était temps : son premier vol remontait à juillet 1986... Depuis, les critiques n'ont pas manqué de railler un projet militaro-industriel réputé symptomatique d'une certaine arrogance française. D'autant qu'avec des ambitions plus modestes, le Gripen suédois avait déjà conquis la République tchèque, la Hongrie, l'Afrique du Sud et la Thaïlande... Paris pouvait certes s'enorgueillir de disposer d'un avion polyvalent et performant, mais personne n'en voulait ; la preuve n'était-elle pas ainsi faite qu'il avait eu tort de faire cavalier seul ?

Le choix de l'indépendance

C'est pourtant ce choix-là qui s'est avéré payant à l'égard du Caire – celui de l'indépendance. Pour l'Égypte, remarquent nos confrères de DSI, cet achat « est plus qu'une affaire d'équipement militaire : c'est aussi une question de souveraineté sur l'usage qui peut être fait de ses matériels ». Jean-Dominique Merchet le confirme sur son blog Secret Défense : « Le facteur déclenchant du contrat Rafale remonte au mois d'août dernier, lorsque les Émirats arabes unis ont bombardé des positions islamistes en Libye, avec le soutien de l'Égypte. Les Émiriens ont alors utilisé leurs Mirage 2000-9 plutôt que leurs F-16, les États-Unis ayant, selon des informations de source française, mis leur veto sur l'emploi de chasseurs-bombardiers de fabrication américaine. Or, l'essentiel de la flotte aérienne de l'Égypte est aujourd'hui composé de deux cent vingt F-16. D'où la volonté de Sissi de diversifier, vite, son approvisionnement en armements, auprès de pays, comme la France, moins regardant sur l'emploi qui en est fait. » De fait, le développement du Rafale s'est inscrit dans la continuité d'une politique nationale dont la dissuasion nucléaire n'est pas le moindre des aspects. Aux côtés des SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins), l'avion produit par Dassault en est précisément l'un des vecteurs. Sa crédibilité serait naturellement entamée si elle devait dépendre, d'une façon ou d'une autre, d'une puissance étrangère...

Une bonne affaire

L'exportation du Rafale contribuera-t-elle à pérenniser cette autonomie ? Peut-être permettra-t-elle d'en atténuer les coûts, au demeurant très relatifs. Développé dans le cadre d'une coopération entre l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni,   assemblé en conséquence sur quatre sites différents, l'Eurofighter s'est avéré beaucoup plus coûteux, en définitive, que son concurrent français. Selon un rapport du Sénat, « la coopération européenne dans les industries de défense regorge d'exemples de programmes dont les délais ont été plus longs et les coûts plus chers que s'ils avaient été menés nationalement, qui ont connu des dérapages de prix et ont débouché sur des produits moins cohérents voire si différents que tout partage des coûts de maintenance en est impossible ». Dans ces conditions, conclut notre confrère Jean-Dominique Merchet, « le choix de jouer en franco-français [...] apparaît [...] comme le plus rationnel, tant sur le plan des finances publiques que sur celui des besoins militaires ».

En résumé : l'indépendance nationale est une bonne affaire. 

La France malade de Paris

6 mars 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Le budget des collectivités locales n'en finit pas d'augmenter, bien que l'État réduise leurs dotations. Tandis que l'intercommunalité tarde à tenir ses promesses, la concentration des activités serait la condition d'une croissance retrouvée. Vraiment ?

Polémique à Compiègne : après que la bande-son d'un clip de rap controversé eut été enregistrée aux frais des contribuables locaux, la municipalité a dénoncé « un détournement » de ses installations. « Nos équipements ne doivent pas être utilisés pour produire des éléments qui sont de nature à développer l'argent facile, les rodéos », a martelé benoîtement Michel Foubert, premier adjoint au maire Philippe Marini, cité par nos confrères du Parisien. En conséquence, a-t-il annoncé, les installations municipales pourraient faire l'objet prochainement d'une "charte d'utilisation". Autant dire qu'il affiche la ferme volonté d'en finir avec la dilapidation des deniers publics...

Plus de fonctionnaires

Pourtant, la pression est forte sur les communes, départements et régions, dont le budget doit s'accommoder d'une moindre dotation de l'État. « Après un premier coup de rabot de 1,5 milliard en 2014, cette manne va être amputée de 3,67 milliards cette année et de 11 milliards au total de 2015 à 2017 », rapporte Le Figaro. Les dépenses n'en continuent pas moins d'augmenter dans les collectivités locales, comme le précise notre confrère Cyrille Pluyette : « Leur masse salariale – plus de la moitié des charges des communes – a bondi de 4 % l'an dernier, selon un chiffre provisoire donné par Christian Eckert, le secrétaire d'État au Budget, après une progression 3,1 % en 2013. » Tout en occultant la diversité des territoires, ces chiffres traduisent l'échec d'une certaine "rationalisation" orchestrée depuis Paris. Selon l'Observatoire des finances locales, en effet, ces mauvais chiffres résulteraient de « la montée en charge progressive de l'intercommunalité », laquelle associerait « une hausse modérée des dépenses communales de personnel à une progression importante de celles des groupements de communes ». Autrement dit, les mutualisations annoncées n'ont pas produit les économies escomptées, bien au contraire !

Une analyse biaisée

Qu'en sera-t-il du développement des métropoles ? Héritier du Commissariat général du Plan, le Conseil d'analyse économique (CAE) souligne « l'intérêt » qu'il y aurait « à accompagner la concentration d'activité ». Paradoxalement, quitte à accroître les redistributions, il y verrait le moyen de « promouvoir l'égalité des chances à travers le territoire », selon l'intitulé d'un rapport publié le mois dernier (féveier 2015). Cela répondra-t-il aux attentes de la "France périphérique" dépeinte par Christophe Guilluy ? Quoi qu'il en soit, cette analyse apparaît biaisée aux yeux d'Olivier Bouba-Olga, professeur à l'université de Poitiers. Les rapporteurs « font "comme si" le PIB par habitant était un bon indicateur de la productivité des régions », explique-t-il sur son blog. Or, cette statistique « dépend certes en partie de la productivité apparente du travail, mais aussi des taux d'emploi, des taux d'activité, de la proportion de travailleurs transfrontaliers ou interrégionaux, des comportements de mobilité, etc. ». A titre d'illustration, précise-t-il, «  une bonne part de l'écart entre le PIB par habitant de l'Île-de-France et celui des autres régions tient au fait que les actifs d'Île-de-France passent leur retraite hors de la région capitale ». En définitive, affirme le chercheur poitevin, « croire que la seule solution pour faire de la croissance en France consiste à renforcer encore l'hypertrophie francilienne est particulièrement désolant et non fondé scientifiquement ».

Républiques en miniatures

C'est pourtant la conviction qui semble inspirer nos élites politiques, y compris à l'échelle locale. Que l'on songe aux chamailleries à l'œuvre à la faveur de la réforme territoriale, tandis que les édiles se disputent les "capitales" des nouvelles entités régionales ! « On aurait pu rêver d'un peu d'imagination, de tentatives de gouvernance innovantes, permettant de tirer partie de la diversité des territoires français, de bien gérer ces interdépendances », regrette Olivier Bouba-Olga. « Je crains qu'on s'achemine vers l'émergence de petits rois, à la tête de leur petit royaume », conclut-il, pessimiste. De "petits royaume" hélas construits sur un modèle républicain...

NB – À la faveur du redécoupage régional, « l'hétérogénéité interrégionale des PIB par habitant se réduit », observe Olivier Bouba-Olga. Cela n'ira pas sans produire quelque effet collatéral, prévient-il : « Comme les aides européennes sont calculées en partie sur la base des PIB régionaux par habitant, le montant d'aide reçu par la France va diminuer. » Voilà qui éclaire sous un nouveau jour une "solidarité européenne" que l'on savait déjà bien fragile...

Critique du choc des civilisations

27 février 2015

Un article publié par U235 explique pourquoi cette notion est « une absurdité scientifique ».

Le "choc des civilisations" hante les esprits. « Pourtant », explique Olivier Schmitt, « pour les spécialistes de relations internationales, il s'agit d'un concept zombie, qui a été disqualifié de multiples fois théoriquement et empiriquement, mais qui refuse manifestement de mourir ». Aussi l'auteur de cet article se propose-t-il d'« expliquer patiemment pourquoi la notion est une absurdité scientifique ».

Au passage, il égratigne un africaniste bien connu des militants et sympathisants d'Action française : « Du fait du caractère malléable des identités », écrit-il, « toute explication des conflits sur cette base (comme par exemple les arguments de Bernard Lugan sur l'Afrique) est une absurdité. Le fait que certains éléments du monde musulman aient décidé de rentrer en conflit avec des pays occidentaux ne peut pas être réduit à une logique d'affrontement ontologique entre identités religieuses-civilisationnelles-culturelles, mais doit être remis dans le contexte d'un affrontement de projets politiques. Car c'est bien là la faiblesse des explications culturalistes des conflits : en se focalisant sur le facteur culturel-identitaire comme cause, souvent par racisme non avoué, elles sont aveugles aux logiques politiques conduisant au conflit lui-même. Manipulable, l'identité est un enjeu d'un conflit, elle n'en est jamais la cause, qui est toujours politique. » Politique d'abord, donc. Bernard Lugan se verrait-il reprocher de ne pas être suffisamment maurrassien ?

« Au final », conclut Olivier Schmitt, « la persistance du concept de "choc des civilisations", en dépit de ses multiples réfutations, est révélatrice de la difficulté à penser la complexité des interactions sociales, au sein du cadre national ou dans les relations internationales. » Voilà qui nous renvoie plus ou moins à notre marotte conspirationniste...