30 décembre 2018
On a vu l'adaptation live de Nicky Larson ! Critique à chaud.
La série culte des années quatre-vingt fait l'objet d'une adaptation live – et made in France, s'il vous plaît ! Cela sous la direction de Philippe Lacheau, qui incarne par ailleurs le rôle-titre, en dépit d'une carrure qui ne colle pas vraiment au personnage.
Intitulé Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, ce film ne sortira officiellement que le 6 février, mais de nombreuses avant-premières sont organisées un peu partout en France. C'était le cas ce dimanche 30 janvier 2018 à l'UGC Ciné-Cité de Créteil (Val-de-Marne). À cette occasion, nous avons découvert une comédie d'action à certains égards sympathique… mais sans y retrouver l'humour qui nous avait conquis dans l'anime ou dans le manga l'ayant inspiré.
Les gags se succèdent avec plus du moins de succès. Sans doute y a-t-il matière à rire ! Mais le héros n'y gagne hélas aucune épaisseur. Son obsession pour les femmes est certes rappelée à maintes reprises, à grand renfort de plans suggestifs aptes à ravir le public masculin. C'est toutefois quasiment gratuit. D'autant qu'un parti-pris scénaristique incompréhensible met tout cela au placard : que pouvait-il rester d'un Ryo Saeba, alias Nicky Larson, sombrant si volontiers dans l'homosexualité ? Car pour un tel personnage, cela devrait assurément constituer un naufrage. Dans l'anime, on l'a déjà vu efféminé après avoir absorbé un antidote aux effets secondaires délétères : le résultat s'avérait désespérant pour son entourage. Dans le manga, c'était un peu différent : il devenait impuissant – dans tous les sens du terme, car Ryo ou Nicky n'est plus rien quand s'éteint sa passion pour les femmes ! Son obsession n'est toutefois pas dénuée d'une certaine ambivalence : c'est tantôt une faiblesse, tantôt un alibi… Dans le manga comme dans l'anime. Mais pas dans ce film donc, où cette relative subtilité fait cruellement défaut.
Le traitement réservé à Kaori, alias Laura, nous a semblé plus réussi. Il faut dire que le physique d'Élodie Fontan correspond beaucoup mieux à son personnage ! Quant à Umibozu, alias Mammouth, on le reconnaît très bien, mais rien n'illustre vraiment l'amitié qui l'unit à son rival ou partenaire. C'est le principal reproche que nous ferons à ce film : les personnages et leurs relations n'y sont pas suffisamment travaillés.
C'est dommage, mais faut-il crier au scandale ? Philippe Lacheau interprète à sa façon un héros qui a marqué son enfance. Il le fait sans renier ses habitudes. À ce titre, la longue scène en vue subjective nous a paru significative. C'est bien le réalisateur de Babysitting qui est aux commandes ! Entouré par son équipe. On aime ou pas. Mais on était prévenu. Nous ne sommes pas convaincu, pas du tout à vrai dire, mais pas non plus mécontent du moment que nous venons de passer au cinéma, dans l'ambiance chaleureuse propre à cette avant-première.
De toute façon, à la différence d'un nouveau Star Wars, ce film, léger, ne risque pas d'entacher le plaisir avec lequel on se replongera dans l'œuvre originale… En attendant de découvrir Shinjuku Private Eyes, le prochain long-métrage d'animation qui sortira bientôt au Japon !
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16 décembre 2018
Dans une version revisitée de ses aventures, Seiya va se battre aux côtés d'une femme. Il fallait, paraît-il, se plier à l'air du temps. Mais la série risque d'en être profondément dénaturée.
Un remake des Chevaliers du Zodiaque sera bientôt diffusé sur Netflix. La bande-annonce de cette nouvelle série a été dévoilée voilà quelques jours. À sa découverte, certains fans ont aussitôt dénoncé un sacrilège : Shun n'est plus le même. Plus du tout. Et pour cause : il a changé de sexe ! Désormais, c'est donc une femme.
Eugene Son, le scénariste de cette version revisitée, s'en est expliqué sur Twitter : « il y a trente ans, qu'un groupe d'hommes se batte pour sauver le monde, sans femmes à leurs côtés, n'était pas un problème
», a-t-il déclaré. « Mais désormais
», selon lui, « c'en est un
». « Notre monde a changé
», s'est-il justifié ; « le public est désormais habitué à voir des hommes et des femmes traités d'égal à égal, et mettre en scène des personnages exclusivement masculins aurait pu être interprété comme un message que nous chercherions à envoyer
». Comme si, dans la série d'origine, le personnage d'Athéna – une femme donc – n'était pas tout particulièrement mis en valeur… Et d'affirmer, à l'intention des plus mécontents : « si vous détestez ce changement, et que vous me détestez par la même occasion, et ne souhaitez pas regarder cette série, aucun souci, je comprends parfaitement
».
Dont acte. Peut-être serons-nous malgré tout curieux d'évaluer l'ampleur du massacre. Car la substitution d'un sexe à l'autre n'est pas une opération anodine. Pas dans une série comme celle-ci, où l'on retrouvait comme un soupçon d'amour courtois – du moins dans une perspective française ou occidentale. Imaginez un instant que les rôles soient inversés : avec une armée d'Amazones qui serviraient non plus une déesse respectée mais un dieu adulé… C'est toute l'histoire qu'il faudrait réécrire. Un homme ne motiverait pas des combattantes de la même façon qu'une femme inspire ses chevaliers. Peut-être ces derniers sont-ils abusés par des « stéréotypes
», mais c'est ainsi que fonctionne notre imaginaire – et cela doit bien vouloir dire quelque chose : c'est la bonté d'Athéna qui galvanise Seiya et ses compagnons ; c'est sa chaleur qui les conduit à se relever quand tout semble perdu ; son abnégation aussi, car elle est prête à souffrir ; en un mot : son amour, avec toute l'ambiguïté qu'implique ce terme – le baiser que Saori vole furtivement à Seiya en témoigne.
Bref, si les chevaliers d'Athéna deviennent indifféremment des hommes ou des femmes, alors, fatalement, les archétypes qui fondent la saga des Chevaliers du Zodiaque volent en éclats.
Accessoirement, on remarquera que le personnage émasculé dans ce remake n'a pas été choisi au hasard : les auteurs ont jeté leur dévolu sur le moins viril des quatre candidats qui se présentaient à eux ; celui qui répugnait à la violence ; celui qui portait une armure rose et dont le public, notamment français, se demandait précisément s'il s'agissait bien d'un homme ! Incidemment, donc, tout en cédant à la pression du féminisme, les scénaristes semblent avoir conforté tous les « stéréotypes
» que celui-ci est censé abhorrer. Bien joué !
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27 mai 2018
Considérations politiques sur le nouveau Star Wars censé présenter les origines du célèbre contrebandier.
Que dire de Solo – A Star Wars Story ? Ce film est-il porteur d'un quelconque message ? Ron Howard, son réalisateur, lui prête « une dimension politique
». En effet, « chaque personnage est victime d'une oppression
», a-t-il expliqué à nos confrères du Journal du dimanche (19 mai 2018). « Il y a même un droïde féministe qui milite pour l'égalité des droits
», s'est-il félicité.
Lando et sa sexualité prétendument débridée
Effectivement, la rébellion attisée sur Kessel par L3-37 aurait pu donner à réfléchir dans cette galaxie lointaine où l'esclavage semble banal. Cet épisode est toutefois traité sous un angle parodique – tout comme la relation que Lando entretient avec cette agitatrice. Selon Jonathan Kasdan, coscénariste, cela témoignerait d'« une certaine fluidité dans la sexualité
» du capitaine Calrissian où même « les droïdes ont une place
» ; c'est en tout cas ce qu'il a prétendu dans un entretien accordé au Huffington Post, cité par Star Wars Universe (18 mai 2018). « J'aurais adoré qu'il y ait un personnage plus explicitement LGBT dans ce film
», a-t-il par ailleurs regretté ; « je pense que le temps est venu pour ça
», a-t-il poursuivi, négligeant la naïveté propre à La Guerre des étoiles. Donald Glover, le nouvel interprète de Lando, a surenchéri en ces termes auprès de la radio Sirius XM citée par Première (22 mai 2018) : « Comment ne pas être pansexuel dans l'espace ? Il y a tellement de choses avec lesquelles faire l'amour. Je n'ai pas trouvé ça étrange. Oui, il drague tout ce qui bouge. Et alors ? Ça ne m'a pas semblé si bizarre parce que si vous êtes dans l'espace, toute est possible ! Il n'y a pas que des gars et des filles.
[…] Êtes-vous un homme ou une femme ? On s'en fiche. Amuse-toi.
»
Le héros prié d'adopter un nouveau langage
Tout cela n'a rien de manifeste à la découverte du film. À moins que des considérations idéologiques expliquent précisément la platitude qui s'en dégage ? Lawrence Kasdan, l'autre coscénariste, père de Jonathan et qui officia jadis à l'écriture de L'Empire contre-attaque puis du Retour du Jedi, n'est pas loin de le suggérer dans les colonnes du Point (24 mai 2018). « Tout ce que nous écrivons maintenant est devenu plus compliqué
», a-t-il expliqué à notre confrère Philippe Guedj, non sans lâcher un soupir. Et de poursuivre : « Les archétypes incarnés par Han Solo n'ont plus cours
[…] parce que les hommes doivent désormais devenir de chics types. Et ça, c'était un vrai challenge à relever. Impossible de laisser Han parler aux femmes comme il s'adresse à Leia dans La Guerre des étoiles et L'Empire contre attaque.
» C'était mieux avant !
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6 janvier 2018
Article publié dans L'Action Française 2000
Petite revue de presse politique publiée après la sortie des Derniers Jedi.
Le nouveau Star Wars, Les Derniers Jedi, sorti en France le 13 décembre 2017, a reçu un accueil mitigé. Sur le site américain Rotten Tomatoes, par exemple, la majorité de nos confrères l'ont encensé, mais les spectateurs ont été nombreux à le critiquer avec virulence. Pas forcément pour des motifs d'ordre artistique.
Un film féministe ?
« Les femmes font leur entrée en grande pompe dans la mythologie Star Wars, et c'est peut-être la vraie bonne nouvelle de cette nouvelle trilogie
», se félicite ainsi Gaudéric Grauby-Vermeil sur France Inter (14 décembre 2017), minimisant le rôle joué jadis par la princesse Leia… « Les dimensions mythique et archétypale
» propres à La Guerre des étoiles « sont quasiment évincées par une idéologie féministe agressive
», regrette Bishop Robert Barron, fondateur d'un mouvement catholique à Los Angeles, sur le site Yellow Hammer News (26 décembre 2017). Selon lui, les personnages masculins des Derniers Jedi seraient incompétents ou arrogants tandis que les femmes y apparaîtraient prudentes ou courageuses. Cet aspect-là du film, loin d'être flagrant à nos yeux, aurait nourri la défiance de militants plus ou moins associés à l'extrême droite américaine (Alt-right) – lesquels se seraient mobilisés pour en organiser le dénigrement sur la Toile ; c'est en tout cas ce que rapportent Bill Bradley et Matthew Jacobs dans l'édition américaine du Huffington Post (20 décembre 2017).
À défaut de rompre avec un patriarcat fantasmé, Les Derniers Jedi semblent vouloir se libérer du passé (parfois pour mieux s'y enfermer cependant, car cela ne va pas sans ambiguïtés). Le personnage de Yoda, censé incarner la sagesse, commande lui-même à la foudre de s'abattre sur la mémoire ancestrale de l'ordre Jedi, dont l'existence n'a plus lieu d'être : la maîtrise de la Force ne requiert plus vraiment d'apprentissage, comme en témoignent les prouesses de Rey. Dans un galaxie lointaine, comme chez nous en fait, la spiritualité et ses expériences propres à chacun se substituent à la religion placée sous l'égide d'une Église, constate Chaim Saiman dans The Atlantic (27 décembre 2017). Selon Jack Kerwick, professeur de philosophie, le film suggérerait même que « c'est de la civilisation, de ses traditions et de ses institutions que naît la corruption
». Aussi érige-t-il Rey en « héroïne rousseausite
» dans une analyse publiée sur le site américain Beliefnet (1er janvier 2018).
En finir avec les sang bleu
Il lui serait d'autant plus facile de faire table rase du passé qu'elle n'est affublée d'aucun patronyme. Cela réjouira notre confrère Steve Rose : dans le Guardian (4 décembre 2017), avant la sortie du film, il s'était attaqué aux « sang bleu
», exprimant l'espoir que l'héroïne de la nouvelle trilogie soit issue d'une famille anonyme ; de son point de vue « ce serait le signe que la mobilité sociale n'est pas éteinte après tout
». Les Skywalker à la lanterne ! Voilà un slogan que ne renieraient pas les militants de la « Force insoumise
», pour reprendre un titre utilisé par Libération (12 décembre 2017). « On pourrait
[…] dire que le seul vrai sujet du film, par-delà ceux scolairement répétés des volets précédents, est le dégagisme
», écrivent nos confrères Didier Péron et Olivier Lamm, risquant un parallèle avec la vie politique française : « rien à foutre du sabre-laser, à la casse le casque intégral du bébé Vador, expédié sans ménagement le grand méchant en robe de chambre lamé or et dents avariées
».
Faut-il y voir comme une mise en abyme ? Incidemment, Disney et ses sbires semblent exprimer la volonté de rompre avec l'héritage de George Lucas, qui leur a abandonné la destinée de son œuvre il y a cinq ans. « Ce n'était pas toujours facile de travailler avec George
», raconte Ben Burtt, auquel on doit d'avoir façonné l'univers sonore de la saga Star Wars, cité par Star Wars Underworld (16 décembre 2017). Cependant, poursuit-il, « vous pouviez attirer son attention, avoir votre mot à dire, présenter quelque chose et obtenir un oui ou un non
». Tel n'aurait pas été le cas s'il avait travaillé sur Les Derniers Jedi, a-t-il regretté. Autrement dit : c'était mieux avant… du temps de la monarchie.
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14 décembre 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Critiqué, avant même sa sortie, par les partisans les plus virulents de Donald Trump, Rogue One – A Star Wars Story semble inspiré par les études de genre et l'apologie de la "diversité".
Alors que Dark Vador vient de faire son retour au cinéma, son ombre plane sur la vie politique américaine. Son nom se trouve régulièrement associé à celui de Donald Trump. Un conseiller du président élu, Steve Bannon, s'est lui-même placé sous son patronage, selon des propos, au demeurant confus, rapportés par le Hollywood Reporter (18 novembre 2016). Cela n'a pas échappé à Christopher Suprundec, grand électeur républicain, qui s'en est offusqué dans le New York Times (5 décembre), tout en annonçant qu'en dépit des usages, il n'accorderait pas sa voix à Donald Trump. C'était quelques jours avant la sortie de Rogue One, le nouveau Star Wars, ce mercredi 14 décembre 2016 en France. « Je n'emmènerai pas mes enfants le voir pour célébrer le mal, mais pour leur montrer que la lumière peut en triompher
», a-t-il expliqué. Chris Weitz, coscénariste du film, s'est risqué lui aussi à galvaniser la résistance au trublion républicain. Sur Twitter, le 11 novembre, détournant le logo de l'Alliance rebelle, il lui a associé le slogan suivant : « La Guerre des étoiles contre la haine
». À ses yeux, « l'Empire est une organisation de suprématistes blancs ». À laquelle s'oppose, selon son collègue Gary Whitta, « un groupe multiculturel mené par une femme courageuse
» – les héros de Rogue One. Les partisans les plus virulents de Donald Trump, affiliés au mouvement Alt-Right, ne s'y sont pas trompés : ils appellent au boycott du film. Aussi Bob Iger, P-DG de la Walt Disney Company, propriétaire de Lucasfilm, a-t-il tenté d'éteindre l'incendie : « en aucune façon, il ne s'agit d'un film politique
», a-t-il déclaré à nos confrères du Hollywood Reporter (12 décembre).
Revendications féministes
Kathleen Kennedy, productrice, présidente de Lucasfilm, n'en revendique pas moins un certain engagement. Tout particulièrement vis-à-vis des femmes : « j'espère que nous avons une influence sur la façon dont elles sont vues tant dans les divertissements que dans l'industrie hollywoodienne
», a-t-elle déclaré, comme le rapporte 20 Minutes (5 décembre). Les études de genre semblent avoir influencé l'écriture du rôle principal de Rogue One. Celui-ci n'aurait pas été conçu pour un homme ou pour une femme, au dire du réalisateur, Gareth Edwards ; « Jyn est une personne qui se trouve être une fille
», a-t-il expliqué dans un entretien à Vulture (9 décembre). Échafaudant les théories les plus fantaisistes, certains fans s'imaginent d'ailleurs que Rey, l'héroïne du Réveil de la Force (un autre épisode de la saga), serait la réincarnation d'Anakin Skywalker… Quoi qu'il en soit, comme l'explique l'actrice Felicity Jones, il n'était pas question de « sexualiser
» le personnage qu'elle incarne. Autrement dit, le bikini de la princesse Leia reste au placard. « On ne voit même pas les bras de Jyn
», a-t-elle souligné dans un entretien à Glamour (29 novembre). Faisant la promotion du film, elle n'en a pas moins mis en scène sa féminité sur un plateau de télévision, retirant ses chaussures à talons hauts tandis qu'elle mimait un combat l'opposant à l'animateur Jimmy Fallon (The Tonight Show, NBC, 30 novembre).
Bons sentiments intéressés
Son personnage est le chef de file d'une équipe bigarrée. Diego Luna, un Mexicain, interprète du capitaine Cassian Andor, y voit « un beau message pour le monde dans lequel nous vivons
», comme le rapporte Polygon (2 décembre). « La diversité nous enrichit et nous rend plus forts
», a-t-il expliqué à The Wrap (5 décembre). Ce discours convenu, plein de bons sentiments, n'exclut par quelque considération plus terre-à-terre. « Nous vivons dans un monde de cinéma globalisé
», a souligné Donnie Yen, un Chinois, interprète de Chirrut Îmwe, dans un entretien à Première (12 décembre). Dans les bandes-annonces destinées à l'Empire du Milieu, son personnage est d'ailleurs plus particulièrement mis en avant. Évoquant sur Écran large (12 décembre) « le "multicultularisme" du casting
», Jacques-Henry Poucave soutient qu'il est « bien plus motivé par la nécessité pour le film de cartonner partout dans le monde que par la volonté d'attaquer les pauvres petits caucasiens
». Comme l'écrivait Charles Maurras, dans un tout autre contexte, « les idées
[…] sont toujours le masque des intérêts
» (L'Action Française, 8 novembre 1937).
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2 mars 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les petits garçons
vibraient au rythme des aventures télévisées du capitaine Albator... Le
moment est venu de leur rafraîchir la mémoire.
Le capitaine Harlock, alias Albator, vient de faire son retour dans les
librairies. Dans l'ombre de Goldorak, ce personnage a bercé toute une
génération de petits Français. Apparu dans un manga en 1969, puis à la
télévision en 1978, il a présenté plusieurs visages au fil de ses
aventures, jusqu'à la caricature : porté au cinéma en 2013, il y est
apparu sous les traits d'un psychopathe, tentant de racheter ses fautes à
la faveur d'un génocide galactique prétendument rédempteur...
Retour aux sources
C'est à un retour aux sources que nous sommes conviés aujourd'hui, alors
que vient de paraître la traduction française du premier tome d'un nouveau
manga, Capitaine Albator – Dimension
Voyage. Il s'agit d'un remake fidèle de
l'histoire originelle, faisant, en quelque sorte, la synthèse d'une œuvre
éparse à la cohérence toute relative. Ainsi
le personnage de Kirita (Vilak) est-il repris du dessin animé de
1978, mais sous les traits d'un autre, apparu dans les années 2000.
Officiant toujours au scénario, Leiji Matsumoto, soixante-dix-huit ans, a
cédé son crayon à Kouiti Shimaboshi. Le dessin s'avère modernisé, mais les
nostalgiques ne devraient pas en être dépaysés.
Signe des temps : la reine Sylvidra arbore désormais un décolleté.
Albator s'en trouvera-t-il émoustillé, comme des quadragénaires le furent
jadis à la vue des Sylvidres dénudées ? Rien n'est moins sûr. Alors
qu'il voue une amitié indéfectible à Tochiro, on ne lui connaît qu'une
seule et unique aventure, à l'issue tragique. En tout cas, les féministes
ne l'apprécient guère. Relisant le manga fondateur, Charles-Édouard
Mandefield s'était désolé d'un « machisme décalé
». Un
passage a plus particulièrement retenu son attention, explique-t-il
sur Otakia (en ligne) : celui où Kei Yuki
(Nausicaa) « met sa vie en péril pour ménager la susceptibilité de
Tadashi
» (Ramis) « et lui faire croire qu'il l'a
sauvée
». « Dans cette histoire
», conclut
notre confrère, « le message en filigrane est donc que les femmes
[...] doivent masquer leur vraie valeur pour ne pas offusquer la gente
masculine
». C'est oublier que ces récits sont destinés surtout
à des garçons... Peut-être certains en auront-ils tiré quelque leçon
d'humilité !
Reste à savoir ce qu'il adviendra de cet épisode dans la suite du remake. Dans ce premier tome, alors que les Sylvidres
se préparent à envahir la Terre, « la civilisation matérialiste a
conduit le peuple à la dépravation
», comme le remarque l'une
d'entre elles. Conscient de la menace, le professeur Daiba alerte le
ministre censé présider aux destinées de l'humanité. Hélas, déplore-t-il,
« cette tète de mule ne pense qu'a jouer au golf
» !
Son fils, Tadashi, en est révolté : « ce n'est qu'un
inconscient qui se complaît dans l'indolence
», observe-t-il.
« Depuis quand les hommes ne son-ils plus qu'une bande de
dégonflés ?
», se demande-t-il encore. À la mort de son
père, il décide de rejoindre l'Arcadia commandé par Albator. Un vaisseau
« avec à son bord de vrais hommes
» !
Romantisme viril
Considérant ses semblables avec dédain, Albator n'en engage
pas moins un combat désespéré pour sauver la Terre. Sans doute ce
"romantisme viril" explique-t-il la sympathie que lui accordent les
militants italiens de Casapound. Les identitaires français ne sont pas en
reste : « ce personnage luttant pour une humanité dans
laquelle il peine pourtant à se reconnaître, marqué par ses combats dans
son cœur comme sur son visage, et hissant le pavillon noir à tête de
mort sur son vaisseau, avait tout pour séduire les pirates identitaires
»,
explique
Philippe Vardon-Raybaud. Dans son livre, Éléments pour une
contre-culture identitaire, tout comme dans celui d'Adriano
Scianca, Casapound – Une terrible beauté est née !, Albator
côtoie Ernst Jünger, dont il incarne précisément la
figure du rebelle : « celui qui, isolé et privé de sa
patrie par la marche de l'univers, se voit enfin livré au néant
» ;
« résolu à la résistance
», il « forme le dessein
d'engager la lutte, fût-elle sans espoir
» ; « est
rebelle, par conséquent
», aux yeux de l'écrivain
allemand, « quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport
avec la liberté, relation qui l'entraîne dans le temps à une révolte
contre l'automatisme et à un refus d'en admettre la conséquence éthique,
le fatalisme
».
Cependant, errant dans l'espace (et non dans les forêts), notre rebelle
ne serait-il pas un apatride ? « Sous la bannière de la
liberté, il parcourt les mers sans fin de l'univers en ne comptant que
sur lui-même
», s'enthousiasme un jeune homme déshérité, croisé
dans les pages du manga. Alors qu'il s'apprête à s'envoler, Tadashi
détruit un drapeau aux couleurs de la confédération terrestre. « Mon
étendard à moi est orné d'une tête de mort
», se justifie-t-il.
Cela étant, toute notion d'héritage ne lui est pas étrangère, bien au
contraire, car il poursuit, à sa façon, l'œuvre de son père. Albator,
quant à lui, cultive la fidélité dans la tradition de sa lignée...
Nationalisme japonais
Au sein de l'équipage, il règne un sympathique désordre, dont s'émeut
Tadashi : « ce vaisseau est un vrai cirque
», se
lamente-t-il, outré, alors qu'il en fait la visite. Mais quand vient
l'heure du combat, sous les ordres du capitaine, chacun répond toujours à
l'appel... Autrement dit, à bord de l'Arcadia, c'est l'anarchie plus
un ! Ce vaisseau présente l'allure générale d'un cuirassé, sur lequel
auraient été greffées les ailes d'un avion, mais aussi la poupe d'un vieux
galion. La grande classe ! Dans une œuvre connexe, Leiji Matsumoto
avait même exhumé le croiseur Yamato, puisant ainsi « dans les
racines du nationalisme japonais
», comme l'expliquait Didier
Giorgini dans la revue Conflits (n° 3, automne 2014)...
Preuve que la politique n'est jamais très loin !
Leiji Matsumoto (scénario) et Kouiti Shimaboshi (dessins), Capitaine
Albator – Dimension Voyage, tome I, Kana, février 2016,
5,95 euros.
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