21 décembre 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
Un laïcisme obtus transforme la crèche en symbole identitaire.
La justice s'acharne contre les crèches ! Celle installée dernièrement par Robert Ménard vient d'en faire les frais. Hélas ! Une suspicion plane toutefois sur le maire de Béziers – comme sur tous les édiles bravant une laïcité dévoyée : trouveraient-ils le même intérêt à mettre en scène la Nativité s'ils ne risquaient pas d'être traînés devant les tribunaux ? La polémique aidant, ils apparaissent comme les hérauts d'autant plus méritants de traditions attaquées de toutes parts.
La magie de Noël !
Sans doute la légitimité prêtée à leur combat tient-elle à la hantise suscitée par l'immigration et l'islam ; que va-t-il advenir de l'identité nationale ? Dans le cas des crèches, cependant, il faut le rappeler, c'est à l'initiative de « libres penseurs
» que des interdictions sont prononcées. Quant à nos compatriotes musulmans, ils ne semblent pas indisposés par cet héritage religieux. Dans une boulangerie du Val-de-Marne, en pleine effervescence au moment du Ramadan, on n'a certes pas installé de crèche ces jours-ci, mais on a tout de même planté un sapin, avec, entre autres décorations, un bonnet de père Noël – cousin pas si lointain de saint Nicolas, une figure chrétienne donc, dont on s'étonne d'ailleurs qu'elle soit encore tolérée dans des édifices publics… À l'approche du réveillon, voilà déjà quelques années (en 2009), nos confrères des Échos avaient remarqué que « chapons, foie gras et dinde farcie halal
[avaient] fait leur apparition dans les rayons des épiceries spécialisées
». De ce point de vue, la fête de la Nativité conserve de beaux restes, tant elle s'avère encore fédératrice. C'est la magie de Noël !
Qu'en sera-t-il demain ? Peut-être les crèches vont-elles continuer à refleurir. Des cochons pourraient y être substitués aux moutons. Pour décorer un intérieur en toute saison, à côté d'une représentation de la bataille de Poitiers. Cela, au fond, avec la bénédiction des institutions républicaines, dont le laïcisme obtus contribue directement à dévoyer la crèche en étendard du combat identitaire. Les croyants n'ont pas lieu de s'en réjouir. Les profanes non plus.
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3 décembre 2015
N'en déplaise à certains socialistes indignés, déchoir des
Français de leur nationalité participerait d'une démarche typiquement
progressiste.
À l'instant, sur France Info (Les
Informés, émission animée par Jean-Mathieu Pernin,
3 décembre 2015), un certain nombre d'intervenants s'étonnent
– et même s'émeuvent – qu'un pouvoir socialiste envisage de déchoir de
leur nationalité des individus nés français. En effet, un projet de
révision de la Constitution devrait être présenté prochainement en ce
sens.
François Hollande et son gouvernement ne sont pas animés par
des motivations idéologiques, mais politiques : il s'agit de
flatter une opinion publique xénophobe, donner l'illusion d'une action
résolue contre le terrorisme, couper l'herbe sous le pied de
l'opposition, etc. Cependant, n'est-est-ce pas à
gauche, un peu plus qu'ailleurs, qu'on nous explique qu'être français,
ce serait, précisément, adhérer à des "valeurs", en l'occurrence celles
de la République ?
Dans cette perspective, la participation à l'organisation d'un
attentat exprimant manifestement leur reniement, c'est tout
naturellement qu'elle devrait se traduire, juridiquement, par la
déchéance de nationalité. Autrement dit, il s'agirait de prendre acte
d'un choix délibéré, en application d'une conception volontariste de la
nationalité.
Ce serait donc une mesure progressiste, émancipant l'individu
d'un héritage imposé par sa naissance. Tout comme la lutte contre les
"stéréotypes" est censée l'affranchir de déterminismes sociaux, voire
biologiques, par exemple.
De notre point de vue, cela n'est pas à son honneur, mais
force est de le constater : sous la houlette de François
Hollande, la gauche demeure fidèle à ses idéaux.
À lire sur le même sujet :
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1 avril 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Attisant le feu du communautarisme, Nicolas Sarkozy espère
vraisemblablement tirer profit de la hantise suscitée par l'islam, au
risque de priver les Français d'origine étrangère de toute perspective
d'assimilation.
La République s'accommode mal de la diversité. Jadis, à la
grande époque des hussards noirs, les petits Français surpris dans la
cour de récréation à parler un patois familial étaient passibles d'une
punition. Demain, les enfants refusant le porc qui leur sera proposé à
la cantine seront-ils systématiquement montrés du doigt ? «
Dans les cantines d'écoles publiques, je suis opposé à ce qu'on appelle
les repas de substitution où, en fonction de l'origine des enfants, de
la religion des parents, on choisit des repas différents », a
déclaré Nicolas Sarkozy, interrogé le mois dernier par nos confrères de
TF1. Ainsi l'ancien président de la République
s'est-il engouffré dans la brèche médiatique ouverte quelques jours
plus tôt par Gilles Platret, maire UMP de Chalon-sur-Saône, qui venait
d'annoncer qu'un « menu unique » serait servi dans
les écoles de sa commune à la rentrée prochaine. Ce faisant, rapporte Le Figaro,
l'édile « a mis fin à une pratique vieille de trente et un
ans, au nom, explique-t-il, du "principe de laïcité" et du
"vivre-ensemble" ».
La laïcité dévoyée
Or, selon l'Observatoire de la laïcité, celle-ci « ne
saurait être invoquée pour refuser la diversité des menus ».
En effet, selon son acception à laquelle demeure cantonnée la majeure
partie du droit, elle requiert la neutralité des institutions, mais
protège la liberté des individus. Nul n'est dupe des ressorts de la
confusion entretenue aujourd'hui par Nicolas Sarkozy :
« parler de laïcité devient une façon de revendiquer une
France blanche et chrétienne, où tout le monde partage la même culture
et les mêmes mœurs », comme l'observe le sociologue François
Dubet, cité par nos confrères du Monde ;
en résumé, c'est « une façon de dire qu'on ne veut pas des
musulmans ».
Cela étant, s'agit-il effectivement de protéger une identité
millénaire, ou bien d'en construire une nouvelle, fondée non pas sur le
respect d'un héritage, mais sur la hantise de l'islam ?
Jusqu'à présent, les rondelles de saucisson et autres bouteilles de
pinard n'avaient jamais figuré sur aucun étendard national...
« Voilà que les jupes longues, les tenues sombres ou amples
sont suspectées d'être des signes religieux », s'inquiète
notre consœur Aurélie Collas ! Revigoré par l'islamophobie, le
laïcisme menace d'ailleurs les traditions d'origine chrétienne les plus
sécularisées, comme en ont témoigné, ici ou là, les tentatives de
bannir les crèches de Noël de lieux réputés "publics". Or, quelles
perspectives d'assimilation peut offrir un pays reniant ainsi sa propre
histoire ?
L'apaisement, vraiment ?
Pire : tandis que le chef du gouvernement prétend
s'inquiéter d'un « apartheid » social, d'aucuns
voudraient délibérément susciter la ségrégation scolaire ! Le
communautarisme a tout à y gagner, sous ses formes les plus variées.
Ainsi Allain Bougrain-Dubourg, Aymeric Caron et Franz-Olivier Giesbert
viennent-ils d'appeler « à ce que la loi française impose dans
chaque cantine scolaire, mais aussi dans les restaurants universitaires
et les administrations, une alternative végétarienne, voire
végétalienne ». De leur point de vue, « il s'agirait
d'une avancée citoyenne majeure et d'un geste fort en faveur de
l'environnement et de ce "vivre-ensemble" que tant invoquent sans rien
faire pour le promouvoir ». N'en déplaise à
M. Platret, selon lequel les cantines scolaires devraient
« redevenir des espaces de neutralité », cet objectif
ne pourra être approché que dans le respect des aspirations de chacun.
Cela peut s'accommoder d'une relative indifférence à l'égard de la
religion : nulle prière n'est requise pour servir du poisson à
un petit musulman. En revanche, le politique ne saurait l'ignorer au
point de nier sa prégnance.
Thibaud Collin l'avait expliqué en décembre 2013 dans les
colonnes de L'Action Française 2000 :
« La laïcité est un régime de fermeture dans le sens où elle
procède par abstraction. Je considère telle personne en faisant
abstraction de ses croyances pour ne voir en elle que son humanité ou
son statut de citoyen. Cela implique donc de se fermer, c'est-à-dire
d'ignorer volontairement et consciemment une dimension pourtant
essentielle de la personne humaine, pour mieux faire ressortir un
aspect commun censé être principe de cohésion sociale. »
Disons que la laïcité procède d'une conception potentiellement
sectaire, sinon totalitaire, du fameux "vivre-ensemble". Sans doute
a-t-elle contribué aux dizaines de morts survenues, à l'étranger, lors
des manifestations consécutives à la publication d'une nouvelle
caricature de Mahomet dans Charlie Hebdo, dont la
France tout entière se revendiquait alors... Indiscutablement, comme le
dit le Premier ministre Manuel Valls, « la laïcité, c'est donc
l'apaisement ».
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6 mars 2015
Article publié dans L'Action Française 2000
Le budget des collectivités locales n'en finit pas
d'augmenter, bien que l'État réduise leurs dotations. Tandis que
l'intercommunalité tarde à tenir ses promesses, la concentration des
activités serait la condition d'une croissance retrouvée.
Vraiment ?
Polémique à Compiègne : après que la bande-son d'un
clip de rap controversé eut été enregistrée aux frais des contribuables
locaux, la municipalité a dénoncé « un détournement »
de ses installations. « Nos équipements ne doivent pas être
utilisés pour produire des éléments qui sont de nature à développer
l'argent facile, les rodéos », a martelé benoîtement Michel
Foubert, premier adjoint au maire Philippe Marini, cité par nos
confrères du Parisien. En conséquence, a-t-il
annoncé, les installations municipales pourraient faire l'objet
prochainement d'une "charte d'utilisation". Autant dire qu'il affiche
la ferme volonté d'en finir avec la dilapidation des deniers publics...
Plus de fonctionnaires
Pourtant, la pression est forte sur les communes, départements
et régions, dont le budget doit s'accommoder d'une moindre dotation de
l'État. « Après un premier coup de rabot de
1,5 milliard en 2014, cette manne va être amputée de
3,67 milliards cette année et de 11 milliards au
total de 2015 à 2017 », rapporte Le Figaro.
Les dépenses n'en continuent pas moins d'augmenter dans les
collectivités locales, comme le précise notre confrère Cyrille
Pluyette : « Leur masse salariale – plus de la moitié
des charges des communes – a bondi de 4 % l'an dernier, selon
un chiffre provisoire donné par Christian Eckert, le secrétaire d'État
au Budget, après une progression 3,1 % en 2013. »
Tout en occultant la diversité des territoires, ces chiffres traduisent
l'échec d'une certaine "rationalisation" orchestrée depuis Paris. Selon
l'Observatoire des finances locales, en effet, ces mauvais chiffres
résulteraient de « la montée en charge progressive de
l'intercommunalité », laquelle associerait « une
hausse modérée des dépenses communales de personnel à une progression
importante de celles des groupements de communes ». Autrement
dit, les mutualisations annoncées n'ont pas produit les économies
escomptées, bien au contraire !
Une analyse biaisée
Qu'en sera-t-il du développement des métropoles ?
Héritier du Commissariat général du Plan, le Conseil d'analyse
économique (CAE) souligne « l'intérêt » qu'il y
aurait « à accompagner la concentration d'activité ».
Paradoxalement, quitte à accroître les redistributions, il y verrait le
moyen de « promouvoir l'égalité des chances à travers le
territoire », selon l'intitulé d'un rapport publié le mois
dernier (féveier 2015). Cela répondra-t-il aux attentes de la "France
périphérique" dépeinte par Christophe Guilluy ? Quoi qu'il en
soit, cette analyse apparaît biaisée aux yeux d'Olivier Bouba-Olga,
professeur à l'université de Poitiers. Les rapporteurs « font
"comme si" le PIB par habitant était un bon indicateur de la
productivité des régions », explique-t-il sur son blog. Or,
cette statistique « dépend certes en partie de la productivité
apparente du travail, mais aussi des taux d'emploi, des taux
d'activité, de la proportion de travailleurs transfrontaliers ou
interrégionaux, des comportements de mobilité, etc. ».
A titre d'illustration, précise-t-il, « une bonne part de
l'écart entre le PIB par habitant de l'Île-de-France et celui des
autres régions tient au fait que les actifs d'Île-de-France passent
leur retraite hors de la région capitale ». En définitive,
affirme le chercheur poitevin, « croire que la seule solution
pour faire de la croissance en France consiste à renforcer encore
l'hypertrophie francilienne est particulièrement désolant et non fondé
scientifiquement ».
Républiques en miniatures
C'est pourtant la conviction qui semble inspirer nos élites
politiques, y compris à l'échelle locale. Que l'on songe aux
chamailleries à l'œuvre à la faveur de la réforme territoriale, tandis
que les édiles se disputent les "capitales" des nouvelles entités
régionales ! « On aurait pu rêver d'un peu
d'imagination, de tentatives de gouvernance innovantes, permettant de
tirer partie de la diversité des territoires français, de bien gérer
ces interdépendances », regrette Olivier Bouba-Olga.
« Je crains qu'on s'achemine vers l'émergence de petits rois,
à la tête de leur petit royaume », conclut-il, pessimiste. De
"petits royaume" hélas construits sur un modèle républicain...
NB – À la faveur du redécoupage régional,
« l'hétérogénéité interrégionale des PIB par habitant se
réduit », observe Olivier Bouba-Olga. Cela n'ira pas sans
produire quelque effet collatéral, prévient-il :
« Comme les aides européennes sont calculées en partie sur la
base des PIB régionaux par habitant, le montant d'aide reçu par la
France va diminuer. » Voilà qui éclaire sous un nouveau jour
une "solidarité européenne" que l'on savait déjà bien fragile...
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18 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Examinant le projet de loi de finances pour 2011, les députés
expriment quelque réticence à augmenter le budget de la Halde, dont la
crise rend les exigences particulièrement déplacées.
Le député UMP Richard Mallié fait-il « une fixation
sur la Halde » ? Son collègue René Dosière l'en a
accusé le 8 novembre, lors d'un débat en commission à
l'Assemblée nationale, observant toutefois qu'il n'était pas le seul.
En fait, l'institution semble cristalliser la méfiance des
parlementaires à l'égard des autorités administratives.
Un train de vie jugé exceptionnel
Après avoir obtenu, l'année dernière, une augmentation de son
budget de 6,3 %, la Haute Autorité de lutte contre les
discriminations et pour l'égalité réclame, pour 2011, une rallonge
supérieure à 3 %. Dépassant alors les 13 millions
d'euros, ses moyens seraient supérieurs à ceux du médiateur de la
République. Selon le gouvernement, ces nouvelles ressources seraient
affectées au recrutement de deux agents de catégorie A censés
traiter les dossiers de réclamation, et à la mise en place progressive
d'un réseau de correspondants territoriaux.
Cette perspective apparaît « déplacée » aux
yeux de M. Mallié, signataire, avec quatre-vingts collègues,
d'une proposition d'amendement au projet de loi de finances (PLF).
« Alors que le PLF pour 2011 s'inscrit dans un contexte
budgétaire difficile, le train de vie de la Halde est toujours aussi
exceptionnel », a-t-il dénoncé. « Le pré-rapport de
la Cour des comptes est sans appel : les marchés publics sont
à la limite de la légalité, les dépenses en communication sont
exorbitantes – 6,2 millions d'euros entre 2005 et 2009 – et le
loyer annuel [...] s'élève à plus de 1,8 million, soit
800 euros le mètre carré, contre 300 euros dans une
rue voisine. » Cela en raison, notamment, « d'un hall
luxueux qui n'a aucune utilité » selon René Dosière.
Des dossiers rejetés en masse
L'argent est-il jeté par les fenêtres ? Richard
Mallié l'a suggéré en soulignant « que 75 % des
dossiers déposés auprès de la Halde en 2009 ont été rejetés et que
seuls 3,6 % des plaintes ont abouti ». On en déduit
le "chiffre du jour" publié le 13 novembre sur le blog du
Centre royaliste d'Action française :
« 31 580 euros par plainte ! Un
budget de 12 millions d'euros pour
380 "discriminations" reconnues : un rapport
qualité-prix défiant toute concurrence ! »
Cela dit, « nous n'avons rien contre l'action de cet
organisme », a prévenu Richard Mallié. Plus radicale,
Véronique Besse, député de la Vendée, a déposé une proposition de loi
visant à supprimer une institution jugée coûteuse et inutile, sinon
perverse.
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16 septembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Paris s'abrite derrière Bruxelles pour accroitre la TVA sur le
"triple play".
Les offres "triple play", combinant accès à Internet,
téléphone et télévision, bénéficient en France d'un taux de TVA réduit
(5,5 %) sur la moitié de la facture – un taux par ailleurs
appliqué intégralement sur les bouquets de télévision proposés,
indépendamment de tout autre service, sur le câble ou le satellite.
Bruxelles s'en était inquiété au printemps dernier, adressant
à Paris une lettre de mise en demeure dont La Tribune
s'était fait l'écho le 23 avril : « La Commission
européenne, qui agit suite à la plainte d'un particulier, estime que ce
régime viole pas moins de sept articles de la directive sur la
TVA », rapportait alors Jamal Henni. « Premier
problème : les FAI [fournisseurs d'accès à Internet]
appliquent la TVA réduite à quasiment tous leurs abonnés ADSL, "y
compris dans les cas où les FAI savent pertinemment que la télévision
n'est pas susceptible d'être utilisée par l'abonné". [...] Dans ces
cas-là, la TVA réduite s'applique à l'internet et au téléphone, ce qui
viole la directive européenne qui octroie la TVA réduite uniquement à
la TV. En outre, [...] la TVA réduite est appliquée de manière
forfaitaire, alors que la directive stipule que deux taux différents ne
peuvent être appliqués que lorsqu'il y a deux prestations bien
"distinctes". »
Interrogée par l'AFP le vendredi 10 septembre, la
Commission européenne s'est défendue d'avoir demandé à la France
d'appliquer un taux standard (19,6 %) à l'intégralité du
forfait. Peut-être sa mise en demeure était-elle censée identifier de
façon exhaustives les infractions potentielles, sans préjuger des
conclusions du dialogue qu'il lui appartenait d'engager avec Paris.
Opportunisme
D'abord « plongé dans un profond embarras »,
selon notre confrère de La Tribune, le
gouvernement français semble avoir saisi l'opportunité qui lui était
offerte de raboter une "niche fiscale" tout en imputant à Bruxelles
l'impopularité d'une telle responsabilité. Dans cette affaire, en
effet, il témoigne d'un zèle inhabituel. « La pression
européenne qui est mise en avant constitue un faux prétexte pour une
fausse urgence » aux yeux de Philippe Bailly, qui observe sur
son blog que « si l'expression "mise en demeure" peut
apparaître impressionnante, elle ne désigne en fait en langage
bruxellois que le premier stade de la procédure entre la Commission et
un État membre ; pas plus à ce stade qu'une simple demande
d'information. Les fonctionnaires de Bercy le savent mieux que
quiconque, puisqu'il se sera écoulé plus de quatre ans entre la
première "mise en demeure" de la Commission sur l'ouverture du secteur
des paris en ligne, et le vote de la loi qui y pourvoyait au printemps
dernier... »
Cela n'est pas le moindre intérêt de l'UE pour les
politiques : elle leur fournit régulièrement un alibi.
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16 septembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
La réforme des retraites présentée par le gouvernement pare au
plus pressé, sans apporter aucune garantie structurelle à long terme.
Prisonnière de ses vices, la République préfère entretenir la perfusion
de l'État providence.
L'Assemblée nationale poursuit l'examen du projet de loi
portant réforme des retraites, dont elle a adopté vendredi la mesure
phare, le relèvement de deux ans de l'âge légal de départ à la
retraite. « Travailler un peu plus longtemps »,
c'est, aux yeux du président de la République, « la voie la
plus raisonnable, celle que tous les autres pays ont choisie et celle
que le gouvernement a retenue car nous vivons plus longtemps :
depuis 1950, nous avons gagné quinze ans d'espérance de vie ».
Un coup politicien
Nicolas Sarkozy a donc changé d'avis, comme le rappelait Libération
le 26 mai, vidéos à l'appui. La conséquence d'un sens des
responsabilités plus affuté que par le passé ? « Le
devoir du chef de l'État n'est pas d'ignorer les difficultés ou de
laisser à ses successeurs le soin de les régler », a-t-il
déclaré le 8 septembre. « C'est au contraire de
regarder la situation en face et d'y apporter des réponses durables et
justes. » Dans le costume du président, cependant, c'est
toujours un politicien qui sévit. Lequel semble bien décidé à se
repositionner à droite dans la perspective de 2012 – le "coup" des Roms
en témoigne.
Cet animal politique aurait-il, une fois de plus, manœuvré la
gauche à sa guise ? En s'attaquant au vestige mitterrandien
des "soixante ans", il a « clivé » le paysage
politique, selon l'expression d'Henry de Lesquen (Radio
Courtoisie, 13/09/2010), suscitant des protestations qui lui
assureront peut-être, par réaction, la fidélité de son
électorat. Une démarche à l'opposé de celle qui prévalut en Suède, où
la recherche d'un consensus avait présidé, des années durant, à la
réforme des retraites. Alors que des milliers personnes venaient de
défiler dans les rues, le président n'a pas manqué de souligner
« le bon fonctionnement » du "service minimum" dans
les transports, saluant par ailleurs des organisations syndicales qui
« sont dans leur rôle lorsqu'elles appellent à des
manifestations ou à des grèves ». La Crise nourrissant la
résignation, la partie semble jouée d'avance, suivant des règles
dictées par les marchés financiers.
Le poids de la dette
« À l'heure où une pension sur dix est financée par
de la dette, nous devons assurer aux Français que leurs retraites et
celles de leurs enfants seront payées », a prévenu le chef de
l'État. Ce faisant, bien qu'on le dise peu porté sur la "rigueur", il
entend vraisemblablement rassurer les investisseurs quant à la capacité
de la France à assainir ses finances publiques. Et donc la prémunir
d'un renchérissement du coût de la dette, dont le service représente
d'ores et déjà une charge écrasante – le deuxième poste budgétaire de
l'État !
Aussi le gouvernement se devait-il de parer au plus pressé.
Hélas, il s'en est contenté : bien qu'il nous promette le
retour à l'équilibre des régimes de retraite en 2018, son projet de loi
ne présente aucune garantie structurelle. Jugeant la réforme
« injuste et inadaptée », le mouvement d'Action
française a d'ailleurs manifesté quelque solidarité à l'égard des
protestations syndicales... Versant dans un autre registre – différent
mais complémentaire ! –, Alain Madelin a dénoncé
« une hérésie sociale et économique », déplorant que
soient mélangées fiscalité et retraites (BFM,
07/09/2010). Soucieux de se racheter une apparence de conscience
sociale, le gouvernement s'est vanté d'inclure dans son bricolage,
entre autres mesures, la hausse d'un point de la tranche la plus élevée
de l'impôt sur le revenu (41 % au lieu de 40 aujourd'hui) –
sans prise en compte dans le calcul du bouclier fiscal, décidément bien
fragile. Par ce biais, il maintient les partenaires sociaux sous la
tutelle de l'État. Or seule l'implication des bénéficiaires dans la
gestion de leurs propres retraites permettrait d'en assurer la
pérennité.
Une retraite à la carte
L'ancien ministre de l'Économie prône la retraite par points,
un système plus simple et plus équitable – « à cotisations
égales, retraites égales » –, mais aussi plus
responsabilisant. Le député MPF Dominique Souchet s'en est fait
l'avocat devant l'Assemblée nationale, soulignant qu'il permettrait
« à chacun de choisir en toute connaissance de cause la date
de son départ et le montant de la pension qu'il percevra en fonction de
la date retenue » (Le Salon Beige,
08/09/2010). Telle est la possibilité offerte aux Suédois, qui peuvent
partir à la retraite entre soixante et un et soixante-sept ans.
« Il n'y a pas de durée de cotisation minimale. Les citoyens
de ce pays disposent d'un compte virtuel où ils accumulent des points
au long de [leur] carrière. Les Suédois reçoivent annuellement une
lettre qui leur indique le montant de leur pension. Celui-ci est
calculé en fonction de l'espérance de vie, de la croissance économique
et du respect de l'équilibre financier du système. Les Suédois peuvent
partir avant, mais leur retraite sera alors moins
importante. » (Euractiv 07/09/2010)
Un État diététicien
Loin de s'inspirer d'un tel modèle, le président et son
gouvernement ont donc choisi d'entretenir la perfusion de l'État
providence. Pour preuve, Matignon a délibérément communiqué, le
2 septembre, sur l'extension aux collèges et lycées de
l'opération "Un fruit pour la récré". Peut-être cette initiative
répond-elle à un enjeu de santé publique, mais elle témoigne de la
dispersion de l'action publique et de de l'inclination de la République
à prendre chaque citoyen par la main, avec les conséquences que l'ont
sait : la fabrication des allumettes ininflammables raillées
jadis par Maurras, ou l'ouverture des universités à des bacheliers
illettrés.
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29 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Un rapport prétend identifier les « meilleures
pratiques » des entreprises.
Le Centre d'analyse stratégique aurait pour mission
« d'éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en
œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale,
environnementale ou culturelle ». En conséquence, il aurait
mandaté le cabinet Deloitte pour réalisé une étude sur « la
promotion de la diversité dans les entreprises », censée
mettre en valeur « les meilleures pratiques » dans ce
domaine.
Sont donnés en exemple, entres autres : Casino, qui
a lancé une campagne de "testing" afin « d'évaluer les
pratiques de recrutement et d'identifier les discriminations liées à
l'origine » ; Johnson & Johnson, un fabricant
américain de produits pharmaceutiques, qui « a indexé une
partie des bonus de son personnel dirigeant sur le respect des
objectifs diversité ».
Reconnaissons aux auteurs du rapport le mérite d'avoir plus ou
moins confessé leur idéologie en admettant que « la
diversité est une notion à géométrie variable » et qu'il est
impossible de « cerner exactement l'étendue » des
"discriminations". Surtout lorsqu'on affirme « qu'elles
prennent racine dans des stéréotypes véhiculés par la société
elle-même » et qu'une « grande majorité [...] sont
indirectes et inconscientes ».
Même si « le recul et les chiffres manquent bien
souvent pour évaluer des pratiques », on n'échappe pas aux
recommandations. Ainsi est-il proposé « d'introduire le lieu
de résidence dans les critères de discrimination définis par la
loi », où l'on semble décidé à glisser tout et n'importe quoi.
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1 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Confronté à la pression des syndicats, handicapé par les
échéances électorales, le gouvernement doit compter également avec les
scandales éclaboussant moult ministres. Les réformes indispensables à
l'assainissement des finances publiques s'en trouvent d'autant plus
difficiles à mener.
Les perspectives économiques de la France sont « très
incertaines », a annoncé, sans prendre de risque, le Fonds
monétaire international. Le diagnostic est désormais bien connu dans la
zone euro : « La crise actuelle résulte des
politiques budgétaires insoutenables menées par certains pays, du
retard pris dans l'assainissement du système financier, de la lenteur à
mettre en place la discipline et la souplesse nécessaires. »
« Les pays confrontés aux pressions du marché n'ont pas
d'autre choix que de prendre des mesures drastique », a
averti l'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn.
Un lointain souvenir
Bien que la France bénéficie toujours du "triple A"
accordé par les agences de notation, son dernier excédent budgétaire
remonte à 1974 ! Or elle se doit d'alimenter la confiance des
investisseurs. « La volatilité des marchés et la forte
augmentation de la dette publique imposent [donc] un programme de
consolidation inscrit dans une stratégie tournée vers
l'avenir. » Hélas, la mise en œuvre d'une telle politique
relève de la gageure dans une république obnubilée par la
"présidentielle permanente". Reconnaissons toutefois que la démocratie
n'est pas seule en cause. Un regard tourné vers le Rhin en impose le
constat : tous les tempéraments nationaux ne se prêtent pas
semblablement à la "rigueur".
Cela dit, les politiciens n'ignorent pas tout à fait la
perversité de leurs joutes électorales. Faute de parvenir à se
comporter en adultes responsables, ils se résignent à choisir un maître
d'école. La Commission européenne excelle dans ce rôle-là, bien que le
Pacte de stabilité ait volé en éclats. L'UE et le carcan du droit
apparaissent comme les nouvelles conditions du salut public. Dans un
rapport remis au Premier ministre, Michel Camdessus a dessiné les
contours d'une règle constitutionnelle d'équilibre. On s'achemine vers
l'inscription dans la Constitution du principe d'une "loi-cadre de
programmation des finances publiques" pluriannuelle, s'imposant aux
lois de finances et de financement de la Sécurité sociale, sous le
contrôle du Conseil constitutionnel. « Cette règle fixerait
une trajectoire impérative de réduction des déficits, et la date de
retour à l'équilibre structurel de nos finances publiques »,
selon les explications de Matignon.
Mais d'autres chantiers sont à mener. « D'importantes
réformes de long terme (en particulier concernant les retraites et le
système de santé), ne produiraient que des économies limitées dans
l'immédiat, mais auront des effets positifs et significatifs en termes
de crédibilité auprès des marchés financiers et sur la demande
intérieure », a encore souligné le FMI. Autrement dit, la
réforme des retraites représente un enjeu d'autant plus sensible
qu'elle participe de la résolution de l'impossible équation : ou
comment assainir les finances publiques sans menacer la reprise
économique. « La réforme des retraites et du système de santé
doivent constituer la pierre angulaire de la stratégie budgétaire de
moyen terme », selon le Fonds monétaire international. Et DSK
de cautionner, en tant que directeur général de l'institution,
l'affirmation selon laquelle « il convient [...] de résister
aux pressions qui conduiraient à ne pas corriger les déséquilibres
fondamentaux et à s'appuyer démesurément sur des mesures
d'accroissement des recettes ». Ce faisant, le ténor
socialiste met en lumière la démagogie pratiquée par son parti –
conséquence heureuse de la politique d'"ouverture" menée par Nicolas
Sarkozy !
Placé à la tête de la cour des Comptes, un autre transfuge a
souligné le courage requis pour affronter les déficits. Didier Migaud
se serait bien gardé de tenir un pareil discours du temps où il
sévissait à l'Assemblée nationale. Les royalistes distinguent mieux que
quiconque l'influence déterminante des institutions... Reste que le
courage ne saurait suffire. L'habileté s'avère tout aussi nécessaire,
sinon davantage. Les maladresses d'Alain Juppé ne se sont-elles pas
soldées par l'adoption des trente-cinq heures ?
Faute morale ou politique
Aussi les déboires du ministre du Travail, de la Solidarité et
de la Fonction publique tombent-ils à pic. « Éric Woerth est
un homme intègre », si l'on en croit notre collaborateur
Catoneo. « Mais il fréquente les cercles d'influence [...] et
les gens très friqués du grand monde étaient son quotidien. Il n'a pas
vu la collusion d'intérêts entre son poste de chef du Fisc et celui de
gestionnaire de grande fortune qu'occupait sa femme. Il lui est
impossible de soutenir qu'ils avaient un sas de décompression
professionnelle à la maison, ce que les chiens courants du Parti
socialiste ont très bien détecté. Cette affaire tombe mal au moment où
l'on découvre que la prévarication fait rage dans la grande république
bananière d'Europe occidentale. Mais comme souvent, c'est le premier
qui passe, coupable ou non, qui subit l'assaut de la meute. »
« Nous ne sommes pas des gens moraux »,
avons-nous l'habitude de proclamer à l'Action française. Il est vrai
que nous ne nous faisons aucune illusion sur la prétendue vertu
républicaine... Laissons à l'avenir le soin d'identifier les fautes
morales. Espérons seulement que cette bourde politique ne compromettra
pas une réforme que l'on pouvait déjà craindre trop timide.
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1 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand l'État prend les parents par la main ou distribue des
chèques-cadeaux...
En dépit de sa faillite financière, l'État-providence fait
toujours recette. Plus que jamais, il nous appartient de dénoncer
l'État républicain « qui se mêle de tout aujourd'hui, même de
faire des écoles et de vendre des allumettes, et qui, en conséquence,
fait tout infiniment mal, vendant des allumettes ininflammables et
distribuant un enseignement insensé »...
Les enfants ne lui suffisant plus, la République s'attaque à
l'éducation des parents. En témoigne l'initiative du gouvernement
censée participer du souci légitime de « prévenir la
maltraitance des enfants », et visant à distribuer – dans les
maternités ? – un « livret de
coparentalité ».
Gageons que toute une série de "droits" y seront répertoriés.
Mme Marie-George Buffet vient d'ailleurs d'en inventer un
nouveau. Inspiré par des élèves de CM2 ayant siégé au "Parlement des
enfants", le député de Seine-Saint-Denis a déposé une proposition de
loi « tendant à soutenir les adolescents au
quotidien ». Entre autres dispositions, un article répond à la
demande, formulée par les écoliers, d'inscrire dans la loi le droit
« d'accéder aux loisirs ». Concrètement,
Mme Buffet propose « une carte culture et loisirs
accompagnée de bons prépayés ».
Ce faisant, elle entérine l'idée de ses petits camarades,
cités dans l'exposé des motifs, selon lesquels « l'accès aux
loisirs [...] nécessite souvent », voire surtout,
« d'avoir de l'argent », alors qu'il constitue « un élément
essentiel de la construction de l'homme ». Autrement dit,
chacun s'épanouit à la mesure de ses moyens financiers. C'est une élue
communiste qui vous le dit. Chapeau !
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