3 août 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
La dimension politique du sport est régulièrement soulignée à l'occasion
des Jeux olympiques. Cependant, les diplomates lui portent un intérêt
croissant.
Vendredi prochain, 5 août 2016, s'ouvriront au Brésil les XXXIe
Jeux olympiques de l'ère moderne. Entre 2010 et 2020, la plupart des
grandes manifestations sportives se seront tenues dans des pays dits
"émergents" – dix sur treize, selon le décompte proposé par les députés
Valérie Fourneyron (PS) et François Rochebloine (UDI) dans
un rapport enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le
8 juin 2016. Faut-il s'en étonner ? Comme le remarque
Valérie Fourneyron, « le sport est un révélateur de la marche du
monde
» ; « il permet aux États de se mettre en
scène
». De son point de vue, les Jeux de Sotchi, organisés en
Russie à l'hiver 2014, s'inscrivaient dans la « diplomatie des
muscles
» mise en œuvre par Vladimir Poutine. Quant aux
États-Unis, qui traquent la corruption dans les instances internationales
du sport, ils lui semblent « fidèles en cela à leur idéologie de
la "destinée manifeste", mélange de doctrine interventionniste, de
volonté de se poser en justiciers du monde et de diffuser un modèle de
démocratie libérale
». Le Qatar n'est pas en reste :
« le sport accompagne une politique de diversification
d'investissements en apportant une dimension de prestige essentielle aux
ambitions de l'Émirat
», observe-t-elle avec François
Rochebloine.
Un catalyseur de changements
Les États ou les villes qui accueillent de tels événements en attendent
des retombées économiques. Cela « malgré des chiffrages épars
»
dont les rapporteurs jugent la fiabilité « inégale
».
Attention aux déconvenues : « il n'y a pas eu à Londres plus
de touristes lors des Jeux de 2012 qu'en temps ordinaire
»,
soulignent les députés. Cela étant, « c'est dans une dynamique de
long terme que l'impact touristique doit être appréhendé
».
Tout comme la construction des infrastructures. À ce titre, « Barcelone
est devenue le modèle de régénération urbaine réussie grâce aux Jeux,
avant d'être détrônée par Londres vingt ans plus tard
». Ainsi
les JO de 2012 ont-ils été « utilisés à des fins de développement
territorial de l'Est londonien, déshérité
». La construction du
stade de France, à l'approche de la Coupe du monde de football de 1998,
s'est elle-même inscrite dans le développement plus général de la plaine
Saint-Denis. En résumé, « les grandes compétitions internationales
constituent des catalyseurs de changements pour une ville, un
territoire ; et à plus grande échelle, pour un pays
».
Des opportunités à saisir
Bien des opportunités sont à saisir. S'agissant du Japon, par exemple,
« il est notable que si Paris devait être sélectionné pour
accueillir les Jeux en 2024, l'intérêt se trouverait accru de construire
des partenariats avec des entreprises françaises
» ; dans
cette perspective, préviennent les rapporteurs, « il convient
d'entretenir la dynamique actuelle en capitalisant sur l'image du
charismatique entraîneur de la sélection nationale de football Vahid
Halilhodzik (ancien joueur du FC Nantes, ancien entraineur du PSG) et en
systématisant les invitations de hautes personnalités japonaises aux
grandes manifestations sportives organisées en France
». En
Amérique latine, « le sport est un excellent point d'entrée, parce
qu'il est populaire, outil de cohésion sociale et que les sports par
lesquels il est possible de développer une diplomatie d'influence sont
assez peu ou pas pratiqués aux États-Unis (football, rugby notamment) ou
plus européens qu'américains (cyclisme)
» ; « ce
raisonnement vaut aussi pour le handball en Afrique », précisent
les députés. Selon eux, il s'agit aussi d'« atteindre les cœurs et
les esprits des populations sans mettre en jeu l'État (concept de
"public diplomacy")
».
Ambassadeur pour le sport
La France saura-t-elle y parvenir ? Le ministère des Affaires
étrangères et du Développement international (MAEDI) « a
clairement intégré le sport comme un vecteur d'influence potentiellement
intéressant
», se félicitent les rapporteurs. Un ambassadeur
pour le sport a même été nommé en 2013. Mais les ressources mises à sa
disposition semblent dérisoires : « La ligne budgétaire est
de l'ordre de 8 000 euros de voyages annuels !
» La
situation demeure « brouillonne
», comme en témoigne la
préparation de l'Euro 2016, où « des tiraillements sont apparus
entre le MAEDI qui assure le pilotage politique et le ministère de
l'Économie, de l'Industrie et du Numérique qui détient les moyens
».
Rattachée aujourd'hui au ministère des Sports, la Délégation
interministérielle aux grands événements sportifs (DIGES) devrait être
placée auprès du Premier ministre, selon les recommandations des
députés : ce serait « une des clés de l'amélioration du
dispositif national, que tout le monde décrit comme éclaté et illisible
».
Apprendre à jouer collectif
Il faut « que les acteurs publics soient rassemblés et entraînent
les acteurs non étatiques pour former une véritable "équipe France"
»,
martèlent les rapporteurs. À l'exception notable de celles réunies dans le
"Cluster Montagne", nos entreprises « ne jouent pas toujours
"collectif"
» déplorent-ils. Or, « la diplomatie
sportive française ne peut exister sans parvenir à susciter cette
alchimie qui existe spontanément dans certains pays malgré la
concurrence commerciale
». Selon les parlementaires, il « revient
à l'État de structurer et rassembler les acteurs
», comme il
s'y essaie au Japon, « un pays laboratoire pour la diplomatie
économique française en matière de sport
».
Puissance et influence
L'« État stratège
» cher au Front national sera-t-il
édifié sous la houlette d'un gouvernement socialiste ? Sans doute
Valérie Fourneyron et François Rochebloine partagent-ils avec Marine Le
Pen une certaine bienveillance à l'égard de de l'intervention
publique : « les résultats sont beaucoup plus facilement au
rendez-vous quand l'État est à la manette
», écrivent-ils
notamment. Cependant, dans le cas présent, il ne s'agit pas de protéger
les entreprises françaises exposées à la concurrence étrangère, mais de
les accompagner dans la compétition internationale. Les rapporteurs disent
avoir mené un « travail de pédagogie sur le concept de puissance
telle qu'elle s'exerce aujourd'hui dans le monde
». Selon
Valérie Fourneyron, précisément, « la puissance de la France au
XXIe siècle résultera de la conjugaison intelligente des différents
leviers de l'influence
». Incidemment, loin de combattre la
mondialisation, elle propose de mieux y intégrer la France.
Cartes postales – Le 24 juillet 2016 s'est achevée
la cent-troisième édition du Tour de France. Dans leur rapport évoqué
ci-dessus, les députés Valérie Fourneyron et François Rochebloine
proposent un vibrant éloge de cette compétition. Il y voient « un
monument du sport mondial et un ambassadeur de la France à l'étranger
».
Le Tour de France est diffusé dans cent-quatre-vingt-douze pays,
précisent-ils ; « c'est la troisième diffusion audiovisuelle
mondiale
» ! « Au-delà du spectacle sportif
»,
se félicitent les parlementaires, « le Tour de France assume un rôle
de promotion de la France, de son patrimoine et de ses régions, de la
beauté et de la diversité des paysages français
» ; en
effet, « ce sont chaque jour des cartes postales de la France qui
passent sur des millions d'écrans
».
Euro radin – Alors que la France accueillait l'Euro 2016
de football, l'État a acheté vingt mille places « à vocation
sociale
». Cela « sans rabais
», déplorent les
députés Valérie Fourneyron et François Rochebloine. Les pouvoirs publics
auraient bénéficié de quatre-vingts places gratuites. Un nombre très
insuffisant aux yeux des parlementaires. C'est « inacceptable
»,
écrivent-ils dans leur rapport.
Lectures d'été – À l'approche des Jeux olympiques,
« les enjeux du sport
» – « économie,
géopolitique, société, identité
» – sont à la une de la revue Conflits
(n° 10, été 2016, 9,90 euros). On y trouve notamment un
entretien avec Pascal Boniface, auteur du livre JO politiques –
Sport et relations internationales, paru en juin dernier
(éditions Eyrolles, 202 pages, 16 euros). C'est aussi l'occasion
de relire les Lettres des Jeux olympiques de Charles
Maurras, préfacées par Axel Tisserand, publiées en poche en 2004 (éditions
Flammarion, 183 pages, 8,90 euros).
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19 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Chantre de la mondialisation, Jacques Attali n'en est pas
moins un promoteur de la francophonie. Certaines de ses mises en garde
méritent notre attention, afin que la France utilise au mieux ses
atouts.
Lors du sommet de Dakar (29 et 30 novembre 2014)
devrait être présentée une "stratégie économique pour la Francophonie".
S'agira-t-il d'un premier pas vers la création d'une "Union économique
francophone" ? Tel est l'espoir de Jacques Attali, revendiqué
en conclusion d'un rapport remis fin août au chef de l'État.
« Le potentiel économique de la francophonie est énorme et
insuffisamment exploité par la France », martèle l'ancien
conseiller du président Mitterrand.
« L'ensemble des pays francophones et francophiles
représentent 16 % du PIB mondial », souligne-t-il,
« avec un taux de croissance moyen de 7 %, et près de
14 % des réserves mondiales de ressources minières et
énergétiques ». Naturellement, « le partage par les
populations de plusieurs pays d'une même langue augmente leurs
échanges » – de 65 % environ, nous précise-t-il.
Est-il bien raisonnable de chiffrer pareil phénomène ? Quoi
qu'il en soit, s'inquiète Jacques Attali, « des circuits
économiques sont en train de se créer dans les pays francophiles et
francophones sans la France » : « c'est le
cas le secteur minier notamment (Canadiens en Afrique), ou dans
l'éducation supérieure (Québec) ». De fait, Paris serait tenté
« par un repli sur sa sphère nationale », que
traduirait « la baisse significative » de sa
contribution au budget de l'OIF, réduite d'un quart depuis 2010. C'est
un calcul de court terme, dénonce le rapporteur. Dans l'ensemble des
pays d'Afrique, prévient-il par ailleurs, « le déséquilibre
entre le nombre d'enfants à scolariser et le nombre d'enseignants va
s'accroître dans les prochaines années ». C'est pourquoi,
« faute d'un effort majeur, on pourrait assister [...] à un
recul de l'espace francophilophone ».
Le français dans l'entreprise
Dans les entreprises se ressentirait « un certain
manque de "patriotisme linguistique" ». À tel point que
« certaines compagnies françaises installées en Asie du
Sud-Est paradoxalement détournent les étudiants de ces pays de
l'apprentissage du français en exigeant la connaissance de l'anglais à
l'embauche ». Pourtant, « la culture d'une entreprise
mondiale d'origine française est plus facile à appréhender pour le
personnel local lorsqu'il maîtrise le français ». Renault
l'aurait constaté dans la foulée de sa fusion avec Nissan :
« L'usage généralisé de l'anglais comme langue de l'alliance
avec le groupe japonais s'est avéré être un handicap et a été à
l'origine d'un rendement réduit de part et d'autre. Renault a depuis
choisi de donner des bourses à des Japonais pour étudier le français en
France. » Quant à l'usage accru de l'anglais dans l'Hexagone,
« cela aurait des conséquences économiques
négatives », estime Jacques Attali ; selon lui,
« l'usage d'une langue étrangère au travail crée [...] un
déficit de productivité et de cohésion sociale ».
Alors que des entreprises françaises « choisissent de
contracter entre elles en anglais selon des modèles de contrats
anglo-saxons », les cabinets d'avocats français,
« malgré leur expertise reconnue », seraient
« très peu implantés à l'étranger en comparaison avec les
cabinets anglo-américains », dont l'influence est telle qu'ils
« structurent l'imagination des financiers ». Le
droit continental s'en trouve affaibli, ce dont pourrait pâtir le
développement de l'Afrique. Le droit anglo-saxon « étant
jurisprudentiel », explique Jacques Attali, « son bon
fonctionnement requiert l'existence d'une justice efficace et d'une
jurisprudence abondante, permettant aux avocats d'assurer une certaine
sécurité juridique aux entreprises ». Or, « en
l'absence de tels pré-requis, l'insécurité juridique pourrait
désinviter les entreprises à investir dans ces pays ».
Les frontières périmées ?
Afin d'accroître ces investissements, Jacques Attali propose,
sans surprise, de « favoriser la mobilité » des
travailleurs. « Le nombre d'expatriés français est plus faible
que le nombre d'expatriés britanniques ou allemands »,
regrette-t-il : « respectivement
2,5 millions, 3 millions et
4 millions ». Quant à l'immigration professionnelle,
elle est jugée « peu développée en France ».
Indifférent aux pressions de l'opinion, Jacques Attali vante même les
mérites des délocalisations. Selon lui, « l'externalisation
d'une partie de la chaîne de valeur française dans les pays du sud de
la Méditerranée pourrait être bénéfique, aussi bien aux entreprises
françaises qu'aux pays d'accueil ». En effet, « cette
stratégie permettrait aux entreprises françaises [...] d'améliorer leur
compétitivité, et répondrait aux forts besoins en croissance et en
emplois des économies nord-africaines ». Les implantations au
Maroc de Renault, Sanofi-Aventis et Accor seraient autant de réussites
illustrant le « caractère potentiellement
gagnant-gagnant » des « colocalisations ».
Dans son esprit, donc, la francophonie n'est pas une
alternative à la mondialisation. Au contraire. De son point de vue, «
la tendance de fond de l'économie mondiale est de périmer l'idée
d'espaces économiques construits autour de frontières étatiques et de
repenser les espaces d'échanges et de coopération autour de communautés
d'autres natures ». Quoique celles-ci demeurent promues au
bénéfice des États : « le Brésil se sert notamment de
la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) pour favoriser son
implantation dans des pays lusophones comme l'Angola ou le Mozambique
ainsi que sa pénétration de ces marchés », observe Jacques
Attali. Puisse la France en faire autant !
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21 février 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand les parlementaires se penchent sur l'ouverture des
universités aux étudiants étrangers ou jugent menacée la pérennité de
la langue de Molière.
Les universités françaises manqueraient-elles d'attrait aux
yeux des étudiants étrangers ? Telle est, en tout cas, la
conviction de Mme Dominique Gillot, sénateur PS du Val-d'Oise,
auteur d'une proposition de loi censée remédier à cette situation. En
dix ans, le nombre d'étudiants étrangers recensés en France aurait
pourtant bondi de 40 %, atteignant deux cent trente-mille en
2010-2011. Cependant, « notre pays reste [...] en
retard », déplore Mme Gillot. Devancée désormais par
l'Australie, la France aurait été reléguée au quatrième rang de la
compétition mondiale qui se jouerait en la matière.
Incohérences
« Notre politique [...] a été entachée
d'incohérences », martèle le sénateur, qui pointe
« une forte hésitation entre la volonté d'accueillir les
meilleurs éléments et l'obsession du "risque migratoire" ».
Tandis que ces jeunes gens seraient appelés à devenir « nos
meilleurs ambassadeurs », il ne serait « ni dans
l'intérêt des pays d'origine, ni dans le nôtre » de les
renvoyer chez eux dès la fin de leurs études. Au contraire, plaide
Mme Gillot, « c'est après au moins une première
expérience professionnelle que ces diplômés pourront, à leur retour
chez eux ou à l'international, mettre à profit les compétences acquises
en France et en faire la promotion ».
En conséquence, elle propose que leur soient attribués des
titres de séjour pluriannuels, dont la durée dépendrait de la formation
suivie. Cela afin de « limiter les démarches administratives,
souvent vexatoires, qui épuisent et précarisent les étudiants étrangers
tout en encombrant inutilement les services préfectoraux ».
Selon Mme Gillot, il conviendrait également de porter de six à
douze mois l'autorisation provisoire de séjour, période pendant
laquelle un étranger peut chercher un premier emploi après l'obtention
de son diplôme. En outre, « pour éviter le choix souvent
cornélien [...] entre le retour dans le pays d'origine ou une
installation quasi-définitive dans notre pays », un
« droit illimité au séjour en France » pourrait
bénéficier aux titulaires d'un doctorat obtenu en France. Une mesure
censée contribuer au développement d'une « coopération
économique continue, enrichissante, sans pillage des cerveaux des pays
émergents ». Reste à convaincre nos compatriotes, aux yeux
desquels il y aurait déjà « trop d'étrangers en
France »...
Anglais ou français au choix ?
Par ailleurs, Mme Gillot propose d'introduire une
dérogation au code de l'éducation, lequel oblige à dispenser des cours
en français. Déjà « contournée par de nombreux
établissements », cette disposition constituerait
« un obstacle au recrutement d'étudiants étrangers de
qualité ». Toutefois, reconnaît le sénateur, on ne saurait
s'en affranchir sans s'exposer aux foudres du Conseil constitutionnel.
C'est pourquoi, au sein d'un même établissement, les étudiants
devraient pouvoir « suivre les mêmes cursus en français et en
langue étrangère ». Au risque qu'y soit instituée une certaine
ségrégation ?
Quoi qu'il en soit, un tel projet devrait conforter dans sa
démarche Jean-Jacques Candelier, député PC du Nord, auteur d'une
proposition de résolution « tendant à la création d'une
commission d'enquête sur les dérives linguistiques ».
« Dans la publicité, les enseignes commerciales, la
communication [...] des grandes entreprises et, désormais, dans
l'enseignement secondaire et universitaire, on peut redouter que la
langue de Molière disparaisse à brève échéance », prévient
M. Candelier. Selon lui, « il y a urgence ».
D'autant que « la dilapidation de la langue française se
couple [...] avec la sape de l'héritage progressiste universel de notre
pays, le démantèlement des acquis sociaux et des services publics, la
destruction de l'indépendance nationale, avec l'adoption du traité de
Lisbonne [...] et du traité sur la stabilité, la coordination et la
gouvernance (TSCG), le sacrifice de la défense nationale dans l'Otan,
la violation de la laïcité et la substitution de l'euro-régionalisation
du territoire à la République une, laïque et indivisible issue de la
Révolution ».
Ce discours n'est pas sans rappeler celui de l'ambassadeur
Albert Salon... « L'internationalisme des travailleurs ne
s'oppose pas au patriotisme populaire », soutient Jean-Jacques
Candelier. Au contraire, « parce qu'il n'aspire qu'au droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes » (que nous contestons
toutefois pour notre part), le « patriotisme
populaire » s'opposerait, entre autres, « au
cosmopolitisme capitaliste » ainsi qu'au
« supranationalisme impérialiste ». Pour les
pourfendeurs de la mondialisation, l'heure serait-elle à l'union
sacrée ?
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16 janvier 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Décidé à collectionner les nationalités, sinon à les troquer,
Gérard Depardieu joue les nomades dans un monde toujours façonné par
les rivalités d'États souverains.
À la faveur du différend l'opposant à Jean-Marc Ayrault,
Gérard Depardieu n'a pas cessé de le marteler : « je
suis un citoyen du monde », a-t-il encore déclaré début
janvier (2013), alors qu'il venait de recevoir un passeport russe des
mains du président Vladimiir Poutine. « Il montre
effectivement que grâce à la mondialisation nous sommes, dans une
certaine mesure, libres d'échapper à la main lourde d'un
État », s'est félicité Emmanuel Martin, dans un billet publié
par l'Institut Turgot, arguant que « la concurrence
institutionnelle, et particulièrement la concurrence fiscale est une
composante essentielle de notre liberté ». De fait, constate
Élie Cohen, « l'accumulation de taxes nouvelles sur le capital
au moment de sa formation, de sa détention, de sa transmission, et de
sa distribution n'est pas soutenable à long terme dans une économie
ouverte ». De ce point de vue, souligne-t-il sur Telos,
« Gérard Depardieu met le doigt sur les contradictions
européennes de nos gouvernants ».
Citoyen du monde ?
Mais bien qu'il se proclame « citoyen du
monde », Gérard Depardieu n'en est pas moins réduit à se
placer sous la juridiction d'un État, comme tout un chacun, quoique son
aisance financière lui procure quelque facilité quand il s'agit de
solliciter sa protection, et non d'en hériter par naissance. En cela,
il ferait plutôt figure de nomade. Un nomade au déracinement somme
toute relatif. « J'ai un passeport russe, mais je suis
français », a-t-il également proclamé, nuançant ses propos
précédents. Amateur de bonne chère, souvent aigri mais volontiers
débonnaire, il « fait partie de notre patrimoine
cinématographique », comme l'a observé Mme Aurélie
Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication. Qu'il le
veuille ou non, l'interprète d'Obelix incarne la France aux yeux du
monde.
Paradoxalement, c'est vraisemblablement la raison pour
laquelle il a été accueilli si chaleureusement en Russie. On a beau
vivre dans un village global, les États continuent de se tirer dans les
pattes. « L'intelligence économique [...] de Vladimir Poutine
est une démonstration concrète de la façon de saisir des opportunités
pour affaiblir une nation », souligne un contributeur de
l'Alliance géostratégique (AGS). « Et peu importe les
déclarations diplomatiques de rose et de miel quand les faits
illustrent que les nations dites "amies" sont néanmoins concurrentes
avec leurs intérêts propres à promouvoir et à développer. »
Souveraineté
Dans ces conditions, « ce passeport est moins un
document juridique qu'un symbole », comme le remarque Yannick
Harrel, lui aussi contributeur de l'AGS. C'est pourquoi on ne
s'attardera pas sur la faculté, pour Gérard Depardieu, de bénéficier
effectivement d'une double nationalité franco-russe, en dépit des
doutes planant à ce sujet. Par ailleurs, à supposer qu'il souhaite à
nouveau se défaire de sa nationalité française - « je vous
rends mon passeport et ma Sécurité sociale », avait-il déclaré
à l'intention de Jean-Marc Ayrault - il lui faudrait engager des
démarches sans trop tarder, et justifier d'une résidence effective à
l'étranger. Autrement dit, sa nationalité dépend du bon vouloir de
l'État – c'est-à-dire, selon les cas, des dispositions du droit ou des
largesses du prince.
« C'est donc l'État souverain qui décide qui est un
de ses nationaux. C'est sans doute l'expression la plus pure de sa
souveraineté, car elle ne suppose pas l'accord d'un autre
État », selon Me Eolas, l'animateur du Journal
d'un avocat. Mme Najat Vallaud-Belkacem,
porte-parole du gouvernement, ne s'y est pas trompée :
« c'est le pouvoir discrétionnaire de Vladimir Poutine
d'offrir la nationalité russe à qui il l'entend », a-t-elle
observé, se refusant à tout autre commentaire sur BFM TV.
« Quand un citoyen français a une autre nationalité,
deux souverainetés se heurtent, et aucune ne peut
l'emporter », explique Eolas. « L'autre État a tout
autant que la France le droit de décider qui sont ses ressortissants,
et le législateur français n'a aucun pouvoir pour limiter la
transmission de cette autre nationalité. Qui n'est tout simplement pas
son affaire. » Tout au plus la France pourrait-elle
« s'attaquer aux Français par acquisition », selon
notre avocat. « Ceux-là devraient, pour pouvoir acquérir la
nationalité française, renoncer préalablement à leur nationalité
d'origine. Et on se casse à nouveau les dents sur la souveraineté des
États étrangers. Quid si l'État en question ne
prévoit pas la possibilité de renoncer à cette nationalité ?
[...] On aura des enfants nés en France, y ayant grandi, voire y passant
toute leur vie, mais qui ne seront jamais Français à cause d'une loi
votée dans un autre pays. Tandis que son voisin, lui, aura la
nationalité française dès l'âge de treize ans. En somme, la nationalité
française dépendra de la loi d'un État étranger. » C'est dire la
prudence avec lequel devra manœuvrer le législateur, si d'aventure il
se décide à bannir la double nationalité.
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21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000
La première implantation hexagonale d'un restaurant McDonald's
remonte à quarante ans. Depuis, l'enseigne est devenue le symbole de la
mondialisation. Et de ses nuances.
Le 30 juin 1972, il y bientôt quarante ans, un
premier restaurant aux couleurs de McDonald's ouvrait ses portes dans
l'Hexagone. C'était à Créteil. Depuis, l'enseigne s'est disséminée dans
plus de neuf cents communes, où sont répartis près de mille deux cents
établissements, dont trois cents franchisés. La France est même devenue
le deuxième contributeur aux résultats du groupe américain. Un chiffre
d'affaires record est enregistré à Marne-la-Vallée (Disney Village),
ainsi que sur les Champs-Élysées. Symbole de la "malbouffe" importée
des États-Unis, la chaîne de restauration rapide s'est attiré les
foudres des pourfendeurs de la mondialisation, à l'image de
l'inénarrable José Bové : en 1999, on s'en souvient, il avait
"démonté" un McDo à Millau.
Défense bien huilée
Alors qu'il dirigeait l'entreprise, Jack Greenberg avait jugé
déplacées les attaques dont elle était victime :
« nous sommes d'abord un amalgame de petites
entreprises », avait-il clamé, fin 2002, dans un entretien
accordé à L'Express. La filiale hexagonale se
vante de « privilégier un approvisionnement
local » : « 100 % des produits
alimentaires servis dans les restaurants McDonald's de France en 2010
ont été fabriqués en Europe », martèle sa communication
officielle. « La France demeure le premier pays fournisseur
des achats alimentaires pour les hexagonaux avec près de 76 %
de volume. » Et de s'ériger en « partenaire majeur de
l'agriculture française ». Bel exemple de
philanthropie !
De fait, si McDonald's symbolise effectivement la
mondialisation, c'est avec ses nuances, dont témoigne la
"régionalisation" de l'offre entreprise depuis le milieu des années
quatre-vingt-dix. Jusqu'à l'immixtion, en avril dernier, de la
traditionnelle baguette dans les restaurants hexagonaux. Celle-ci
finira-t-elle par traverser l'Atlantique ? On n'en est pas
encore là, même si un McDo new yorkais serait, paraît-il, largement
inspiré de celui des Champs-Élysées.
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21 mai 2012
Article publié dans L'Action Française 2000
Au milieu du village global, un pays résiste, encore et
toujours, aux canons de la mondialisation promus par les artisans de la
gouvernance planétaire...
À la faveur de l'élection présidentielle, la France aurait
« réaffirmé sa profonde vocation républicaine, qui fait primer
la volonté politique sur la fatalité des marchés, la sensibilité
sociale sur les recettes financières, et la justice et la solidarité
sur l'exclusion », selon Hugo Chavez. S'agit-il d'un soutien
de poids pour François Hollande ? Affaibli par la maladie,
bientôt sur le départ, le président du Vénézuela s'est fait voler la
vedette, sur la scène latino-américaine, par son homologue argentin,
Cristina Kirchner.
Repsol exproprié
Celle-ci s'attire les éloges des pourfendeurs de la
mondialisation, tel Aymeric Chauprade : « l'Argentine
[...] apporte au monde une preuve supplémentaire que la voie du
redressement et de la liberté des peuples passe par l'indépendance
nationale et la rupture » avec le FMI, la Banque mondiale,
l'Union européenne, etc., a-t-il écrit sur son
blog. Il y a dix ans, déjà, Buenos Aires s'était distingué en cessant
de rembourser quelque 100 milliards de dollars de dette
extérieure. Aujourd'hui, il pratique « un protectionnisme
décomplexé », comme le relevaient, début mars, nos confrères
de La Tribune. De fait, « pour exporter en Argentine,
on doit s'engager à importer des produits argentins ou à investir dans
le pays pour ne pas risquer de voir ses produits bloqués aux douanes.
Parmi les cas les plus connus, le constructeur automobile allemand
Porsche a dû en 2011 s'engager à acheter du vin et de l'huile d'olive
argentins pour faire entrer une centaine de véhicules. Le fabricant
canadien Blackberry a dû, lui, annoncer l'ouverture d'une unité de
production en Terre de Feu (sud) pour continuer à vendre ses
portables. » Cependant, « en janvier, lassée des
retards provoqués par les nouveaux contrôles, le constructeur
automobile Fiat a arrêté son usine de Ferreyra (Cordoba, centre)
pendant 48 heures. Un avertissement pour le
gouvernement. »
Celui-ci ne semble pas se laisser démonter, comme en témoigne
la nationalisation de la société pétrolière YPF, aux dépens du groupe
espagnol Repsol... et dont pourrait profiter Total, qui en était déjà
un partenaire habituel. Scandalisés, le Washington Post
et le Wall Street Journal ont appelé à exclure
l'Argentine du G20, où son voisin chilien mériterait de lui succéder.
En réaction, le gouvernement espagnol a annoncé une limitation des
importations de biodiesel argentin. Mais selon l'analyse du Fauteuil de
Colbert, publiée par l'Alliance géostratégique (AGS), « il va
sans dire que Madrid est quelque peu démunie dans cette crise. La
Commission européenne a beau dire que... la Commission européenne ne
peut rassembler ni coalition, ni moyens de coercitions pour soutenir
l'Espagne. Cerise sur le gâteau, le nouveau gouvernement de Mario Rajoy
prend à peine ses marques dans une Espagne exsangue, et la contestation
sociale gronde. »
Les Malouines
Cela étant, poursuit l'auteur, « il y a [...],
forcément, quelques probabilités que la crise argentino-espagnole ne
vienne heurter le conflit anglo-argentin ». Voilà tout juste
trente ans se déroulait la guerre des Malouines. Depuis, le différend
opposant Londres et Buenos Aires ne s'est jamais dissipé. Les tensions
se sont même ravivées à l'approche de cet anniversaire, puisque les
navires battant le pavillon de l'archipel ne sont plus autorisés à
accoster dans les ports argentins... Dans cette affaire,
Mme Kirchner bénéficie d'ailleurs du soutien de la Bolivie, du
Brésil, du Chili et de l'Uruguay.
Ces deux crises, avec l'Espagne d'une part, le Royaume-Uni
d'autre part, « gravitent autour de la question des richesses
pétrolières qui gisent au large des côtes du Brésil et de l'Argentine -
et en Guyane », explique le Fauteuil de Colbert.
« Sous cet angle, il est moins certain que l'action argentine
actuelle ne vise qu'à détendre les cours actuels de l'or noir sur le
marché argentin. Cette action n'a-t-elle pas quelques visées à plus
long terme ? » L'auteur relève encore « des
enjeux de puissance car les richesses pétrolières brésiliennes
permettrait à Brasilia de produire plus d'or noir que BP ou
Exxon ». Quoi qu'il en soit, conclut-il, « il est
possible de se demander si Buenos Aires peut faire face à deux crises
sérieuses avec deux pays ayant des intérêts voisins dans les deux
conflits ».
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21 juillet 2011
Article publié dans L'Action Française 2000
Rompant avec la sinistrose, un rapport officiel vante
l'attractivité économique de la France... et les réformes du
gouvernement. Un atout agité au vent de la mondialisation, à laquelle
nous ne saurions échapper selon le Premier ministre.
Le déficit commercial de la France a atteint un nouveau record
en mai dernier, s'élevant à 7,42 milliards d'euros. Cela rend
d'autant plus criantes les faiblesses de la compétitivité nationale,
pointées par moult observateurs. À l'occasion du lancement de la
nouvelle Yaris, toujours fabriquée à Valenciennes, Toyota n'en a pas
moins confirmé la viabilité de son implantation hexagonale.
« On peut produire une petite voiture en France »,
assure Didier Leroy, P-DG de Toyota Motor Europe, dans un entretien
accordé à La Tribune (08/07/2011).
« Les coûts salariaux sont importants. Mais, si vous produisez
dans un pays à bas coûts, ce que vous économisez en main d'œuvre peut
être entièrement contrebalancé par les coûts logistiques. Or, dans un
rayon de 350 kilomètres autour de Valenciennes, on a un marché
potentiel de 130 millions de personnes ! Le fait de
fabriquer en France n'est pas en soi un handicap. Nous avons d'ailleurs
quarante-trois fournisseurs pour la Yaris III dans l'Hexagone
et 80 % de nos achats sont effectués en Europe
occidentale. »
Aux yeux des plus optimistes, la démarche du constructeur
japonais apparaîtra comme une illustration flagrante de l'attractivité
de la France, dont le Centre d'analyse stratégique (CAS) vient de
publier un "tableau de bord" élogieux. « 2010 aura été l'année
du rebond », s'enthousiasme l'héritier du commissariat général
du Plan : « La France a été choisie, chaque semaine
en moyenne, par quinze entreprises étrangères pour des investissements
nouveaux, à l'origine de 32 000 emplois. » Le rapport
s'intéresse aux investissements d'origine étrangère (IDE), réputés tels
s'ils sont réalisés par une société détenue à plus de 50 % par
des capitaux étrangers : « Avec
57,4 milliards d'IDE entrants [...] la France est en 2010 la
troisième destination mondiale derrière les États-Unis et la
Chine-Hong-Kong. [...] Par rapport à la richesse nationale (stocks
d'IDE/PIB), la France accueille deux fois plus d'investissements
étrangers que l'Allemagne, l'Italie ou les États-Unis. » En
outre, « comme en 2009, la France est en 2010, au premier rang
européen en matière d'accueil d'implantations industrielles, qui
comptent pour 57 % des emplois créés ».
Selon les rapporteurs, « la capacité à former des
talents venus de l'étranger traduit, autant qu'elle conditionne le
rayonnement, la compétitivité et l'attractivité ». Or, la
France serait le quatrième pays mondial d'accueil des étudiants
« en mobilité internationale », derrière les
États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne. 11 % des étudiants
inscrits dans l'enseignement supérieur en France étaient étrangers en
2008 – une proportion comparable à celle de l'Allemagne, mais nettement
inférieure à celle du Royaume-Uni.
Parmi les facteurs de l'attractivité nationale figurent le
traitement fiscal de la "recherche et développement" (R&D) et
le prix de l'électricité. L'évaluation des compétences scientifiques
des élèves de quinze ans, ainsi que la capacité d'innovation des
entreprises, placent la France dans la moyenne des pays comparables.
Les barrières à l'entrepreneuriat ne la distingueraient pas davantage,
quoique la création d'une entreprise y soit jugée plus facile
qu'outre-Rhin : à cet effet, sept jours auraient été
nécessaires en 2010, contre quinze en Allemagne. Parmi les États de la
zone euro, la France afficherait même « une des meilleures
maîtrises de ses coûts salariaux unitaires relatifs »,
l'Allemagne faisant toutefois « figure d'exception »,
avec une amélioration de sa "compétitivité-coût" à partir de 2003. À
l'avenir, la simplification administrative et fiscale devrait
constituer une priorité. Les auteurs rappellent que « la
charge fiscale effective pesant sur les entreprises en France apparaît
beaucoup plus faible que le taux nominal de l'impôt sur les sociétés ne
le laisse supposer ». En la matière, la France se trouve dans
une situation inverse à celle de l'Irlande.
« Les chiffres rassemblés dans le présent tableau de
bord positionnent la France aux premiers rangs européens sur un grand
nombre de facteurs objectifs », martèle le Centre d'analyse
stratégique. Le jugement pourra fluctuer selon que l'on compare Paris à
Berlin ou Athènes... De fait, on ne relève pas vraiment de surprise
dans ce rapport, dont la diffusion relève, à certains égards, d'une
opération de communication réussie. D'ailleurs, ses auteurs versent
ouvertement dans l'apologie du gouvernement, vantant la suppression de
la taxe professionnelle « sur les investissements
productifs », la consolidation du crédit d'impôt recherche,
« l'utilisation offensive de la fiscalité pour servir la
compétitivité des entreprises », le succès du statut
d'auto-entrepreneur, le recours à la rupture conventionnelle du contrat
de travail et le lancement du programme d'"investissements d'avenir".
Cela étant, la méthode Coué présente parfois quelque vertu.
C'est pourquoi nous accueillons avec avec bienveillance la volonté de
rompre avec la sinistrose. Mais la quête d'attractivité participe de
l'inscription dans la mondialisation, dont les critiques ou adversaires
sont légion, notamment parmi les royalistes. Le CAS semble d'ailleurs
le revendiquer : « La croissance de 22 % du
nombre de projets étrangers en 2010 vaut reconnaissance de l'ouverture
de notre pays », affirme-t-il. Cela ne manquera pas
d'alimenter les débats politiques au cours des prochains mois.
« À l'approche des échéances électorales, propices aux
contestations systématiques et aux utopies de tous ordres, nous
maintiendrons notre ligne de vérité et de réalisme », a
prévenu François Fillon, visant vraisemblablement Marine
Le Pen. « Ceux qui font croire que l'on pourrait
"démondialiser" l'histoire, et se ménager le confort d'une politique
solitaire, sans contraintes extérieures, ceux-là entretiennent une
illusion dangereuse », a-t-il poursuivi. Aux yeux du Premier
ministre, en effet, « la mondialisation, c'est un
fait ; ça n'est pas une hypothèse, que l'on pourrait accepter
ou refuser selon son bon plaisir ». Alors qu'il affublait
chacun de ses modèles d'un style « universel »,
Toyota annonce qu'à l'avenir « chaque région du monde aura la
possibilité de le personnaliser ». Preuve que l'édification du
"village global" ne va pas sans flux et reflux.
Quoi qu'il en soit, selon le rapport du CAS, la part de la
capitalisation boursière des sociétés françaises du CAC 40 détenue par
des non-résidents se serait élevée à 42 % fin 2010 ; en dix
ans, le flux d'IDE serait passé de 17 à 42 % du PIB ;
enfin, près d'un salarié sur sept du secteur marchand travaillerait
dans la filiale d'un groupe étranger, et même un sur quatre dans
l'industrie manufacturière. C'est dire le défi que constituerait,
aujourd'hui, la mise en œuvre d'une véritable politique de "patriotisme
économique".
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