17 septembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Interdire est une chose. Éradiquer en est une autre...
Un projet de loi autorisant l'ouverture de « salles
de consommation contrôlée de stupéfiants » devrait être
présenté le 1er octobre. Après que l'Insee eut intégré le
trafic de drogues dans le calcul du PIB, s'agit-il d'un pas
supplémentaire vers la banalisation d'un certain nombre de
psychotropes ? Peut-être la France suivra-t-elle la tendance
observée outre-Atlantique, où le Colorado et l'État de Washington ont
autorisé l'usage "récréatif" du cannabis.
« Pourquoi, à propos des drogues, faudrait-il faire
exception au principe que chacun peut mener sa vie comme il
l'entend ? », se demandent, par exemple, les auteurs
d'un Dictionnaire du libéralisme (sous la
direction de Mathieu Laine, Larousse, 2012). « Pourquoi des
mesures simples comme la diffusion d'une information fiable sur les
propriétés de ces produits, une règlementation minimale de leur usage
et une application stricte du principe de la responsabilité de leurs
consommateurs à l'égard des tiers susceptibles d'être concernés ne
suffiraient-elles pas, comme c'est aujourd'hui le cas pour
l'alcool ? » Le bien commun exige de l'État qu'il se
préoccupe de la santé publique, répondent naturellement leurs
détracteurs. « La dépénalisation des activités liées à l'usage
des drogues ne reviendrait de toute façon pas à vouloir les
favoriser », est-il rétorqué à ces derniers. N'est-ce pas
ignorer les vertus pédagogiques, sinon morales, que l'on prête à la
loi ?
Étant donné le nombre de joints roulés à la vue de tout un
chacun, force est de constater les limites de la législation en
vigueur. Il est vrai que la volonté de l'appliquer semble faire défaut,
en dépit des contrôles organisés ici ou là. Qu'en serait-il dans le cas
contraire ? Nos libéraux ont beau jeu de rappeler
« l'expérience malheureuse de la "prohibition" aux États-Unis
ente 1920 et 1933 ». Comparaison n'est pas raison. Cela étant,
peut-être y a-t-il quelque enseignement à en tirer ? Les
pouvoirs publics seraient bien inspirés d'y réfléchir, alors qu'ils
s'apprêtent à réprimer le recours à la prostitution. Une fois n'est pas
coutume, peut-être marcheront-ils dans les pas de saint Louis, qui
s'était résigné à tolérer cette pratique, après avoir tenté en vain de
l'éradiquer...
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3 septembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand l'Éducation nationale parraine des associations, à
l'image du Refuge luttant contre l'"homophobie".
Se donnant pour mission de lutter « contre
l'homophobie et la transphobie », l'association Le Refuge
bénéficie désormais de l'agrément de l'Éducation nationale pour
intervenir en milieu scolaire, comme elle a commencé à le faire depuis
2010 dans des lycées du Languedoc-Roussillon, et plus récemment en
Provence-Alpes-Côte d'Azur et en région parisienne. L'année dernière,
l'association dit avoir « sensibilisé plus de mille cinq cents
élèves aux problématiques de l'homosexualité et de l'homophobie, dont
mille cent vingt-sept dans le Sud de la France ». Ses
interventions sont jugées « indispensables » par son
président, Nicolas Noguier, selon lequel « les préjugés et les
stéréotypes sur l'homosexualité et la transsexualité sont très ancrés
chez une majorité de lycéens ».
Inventaire à la Prévert
Plus d'une centaine d'associations s'invitent ainsi dans les
établissements scolaires avec la bénédiction de la Rue de Grenelle.
Quelques-unes poursuivaient d'ores et déjà des objectifs similaires à
ceux du Refuge, tels SOS homophobie, mais aussi Contact et Estim'. Le
féminisme n'est pas en reste : le Centre audiovisuel Simone de
Beauvoir, le Centre national d'information sur les droits des femmes et
des familles, Femmes et Ingénieurs, Femmes et Sciences, le Mouvement du
Nid (contribuant « à l'information et à la connaissance des
réalités du système de la prostitution »), Ni putes ni
soumises, sont autant d'associations bénéficiant d'un agrément
national.
Dans la liste publiée par le ministère de l'Éducation
nationale, elles côtoient, outre des associations humanitaires, SOS
racisme, Ensemble contre la peine de mort, le Mouvement européen...
Selon les points de vue, leurs interventions relèveront de la
propagande plutôt que de l'éducation... Dans un registre plus insolite
y figurent également la Fédération française des motards en colère,
ainsi que les Naturalistes de Mayotte, dont la présence apparaît à nos
yeux plus légitime, tout comme celle de l'Association française
d'astronomie, par exemple, susceptible de participer à la transmission
de savoirs, et non d'inculquer des valeurs (républicaines) plus ou
moins partagées.
Un précieux label
Selon le code de l'Éducation, « l'agrément est
accordé après vérification du caractère d'intérêt général, du caractère
non lucratif et de la qualité des services proposés par ces
associations, de leur compatibilité avec les activités du service
public de l'éducation, de leur complémentarité avec les instructions et
programmes d'enseignement ainsi que de leur respect des principes de
laïcité et d'ouverture à tous sans discrimination ».
Toutefois, il ne constituerait rien d'autre qu'un label. Comme le
souligne l'académie de Montpellier, « c'est le chef
d'établissement ou le directeur d'école qui autorise l'intervention
d'une association agréée dans le respect de la réglementation et des
orientations définies par le conseil d'administration ou le conseil
d'école ». Afin d'esquiver un débat délicat, certains chefs
d'établissement se réfugieront vraisemblablement derrière l'avis du
ministère. De fait, à la faveur de son agrément national, le Refuge
espère doubler ses interventions en milieu scolaire au cours de l'année
qui vient de s'ouvrir.
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31 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Les propos à connotation raciste tenus sur la Toile ne sont
pas les seuls passibles d'une condamnation judiciaire.
La Toile n'est pas une zone de non droit, clament les
responsables politiques. La justice vient de le confirmer récemment.
Pour avoir relayé sur Facebook une image comparant Chritiane Taubira à
un singe, et l'avoir assumé devant des caméras de télévision,
Anne-Sophie Leclère a été condamnée à neuf mois de prison ferme et
50 00 euros d'amende. Avait-elle conscience de la peine
encourue ? Le cas échéant, sans doute se serait-elle davantage
investie dans sa défense.
L'endroit à éviter
Cela étant, les lois réprimant le racisme sont loin d'être les
seules auxquelles s'exposent les internautes. Déçue par un restaurant,
une blogueuse avait dénoncé « l'endroit à éviter au
Cap-Ferret ». Or, cela « constitue un dénigrement
manifeste destiné à faire fuir des clients potentiels avant même toute
lecture », a estimé le tribunal de grande instance de
Bordeaux. Aussi la critique en herbe a-t-elle été condamnée à verser
« 1 500 euros à titre de provision sur
dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de
procédures », rapporte
Le Figaro. « La
blogueuse, qui s'est dite "très étonnée" de cette décision, ne fera pas
appel, en partie pour des raisons financières », précisent nos
confrères. Quant au restaurateur, qui aurait porté l'affaire devant la
justice sans tenter aucune conciliation amiable au préalable, il s'est
attiré les foudres des internautes, si bien qu'en voulant rétablir sa
réputation, il a peut-être contribué à l'aggraver... Une fois de plus,
la censure s'avère contreproductive. C'est une nouvelle illustration de
"l'effet Streisand", dont
on se souvient qu'il avait été pitoyablement négligé, voilà un peu plus
d'un an, par feue la DCRI (Direction centrale du renseignement
intérieur), qui s'était attaquée à Wikipedia.
Effet Streisand
Un effet comparable semble à l'œuvre dans l'affaire
Taubira-Leclère. « Il est impossible de [...]
critiquer » le garde des Sceaux, écrivait Aristide Leucate
dans le dernier numéro de L'Action Française 2000 (n° 2890 du 17 juillet 2014).
« Par une
odieuse mécanique rhétorique », expliquait-il « elle
neutralise d'avance toute contestation à son encontre par une
assimilation a priori de celle-ci à une attaque à sa propre personne,
donc à du racisme ». Considérant la sévérité de la peine
infligée par les juges de Cayenne, l'opinion publique ne sera-t-elle
pas d'autant plus tentée de lui donner raison ? Nos
confrères de Libération s'en sont eux-mêmes
inquiétés : « De quelque manière qu'elle
s'en défende - si elle se soucie de s'en défendre - Christiane Taubira
sera désormais soupçonnée d'avoir manœuvré obliquement le
marteau-pilon », observe Daniel Schneidermann. Ce faisant,
bien qu'elle prétende enrayer la parole raciste, peut-être la justice
et les pouvoirs publics prennent-ils le risque de la légitimer.
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31 juillet 2014
Rebond sur la "trahison" d'un maire résigné à célébrer un "mariage pour tous".
La famille, nous ne l'avons jamais rencontrée. Nous avons
connu des familles plus ou moins nombreuses, unies ou déchirées, etc.
Mais quant à "la" famille... Si elle existe, c'est bien à notre
insu !
Beaucoup ont pourtant prétendu la servir, tandis qu'ils la
jugeaient menacée par l'institution du "mariage pour tous". Ce fut le
cas de Raymond Bardet, maire de Ville-la-Grand (Haute-Savoie), qui
avait promis que jamais il n'unirait de couple homosexuel devant la
loi. Voilà qu'il vient de renier son engagement.
« Je n'ai pas changé d'avis », s'est-il
justifié auprès du Dauphiné libéré.
« Je pense que ce n'est pas ce que veut la nature »,
a-t-il répété à nos confrères. « Mais mon fils se mariait, il
n'était pas question que je le confie à quelqu'un d'autre. Si j'avais
demandé à un adjoint de célébrer le mariage, les gens auraient pu
penser que je dénigrais mon fils ou que nous étions fâchés. Pas du
tout, je suis son père, c'était à moi de célébrer son union, comme je
l'avais fait pour sa sœur. » Et d'ajouter :
« Je ne connaissais pas son compagnon, c'est quelqu'un de très
bien, ils forment un beau couple ensemble. »
Autrement dit, si M. Bardet a trahi "la" famille,
c'est par amour pour la sienne. Par amour pour une famille bien réelle,
donc. Du genre de celles que Joseph de Maistre aurait pu rencontrer.
Dans cette affaire, qui sont les vrais
réactionnaires ?
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17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
La délégation sénatoriale aux droits des femmes demande que
soient instrumentalisés les manuels scolaires afin d'encourager les élèves à
s'émanciper des représentations sexuées.
Quoi qu'il advienne des "ABCD de l'égalité", moult
responsables politiques semblent décidés à inculquer aux petits
Français les valeurs qui les avaient inspirés. Témoin de cette
obstination, le rapport d'information du socialiste Roland Courteau,
présenté au nom de la délégation aux droits des femmes du Sénat.
Celle-ci « a toujours considéré que c'est dès le plus jeune
âge que les stéréotypes doivent être appréhendés et
déconstruits ». C'est pourquoi elle s'est intéressée aux
manuels scolaires, souhaitant « prendre la mesure de
l'évolution des représentations sexuées transmises aujourd'hui à
l'école ».
Le poids des images
Avec une relative satisfaction, le rapporteur y observe
« l'émergence d'un masculin neutre, à l'image de l'évolution
des rapports de sexe dans le reste de la société ». Mais il
s'attache surtout à dénoncer « une permanence dans la
reproduction des stéréotypes de genre et des préjugés ». Sans
surprise, il constate « une association permanente entre le
féminin, la maternité, l'éducation et les soins aux enfants, les
activités ménagères ». Soulignant « à quel point les
stéréotypes se nichent dans l'iconographie », la délégation
demande, notamment, « que le ministère de l'Éducation
nationale mette à la disposition des éditeurs privés une banque de
ressources iconographiques publiques ». Elle suggère,
également, « que des experts, spécialistes des questions
d'égalité entre les hommes et les femmes, soient intégrés au sein des
groupes de travail pilotés par le CSP [Conseil supérieur des
programmes], afin de pouvoir systématiquement procéder à une relecture
spécifique des programmes ». À cet effet, est-il précisé,
« le respect du délai d'un an entre la publication des
programmes et leur entrée en vigueur est essentiel ».
Comment cette démarche se traduirait-elle
concrètement ? Dans un manuel de mathématiques, par exemple,
un exercice pourrait proposer « d'agréger des ustensiles de
cuisine et des outils mécaniques ». Aux yeux du rapporteur,
cela serait « bien plus efficace pour éveiller le regard
critique de l'enfant qu'une "leçon" sur l'orientation des filles et des
garçons ». De fait, « pour les élèves comme pour les
enseignants », l'objectif serait « d'ouvrir le regard et de
donner la possibilité de remettre en question l'ordre établi », au
motif que celui-ci serait injuste.
Façonner les esprits
« Être éducateur au XXIe siècle »,
soutient la délégation sénatoriale, « c'est permettre à chaque
enfant de se développer en fonction de ses potentialités sans être
assigné à son sexe ou à sa classe sociale ». Or, « de
la même manière que des manuels qui véhiculent des stéréotypes
contribuent à l'intériorisation des normes de genre », il lui
semble « évident que diversifier les modèles d'hommes et de
femmes, de filles et de garçons, encourage les enfants et les jeunes à
faire des choix basés sur leurs goûts et leurs aptitudes », ce qui leur
conférerait « une plus grande liberté ». En effet,
« les limites que crée l'intériorisation de l'assignation de
genre » seraient « un frein à un plein épanouissement
des filles et des garçons ». En résumé, « traquer les
stéréotypes de genre à l'école participe donc à la construction d'un
projet d'émancipation ». Autant le dire clairement :
« l'enjeu d'une éducation non stéréotypée, c'est de
transmettre plus de bonheur » – rien de moins !
Le terrain à la traîne
Reste à savoir dans quelle mesure cette conviction s'avère
partagée, voire mise en œuvre. « À l'heure
actuelle », regrette Roland Courteau, « la formation
des enseignants à la transmission des valeurs d'égalité et de respect
n'existe pas véritablement ». Plus précisément, « la
mise en place des écoles supérieures du professorat et de l'éducation
(ESPE) semble s'accompagner d'une régression de la formation sur ces
thématiques ». Selon lui, « la valeur "égalité" »
devrait « intégrer tous les concours de recrutement de l'Éducation
nationale ». Mais en pratique, explique-t-il « la
mobilisation des cadres de l'Éducation nationale dépend essentiellement
du niveau académique, rectorat par rectorat ». Dans ces
conditions, « un professionnel investi dans telle ou telle
académie peut impulser une dynamique positive, comme l'inverse,
hélas » – tout étant affaire de point de vue, cela va sans
dire. En résumé, si l'on en croit la délégation sénatoriale aux droits
des femmes, il y aurait « un décalage certain entre les bonnes
intentions affichées du ministère de l'Éducation nationale et la
réalité de terrain ». Enfin une bonne nouvelle ?
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17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
L'abolition de la prostitution, en discussion au Parlement, se
traduira-t-elle dans les faits ?
Approuvée l'année dernière par l'Assemblée nationale, la
proposition de loi « renforçant la lutte contre le système
prostitutionnel » a été vidée de sa substance, mardi
8 juillet 2014, par une commission du Sénat. Auparavant, son
inspiration abolitionniste n'en avait pas moins été soutenue par la
délégation aux droits des femmes de la haute assemblée.
Posture morale
Celle-ci « conteste le "droit" qu'auraient les femmes
de se vendre et celui [...] qu'auraient les hommes de les
acheter », a expliqué Mme Brigitte Gonthier-Maurin,
auteur d'un rapport d'information rédigé en son nom. Robert Badinter
est apparu bien isolé, lui qui, lors d'une audition, « a fait
valoir que le droit pénal n'avait pas à intervenir dans le domaine des
pratiques sexuelles entre adultes consentants, qui constituait un
élément de la liberté individuelle ». « Il n'est pas
tolérable qu'un être humain achète les services sexuels d'un autre être
humain », a tranché Mme Gonthier-Maurin. À ses yeux,
la « valeur pédagogique de la loi est suffisamment importante
en soi pour justifier la mise en œuvre de la pénalisation du client en
France ».
Des ébats en public
Qu'en sera-t-il en pratique ? Parmi les prostituées
dites "traditionnelles", à l'image de celles, françaises, officiant
dans le deuxième arrondissement de Paris, toutes ne s'inquiètent pas du
processus législatif en cours. Leur activité n'est pas en cause, leur
auraient assuré les forces de l'ordre. Ce sont leurs collègues
étrangères qui seraient visées. Celles qui leur succèdent sur le
trottoir, une fois la nuit tombée, au grand dam des riverains,
indisposés par leurs discussions volubiles, et parfois confrontés à des
ébats sexuels sur leur pallier d'immeuble.
Autrement dit, agitée avec discernement, la menace pesant sur
les clients serait censée contribuer à préserver la tranquillité
publique. Tout comme l'existence du délit de racolage passif, bientôt
abrogé, donnait un prétexte aux policiers soucieux, le cas échéant, de
soustraire une femme à son proxénète le temps d'un interrogatoire, sans
nécessairement engager des poursuites à son encontre. À la faveur du
changement de majorité, l'idéalisme de la gauche s'est effectivement
substitué à la posture répressive de la droite. Mais dans un cas comme
dans l'autre, peut-être ne s'est-il jamais agi que d'un habillage...
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4 juillet 2014
Les débordements accompagnant les victoires de l'Algérie, à
l'occasion de la Coupe du monde de football,
sinon leur simple célébration, a ravivé la hantise de la double
nationalité. Il conviendrait de la « supprimer de notre
droit », lit-on ici ou là. Encore faudrait-il qu'elle y
figure !
Si
l'on en croit Wikipedia, « la double nationalité
n'est pas inscrite dans le droit français ». Ce serait à
vérifier, mais, a priori, sa mention
dans le droit ne nous semblerait nécessaire que pour en restreindre
l'octroi ou les effets : par exemple, priver de la protection
consulaire un citoyen vivant dans un pays tiers dont il serait
ressortissant, comme le font l'Iran ou le Mexique.
La France, quant à elle, ne "reconnaît" la double nationalité
que dans la mesure où elle est indifférente, en quelque sorte, aux
nationalités tierces. Autrement dit, la nationalité française est
octroyée sans interférence étrangère.
En filigrane, donc, apparaît un enjeu de
souveraineté : comment la double nationalité pourrait-elle être
supprimée sans que soit mise en cause l'indépendance de
l'État ? C'est vraisemblablement impossible. Tout au plus nous
semblerait-il envisageable d'en restreindre les cas. Mais à quoi
bon ? N'en déplaise aux nationalistes plus ou moins contractualistes, les
sentiments de ne façonnent pas par la magie du droit.
Quelques précisions
émanant d'un site officiel :
« La double nationalité [...] qui n'est pas expressément
prévue par le droit français de la nationalité [...] fait l'objet
d'aménagements qui résultent le plus souvent d'accords internationaux.
[...] En vertu du principe de souveraineté, la France considère le
double national comme titulaire de l'ensemble des droits et obligations
attaché à la nationalité française, qu'il s'agisse d'un Français ayant
acquis une autre nationalité ou d'un étranger devenu français. Un
Français binational ne peut cependant faire prévaloir sa nationalité
française auprès des autorités de l'autre État dont il possède aussi la
nationalité lorsqu'il réside sur son territoire. Ce binational est
alors généralement considéré par cet État comme son ressortissant
exclusif et il s'en suit que la protection diplomatique de la France ne
peut s'exercer contre l'autre État dont dépend le binational et,
réciproquement, pour l'État étranger qui ne peut faire bénéficier de sa
protection le binational sur le territoire français. [...] Pour le
Français ayant acquis une autre nationalité, la nationalité française
se perd par manifestation de volonté (déclaration auprès du consulat
français du pays de résidence). »
À lire sur le même sujet :
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25 juin 2014
N'en déplaise à la réacosphère, comptabiliser des
interpellations policières ne rend pas compte des condamnations judiciaires.
Après qu'une victoire de l'Algérie eut été fêtée bruyamment à
Lyon par des supporters en manque de racines, Nouvelles
de France a publié ce commentaire vindicatif :
« La DDSP [Direction départementale de la sécurité publique] a
communiqué ce matin les interpellations de la nuit : un jeune
âgé de dix-huit ans (à Givors) après avoir visé des policiers avec un
laser depuis l'arrière d'une voiture et un individu de vingt et un ans
(dans le 7e arrondissement de Lyon) pour avoir insulté des CRS qui
bloquaient le pont de la Guillotière. Les incendies et le pillage
resteront, eux, impunis... »
Peut-être le resteront-ils effectivement, mais ce n'est pas
l'ampleur des interpellations qui permet de le dire. À ce titre,
l'expérience de la Manif pour tous apparaît d'ailleurs
révélatrice : si l'exécutif a vraisemblablement abusé des
interpellations et autres gardes à vue, censées illustrer sa fermeté
face au péril réactionnaire, la justice, quant à elle, ne
s'est exprimée que dans quelques cas somme toute rarissimes.
N'accablons pas Nouvelles de France,
d'autant que ce site-là se distingue par sa culture
journalistique et une certaine ouverture au sein de la réacosphère.
Cette confusion n'est pas leur exclusivité, loin s'en faut. Elle est
même inhérente au système médiatique, dont les travers n'épargnent pas
les "réinformateurs", comme ils aiment à se présenter – bien au
contraire !
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20 juin 2014
À entendre la plupart de nos camarades, le
libéralisme serait le principal inspirateur de nos élites. Outre la
politique économique et sociale, la proposition de loi
« renforçant la lutte contre le système
prostitutionnel » témoigne du déni dans lequel se complaisent
des esprits en quête d'un ennemi imaginaire.
La dénonciation de la "marchandisation du corps humain" relève
du lieu commun, repris à l'envi par Mme Brigitte
Gonthier-Maurin, auteur
d'un rapport d'information rédigé au nom de la délégation aux droits
des femmes du Sénat, déposé le 5 juin 2014. « Les jeunes filles [...]
doivent comprendre que leur dignité et leur sécurité s'opposent à la
marchandisation de leur corps contre de l'argent ou des cadeaux, quels
qu'ils soient », écrit-elle notamment. « Des siècles
durant, des nourrices bretonnes ou bourguignonnes ont, moyennant
finances, nourrit au sein les enfants de la bourgeoisie
francilienne », rappelle
Georges Kaplan. « Le fait est qu'avant la loi du
18 décembre 1989, une femme pouvait, en toute légalité, vendre
son lait sans que personne n'y trouve rien à redire. Ce qui caractérise
ces trois dernières décennies, ce n'est donc pas la "marchandisation du
corps" ; c'est précisément l'inverse : la
généralisation du principe d'indisponibilité du corps humain. »
Quoi qu'il en soit, « sensibiliser les enfants à
l'égalité entre filles et garçons devrait être entrepris dès le plus
jeune âge », selon Mme Gonthier-Maurin. L'Éducation
nationale en viendra-t-elle à dissuader les jeunes filles de se laisser
inviter au restaurant ? En tout cas, la délégation du Sénat
« conteste le "droit" qu'auraient les femmes de se vendre et
celui [...] qu'auraient les hommes de les acheter ». Robert
Badinter apparaît bien isolé, lui qui, lors de son audition par la
commission spéciale du Sénat « a fait valoir que le droit
pénal n'avait pas à intervenir dans le domaine des pratiques sexuelles
entre adultes consentants, qui constituait un élément de la liberté
individuelle ». « Il n'est pas de tolérable qu'un
être humain achète les services sexuels d'un autre être
humain », martèle Mme Gonthier-Maurin. À ses yeux, la
« valeur pédagogique de la loi est suffisamment importante en
soi pour justifier la mise en œuvre de la pénalisation du client en
France ».
La loi en discussion a pour objectif de « proscrire
les rapports sexuels imposés par la contrainte économique »,
explique-t-elle. « Selon Grégoire Théry, secrétaire général du
Mouvement du nid, on ne peut [...] parler de consentement s'agissant de
personnes qui "se battent pour survivre", de même que, de son point de
vue, l'on ne saurait présumer véritablement consentants ceux qui,
pressés par le besoin, travaillent pour un salaire inférieur au
SMIC... » Voilà une comparaison éclairante. Qu'est-ce que le
Smic, en effet ? C'est un seuil défini par l'État, distinguant
arbitrairement des emplois qui seraient dignes et d'autres qui ne le
seraient pas, et contestant implicitement la capacité des individus à
exercer leur liberté sous la pression de circonstances données. Au
respect du "libre arbitre", cher aux libéraux, il s'agit de substituer
des règles supposées éthiques aux dires de l'État. Le rapporteur ne
s'en cache pas : « Au risque que ces propos soient
caricaturés au nom d'un prétendu moralisme excessif, le terme de
travail doit être vigoureusement proscrit pour qualifier ce qui ne
saurait être considéré que comme une aliénation : celle qui
consiste, pour un être humain, à louer son corps contre de
l'argent. » À l'inverse, sans doute faudra-t-il voir une
"libération" dans la responsabilité conférée à l'État d'encadrer la
façon d'en disposer. CQFD.
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9 mars 2014
Un extrait de l'Émile mis en exergue à
l'instant par l'excellent Jean-Louis Bourlanges au micro de France
Culture.
En tout ce qui ne tient pas au sexe, la femme est
homme : elle a les mêmes organes, les mêmes besoins, les mêmes
facultés ; la machine est construite de la même manière, les
pièces en sont les mêmes, le jeu de l'une est celui de l'autre, la
figure est semblable ; et, sous quelque rapport qu'on les
considère, ils ne diffèrent entre eux que du plus au moins.
En tout ce qui tient au sexe, la femme et l'homme ont partout
des rapports et partout des différences : la difficulté de les
comparer vient de celle de déterminer dans la constitution de l'un et
de l'autre ce qui est du sexe et ce qui n'en est pas. Par l'anatomie
comparée, et même à la seule inspection, l'on trouve entre eux des
différences générales qui paraissent ne point tenir au sexe ;
elles y tiennent pourtant, mais par des liaisons que nous sommes hors
d'état d'apercevoir : nous ne savons jusqu'où ces liaisons
peuvent s'étendre ; la seule chose que nous savons avec
certitude est que tout ce qu'ils ont de commun est de l'espèce, et que
tout ce qu'ils ont de différent est du sexe. Sous ce double point de
vue, nous trouvons entre eux tant de rapports et tant d'oppositions,
que c'est peut-être une des merveilles de la nature d'avoir pu faire
deux êtres si semblables en les constituant si différemment.
Ces rapports et ces différences doivent influer sur le
moral ; cette conséquence est sensible, conforme à
l'expérience, et montre la vanité des disputes sur la préférence ou
l'égalité des sexes : comme si chacun des deux, allant aux
fins de la nature selon sa destination particulière, n'était pas plus
parfait en cela que s'il ressemblait davantage à l'autre ! En
ce qu'ils ont de commun ils sont égaux ; en ce qu'ils ont de
différent ils ne sont pas comparables.
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