Sur le front de l'euro

3 novembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Si les désillusions étaient inéluctables après elles sommet du 26 octobre, elles sont survenues plus vite que prévu...

Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2011, le président de la République a salué « le caractère historique » des décisions négociées par les Dix-Sept. « Enfin, nous avons mis en place concrètement le gouvernement économique de la zone euro », s'est-il félicité. De fait, il s'agira seulement d'organiser des réunions plus régulières des chefs d'État ou de gouvernement. Pour le reste, commente Jacques Rosselin, directeur de la rédaction de La Tribune, cet accord « ressemble plus à l'exercice de créativité financière d'une banque d'affaires qu'à une décision de gouvernants animés par une vision ou, restons modestes, une simple volonté politique ». Quant au caractère « durable » de la solution envisagée pour résoudre la crise, elle a d'emblée été nuancée par Traian Basescu, le ministre roumain des Finances : « Que le montant de la recapitalisation des banques soit de 100 ou 200 milliards d'euros, il sera suffisant pour les six ou sept premiers mois », a-t-il déclaré. « Voilà un horizon que notre président de la République sait maîtriser », ironisait notre confrère. C'était compter sans l'annonce d'un référendum en Grèce censé valider cet énième plan de sauvetage. Cela remet encore tout à plat ! Étant donné l'incertitude qui plane désormais sur la ratification de l'accord, les créanciers d'Athènes consentiront moins volontiers à la décote de leurs titres, qui devait atteindre 50 %.

Appel à l'aide

Lors de sa conférence de presse, le chef de l'État a veillé à exprimer en dollars les futures capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF). « Je donne cette information pas tant pour les marchés européens, mais pour les marchés mondiaux », a-t-il expliqué. Or l'implication des "pays émergents" se heurte à différents écueils identifiés par notre consœur Marie-Christine Corbier. La Chine privilégierait une intervention auprès des entreprises, ou via le FMI afin d'y renforcer son influence, a-t-elle souligné dans Les Échos. Par ailleurs, les Européens souhaiteraient se prémunir d'un renchérissement de la monnaie unique. « D'où la proposition [...] que le FESF émette des obligations libellées en yuans ». Ce qui supposerait l'accord de Pékin, peu disposé à lâcher du lest quant au contrôle de sa monnaie ! Enfin, ces discussions risquent d'interférer avec les négociations commerciales, au moment où l'UE était tentée d'exiger, notamment, un plus large accès aux marchés publics chinois. On envisageait même des mesures de rétorsion, quoique l'Allemagne y soit réticente. Autant les oublier : qui paie commande.

Chronique parlementaire

3 novembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Fidèles à leurs habitudes, les parlementaire s'immiscent dans les mœurs et malmènent la mémoire.

Parmi les dernières propositions de loi déposées au Parlement, on relève celle de Jean-Marie Sermier, député UMP du Jura, qui entend lutter contre « l'outrage aux symboles de la République ». Ce faisant, il fait planer une menace sur les royalistes caricaturant Marianne...

Rebondissant sur l'affaire Baby Loup (du nom d'une crèche où travaillait une employée voilée), Françoise Laborde, sénateur PRG de Haute-Garonne, se fait le chantre de la laïcité : elle demande que « l'obligation de neutralité » soit étendue aux structures privées en charge de la petite enfance.

La parité n'est pas en reste. Tandis que Jean Louis Masson (ex-UMP) se mobilise au Sénat, Chantal Brunel (UMP) mène le bal à l'Assemblée, dans l'espoir que l'"égalité professionnelle" soit érigée en « grande cause nationale ».

Adeptes de la repentance, divers sénateurs se sont manifestement divisés quant au contenu du texte à déposer à l'approche du 17 octobre, date anniversaire de la manifestation de 1961. « Les hommes qui manifestaient à mains nues furent molestés, torturés et massacrés. Des coups de feu furent tirés. Loin de la "bavure", cette action était préméditée et coordonnée », soutient la communiste Nicole Borvo Cohen-Seat. Employant des termes plus durs encore, sa collègue écologiste Esther Benbassa pointe carrément un « un crime d'État ».

Une biographie d'Hergé

3 novembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Aperçu d'un ouvrage signé Francis Bergeron.

Le retour de Tintin au cinéma n'a pas manqué d'alimenter l'actualité éditoriale. Francis Bergeron se distingue par la publication d'une biographie iconoclaste de Georges Rémi, dit Hergé. S'inscrivant dans la collection "Qui-suis-je ?", son livre ne sied guère aux canons du politiquement correct. De fait, l'auteur cite volontiers Minute ou Rivarol, et revendique une relative sympathie pour Léon Degrelle, tandis qu'il évoque l'amitié qui l'unissait à Hergé.

Bien qu'il fût parmi les premiers à lever le voile sur l'imposture soviétique, celui-ci ne saurait être classé parmi les auteurs engagés. Toutefois, s'il fallait absolument attribuer une filiation idéologique au reporter du Petit Vingtième, ce ne serait par vers le rexisme qu'il conviendrait se tourner selon Francis Bergeron, mais « plutôt du côté des pendants belges de l'Action française ou encore de la Fédération nationale catholique du général de Castelnau ».

Un chapitre est précisément intitulé « Hetrgé et le roi ». En exergue, on découvre comment Sébastien Lapaque définissait « l'idéal politique de Tintin ». Un peu plus loin, c'est L'Action Française 2000 qui est citée, pour s'être amusée, dans son numéro du 15 mai 2003, à relever quelques inspirations prêtées à Hergé : porté sur la bouteille, maniant volontiers l'invective, le capitaine Haddock rappelle effectivement Léon Daudet ; quant au professeur Tournesol, avec sa barbiche et sa surdité, n'est-il pas le parent de Charles Maurras ?

Francis Bergeron, Georges Rémi dit Hergé, Pardès, collection "Qui-suis-je ?", 128 pages,12 euros.

« La France est dans la merde »

27 octobre 2011

Au micro de RFR, rebond sur la polémique déclenchée par le spectacle de Romeo Castellucci.

La France est dans la merde ! Pire : elle s'y complait. C'est en tout cas le message que pourraient porter les militants d'Action française, après leur coup d'éclat de jeudi dernier. Le 20 octobre, donc, il se sont retrouvés aux prises avec les forces de l'ordre, peu disposées à tolérer leur présence place du Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris, à l'entrée du théâtre de la Ville.

On joue là-bas Sur le concept du visage du fils de Dieu, un pièce qui plonge le spectateur littéralement dans la merde, sous le regard du Christ dont un portrait domine la scène. C'est une représentation coprodruite par le théâtre de la Ville, dont le financement repose, dans une large mesure, sur des deniers publics. En l'occurrence, une subvention de la ville de Paris, dont le montant se serait élevé en 2007 à 10,7 millions d'euros. Naturellement, en pleine crise de la dette souveraine, on peut s'interroger sur la pertinence d'un tel investissement.

Quitte à chahuter le spectacle pour des motifs  politiques, poser ce genre de question, ce serait peut-être plus intelligible que de crier au « blasphème » censé insulter la nation tout entière. Quant à la "christinophobie", dont je ne parlerai pas sans guillemets, on en mesure la prégnance à la lecture du constat selon lequel il serait désormais « risqué d'être chrétien et de le proclamer », et cela « que ce soit au Caire ou à Paris ». Les coptes apprécieront, sans nul doute, cet élan de solidarité.

C'est l'art contemporain qui est en cause. Avec sa fascination pour les selles et autres déjections, sa soif de cocktails détonants ! Ce qui n'exclut pas, dans le cas présent, un message « spirituel et christique », selon l'auteur de la pièce. Bien au contraire ! « Ce spectacle est une réflexion sur la déchéance de la beauté, sur le mystère de la fin », explique Romeo Castellucci. « Les excréments dont le vieux père incontinent se souille ne sont que la métaphore du martyre humain comme condition ultime et réelle. Le visage du Christ illumine tout ceci par la puissance de son regard et interroge chaque spectateur en profondeur. »  

Cela me laisse pour le moins perplexe, mais je suis tout disposé à croire en la sincérité des propos. De la même façon, en photographiant un crucifix baigné dans l'urine, Andres Serrano a prétendu rappeler « par quelle horreur le Christ est passé ». Qu'importe les intentions, me direz-vous. Effectivement : « Aucune origine n'est belle. La beauté véritable est au terme des choses. »

Sauf que les adeptes de la "christianophobie" s'érigent non seulement en victimes, mais aussi en cibles, puisqu'ils prétendent faire l'objet d'une "phobie" particulière. L'analogie avec l'"homophobie" n'est pas gratuite, loin s'en faut : dans un cas comme dans l'autre, le terme est le produit d'une certaine propagande, et sa consécration ouvre la voie à de multiples condamnations. Les activistes catholiques sont manifestement inspirés par la Halde, c'est un comble !

Cela prêterait à sourire, s'il ne fallait craindre un réveil du laïcisme. Déstabilisée par l'islam, la République se montrait déjà mal inspirée... Donner des gages aux bouffeurs de curés arrangera-t-il quoi que ce soit à l'affaire ?

Rendez-vous sur le site de RFR pour découvrir les autres interventions :

http://www.radio-royaliste.fr/

Haro sur la christianophobie !

25 octobre 2011

Tandis qu'elle mobilise à nouveau la réacosphère, la "christianphobie" nous inspire toujours certaines réserves.

Enorgueillis par leur coup d'éclat, nos camarades du CRAF, certes fort courageux, se sont montrés injustes à l'égard de nos confrères, qu'ils accusent bien légèrement de verser dans la « désinformation », à l'exemple du Figaro coupable, selon eux, de les avoir assimilés à des « fondamentalistes chrétiens ».

À quoi s'attendaient-ils ? En s'insurgeant contre un « blasphème », ils s'aventuraient bel et bien sur un terrain religieux. Quant au rapprochement avec l'islamisme, potentiellement connoté par l'expression, il découle d'abord des faits : c'est tout naturellement qu'on songe au scandale déclenché par les caricatures de Mahomet...

Les chantres de la censure n'en ont pas moins l'audace de s'ériger en défenseurs de la liberté d'expression. À force de traquer la "chritianophobie", ils s'en sont même convaincus : « Que ce soit au Caire ou à Paris, il est désormais risqué d'être chrétien et de le proclamer. » Voilà qui renforce notre méfiance à l'égard d'un épouvantail apparaissant, à bien des égards, comme le « paravent d'un intégrisme paranoïaque ».

PS - La pièce controversée « a été allégée du moment où l’on voyait des enfants jeter des grenades en plastique sur la reproduction géante du Salvator Mundi », rapporte La Croix.

La conquête spatiale, un impératif stratégique

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

François Hollande prétend réenchanter la France. À cet effet, peut-être pourrait-il l'encourager à se tourner vers les étoiles !

Ce jeudi 20 octobre 2011 devaient être mis en orbite les deux premiers satellites du système Galileo – l'équivalent européen du GPS américain. Cela grâce à un lanceur Soyouz, la première fusée russe décollant depuis la Guyane française. Située à proximité de l'équateur, la base spatiale de Kourou bénéficie d'une situation géographique plus avantageuse que celle de Baïkonour, au bénéfice de la charge utile des lanceurs. Ainsi Moscou optimise-t-il l'exploitation de ses capacités, tandis que Paris et Bruxelles investissent à moindre coût les segments du marché qui n'étaient pas couverts par Ariane V.

Vulnérabilités

Ce marché se développe à la mesure de la prégnance croissante des technologies spatiales. Laquelle s'avère porteuse de vulnérabilités. Le durcissement des satellites et la redondance des systèmes sont censés y répondre. Il conviendrait néanmoins de préparer les populations à un "blackaout spatial", selon Guilhem Penent, animateur du blog De la Terre à la Lune. D'autant qu'un tel scénario lui semble « parfaitement envisageable », qu'il soit le fait d'une agression délibérée ou d'un catastrophe naturelle (météorites ou tempête solaire). Dans un ouvrage consacré à la Stratégie spatiale (Esprit du Livre, 404 p., 25 euros), le colonel Jean-Luc Lefebvre souligne qu'il est « stratégique [...] de disposer de moyens autonomes pour détecter, identifier et classifier tous les objets spatiaux pouvant représenter une indiscrétion, un risque ou une menace ». La France bénéficie d'ores et déjà d'un système de radar, dont on dit qu'il aurait détecté la destruction d'un satellite par la Chine en 2007. Toutefois, avertit Guilhem Penent, « d'importants efforts restent encore à fournir au niveau européen ». Dans ce cadre, un système autonome de surveillance de l'espace (SSA) pourrait être mis en œuvre à l'horizon 2020. C'est en tout cas le vœu formulé par le Centre d'analyse stratégique, dans un rapport présenté le 11 octobre.

Le lendemain, le Quai d'Orsay a salué la mise en orbite du premier satellite franco-indien, preuve que l'Europe n'est pas un horizon indépassable. Cependant, aux yeux de Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, « l'Union européenne doit avoir un rôle de stratège, définir les grandes orientations et les besoins » en matière spatiale. Paris jouerait alors un rôle moteur, nous promet-il. De fait, selon le gouvernement, l'industrie spatiale française représente 50 % du chiffre d'affaires européen et 40 % des emplois. Dans le jeu européen, Paris détient surtout une carte maîtresse. « Les éléments les plus critiques des activités spatiales sont certainement les installations de lancement », souligne le colonel Lefebvre, dans un entretien publié sur le blog Egea. « Les grandes nations spatiales en détiennent plusieurs. [...] Le port spatial européen situé à Kourou, en Guyane française, est unique. Il est donc assurément aussi stratégique pour l'autonomie spatiale de l'Europe que peut l'être l'île Longue pour sa sécurité. »

Du pétrole en Guyane

Dans ces conditions, la découverte de pétrole au large de la Guyane doit être accueillie avec prudence, prévient le géopoliticien Olivier Kempf. « En effet, certains esprits, arguant d'une pauvreté résiliente, pourraient expliquer aisément que la richesse du pétrole doit revenir aux Guyanais, sans même parler de l'exploitation colonialiste de la métropole. [...] Dès lors, il est urgent pour la France, si elle tient à conserver la Guyane dans la collectivité nationale [...], de prendre un certain nombre de mesures : augmenter rapidement les investissements en Guyane de façon à préparer le territoire à son développement futur ; réfléchir à son dispositif maritime et probablement le renforcer ; appuyer plus que jamais l'éducation. L'arrivée du RSA en Guyane le 1er janvier 2011 est certes une bonne chose, mais je ne suis pas sûr que le symbole soit très fort... (8,5 % de la population touche le RMI). Avec 21 % de la population au chômage, le département ne doit pas être loin du record de France. Et en PIB par habitant [...] la Guyane est dernière nationale. » Il appartient aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour remédier à cette situation. 

Sur le front des Opex

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Libye, Liban, Afghanistan... Le chef d'état-major des armées commente les opérations extérieures de la France (Opex).

Lors d'une audition devant une commission de l'Assemblée nationale, le mercredi 5 octobre 2011, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012, l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), s'est livré à un tour d'horizon des opérations extérieures.

« L'Europe désarme quand le monde réarme », a-t-il martelé en préambule. « Si elle devait se confirmer, voire s'amplifier, cette tendance serait lourde de conséquences pour notre avenir comme puissance capable de peser sur les affaires du monde. » Placée en « hibernation », l'"Europe de la défense" ne doit pas faire miroiter de faux espoirs...

Provocations au Liban

Cela nuance l'enthousiasme suscité par l'année écoulée. Selon l'amiral Guillaud, en effet, « peu de pays auraient été capables et auraient eu la volonté de faire ce que nous avons fait [...] en Libye, en Côte d'ivoire, sur le territoire national, ainsi qu'au Japon, où nous sommes intervenus lors du tsunami en envoyant des avions de transport stratégique pour évacuer nos compatriotes vers la Corée du Sud ».

L'engagement au Liban demeurerait « le plus délicat de nos forces », en raison d'une liberté d'action difficile à garantir. « Il arrive aujourd'hui qu'un maire décide que l'on ne peut plus traverser son village », a déploré le CEMA. « Nos soldats – le troisième contingent sur place après ceux de l'Italie et de l'Indonésie – sont régulièrement menacés d'humiliation. La semaine dernière, un véhicule espagnol ayant dépassé de 500 mètres la zone de la FINUL a immédiatement été encerclé par des 4x4 aux vitres fumées ; des civils en armes en sont sortis et ont volé aux soldats leurs papiers, leurs cartes, leurs radios... Effets qui leur ont été rendus cependant le lendemain. » Cela mettrait nos soldats sous pression, une telle situation étant « insupportable, pour un grenadier voltigeur comme pour un général ». Aussi l'amiral juge-t-il « urgent que l'ONU révise le concept stratégique de la présence des casques bleus au Liban ».

Évoquant l'Afghanistan, le CEMA a affiché l'optimisme que requiert sa fonction. « Dix ans après le début de notre intervention, est venu le temps du transfert des responsabilités de sécurité à l'armée nationale afghane », a-t-il rappelé. « Il y a cinq ans, on ne comptait que 30 000 soldats et policiers afghans. Ils sont aujourd'hui 300 000. » Des chiffres censés illustrer « la réalité et le succès, dans le domaine militaire, des opérations de l'OTAN ». D'autant qu'« il n'a jamais été question de battre les insurgés "à l'ancienne" ni de transformer l'Afghanistan en havre de paix ». Le taux de désertion dans l'armée afghane aurait considérablement diminué : « Il était de l'ordre d'un tiers, par mois, il y cinq ou six ans ; il est maintenant inférieur à 10 % et tend à descendre vers 5 %. » Cela grâce au doublement des soldes : « La coalition a payé les hommes à peu près comme les payaient les Talibans, voire un peu plus. » Aussi les questions se posant pour l'avenir portent-elle notamment « sur la soutenabilité financière du budget de la défense afghan, en particulier le paiement des soldes de 300 000 policiers et militaires – chiffre qui se situe dans la norme compte tenu de la taille du pays ».

En tout cas, « nous avons, pour l'essentiel, rempli notre part de la feuille de route internationale », soutient l'amiral Guillaud. « Pour notre part, nous basculons progressivement des missions de contrôle de zone vers des missions d'appui et de soutien des forces afghanes. Ce qui a pour conséquences de réorganiser nos forces – nous n'aurons plus besoin des mêmes spécialistes – et de réduire notre vulnérabilité – nous n'irons plus dans les fonds de vallée. » À l'approche de l'élection présidentielle, cela tombe à pic...

Remontrances européennes

19 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Nouvelles mises en cause en provenance de Bruxelles.

Un avertissement a été lancé par Bruxelles le 29 septembre : « les États membres doivent d'urgence s'employer avec plus de vigueur à transposer la réglementation européenne », prévient la Commission.

Tandis que la Belgique décroche le bonnet d'âne, la France se distingue par le retard avec lequel elle se conformerait aux arrêts de la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) : il faudrait compter deux ans en moyenne, contre dix-sept mois dans l'ensemble de l'UE

Dernièrement, Paris a été prié : de garantir l'ouverture à la concurrence du tunnel sous la Manche ; de réduire les contrainte administratives pesant sur les PME ; de se conformer aux règles communautaires applicables aux pratiques commerciales déloyales ; d'assurer une attribution « non discriminatoire » des fréquences de télédiffusion numérique ; et de respecter la directive TVA pour les bateaux. Dans cette "moisson de remontrances", la France est visée par une "mise en demeure", trois "avis motivés" et une traduction devant la CJUE.

L'islam des bureaux

6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Se démarquant des chantres de la "diversité", le Haut Conseil à l'intégration pointe les tensions suscitées dans l'entreprise par les revendications religieuses. En réponse, il invoque la sacro-sainte laïcité.

Après avoir agité l'école, les services publics et les crèches, la laïcité suscite le débat dans l'entreprise. « Le paysage a bien changé », observe Jean-Christophe Sciberras, président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (DRH). Selon lui, « la revendication religieuse se fait plus forte, en raison notamment du recours à une main d'œuvre immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années soixante ». Les chantiers du bâtiment constitueraient un cas emblématique : « on y observe le plus souvent des équipes constituées par communautés d'appartenance et par affinités religieuses », rapporte le Haut Conseil à l'intégration (HCI). Dans un avis publié le mois dernier, celui-ci ne craint pas d'aborder un sujet « tabou et politiquement incorrect ». D'autant qu'il aurait « toujours considéré la question de la laïcité comme intrinsèquement liée à celle de l'intégration des personnes d'origine étrangère ».

Problèmes concrets

Le service de repas halal, l'aménagement des horaires en vue des prières et l'octroi de congés pour les fêtes religieuses seraient gérés « avec assez de souplesse » dans les grandes entreprises. En revanche, le port de signes religieux, l'ouverture de salles de prière et les relations hommes-femmes seraient plus délicats à traiter. La légalité s'en trouverait bafouée : « Ainsi, tel restaurant ne possède pas de vestiaire pour femmes parce que son patron n'envisage pas d'en embaucher. [Dans] un salon de coiffure strictement réservé aux femmes, l'inspecteur du travail ne peut entrer pour effectuer un contrôle parce que son intervention troublerait leur intimité. »

Deux types de restrictions de l'expression religieuse peuvent être inscrites dans le règlement intérieur des entreprises : elles portent, d'une part, sur les impératifs de sécurité, d'hygiène et de santé et, d'autre part, sur la tâche du salarié définie dans son contrat de travail. « La jurisprudence du "boucher de Mayotte" (arrêt de la Cour de cassation, mars 1998) est claire sur ce point : un salarié boucher de confession islamique demandait, après deux ans de travail, de ne plus avoir à traiter de viande de porc ; l'employeur refuse ; le salarié cesse son travail et invoque un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais le juge estime que "l'employeur ne commet aucune faute en demandant au salarié d'exécuter la tâche pour laquelle il a été embauché". » Par ailleurs, « le juge français a évoqué au cours de plusieurs affaires la relation avec la clientèle pour justifier la restriction du port du foulard par des femmes musulmanes. Ainsi, la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion (1997) a admis le licenciement pour cause réelle et sérieuse d'une salariée de confession islamique qui refusait d'adopter la tenue conforme à l'image de marque de l'entreprise. »

Tandis que la loi leur interdit de répertorier la religion de leurs employés, patrons et DRH risquent des poursuites judiciaires quand ils refusent de céder à certaines revendications. En effet, « certains seront tentés de lire toute limitation de l'expression religieuse [...] comme une discrimination religieuse, quand bien même cette restriction serait proportionnée et justifiée ». À ce titre, déplore le HCI, « la Halde a participé de cette évolution qui par certains aspects ne favorise guère l'apaisement entre salariés et entre employeur et salariés ».

Sentiment d'injustice

En outre, des accommodements peuvent être perçus comme des privilèges accordés à une minorité : « Si certains sont exemptés de travail le vendredi ou le samedi, serait-ce à dire que d'autres doivent impérativement les remplacer ces jours-là ? Si certains ont des horaires aménagés, pourquoi alors le refuser à d'autres dont les raisons ne seraient pas religieuses mais familiales par exemple ? » Souhaitant palier l'absence de réponses claires et homogènes, le HCI soutient « la mise en œuvre d'un dispositif à la fois législatif et règlementaire ». Aujourd'hui, ces questions seraient traitées au plus près du terrain. Selon le HCI, il conviendrait de promouvoir explicitement « la neutralité religieuse », de façon à « favoriser la qualité du lien social dans l'entreprise ». Concrètement, cela supposerait la révision des règlement intérieurs, et l'organisation de séminaires où serait diffusée la bonne parole républicaine.

« La laïcité est le moyen de faire coexister pacifiquement dans un espace commun une pluralité de convictions », martèle le HCI. C'est ignorer la violence des inventaires, et négliger les instrumentalisations auxquelles se prête un principe ambigu. C'est en son nom qu'on tente, parfois, d'étouffer des traditions façonnées par le christianisme – en allant jusqu'à réclamer que les sapins soient retirés des écoles à l'approche de de Noël ! Mais n'est-ce pas en son nom, également, que le Front national dénonce désormais l'immigration ? « En dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité », assure Élisabeth Badinter, dans un entretien accordé au Monde des religions. Le 22 septembre, deux condamnations ont été prononcées par le tribunal de Police de Meaux en application de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public. Or, si l'on en croit l'enquête du Guardian, cela ne devrait rien changer au comportement des femmes incriminées. À moins qu'elles renoncent définitivement à sortir de chez elles, confrontées à des injures dont la violence irait croissant. Curieuse façon d'œuvrer à la concorde sociale.

Recherche & Développement en sursis

6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Tandis que plane le spectre d'une délocalisation des activités de recherche et développement (R&D), le crédit impôt recherche (CIR) confirme son succès.

La France décroche dans la course à l'innovation mondiale, rapportent Les Échos. Selon une étude publiée jeudi dernier, 27 septembre, par la Business Software Alliance, elle a perdu quatre places au classement mondial de la compétitivité dans les technologies de l'information. Les infrastructures ne seraient pas en cause. Quant à l'environnement légal, il s'améliorerait « avec des avancées dans le domaine de la signature électronique, de la confidentialité des données et de la législation sur la cybercriminalité ». En revanche, soulignent nos confrères, la France accuse un certain retard « au niveau des investissements en R&D, mais aussi du capital humain » : alors que dix mille créations d'emploi sont annoncées cette année dans l'informatique par le Syntec Numérique, les entreprises craignent de ne pouvoir subvenir à leurs besoins en main d'œuvre.

Des effectifs en hausse

C'est une inquiétude récurrente, dont Philippe Adnot, sénateur non inscrit de l'Aube, s'était fait l'écho dans un rapport présenté l'année dernière. Cela étant, au regard des effectifs alloués, les activités de recherche et développement auraient régulièrement augmenté entre 2000 et 2008. En la matière, « il n'existe pas de mouvement global de délocalisation », soutient le parlementaire. Sur la même période, les entreprises n'en auraient pas moins accru leur présence à l'étranger, où le nombre de centres français de R&D aurait augmenté de 20 %. Ce phénomène résulterait, pour partie, des héritages consécutifs à des fusions-acquisitions. Mais aussi de la volonté de s'adapter aux spécificités locales, voire d'optimiser les ressources à l'échelle mondiale : « Cette vision [...], relativement ancienne dans le secteur des télécoms, a été reprise par EADS en 2006. De même, plus récemment, Sanofi Aventis, après avoir annoncé la rationalisation de sa R&D en 2009, a conclu au cours de l'année 2010 plusieurs partenariats avec des organismes renommés dans le cadre d'une stratégie d'excellence mondiale centrée sur des sujets encore non traités par l'entreprise. » Quant à la réduction des coûts, sans nul doute escomptée, « elle n'a pas été à ce jour pleinement vérifiée » selon le rapporteur, dont les interlocuteurs ont souligné « les coûts liés au turn-over important des ingénieurs dans certains pays, les coûts de traduction, les coûts de reconstitution du savoir ».

Le poids de l'étranger

Quoi qu'il soit, dans une économie internationalisée, il s'avère délicat d'apprécier les flux de R&D. Témoin, cette coïncidence survenue à la rentrée 2010 : « Le 15 septembre 2010, Renault inaugurait en Roumanie un nouveau centre technique dédié à la mise au point des véhicules et des organes mécaniques de la plateforme Logan. Six jours auparavant, le P-DG de Google, Éric Schmidt, annonçait la création en France d'un centre de recherche et développement (R&D) pour l'Europe qui recruterait prioritairement dans les écoles et les universités françaises dont l'excellence en mathématiques est reconnue. » De fait, remarque  Philippe Adnot, « les entreprises étrangères financent une part non négligeable de la dépense intérieure en R&D » : 20,8 % en 2007 et 22,2 % en 2008, contre 13 % aux États-Unis, 17 % en Finlande et 5 % au Japon ; entre 2007 et 2008, la part des dépenses intérieures de R&D des filiales sous contrôle étranger a même augmenté de plus de 11 %.

Les plus optimistes y verront, certes, le signe d'une attractivité renforcée par le succès du crédit impôt recherche. À l'issue d'une enquête menée auprès de sociétés réputées innovantes, Alma Consulting Group a confirmé, selon le résumé des Échos, que « pour la majorité des entreprises françaises, le CIR a bel et bien un effet de levier sur l'emploi en R&D : 39 % ont renforcé leurs équipes de chercheurs de 50 %, et même doublé leurs effectifs dans 22 % des cas. Autre effet positif : 38 % des sociétés déclarent avoir augmenté de 50 % le nombre d'innovations commercialisées, et 24 % ont lancé deux fois plus de produits innovants sur le marché. De nouvelles offres qui ont généré une augmentation de chiffre d'affaires de 50 % pour une entreprise sur trois, et même de 100 % pour une sur quatre. »

Toutefois, on ne saurait se contenter de ces chiffres. D'autant que, dans les années à venir, les entreprises conduiront probablement un audit sur la localisation de leurs centres de R&D, prévient le sénateur de l'Aube. « À cet égard », remarque-t-il, « plus ces centres seront intégrés à un écosystème d'innovation dynamique, et plus il sera onéreux pour l'entreprise de modifier la géographie de sa R&D ». Ou comment enraciner l'activité sous les vents de la mondialisation.