15 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Loups et béliers, forte corpulence, parrainage dans
l'entreprise, affichage solennel de la Déclaration des droits de
l'homme dans les écoles... Autant de sujets sur lesquels les députés
voudraient légiférer.
À la différence des projets de loi, présentés par le
gouvernement, les propositions sont déposées par des parlementaires. La
plupart de ces textes enregistrés à la présidence de l'Assemblée
nationale le 1er avril, parfois insolites, sinon grotesques,
demeureront vraisemblablement sans lendemain.
Traditions mises à mal
Bravant certains écologistes, Mme Henriette Martinez,
soutenue par quelques collègues, demande la mise en place d'un plan de
gestion du loup : « Avec un nombre d'attaques et de
victimes en constante progression », le prédateur menace selon
elle « la pratique du pastoralisme avec de graves conséquences
pour l'élevage mais aussi pour la survie de la biodiversité de la
montagne ». Marc Le Fur et quatre autres députés
déplorent les mésaventures juridiques des organisateurs d'un tournoi de
lutte bretonne, dont le gagnant recevait traditionnellement un
bélier : « Une nouvelle fois le patrimoine local et
les traditions ancestrales sont mis à mal par une vision réductrice du
droit. » En conséquence, ils souhaitent « permettre
l'attribution en lot ou prime d'animaux vivants dans le cadre des
manifestations sportives et folkloriques régionales
traditionnelles ».
Changement de registre avec Mme Valérie Boyer.
Soulignant l'augmentation du tour de taille moyen de
4,7 centimètres entre 1997 et 2009, elle mobilise la chambre
basse pour « interdire de surtaxer une personne de forte
corpulence qui achète un billet d'avion ». Sa proposition de
loi prie le gouvernement d'établir les conditions d'application d'une
telle disposition. Faudra-t-il communiquer ses mensurations lors de
l'achat d'un billet d'avion ? Le cas échéant, comment les
compagnies pourront-elle s'assurer de la bonne foi de leurs clients,
tentés de s'approprier deux sièges pour le prix d'un quelle que soit
leur corpulence ? À travers ces questions quelque peu
triviales, on mesure l'irresponsabilité des parlementaires.
Michel Zumkeller peut se vanter, quant à lui, d'un travail
prolifique, mené de plus en solitaire – un signe du crédit que lui
accordent ses collègues ? Le député juge « très
important d'instaurer la possibilité d'un parrainage de deux ans entre
ceux qui vont quitter l'entreprise pour partir en retraite, et ceux qui
doivent entrer dans la vie active ». À cet effet, il a
présenté un texte dont la rédaction nous semble hasardeuse – En quoi
cette « possibilité » est-elle aujourd'hui
exclue ? –, et dont l'objet devrait plutôt être discuté par
les organisations professionnelles.
Le règne du bon sens
Promoteur de dispositions inutiles, M. Zumkeller
demande également que « tout produit vendu en France comporte
une étiquette précisant que la fabrication de ce produit est conforme à
notre modèle social, principalement en matière de travail des
enfants ». Encore faudrait-il s'en assurer...
Le député du Territoire-de-Belfort propose, en outre, de
« rendre obligatoire l'affichage de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 à l'entrée de tous
les établissements publics d'enseignement scolaire de
France ». De son point de vue, « un tel affichage
solennel s'impose d'autant plus aujourd'hui qu'élèves et enseignants
sont souvent victimes d'atteintes à leurs droits ou auteurs d'atteintes
aux droits ». Autrement dit, ce serait une réponse à
« la violence entre les élèves ou contre les
professeurs ». Selon le scénario échafaudé par
M. Zumkeller, « lorsque se produira un incident dans
ou autour de l'école », « des rassemblements
pourraient alors être organisés devant ce texte fondateur ».
De quoi inculquer la discipline aux sauvageons.
Un peu de sérieux
Plus sérieusement, Bruno Le Roux et les membres du groupe
socialiste, radical, citoyen et divers gauche entendent
« renforcer l'exigence de parité des candidatures aux
élections législatives ». Thierry Mariani voudrait
« rétablir la manifestation de volonté » et instituer
un « serment républicain » préalables à l'obtention
de la nationalité après un mariage ou par des enfants nés en France de
parents étrangers. Enfin, Jacques Remiller réclame la reconnaissance
des votes blancs et l'annulation des scrutins où ceux-ci
représenteraient plus de 30 % des bulletins. Peut-être sa
proposition mérite-t-elle d'être débattue, mais sans doute son
application aurait-elle pour principale conséquence de rendre la
démocratie un peu plus coûteuse.
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15 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Les énergies renouvelables sont la coqueluche des médias. Mais
nulle politique ne saurait se réduire à favoriser leur développement.
La maîtrise des pics de consommation électrique figure parmi les enjeux
majeurs.
Plusieurs écueils se sont heurtés, tout récemment, aux
discours les plus convenus appelant à réduire les émissions de gaz à
effet de serre. Enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le
31 mars, un rapport d'information présenté par le député
Franck Reynier s'est montré critique à l'égard du développement de
l'énergie éolienne, jugé « désordonné ».
Camouflet
Par ailleurs, alors que le président de la République avait
jugé acquise l'institution d'une taxe carbone aux frontières de l'UE,
la Commission européenne a pointé « un nombre d'inconvénients
considérables qu'il faudra résoudre » (Euractiv,
07/04/2010). Enfin, un colloque parlementaire a mis en relief, jeudi
dernier, l'incapacité de la France à prendre des mesures claires en
faveur des énergies renouvelables, censées couvrir 23 % de la
consommation nationale d'ici 2020 (Euractiv,
09/04/2010).
La maîtrise de la pointe électrique, sur laquelle ont planché
Serge Poignant et Bruno Sido, respectivement député et sénateur, est un
enjeu moins connu, mais néanmoins stratégique. Depuis une dizaine
d'années, la puissance appelée en période de pointe augmente plus
rapidement que la consommation générale. Plusieurs facteurs sont en
cause, telles l'attractivité croissante du chauffage électrique, qui
rend la consommation française d'autant plus sensible à la température
en hiver, ou l'augmentation du nombre de ménages, qui tire la
consommation résidentielle – preuve que l'évolution des mœurs a de
multiples conséquences. Le dernier record fut enregistré le
7 janvier 2009, avec une demande de 92,4 GW. Selon un
scénario "référence" échafaudé par RTE (Réseau de transport
d'électricité), la puissance requise dans des conditions climatiques se
présentant en moyenne tous les dix ans devrait atteindre
104 GW à l'hiver 2014-2015 et 108 GW en 2019-2020.
Ces chiffres sont d'autant plus préoccupants que la plupart
des moyens de production de pointe sont vieillissants. Le nucléaire
domine certes le parc de production français (63,3 GW sur un
total de 117), mais celui-ci ne s'accommode que de modulations
saisonnières. En période de pointe, outre des importations et
l'hydraulique, seuls le charbon et le gaz, voire le fioul, autorisent
les ajustements nécessaires. C'est pourquoi un lissage de la courbe de
charge contribuerait à réduire les émissions de gaz carbonique –
lesquelles affectent environ 10 % de la production électrique
française.
Effacements contractuels
On cherchera donc à pratiquer des effacements de consommation.
Le délestage est la solution la plus radicale...
L'information d'urgence aurait par ailleurs prouvé son efficacité en
Bretagne. Notons que certains effacements n'auraient rien
d'intolérable : « le fait d'éteindre le chauffage
électrique pendant 15 à 30 minutes dans un logement bien isolé
ne modifie pas la température ressentie par le consommateur »,
soulignent MM. Poignant et Sido. À l'avenir, les opérateurs
pourraient être habilités à modifier la consommation de leurs clients,
comme cela se fait déjà en Californie : « Les
Programmable Communicating Thermostat (PCT) permettent de commander
temporairement une hausse de la température de consigne des
climatiseurs de 1 à 3° C en période de pointe estivale et le
client – informé de ce changement – garde la possibilité de rétablir la
température initiale. Ces dispositifs sont obligatoires dans les
logements neufs. » De nouvelles offres tarifaires devront
favoriser les effacements aux moments les plus critiques. « La
clé est la mise en place rapide du compteur communicant Linky qui
permettra un comptage à la carte », poursuivent les
rapporteurs.
Comment contraindre des acteurs privés ?
Rappelons enfin que la maîtrise de la pointe électrique
s'inscrit dans un contexte de libéralisation. Or, le financement des
moyens de pointe « exclusivement par un marché en énergie est
voué à l'échec », affirment les parlementaires. « Car
même si les marchés en énergie peuvent en théorie assurer la
rentabilité des moyens de pointe – et symétriquement des effacements –
la visibilité qu'ils offrent n'est pas suffisante. Les pics de prix
sont trop aléatoires en fréquence et en niveau et le risque est trop
important pour un investisseur. Dans un système avec de multiples
responsables d'équilibre, aucun fournisseur n'a intérêt à assumer le
risque d'un tel investissement, dans la mesure où une défaillance
éventuelle ne sera pas nécessairement de son fait et n'entraînera pas
nécessairement de pertes insupportables. » Il appartient aux
pouvoirs publics d'encadrer strictement les évolutions en cours. Serge
Poignant et Bruno Sido voudraient imposer aux fournisseurs une
obligation de capacité. Reste à définir les modalités qui permettront
d'en assurer le respect.
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15 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Bruxelles recèle une manne financière convoitée par
l'outre-mer français. Au-delà, les relations des territoires
ultra-marins avec l'Europe sont à l'image de celles entretenues avec la
métropole, selon qu'ils souhaitent resserrer ou assouplir les liens
politiques les attachant à Paris.
L'appartenance des pays et territoires d'outre-mer (PTOM)
« à la famille européenne » doit être mieux
considérée, affirme l'Assemblée nationale. Dans une résolution adoptée
le 26 mars, la chambre basse « souligne la nécessité
de remédier à l'érosion des préférences commerciales dont bénéficient
les PTOM » ; elle demande que l'UE tienne compte de
leurs intérêts « dans la définition et la conduite de sa
politique commerciale », et invite le gouvernement à
préserver, plus particulièrement, ceux de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Deux statuts européens
Les départements d'outre-mer (DOM) sont intégrés à la
Communauté européenne depuis son origine ; selon la
terminologie introduite par le traité de Maastricht, ils constituent
des « régions ultra-périphériques » (RUP) de l'Union.
Les « pays et territoires d'outre-mer » bénéficient,
quant à eux, d'un régime d'association. Certains sont devenus
indépendants à la faveur de la décolonisation, formant, dans le jargon
européen, les « États ACP » (Afrique, Caraïbes et
Pacifique). « Historiquement, la catégorie des PTOM a donc un
caractère "résiduel" », observent Mme Annick Girardin
et Hervé Gaymard, auteurs d'un rapport d'information enregistré le
10 février à la présidence de l'Assemblée. Parmi les PTOM
figurent Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française,
Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres australes et antarctiques
françaises, Wallis-et-Futuna. Les RUP européennes correspondent, plus
au moins, aux départements d'outre-mer français, et les PTOM aux
collectivités d'outre-mer. « Cependant, le changement de
statut d'une collectivité en droit interne n'a pas de conséquence
automatique sur son statut au regard du droit communautaire »,
soulignent les députés.
Les produits originaires des PTOM entrent librement sur le
territoire européen. En revanche, les exportations communautaires
peuvent être soumises à des droits de douane perçus par les PTOM,
« qui répondent aux nécessités de leur développement et aux
besoins de leur industrialisation ou qui, de caractère fiscal, ont pour
but d'alimenter leur budget ». Alimenté par les États membres
de l'UE, sans dépendre stricto sensu du budget de
l'Union, le Fonds européen de développement (FED) bénéficie à la fois
aux PTOM et aux pays ACP. La France en est aujourd'hui le deuxième
contributeur (19,5 %) derrière l'Allemagne (20,5 %).
Pour la période 2008-2013, 286 millions d'euros sont alloués
aux PTOM, sur un total de 22,7 milliards (soit
1,25 %). « Les montants sont modestes »,
commentent les rapporteurs. À titre de comparaison, les sept régions
ultra-périphériques bénéficient de 7,8 milliards d'euros de
fonds communautaires pour la période 2007-2013.
Mayotte veut s'intégrer à l'Europe
« En tant que PTOM, Mayotte bénéficie depuis 1976 de
l'action cruciale de l'Europe au service de son
développement », soutient le sénateur Soibahadine Ibrahim
Ramadani. L'investissement labellisé par Bruxelles aurait permis de
financer l'électrification rurale, le reboisement, la construction de
la station d'épuration des eaux usées, la protection du lagon...
Pourtant, entre 2000 et 2007, alors que la dotation avoisinait les
25 millions d'euros, seul un peu plus d'un million aurait été
consommé. « Cette situation n'est en rien exclusive à
Mayotte », poursuit M. Ibrahim Ramadani,
« puisque les DOM étant eux-mêmes des RUP, recevant les fonds
structurels, ne consomment en moyenne que 40 à 50 % des
crédits alloués ». En cause : « la
complexité des procédures » et « un manque crucial de
personnel qualifié dans la gestion et l'exécution des crédits
européens ».
Malgré tout, l'enveloppe destinée à Mayotte apparaît
« quelque peu "dérisoire" » aux yeux du sénateur, qui
la compare à celles octroyées aux régions ultra-périphériques –
telles la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion.
L'île aux Parfums convoite leur statut européen, qui lui ouvrirait une
nouvelle manne financière. Il appartient aux responsables nationaux
d'agir pour que Mayotte bénéficie des fonds structurels de la période
2014-2020. « Mais l'Europe, c'est plus qu'une chance pour
Mayotte », conclut Soibahadine Ibrahim Ramadani. Ce serait
même « vital » : « Le statut de
DOM-ROM garantit notre ancrage dans la République. Le statut de RUP de
l'UE consolidera à jamais la position des Mahorais et écartera
définitivement toute crainte liée aux revendications territoriales d'un
pays étranger et sera une force pour endiguer devant la communauté
internationale les condamnations injustes et injustifiées liées à la
présence légitime de la France à Mayotte. »
Émancipation
À l'inverse, après s'être détachée de la Guadeloupe pour
devenir en 2007 une collectivité d'outre-mer française,
Saint-Barthélémy a demandé à passer du statut de région
ultra-périphérique à celui de pays et territoire. Forte d'un PIB par
habitant supérieur à 75 % du PIB moyen de l'Union européenne,
l'île ne peut prétendre au bénéfice des fonds structurels. En tant que
RUP, elle n'en reste pas moins soumise au droit communautaire, dont la
transposition serait « génératrice de normes souvent
exorbitantes et d'application contraignante », selon le
sénateur Michel Magras. « Du point de vue des relations
commerciales avec les États-Unis, d'où proviennent une grande part des
biens de consommation, le respect strict des normes constitue un
handicap », affirme-t-il. En outre, le nouveau code des
douanes communautaires pourrait menacer le "droit de quai".
« Sa remise en cause équivaudrait à supprimer l'élément
principal de l'autonomie budgétaire de la collectivité »,
avertit M. Magras. Or, le risque planant sur sa perception
serait dissipé par l'accession au statut de PTOM. En résumé,
« Saint-Barthélemy souhaite trouver dans le régime
d'association les facultés d'adaptation de la réglementation que le
statut de [collectivité d'outre-mer] permet en droit
français ».
Quelles perspectives ?
Adoptée en 2001, l'actuelle décision d'association expirera le
31 décembre 2013. À l'avenir, selon les conclusions du Conseil
du 22 décembre 2009, « les relations entre l'UE et
les PTOM ne devraient plus être polarisées, comme c'est le cas
actuellement, sur la réduction de la pauvreté, mais se muer en un
partenariat [...] qui favorisera le développement durable des PTOM et
mettra à profit leur potentiel et leurs atouts, tout en contribuant à
promouvoir les valeurs et les normes de l'UE dans le reste du
monde ». « Le discours sur le renforcement de la
compétitivité, c'est le refrain à la mode », commente
Jean-Claude Fruteau. Le député de la Réunion juge « illusoire
de croire que les seuls mots de "partenariat réciproque et renforcement
de la compétitivité" permettront aux PTOM de combler définitivement
leurs retards et de résoudre les difficultés structurelles en
présence ». De son point de vue, « la question de
fond est de savoir quelle sera la compétitivité des PTOM face à la
concurrence mondiale si on les "lâche" après les avoir assistés pendant
longtemps ».
« Les objectifs environnementaux [...] sont plus que
louables », poursuit M. Fruteau.
« Cependant, à l'heure actuelle, la valorisation et la
sauvegarde de la biodiversité ne peuvent constituer à elles seules un
levier suffisant... » Son collègue Michel Buillard
se montre plus optimiste : « Le développement des
énergies renouvelables permettrait à la Polynésie française d'être un
laboratoire d'expérimentation dans le Pacifique dans un domaine de
technologie de pointe et à forte valeur ajoutée tel que l'énergie
thermique des mers, l'énergie houlomotrice, l'éolien ou le
photovoltaïque. »
« Cette évolution devrait mettre fin au parallélisme
existant avec le régime des États d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique », soutient l'Assemblée nationale, qui envisage la
création d'un fonds spécifique. La chambre basse souhaite un
rapprochement entre le régime des PTOM et celui des régions
ultra-périphériques. M. Buillard propose de
« substituer au critère du PNB celui de
vulnérabilité ». En outre, la Polynésie réclame une
participation accrue à la prise de décision.
Saint-Pierre-et-Miquelon
De fait, Saint-Pierre-et-Miquelon pourrait faire les frais de
la relative indifférence de Bruxelles. Des produits de la pêche en
provenance du Canada y sont transformés, après paiement des droits de
douane de la collectivité, et sont ensuite réexportés vers l'Union
européenne en franchise de droits de douane. Or, des discussions avec
Ottawa pourraient aboutir à une libéralisation totale des échanges. Le
cas échéant, il n'y aurait plus d'intérêt pour le Canada à faire
transiter ses produits par Saint-Pierre-et-Miquelon. « Ce
risque n'a pas été identifié au moment de l'adoption du mandat de
négociation de l'accord », déplorent Mme Annick
Girardin et Hervé Gaymard. « À présent que les négociations
ont commencé, les intérêts de Saint-Pierre-et-Miquelon [...] doivent
impérativement être pris en compte par la Commission ».
Mais « la question des accords commerciaux dépasse
très largement le sujet des PTOM » selon l'ancien ministre de
l'Agriculture. « Nous trouvons là, comme ailleurs, une des
grandes faiblesses européennes », a-t-il expliqué devant la
commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale :
« l'absence de cohérence entre des politiques en tuyaux
d'orgue. Ainsi les discussions sur le cycle de Doha se
poursuivent-elles en parfait cloisonnement à l'égard des débats sur
l'avenir de la PAC ou des progrès des politiques européennes d'aides au
développement. Or, tous ces enjeux sont intrinsèquement liés, et ce
maillage organique n'est nulle part aussi spectaculaire que dans les
PTOM. » Peut-être la mise en place, en décembre dernier, d'un
"pôle outre-mer" au sein de la représentation permanente de la France à
Bruxelles contribuera-t-elle à changer la donne.
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5 avril 2010
Nouveau crime contre Dieu ! L'Éducation nationale
veut encourager le travail des écoliers le mercredi matin. Une
initiative d'inspiration éminemment démoniaque...
Selon
une circulaire publiée le 18 mars dans le Bulletin
Officiel de l'Éducation nationale, en prévision de la
rentrée 2010, « les recteurs et les inspecteurs d'académie
seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec
les collectivités locales, les parents d'élèves et les enseignants. En
visant avant tout l'intérêt de l'enfant, ils étudieront les formules
les plus adaptées aux besoins de l'élève. L'organisation de la semaine
en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi
matin) est encouragée chaque fois qu'elle rencontre
l'adhésion. »
Sandale dans la réacosphère ! Liberté
politique a dénoncé une « menace sur la
liberté d'enseignement du catéchisme » – rien de
moins ! –, accusant le ministre Luc Chatel de participer
« sans états d'âme au détricotage insidieux du christianisme
en France ». Sa responsabilité dans la désertion des églises
est certes incontestable : n'a-t-elle pas commencé en
juin 2009 avec sa nomination rue de Grenelle ? On
devine la main du démon derrière les manigances du gouvernement. Sans
doute Satan en a-t-il lui-même dicté la composition au président
Sarkozy – ce dont atteste le soutien de Frédéric Mitterrand au festival
Hellfest. Échaudés par les attaques lancées contre le pape, certains
catholiques ont manifestement perdu la tête !
« Les enfants n'ont pas classe le mercredi, non pas
d'abord pour qu'ils se reposent mais parce qu'une loi de mars 1882
prévoit que les écoles ferment pendant une journée pour que les enfants
puissent aller au catéchisme », affirme encore Liberté
politique. Le ministre appellerait-il ses subordonnés à
bafouer la loi ? En dépit de moult révisions, le
code de l'Éducation stipule toujours que « les
écoles élémentaires publiques vaquent un jour par semaine en outre du
dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s'ils le
désirent, à leurs enfants l'instruction religieuse, en dehors des
édifices scolaires ». À vrai dire, nous n'imaginions pas que
la République se montrait si magnanime à l'égard des curés. Magnanimité
nullement remise en cause, puisque, depuis le XIXe siècle,
c'est « un jour par semaine, en outre du dimanche » –
et non le mercredi nécessairement – qui leur est réservé.
Les protestations conservatrices apparaissent d'autant plus
grotesques à la lumière de ce rappel historique. Reste que l'extrême
droite, fût-elle catholique, se complait volontiers dans une posture de
victime. Le
Salon Beige l'a souligné vendredi dernier, Michel
Janva citant saint François de Sales : « Quoi que
nous fassions, le monde nous fera toujours la guerre. » En
peignant leur propre caricature, ces "laïcs engagés" ne servent guère
la cause de l'Église. Ce serait son affaire si cela n'avait pas une
incidence politique.
Paravent d'un intégrisme religieux paranoïaque, la
dénonciation irraisonnée de la « cathophobie »
légitime le laïcisme et les appels incessants en faveur du
« métissage » – dont le culte contribue, nous
semble-t-il, à l'éclatement de la société. Agnès Rousseaux n'avait pas
tort de fustiger
dans Témoignage Chrétien
« certains catholiques [qui] semblent vouloir réduire
l'identité nationale à la France chrétienne ». Mais dans la
foulée, notre consœur a pris ses distances avec Mgr Aillet,
pour qui « ceux que nous accueillons doivent être dans le
grand respect de ce qui fait notre identité nationale, c'est-à-dire
dans le grand respect de nos racines culturelles
chrétiennes ».
Nostalgiques d'un passé révolu, des intégristes entretiennent
délibérément la confusion entre des racines incontestablement
chrétiennes et les fruits qu'elles ont produits, où la prégnance
religieuse est devenue très diffuse. Ce faisant, ils encouragent nos
contemporains à fouler au pied notre héritage national... Chapeau les
cathos !
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1 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
L'Union européenne s'achemine vers la mise en œuvre d'une
première coopération renforcée.
On recenserait chaque année près de 300 000 mariages
internationaux dans l'Union européenne. En cas de divorce, la variété
des législations nationales entraine « des complications sur
le plan juridique et des frais élevés, rendant plus difficile le
prononcé des divorces à l'amiable », selon les observations de
la Commission européenne. Celle-ci a proposé un règlement en vertu
duquel les couples contrôleraient davantage leur séparation, et les
juridictions disposeraient d'une méthode commune pour déterminer le
pays dont la loi s'applique lorsque les couples ne peuvent pas
s'accorder sur ce point. « L'objectif est d'alléger la charge
pesant sur les enfants et de protéger les conjoints les plus
vulnérables » explique-t-on à Bruxelles.
La Commission répond à la demande de dix États membres, dont
la France, qui doivent désormais obtenir l'approbation du Conseil et du
Parlement européen pour mettre en œuvre une "coopération renforcée" –
la première depuis l'introduction de ce mécanisme par le traité
d'Amsterdam entré en vigueur en 1999.
En février dernier, la France et l'Allemagne avaient déjà
signé une convention créant un régime matrimonial commun (Coulisses
de Bruxelles, 01/03/2010). Par ailleurs, un projet de
directive vise à établir un ordre de protection européenne, qui
permettrait à un État membre d'étendre des mesures d'éloignement au
territoire de ses partenaires. Un nouveau signe de l'immixtion
croissante de l'Union dans la justice et les affaires intérieures (JAI).
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1 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Quelques mots sur la réunion des chefs d'État ou de
gouvernement de l'UE les 25 et 26 mars.
Stratégie sans surprise
Réuni à Bruxelles les 25 et 26 mars, le Conseil
européen des chefs d'État ou de gouvernement de l'UE a approuvé les
principaux éléments d'une nouvelle stratégie pour l'emploi et la
croissance : porter à 75 % le taux d'emploi des
femmes et des hommes âgés de vingt à soixante-quatre ans, investir
3 % du PIB en recherche et développement, réduire les
émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux
niveaux de 1990, améliorer l'éducation et réduire le taux de décrochage
scolaire, favoriser l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté...
Des objectifs somme toute très généraux , qui seront certes précisés
d'ici l'été.
Selon les conclusions du Conseil européen, « la
Commission présentera prochainement un rapport sur d'éventuelles
sources novatrices de financement, comme un prélèvement mondial sur les
transactions financières ». En outre, « la stratégie
comprendra une dimension extérieure forte afin de garantir que les
instruments et les politiques de l'UE seront mis en œuvre pour
promouvoir nos intérêts [...] par la participation, à l'échelle
mondiale, à des marchés ouverts et où les conditions de concurrence
sont équitables ». D'aucuns y verront un écho aux propos de
Nicolas Sarkozy jugeant « invraisemblable que l'Europe
interdise le soutien aux industries exportatrices », alors que
« ses concurrents asiatiques déploient des financements
massifs »...
« Si certains objectifs sont inscrits dans les textes
législatifs de l'UE, les autres ne le sont pas et n'impliquent pas de
partage de l'effort », observent les chefs d'État ou de
gouvernement ; « ils constituent un but commun à
atteindre par une combinaison d'actions entreprises à l'échelon
national et à celui de l'UE ». Commentant la stratégie
précédente, Yves Bertoncini s'était interrogé « sur la
nécessité pour l'UE de retenir comme une priorité politique majeure une
stratégie pour laquelle ses moyens d'action directs sont
limités » (Dictionnaire critique de l'Union
européenne, Armand Colin). La question demeure pertinente,
malgré l'annonce d'une implication accrue du Conseil européen et celle
d'un meilleur suivi. « Un dialogue étroit » entre les
États membres et la Commission permettra, paraît-il,
« d'améliorer la qualité de la surveillance et de favoriser
l'échange de bonnes pratiques » ; « il
pourrait notamment prendre la forme de réunions entre des experts de la
Commission et des États membres ». Une vraie
révolution !
Service minimum en Euroland
Craignant une asphyxie de son pays sous la pression des
marchés, le Premier ministre grec Georges Papandréou avait sollicité un
« large soutien politique » qui lui permettrait de
financer sa dette « à des taux raisonnables ».
Le 25 mars , en marge du Conseil européen, les chefs d'État et
de gouvernement des seize pays de la zone euro sont convenus de
contribuer à des prêts bilatéraux coordonnés. Cela en
« dernier recours », avec une implication
« substantielle » du Fonds monétaire international.
« Il a fallu travailler dur » pour parvenir
à cet accord, a reconnu le président de la République. À l'approche des
élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le chancelier allemand
craignait vraisemblablement de froisser son opinion publique, exaspérée
par les déboires de la Grèce, lesquels contrastent avec la rigueur
pratiquée outre-Rhin. La déclaration de l'Eurogroupe annonce d'ailleurs
une surveillance renforcée des risques économiques et budgétaires.
« La question des sanctions est clairement posée », a
souligné Nicolas Sarkozy.
De fait, l'accord arraché à Angela Merkel ne fait aucun
mystère de ses réticences. Prenant le risque de tester les marchés
lundi dernier, Athènes a toutefois bénéficié d'un accueil relativement
favorable après avoir lancé un emprunt de 5 milliards d'euros
sur sept ans. Affaire à suivre.
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1 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Innovation majeure du traité de Lisbonne, la création du
Service européen pour l'Action extérieure se prépare sur fond de
rivalités institutionnelles. Le Parlement européen entend bien
conforter ses prérogatives...
Le Haut Représentant de l'Union européenne pour les Affaires
étrangères et la Politique de sécurité continue de faire jaser. Selon
Jean Quatremer, Mme Catherine Ashton aurait refusé une
rencontre le 18 avril avec les ambassadeurs du Conseil de
Sécurité des Nations unies, « tout simplement parce que ce
jour-là est un dimanche et que la baronne passe tous ses week-ends à
Londres, là où résident son mari et ses enfants » (Coulisses
de Bruxelles, 18/03/2010).
Architecture du SEAE
Les critiques sont d'une autre nature depuis qu'elle a révélé
son projet d'architecture du futur Service européen pour l'Action
extérieure (SEAE) – « un bureau autonome de l'UE, séparé de la
Commission et du secrétariat général du Conseil, avec la capacité
juridique nécessaire pour accomplir ses tâches et atteindre ses
objectifs ».
Il serait dirigé par un secrétaire général placé sous
l'autorité du Haut Représentant, prenant « toutes les mesures
nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du SEAE ».
L'administration centrale serait organisée en directions générales
comprenant des bureaux géographiques ou thématiques. Les organes de
gestion de crises, civils et militaires, dépendraient directement du
Haut Représentant.
Du côté des gouvernements, on reconnaît à demi-mot la
difficulté des négociations en cours : « La
présidence espagnole est déterminée à ne pas ménager ses efforts pour
parvenir à un accord », précise un communiqué du secrétariat
général du Conseil. À travers le transfert au SEAE (suivant un principe
de neutralité budgétaire) de services rattachés jusqu'alors tantôt au
Conseil des ministres, tantôt à la Commission, l'équilibre
institutionnel pourrait se trouver modifié. Or, le Parlement européen
entend bien tirer la couverture à lui.
Un projet inacceptable
Ce projet d'architecture, qui ne devrait pas dépayser les
diplomates français, est jugé « inacceptable » par
une majorité de députés. Fustigeant tout particulièrement l'ampleur des
pouvoirs conférés au secrétaire général – un fonctionnaire –,
ils réclament « un service autonome lié à la Commission aux
niveaux administratif, organisationnel et budgétaire » qui
serait « responsable devant le Parlement aux niveaux politique
et budgétaire ».
Forte de sa mainmise sur le budget européen, l'assemblée n'a
pas caché sa volonté d'« intensifier la pression sur les
autres institutions de l'UE ». Elle l'a réaffirmée le
10 mars, en votant, par 633 voix contre 13 (Le Point,
10/03/2010), une résolution « sur la transparence et l'état
d'avancement des négociations ACTA » (Anti-Counterfeiting
Trade Agreement). Mandatée par les gouvernements, la Commission
participe à la négociation d'un accord multilatéral censé renforcer la
protection des droits de propriété intellectuelle. Or, les parties sont
convenus d'une clause de confidentialité. Les députés le tolèrent
d'autant moins que les fuites nourrisent moult inquiétudes quant au
contenu de l'accord. « Les douanes pourraient fouiller
lecteurs MP3, téléphones et ordinateurs portables de tout citoyen
suspecté d'avoir téléchargé illégalement un quelconque
fichier », prévient Bruno Gollnisch.
Le souverainisme piégé ?
La résolution adoptée condamne une telle perspective, invitant
par ailleurs la Commission et le Conseil « à assurer l'accès
des citoyens et des organes parlementaires aux documents et aux
synthèses relatifs à la négociation de l'ACTA ». Le Parlement
« attend de la Commission qu'elle présente des propositions
avant le prochain cycle de négociations qui se tiendra en
Nouvelle-Zélande en avril 2010, qu'elle exige que la question de la
transparence soit inscrite à l'ordre du jour de cette réunion et
qu'elle communique au Parlement le résultat du cycle de négociations
immédiatement après sa conclusion ». Enfin, le texte
« souligne que, s'il n'est pas informé immédiatement et
intégralement à tous les stades des négociations, le Parlement se
réserve le droit de prendre les mesures appropriées, y compris
d'intenter une action auprès de la Cour de justice afin de défendre ses
prérogatives ».
Le cas échéant, si la Cour donnait raison au Parlement,
l'Europe serait-elle contrainte de trahir la confiance de ses
partenaires internationaux ? S'exprimant au nom du groupe
"Europe, libertés, démocratie" où siège Philippe de Villiers, le
Britannique Derek Roland Clark n'a pas manifesté davantage de réserve
que le porte-parole du Front national dans son explication de vote en
faveur de la résolution. Le souverainisme révèle ici son
ambiguïté : en effet, à travers l'exigence de transparence,
c'est, en définitive, l'influence des gouvernements sur le
fonctionnement de l'Union qui nous semble contestée.
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1 avril 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Tandis que nos voisins veulent "dénucléariser" l'Europe, la
France renforce sa coopération avec le Royaume-Uni et vante son
exemplarité en matière de désarmement, confirmant par
ailleurs son soutien aux usages civils de l'atome.
À l'approche de la conférence d'examen du traité sur la
non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui se tiendra à
New York du 3 au 28 mai, des voix se sont élevées
pour réclamer, à l'image de Barack Obama, un monde « sans
armes nucléaires ». Faisant écho au discours prononcé l'année
dernière par le président américain, la Belgique, l'Allemagne, le
Luxembourg, les Pays-Bas et la Norvège ont proposé d'inscrire la
politique nucléaire à l'ordre du jour d'une prochaine réunion de l'Otan
(Bruxelles 2, 28/02/2010).
Permanence à la mer
« La Guerre froide est terminée. Il est temps
d'adapter notre politique nucléaire aux circonstances
nouvelles », ont proclamé quelques personnalités belges (Le Soir,
19/02/2010). Selon Willy Claes, Jean-Luc Dehaene, Louis Michel et Guy
Verhofstadt, « les armes nucléaires tactiques américaines en
Europe ont perdu toute importance militaire ». Considérant
qu'elles stimulent indirectement la prolifération, et minent de ce fait
la sécurité de leur pays, ils demandent leur retrait. Cette perspective
semble inquiéter Jean-Pierre Chevènement : « Une
"Europe sans armes nucléaires" créerait un vide stratégique étant donné
que la Russie, puissance eurasiatique, con-serve un arsenal très
important, tout comme les États-Unis, et que le Moyen-Orient n'est pas
une zone dénucléarisée », affirme-t-il dans un rapport déposé
au Sénat le 24 février.
Dans ce contexte, selon les révélations du Guardian
(19/03/2010), la France aurait proposé au Royaume-Uni un partage des
patrouilles sous-marines censées garantir la dissuasion nucléaire. Un
projet surprenant, sinon surréaliste, naturellement rejeté par Londres.
Le Premier ministre britannique n'en a pas moins confirmé sa volonté
d'accroître sa coopération avec Paris. En effet, « il est
possible de se parler et de se dire beaucoup de choses »,
souligne notre confrère Jean-Dominique Merchet (Secret Défense,
19/03/2010). « Notamment en aidant les Britanniques à
conserver un certain nombre de savoir-faire... sans l'aide des
Américains. En partageant quelques technologies complexes et coûteuses.
Ou pour éviter que nos sous-marins ne naviguent dans les mêmes eaux au
même moment. On se souvient qu'en 2009, deux SNLE [sous-marins
nucléaires lanceurs d'engins] étaient entrés en collision en pleine
mer. »
Craignant de se trouver isolée en Europe, la France
chercherait peut-être à se prémunir d'un hypothétique abandon du
nucléaire militaire outre-Manche. En septembre dernier, Gordon Brown
avait envisagé de réduire le nombre de sous-marins britanniques, au
risque de compromettre la permanence à la mer. « Chaque année,
la dissuasion nucléaire coûte aux Français la moitié du budget de la
Justice ou de celui des transports », avait estimé le
président de la République en 2008. « Mais je suis déterminé à
assumer ce coût », avait-il assuré, arguant que « ce
n'est ni une affaire de prestige ni une question de rang, c'est tout
simplement l'assurance vie de la nation ».
Stricte suffisance
Les restrictions budgétaires conduiront-elles le chef de
l'État à renier son ambition ? C'est d'autant moins probable
que la France peut se targuer, selon ses propres mots, d'« un
bilan exemplaire » en matière de désarmement nucléaire. Et de
louer alors « la France, premier État, avec le Royaume-Uni, à
avoir signé et ratifié le traité d'interdiction complète des essais
nucléaires ; la France, premier État à avoir décidé la
fermeture et le démantèlement de ses installations de production de
matières fissiles à des fins explosives ; la France, seul État
à avoir démantelé, de manière transparente, son site d'essais
nucléaires situé dans le Pacifique ; la France, seul État à
avoir démantelé ses missiles nucléaires sol-sol ; la France,
seul État à avoir réduit volontairement d'un tiers le nombre de ses
sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ».
La France compterait désormais 348 têtes nucléaires,
selon l'estimation reprise par le sénateur Jacques Gautier – chiffre
que le président entendait ramener à trois cents, soit la moitié du
maximum détenu pendant la Guerre froide. Outre les bons sentiments, la
fiabilité accrue des charges et la meilleure précision des tirs
plaident en faveur d'une réduction des arsenaux.
« Dimensionnées selon le principe de stricte suffisance, qui a
conduit à des réductions unilatérales successives, les forces
nucléaires françaises ne peuvent être prises en compte, à ce stade,
dans aucun processus de négociation multilatérale de
désarmement », avertit Jean-Pierre Chevènement. « La
disproportion est telle entre les arsenaux des deux premières
puissances nucléaires (22 400) et tous les autres réunis
(environ 1 100) que l'effort de désarmement nucléaire doit
porter en priorité sur les États-Unis et la Russie. » Lesquels
ont annoncé la prochaine signature d'un accord bilatéral de réduction
de leurs armes stratégiques offensives, faisant suite au traité Start.
Depuis le pic de la Guerre froide, ils ont éliminé les deux tiers de
leurs têtes nucléaires. La Chine en détiendrait quatre cents, la
Grande-Bretagne moins de deux cents, Israël entre cent et deux cents,
l'Inde et le Pakistan une petite centaine, et la Corée du Nord moins
d'une dizaine.
Consensus au Sénat
Le 23 mars, lors d'un débat au Sénat – le premier du
genre depuis la création de notre force de frappe nucléaire selon Mme
Michelle Demessine – Mme Dominique Voynet n'a pas manqué de stigmatiser
la France « qui a été l'un des principaux vecteurs de la
prolifération dans le monde ». « Sauf à renoncer à
voir advenir un monde sans armes nucléaires de notre vivant, nous ne
pouvons plus nous contenter de discours convenus », a-t-elle
lancé, exprimant son soutien à ses collègues communistes. En leur nom,
Mme Demessine a appelé la France à « montrer
l'exemple » en renonçant à déployer le missile stratégique
M51. À ses yeux, il serait « davantage un héritage de la
Guerre froide qu'un instrument de défense adapté aux menaces
d'aujourd'hui ». Le "tir d'acceptation" devrait néanmoins
intervenir au début de l'été en baie d'Audierne, dans le Finistère, et
marquer l'arrivée effective du missile dans la Force océanique
stratégique (Secret Défense, 20/03/2010).
En dépit de quelques voix discordantes, le rapport de
Jean-Pierre Chevènement « fait désormais autorité »,
a observé Jean-Paul Gautier. Un consensus politique semble se dessiner
en faveur du statu quo national, et si le rêve d'un monde dénucléarisé
n'est pas exclu, il est poursuivi sans angélisme. D'autant
qu'« il n'y a pas de lien univoque entre désarmement et
prolifération », martèle l'ancien ministre. C'est pourquoi
« il est essentiel d'agir sur les déterminants régionaux de la
prolifération nucléaire, qui s'enracine beaucoup moins dans la lenteur
du désarmement des pays dotés que dans les crises politiques
régionales ».
Sans nier la fragilité du TNP, M. Chevènement y voit
« un instrument irremplaçable pour la sécurité
internationale ». Il con-viendrait dorénavant de promouvoir,
entre autres : la réduction des arsenaux américain et russe
jusqu'à un niveau de quelques centaines d'armes nucléaires ;
la ratification du traité d'interdiction complète des essais nucléaires
par les États-Unis et tous les autres États qui n'y ont pas
procédé ; l'ouverture rapide et sans condition de la
négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières
fissiles à usage militaire. Autant de perspectives que la France
soutiendra vraisemblablement en mai prochain.
Une carte à jouer
Intervenant devant la chambre haute, le ministre des Affaires
étrangères a réaffirmé « le choix déterminé » de la
France en faveur du nucléaire civil, « en pleine
renaissance ». Paris se dit disposé à aider tous les pays
voulant s'engager sur cette voie. En conséquence, a annoncé Bernard
Kouchner, lors de la conférence d'examen du TNP, « nous ferons
valoir l'exigence qui accompagne notre proposition : que le
développement du nucléaire se fasse avec les meilleures garanties de
sécurité, de sûreté, et de non-prolifération ».
À court terme, précise Jean-Pierre Chevènement, il apparaît
« indispensable » de concrétiser le projet de "banque
du combustible" : un mécanisme international garantirait
l'approvisionnement en combustible nucléaire de tous les États
demandeurs respectant les normes de non-prolifération. À plus long
terme devraient être mises en place des installations d'enrichissement
ou de retraitement à caractère multilatéral. « Une approche
régionale mériterait d'être privilégiée, avec notamment la création
d'une telle installation sous la responsabilité de l'AIEA [l'Agence
internationale de l’énergie atomique], dans un État du Moyen-Orient, où
les projets de réacteurs civils sont nombreux. » Le moment
venu, il appartiendra aux industriels français de remporter les appels
d'offre...
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19 mars 2010
Quelques jours après la tenue de sa 3000e session
ordinaire, présentons brièvement cette institution tantôt dénommée
Conseil de l'UE, Conseil des ministres ou plus simplement Conseil, qui
ne doit pas être confondue avec le Conseil européen – réunissant les
chefs d'État ou de gouvernement –, ni avec le Conseil de
l'Europe – indépendant de l'Union.
Le Conseil a tenu sa 3000e session ordinaire le lundi
8 mars 2010. « La numérotation actuelle des sessions
du Conseil remonte à l'entrée en vigueur, le 1er juillet 1967,
du traité de fusion, qui instituait un conseil unique et une commission
unique », rappelle-t-il dans
un communiqué. « Auparavant, quelque 460 sessions du
Conseil spécial de la Communauté européenne du charbon et de l'acier
(CECA), à partir de 1952, et des Conseils de la Communauté économique
européenne (CEE) et de la Communauté européenne de l'énergie atomique
(CEEA), à partir de 1958, avaient déjà eu lieu. »
« Le Conseil exerce, conjointement avec le Parlement
européen, les fonctions législative et budgétaire. Il exerce des
fonctions de définition des politiques, notamment dans le domaine des
affaires étrangères, ainsi que des fonctions de coordination, notamment
dans le domaine économique. [...] Il est composé d'un représentant de chaque État membre au
niveau ministériel, habilité à engager le gouvernement de l'État membre
qu'il représente et à exercer le droit de vote. »
Le Conseil siège aujourd'hui en dix formations
différentes : affaires générales ; affaires
étrangères ; affaires économiques et financières
(ECOFIN) ; justice et affaires intérieures (JAI) ;
agriculture et pêche ; emploi, politique sociale, santé et
consommateurs ; compétitivité (marché intérieur, industrie et
recherche) ; transports, télécommunications et
énergie ; environnement ; éducation, jeunesse et
culture. « En règle générale, les ministres des Affaires
générales, des Affaires étrangères, des Affaires économiques et
financières ainsi que de l'Agriculture se réunissent chaque mois. Les
autres formations du Conseil se réunissent d'une à trois fois par
semestre. » On compterait actuellement entre soixante-dix et
soixante-quinze sessions chaque année.
À l'exception de celle des Affaires étrangères, confiée au
Haut Représentant, la présidence des formations du Conseil est assurée
par les représentants des États membres selon un système de rotation
semestrielle. « Le comité des représentants permanents
(Coreper) des gouvernements des États membres est responsable de la
préparation des travaux du Conseil. Les travaux de ce comité sont
eux-mêmes préparés par plus de 150 comités et groupes de
travail composés de délégués des États membres. [...] Les sessions du
Conseil se tiennent à Bruxelles, sauf aux mois d'avril, de juin et
d'octobre, où elles ont lieu à Luxembourg. Toutefois, le Conseil s'est
également réuni à d'autres endroits, en particulier à Genève, dans le
cadre des négociations de l'OMC. »
« Le Conseil est assisté d'un secrétariat général
[qui] emploie environ 3 500 fonctionnaires. [...] Le Conseil a
son siège à Bruxelles, depuis 1995 dans le bâtiment Justus Lipsius,
situé dans le quartier européen, sur le rond-point Schuman. Auparavant,
le Conseil avait successivement occupé le bâtiment Ravenstein, au
centre de Bruxelles puis, de 1971 à 1995, le bâtiment
Charlemagne. »
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18 mars 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Tandis que la Francophonie fête son quarantième anniversaire,
alors que ses adhérents ont renforcé leur poids dans l'UE, le français
perd du terrain en Europe depuis les derniers élargissements. Qu'en
est-il, désormais, de son usage dans les institutions de
l'Union ?
Samedi 20 mars sera célébrée la journée
internationale de la Francophonie, quarante ans après la signature du
traité à l'origine de l'organisation éponyme (l'OIF). Plusieurs
centaines d'événements sont annoncés sur le Vieux-Continent pour fêter
cet anniversaire. Outre la France, l'Union européenne compte quatorze
États membres appartenant à l'OIF : cinq membres à part
entière avec la Belgique, la Bulgarie, la Grèce, le Luxembourg et la
Roumanie ; un membre associé, Chypre ; et huit pays
observateurs, l'Autriche, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la
Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie.
Paradoxe
À la faveur des derniers élargissements, les ressortissants de
la francophonie institutionnelle ont accru leur présence dans l'Union.
Une chance pour la langue de Molière ? Loin s'en faut. The
more languages, the more english ! « La
logique est en effet implacable, commente Astrid von Busekist.
L'anglais possède la plus grande centralité (la proportion de locuteurs
multilingues compétents en anglais en tant que langue seconde), bien
qu'il ne possède pas la plus grande prévalence (la proportion de natifs
d'une langue, soit les locuteurs des [...] langues
européennes). » (Dictionnaire critique de l'Union
européenne, Armand Colin)
« L'année 2009 a confirmé la tendance observée depuis
plusieurs années au sein de l'UE », souligne le rapport au
Parlement sur l'emploi de la langue française diffusé par la Délégation
générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF).
« Sous l'effet de l'élargissement de 2004, on assiste à un
renforcement des positions de l'anglais et à une érosion parallèle de
celles de notre langue et, plus encore, des autres langues. »
On relève quelques nuances selon les institutions, voire les
rotations de la présidence semestrielle. « La part du français
est logiquement plus élevée au cours des présidences francophones.
Cependant, même lorsque cette langue est le français, il arrive que le
projet rédigé par le secrétariat général du Conseil (SGC) soit en
anglais, ce qui révèle un affaiblissement de la capacité de rédaction
des fonctionnaires du SGC dans notre langue. En matière
d'interprétation en revanche, les règles en vigueur font toute sa place
au français et demeurent appliquées très strictement. » Selon
le sénateur Jacques Legendre, auteur d'un rapport déposé le
11 mars 2009, « un bilinguisme traditionnel
anglais-français » caractériserait les réunions des groupes de
travail sur la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
Sera-t-il remis en cause par la nomination d'une Britannique au poste
de Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de
sécurité ? La langue de Shakespeare est en tout cas la seule
qui lui soit familière.
Un déclin flagrant
Conformément à son "manuel des procédures opérationnelles", la
Commission s'appuie sur trois langues de travail. Selon la DGLFLF,
« l'examen des documents traduits au cours de cinq dernières
années montre que les élargissements et le passage consécutif de onze à
vingt-trois langues officielles ont été suivis à la fois d'une
accélération du recours à l'anglais et d'un recul sensible du français
et de l'allemand ». Entre 1996 et 2008, la proportion de
documents rédigés initialement en français est passée de 38 à
11,9 %, tandis que l'anglais progressait de 45,7 à
73,55 %.
Dans la salle de presse du Berlaymont (le siège de la
Commission), le français aurait jadis régné sans partage. Dorénavant,
il serait utilisé à parts égales avec l'anglais, rapporte la DGLFLF. Le
président de la Commission, José Manuel Durao Barroso, aurait pourtant
confié que lorsqu'il pratiquait la langue de Molière devant la presse,
« cela créait des remous dans la salle » (Coulisses
de Bruxelles, 18/01/2010). Notre confrère Jean Quatremer,
correspondant de Libération à Bruxelles, a d'ailleurs tiré la sonnette
d'alarme à plusieurs reprises.
Le déclin est moindre au Parlement européen, dont le tiers du
budget est consacré aux dépenses de traduction et d'interprétation.
« L'obligation d'interprétation est systématiquement respectée
pour le français », affirme la DGLFLF. Un seul manquement
aurait été signalé en 2009, « au sein d'une commission, dû à
la configuration technique de la salle et à l'absence attendue de
députés français ». Pour autant, poursuit la Délégation,
« l'approche plus flexible adoptée concernant les documents et
réunions préparatoires contribue à renforcer le rôle de l'anglais [...]
comme la langue de travail des contacts informels. [...] Par ailleurs,
la possibilité de disposer d'une version en français des amendements
aux projets de textes dépend du temps dont disposent les services de
traduction. »
Jacques Legendre rappelle « l'importance des usages
linguistiques à l'occasion de réunions informelles, que ce soit entre
ministres ou encore lors d'interruptions de séance au cours desquelles
les délégués des États membres ont l'opportunité de se concerter sur
leurs positions ». À cet égard, le français serait
« sensiblement plus présent [...], en particulier lorsqu'il
s'agit de se consulter entre délégués de pays de langue latine ou de
pays associés à l'espace francophone ».
Dans ce contexte, la Cour de justice ferait presque figure
d'ilot préservé. Traditionnellement, la langue de Molière y est
employée pour délibérer. « Cette situation n'est pas
nécessairement neutre en termes d'effets sur la
jurisprudence » remarque le parlementaire, « la Cour
étant en effet susceptible d'être plus sensible à la tradition du droit
romano-germanique qu'à la tradition juridique anglo-saxonne, inspirée
de la Common law. Le français dispose ainsi d'une position privilégiée
au sein d'une institution de quelque 1 800 agents. »
« La langue ne se résume pas, en effet, à un simple
instrument de communication », martèle le parlementaire.
« Elle est également le vecteur d'expression de cultures
politiques, juridiques et économiques spécifiques aux pays dont elle
est la langue naturelle. [...] À l'évidence, la prédominance d'une
langue, notamment dans le cadre de négociations diplomatiques,
constitue un levier d'influence majeur. »
Une âme québecoise
Nos politiques en ont-ils conscience ? Le cas
échéant, ils devraient compter avec de fortes pressions en faveur du
"tout anglais". « La traduction des documents officiels coûte
65 millions d'euros par an et par État membre », a estimé
Astrid von Busekist. « Pour huit des vingt langues
[vingt-trois désormais...], le coût de la traduction dépasse
25 euros par citoyen et [il] atteint 980 euros pour chaque
citoyen maltais. »
Jean-Pierre Raffarin s'est rendu à Bruxelles le
14 janvier, où il a rencontré les présidents du Conseil
européen, de la Commission et du Parlement. En qualité de "représentant
personnel du président de la République, il entendait défendre auprès
d'eux l'usage du français dans les institutions européennes.
« Le français ne recule que lorsque l'offre de français est
insuffisante », a proclamé l'ancien Premier ministre.
« Quand, dans une ville du monde, on ouvre une école
française, les capacités d'accueil sont immédiatement saturées. Quand
dans une institution on fragilise le français, ce sont les valeurs du
pluralisme et de l'humanisme qui sont étouffées. » Et de
lancer : « Pour le combat du français et de la
francophonie, j'ai l'âme résistante, l'âme
québécoise ! »
Le secrétariat général aux Affaires européennes signalerait
systématiquement les entorses faites au multilinguisme institutionnel
en rédigeant une protestation destinée à l'organisme pris en défaut. En
règle générale, si l'on en croit la DGLFLF, « ces initiatives
portent leurs fruits s'agissant de la publication d'annonces de
recrutement spécifiant que les candidats doivent obligatoirement être
de langue maternelle anglaise et de la publication d'appels d'offres en
anglais, d'autant plus que, dans ce dernier cas, le Commission a
l'obligation de les publier au Journal officiel de l'Union européenne.
À titre d'exemple, le secrétariat général aux affaires européennes est
intervenu, après avoir été saisi par le Centre national de la recherche
scientifique, dans le cas d'appels d'offres exigeant une réponse [...]
en anglais. »
Formons, formons !
Astrid von Busekist voudrait imposer la combinaison de
l'anglais, du français et de l'allemand « car c'est celle qui exclut le
moins : 19 % seulement des citoyens de l'Union des
quinze ne possèdent aucune de ces trois langues et ce taux s'élève à
26 % dans l'UE des vingt-cinq ». En soutenant un tel
projet, la France s'attirerait toutefois les foudres de moult
partenaires. Tout particulièrement l'Espagne, l'Italie, le Portugal,
les Pays-Bas et la Pologne, précise M. Legendre. Lequel
« invite les pouvoirs publics français à la plus grande
prudence dans leurs démarches en faveur du seul français [...], en
soulignant notamment la nécessité de ménager la susceptibilité d'autres
langues sensiblement négligées dans le processus décisionnel européen.
Il s'agit d'envisager la promotion de la diversité linguistique dans sa
globalité et de ne pas se limiter à un combat vain et naïf fondé sur un
antagonisme systématique entre le français et l'anglais. »
La priorité doit être accordée à la formation, notamment en
direction des fonctionnaires étrangers. La mise en œuvre d'un "plan
pluriannuel d'action pour le français en Europe" avec la Communauté
française de Belgique, le Luxembourg et l'OIF s'inscrit dans cette
démarche. Le budget de ce programme s'est élevé à 2,3 millions
d'euros en 2008. Ne négligeons pas non plus la formation de nos
compatriotes aux langues étrangères : anticipant de prochains
départs en retraite, la Commission européenne s'était inquiétée, le
23 septembre dernier, d'une pénurie sérieuse d'interprètes de
langue française pour les cinq à dix ans qui viennent...
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