Le "genre" vu par ses promoteurs

19 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Qu'est-ce que le genre ? Pourquoi cette notion fait-elle débat ?

Telles sont les questions auxquelles prétend répondre ce livre d'une centaine de pages. Dans l'esprit de ses auteurs, il s'agit de remettre quelques pendules à l'heure : « il est faux de laisser penser qu'il existerait une théorie du genre » – autrement dit, « un corpus idéologique homogène » –, explique Laure Berreni. Les "études de genre" n'en sont pas moins inspirées par la conviction qu'il existerait « un rapport de domination socialement construit des hommes sur les femmes ». Manifestement, ces recherches se prêtent aux hypothèses les plus hardies : « ce qui est particulièrement frappant », dans les manuels controversés de SVT (sciences de la vie et de la terre), remarque Laure Berreni, « c'est que la naturalité de la dichotomie mâle-femelle n'est pas ébranlée » ; quant à l'approche des masculinités de Connell, rapporte Mathieu Trachman, elle soulignerait « le caractère frictionnel d'une théorie qui partage l'humanité entre deux groupes de sexe différent ».

Évoquant son caractère historiquement militant, Laure Berreni soutient que «  la recherche "féministe" n'est [...] pas moins objective que la recherche mainstream », d'autant qu'« elle explicite ses présupposés politiques au lieu de les masquer ». « En dénaturalisant la différence des sexes », renchérit Éric Fassin, le "genre" serait « désormais un outil scientifique, en même temps qu'une arme politique, au service de la critique des normes ». Selon lui, « il s'agit bien de savoir si cet ordre est fondé, une fois pour toutes, par un principe transcendant ». « Tel est in fine l'enjeu », conclut-il : « l'extension de la logique démocratique au domaine sexuel ». Cette perspective est-elle censée nous rassurer ? Selon Maurras, rappelons-le, « la démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort ».

Sous la direction de Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le Genre – Théories et controverses, Presses universitaires de France, 112 pages, 8,50 euros.

Genre : en route vers la dictature ?

11 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Un énième rapport « relatif à la lutte contre les stéréotypes » a été remis au gouvernement.

S'exprimant au nom du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), ses auteurs promeuvent « la budgétisation sensible à l'égalité femmes-hommes, et en particulier le mécanisme d'"éga-conditionnalité" des financements publics », en vertu duquel ceux-ci seraient subordonnés « au respect de l'égalité femmes-hommes et à la lutte contre les stéréotypes de sexe ».

« Les biens et services publics financés doivent bénéficier de manière égale aux femmes et aux hommes », soutiennent les rapporteurs, qui donnent en exemple la ville de Toulouse, dont la municipalité « s'est donné pour objectif d'opérer un rééquilibrage de l'attribution des subventions en faveur des associations sportives de femmes ». Selon eux, une telle démarche devrait inspirer l'ensemble des politiques publiques. Naturellement, la priorité est donnée à l'École : « à court terme », les collectivités locales finançant l'achat de manuels scolaires devraient veiller à ce que ceux-ci assurent, entre autres, « la valorisation des femmes dans l'histoire des savoirs ». L'enjeu serait « de faire coexister un moyen terme entre le respect du principe constitutionnel de la liberté d'expression [...] et le principe constitutionnel du respect de la dignité de la personne humaine ». Vraisemblablement aux dépens du premier de ces principes. « Hormis le début de caractérisation du sexisme ordinaire en droit du travail », déplorent les rapporteurs, « les propos, "blagues", ou comportements sexistes, ne sont pas visés en tant que tels par le droit ».

« La budgétisation sensible à l'égalité femmes-hommes ne constitue en aucune manière une remise en question de l'universalisme républicain », se défendent-ils. De leur point de vue, « tant que l'égalité n'est pas atteinte, et que les réalités des femmes et des hommes sont différentes et inégalitaires, alors les politiques publiques ne peuvent être neutres ». Quant aux inquiétudes soulevées par la poursuite d'une pareille utopie, elles sont balayées avec mépris : la hantise « de l'indifférenciation des sexes et du risque du déséquilibre psychique et social » ne serait qu'une « ritournelle historique ». Vraiment ?

Ayatollah – Dans les années quatre-vingt, Yvette Roudy, ministre des Droits des femmes, avait proposé une législation « antisexiste » ouvrant la voie à de nouvelles poursuites pénales, comme le rappelle le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH) dans le rapport présenté ci-dessus. Adopté en conseil des ministres, ce projet de loi avait « provoqué chez les médias une réaction unanime d'une rare violence ». Si bien qu'il ne fut jamais inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. « Les journaux comparèrent Yvette Roudy à l'ayatollah Khomeny », rapporte le HCEFH. Preuve que les temps ont changé, nos confrères de Valeurs actuelles se sont exposés aux pires suspicions pour avoir fait de même avec Najat Vallaud-Belkacem... Depuis 2004, souligne d'ailleurs le HCEFH, « l'intégralité des dispositions de ce projet de loi figure dans notre législation ».

Un petit livre sur le "genre"

22 octobre 2014

« Qu'est-ce que le genre ? Pourquoi cette notion fait-elle débat ? » Telles sont les questions auxquelles prétend répondre, selon sa quatrième de couverture, un livre d'une centaine de pages paru ce mois-ci (octobre 2014) aux Presses universitaires de France (PUF).

Dans l'esprit de ses auteurs, il s'agit de remettre quelques pendules à l'heure. « Il est faux de laisser penser qu'il existerait une théorie du genre » – autrement dit, « un corpus idéologique homogène » –, explique Laure Berreni. « Ce qui relie entre elles les études de genre », précise-t-elle, « c'est avant tout un objet de recherche commun ». Parmi leurs « dimensions analytiquement centrales » figureraient « l'adoption d'une posture constructiviste », c'est-à-dire « anti-essentialiste », mais aussi « l'existence d’un rapport de pouvoir, d'une asymétrie, d'une hiérarchie, entre les hommes et les femmes, le masculin et le féminin ». Soutenant « l'idée d'un rapport de domination socialement construit des hommes sur les femmes », Laure Berreni s'oppose à Mona Ouzouf ou Élisabeth Badineter, lesquelles « défendaient l'exception française en matière de rapports entre les sexes, selon elles marquée par une culture du "doux commerce entre les sexes", et qui rendait soi-disant impossible, non seulement linguistiquement mais aussi culturellement, l'importation des gender studies prospérant dans les universités américaines ».

Étonnamment, Anthony Favier « conteste l'idée d'une réception seulement négative par le catholicisme des études féministes, et de leur surgeon que constituent les études de genre ». « Depuis l'été 2013 », nous dit-il, « le champ des intellectuels mobilisés dans le catholicisme français pour comprendre le genre change » ; « à la première génération, marquée par l'intransigeance » succéderaient « des intellectuels mieux outillés et plus informés, qui abandonnent les outrances de naguère » : « leurs écrits sophistiquent, certes, la condamnation, mais concèdent qu'il existe un questionnement pertinent en termes de genre ». Plus concrètement, une distinction serait établie, y compris par les évêques français, entre « études de genre universitaires appréciables d'un côté » et « idéologie militante condamnable de l'autre ».

Reste à démêler le bon grain de l'ivraie. Cela s'annonce d'autant plus délicat qu'en la matière, la recherche universitaire baigne dans la culture militante. Ce champ d'études « plonge ses racines dans une longue tradition de recherches constituée dans le sillage des mouvements féministes des années 1960 et 1970 », rappellent Laure Bereni et Mathieu Trachman. « Pour répondre aux accusations de non-scientificité brandies par les adversaires des études sur le genre, on peut puiser dans des travaux d'épistémologie critique, féministes notamment », plaide Laure Berreni. « Ces travaux ont dénoncé l'épistémologie scientiste, fondée sur l'idée que les sujets de la connaissance sont capables de s'abstraire du contexte social dans lequel ils s'inscrivent et des rapports de pouvoir dans lesquels ils sont pris. Ils ont montré à quel point la science "normale" est imprégnée de préjugés de genre et contribue à reproduire l'ordre social inégalitaire. La recherche "féministe" n'est donc pas moins objective que la recherche mainstream : elle explicite ses présupposés politiques au lieu de les masquer. » Ces travaux produiraient-ils leur propre justification ? « En réalité », confirme Éric Fassin « loin de contrevenir aux règles de la science, les études de genre nous invitent à en expliciter les "point de vue" le plus souvent implicites. » Quitte à contester les "vérités" les mieux établies.

À cet égard, en dépit de la controverse suscitée par leur publication, les quelques pages de trois manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre) inspirées par les "études de genre" s'avèrent bien timides. « Ce qui est particulièrement frappant », remarque Laure Berreni, « puisqu'il s'agit de manuels de biologie, c'est que la naturalité de la dichotomie mâle-femelle n'est pas ébranlée ». « Dans le manuel Hachette, par exemple, il est écrit que le "sexe biologique" est le "seul sexe bien établi", et qu'il "nous identifie mâle ou femelle". D'une certaine manière, ces manuels s'inscrivent dans un premier âge de la critique féministe de la naturalité de la différence des sexes, qui considère la vérité biologique du sexe (le fait qu'il y ait naturellement et évidemment deux sexes et qu'on ne puisse pas être des deux ou d'aucun des deux) comme un buttoir naturel. » Or, comme le rapporte Michal Raz, présentant les travaux d'Anne Fausto-Sterling, « l'existence des individus intersexués » aiderait « à déconstruire cette frontière en révélant son arbitraire et ses fondements sociaux et culturels ». De même, explique Mathieu Trachman, « en mettant en avant les différences entre hommes, l'approche des masculinités de Connell » soulignerait « le caractère fictionnel d'une théorie qui partage l'humanité entre deux groupes de sexe différent ».

En définitive, tel qu'il apparaît dépeint par ses promoteurs, le "genre" se prête manifestement aux hypothèses les plus hardies. À vrai dire, loin de dissiper notre méfiance à son égard, la lecture de cet ouvrage l'a plutôt nourrie, quoi que l'humilité demeure de mise, tant  nous échappent les subtilités des débats universitaires. « En dénaturalisant la différence des sexes », observe Éric Fassin, « ce concept est désormais un outil scientifique, en même temps qu'une arme politique, au service de la critique des normes ». Selon lui, « il s'agit bien de savoir si cet ordre est fondé, une fois pour toutes, par un principe transcendant – tel que Dieu, la Nature ou la Tradition – ou bien s'il est défini de manière immanente – par "nous" qui habitons ce monde aujourd'hui : les normes, les règles et les lois sont-elles déterminées a priori ou négociées a posteriori ? Tel est in fine l'enjeu : l'extension de la logique démocratique au domaine sexuel. »

Avec quelles perspectives ? Les contributions réunies ici font écho aux débats animant la communauté des chercheurs acquis au "genre", mais elles ne nous ont pas semblé  beaucoup ouvertes au-delà. Or, quelles conséquences y aurait-il à verser dans le "constructivisme sociétal" auquel nous invitent les "études de genre" ? Telle est, plus ou moins confusément, la question qui nous taraude, mais à laquelle ce petit livre n'apporte guère de réponse.

Sous la direction de Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le Genre – Théories et controverses, Presses universitaires de France, collection "La Vie des idées", octobre 2014, 112 pages, 8,50 euros.

Ce petit livre réunit des contributions dont certaines sont disponibles en suivant ce lien vers La Vie des idées.

Genre à l'école : le Sénat s'obstine

17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

La délégation sénatoriale aux droits des femmes demande que soient instrumentalisés les manuels scolaires afin d'encourager les élèves à s'émanciper des représentations sexuées.

Quoi qu'il advienne des "ABCD de l'égalité", moult responsables politiques semblent décidés à inculquer aux petits Français les valeurs qui les avaient inspirés. Témoin de cette obstination, le rapport d'information du socialiste Roland Courteau, présenté au nom de la délégation aux droits des femmes du Sénat. Celle-ci « a toujours considéré que c'est dès le plus jeune âge que les stéréotypes doivent être appréhendés et déconstruits ». C'est pourquoi elle s'est intéressée aux manuels scolaires, souhaitant « prendre la mesure de l'évolution des représentations sexuées transmises aujourd'hui à l'école ».

Le poids des images

Avec une relative satisfaction, le rapporteur y observe « l'émergence d'un masculin neutre, à l'image de l'évolution des rapports de sexe dans le reste de la société ». Mais il s'attache surtout à dénoncer « une permanence dans la reproduction des stéréotypes de genre et des préjugés ». Sans surprise, il constate « une association permanente entre le féminin, la maternité, l'éducation et les soins aux enfants, les activités ménagères  ». Soulignant « à quel point les stéréotypes se nichent dans l'iconographie », la délégation demande, notamment, « que le ministère de l'Éducation nationale mette à la disposition des éditeurs privés une banque de ressources iconographiques publiques ». Elle suggère, également, « que des experts, spécialistes des questions d'égalité entre les hommes et les femmes, soient intégrés au sein des groupes de travail pilotés par le CSP [Conseil supérieur des programmes], afin de pouvoir systématiquement procéder à une relecture spécifique des programmes ». À cet effet, est-il précisé, « le respect du délai d'un an entre la publication des programmes et leur entrée en vigueur est essentiel ».

Comment cette démarche se traduirait-elle concrètement ? Dans un manuel de mathématiques, par exemple, un exercice pourrait proposer « d'agréger des ustensiles de cuisine et des outils mécaniques ». Aux yeux du rapporteur, cela serait « bien plus efficace pour éveiller le regard critique de l'enfant qu'une "leçon" sur l'orientation des filles et des garçons ». De fait, « pour les élèves comme pour les enseignants », l'objectif serait « d'ouvrir le regard et de donner la possibilité de remettre en question l'ordre établi », au motif que celui-ci serait injuste.

Façonner les esprits

« Être éducateur au XXIe siècle », soutient la délégation sénatoriale, « c'est permettre à chaque enfant de se développer en fonction de ses potentialités sans être assigné à son sexe ou à sa classe sociale ». Or, « de la même manière que des manuels qui véhiculent des stéréotypes contribuent à l'intériorisation des normes de genre », il lui semble « évident que diversifier les modèles d'hommes et de femmes, de filles et de garçons, encourage les enfants et les jeunes à faire des choix basés sur leurs goûts et leurs aptitudes », ce qui leur conférerait « une plus grande liberté ». En effet, « les limites que crée l'intériorisation de l'assignation de genre » seraient « un frein à un plein épanouissement des filles et des garçons ». En résumé, « traquer les stéréotypes de genre à l'école participe donc à la construction d'un projet d'émancipation ». Autant le dire clairement : « l'enjeu d'une éducation non stéréotypée, c'est de transmettre plus de bonheur » – rien de moins !

Le terrain à la traîne

Reste à savoir dans quelle mesure cette conviction s'avère partagée, voire mise en œuvre. « À l'heure actuelle », regrette Roland Courteau, « la formation des enseignants à la transmission des valeurs d'égalité et de respect n'existe pas véritablement ». Plus précisément, « la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) semble s'accompagner d'une régression de la formation sur ces thématiques ». Selon lui, « la valeur "égalité" » devrait « intégrer tous les concours de recrutement de l'Éducation nationale ». Mais en pratique, explique-t-il « la mobilisation des cadres de l'Éducation nationale dépend essentiellement du niveau académique, rectorat par rectorat ». Dans ces conditions, « un professionnel investi dans telle ou telle académie peut impulser une dynamique positive, comme l'inverse, hélas » – tout étant affaire de point de vue, cela va sans dire. En résumé, si l'on en croit la délégation sénatoriale aux droits des femmes, il y aurait « un décalage certain entre les bonnes intentions affichées du ministère de l'Éducation nationale et la réalité de terrain ». Enfin une bonne nouvelle ?

Prostitution : de l'idéal à la pratique

17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

L'abolition de la prostitution, en discussion au Parlement, se traduira-t-elle dans les faits ?

Approuvée l'année dernière par l'Assemblée nationale, la proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel » a été vidée de sa substance, mardi 8 juillet 2014, par une commission du Sénat. Auparavant, son inspiration abolitionniste n'en avait pas moins été soutenue par la délégation aux droits des femmes de la haute assemblée.

Posture morale

Celle-ci « conteste le "droit" qu'auraient les femmes de se vendre et celui [...] qu'auraient les hommes de les acheter », a expliqué Mme Brigitte Gonthier-Maurin, auteur d'un rapport d'information rédigé en son nom. Robert Badinter est apparu bien isolé, lui qui, lors d'une audition, « a fait valoir que le droit pénal n'avait pas à intervenir dans le domaine des pratiques sexuelles entre adultes consentants, qui constituait un élément de la liberté individuelle ». « Il n'est pas tolérable qu'un être humain achète les services sexuels d'un autre être humain », a tranché Mme Gonthier-Maurin. À ses yeux, la « valeur pédagogique de la loi est suffisamment importante en soi pour justifier la mise en œuvre de la pénalisation du client en France ».  

Des ébats en public

Qu'en sera-t-il en pratique ? Parmi les prostituées dites "traditionnelles", à l'image de celles, françaises, officiant dans le deuxième arrondissement de Paris, toutes ne s'inquiètent pas du processus législatif en cours. Leur activité n'est pas en cause, leur auraient assuré les forces de l'ordre. Ce sont leurs collègues étrangères qui seraient visées. Celles qui leur succèdent sur le trottoir, une fois la nuit tombée, au grand dam des riverains, indisposés par leurs discussions volubiles, et parfois confrontés à des ébats sexuels sur leur pallier d'immeuble.

Autrement dit, agitée avec discernement, la menace pesant sur les clients serait censée contribuer à préserver la tranquillité publique. Tout comme l'existence du délit de racolage passif, bientôt abrogé, donnait un prétexte aux policiers soucieux, le cas échéant, de soustraire une femme à son proxénète le temps d'un interrogatoire, sans nécessairement engager des poursuites à son encontre. À la faveur du changement de majorité, l'idéalisme de la gauche s'est effectivement substitué à la posture répressive de la droite. Mais dans un cas comme dans l'autre, peut-être ne s'est-il jamais agi que d'un habillage...

La foi contre le féminisme

6 avril 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Respectivement écrivain et ingénieur, Anne Brassié et Stéphanie Bignon expriment d'une plume commune leur hantise du féminisme. Elles ont bien voulu nous présenter leur petit livre.

À la veille de sa démission, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait confirmé son engagement « dans la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes », poursuivant un objectif demeuré apparemment consensuel, en dépit des polémiques sur le "genre", ses "études" et sa "théorie". Ici ou là, cependant, quelques voix discordantes se font entendre. « Cessez de nous libérer ! », clament Stéphanie Bignon et Anne Brassié, dans un petit livre paru en février dernier (2014). « L'égalité est une tarte à la crème », écrivent-elles. « Elle n'existe pas. Nous sommes égaux devant Dieu, mais sur la terre nous avons des fonctions distinctes à assumer. »

Le droit au cocufiage

De leur point de vue, « nous sommes accablés de mensonges sur la condition féminine ». Les "droits" dont on nous raconte sans cesse la conquête n'en seraient pas vraiment... « Croyez vous que le droit de vote soit un progrès ? », nous demande Anne Brassié ; ce n'est jamais que « le droit de se faire cocufier » ! Au Moyen Âge, nous rappelle-t-elle, « la femme avait son héritage, elle le gérait, et son mari n'avait rien à dire ». Mais en dépit des mystifications républicaines, les inégalités salariales ne sont-elles pas de flagrantes injustices ? « La vérité oblige à dire que ces mêmes femmes » qui en seraient victimes « choisissent des fonctions moins prenantes pour rentrer plus tôt chez elles auprès de la petite famille qui les attend », répondent les auteurs. Stéphanie Bignon nous a rapporté en avoir discuté avec ses collègues de travail. « Ne croyez-vous pas que le salaire est ailleurs ? », leur a-t-elle demandé. Hélas, regrette-t-elle, « notre société ne reconnaît que la valeur financière ». Cela étant, les hommes ne pourraient-ils pas passer eux-mêmes davantage de temps au foyer ? « Il faut aussi apprendre aux chiens à ne pas pisser dans un jardin », rétorque Anne Brassié. « Il y a des choses qui se font depuis toute éternité qu'on ne change pas », affirme-t-elle. « L'éducation n'est pas en cause mais la chimie », est-il précisé dans le livre. « En effet, la biologie est essentielle dans le déterminisme du sexe. »

« Nous voulons défendre la liberté de chacune et permettre la libre expression des vocations profondes », expliquent les auteurs. Or, celle des femmes peinerait à s'épanouir aujourd'hui. À la différence d'Éric Zemmour, Stéphanie Bignon ne croit pas que la société se soit "féminisée". « C'est l'inverse », nous dit-elle. « Nous vivons dans un monde uniquement masculin, tourné vers la performance, la vitesse, etc. » Travaillant sur des chantiers sous-marins, elle revendique un rôle protecteur à l'égard des ingénieurs qu'elle encadre - ses « petits poussins », comme elle les appelle –, veillant tout particulièrement à la sécurité. « C'est cela être femme ! Je fais mon métier au-delà de la nécessité de gagner de l'argent, pour protéger la mer et les générations futures. »

L'Histoire planifiée ?

Enthousiaste, passionnée même, elle considère la société actuelle avec une profonde indignation. « Les gens n'ont jamais été aussi emprisonnés, aussi peu libres que sous cette république décadente », déplore-t-elle. « On leur a appris à ne pas vivre de leur travail. Voilà ce dont il faut nous libérer ! Apprenons à faire sans l'État, refusons les aides ! Si les agriculteurs avaient réagi ainsi il y a vingt ans, l'agriculture n'en serait pas là... » Autrement dit, « la libération ne se fera que par le travail de chacun ». Plus précisément, c'est « à l'intérieur de nous-mêmes » que la « reconquête » serait à mener.

La foi irrigue chaque page de l'ouvrage. Elle inspire même le regard porté sur l'Histoire, qui n'est pas sans rappeler celui d'un Pierre Hillard, par exemple. « Ce n'est pas un hasard si on en est arrivé là », écrivent Anne Brassié et Stéphanie Bignon, fustigeant l'évolution des mœurs. « Certains se sont fixé un tel objectif », affirme-t-elles. « Dans le rôle du chef d'orchestre on trouve, au fil de l'histoire, des francs-maçons. Systématiques dans leurs intentions, efficaces dans leurs actions, ils ont tout annoncé clairement. » Leur motivation ? « Jouir sans entrave », nous souffle Anne Brassié. En effet, nous explique-t-elle, « vous ne pouvez pas jouir librement d'une femme si elle ne prend pas la pilule, si elle ne peut pas avorter ». En réaction, donc, « il nous faut remettre Dieu dans la sphère publique », clament les auteurs. « On nous dit souvent que la France a traversé des périodes difficiles », poursuit Stéphanie Bignon. « C'est vrai, mais la France a toujours été croyante. Sans retrouver Dieu, on ne retrouvera pas de Jeanne, on ne retrouvera rien », prévient-elle.

Maurras en mer

« Je suis devenue royaliste en lisant Charles Maurras, dont j'avais emporté les livres en mer », nous a-t-elle raconté. « Ce faisant, j'ai pu découvrir tout un univers. J'ai tiré les fils de la bobine... Je n'avais fait ni ma confirmation, ni ma première communion. Grâce à Maurras, je suis remontée à l'essentiel, c'est-à-dire notre religion catholique. Cela m'est apparu aussi évident que le fait d'être royaliste. » Quoique cela nous éloigne du "politique d'abord", les institutions sont toujours en cause. « L'Ancien Régime et la République fonctionnent différemment, l'un sur l'ordre naturel, la famille, le pouvoir reçu de Dieu et le bien commun, l'autre sur les partis, les luttes d'intérêts et le profit », soulignent les auteurs. « L'un admet l'imperfection des choses de ce monde, l'autre prétend à la perfection et nous impose une marche forcée ver l'utopie égalitariste. » Fussent-ils agnostiques, c'est une analyse que partageront vraisemblablement la plupart des esprits formés à l'école d'Action française.

Stéphanie Bignon, Anne Brassié, Cessez de nous libérer !, éditions Via Romana, 166 pages, 12 euros.

Vénusia, « la Jeanne d'Arc de l'espace »

9 mars 2014

Actarus et les femmes, épisode III. Où le prince d'Euphor s'emporte contre la "théorie du genre" !

Le quatrième coffret DVD des aventures de Goldorak fait la part belle à Vénusia. Dans les premiers épisodes (37, 38 et 39), sa promotion au rang d'héroïne fait l'objet d'une véritable mise en scène. La jeune femme se montre d'autant plus frustrée d'être tenue à l'écart des combats qu'elle a fait ses preuves, allant jusqu'à suppléer Alcor aux commandes de son appareil.

Le prince d'Euphor n'en reste pas moins sourd à ses suppliques. « Tu n'es qu'une gamine », lui lâche-t-il dans la langue de Molière, avant de l'écarter avec brutalité. « Lutter contre l'envahisseur n'est pas un travail de fille, laissons cela aux garçons », lance-t-il à Rigel. « Je ne cherche pas à minimiser les mérites de ta sœur », se justifie-t-il auprès de Mizar. « Au contraire je la trouve exceptionnelle »,  affirme-t-il. Cependant, « une guerre n'est pas une partie de plaisir », explique-t-il. « C'est ce qu'il y a de pire au monde. C'est la plus laide invention de l'homme. Mais puisqu'il la créée, l'homme doit la faire, chacun à sa place. Tu vois cette herbe ? Elle apparient à la terre qui l'a engendrée. Si tu l'arraches ou la changes de place, elle meurt. Les êtres et les choses ne doivent pas changer de place. Ta sœur est une femme et doit rester femme. Et je ne veux pas qu'il lui arrive malheur. » Auparavant, Actarus s'était inquiété de la voir « à son tour engagé dans cette guerre » : « c'est moi qui vais trembler pour elle maintenant », avait-il murmuré en son for intérieur.

« Elle a des capacité formidables, c'est peut-être à cause de ton sang », lui fait-on remarquer (dans un épisode précédent, Vénusia avait bénéficié d'une transfusion sanguine). Quoi qu'il en soit, confronté à la menace croissante de Véga, Actarus se résout finalement à l'accepter dans « la patrouille des trois aigles ». Le professeur Procyon s'inquiète alors de la réaction de Rigel - deux épisodes plus tôt, celui-ci s'était indigné voir sa fille porter une jupe beaucoup trop courte à son goût... « Je crains que vous ne donniez pas votre autorisation », lui avoue-t-il. « Vous plaisantez ! », lui rétorque Rigel. « Dieu soit loué, j'ai engendré la Jeanne d'Arc de l'espace », se félicite-t-il. Une allusion à l'histoire de France introduite par les responsables de l'adaptation française, comme la plupart des dialogues cités ci-dessus. Actarus apparaît manifestement un peu plus misogyne que Daisuke, son homologue japonais.

NB - Découvrant à son tour l'identité réelle d'Actarus, Rigel se dit vexé d'avoir été tenu à l'écart du secret, au point de menacer de se faire hara-kiri. Illustration teintée d'humour du sens de l'honneur cher aux Japonais.

Jean-Jacques Rousseau et la "théorie du genre"

9 mars 2014

Un extrait de l'Émile mis en exergue à l'instant par l'excellent Jean-Louis Bourlanges au micro de France Culture.

En tout ce qui ne tient pas au sexe, la femme est homme : elle a les mêmes organes, les mêmes besoins, les mêmes facultés ; la machine est construite de la même manière, les pièces en sont les mêmes, le jeu de l'une est celui de l'autre, la figure est semblable ; et, sous quelque rapport qu'on les considère, ils ne diffèrent entre eux que du plus au moins.

En tout ce qui tient au sexe, la femme et l'homme ont partout des rapports et partout des différences : la difficulté de les comparer vient de celle de déterminer dans la constitution de l'un et de l'autre ce qui est du sexe et ce qui n'en est pas. Par l'anatomie comparée, et même à la seule inspection, l'on trouve entre eux des différences générales qui paraissent ne point tenir au sexe ; elles y tiennent pourtant, mais par des liaisons que nous sommes hors d'état d'apercevoir : nous ne savons jusqu'où ces liaisons peuvent s'étendre ; la seule chose que nous savons avec certitude est que tout ce qu'ils ont de commun est de l'espèce, et que tout ce qu'ils ont de différent est du sexe. Sous ce double point de vue, nous trouvons entre eux tant de rapports et tant d'oppositions, que c'est peut-être une des merveilles de la nature d'avoir pu faire deux êtres si semblables en les constituant si différemment.

Ces rapports et ces différences doivent influer sur le moral ; cette conséquence est sensible, conforme à l'expérience, et montre la vanité des disputes sur la préférence ou l'égalité des sexes : comme si chacun des deux, allant aux fins de la nature selon sa destination particulière, n'était pas plus parfait en cela que s'il ressemblait davantage à l'autre ! En ce qu'ils ont de commun ils sont égaux ; en ce qu'ils ont de différent ils ne sont pas comparables.

Citation tirée du site Wikisource.

L'Action française, féministe avant l'heure ?

5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

L'Action française d'avant-guerre n'était pas fermée aux femmes. Bien au contraire, certaines la rejoignaient précisément pour combattre une République misogyne, comme l'explique le travail d'une étudiante en histoire à l'IEP de Paris.

Tous les domaines se prêtent aux "études de genre" – y compris l'histoire de l'Action française, susceptible d'illustrer le parcours de « femmes outsiders en politique », selon le titre d'un ouvrage paru l'été dernier (en 2013). Camille Cleret y consacre un article à « l'engagement féminin d'Action française ». Depuis toujours, souligne-t-elle, « la signification politique de l'engagement féminin d'Action française fut inévitablement contestée et caricaturée » : « qualifiées alternativement de "duchesses douairières", ou de "demoiselles à dot" », les militantes d'AF « étaient systématiquement jugées avec mépris par les adversaires de la ligue ». Or, « initialement et officiellement cantonnées dans la sphère des activités charitables, ces militantes surent se réapproprier le "politique d'abord", mot d'ordre de l'Action française, afin d'acquérir un rôle et, pour certaines d'entre elles, des responsabilités au sein de cette formation ».

Ligue féminine

Les femmes désireuses de s'engager à l'Action française étaient appelées à rejoindre une structure spécifique, l'Association des dames et des jeunes filles royalistes, héritière d'une ligue féminine indépendante, la Ligue royaliste des dames. « Née en 1904 de l'opposition aux mesures touchant alors les congrégations religieuses », celle-ci « se distinguait cependant d'autres formations féminines fondées dans le même contexte en raison de la priorité conférée, dès ses origines, au combat politique sur le combat religieux ». Cette préoccupation se traduisait dans l'orientation donnée aux "œuvres sociales royalistes", qui occupaient « une place prépondérante dans la vie de ces femmes ». « Ventes et fêtes de charité, arbres de Noël, distribution de layettes, de nourriture et de vêtements, colonies de vacances : ces activités de bienfaisance mentionnées dans les colonnes du quotidien s'inscrivent dans la lignée des œuvres de charité pratiquées depuis des siècles par les femmes chrétiennes mais impliquent toutefois une finalité politique clairement assumée. » Témoin, l'ouverture d'un "restaurant de charité", conçu, selon ses promoteurs, comme « un centre de propagande ouverte ».

Des « efforts quotidiens » visaient à « "semer" les différents journaux affiliées à l'Action française » : « Telle ligueuse faisait lire L'Action Française à son boulanger, une autre à son bijoutier, la dentiste en faisait la promotion auprès de ses patients, et la modiste auprès de ses clients. Ces femmes "papotaient", pour reprendre l'expression d'Eugen Weber, mais elles papotaient avec détermination, ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas occasionnellement de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement. » Au lendemain du 6 février 1934, notamment, « elles se rendirent ainsi à l'école du Louvre pour interrompre une conférence donnée par Mme Caillaux ».

Maurras adulé

Au-delà des structures officielles, « lectrices, sympathisantes, correspondantes, admiratrices participaient à leur manière au rayonnement de la ligue », rapporte Camille Cleret. Ces femmes semblaient « unies par un même engouement – on pourrait même parler de dévotion – envers la figure de Maurras, leur "cher maître" » : « La correspondance de ce dernier laisse clairement transparaître cette ferveur partagée par des femmes aux profils sociologiques et professionnels très dissemblables. » Quelques-unes « appartenaient aux milieux dirigeants de la ligue ». Deux personnalités retiendraient plus particulièrement l'attention « par leur présence dans les archives et dans les rubriques du quotidien » : la marquise de Mac Mahon, « oratrice de talent », fonda la Ligue royaliste des dames ; quant à « l'énergique » Marthe Daudet, alias Pampille, seconde épouse de Léon Daudet, elle devint en 1936 « la propagandiste en chef de l'Action française, tentant alors de centraliser les différents services de propagande de la ligue ».

Paradoxe apparent

« De telles destinées » apparaissent « surprenantes » aux yeux de  Camille Cleret, qui les inscrit « dans le cadre d'une ligue [...] affichant clairement un idéal de virilité ». De son point de vue, la « singularité » du militantisme féminin d'Action française reposerait, précisément, « sur la discordance entre les objectifs réactionnaires de femmes viscéralement attachées à la tradition et la modernité assumée de leurs activités politiques ». S'agit-il vraiment d'un paradoxe ? « Ferventes monarchistes, les ligueuses envisagent la restauration tant attendue comme un vecteur de promotion de la condition féminine visant à redonner aux femmes le rôle politique et social que la Révolution leur avait injustement ôté. » Selon Paul Bourget, il existait même « un féminisme de la tradition », comme il existait « un féminisme de l'anarchie » ! « Mme Pierre Chardon, conférencière d'Action française dans les années 1930, classait ainsi les femmes royalistes dans la mouvance féministe », relève Camille Cleret. « De plus, les militantes d'Action française entretenaient des liens avec des organisations féministes modérées. Suzanne Desternes, par exemple, était à la fois membre du comité directeur de l'Union nationale pour le vote des femmes et conférencière attitrée de l'Action française. » En conséquence, « le modèle féminin promu par l'Action française était [...] assez ambivalent pour être perçu de manière totalement contradictoire par des observateurs extérieurs et par les femmes elles-mêmes ». Ainsi Marie-Thérèse Moreau, présidente de la section féminine des Jeunesses patriotes, refusa-t-elle d'adhérer à la ligue « en raison de sa "mauvaise réputation antiféministe" », tandis que « la journaliste Marthe Borély s'en éloigna après la Première Guerre mondiale en raison des opinions trop peu conservatrices à son goût de Charles Maurras sur cette question ».

Le genre, déjà...

Tout cela témoigne, selon Camille Cleret, « de la relation complexe entretenue par l'Action française avec les femmes et la question du féminisme ». Relation qu'elle se risque toutefois à simplifier ici ou là. Ainsi suggère-t-elle que l'antisémitisme de quelque militante ou sympathisante l'aurait conduite à « s'attribuer, par le discours racial, une position sociale que son statut de femme lui interdirait normalement ». Par ailleurs, en conclusion, l'auteur invite à « renverser le mythe d'une féminité allergique à l'extrême droite et à la xénophobie, mythe qui consiste à essentialiser une nature dite féminine associée à la douceur mais également à la fragilité, à la faiblesse et donc à transformer les femmes en éternelles victimes d'un système patriarcal oppressif ». De telles hypothèses, en l'absence d'un argumentaire nuancé,  nous semblent formulées avec une certaine légèreté.

Cela étant, cette étude prouve que certains débats ne datent pas d'hier. « Les collaborateurs de l'Action française étaient surtout obsédés par le risque de confusion des genres », affirme Camille Cleret, prenant Léon Daudet à témoin : « la femme ne doit pas se faire le singe de l'homme », avait-il prévenu. « La masculinisation de la femme serait un fléau pour notre civilisation et pour elle-même. Car elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu'elle se fasse doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu'elle voudra : mais qu'elle reste femme. » L'histoire ne serait-elle qu'un éternel recommencement ?

Christine Bard, Bibia Pavard (dir.), Femmes outsiders en politique, L'Harmattan, 202  pages, 21 euros.

Schizophrénie féministe

19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Quand Najat Vallaud-Belkacem trahit ses idéaux.

Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre... Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, a beau se gargariser des "études de genre" à chacun de ses discours, elle se montre plus conservatrice en famille.

Ses aveux, recueillis sur le plateau des Maternelles, ont été diffusés sur France 5 lundi 9 décembre. « Je vois bien que ma petite fille est plus naturellement attirée par les Barbie que par le camion de pompiers », a-t-elle reconnu. En conséquence, a-t-elle confessé, « je ne me prive pas de lui offrir une Barbie, mais je lui raconte des histoires dans lesquelles Barbie sauve le monde ». De façon à tempérer une inclination "naturelle", donc. Nous qui croyions que tout était affaire de culture et autres "stéréotypes"...

Dans vos histoires, Madame le ministre, Barbie se balade-t-elle un flingue à la main ? À vrai dire, nous ne connaissons qu'une seule de ses aventures, dont une petite fille nous a demandé la lecture. On y découvre une princesse qui s'ignore. Un modèle d'élégance. Excellente couturière, qui plus est ! Le récit s'avère d'autant plus réactionnaire que Barbie, une jeune femme altruiste, est appelée à renouer avec ses origines oubliées, dissimulées par une usurpatrice. Ah, le poids de l'héritage ! D'une façon ou d'une autre, il se rappelle toujours à nous.