Alpine à l'affiche

14 juin 2015

Puisque l'actualité met Alpine à l'honneur, nous renvoyons aux quelques articles que votre serviteur a déjà consacrés au constructeur dieppois.

« Dessine-moi une Alpine ! » – Compte rendu de lecture d'une bande dessinée retraçant l'histoire de la marque, de sa fondation par Jean Rédélé jusqu'à l'annonce de sa résurrection sous l'impulsion de Carlos Tavares.

« L'Alpine A610 fête ses vingt ans... Nostalgie ! » – Plongée dans la presse auto des années quatre-vingt-dix, à la redécouverte d'une voiture qui n'a sans doute pas l'aura de la berlinette, mais qui n'en était pas moins pétrie de qualités.

« Résurrection annoncée » – Retour sur le contexte d'une annonce en passe d'être concrétisée. À l'époque, Arnaud Montebourg était ministre de l'Industrie, et tout le monde s'accordait sur l'idée que le « redressement productif » passerait, précisément, par la montée en gamme de l'industrie nationale.

NB – L'illustration est un détail du concept Alpine Celebration présenté au Mans ce samedi 13 juin 2015, extrait d'une galerie photo mise en ligne par nos confrères de L'Argus. Chauvinisme, quand tu nous tiens... 😉

De la « constitution pour l'Europe » au traité de Lisbonne : la démocratie bafouée ?

4 juin 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Pourquoi la défense de la « souveraineté nationale » conduit à une impasse.

Il y a dix ans, le 29 mai 2005, a été rejetée par référendum la ratification par la France du "traité établissant une constitution pour l'Europe". Reprenant, sous une forme différente, la quasi-totalité de ses dispositions, le traité de Lisbonne n'en est pas moins entré en vigueur quatre ans plus tard, le 1er décembre 2009. La démocratie s'en est-elle trouvée bafouée ?

L'onction populaire dont prétendent se parer les détracteurs de ce texte ne leur confère, en réalité, qu'une légitimité très relative : seuls 37 % des électeurs inscrits ont joint leur voix à à la leur... De fait, la "volonté" prêtée au peuple n'est jamais exprimée que par une fraction de celui-ci. En outre, alors qu'il était candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy n'avait pas caché ses intentions : « débloquer l'Europe institutionnellement, ce sera le sens de ma première initiative européenne si je suis élu », avait-il déclaré le 21 février 2007. « Dans ce but », avait-il annoncé, « je proposerai à nos partenaires de nous mettre d'accord sur un traité simplifié qui reprendra les dispositions du projet de traité constitutionnel. [...] Ce traité [...] sera soumis pour ratification au Parlement. »

Votant en toute connaissance de cause, le peuple aurait-il changé d'avis ? Peut-être n'en a-t-il jamais vraiment exprimé aucun. Comme l'écrivait Charles Maurras, l'issue d'un scrutin n'est que « l'expression d'une différence entre deux totaux » ; les forces à l'œuvre « peuvent être, en elles-mêmes, pensantes, mais le vote qui les exprime ne pense pas : par lui-même, il n'est pas une décision, un jugement, un acte cohérent et motivé tel que le développe et l'incarne le pouvoir personnel d'une autorité consciente, nominative, responsable ».

C'est pourquoi le "déficit démocratique" dont souffrirait l'Union européenne doit être dénoncé avec prudence : à l'origine, ce phénomène traduisait moins l'accroissement des pouvoirs de Bruxelles que celui des gouvernements nationaux aux dépens de leur propre parlement... En outre, c'est précisément au motif qu'il faudrait combler ce déficit que l'équilibre institutionnel de l'Europe a été révisé dans une perspective plus fédérale, au bénéfice du Parlement européen.

C'est dire l'impasse à laquelle conduit la défense de la "souveraineté nationale", au sens où l'entendait Maurras, qui n'en acceptait le principe « ni implicitement, ni explicitement ». Pas de souveraineté sans souverain !

Faut-il se méfier à chaque fois qu'on ouvre un livre ?

30 mai 2015

Petit coup de gueule à la lecture des premières pages... d'un manuel de mécanique auto.

Lu dans Technologie fonctionnelle de l'automobile (Dunod, tome I, septième édition) : « Les ressources en pétrole ne sont pas éternelles. [...] Les constructeurs réfléchissent depuis longtemps aux moteurs qui peuvent fonctionner avec un autre carburant. L'électricité n'étant pas très pratique, c'est pour l'instant l'hydrogène qui a leur faveur. »

D'accord, la première édition de ce livre remonte à 1981. Mais celle que nous avons en main a tout juste un an ! Or, en mai 2014, et même avant, on croisait déjà des Renault Zoe et quelques Tesla... sans parler des Bluecar de Bolloré, mises à la disposition des Parisiens depuis la fin 2011 ! À l'inverse, les véhicules fonctionnant à l'hydrogène demeurent rarissimes, la Toyota Mirai venant à peine d'être commercialisée. Dès l'avant propos, un inspecteur de l'Éducation nationale n'en salue pas moins  l'« investissement personnel et le cœur » que l'auteur aurait « mis à réaliser la mise à jour du présent ouvrage ». À lire le « bref historique de l'automobile » qui nous est proposé, on se demande si pareil éloge est bien mérité : apparemment, il ne se serait plus rien passé depuis 1985, sinon le développement des monospaces... Comme si ceux-ci n'avaient pas été en partie éclipsés par les SUV au cours de la décennie écoulée !

Dans un manuel destiné à de futurs techniciens, il y a plus gênant cependant : en l'occurrence, l'opposition établie entre « l'électricité » et « l'hydrogène », qui n'a  aucun sens. De fait, ce qui distingue fondamentalement une Mirai d'une Zoe, c'est le recours à une pile à combustible plutôt qu'à une batterie pour alimenter le moteur... qui fonctionne à l'électricité dans chacun des cas.

Bref, l'entrée en matière laisse à désirer. Il faut espérer que les pages qui suivent auront été écrites ou révisées avec davantage de soin. D'autant que nous n'aurons pas forcément la compétence pour le dire. Si tel était le cas, il est bien évident que nous n'aurions pas acheté un tel bouquin...

Libre journal de la nuit : le traité établissant une constitution pour l'Europe au menu des discussions

29 mai 2015

Mercredi dernier, 27 mai 2015, votre serviteur était l'invité de Luc Le Garsmeur sur  Radio Courtoisie. L'essentiel des discussions ont porté sur le traité établissant une constitution pour l'Europe, rejeté par référendum il y a tout juste dix ans aujourd'hui.

C'était seulement notre seconde expérience en radio. C'est pourquoi les auditeurs devront se monter indulgents. L'expression manque de clarté... On fera mieux la prochaine fois !

En pareille circonstance, hanté par la crainte de ne plus rien avoir à dire, on garde quelques idées en réserve, si bien qu'on arrive en fin d'émission sans les avoir formulées... C'est malin !

Aussi rappellerons-nous ici que le "peuple" que Nicolas Sarkozy aurait "trahi" en faisant adopter le traité de Lisbonne n'a jamais représenté que 37 % des électeurs inscrits. C'est dire la fragilité de l'onction populaire dont prétendent se draper les détracteurs de ce texte... D'autant que le candidat Sarkozy n'avait pas caché ses intentions : « débloquer l'Europe institutionnellement, ce sera le sens de ma première initiative européenne si je suis élu », avait-il déclaré à Strasbourg le 21 février 2007. « Dans ce but », avait-il annoncé, « je proposerai à nos partenaires de nous mettre d'accord sur un traité simplifié qui reprendra les dispositions du projet de traité constitutionnel. [...] Je proposerai notamment de mettre fin à la règle de l'unanimité. [...] Ce traité simplifié, de nature institutionnelle, sera soumis pour ratification au Parlement. » Dans ces conditions, comment prétendre que la "démocratie" a été bafouée ?

Le gouvernement veut interdire les statistiques sexuelles

16 mai 2015

Alors qu'un scandale portant sur des statistiques ethniques vient d'éclater à Béziers, le gouvernement entend doter la France des instruments juridiques qui lui permettront de réprimer avec la même fermeté la constitution de fichiers distinguant les individus selon leur sexe.

« Toutes les discriminations doivent être traitées sur un pied d'égalité »,a déclaré Mme Christiane Taubira, ministre de la Justice. « Les statistiques sexuelles se nourrissent des stéréotypes de genre autant qu'elles les entretiennent », a déploré Mme Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes. En cela, a-t-elle expliqué, elles constituent « un obstacle à l'égalité réelle entre les hommes et les femmes ». Il faut en finir avec « le caractère fictionnel d'une théorie qui partage l'humanité entre deux groupes de sexe différent », ont martelé les représentants du gouvernement, citant, entre autres, les travaux du sociologue Mathieu Trachman, chercheur à l'Ined.

Christiane Taubira et Marisol Touraine ont promis qu'elles travailleraient d'arrache-pied pour présenter un texte dans les plus brefs délais. « Un projet de loi sera soumis à l'Assemblée nationale avant les vacances parlementaires », ont-elles annoncé. Une fois n'est pas coutume, son adoption devrait bénéficier d'un large consensus politique. À moins qu'une bataille s'engage sur les amendements déposés par l'UMP ?

« L'opposition ne se satisfera pas de demi-mesures », a prévenu Mme Marie-Jo Zimmermann, député de la Moselle. « Interdire les discriminations dans les statistiques, c'est bien », a-t-elle concédé. « Mais il faut aller plus loin. Des violences de genre sont infligées aux enfants dès leur plus jeune âge. Cette loi devra les faire cesser. Seuls des prénoms neutres devraient être attribués aux enfants à leur naissance. C'est seulement à leur majorité, après avoir construit leur identité de genre en toute liberté, que nos enfants devraient se choisir un prénom la reflétant. » Jean-Marie Andrès, président des Associations familiales catholiques, a d'ores et déjà mis en garde contre « une nouvelle intrusion de l'État dans la vie des familles ». Affaire à suivre... ou pas, selon que la réalité rattrape ou non la fiction ! 😉

Comment les souverainistes veulent soumettre Paris à Bruxelles

15 mai 2015

Retour sur le cas norvégien.

Dans la perspective d'un Brexit, Londres pourrait-il s'inspirer d'Oslo pour établir ses relations avec Bruxelles ? « Je ne suis pas sûr que l'approche "tout accepter sans droit de vote" convienne à l'image que les Britanniques ont d'eux-mêmes », a prévenu Vidar Helgesen, ministre norvégien des Affaires européennes, dans un entretien accordé pour Euractiv à nos confrères Henriette Jacobsen et Frédéric Simon.

De son point de vue, « Il y a très clairement un paradoxe dans le fait que l'acteur international qui influence le plus la société et la vie quotidienne des Norvégiens, l'UE, est également la seule grande organisation internationale dont nous ne sommes pas membre ». D'autant que cela ne dispense nullement Oslo des contributions financières propres aux États membres : « nous versons plus ou moins ce que nous verserions si nous étions un pays membre », souligne M. Helgesen. « C'est une drôle de situation où vous avez toutes les taxes et aucune représentation », observe-t-il, avant de nuancer son propos : « nous avons une certaine représentation » ; « nous n'avons juste pas le droit de vote ».

En conséquence, explique-t-il, « il est plus important pour nous que pour les États membres d'être actifs dès le départ, avant que les décisions ou propositions soient présentées ». En effet, « les spécialistes norvégiens ont le droit de participer aux comités de la Commission ». Or, « si vous avez des connaissances et de l'expertise à apporter aux discussions, votre voix est entendue, tout comme celle des États membres ». « Nombre de ces discussions sont techniques », souligne le ministre norvégien, selon lequel, « dans certains domaines », ses équipes seraient « à la pointe du savoir-faire ». Cependant, reconnaît-il, « quand il s'agit de questions politiques plus larges, nos limites sont plus flagrantes, parce que nous ne pouvons pas être à la table des discussions quand les décisions sont prises ».

Curieusement, constate-t-il, « le paysage politique norvégien est caractérisé par une certaine satisfaction vis-à-vis de notre situation ». S'agit-il pourtant d'un exemple à suivre pour le Royaume-Uni, et surtout pour la France ? Méfions-nous des mirages souverainistes : en pratique, la vague promesse d'une indépendance de façade se traduirait vraisemblablement par une perte effective d'influence.

Et si Londres lâchait Bruxelles ?

6 mai 2015
Article publié dans L'Action Française 2000

Le Royaume-Uni semble envisager de quitter l'Union européenne. Mais non de rompre avec toute forme d'engagement multilatéral. Aperçu des perspectives qui s'offrent à lui.

Sortira, sortira pas ? La question se pose à propos de la Grèce, susceptible de quitter l'Union économique et monétaire (la zone euro). Mais aussi à propos du Royaume-Uni, dont le Premier ministre sortant, David Cameron, s'est engagé à soumettre à référendum le maintien de son pays dans l'Union européenne (UE). À condition, bien sûr, que les conservateurs soient reconduits au pouvoir à l'issue des élections organisées ce jeudi 7 mai 2015. L'histoire se répétera-t-elle ? En 1975, déjà, en application d'une promesse de campagne, alors que le Royaume-Uni venait d'y adhérer deux ans plus tôt, sa participation à la Communauté économique européenne (CEE) avait fait l'objet d'une consultation populaire ; 67 % des voix s'étaient protées sur le "oui".

Scénario catastrophe

En 2017, en revanche, une victoire du "non" serait vraisemblable, au grand dam de la majorité des chefs d'entreprise britanniques, hantés par les scénarios catastrophistes échafaudés dans la perspective d'un "Brexit". Dans le pire des cas, rapporte La Tribune, selon le think tank allemand Bertelsmann Stiftung, « la perte du PIB par habitant du Royaume-Uni pourrait atteindre 14 %, soit 313 milliards d'euros [...], en 2030, comparé au scénario où il serait resté dans l'Europe ». Cependant, le libre-échangisme a toujours la cote outre-Manche, y compris chez les eurosceptiques : « le Royaume-Uni doit être plus mondial et moins régional », proclame ainsi David Campbell Bannerman, un député conservateur, cité par Euractiv ; « nous avons une alternative claire à l'UE », explique son collègue Christopher Cope : « l'adhésion à l'OMC ».

S'il quittait effectivement l'UE, peut-être Londres envisagerait-il également son retour dans l'Association européenne de libre-échange (AELE), créée en 1960 sous son impulsion. À l'époque, c'était une alternative à "l'Europe des Six"... « L'AELE constitue une "autre Europe" non négligeable », comme le souligne Philippe Chassaigne, dans une contribution au Dictionnaire critique de l'Union européenne (Armand Colin, 2008). Elle compte aujourd'hui quatre États membres : l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Trois d'entre eux sont associés à l'Union européenne via l'Espace économique européen (EEE) – la Suisse fait exception, ses rapports avec l'UE étant gouvernés par des accords bilatéraux. Or, cela les expose à l'influence de Bruxelles, dont les Britanniques s'indignent précisément des oukases...

L'exemple de l'AELE

Il y a deux ans, par exemple, comme le rappelle Euractiv, la Commission européenne s'était « plainte de la Norvège, car elle imposait des taxes supplémentaires sur les biens importés de l'UE et que plus de quatre cents  directives n'avaient pas été mises en place dans le pays, entravant ainsi le marché unique de l'UE ». « C'est ainsi que les directives de la Commission européenne qui concernent le marché de l'EEE sont aussi valables en Norvège », comme l'explique Hans Otto Froland, dans un autre article du Dictionnaire critique de l'Union européenne. Cela représente « un défi indéniable à l'idée même de souveraineté », quoique les États membres de l'AELE disposent « du droit formel de leur opposer un veto ». Oslo ne se serait-il tenu en marge de l'UE que pour mieux s'y soumettre à travers l'AELE et l'EEE ? En partie seulement : pour la Norvège, il s'agissait de conserver un certain contrôle sur la pêche, qui occupe une place singulière dans sa tradition nationale.

À vrai dire, nul État ne saurait s'affranchir raisonnablement du moindre engagement multilatéral. Souvent montrée en exemple par les souverainistes, la Russie de Vladimir Poutine n'a-t-elle pas créé cette année l'Union économique eurasiatique (où elle occupe certes un poids prépondérant) ? Il appartient à chaque État de piocher les bonnes cartes au regard de ses intérêts. Dans cette perspective, même le carcan de l'Union européenne se prête parfois à quelque souplesse : par exemple, tous ses membres ne participent pas à l'Espace Schengen (Irlande et Royaume-Uni), par ailleurs ouvert à des pays tiers (Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse – encore eux). En son sein, deux États ont manifesté dernièrement quelque velléité de rébellion. Athènes entend, entre autres, préserver sa relation avec Moscou. Quant à Budapest, il envisage de rétablir la peine de mort. Au risque de se voir privé de voix au Conseil des ministres ? On n'en est pas encore là. Mais peut-être Viktor Orban peut-il s'enorgueillir d'avoir assaini les finances de son pays tout en se montrant réfractaire à suivre les conseils de l'UE ou du FMI. Preuve que des marges de manœuvre subsistent au sein même de "l'Europe". Reste à les mettre à profit... sans parler d'en créer de nouvelles !

Christian Estrosi promeut la loi des suspects

3 mai 2015

L'hystérie sécuritaire aidant, le "fascisme" s'incarne de façon éclatante parmi les Républicains de l'UMP.

S'exprimant sur France 3 dimanche dernier, 26 avril 2015, Christian Estrosi, député-maire de Nice, a fustigé « l'islamo-fascisme » dont les « cinquièmes colonnes »  seraient infiltrées « dans nos caves, dans nos garages ». La proposition de loi qu'il a déposée à l'Assemblée nationale, avec le soutien d'une quarantaine de collègues parlementaires (parmi lesquels figure le souverainiste Jacques Myard), donne une traduction juridique à ce délire paranoïaque.

« Face à des personnes présentant des caractéristiques laissant à penser qu'elles pourraient se rendre coupables d'actes terroristes, mais pour lesquelles aucun commencement d'exécution ne peut être prouvé, la loi ne permet pas de protéger la population », déplorent les signataires de ce texte. Aussi conviendrait-il, selon eux, de créer « un délit de participation à une entreprise terroriste encouru par ceux qui ont commis des actes composant un faisceau d'indices concordants pouvant laisser craindre qu'ils soient susceptibles de passer à l'acte ». En conséquence, serait passible de  de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende tout individu inscrit, en vertu d'une simple suspicion, sur le fichier "Système de prévention des actes terroristes", et qui chercherait, par ailleurs, à « recueillir des renseignements sur des lieux ou des personnes », qui voudrait « se former au maniement des armes ou à toute forme de combat », voire « au pilotage d'aéronefs ou à la conduite de navires », ou bien qui consulterait régulièrement des publications faisant « l'apologie du terrorisme ».

Naturellement, en complément de cette "loi des suspects", « des dérogations aux règles de droit commun de procédures pénales » devraient être instaurées « afin de permettre aux forces de l'ordre d'assurer la sécurité du territoire national à tout moment, et notamment en cas d'urgence absolue ». Par exemple, « quand une bombe [...] doit exploser dans une heure ou dans deux heures », selon l'hypothèse formulée par Marine Le Pen, dont l'imagination n'est apparemment pas la seule à se nourrir des aventures de Jack Bauer et autres fictions télévisées américaines... En tout cas, des islamistes ou des Républicains de l'UMP, on se demande parfois quels sont les plus "fascistes". No pasaran !

Christian Estrosi : ennemi des libertés, complice des islamistes

18 avril 2015

Tentant d'exploiter à leur profit la hantise croissante de l'islam, des députés UMP le stigmatisent sans craindre de promouvoir ses déclinaisons les plus radicales, ni de sacrifier les libertés – et cela à l'aide d'une argumentation pour le moins inconséquente.

L'UMP n'en finit pas de verser dans le populisme islamophobe. Une trentaine de députés, Christian Estrosi en tête, ont ainsi présenté une proposition de loi « visant à transformer en délit le port du voile intégral ». Dans leur esprit, la liberté des uns ne s'arrête pas là où commence celle des autres, mais à la frontière d'un « pacte républicain » défini à leur convenance. Dans cette perspective, étant donné qu'il traduirait « un refus ostensible de l'égalité entre les hommes et les femmes », le port du voile intégral constituerait « une atteinte à la dignité de la personne », et cela « qu'il soit subi ou accepté ». Les femmes portant atteinte à leur propre dignité devraient être punies en conséquence : un an de prison et 20 000 euros d'amende.

De toute façon, comme l'expliquent M. Estrosi et ses collègues, héritiers fidèles de Créon, « la loi de la République doit être supérieure à toutes les lois ». Et de marteler que « ce n'est pas la République qui doit être en conformité avec la spiritualité mais le contraire ». Autrement dit, il ne s'agirait pas d'assurer la cohabitation de l'une et de l'autre, mais d'exercer la tutelle de celle-là sur celle-ci. « Le législateur a le devoir d'être vigilant afin de protéger le caractère laïc de notre République », se justifient les signataires. Appliquée aux seules institutions, la laïcité est un principe de tolérance ; étendue à la société dans son ensemble, elle sert de paravent à des velléités totalitaires.

Selon les démagogues de l'UMP, « la sauvegarde de notre pacte social et de notre nation » imposerait au législateur « de prendre toutes les mesures permettant de lutter contre des pratiques communautaristes radicales ». À commencer, donc, par le port du voile intégral, dont ces imbéciles font pourtant la publicité à mesure qu'ils prétendent l'interdire. Ils reconnaissent d'ailleurs leur échec à demi-mot : « paiement des amendes par d'autres personnes que les contrevenants, récidive, communication sur les failles du système répressif... sont autant d'éléments qui constituent un défi envers notre République et ses valeurs ». Voyant le mur approcher, les élus de la République proposent d'accroître la pression sur l'accélérateur – chapeau !

L'inconséquence s'avère tout aussi patente dans leur argumentation : « en portant le voile intégral dans l'espace public », constatent les députés, « l'auteur agit volontairement en faisant un acte interdit par la loi » ; ce faisant « il défit [sic] la République et ses valeurs » ; « l'élément intentionnel de cette infraction est donc caractérisé » ; « il doit donc être sanctionné plus lourdement ». À ce petit-jeu-là, nul n'étant censé ignoré la loi, ce sont l'intégralité des infractions qui devraient être sanctionnées plus lourdement. La cour d'assises pour un PV de stationnement, c'est pour quand ? En toute logique, c'est bien ce que devraient proposer M. Estrsoi et ses collègues. C'est dire la haute estime qu'ils nous inspirent.

Où sont les femmes ?

17 avril 2015

Les amateurs de bagnoles devront apparemment s'y habituer : dans les salons comme sur les circuits, les hôtesses aux tenues affriolantes vont se faire moins nombreuses.

Les Chinois sont pudibonds. De fait, les hôtesses seront, paraît-il, bannies du salon automobile de Shanghai, qui ouvrira ses portes mercredi prochain, 22 avril 2015. Ses organisateurs auraient demandé aux exposants « d'éviter d'amener des show girls, mais plutôt des conseillers commerciaux seniors habillés correctement », comme le rapporte Caradisiac. Les traditions se perdent. Y compris sur les circuits. « Vous ne verrez plus aucune grid girl sur la grille de départ », a annoncé Gérard Neveu, président du championnat du monde d'endurance (WEC). « Ce sera le cas dans toutes les courses que nous organiserons », a-t-il prévenu. « Pour moi », s'est-il justifié, « c'est du passé » : « les conditions des femmes sont quelque peu différentes maintenant ». Et pourtant... le septième volet de Fast and Furious cartonne toujours au cinéma !