18 avril 2014
Petite pique lancée en direction des adorateurs de Vladimir
Poutine.
Au détour d'un
article de La Croix, nous
apprenons que la pratique religieuse chrétienne serait encore plus
faible en Russie qu'en France ! C'est dire combien doivent
être tempérés les espoirs des catholiques se tournant vers
Moscou. Relayant activement la propagande du Kremlin, les
réactionnaires à sa botte ne sont que les idiots utiles du nationalisme
russe. De fait, les dénonciateurs les plus virulents du "parti de
l'étranger" ne sont pas les moindres de ses représentants... En
cause, comme toujours : la complaisance dans la marginalité et
l'illusion volontariste qui l'accompagne.
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17 avril 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Érigé en "bien commun" de l'humanité, l'Internet n'en reste
pas moins placé sous la domination des États-Unis. Sa gouvernance est
appelée à évoluer, au gré des rapports de forces mondiaux et de leur
évolution.
Les 23 et 24 avril 2014 se tiendra à Sao Paulo le
forum Net Mundial, dont les participants débattront de l'avenir de la
gouvernance de l'Internet. Parviendront-ils à s'accorder sur une
feuille de route ? Le cas échéant, celle-ci devra indiquer
« une voie à suivre pour faire évoluer et mondialiser les
institutions et les mécanismes actuels », selon le vœu des
organisateurs brésiliens. Dans ce cadre, la Francophonie a une carte à
jouer, plaide Nathalie Chiche, membre du Conseil économique, social et
environnemental, dans les colonnes du Monde. Quoi
qu'il en soit, beaucoup dépendra du bon vouloir de Washington.
Le rôle clef de l'Icann
Pour l'heure, en effet, le gouvernement américain continue
d'exercer un contrôle sur l'Icann (Internet Corporation for assigned
names and numbers), un organisme privé régi par le droit californien,
qui assure une double mission cruciale : il supervise, d'une
part, l'attribution des adresses IP (Internet protocol) - des séries de
chiffres identifiant chaque point d'accès au réseau mondial – et,
d'autre part, la gestion des noms de domaines – ces adresses
intelligibles grâce auxquelles les internautes se repèrent dans les
méandres de la Toile. Plus concrètement, c'est sous la houlette de
l'Icann que sont mis en vente de nouveaux domaines de premier niveau,
venant s'ajouter aux ".com", ".net" et autres ".fr". Ainsi est-il
envisagé de créer des domaines en ".vin" et ".wine", par exemple, ce
dont Paris s'est inquiété le mois dernier. Selon le Quai d'Orsay, en
effet, « des irrégularités sont intervenues dans le cours de
la procédure ». Or, rappelle-t-il, « la France [...]
attache la plus haute importance à la protection des indications
d’origine dans toutes les enceintes, y compris sur Internet ».
À l'inverse, l'Icann peut suspendre des domaines – l'Irak en a
déjà fait les frais, tout comme l'Afghanistan. Soucieux de rééquilibrer
les forces en présence, Pékin « a émis le souhait de disposer
de sa propre racine », comme le rappelle David Fayon dans son
ouvrage Géopolitique d'Intenret (Economica, 2013,
220 p., 24 euros). « Outre
l'affranchissement de la mainmise américaine et de l'Icann, cela
permettrait à l'empire du Milieu de mieux contrôler le contenu de
l'Internet chinois », souligne-t-il. De fait, le transfert des
prérogatives de l'Icann à l'Union internationale des télécommunications
(UIT), rattachée à l'ONU, promu par la Chine, mais aussi par la Russie
et l'Arabie saoudite, entre autres, pourrait traduire « une
reprise en main des États sur Internet face à une vision ouverte et
multipartite de la géopolitique d'Internet ». On n'en est pas
encore là, bien que les États-Unis se disent prêts à lâcher du lest.
Sans doute sont-ils contraints à pareille annonce pour préserver une
influence aussi grande que possible en dépit de la pression croissante
des pays émergents. Une partie similaire se joue au Fonds monétaire
international (FMI), où Washington tarde d'ailleurs à tenir ses
promesses, en raison de l'obstruction du Congrès.
Géographie sous-marine
L'évolution des rapports de forces mondiaux se reflète dans
les infrastructures sur lesquelles repose l'Internet. Nombre d'échanges
intra-africains continuent vraisemblablement de transiter par les
États-Unis – au bénéfice des entreprises américaines qui jouent les
intermédiaires. Toutefois, relève David Fayon, le déséquilibre
« tend à diminuer au fur et à mesure que les pays du Sud [...]
installent leurs propres points d'interconnexion pour ne pas dépendre
du Nord ». Ainsi s'esquisse « une "géographie
politique" de l'Internet », comme le relève Olivier Kempf,
animateur du blog Egea. « Les câbles
sous-marins jouent un rôle majeur », poursuit David Fayon.
« Une large majorité de câbles transatlantiques et surtout
transpacifiques convergent vers les États-Unis, qui jouent un rôle
central. En Amérique, seuls le Canada et le Brésil ne sont pas
uniquement tributaires des États-Unis. En Asie, la Chine, le Japon et
Singapour sont des nœuds. Les nœuds sont essentiels pour couper (ou
non) les flux. L'Afrique et le Moyen-Orient sont dépendants de l'Inde,
de l'Égypte, de la France et de l'Espagne. En Europe, le Royaume-Uni
joue un rôle essentiel de nœud depuis et vers les États-Unis. En
Océanie, l'Australie est le nœud. La Russie jouit d'une situation
particulière. Bien qu'à l'écart des câbles sous-marins, elle constitue
un pont numérique terrestre de l'Europe vers l'Asie. »
Pour les États, la maîtrise des télécommunications s'inscrit
dans la continuité de celle déjà exercée jadis sur les routes ou les
mers. L'émergence du cyberespace n'en pose pas moins des défis inédits,
tant elle affecte l'exercice des prérogatives régaliennes. Les exemples
abondent quant à la sécurité et la défense : mobilisation des
pirates de l'Armée électronique syrienne, annulation d'une opération
militaire israélienne dévoilée par mégarde sur Facebook, ajustement des
tirs de roquettes des rebelles libyens à l'aide de Google Earth,
financement par la CIA d'un réseau social subversif à Cuba...
Nouvelle donne
En matière monétaire, le monopole des banques centrales se
trouve contesté. Alors qu'il semblait réservé à un public averti, voilà
que le bitcoin arrive dans nos supermarchés. « Dans trois à
cinq ans, les consommateurs auront changé de façon de payer, leur
rapport à l'argent aura évolué », prévient Patrick Oualid,
directeur e-commerce de Monoprix. D'ici la fin de l'année, sur le site
Internet du distributeur, il sera possible de régler ses achats en
monnaie virtuelle, a-t-il annoncé dans un entretien au Journal
du Net. « De cette manière »,
explique-t-il, « si l'éclosion se produit en 2015, nous serons
prêts ». Concernant les magasins, précise Clubic,
« aucune échéance n'est fixée, mais ces derniers pourraient en
bénéficier de façon détournée par la mise en place d'un système de
paiement via le mobile ».
La justice n'est pas en reste, puisque l'État délègue plus ou
moins à des acteurs privés la responsabilité d'encadrer les libertés en
ligne : SOS Racisme, par exemple, mais aussi les représentants
des ayants droit collaborant avec l'Hadopi (Haute Autorité pour la
diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), qui
traquent eux-mêmes les internautes suspects de téléchargements
illégaux.
« Les nouvelles frontières numériques sont [...]
floues du fait du caractère immatériel des données et de leur
localisation de plus en plus fréquente sur des serveurs
distants », observe encore David Fayon. C'est un nouveau monde
qui prend forme. Dans les mailles de la Toile, les ressorts de la
souveraineté ne fonctionnent plus selon les canons de l'Europe
westphalienne. Ils n'en restent pas moins éminemment puissants.
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6 avril 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Respectivement écrivain et ingénieur, Anne Brassié et
Stéphanie Bignon expriment d'une plume commune leur hantise du
féminisme. Elles ont bien voulu nous présenter leur petit livre.
À la veille de sa démission, le gouvernement de Jean-Marc
Ayrault avait confirmé son engagement « dans la lutte pour
l'égalité entre les femmes et les hommes », poursuivant un
objectif demeuré apparemment consensuel, en dépit des polémiques sur le
"genre", ses "études" et sa "théorie". Ici ou là, cependant, quelques
voix discordantes se font entendre. « Cessez de nous
libérer ! », clament Stéphanie Bignon et Anne
Brassié, dans un petit livre paru en février dernier (2014).
« L'égalité est une tarte à la crème »,
écrivent-elles. « Elle n'existe pas. Nous sommes égaux devant
Dieu, mais sur la terre nous avons des fonctions distinctes à
assumer. »
Le droit au cocufiage
De leur point de vue, « nous sommes accablés de
mensonges sur la condition féminine ». Les "droits" dont on
nous raconte sans cesse la conquête n'en seraient pas vraiment...
« Croyez vous que le droit de vote soit un progrès ?
», nous demande Anne Brassié ; ce n'est jamais que
« le droit de se faire cocufier » ! Au Moyen
Âge, nous rappelle-t-elle, « la femme avait son héritage, elle
le gérait, et son mari n'avait rien à dire ». Mais en dépit
des mystifications républicaines, les inégalités salariales ne
sont-elles pas de flagrantes injustices ? « La vérité
oblige à dire que ces mêmes femmes » qui en seraient victimes
« choisissent des fonctions moins prenantes pour rentrer plus
tôt chez elles auprès de la petite famille qui les attend »,
répondent les auteurs. Stéphanie Bignon nous a rapporté en avoir
discuté avec ses collègues de travail. « Ne croyez-vous pas
que le salaire est ailleurs ? », leur a-t-elle
demandé. Hélas, regrette-t-elle, « notre société ne reconnaît
que la valeur financière ». Cela étant, les hommes ne
pourraient-ils pas passer eux-mêmes davantage de temps au
foyer ? « Il faut aussi apprendre aux chiens à ne pas
pisser dans un jardin », rétorque Anne Brassié. « Il
y a des choses qui se font depuis toute éternité qu'on ne change
pas », affirme-t-elle. « L'éducation n'est pas en
cause mais la chimie », est-il précisé dans le livre.
« En effet, la biologie est essentielle dans le déterminisme
du sexe. »
« Nous voulons défendre la liberté de chacune et
permettre la libre expression des vocations profondes »,
expliquent les auteurs. Or, celle des femmes peinerait à s'épanouir
aujourd'hui. À la différence d'Éric Zemmour, Stéphanie Bignon ne croit
pas que la société se soit "féminisée". « C'est
l'inverse », nous dit-elle. « Nous vivons dans un
monde uniquement masculin, tourné vers la performance, la vitesse, etc. »
Travaillant sur des chantiers sous-marins, elle revendique un rôle
protecteur à l'égard des ingénieurs qu'elle encadre - ses
« petits poussins », comme elle les
appelle –, veillant tout particulièrement à la sécurité.
« C'est cela être femme ! Je fais mon métier au-delà
de la nécessité de gagner de l'argent, pour protéger la mer et les
générations futures. »
L'Histoire planifiée ?
Enthousiaste, passionnée même, elle considère la société
actuelle avec une profonde indignation. « Les gens n'ont
jamais été aussi emprisonnés, aussi peu libres que sous cette
république décadente », déplore-t-elle. « On leur a
appris à ne pas vivre de leur travail. Voilà ce dont il faut nous
libérer ! Apprenons à faire sans l'État, refusons les
aides ! Si les agriculteurs avaient réagi ainsi il y a vingt
ans, l'agriculture n'en serait pas là... » Autrement dit,
« la libération ne se fera que par le travail de
chacun ». Plus précisément, c'est « à l'intérieur de
nous-mêmes » que la « reconquête » serait à
mener.
La foi irrigue chaque page de l'ouvrage. Elle inspire même le
regard porté sur l'Histoire, qui n'est pas sans rappeler celui d'un
Pierre Hillard, par exemple. « Ce n'est pas un hasard si on en
est arrivé là », écrivent Anne Brassié et Stéphanie Bignon,
fustigeant l'évolution des mœurs. « Certains se sont fixé un
tel objectif », affirme-t-elles. « Dans le rôle du
chef d'orchestre on trouve, au fil de l'histoire, des francs-maçons.
Systématiques dans leurs intentions, efficaces dans leurs actions, ils
ont tout annoncé clairement. » Leur motivation ?
« Jouir sans entrave », nous souffle Anne Brassié. En
effet, nous explique-t-elle, « vous ne pouvez pas jouir
librement d'une femme si elle ne prend pas la pilule, si elle ne peut
pas avorter ». En réaction, donc, « il nous faut
remettre Dieu dans la sphère publique », clament les auteurs.
« On nous dit souvent que la France a traversé des périodes
difficiles », poursuit Stéphanie Bignon. « C'est
vrai, mais la France a toujours été croyante. Sans retrouver Dieu, on
ne retrouvera pas de Jeanne, on ne retrouvera rien »,
prévient-elle.
Maurras en mer
« Je suis devenue royaliste en lisant Charles
Maurras, dont j'avais emporté les livres en mer », nous
a-t-elle raconté. « Ce faisant, j'ai pu découvrir tout un
univers. J'ai tiré les fils de la bobine... Je n'avais fait ni ma
confirmation, ni ma première communion. Grâce à Maurras, je suis
remontée à l'essentiel, c'est-à-dire notre religion catholique. Cela
m'est apparu aussi évident que le fait d'être royaliste. »
Quoique cela nous éloigne du "politique d'abord", les institutions sont
toujours en cause. « L'Ancien Régime et la République
fonctionnent différemment, l'un sur l'ordre naturel, la famille, le
pouvoir reçu de Dieu et le bien commun, l'autre sur les partis, les
luttes d'intérêts et le profit », soulignent les auteurs.
« L'un admet l'imperfection des choses de ce monde, l'autre
prétend à la perfection et nous impose une marche forcée ver l'utopie
égalitariste. » Fussent-ils agnostiques, c'est une analyse que
partageront vraisemblablement la plupart des esprits formés à l'école
d'Action française.
Stéphanie Bignon, Anne Brassié, Cessez de nous
libérer !, éditions Via Romana, 166 pages,
12 euros.
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9 mars 2014
Actarus et les femmes, épisode III. Où le prince
d'Euphor s'emporte contre la "théorie du genre" !
Le quatrième coffret DVD des aventures de Goldorak
fait la part belle à Vénusia. Dans les premiers épisodes (37, 38 et
39), sa promotion au rang d'héroïne fait l'objet d'une véritable mise
en scène. La jeune femme se montre d'autant plus frustrée d'être tenue
à l'écart des combats qu'elle a fait ses preuves, allant jusqu'à
suppléer Alcor aux commandes de son appareil.
Le prince d'Euphor n'en reste pas moins sourd à ses
suppliques. « Tu n'es qu'une gamine », lui lâche-t-il
dans la langue de Molière, avant de l'écarter avec brutalité.
« Lutter contre l'envahisseur n'est pas un travail de fille,
laissons cela aux garçons », lance-t-il à Rigel. « Je
ne cherche pas à minimiser les mérites de ta sœur », se
justifie-t-il auprès de Mizar. « Au contraire je la trouve
exceptionnelle », affirme-t-il. Cependant,
« une guerre n'est pas une partie de plaisir »,
explique-t-il. « C'est ce qu'il y a de pire au monde. C'est la
plus laide invention de l'homme. Mais puisqu'il la créée, l'homme doit
la faire, chacun à sa place. Tu vois cette herbe ? Elle
apparient à la terre qui l'a engendrée. Si tu l'arraches ou la changes
de place, elle meurt. Les êtres et les choses ne doivent pas changer de
place. Ta sœur est une femme et doit rester femme. Et je ne veux pas
qu'il lui arrive malheur. » Auparavant, Actarus s'était
inquiété de la voir « à son tour engagé dans cette
guerre » : « c'est moi qui vais trembler
pour elle maintenant », avait-il murmuré en son for intérieur.
« Elle a des capacité formidables, c'est peut-être à
cause de ton sang », lui fait-on remarquer (dans un épisode
précédent, Vénusia avait bénéficié d'une transfusion sanguine). Quoi
qu'il en soit, confronté à la menace croissante de Véga, Actarus se
résout finalement à l'accepter dans « la patrouille des trois
aigles ». Le professeur Procyon s'inquiète alors de la
réaction de Rigel - deux épisodes plus tôt, celui-ci s'était indigné
voir sa fille porter une jupe beaucoup trop courte à son goût...
« Je crains que vous ne donniez pas votre
autorisation », lui avoue-t-il. « Vous
plaisantez ! », lui rétorque Rigel. « Dieu
soit loué, j'ai engendré la Jeanne d'Arc de l'espace », se
félicite-t-il. Une allusion à l'histoire de France introduite par les
responsables de l'adaptation française, comme la plupart des dialogues
cités ci-dessus. Actarus apparaît manifestement un peu plus misogyne
que Daisuke, son homologue japonais.
NB - Découvrant à son tour l'identité réelle d'Actarus, Rigel
se dit vexé d'avoir été tenu à l'écart du secret, au point de menacer
de se faire hara-kiri. Illustration teintée
d'humour du sens de l'honneur cher aux Japonais.
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9 mars 2014
Un extrait de l'Émile mis en exergue à
l'instant par l'excellent Jean-Louis Bourlanges au micro de France
Culture.
En tout ce qui ne tient pas au sexe, la femme est
homme : elle a les mêmes organes, les mêmes besoins, les mêmes
facultés ; la machine est construite de la même manière, les
pièces en sont les mêmes, le jeu de l'une est celui de l'autre, la
figure est semblable ; et, sous quelque rapport qu'on les
considère, ils ne diffèrent entre eux que du plus au moins.
En tout ce qui tient au sexe, la femme et l'homme ont partout
des rapports et partout des différences : la difficulté de les
comparer vient de celle de déterminer dans la constitution de l'un et
de l'autre ce qui est du sexe et ce qui n'en est pas. Par l'anatomie
comparée, et même à la seule inspection, l'on trouve entre eux des
différences générales qui paraissent ne point tenir au sexe ;
elles y tiennent pourtant, mais par des liaisons que nous sommes hors
d'état d'apercevoir : nous ne savons jusqu'où ces liaisons
peuvent s'étendre ; la seule chose que nous savons avec
certitude est que tout ce qu'ils ont de commun est de l'espèce, et que
tout ce qu'ils ont de différent est du sexe. Sous ce double point de
vue, nous trouvons entre eux tant de rapports et tant d'oppositions,
que c'est peut-être une des merveilles de la nature d'avoir pu faire
deux êtres si semblables en les constituant si différemment.
Ces rapports et ces différences doivent influer sur le
moral ; cette conséquence est sensible, conforme à
l'expérience, et montre la vanité des disputes sur la préférence ou
l'égalité des sexes : comme si chacun des deux, allant aux
fins de la nature selon sa destination particulière, n'était pas plus
parfait en cela que s'il ressemblait davantage à l'autre ! En
ce qu'ils ont de commun ils sont égaux ; en ce qu'ils ont de
différent ils ne sont pas comparables.
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5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Renault a annoncé la résurrection prochaine d'Alpine,
suscitant un regain d'intérêt pour cette marque fondée en 1955 par Jean
Rédélé.
C'est en souvenir de sa victoire au rallye des Alpes de 1954
que Jean Rédélé avait ainsi désigné ses propres voitures, construites à
Dieppe sur la base de la 4CV. Les éditions Glénat nous proposent, en
bande dessinée, un résumé de leur histoire, ponctuée par leurs succès
en rallyes, engrangés notamment sous la houlette de Jacques Cheinisse,
leur immixtion laborieuse dans les formules monoplaces, leurs
participations aux 24 heures du Mans...
« Faire gagner la France »
On s-y perd un peu dans les résultats sportifs, d'autant que
l'emploi de lettres capitales ne facilite pas la lecture, mais la
politique n'est jamais très loin. Visitant le Salon de l'automobile en
1968, le général De Gaulle interpelle Jean Rédélé :
« À quoi sert la course automobile ? », lui
demande-t-il. « Mais à faire gagner la France, mon
général ! » L'année précédente, l'État avait versé une
subvention à Matra, le grand rival qui, lui, n'avait rien d'un artisan.
Une illustration du "capitalisme de connivence" honni des
libéraux ? Philippe Lamirault, directeur commercial du
Losange, soutient néanmoins le développement d'Alpine. « Il
est maire et conseiller général à Thiron-Gardais, c'est bon pour sa
carrière politique. » Dans la foulée du choc pétrolier, les
courses automobiles sont suspendues. Le contexte économique n'arrange
pas les affaires d'Alpine. Non sans amertume, Jean Rédélé doit se
résoudre à céder à la Régie son enfant chéri. En 1978, ce n'est pas une
Alpine-Renault, mais une Renault-Alpine qui remporte les
24 heures du Mans...
Cette victoire sonne comme le chant du cygne. La production
perdure toutefois jusqu'à la disparition de l'A610 en 1995 (et non 1991
comme indiqué dans la BD). Quel gâchis ! Près de vingt ans
plus tard, Carlos Tavarès, alors numéro 2 de Renault, s'en est
ému auprès du P-DG Carlos Ghosn. « Je crois que nous avons là
un diamant à notre disposition », lui aurait-il expliqué.
Renault finira-t-il par réparer ses erreurs ? Réponse en 2016.
Denis Bernard (scénario), Christian Papazoglakis, Robert
Paquet (dessins), Alpine - Le Sang bleu, Glénat,
48 pages., 13,90 euros.
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5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
L'Action française d'avant-guerre n'était pas fermée aux
femmes. Bien au contraire, certaines la rejoignaient précisément pour
combattre une République misogyne, comme l'explique le travail d'une
étudiante en histoire à l'IEP de Paris.
Tous les domaines se prêtent aux "études de genre" – y compris
l'histoire de l'Action française, susceptible d'illustrer le parcours
de « femmes outsiders en
politique », selon le titre d'un ouvrage paru l'été dernier
(en 2013). Camille Cleret y consacre un article à
« l'engagement féminin d'Action française ». Depuis
toujours, souligne-t-elle, « la signification politique de
l'engagement féminin d'Action française fut inévitablement contestée et
caricaturée » : « qualifiées alternativement
de "duchesses douairières", ou de "demoiselles à dot" », les
militantes d'AF « étaient systématiquement jugées avec mépris
par les adversaires de la ligue ». Or, « initialement
et officiellement cantonnées dans la sphère des activités charitables,
ces militantes surent se réapproprier le "politique d'abord", mot
d'ordre de l'Action française, afin d'acquérir un rôle et, pour
certaines d'entre elles, des responsabilités au sein de cette
formation ».
Ligue féminine
Les femmes désireuses de s'engager à l'Action française
étaient appelées à rejoindre une structure spécifique, l'Association
des dames et des jeunes filles royalistes, héritière d'une ligue
féminine indépendante, la Ligue royaliste des dames. « Née en
1904 de l'opposition aux mesures touchant alors les congrégations
religieuses », celle-ci « se distinguait cependant
d'autres formations féminines fondées dans le même contexte en raison
de la priorité conférée, dès ses origines, au combat politique sur le
combat religieux ». Cette préoccupation se traduisait dans
l'orientation donnée aux "œuvres sociales royalistes", qui occupaient
« une place prépondérante dans la vie de ces
femmes ». « Ventes et fêtes de charité, arbres de
Noël, distribution de layettes, de nourriture et de vêtements, colonies
de vacances : ces activités de bienfaisance mentionnées dans
les colonnes du quotidien s'inscrivent dans la lignée des œuvres de
charité pratiquées depuis des siècles par les femmes chrétiennes mais
impliquent toutefois une finalité politique clairement
assumée. » Témoin, l'ouverture d'un "restaurant de charité",
conçu, selon ses promoteurs, comme « un centre de propagande
ouverte ».
Des « efforts quotidiens » visaient à
« "semer" les différents journaux affiliées à l'Action
française » : « Telle ligueuse faisait lire
L'Action Française à son boulanger, une autre à son bijoutier, la
dentiste en faisait la promotion auprès de ses patients, et la modiste
auprès de ses clients. Ces femmes "papotaient", pour reprendre
l'expression d'Eugen Weber, mais elles papotaient avec détermination,
ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas occasionnellement de descendre
dans la rue pour manifester leur mécontentement. » Au
lendemain du 6 février 1934, notamment, « elles se
rendirent ainsi à l'école du Louvre pour interrompre une conférence
donnée par Mme Caillaux ».
Maurras adulé
Au-delà des structures officielles, « lectrices,
sympathisantes, correspondantes, admiratrices participaient à leur
manière au rayonnement de la ligue », rapporte Camille Cleret.
Ces femmes semblaient « unies par un même engouement – on
pourrait même parler de dévotion – envers la figure de Maurras, leur
"cher maître" » : « La correspondance de ce
dernier laisse clairement transparaître cette ferveur partagée par des
femmes aux profils sociologiques et professionnels très
dissemblables. » Quelques-unes « appartenaient aux
milieux dirigeants de la ligue ». Deux personnalités
retiendraient plus particulièrement l'attention « par leur
présence dans les archives et dans les rubriques du
quotidien » : la marquise de Mac Mahon,
« oratrice de talent », fonda la Ligue royaliste des
dames ; quant à « l'énergique » Marthe
Daudet, alias Pampille, seconde épouse de Léon Daudet, elle devint en
1936 « la propagandiste en chef de l'Action française, tentant
alors de centraliser les différents services de propagande de la
ligue ».
Paradoxe apparent
« De telles destinées » apparaissent
« surprenantes » aux yeux de Camille
Cleret, qui les inscrit « dans le cadre d'une ligue [...]
affichant clairement un idéal de virilité ». De son point de
vue, la « singularité » du militantisme féminin
d'Action française reposerait, précisément, « sur la
discordance entre les objectifs réactionnaires de femmes viscéralement
attachées à la tradition et la modernité assumée de leurs activités
politiques ». S'agit-il vraiment d'un paradoxe ?
« Ferventes monarchistes, les ligueuses envisagent la
restauration tant attendue comme un vecteur de promotion de la
condition féminine visant à redonner aux femmes le rôle politique et
social que la Révolution leur avait injustement ôté. » Selon
Paul Bourget, il existait même « un féminisme de la
tradition », comme il existait « un féminisme de
l'anarchie » ! « Mme Pierre
Chardon, conférencière d'Action française dans les années 1930,
classait ainsi les femmes royalistes dans la mouvance féministe »,
relève Camille Cleret. « De plus, les militantes d'Action française
entretenaient des liens avec des organisations féministes modérées.
Suzanne Desternes, par exemple, était à la fois membre du comité
directeur de l'Union nationale pour le vote des femmes et conférencière
attitrée de l'Action française. » En conséquence,
« le modèle féminin promu par l'Action française était [...]
assez ambivalent pour être perçu de manière totalement contradictoire
par des observateurs extérieurs et par les femmes
elles-mêmes ». Ainsi Marie-Thérèse Moreau, présidente de la
section féminine des Jeunesses patriotes, refusa-t-elle d'adhérer à la
ligue « en raison de sa "mauvaise réputation
antiféministe" », tandis que « la journaliste Marthe
Borély s'en éloigna après la Première Guerre mondiale en raison des
opinions trop peu conservatrices à son goût de Charles Maurras sur
cette question ».
Le genre, déjà...
Tout cela témoigne, selon Camille Cleret, « de la
relation complexe entretenue par l'Action française avec les femmes et
la question du féminisme ». Relation qu'elle se risque
toutefois à simplifier ici ou là. Ainsi suggère-t-elle que
l'antisémitisme de quelque militante ou sympathisante l'aurait conduite
à « s'attribuer, par le discours racial, une position sociale
que son statut de femme lui interdirait normalement ». Par
ailleurs, en conclusion, l'auteur invite à « renverser le
mythe d'une féminité allergique à l'extrême droite et à la xénophobie,
mythe qui consiste à essentialiser une nature dite féminine associée à
la douceur mais également à la fragilité, à la faiblesse et donc à
transformer les femmes en éternelles victimes d'un système patriarcal
oppressif ». De telles hypothèses, en l'absence d'un
argumentaire nuancé, nous semblent formulées avec une
certaine légèreté.
Cela étant, cette étude prouve que certains débats ne datent
pas d'hier. « Les collaborateurs de l'Action française étaient
surtout obsédés par le risque de confusion des genres »,
affirme Camille Cleret, prenant Léon Daudet à témoin :
« la femme ne doit pas se faire le singe de
l'homme », avait-il prévenu. « La masculinisation de
la femme serait un fléau pour notre civilisation et pour elle-même. Car
elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu'elle se fasse
doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu'elle
voudra : mais qu'elle reste femme. » L'histoire ne
serait-elle qu'un éternel recommencement ?
Christine Bard, Bibia Pavard (dir.), Femmes
outsiders en politique, L'Harmattan, 202 pages, 21
euros.
Publié dans Action française, Féminisme & Genre, Histoire, Livres, Société | 3 Commentaires
5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
À la faveur du droit international, Paris convoite des
ressources maritimes situées au-delà de sa zone économique exclusive,
notamment dans l'Atlantique Nord, autour de Saint-Pierre-et-Miquelon.
La délimitation des frontières Amaritimes « est bien
l'un des enjeux du XXIe siècle », préviennent les
députés Jean-Claude Fruteau (PS), Paul Giacobbi, Annick Girardin et
Roger-Gérard Schwartzenberg (affiliés tous les trois au PRG). Dans une
proposition de résolution, dont l'Assemblée nationale devait discuter
en séance publique mardi dernier, 18 février 2014,
ils appellent « à la reconnaissance des droits légitimes de la
France sur le plateau continental de
Saint-Pierre-et-Miquelon ». Au risque de froisser Ottawa,
Paris en revendique l'extension, en application du droit international.
Montego Bay
Comme l'expliquent les parlementaires, la convention des
Nations unies sur le droit de la mer, signée à Montego Bay en 1982 et
ratifiée par la France en 1996, « a ouvert la possibilité pour
les États côtiers d'étendre leur juridiction sur les ressources se
trouvant sur son plateau continental, c'est-à-dire sur les fonds marins
et leur sous-sol, et ce, au-delà des deux cent milles marins constitués
par la zone économique exclusive de base ». En mai 2009, une
lettre d'intention a donc été déposée auprès de la Commission des
limites du plateau continental (CLPC), émanation de l'ONU.
« Depuis lors les éléments constitutifs de notre revendication
se sont renforcés », se réjouissent les députés. « En
juillet 2011, une campagne scientifique a été menée au large de
l'archipel par le navire le Suroit dans le cadre du grand programme
Extraplac, conduit par l'Ifremer, afin de préparer les dossiers de
revendication devant la CLPC. Les résultats scientifiques de cette
campagne sont probants et montrent que le plateau continental de
Saint-Pierre-et-Miquelon répond bien géologiquement aux critères
juridiquement exigés par le droit international pour permettre
l'extension d'un plateau continental au-delà de la limite des deux
cents milles marins. »
De quoi nourrir quelque espoir de revanche ?
« Saint-Pierre-et-Miquelon est la seule collectivité
d'outre-mer française située en Amérique du Nord, à vingt-cinq
kilomètres de Terre-Neuve au Canada », rappellent les
parlementaires. « Peuplé de 6 311 habitants,
Saint-Pierre-et-Miquelon a toujours vécu, depuis le XVIe siècle, de la
pêche jusqu'à ce que la diminution des ressources halieutiques et un
arbitrage désastreux intervenu en 1992 entre le Canada et notre pays,
arbitrage donc les conséquences nous furent particulièrement
défavorables – il fut vécu comme une injustice dans l'archipel –, aient
condamné ce petit territoire à ne plus pouvoir exploiter les richesses
de la mer, compromettant gravement sa survie économique et, à terme, la
pérennité même de la présence de nos compatriotes sur ces
îles. »
Parfum de revanche
« Aujourd'hui, une nouvelle chance est offerte à
Saint-Pierre-et-Miquelon et, plus largement, à notre pays »,
se félicitent Jean-Claude Fruteau, Paul Giacobbi, Annick Girardin et
Roger-Gérard Schwartzenberg. Le président de la République semble
décidé à la saisir. Le 24 juillet dernier, il avait promis que
« la France défendrait les intérêts de l'archipel concernant
l'extension du plateau continental au large de
Saint-Pierre-et-Miquelon ». « Le cap est donc
clairement fixé », se félicitent les députés. « Reste
à déposer concrètement ce dossier de revendication auprès de la CLPC,
ce qui incombe au gouvernement. » Affaire à suivre.
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24 février 2014
Évoquant la Collaboration mise en œuvre par le régime de
Vichy, Libération entretient la confusion
historique.
« Étape par étape, sous couvert de bonne volonté,
l'État se met au diapason de l'ensemble de la politique du
Reich : aryanisation des entreprises, obligation du port de
l'étoile jaune et déportation de
78 000 Juifs », rapporte
notre consœur Sophie Gindensperger. Or, si la police
française a participé à la distribution des étoiles jaunes en zone
occupée, ce fut en application d'une ordonnance allemande. En outre, comme
rappelé sur Wikipedia,
« l'étoile jaune n'a pas été portée en zone libre, même après
son envahissement, le 11 novembre 1942 ». Bien qu'il ait fait
« apposer le tampon "Juif" sur les papiers
d'identité », le maréchal Pétain « s'opposa au port
de l'étoile jaune en zone libre » : « Tant
que je serai vivant, je n'accepterai jamais que cette ignominie qu'est
l'étoile jaune soit appliquée en zone Sud », aurait-il déclaré
au grand rabbin Schwartz.
Le souvenir de l'Occupation est suffisamment douloureux pour
qu'on s'épargne de l'assombrir injustement.
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15 janvier 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Alors que les autorités s'apprêtent à célébrer l'amitié
franco-chinoise, nous avons interrogé une jeune femme qui l'éprouve au
quotidien depuis son arrivée à Paris.
La présence des Chinois est devenue familière en France, du
moins pour ceux d'entre nous vivant à Paris. Jing, la trentaine, y est
arrivée pour ses études voilà trois ans. Elle est originaire de
Tsingtao, une ville de la province du Shandong, construite par les
Allemands, célèbre pour sa bière exportée aux quatre coins du monde. À
sa naissance, nous raconte-t-elle, il n'y avait pas de télévision dans
les foyers, ni même de réfrigérateur - alors qu'aux États-Unis,
avait-elle découvert dans des films, chacun avait sa voiture.
« C'était incroyable », se souvient-elle. La Chine, à
l'époque, « c'était comme la Corée du Nord
actuellement », nous explique-t-elle.
Ouverture des portes
Dans les années soixante-dix, l'empire du Milieu a commencé à
ouvrir ses portes, nous rappelle-t-elle. Son développement économique,
qui s'accélère depuis lors, a franchi un nouveau cap dans les années
2000, à la faveur d'un « boom de la high tech ». La
France apparaît « très, très importante » aux yeux de
notre interlocutrice. Notamment dans la distribution.
« Carrefour est très présent en Chine », nous
précise-t-elle. L'influence mondiale de Pékin croît à la mesure de son
économie. D'un point de vue politique, « nous sommes de plus
en plus forts », observe Jing. Elle énonce ce constat avec
réalisme, mais sans orgueil, nous semble-t-il. Consciente des
inquiétudes suscitées par l'émergence de son pays, elle lui dénie toute
velléité impérialiste. « Nous ne sommes pas
belliqueux », se défend elle. La question du Tibet lui tient
particulièrement à cœur. Spontanément, elle s'insurge contre la
propagande à l'œuvre en France au profit du dalaï-lama. Quant à la
multiplication des interventions militaires en Afrique, elle traduirait
simplement la poursuite par Paris de ses propres intérêts. Visiblement,
les Chinois ne sont pas abusés par les discours lénifiants sur les
droits de l'homme.
Romantisme français
En Chine, nous dit-elle, « on pense que les Français
sont romantiques ». Qu'en est-il en réalité ?
« Cela dépend », nous répond-elle. « Les
Français aiment bien les fleurs » ; de plus,
« ils font beaucoup de bisous », observe-t-elle avec
enthousiasme. Paris demeure associé au luxe dans l'imaginaire chinois,
nourri par le souvenir de Louis XIV et le prestige de marques
telles que Dior et Chanel. Dans un autre registre, Michelin a lui aussi
la cote. Principale ombre au tableau : comparés aux Chinois,
« les Français ne sont pas travailleurs », remarque
notre interlocutrice ; pour preuve, « ils aiment beaucoup les
vacances » !
Reste un privilège réservé aux Français : la liberté.
Celle de surfer sur Youtube ou Facebook, notamment. La censure à
l'œuvre dans l'empire du Milieu ne lui semble plus vraiment tenable,
maintenant que l'Internet a envahi les foyers. D'ailleurs, à la
télévision chinoise, on annoncerait de plus en plus de mauvaises
nouvelles. « C'est le progrès », a-t-elle répondu à
une amie qui lui faisait part de ce constat. Cela étant, la Chine est
« un pays vraiment très grand », souligne-t-elle.
C'est pourquoi, à certains égards, la liberté serait
« vraiment un problème ». En fait, en dehors des plus
jeunes, les Chinois se montrent apparemment peu enclins à compliquer la
tâche du gouvernement, considérant que cela nuirait, en définitive, à
la prospérité du pays. Alors que nous l'invitions à s'exprimer sur la
tragédie de la place Tian'anmen – un sujet sur lequel les autorités
maintiennent le tabou en Chine -, notre interlocutrice se montre
nuancée. Tout en déplorant les souffrances infligées aux manifestants,
elle dit « comprendre » la nécessité de remédier au
désordre.
Étonnante humilité
Complaisance déplacée, magnanimité irréfléchie ?
Chacun jugera. Au fil de la conversation, nous avons relevé comme une
forme d'humilité, aux antipodes de l'individualisme revendicatif qui
nous caractérise, nous autres Français, prompts à réclamer les fruits
sans trop nous soucier de l'arbre nécessaire à leur production.
Comparant la situation de la Chine à celle de la Syrie ou de l'Irak,
par exemple, Jing considère que ses compatriotes ne sont pas à
plaindre. De toute façon, se demande-t-elle, quelle alternative y
aurait-il au gouvernement actuel ? Si le pouvoir devenait
vacant à Pékin, « ce serait la guerre »,
s'inquiète-t-elle. Sur le ton de la plaisanterie, nous lui proposons
d'échanger nos présidents. « Je ne veux pas
changer », proteste-t-elle. De fait, l'évocation de François
Hollande suscite chez elle une réaction récurrente : le
rire... Sans commentaire.
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