19 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Qu'est-ce que le genre ? Pourquoi cette notion
fait-elle débat ?
Telles sont les questions auxquelles prétend répondre ce livre
d'une centaine de pages. Dans l'esprit de ses auteurs, il s'agit de
remettre quelques pendules à l'heure : « il est faux
de laisser penser qu'il existerait une théorie du genre » –
autrement dit, « un corpus idéologique homogène » –,
explique Laure Berreni. Les "études de genre" n'en sont pas moins
inspirées par la conviction qu'il existerait « un rapport de
domination socialement construit des hommes sur les femmes ».
Manifestement, ces recherches se prêtent aux hypothèses les plus
hardies : « ce qui est particulièrement
frappant », dans les manuels controversés de SVT (sciences de
la vie et de la terre), remarque Laure Berreni, « c'est que la
naturalité de la dichotomie mâle-femelle n'est pas
ébranlée » ; quant à l'approche des masculinités de
Connell, rapporte Mathieu Trachman, elle soulignerait « le
caractère frictionnel d'une théorie qui partage l'humanité entre deux
groupes de sexe différent ».
Évoquant son caractère historiquement militant, Laure Berreni
soutient que « la recherche "féministe" n'est [...] pas moins
objective que la recherche mainstream »,
d'autant qu'« elle explicite ses présupposés politiques au
lieu de les masquer ». « En dénaturalisant la
différence des sexes », renchérit Éric Fassin, le "genre"
serait « désormais un outil scientifique, en même temps qu'une
arme politique, au service de la critique des normes ». Selon
lui, « il s'agit bien de savoir si cet ordre est fondé, une
fois pour toutes, par un principe transcendant ».
« Tel est in fine l'enjeu »,
conclut-il : « l'extension de la logique démocratique
au domaine sexuel ». Cette perspective est-elle censée nous
rassurer ? Selon Maurras, rappelons-le, « la
démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort ».
Sous la direction de Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le
Genre – Théories et controverses, Presses universitaires de
France, 112 pages, 8,50 euros.
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11 novembre 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Un énième rapport « relatif à la lutte contre les
stéréotypes » a été remis au gouvernement.
S'exprimant au nom du Haut Conseil à l'égalité entre les
femmes et les hommes (HCEFH), ses auteurs promeuvent « la
budgétisation sensible à l'égalité femmes-hommes, et en particulier le
mécanisme d'"éga-conditionnalité" des financements publics »,
en vertu duquel ceux-ci seraient subordonnés « au respect de
l'égalité femmes-hommes et à la lutte contre les stéréotypes de
sexe ».
« Les biens et services publics financés doivent
bénéficier de manière égale aux femmes et aux hommes »,
soutiennent les rapporteurs, qui donnent en exemple la ville de
Toulouse, dont la municipalité « s'est donné pour objectif
d'opérer un rééquilibrage de l'attribution des subventions en faveur
des associations sportives de femmes ». Selon eux, une telle
démarche devrait inspirer l'ensemble des politiques publiques.
Naturellement, la priorité est donnée à l'École : « à
court terme », les collectivités locales finançant l'achat de
manuels scolaires devraient veiller à ce que ceux-ci assurent, entre
autres, « la valorisation des femmes dans l'histoire des
savoirs ». L'enjeu serait « de faire coexister un
moyen terme entre le respect du principe constitutionnel de la liberté
d'expression [...] et le principe constitutionnel du respect de la
dignité de la personne humaine ». Vraisemblablement aux dépens
du premier de ces principes. « Hormis le début de
caractérisation du sexisme ordinaire en droit du travail »,
déplorent les rapporteurs, « les propos, "blagues", ou
comportements sexistes, ne sont pas visés en tant que tels par le
droit ».
« La budgétisation sensible à l'égalité femmes-hommes
ne constitue en aucune manière une remise en question de
l'universalisme républicain », se défendent-ils. De leur point
de vue, « tant que l'égalité n'est pas atteinte, et que les
réalités des femmes et des hommes sont différentes et inégalitaires,
alors les politiques publiques ne peuvent être neutres ».
Quant aux inquiétudes soulevées par la poursuite d'une pareille utopie,
elles sont balayées avec mépris : la hantise « de
l'indifférenciation des sexes et du risque du déséquilibre psychique et
social » ne serait qu'une « ritournelle
historique ». Vraiment ?
Ayatollah – Dans les années
quatre-vingt, Yvette Roudy, ministre des Droits des femmes, avait
proposé une législation « antisexiste » ouvrant la
voie à de nouvelles poursuites pénales, comme le rappelle le Haut
Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH) dans le
rapport présenté ci-dessus. Adopté en conseil des ministres, ce projet
de loi avait « provoqué chez les médias une réaction unanime
d'une rare violence ». Si bien qu'il ne fut jamais inscrit à
l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. « Les journaux
comparèrent Yvette Roudy à l'ayatollah Khomeny », rapporte le
HCEFH. Preuve que les temps ont changé, nos confrères de Valeurs
actuelles se sont exposés aux pires suspicions pour avoir
fait de même avec Najat Vallaud-Belkacem... Depuis 2004, souligne
d'ailleurs le HCEFH, « l'intégralité des dispositions de ce
projet de loi figure dans notre législation ».
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22 octobre 2014
« Qu'est-ce que le genre ? Pourquoi cette
notion fait-elle débat ? » Telles sont les questions
auxquelles prétend répondre, selon sa quatrième de couverture, un livre
d'une centaine de pages paru ce mois-ci (octobre 2014) aux Presses
universitaires de France (PUF).
Dans l'esprit de ses auteurs, il s'agit de remettre quelques
pendules à l'heure. « Il est faux de laisser penser qu'il
existerait une théorie du genre » – autrement dit,
« un corpus idéologique homogène » –,
explique Laure Berreni. « Ce qui relie entre elles les études
de genre », précise-t-elle, « c'est avant tout un
objet de recherche commun ». Parmi leurs « dimensions
analytiquement centrales » figureraient « l'adoption
d'une posture constructiviste », c'est-à-dire
« anti-essentialiste », mais aussi
« l'existence d’un rapport de pouvoir, d'une asymétrie, d'une
hiérarchie, entre les hommes et les femmes, le masculin et le
féminin ». Soutenant « l'idée d'un rapport de
domination socialement construit des hommes sur les femmes »,
Laure Berreni s'oppose à Mona Ouzouf ou Élisabeth Badineter, lesquelles
« défendaient l'exception française en matière de rapports
entre les sexes, selon elles marquée par une culture du "doux commerce
entre les sexes", et qui rendait soi-disant impossible, non seulement
linguistiquement mais aussi culturellement, l'importation des gender
studies prospérant dans les universités
américaines ».
Étonnamment, Anthony Favier « conteste l'idée d'une
réception seulement négative par le catholicisme des études féministes,
et de leur surgeon que constituent les études de genre ».
« Depuis l'été 2013 », nous dit-il, « le
champ des intellectuels mobilisés dans le catholicisme français pour
comprendre le genre change » ; « à la
première génération, marquée par l'intransigeance »
succéderaient « des intellectuels mieux outillés et plus
informés, qui abandonnent les outrances de
naguère » : « leurs écrits sophistiquent,
certes, la condamnation, mais concèdent qu'il existe un questionnement
pertinent en termes de genre ». Plus concrètement, une
distinction serait établie, y compris par les évêques français, entre
« études de genre universitaires appréciables d'un
côté » et « idéologie militante condamnable de
l'autre ».
Reste à démêler le bon grain de l'ivraie. Cela s'annonce
d'autant plus délicat qu'en la matière, la recherche universitaire
baigne dans la culture militante. Ce champ d'études « plonge
ses racines dans une longue tradition de recherches constituée dans le
sillage des mouvements féministes des années 1960 et 1970 »,
rappellent Laure Bereni et Mathieu Trachman. « Pour répondre
aux accusations de non-scientificité brandies par les adversaires des
études sur le genre, on peut puiser dans des travaux d'épistémologie
critique, féministes notamment », plaide Laure Berreni.
« Ces travaux ont dénoncé l'épistémologie scientiste, fondée
sur l'idée que les sujets de la connaissance sont capables de
s'abstraire du contexte social dans lequel ils s'inscrivent et des
rapports de pouvoir dans lesquels ils sont pris. Ils ont montré à quel
point la science "normale" est imprégnée de préjugés de genre et
contribue à reproduire l'ordre social inégalitaire. La recherche
"féministe" n'est donc pas moins objective que la recherche mainstream :
elle explicite ses présupposés politiques au lieu de les
masquer. » Ces travaux produiraient-ils leur propre
justification ? « En réalité », confirme
Éric Fassin « loin de contrevenir aux règles de la science,
les études de genre nous invitent à en expliciter les "point de vue" le
plus souvent implicites. » Quitte à contester les "vérités"
les mieux établies.
À cet égard, en dépit de la controverse suscitée par leur
publication, les quelques pages de trois manuels de SVT (sciences de la
vie et de la terre) inspirées par les "études de genre" s'avèrent bien
timides. « Ce qui est particulièrement frappant »,
remarque Laure Berreni, « puisqu'il s'agit de manuels de
biologie, c'est que la naturalité de la dichotomie mâle-femelle n'est
pas ébranlée ». « Dans le manuel Hachette, par
exemple, il est écrit que le "sexe biologique" est le "seul sexe bien
établi", et qu'il "nous identifie mâle ou femelle". D'une certaine
manière, ces manuels s'inscrivent dans un premier âge de la critique
féministe de la naturalité de la différence des sexes, qui considère la
vérité biologique du sexe (le fait qu'il y ait naturellement et
évidemment deux sexes et qu'on ne puisse pas être des deux ou d'aucun
des deux) comme un buttoir naturel. » Or, comme le rapporte
Michal Raz, présentant les travaux d'Anne Fausto-Sterling,
« l'existence des individus intersexués » aiderait
« à déconstruire cette frontière en révélant son arbitraire et
ses fondements sociaux et culturels ». De même, explique
Mathieu Trachman, « en mettant en avant les différences entre
hommes, l'approche des masculinités de Connell » soulignerait
« le caractère fictionnel d'une théorie qui partage
l'humanité entre deux groupes de sexe différent ».
En définitive, tel qu'il apparaît dépeint par ses promoteurs,
le "genre" se prête manifestement aux hypothèses les plus hardies. À
vrai dire, loin de dissiper notre méfiance à son égard, la lecture de
cet ouvrage l'a plutôt nourrie, quoi que l'humilité demeure de mise,
tant nous échappent les subtilités des débats universitaires.
« En dénaturalisant la différence des sexes »,
observe Éric Fassin, « ce concept est désormais un outil
scientifique, en même temps qu'une arme politique, au service de la
critique des normes ». Selon lui, « il s'agit bien de
savoir si cet ordre est fondé, une fois pour toutes, par un principe
transcendant – tel que Dieu, la Nature ou la Tradition – ou bien s'il
est défini de manière immanente – par "nous" qui habitons ce monde
aujourd'hui : les normes, les règles et les lois sont-elles
déterminées a priori ou négociées a posteriori ?
Tel est in fine l'enjeu : l'extension de la logique
démocratique au domaine sexuel. »
Avec quelles perspectives ? Les contributions réunies
ici font écho aux débats animant la communauté des chercheurs acquis au
"genre", mais elles ne nous ont pas semblé beaucoup ouvertes
au-delà. Or, quelles conséquences y aurait-il à verser dans le
"constructivisme sociétal" auquel nous invitent les "études de
genre" ? Telle est, plus ou moins confusément, la question qui
nous taraude, mais à laquelle ce petit livre n'apporte guère de réponse.
Sous la direction de Laure Bereni et Mathieu Trachman, Le
Genre – Théories et controverses, Presses universitaires de
France, collection "La Vie des idées", octobre 2014,
112 pages, 8,50 euros.
Ce petit livre réunit des contributions dont certaines sont
disponibles en
suivant ce lien vers La Vie des idées.
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17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
La délégation sénatoriale aux droits des femmes demande que
soient instrumentalisés les manuels scolaires afin d'encourager les élèves à
s'émanciper des représentations sexuées.
Quoi qu'il advienne des "ABCD de l'égalité", moult
responsables politiques semblent décidés à inculquer aux petits
Français les valeurs qui les avaient inspirés. Témoin de cette
obstination, le rapport d'information du socialiste Roland Courteau,
présenté au nom de la délégation aux droits des femmes du Sénat.
Celle-ci « a toujours considéré que c'est dès le plus jeune
âge que les stéréotypes doivent être appréhendés et
déconstruits ». C'est pourquoi elle s'est intéressée aux
manuels scolaires, souhaitant « prendre la mesure de
l'évolution des représentations sexuées transmises aujourd'hui à
l'école ».
Le poids des images
Avec une relative satisfaction, le rapporteur y observe
« l'émergence d'un masculin neutre, à l'image de l'évolution
des rapports de sexe dans le reste de la société ». Mais il
s'attache surtout à dénoncer « une permanence dans la
reproduction des stéréotypes de genre et des préjugés ». Sans
surprise, il constate « une association permanente entre le
féminin, la maternité, l'éducation et les soins aux enfants, les
activités ménagères ». Soulignant « à quel point les
stéréotypes se nichent dans l'iconographie », la délégation
demande, notamment, « que le ministère de l'Éducation
nationale mette à la disposition des éditeurs privés une banque de
ressources iconographiques publiques ». Elle suggère,
également, « que des experts, spécialistes des questions
d'égalité entre les hommes et les femmes, soient intégrés au sein des
groupes de travail pilotés par le CSP [Conseil supérieur des
programmes], afin de pouvoir systématiquement procéder à une relecture
spécifique des programmes ». À cet effet, est-il précisé,
« le respect du délai d'un an entre la publication des
programmes et leur entrée en vigueur est essentiel ».
Comment cette démarche se traduirait-elle
concrètement ? Dans un manuel de mathématiques, par exemple,
un exercice pourrait proposer « d'agréger des ustensiles de
cuisine et des outils mécaniques ». Aux yeux du rapporteur,
cela serait « bien plus efficace pour éveiller le regard
critique de l'enfant qu'une "leçon" sur l'orientation des filles et des
garçons ». De fait, « pour les élèves comme pour les
enseignants », l'objectif serait « d'ouvrir le regard et de
donner la possibilité de remettre en question l'ordre établi », au
motif que celui-ci serait injuste.
Façonner les esprits
« Être éducateur au XXIe siècle »,
soutient la délégation sénatoriale, « c'est permettre à chaque
enfant de se développer en fonction de ses potentialités sans être
assigné à son sexe ou à sa classe sociale ». Or, « de
la même manière que des manuels qui véhiculent des stéréotypes
contribuent à l'intériorisation des normes de genre », il lui
semble « évident que diversifier les modèles d'hommes et de
femmes, de filles et de garçons, encourage les enfants et les jeunes à
faire des choix basés sur leurs goûts et leurs aptitudes », ce qui leur
conférerait « une plus grande liberté ». En effet,
« les limites que crée l'intériorisation de l'assignation de
genre » seraient « un frein à un plein épanouissement
des filles et des garçons ». En résumé, « traquer les
stéréotypes de genre à l'école participe donc à la construction d'un
projet d'émancipation ». Autant le dire clairement :
« l'enjeu d'une éducation non stéréotypée, c'est de
transmettre plus de bonheur » – rien de moins !
Le terrain à la traîne
Reste à savoir dans quelle mesure cette conviction s'avère
partagée, voire mise en œuvre. « À l'heure
actuelle », regrette Roland Courteau, « la formation
des enseignants à la transmission des valeurs d'égalité et de respect
n'existe pas véritablement ». Plus précisément, « la
mise en place des écoles supérieures du professorat et de l'éducation
(ESPE) semble s'accompagner d'une régression de la formation sur ces
thématiques ». Selon lui, « la valeur "égalité" »
devrait « intégrer tous les concours de recrutement de l'Éducation
nationale ». Mais en pratique, explique-t-il « la
mobilisation des cadres de l'Éducation nationale dépend essentiellement
du niveau académique, rectorat par rectorat ». Dans ces
conditions, « un professionnel investi dans telle ou telle
académie peut impulser une dynamique positive, comme l'inverse,
hélas » – tout étant affaire de point de vue, cela va sans
dire. En résumé, si l'on en croit la délégation sénatoriale aux droits
des femmes, il y aurait « un décalage certain entre les bonnes
intentions affichées du ministère de l'Éducation nationale et la
réalité de terrain ». Enfin une bonne nouvelle ?
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17 juillet 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
L'abolition de la prostitution, en discussion au Parlement, se
traduira-t-elle dans les faits ?
Approuvée l'année dernière par l'Assemblée nationale, la
proposition de loi « renforçant la lutte contre le système
prostitutionnel » a été vidée de sa substance, mardi
8 juillet 2014, par une commission du Sénat. Auparavant, son
inspiration abolitionniste n'en avait pas moins été soutenue par la
délégation aux droits des femmes de la haute assemblée.
Posture morale
Celle-ci « conteste le "droit" qu'auraient les femmes
de se vendre et celui [...] qu'auraient les hommes de les
acheter », a expliqué Mme Brigitte Gonthier-Maurin,
auteur d'un rapport d'information rédigé en son nom. Robert Badinter
est apparu bien isolé, lui qui, lors d'une audition, « a fait
valoir que le droit pénal n'avait pas à intervenir dans le domaine des
pratiques sexuelles entre adultes consentants, qui constituait un
élément de la liberté individuelle ». « Il n'est pas
tolérable qu'un être humain achète les services sexuels d'un autre être
humain », a tranché Mme Gonthier-Maurin. À ses yeux,
la « valeur pédagogique de la loi est suffisamment importante
en soi pour justifier la mise en œuvre de la pénalisation du client en
France ».
Des ébats en public
Qu'en sera-t-il en pratique ? Parmi les prostituées
dites "traditionnelles", à l'image de celles, françaises, officiant
dans le deuxième arrondissement de Paris, toutes ne s'inquiètent pas du
processus législatif en cours. Leur activité n'est pas en cause, leur
auraient assuré les forces de l'ordre. Ce sont leurs collègues
étrangères qui seraient visées. Celles qui leur succèdent sur le
trottoir, une fois la nuit tombée, au grand dam des riverains,
indisposés par leurs discussions volubiles, et parfois confrontés à des
ébats sexuels sur leur pallier d'immeuble.
Autrement dit, agitée avec discernement, la menace pesant sur
les clients serait censée contribuer à préserver la tranquillité
publique. Tout comme l'existence du délit de racolage passif, bientôt
abrogé, donnait un prétexte aux policiers soucieux, le cas échéant, de
soustraire une femme à son proxénète le temps d'un interrogatoire, sans
nécessairement engager des poursuites à son encontre. À la faveur du
changement de majorité, l'idéalisme de la gauche s'est effectivement
substitué à la posture répressive de la droite. Mais dans un cas comme
dans l'autre, peut-être ne s'est-il jamais agi que d'un habillage...
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6 avril 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Respectivement écrivain et ingénieur, Anne Brassié et
Stéphanie Bignon expriment d'une plume commune leur hantise du
féminisme. Elles ont bien voulu nous présenter leur petit livre.
À la veille de sa démission, le gouvernement de Jean-Marc
Ayrault avait confirmé son engagement « dans la lutte pour
l'égalité entre les femmes et les hommes », poursuivant un
objectif demeuré apparemment consensuel, en dépit des polémiques sur le
"genre", ses "études" et sa "théorie". Ici ou là, cependant, quelques
voix discordantes se font entendre. « Cessez de nous
libérer ! », clament Stéphanie Bignon et Anne
Brassié, dans un petit livre paru en février dernier (2014).
« L'égalité est une tarte à la crème »,
écrivent-elles. « Elle n'existe pas. Nous sommes égaux devant
Dieu, mais sur la terre nous avons des fonctions distinctes à
assumer. »
Le droit au cocufiage
De leur point de vue, « nous sommes accablés de
mensonges sur la condition féminine ». Les "droits" dont on
nous raconte sans cesse la conquête n'en seraient pas vraiment...
« Croyez vous que le droit de vote soit un progrès ?
», nous demande Anne Brassié ; ce n'est jamais que
« le droit de se faire cocufier » ! Au Moyen
Âge, nous rappelle-t-elle, « la femme avait son héritage, elle
le gérait, et son mari n'avait rien à dire ». Mais en dépit
des mystifications républicaines, les inégalités salariales ne
sont-elles pas de flagrantes injustices ? « La vérité
oblige à dire que ces mêmes femmes » qui en seraient victimes
« choisissent des fonctions moins prenantes pour rentrer plus
tôt chez elles auprès de la petite famille qui les attend »,
répondent les auteurs. Stéphanie Bignon nous a rapporté en avoir
discuté avec ses collègues de travail. « Ne croyez-vous pas
que le salaire est ailleurs ? », leur a-t-elle
demandé. Hélas, regrette-t-elle, « notre société ne reconnaît
que la valeur financière ». Cela étant, les hommes ne
pourraient-ils pas passer eux-mêmes davantage de temps au
foyer ? « Il faut aussi apprendre aux chiens à ne pas
pisser dans un jardin », rétorque Anne Brassié. « Il
y a des choses qui se font depuis toute éternité qu'on ne change
pas », affirme-t-elle. « L'éducation n'est pas en
cause mais la chimie », est-il précisé dans le livre.
« En effet, la biologie est essentielle dans le déterminisme
du sexe. »
« Nous voulons défendre la liberté de chacune et
permettre la libre expression des vocations profondes »,
expliquent les auteurs. Or, celle des femmes peinerait à s'épanouir
aujourd'hui. À la différence d'Éric Zemmour, Stéphanie Bignon ne croit
pas que la société se soit "féminisée". « C'est
l'inverse », nous dit-elle. « Nous vivons dans un
monde uniquement masculin, tourné vers la performance, la vitesse, etc. »
Travaillant sur des chantiers sous-marins, elle revendique un rôle
protecteur à l'égard des ingénieurs qu'elle encadre - ses
« petits poussins », comme elle les
appelle –, veillant tout particulièrement à la sécurité.
« C'est cela être femme ! Je fais mon métier au-delà
de la nécessité de gagner de l'argent, pour protéger la mer et les
générations futures. »
L'Histoire planifiée ?
Enthousiaste, passionnée même, elle considère la société
actuelle avec une profonde indignation. « Les gens n'ont
jamais été aussi emprisonnés, aussi peu libres que sous cette
république décadente », déplore-t-elle. « On leur a
appris à ne pas vivre de leur travail. Voilà ce dont il faut nous
libérer ! Apprenons à faire sans l'État, refusons les
aides ! Si les agriculteurs avaient réagi ainsi il y a vingt
ans, l'agriculture n'en serait pas là... » Autrement dit,
« la libération ne se fera que par le travail de
chacun ». Plus précisément, c'est « à l'intérieur de
nous-mêmes » que la « reconquête » serait à
mener.
La foi irrigue chaque page de l'ouvrage. Elle inspire même le
regard porté sur l'Histoire, qui n'est pas sans rappeler celui d'un
Pierre Hillard, par exemple. « Ce n'est pas un hasard si on en
est arrivé là », écrivent Anne Brassié et Stéphanie Bignon,
fustigeant l'évolution des mœurs. « Certains se sont fixé un
tel objectif », affirme-t-elles. « Dans le rôle du
chef d'orchestre on trouve, au fil de l'histoire, des francs-maçons.
Systématiques dans leurs intentions, efficaces dans leurs actions, ils
ont tout annoncé clairement. » Leur motivation ?
« Jouir sans entrave », nous souffle Anne Brassié. En
effet, nous explique-t-elle, « vous ne pouvez pas jouir
librement d'une femme si elle ne prend pas la pilule, si elle ne peut
pas avorter ». En réaction, donc, « il nous faut
remettre Dieu dans la sphère publique », clament les auteurs.
« On nous dit souvent que la France a traversé des périodes
difficiles », poursuit Stéphanie Bignon. « C'est
vrai, mais la France a toujours été croyante. Sans retrouver Dieu, on
ne retrouvera pas de Jeanne, on ne retrouvera rien »,
prévient-elle.
Maurras en mer
« Je suis devenue royaliste en lisant Charles
Maurras, dont j'avais emporté les livres en mer », nous
a-t-elle raconté. « Ce faisant, j'ai pu découvrir tout un
univers. J'ai tiré les fils de la bobine... Je n'avais fait ni ma
confirmation, ni ma première communion. Grâce à Maurras, je suis
remontée à l'essentiel, c'est-à-dire notre religion catholique. Cela
m'est apparu aussi évident que le fait d'être royaliste. »
Quoique cela nous éloigne du "politique d'abord", les institutions sont
toujours en cause. « L'Ancien Régime et la République
fonctionnent différemment, l'un sur l'ordre naturel, la famille, le
pouvoir reçu de Dieu et le bien commun, l'autre sur les partis, les
luttes d'intérêts et le profit », soulignent les auteurs.
« L'un admet l'imperfection des choses de ce monde, l'autre
prétend à la perfection et nous impose une marche forcée ver l'utopie
égalitariste. » Fussent-ils agnostiques, c'est une analyse que
partageront vraisemblablement la plupart des esprits formés à l'école
d'Action française.
Stéphanie Bignon, Anne Brassié, Cessez de nous
libérer !, éditions Via Romana, 166 pages,
12 euros.
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9 mars 2014
Actarus et les femmes, épisode III. Où le prince
d'Euphor s'emporte contre la "théorie du genre" !
Le quatrième coffret DVD des aventures de Goldorak
fait la part belle à Vénusia. Dans les premiers épisodes (37, 38 et
39), sa promotion au rang d'héroïne fait l'objet d'une véritable mise
en scène. La jeune femme se montre d'autant plus frustrée d'être tenue
à l'écart des combats qu'elle a fait ses preuves, allant jusqu'à
suppléer Alcor aux commandes de son appareil.
Le prince d'Euphor n'en reste pas moins sourd à ses
suppliques. « Tu n'es qu'une gamine », lui lâche-t-il
dans la langue de Molière, avant de l'écarter avec brutalité.
« Lutter contre l'envahisseur n'est pas un travail de fille,
laissons cela aux garçons », lance-t-il à Rigel. « Je
ne cherche pas à minimiser les mérites de ta sœur », se
justifie-t-il auprès de Mizar. « Au contraire je la trouve
exceptionnelle », affirme-t-il. Cependant,
« une guerre n'est pas une partie de plaisir »,
explique-t-il. « C'est ce qu'il y a de pire au monde. C'est la
plus laide invention de l'homme. Mais puisqu'il la créée, l'homme doit
la faire, chacun à sa place. Tu vois cette herbe ? Elle
apparient à la terre qui l'a engendrée. Si tu l'arraches ou la changes
de place, elle meurt. Les êtres et les choses ne doivent pas changer de
place. Ta sœur est une femme et doit rester femme. Et je ne veux pas
qu'il lui arrive malheur. » Auparavant, Actarus s'était
inquiété de la voir « à son tour engagé dans cette
guerre » : « c'est moi qui vais trembler
pour elle maintenant », avait-il murmuré en son for intérieur.
« Elle a des capacité formidables, c'est peut-être à
cause de ton sang », lui fait-on remarquer (dans un épisode
précédent, Vénusia avait bénéficié d'une transfusion sanguine). Quoi
qu'il en soit, confronté à la menace croissante de Véga, Actarus se
résout finalement à l'accepter dans « la patrouille des trois
aigles ». Le professeur Procyon s'inquiète alors de la
réaction de Rigel - deux épisodes plus tôt, celui-ci s'était indigné
voir sa fille porter une jupe beaucoup trop courte à son goût...
« Je crains que vous ne donniez pas votre
autorisation », lui avoue-t-il. « Vous
plaisantez ! », lui rétorque Rigel. « Dieu
soit loué, j'ai engendré la Jeanne d'Arc de l'espace », se
félicite-t-il. Une allusion à l'histoire de France introduite par les
responsables de l'adaptation française, comme la plupart des dialogues
cités ci-dessus. Actarus apparaît manifestement un peu plus misogyne
que Daisuke, son homologue japonais.
NB - Découvrant à son tour l'identité réelle d'Actarus, Rigel
se dit vexé d'avoir été tenu à l'écart du secret, au point de menacer
de se faire hara-kiri. Illustration teintée
d'humour du sens de l'honneur cher aux Japonais.
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9 mars 2014
Un extrait de l'Émile mis en exergue à
l'instant par l'excellent Jean-Louis Bourlanges au micro de France
Culture.
En tout ce qui ne tient pas au sexe, la femme est
homme : elle a les mêmes organes, les mêmes besoins, les mêmes
facultés ; la machine est construite de la même manière, les
pièces en sont les mêmes, le jeu de l'une est celui de l'autre, la
figure est semblable ; et, sous quelque rapport qu'on les
considère, ils ne diffèrent entre eux que du plus au moins.
En tout ce qui tient au sexe, la femme et l'homme ont partout
des rapports et partout des différences : la difficulté de les
comparer vient de celle de déterminer dans la constitution de l'un et
de l'autre ce qui est du sexe et ce qui n'en est pas. Par l'anatomie
comparée, et même à la seule inspection, l'on trouve entre eux des
différences générales qui paraissent ne point tenir au sexe ;
elles y tiennent pourtant, mais par des liaisons que nous sommes hors
d'état d'apercevoir : nous ne savons jusqu'où ces liaisons
peuvent s'étendre ; la seule chose que nous savons avec
certitude est que tout ce qu'ils ont de commun est de l'espèce, et que
tout ce qu'ils ont de différent est du sexe. Sous ce double point de
vue, nous trouvons entre eux tant de rapports et tant d'oppositions,
que c'est peut-être une des merveilles de la nature d'avoir pu faire
deux êtres si semblables en les constituant si différemment.
Ces rapports et ces différences doivent influer sur le
moral ; cette conséquence est sensible, conforme à
l'expérience, et montre la vanité des disputes sur la préférence ou
l'égalité des sexes : comme si chacun des deux, allant aux
fins de la nature selon sa destination particulière, n'était pas plus
parfait en cela que s'il ressemblait davantage à l'autre ! En
ce qu'ils ont de commun ils sont égaux ; en ce qu'ils ont de
différent ils ne sont pas comparables.
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5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
L'Action française d'avant-guerre n'était pas fermée aux
femmes. Bien au contraire, certaines la rejoignaient précisément pour
combattre une République misogyne, comme l'explique le travail d'une
étudiante en histoire à l'IEP de Paris.
Tous les domaines se prêtent aux "études de genre" – y compris
l'histoire de l'Action française, susceptible d'illustrer le parcours
de « femmes outsiders en
politique », selon le titre d'un ouvrage paru l'été dernier
(en 2013). Camille Cleret y consacre un article à
« l'engagement féminin d'Action française ». Depuis
toujours, souligne-t-elle, « la signification politique de
l'engagement féminin d'Action française fut inévitablement contestée et
caricaturée » : « qualifiées alternativement
de "duchesses douairières", ou de "demoiselles à dot" », les
militantes d'AF « étaient systématiquement jugées avec mépris
par les adversaires de la ligue ». Or, « initialement
et officiellement cantonnées dans la sphère des activités charitables,
ces militantes surent se réapproprier le "politique d'abord", mot
d'ordre de l'Action française, afin d'acquérir un rôle et, pour
certaines d'entre elles, des responsabilités au sein de cette
formation ».
Ligue féminine
Les femmes désireuses de s'engager à l'Action française
étaient appelées à rejoindre une structure spécifique, l'Association
des dames et des jeunes filles royalistes, héritière d'une ligue
féminine indépendante, la Ligue royaliste des dames. « Née en
1904 de l'opposition aux mesures touchant alors les congrégations
religieuses », celle-ci « se distinguait cependant
d'autres formations féminines fondées dans le même contexte en raison
de la priorité conférée, dès ses origines, au combat politique sur le
combat religieux ». Cette préoccupation se traduisait dans
l'orientation donnée aux "œuvres sociales royalistes", qui occupaient
« une place prépondérante dans la vie de ces
femmes ». « Ventes et fêtes de charité, arbres de
Noël, distribution de layettes, de nourriture et de vêtements, colonies
de vacances : ces activités de bienfaisance mentionnées dans
les colonnes du quotidien s'inscrivent dans la lignée des œuvres de
charité pratiquées depuis des siècles par les femmes chrétiennes mais
impliquent toutefois une finalité politique clairement
assumée. » Témoin, l'ouverture d'un "restaurant de charité",
conçu, selon ses promoteurs, comme « un centre de propagande
ouverte ».
Des « efforts quotidiens » visaient à
« "semer" les différents journaux affiliées à l'Action
française » : « Telle ligueuse faisait lire
L'Action Française à son boulanger, une autre à son bijoutier, la
dentiste en faisait la promotion auprès de ses patients, et la modiste
auprès de ses clients. Ces femmes "papotaient", pour reprendre
l'expression d'Eugen Weber, mais elles papotaient avec détermination,
ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas occasionnellement de descendre
dans la rue pour manifester leur mécontentement. » Au
lendemain du 6 février 1934, notamment, « elles se
rendirent ainsi à l'école du Louvre pour interrompre une conférence
donnée par Mme Caillaux ».
Maurras adulé
Au-delà des structures officielles, « lectrices,
sympathisantes, correspondantes, admiratrices participaient à leur
manière au rayonnement de la ligue », rapporte Camille Cleret.
Ces femmes semblaient « unies par un même engouement – on
pourrait même parler de dévotion – envers la figure de Maurras, leur
"cher maître" » : « La correspondance de ce
dernier laisse clairement transparaître cette ferveur partagée par des
femmes aux profils sociologiques et professionnels très
dissemblables. » Quelques-unes « appartenaient aux
milieux dirigeants de la ligue ». Deux personnalités
retiendraient plus particulièrement l'attention « par leur
présence dans les archives et dans les rubriques du
quotidien » : la marquise de Mac Mahon,
« oratrice de talent », fonda la Ligue royaliste des
dames ; quant à « l'énergique » Marthe
Daudet, alias Pampille, seconde épouse de Léon Daudet, elle devint en
1936 « la propagandiste en chef de l'Action française, tentant
alors de centraliser les différents services de propagande de la
ligue ».
Paradoxe apparent
« De telles destinées » apparaissent
« surprenantes » aux yeux de Camille
Cleret, qui les inscrit « dans le cadre d'une ligue [...]
affichant clairement un idéal de virilité ». De son point de
vue, la « singularité » du militantisme féminin
d'Action française reposerait, précisément, « sur la
discordance entre les objectifs réactionnaires de femmes viscéralement
attachées à la tradition et la modernité assumée de leurs activités
politiques ». S'agit-il vraiment d'un paradoxe ?
« Ferventes monarchistes, les ligueuses envisagent la
restauration tant attendue comme un vecteur de promotion de la
condition féminine visant à redonner aux femmes le rôle politique et
social que la Révolution leur avait injustement ôté. » Selon
Paul Bourget, il existait même « un féminisme de la
tradition », comme il existait « un féminisme de
l'anarchie » ! « Mme Pierre
Chardon, conférencière d'Action française dans les années 1930,
classait ainsi les femmes royalistes dans la mouvance féministe »,
relève Camille Cleret. « De plus, les militantes d'Action française
entretenaient des liens avec des organisations féministes modérées.
Suzanne Desternes, par exemple, était à la fois membre du comité
directeur de l'Union nationale pour le vote des femmes et conférencière
attitrée de l'Action française. » En conséquence,
« le modèle féminin promu par l'Action française était [...]
assez ambivalent pour être perçu de manière totalement contradictoire
par des observateurs extérieurs et par les femmes
elles-mêmes ». Ainsi Marie-Thérèse Moreau, présidente de la
section féminine des Jeunesses patriotes, refusa-t-elle d'adhérer à la
ligue « en raison de sa "mauvaise réputation
antiféministe" », tandis que « la journaliste Marthe
Borély s'en éloigna après la Première Guerre mondiale en raison des
opinions trop peu conservatrices à son goût de Charles Maurras sur
cette question ».
Le genre, déjà...
Tout cela témoigne, selon Camille Cleret, « de la
relation complexe entretenue par l'Action française avec les femmes et
la question du féminisme ». Relation qu'elle se risque
toutefois à simplifier ici ou là. Ainsi suggère-t-elle que
l'antisémitisme de quelque militante ou sympathisante l'aurait conduite
à « s'attribuer, par le discours racial, une position sociale
que son statut de femme lui interdirait normalement ». Par
ailleurs, en conclusion, l'auteur invite à « renverser le
mythe d'une féminité allergique à l'extrême droite et à la xénophobie,
mythe qui consiste à essentialiser une nature dite féminine associée à
la douceur mais également à la fragilité, à la faiblesse et donc à
transformer les femmes en éternelles victimes d'un système patriarcal
oppressif ». De telles hypothèses, en l'absence d'un
argumentaire nuancé, nous semblent formulées avec une
certaine légèreté.
Cela étant, cette étude prouve que certains débats ne datent
pas d'hier. « Les collaborateurs de l'Action française étaient
surtout obsédés par le risque de confusion des genres »,
affirme Camille Cleret, prenant Léon Daudet à témoin :
« la femme ne doit pas se faire le singe de
l'homme », avait-il prévenu. « La masculinisation de
la femme serait un fléau pour notre civilisation et pour elle-même. Car
elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu'elle se fasse
doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu'elle
voudra : mais qu'elle reste femme. » L'histoire ne
serait-elle qu'un éternel recommencement ?
Christine Bard, Bibia Pavard (dir.), Femmes
outsiders en politique, L'Harmattan, 202 pages, 21
euros.
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19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand Najat Vallaud-Belkacem trahit ses idéaux.
Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre...
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et
porte-parole du gouvernement, a beau se gargariser des "études de
genre" à chacun de ses discours, elle se montre plus conservatrice en
famille.
Ses aveux, recueillis sur le plateau des Maternelles,
ont été diffusés sur France 5 lundi
9 décembre. « Je vois bien que ma petite fille est
plus naturellement attirée par les Barbie que par le camion de
pompiers », a-t-elle reconnu. En conséquence, a-t-elle
confessé, « je ne me prive pas de lui offrir une Barbie, mais
je lui raconte des histoires dans lesquelles Barbie sauve le
monde ». De façon à tempérer une inclination "naturelle",
donc. Nous qui croyions que tout était affaire de culture et autres
"stéréotypes"...
Dans vos histoires, Madame le ministre, Barbie se
balade-t-elle un flingue à la main ? À vrai dire, nous ne
connaissons qu'une seule de ses aventures, dont une petite fille nous a
demandé la lecture. On y découvre une princesse qui s'ignore. Un modèle
d'élégance. Excellente couturière, qui plus est ! Le récit
s'avère d'autant plus réactionnaire que Barbie, une jeune femme
altruiste, est appelée à renouer avec ses origines oubliées,
dissimulées par une usurpatrice. Ah, le poids de l'héritage !
D'une façon ou d'une autre, il se rappelle toujours à nous.
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