Solidarité avec Najat Vallaud-Belkacem

22 novembre 2013

Mis en cause en raison de ses origines marocaines, le porte parole du gouvernement est victime d'attaques déplacées, procédant d'une conception éminemment idéologique de la nationalité.

Mme Najat Vallaud-Belkacem est-elle la cible d'attaques racistes ? Nos confrères de L'Express le prétendent, rapportant ces propos qu'auraient lancés, à son intention, quelques militants de la Manif pour tous : « Puisque tu l'aimes tant que ça, le mariage pour tous, t'as qu'à le faire dans ton pays ! » Les faits sont  vraisemblables. Nous-même avons été témoin de conversations du même genre. Quitte à les désigner sous une étiquette infamante, cependant, plutôt conviendrait-il de parler de xénophobie. À vrai dire, étant donné son joli sourire - entre autres qualités – nous doutons que le canon porte-parole du gouvernement soit exposé à des quolibets comparables à ceux dirigés contre Mme Taubira.

Entre le Maroc et la France, cela va sans dire, Mme Vallaud-Belkacem devrait choisir. En cas de guerre, de toute façon, n'y serait-elle pas contrainte ? Cette rhétorique manichéenne nous rappelle les dilemmes auxquels nous confronte Pierre Palmade : « Tu préfères avoir des dents en bois ou une jambe en mousse ? [...] Une tête de veau ou deux bras de neuf mètres ? » Autant de questions que tout un chacun se pose tous les jours du matin au soir. En vérité, la suspicion à l'endroit des personnalités affublées d'une double nationalité participe d'un mépris des faits – comme si tout se résumait au droit. Le lien juridique unissant Mme Vallaud-Belkacem au Maroc en obnubile quelques-uns, mais que pèse-t-il comparé à trente ans d'enracinement hexagonal, conforté par un mariage et la naissance de deux enfants ? Il y a quelque chose de piquant à constater le peu de considération accordée aux attaches familiales par ceux-là même qui se targuent, précisément, de défendre "la" famille. Idéologie, quand tu nous tiens...

Qu'importe sa progéniture donc : en premier lieu, Najat Vallaud-Belkacem est priée de renier ses parents. C'est à cette condition, visiblement, qu'elle pourrait, peut-être, mériter sa place au gouvernement. L'assimilation à la nation procéderait non pas d'une histoire, personnelle et plus encore familiale, mais d'une abjuration. D'un acte de pure volonté. C'est à se demander si les réactionnaires ne sont pas les tenants les plus fanatiques du contrat social ! Or, à ce qu'il paraît, renoncer à la nationalité marocaine ne serait pas une sinécure. Cela dépendrait du bon vouloir du roi. Autrement dit, si les Franco-Marocains devaient être bannis du gouvernement français, François Hollande devrait solliciter l'avis de Mohamed VI pour désigner ses ministres. L'Europe n'étant pas en cause, les souverainistes pourraient s'en accommoder. Pas nous. Najat, on est avec toi ! Sauf quand tu joues les ayatollahs de la parité hommes-femmes, mais c'est une autre histoire 😉

Il n'y a point de famille dans le monde

24 octobre 2013

Quand Joseph de Maistre inspire la rhétorique d'un gouvernement socialiste.

Au plus fort des manifestations contre le "mariage pour tous", nous avions à l'esprit ces propos de Joseph de Maistre, selon lequel « il n'y a point d'homme dans le monde ». « J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes », écrivait-il dans ses Considérations sur la France. « Mais quant à l'homme », poursuivait-il, « je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe c'est bien à mon insu ».

Mme Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de la Famille, lui fait écho dans un entretien accordé au Figaro (16 octobre 2013) : « je ne suis pas dans la défense de la famille, mais dans la promotion des familles », a-t-elle déclaré à nos confrères. Habile réponse aux idéologues réactionnaires, aux yeux desquels il ne saurait exister de familles "homoparentales", ni même "recomposées" – comme si le divorce de vos parents faisait de vous un orphelin !

À trop verser dans l'abstraction, on sombre dans un perpétuel déni.

Malthus, mauvais génie du XXIe siècle

20 décembre 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Des Verts au FN en passant par le PS et l'UMP, le malthusianisme nourrit la plupart des discours politiques...

La Chine « est prête à abandonner la politique de l'enfant unique », a annoncé La Tribune le 28 novembre 2012. Selon notre confrère Nabil Bourassi, dans les régions les plus développées de l'empire du Milieu, les couples devraient être autorisés prochainement à accueillir un second enfant. Le malthusianisme s'en trouvera-t-il voué aux gémonies ? Loin s'en faut.

L'or noir intarissable

Au printemps 2009, on s'en souvient, Yves Cochet, alors député Vert de Paris, avait appelé à « la grève du troisième ventre », au motif qu'un enfant européen présenterait « un coût écologique comparable à six cent vingt trajets Paris-New York ». À la hantise du réchauffement climatique s'ajoute le spectre récurrent d'une raréfaction des ressources. L'expérience donne pourtant à réfléchir : annoncé à de multiples reprises, l'épuisement des réserves pétrolières n'en finit pas d'être reporté ; depuis quarante ans, comme le rappelait Georges Kaplan en juin dernier, « les réserves prouvées mondiales [...] ont largement plus que doublé » ; « il existe même aujourd'hui quelques projets très sérieux de pétrole de synthèse ». C'est dire combien le pessimisme s'avère de mauvais aloi. Pas plus que Maurras, nous ne croyons « à la grève du génie humain » !

Bien qu'ils en soient les chantres les plus éminents, les écologistes n'ont pas l'apanage du malthusianisme. Sous ses diverses déclinaisons, celui-ci façonne l'opinion publique en profondeur, inspirant la plupart des discours politiques. À commencer par celui des socialistes. Le Premier ministre l'a confirmé le 11 décembre, tandis qu'il fustigeait l'évasion fiscale de Gérard Depardieu : « on ne fera pas reculer la pauvreté si ceux qui ont le plus [...] n'acceptent pas un peu de solidarité et un peu de générosité », a-t-il déclaré. Ainsi la nation serait-elle promise au rationnement selon Jean-Marc Ayrault... La mise en place des trente-cinq heures a procédé d'un préjugé similaire, selon lequel nous serions condamnés à partager un nombre figé d'emplois. Traditionnellement, le Front national puise à la même source : ne juge-t-il pas « l'immigration professionnelle [...] particulièrement condamnable [...] alors que le chômage explose » ?

Démondialisation

Prônée, entre autres, par Arnaud Montebourg, la « démondialisation » transpose cette conception à l'échelle du Village global, où l'on s'imagine qu'un emploi créé en Chine serait nécessairement perdu en France. Or, si l'on en croit Alexandre Gazaniol, auteur d'une note publiée par la Fabrique de l'industrie, « l'internationalisation des entreprises a un effet positif sur leur chiffre d'affaires, leur innovation et leur emploi en France, et contribue donc au développement de l'activité industrielle française ». Bien qu'elles appellent peut-être quelque nuance, ces conclusions soulignent la complexité d'un débat esquivé par le néo-malthusianisme, dont les adeptes feignant de croire que l'économie est un jeu à somme nulle. N'ont-il jamais eu vent, par exemple, des "avantages comparatifs" mis en évidence par David Ricardo en 1817 ? « Il s'agit du meilleur exemple d'un principe économique indéniable mais contraire à l'intuition de personnes intelligentes », remarquent justement les contributeurs de Wikipedia.

L'UMP n'est pas en reste : il y a un an, Alain Moyne-Bressand, député de l'Isère, avait déposé une proposition de loi « visant à interdire la généralisation des caisses automatiques aux barrières de péages sur le réseau français autoroutier » ; selon les signataires de ce texte, parmi lesquels figuraient Lionel Luca, Christian Ménard, Jacques Myard, Éric Raoult, Christian Vanneste..., « en temps de crise [...] où le chômage atteint de tristes records, aucun emploi ne doit être supprimé ou minimisé ». C'est méconnaître le caractère dynamique de l'économie, où la « destruction », quoique parfois douloureuse, s'avère néanmoins « créatrice », comme l'écrivait Joseph Schumpeter. Les réactionnaires doivent-ils s'en offusquer ? Selon Maurras, en tout cas, « la vérité politique et sociale qui nous conduit n'a pas la forme du regret. Elle est plutôt désir, curiosité, solide espérance apportant les moyens de réaliser l'avenir avec une imperturbable sécurité. » Au passage, on rappellera que, dans son rapport sur la compétitivité, Louis Gallois a précisément déploré le faible niveau de robotisation de l'industrie nationale.

Qu'on le veuille ou non, il faudra compter avec le progrès matériel. Pour le meilleur ou pour le pire. « Tous ces changements que nous opérons dans l'économie de notre planète n'ont mené à rien jusqu'ici et rien ne permet d'admettre qu'ils conduisent jamais à rien », observait Maurras. Toutefois, poursuivait-il, « nous y travaillons parce qu'il est dans notre ordre d'y travailler ». « Animal industrieux », voilà, selon lui, « la définition première de l'homme ». Aussi les incantations lancées en faveur de la décroissance nous paraissent-elles tout aussi vaines que la tentative de normaliser l'homosexualité par l'institution d'un "mariage pour tous" : ce ne sont jamais que les expressions multiples d'un volontarisme voué à échec.

Du patriotisme à compte d'autrui

12 septembre 2012

Rebond sur l'"affaire" Bernard Arnault.

Le bannissement prôné par Libération suffira-t-il à punir pareille traîtrise ? On s'étonne que Marine Le Pen n'ait pas réclamé la guillotine. Bernard Arnault l'aurait pourtant méritée : ce type est plein aux as ! Aussi se trouve-t-il dans l'impossibilité de prêcher la générosité à compte d'autrui – l'apanage des patriotes.

Ceux-ci s'en donnent à cœur joie ces temps-ci. On se souvient du tollé qu'a provoqué le Syndicat des transports d'Île de France, après la conclusion d'un appel d'offres lancé pour la gestion d'un centre d'appel. Écarté au profit d'un concurrent opérant depuis l'étranger, la société Webhelp est aussitôt montée au créneau, « au nom de l'intérêt général », avec la bénédiction quasi unanime de la classe politique. Cela par la voix de son coprésident Frédéric Jousset, qui s'était jadis vanté de contribuer au développement de la francophonie... à la faveur des délocalisations. De fait, son entreprise est implantée en France, mais aussi en Roumanie, en Algérie et au Maroc. C'est donc un chantre typique du patriotisme économique.

De quoi s'agit-il, en effet, sinon d'instrumentaliser quelque hantise populaire aux dépens du bien commun ? Dans les méandres du tissu économique, distinguer l'intérêt national s'avère éminemment complexe. Prétendre y parvenir, voilà qui devrait nous sembler suspect. D'ailleurs, les charlatans qui s'y risquent se gardent bien d'évaluer le "coût d'opportunité" des mesures qu'ils préconisent. Or, protéger la sidérurgie nationale, par exemple, cela revient à pénaliser l'industrie automobile consommatrice d'acier. Dans ces conditions, comment l'État pourrait-il rendre un arbitrage légitime ?

À moins qu'une industrie menacée relève d'une capacité critique, aux applications militaires, mieux vaut promouvoir l'allocation optimale des ressources nationales, au bénéfice de la productivité du pays. Tel est le gage de sa prospérité à long terme, n'en déplaise aux inquisiteurs s'arrogeant le droit de sonder les cœurs, quitte à saper les fondements du patriotisme authentique qui, peut-être, y réside en secret.

NB – Quelques images valant mieux qu'un long discours, nous renvoyons nos lecteurs à l'illustration accompagnant ce billet, extraite d'un ouvrage de Daniel Tourre, Pulp libéralisme, éditions Tulys, avril 2012, 236 p., 34 euros (22 euros pour la version noir et blanc).

Les déboires de l'euro, symbole d'une République en faillite

26 janvier 2012

Chronique enregistrée pour RFR le lundi 23 janvier 2012.

L'année dernière, quelques prophètes avaient annoncé que l'euro ne survivrait pas à 2011 – c'était le cas, on s'en souvient, d'Emmanuel Todd. L'entrée dans la nouvelle année les a couverts de ridicule ! Bien sûr, le spectre d'un éclatement de l'Union économique et monétaire hante les esprits. Mais si l'on s'en tient au cours des devises, en dépit d'une inflexion récente à la baisse, force est de constater que l'euro inspire toujours confiance. Quant à nos auditeurs, je doute qu'aucun commerçant les ait jamais priés de régler leurs achats en or ou en dollars. Chacun peut donc le constater au quotidien : l'euro n'est pas en crise. Du moins, pas au sens strict.

D'ailleurs, la crise de la dette est loin d'affecter les seuls États partageant la monnaie unique, quoique celle-ci leur complique effectivement la tâche pour en sortir. Le redressement des comptes publics est devenu une préoccupation majeure au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Japon aussi. C'est dire la légèreté avec laquelle on attribue parfois à l'euro la responsabilité de tous nos malheurs.

En fait, les souverainistes me rappellent ces gens qui, au lieu de condamner les violeurs, incriminent leurs victimes, coupables de les avoir tentés en affichant leur féminité. Tu portais une mini-jupe ? C'est bien fait pour ta gueule ! Cool... On sait que les Grecs ont maquillé leurs comptes publics ; mais ils en sont tout excusés, puisque c'était pour coller aux critères de convergence du traité de Maastricht. Ils se sont trop endettés : c'est encore la faute de l'euro, puisque celui-ci leur a permis de le faire à moindre coût. Parallèlement, on nous explique que la France pâtirait non pas de l'ampleur de ses emprunts, mais de leur coût depuis qu'ils sont souscrits sur les marchés financiers. Bonjour la cohérence.

Tout cela me semble symptomatique d'une démarche idéologique. Évoquant l'"empirisme organisateur" cher à l'AF,  Maurras.net explique qu'il s'agit « de "voir les faits", de se laisser guider par eux, sans faire intervenir un vocabulaire sentimental. Rien ici n'est de l'ordre de la détestation, de l'indisposition, ou d'un mouvement de l'âme si cher aux politiques romantiques et, plus tard, aux démagogues électoraux qui y trouvent le moyen de remuer les foules d'électeurs ou d'émeutiers. » Présentant l'attitude de Maurras à l'égard des colonies, le site précise que celles-ci n'étaient jugées « ni bonnes ni mauvaises métaphysiquement ». En effet, « ce sont les conditions objectives de leur développement, de leur maintien, de leur profit pour la nation qu'il s'agit d'examiner ». Sans préjuger des conclusions, je pense qu'il faudrait faire de même avec l'euro. D'autant que s'en débarrasser, c'est autre chose que de ne pas l'avoir adopté...

J'en vois déjà certains sauter sur leur chaise comme des cabris en disant "souveraineté", "souveraineté". Mais cela ne recouvre rien de concret. Leur discours n'est que le paravent d'un idéalisme républicain, dont participe la dénonciation récurrente du "déficit démocratique". Par cette expression, on ne pointe pas la capacité des responsables politiques à décider ou non en toute indépendance, mais leur inclination à court-circuiter le Sénat et l'Assemblée par l'entremise des institutions européennes. Marine Le Pen n'a pas manqué de verser dans cette rhétorique : dans son projet présidentiel, elle se félicite de l'élection des eurodéputés au suffrage universel direct, et déplore que leurs pouvoirs n'aient pas été davantage accrus. C'est un comble ! En effet, des trois sommets constituant le "triangle institutionnel" de l'Union européenne, le Parlement est clairement le plus fédéral.

Parlons plutôt de puissance et d'indépendance, mais sans faire de celle-ci un absolu. Laisser sa voiture au garage, pour lui préférer le train, voire l'avion, c'est sacrifier un peu de son indépendance, mais cela n'en reste pas moins un choix souverain, motivé, vraisemblablement, par la volonté de s'ouvrir de nouveaux horizons. Quant à l'achat d'une voiture, cela va sans dire, il présenterait peu d'intérêt pour un individu qui ne serait pas en mesure de conduire. C'est pourquoi la perspective d'un retour au franc ne devrait susciter qu'un enthousiasme modéré. En effet, si l'État disposait à nouveau du levier monétaire, saurait-il l'actionner à bon escient ? Déplorant les dévaluations à répétition, Jacques Bainville en a jadis douté.

Quoi qu'il en soit, la question mérite d'être posée. D'autant qu'il ne faudrait pas prendre nos politiciens pour plus bêtes qu'ils ne sont. Ils savaient bien à quels impératifs devait nous soumettre l'adoption d'une monnaie unique. En l'occurrence, une stricte discipline budgétaire, ainsi qu'une grande flexibilité économique censée compenser les écarts de compétitivité. Or, depuis l'entrée en vigueur du traité de Maastricht, la France a fait voler en éclats le Pacte de stabilité, tout en rechignant à libéraliser davantage son économie.

Peut-être avons-nous échappé au pire, me direz-vous. La République n'en apparaît pas moins incapable d'assumer les conséquences de ses propres décisions, bonnes ou mauvaises. En cela, les déboires de l'euro sont le symbole d'une République en faillite. À l'approche de l'élection présidentielle, les royalistes seraient bien inspirés de le marteler.

Rendez-vous sur le site de RFR pour découvrir les autres interventions :

http://www.radio-royaliste.fr/

Autour du "politique d'abord"

15 septembre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

À la faveur de la crise, une formule chère à l'AF se trouve remise à l'honneur. À tort ou a raison ? Le débat est ouvert.

Commentant sur son blog un éditorial de Libération, où Nicolas Demorand appelait à « réarmer le pouvoir politique » contre l'influence des marchés financiers, Jean-Philippe Chauvin l'a jugé « maurrassien ». Lecteur d'une presse moins consensuelle, Aristide Leucate n'en retient pas moins des considérations du même ordre. Dans L'Action Française 2000 du 1er septembre, il a relevé cette citation d'un confrère vaudois : « C'est à l'État [...] qu'il appartient de cadrer (et non de régenter dans le détail) l'activité économique, pour s'assurer qu'elle reste au service du bien commun. » Suivait la reprise d'une formule chère à l'AF : « Politique d'abord ! »

Monétiser la dette

Ces propos feraient l'unanimité s'ils n'étaient éclairés par ceux de Marine Le Pen, pointant « notre dépendance de plus en plus forte vis-à-vis des marchés ». « Parce que c'est à eux exclusivement qu'on peut emprunter, parce qu'ils ont un monopole et qu'ils peuvent nous imposer leurs conditions, nous imposer des taux d'intérêt élevés », l'État devrait « reprendre le contrôle de la politique monétaire, de la politique budgétaire et de son financement », soutient l'égérie populiste. Celle-ci vise une réforme remontant à 1973, dénoncée sous le nom de « loi Rotschild » : allusion à la banque éponyme, employeur éphémère de Georges Pompidou, dont celui-ci est accusé d'avoir servi les intérêts devenu président de la République. Par cette loi, l'État avait renoncé à se financer directement auprès de la Banque de France ; depuis lors, il doit compter avec les taux du marché. Ce faisant, il entendait se prémunir des dérives inflationnistes.

Tandis que l'Occident peine à s'extraire de la spirale des déficits, peut-être la perspective de monétiser la dette mérite-t-elle d'être débattue. Mais en gardant à l'esprit qu'« il n'y a pas de repas gratuit », selon l'expression popularisée par Milton Friedman. Autrement dit, tout se paie d'une façon ou d'une autre. Or, le coût s'avère d'autant plus élevé que l'on s'entête à faire abstraction des forces à l'œuvre dans le système économique. « Ce qui ne peut pas être refuse d'être », martelait Charles Maurras dans La Politique naturelle. « Ce qui doit être, ce que produit l'antécédent qu'on a posé, suit le cours de sa conséquence », poursuivait-il, déplorant les méfaits des « volontés mirifiques » : « On annonçait l'abondance : il faut rogner la monnaie. Les salaires ont monté, mais les prix aussi ; il faut que les salaires montent encore : comment monteront-ils si l'on n'a plus d'argent pour les payer ? » Les proclamations selon lesquelles « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille », l'affirmation désinvolte que « l'intendance suivra », les gargarismes en faveur d'un « parti des politiques » sont autant d'incantations procédant d'une conviction morale : la politique apparaît plus noble que les activités économiques et financières, puisqu'on lui prête, à tort ou à raison, la seule ambition de servir le bien commun. De cela devrait découler une organisation sociale retranscrivant formellement cette hiérarchie : « politique d'abord », nous dit-on. Or, si l'on s'en tient à Maurras, « quand nous disons "politique d'abord", nous disons la politique la première, la première dans l'ordre du temps, nullement dans l'ordre de la dignité ». Ni dans celui du droit.

Volontarisme

Aussi la formule nous paraît-elle galvaudée. Et même dévoyée, étant donné qu'elle participe d'un volontarisme aux antipodes de l'empirisme cher à l'AF : on nous promet de reconstruire la société sur la base d'une abstraction, à la façon des révolutionnaires envisageant le découpage administratif de la France suivant des formes géométriques tracées au sommet de l'État. Dans ces conditions, comment s'étonner que soit survenue la crise des subprimes ? « La lune ! On n'a qu'à demander la lune », clamait Maurras. « Des mains dociles iront la cueillir dans le ciel », comme d'autres, responsables politiques en tête, ont annoncé aux ménages américains qu'ils pourraient se porter acquéreurs de leur logement quel que soit leur niveau de revenus. « Mais, peu à peu, les évidences se font jour. »

Justifiant la baisse d'un cran de la note souveraine des États-Unis, Standard & Poor's a invoqué « la profonde division politique » observée outre-Atlantique. Cela « mène à une impasse et a empêché un règlement réel du problème de la dérive budgétaire fédérale », selon Jean-Michel Six, le chef économiste Europe de l'agence de notation, interrogé par Les Échos. Sur le Vieux-Continent, les calculs politiciens nourrissent la cacophonie diplomatique, rendant d'autant plus hasardeux le rétablissement de la confiance. Preuve que, dans son acception maurrassienne, le "politique d'abord" demeure d'actualité. Ne nous y trompons pas : fustiger les agences de rating, les traders et autres spéculateurs, c'est témoigner d'une sollicitude déplacée à l'égard du personnel politique, que l'on dédouane de ses responsabilités par la désignation d'un bouc émissaire.

La France compte suffisamment de démagogues s'attaquant aux magnats du capitalisme, ennemis à bien des égards imaginaires, tant doit être relativisé le poids des individus et de leur cupidité dans le système financier. Derrière les fonds de pension, n'y a-t-il pas de modestes retraités ? Les royalistes ont mieux à faire que de noyer leurs voix parmi celles des néo-marxistes au discours convenu. Dans ce contexte, il leur appartient plutôt de dénoncer l'accumulation des déficits aux dépens des générations futures, une fiscalité rendue illisible par les atermoiements politiciens, l'interférence des calendriers électoraux dans les négociations internationales... Autrement dit, l'incurie républicaine – celle des institutions. Politique d'abord !

Critique du volontarisme

11 septembre 2011

Causeur a publié jeudi dernier, 8 septembre 2011, une contribution de Georges Kaplan que nous serions prêt à signer pratiquement sans réserve. Extrait.

« La question n'est pas de savoir si l'État peut ou ne peut pas légiférer, contrôler, inciter et contraindre ; ça n'a jamais été le problème. Le vrai problème, tel qu'il a toujours été, consiste à comprendre et à anticiper les conséquences des législations, des contrôles, des incitations et des contraintes. [...] Le discours politique, à de très rares exceptions près, ne restera jamais rien d'autre qu'une suite de mots mis bout à bout par un politicien qui cherche à nous vendre du rêve contre notre suffrage. Chaque politique volontariste est une nouvelle rustine destinée à colmater les fuites provoquées par les politiques volontaristes précédentes et qui provoquerons bientôt elle-même de nouvelles fuites que nous devrons à leur tout colmater avec de nouvelles politiques volontaristes. C'est le cycle sans fin d'autojustification de l'intervention publique qui déclenche des crises, les attribue au marché et recommence. N'en déplaise aux apôtres de la toute puissance de l'État, la réalité c'est le marché. Même en Union soviétique, le marché existait toujours et ses lois continuaient à s'imposer au planificateur. La raison en est très simple : c'est que le marché, voyez vous, c'est nous ; le marché c'est le produit de nos réflexions, de nos raisonnements et de nos actions. Tant que les êtres humains disposeront d'une volonté propre et seront disposés à coopérer pacifiquement entre eux, aucune politique, aussi volontariste et coordonnée soit-elle, ne pourra jamais réussir à s'affranchir de cette réalité. »

Royalisme ou populisme, il faut choisir !

26 mai 2011

Quatrième chronique pour RFR. Parmi les sujets abordés cette fois-ci : la prime sur les dividendes, le rôle de l'État et le populisme.

Selon les conclusions d'un sondage Viavoice-BPCE réalisé pour Les Échos et France info, 62 % des Français seraient favorables à la prime Sarkozy sur les dividendes. C'est désespérant, quoique très compréhensible.

On pourrait disserter des heures durant sur ce dispositif inepte, présenté hier en conseil des ministres. Selon le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2011, donc, les entreprises comptant plus de cinquante salariés seraient priées de verser une prime à leurs employés, dès lors que les dividendes attribués aux actionnaires augmenteraient par rapport à la moyenne des deux années précédentes. Vous suivez ? Dans le cas contraire, cela n'aurait rien d'étonnant : « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement »... et inversement !

Cette prime est censée contribuer au « partage de la valeur ajoutée » cher au chef de l'État. Comme si les dividendes et leur évolution étaient toujours à l'image des bénéfices. Or, c'est loin, très loin d'être le cas. Prenez la situation de Total, vilipendé pour se profits considérables : ses dividendes étant restés stables, il ne sera pas soumis à la prime Sarkozy. En revanche, le patron d'une PME qui ne se verserait aucun salaire devra négocier avec ses employés l'augmentation de sa rémunération, c'est un comble ! Tout cela n'a aucun sens : pourquoi les salariés seraient-ils plus ou moins avantagés selon que leur entreprise se finance sur les marchés, en mobilisant des actionnaires, ou bien auprès des banques, en souscrivant des prêts rémunérés par des intérêts ?

Les partenaires sociaux ne s'y sont pas trompés. De façon quasi unanime, patrons et syndicats ont dénoncé cette immixtion de l'État dans leurs négociations. Mais l'opinion publique demeure sensible aux slogans simplistes – du genre "pas de prime pour les actionnaires sans prime pour les salariés". Pour le président de la République, il s'agit, naturellement, d'exploiter quelques clichés néo-marxistes ancrés dans les esprits. À commencer par l'opposition systématique entre capital et travail.

On stigmatise volontiers ces actionnaires cupides, accusés de s'enrichir sur le dos des salariés. Qu'en est-il dans les faits ? « Il y a un an, la Bourse française était encore déprimée », rappelle Florin Aftalion, professeur émérite à l'Essec, dans un article publié par La Tribune. « En revanche », poursuit-il, « il y a dix ans, elle était en pleine forme. [...] Un portefeuille représentant l'indice constitué à ce moment-là et conservé depuis aurait aujourd'hui perdu 28 % de sa valeur initiale ; en incorporant les dividendes reçus, son rapport sur dix [ans] aurait été inférieur à 1 % par an ! En valeur réelle, compte tenu de l'inflation, il aurait perdu de l'argent. »

À certains égards, il apparaît donc injuste de jeter l'anathème sur les détenteurs des capitaux. Mais cela s'avère surtout stérile, et même contre-productif. Hélas, les politiciens ne s'en privent pas. Tels Nicolas Sarkozy, nous l'avons vu, mais aussi Marine Le Pen, avec, dans son cas, la bénédiction de certains royalistes. Incarné par une femme, l'homme providentiel leur apparaît soudain plus fréquentable... Mes camarades me pardonneront de les caricaturer – ils savent que je le fais en toute amitié. Cela dit, on s'étonne de les voir ainsi conquis par le virage jacobin du Front national. Sans doute cela s'inscrit-il dans la logique souverainiste : en s'accommodant de la « souverainété nationale » récusée par Maurras, on assimilait déjà, plus ou moins, l'État à la nation ; dorénavant, c'est également la nation qu'on assimile à l'État.

Dans le dernier numéro de L'Action Française 2000, Paul-Marie Coûteaux pointe l'influence des syndicats d'enseignants pour illustrer la perte de souveraineté de l'État. Ce faisant, il exclut implicitement de limiter celle-ci à quelques fonctions régaliennes, et se méprend sur les causes de l'impuissance publique. De toute façon, on n'œuvrera pas au retour du roi en entretenant la conception d'un État tentaculaire dont les monarchistes dénonçaient jadis les germes totalitaires.

Selon Maurras, « un État normal laisse agir, sous son sceptre et sous son épée [certes], la multitude des petites organisations spontanées, collectivités autonomes, qui étaient avant lui et qui ont chance de lui survivre, véritable substance immortelle de la nation ». En cela, je suis désolé de le dire, le maître de l'AF ne me semble pas opposé à certains libéraux. Je pense à Alain Madelin, auteur, par exemple, d'un plaidoyer pour la subsidiarité publié sur son blog lundi dernier. « Dans la grande société ouverte qui se dessine aujourd'hui », écrit-il, « les relations verticales d'hier sont largement remplacées par des liens horizontaux dans un grand chamboule-tout de la pyramide des pouvoirs ». La suite est plus intéressante : « On a longtemps cru que plus les choses devenaient complexes, plus elles devaient être dirigées d'en-haut. On sait maintenant qu'au contraire, il faut laisser la plus large autonomie aux éléments qui composent un système complexe pour permettre leur coordination. » Cela rend d'autant plus actuelle la conception "royaliste" de l'État... et d'autant plus regrettable son abandon pas ses promoteurs traditionnels.

Participant des déboires de l'État-providence, la crise de la dette souveraine fournirait un prétexte idéal à la dénonciation de l'incurie républicaine. L'Alliance royale le martèle à chacune de ses campagnes : « Un président est un chef de parti, qui pense à la prochaine élection  ; un roi est un chef d'État, qui pense à la prochaine génération. »  Dans ce contexte, cependant, la vulgate tend à dédouaner les politiques de leurs responsabilités, puisque ceux-ci sont soumis, paraît-il, à la toute-puissance des marchés.

Tandis que monte la grogne populaire, « il appartient à l'Action française non seulement d'accompagner ce mouvement mais aussi et surtout de l'éclairer » C'est, en tout cas, ce que clamait François Marcilhac le 8 mai dernier, dans son discours prononcé à l'occasion de la fête de Jeanne d'Arc. Nous sommes d'accord ! Reste qu'à cet effet, les royalistes devraient plutôt se méfier des sirènes populistes. Appeler au primat du politique sur l'économique, c'est exprimer des valeurs, mais non donner un cap à l'action publique – sauf à revendiquer également le primat de l'État sur les entreprises en lançant un vaste programme de nationalisations.

En son temps, le maître de l'Action française pouvait établir le constat selon lequel « l'économie industrielle ne joue point dans le vaste cadre de la planète ». Manifestement, les circonstances ont changé, et cela s'avère pour le moins déstabilisant. Peut-être cette évolution explique-t-elle la tentation d'enfoncer des portes ouvertes par d'autres, ou celle de se réfugier dans un dédain romantique de l'économie... Il nous appartient pourtant d'en tirer les conséquences. Le défi qui nous est lancé s'annonce passionnant à relever ! Mais peut-être préférera-t-on rester en marge de l'histoire ?

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Intoxication écologiste

22 mai 2011

Les hippies ont-ils colonisé l'AF ? On se le demande à la lecture d'un billet inscrivant quelque mouvance écologiste dans la continuité de l'école maurrassienne.

Voyez plutôt : chercher « à établir des lois pour l'organisation des sociétés humaines en s'inspirant et en s'instruisant de l'observation scrupuleuse des lois de la biosphère » ne serait pas « sans rappeler à quelques égards » l'"emprisime organisateur" cher à Maurras. Lequel résumait sa méthode à « l'examen des faits sociaux naturels et l'analyse de l'histoire politique ». Que l'on place l'homme ou la terre cœur de ses préoccupations, c'est du pareil au même, cela va sans dire !

Mais il y a plus osé encore : « mettre fin à la colonisation multiforme [...] du monde par la civilisation industrielle » relèverait d'un « appel à la "politique naturelle" ». Le pauvre Maurras doit se retourner dans sa tombe ! À ses yeux, n'en déplaise à ses curieux héritiers, il n'était « rien de plus magnifique » que « l'occupation des espaces par la société humaine et leur réduction à ses lois ». Rien d'étonnant à cela, puisque sa démarche consistait, nous semble-t-il, à prendre acte de la nature humaine, pour en assumer délibérément les conséquences, à l'opposé d'un individualisme volontariste. Une nature dont participe au premier chef un caractère industrieux – ce serait même « la définition première de l'homme » selon le Martégal.

On concédera aux écolos que « tous ces changements que nous opérons dans l'économie de notre planète n'ont mené à rien jusqu'ici et [que] rien ne permet d'admettre qu'ils conduisent jamais à rien ». Mais « nous y travaillons parce qu'il est dans notre ordre d'y travailler » – un point c'est tout.

C'est donc tout le contraire d'une "politique naturelle" qui nous est proposé ici. Il n'est d'ailleurs pas exclu que l'AF renie ses propres principes en récusant plus ou moins l'économie, l'industrie et la technique... « La vérité politique et sociale qui nous conduit n'a pas la forme du regret », disait encore Maurras. « Elle est plutôt désir, curiosité, solide espérance apportant les moyens de réaliser l'avenir avec une imperturbable sécurité. »

Cela étant, à l'époque où il écrivait, le maître de l'Action française pouvait encore établir le constat selon lequel « l'économie industrielle ne joue point dans le vaste cadre de la planète ». Preuve que le monde a changé et qu'on ne saurait se contenter de boire ses paroles.

1 500 milliards de dette ? On s'en fiche !

23 février 2011

Réagissant à des propositions, sinon radicales, du moins provocatrices, le blog de l'Action française a traité avec désinvolture le remboursement de la dette publique. C'est l'occasion d'insuffler un peu de polémique dans le microcosme royaliste ! 😉

Michel de Poncins n'est pas le meilleur inspirateur de l'Action française. Faute de le connaître suffisamment, nous nous garderons de prendre sa défense. En revanche, nous discuterons avec ses détracteurs, qui l'ont affublé de l'étiquette infamante d'« ultra-libéral ». Un qualificatif impossible à définir, mais qui fait recette dans un pays où le désintérêt pour l'économie est manifeste.

En la matière, les royalistes se complaisent dans un  conformisme peu responsable. D'ailleurs, bien qu'ils prétendent avoir pénétré « le subconscient de Nicolas Sarkozy », ils entretiennent, par leur dédain des questions financières, les poncifs sur lesquels celui-ci surfe à l'envie. Témoin, dernièrement, la stigmatisation de la « spéculation » : le chef de l'État a pu l'accuser d'avoir provoqué les émeutes de la faim sans craindre de déclencher l'hilarité générale, c'est dire la crédulité de l'opinion publique ! Ce faisant, donc, nos camarades confortent les préjugés, ici fondés, selon lesquels ils n'auraient pas les pieds sur terre, tout en négligeant la « défense de l'héritage ». C'est d'autant plus regrettable que la dette abyssale contractée par la République leur fournirait une illustration flagrante de l'incurie d'un régime condamné au sauve-qui-peut.

En effet, c'est de la dette qu'il s'agit, Michel de Poncins ayant avancé l'idée saugrenue de financer son remboursement par la dilapidation du patrimoine public. « La dette l'empêche de dormir » commente, avec ironie, le blog de l'AF. « Grand bien lui fasse ! » L'enjeu est certes anecdotique : la charge de la dette, c'est-à-dire le remboursement des seuls intérêts, ne représente encore que le deuxième poste budgétaire de l'État ; en outre, étant donné l'ampleur des déficits accumulés en Europe, au Japon et aux États-Unis, c'est, tout au plus, l'économie de la planète entière qui se trouve menacée. Pourquoi s'inquiéter ? On n'est même plus en mesure d'assurer que nos enfants paieront !

Dans ces conditions, « satisfaire la finance internationale », comme disent nos petits camarades, cela consiste à tempérer la pression des (nouveaux) créanciers, voire à s'en émanciper peu à peu – autrement dit, conférer à l'État quelque marge de manœuvre. N'est-ce pas l'objectif qu'ils prétendent plus ou moins assigner à la puissance publique – dont ils défendaient traditionnellement l'indépendance –, tout en réprouvant les moyens d'y parvenir ? Peut-être nous objecteront-ils une alternative, agitant l'exemple du quantitative easing américain, à moins d'appeler carrément à la banqueroute, dans l'espoir qu'un monde meilleur émergera du chaos... Ce ne sera jamais que le paravent d'une revendication portant sur des valeurs, suivant l'échelle desquelles le patrimoine mérite – naturellement ! – une considération tout autre que des titres obligataires. Reste qu'en transposant sur le plan politique une hiérarchie somme toute morale, on se fourvoie dans le romantisme... Que reste-t-il du "politique d'abord" dans notre vieille maison ?