19 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Libye, Liban, Afghanistan... Le chef d'état-major des armées
commente les opérations extérieures de la France (Opex).
Lors d'une audition devant une commission de l'Assemblée
nationale, le mercredi 5 octobre 2011, dans le cadre du projet
de loi de finances pour 2012, l'amiral Édouard Guillaud, chef
d'état-major des armées (CEMA), s'est livré à un tour d'horizon des
opérations extérieures.
« L'Europe désarme quand le monde réarme »,
a-t-il martelé en préambule. « Si elle devait se confirmer,
voire s'amplifier, cette tendance serait lourde de conséquences pour
notre avenir comme puissance capable de peser sur les affaires du
monde. » Placée en « hibernation »,
l'"Europe de la défense" ne doit pas faire miroiter de faux espoirs...
Provocations au Liban
Cela nuance l'enthousiasme suscité par l'année écoulée. Selon
l'amiral Guillaud, en effet, « peu de pays auraient été
capables et auraient eu la volonté de faire ce que nous avons fait
[...] en Libye, en Côte d'ivoire, sur le territoire national, ainsi
qu'au Japon, où nous sommes intervenus lors du tsunami en envoyant des
avions de transport stratégique pour évacuer nos compatriotes vers la
Corée du Sud ».
L'engagement au Liban demeurerait « le plus délicat
de nos forces », en raison d'une liberté d'action difficile à
garantir. « Il arrive aujourd'hui qu'un maire décide que l'on
ne peut plus traverser son village », a déploré le CEMA.
« Nos soldats – le troisième contingent sur place après ceux
de l'Italie et de l'Indonésie – sont régulièrement menacés
d'humiliation. La semaine dernière, un véhicule espagnol ayant dépassé
de 500 mètres la zone de la FINUL a immédiatement été encerclé
par des 4x4 aux vitres fumées ; des civils en armes en sont
sortis et ont volé aux soldats leurs papiers, leurs cartes, leurs
radios... Effets qui leur ont été rendus cependant le
lendemain. » Cela mettrait nos soldats sous pression, une
telle situation étant « insupportable, pour un grenadier
voltigeur comme pour un général ». Aussi l'amiral juge-t-il
« urgent que l'ONU révise le concept stratégique de la
présence des casques bleus au Liban ».
Évoquant l'Afghanistan, le CEMA a affiché l'optimisme que
requiert sa fonction. « Dix ans après le début de notre
intervention, est venu le temps du transfert des responsabilités de
sécurité à l'armée nationale afghane », a-t-il rappelé.
« Il y a cinq ans, on ne comptait que 30 000 soldats
et policiers afghans. Ils sont aujourd'hui 300 000. »
Des chiffres censés illustrer « la réalité et le succès, dans
le domaine militaire, des opérations de l'OTAN ». D'autant
qu'« il n'a jamais été question de battre les insurgés "à
l'ancienne" ni de transformer l'Afghanistan en havre de
paix ». Le taux de désertion dans l'armée afghane aurait
considérablement diminué : « Il était de l'ordre d'un
tiers, par mois, il y cinq ou six ans ; il est maintenant
inférieur à 10 % et tend à descendre vers
5 %. » Cela grâce au doublement des soldes :
« La coalition a payé les hommes à peu près comme les payaient
les Talibans, voire un peu plus. » Aussi les questions se
posant pour l'avenir portent-elle notamment « sur la
soutenabilité financière du budget de la défense afghan, en particulier
le paiement des soldes de 300 000 policiers et militaires –
chiffre qui se situe dans la norme compte tenu de la taille du
pays ».
En tout cas, « nous avons, pour l'essentiel, rempli
notre part de la feuille de route internationale », soutient
l'amiral Guillaud. « Pour notre part, nous basculons
progressivement des missions de contrôle de zone vers des missions
d'appui et de soutien des forces afghanes. Ce qui a pour conséquences
de réorganiser nos forces – nous n'aurons plus besoin des mêmes
spécialistes – et de réduire notre vulnérabilité – nous n'irons plus
dans les fonds de vallée. » À l'approche de l'élection
présidentielle, cela tombe à pic...
19 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Nouvelles mises en cause en provenance de Bruxelles.
Un avertissement a été lancé par Bruxelles le
29 septembre : « les États membres doivent
d'urgence s'employer avec plus de vigueur à transposer la
réglementation européenne », prévient la Commission.
Tandis que la Belgique décroche le bonnet d'âne, la France se
distingue par le retard avec lequel elle se conformerait aux arrêts de
la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) : il faudrait
compter deux ans en moyenne, contre dix-sept mois dans l'ensemble de
l'UE
Dernièrement, Paris a été prié : de garantir
l'ouverture à la concurrence du tunnel sous la Manche ; de
réduire les contrainte administratives pesant sur les PME ; de
se conformer aux règles communautaires applicables aux pratiques
commerciales déloyales ; d'assurer une attribution
« non discriminatoire » des fréquences de
télédiffusion numérique ; et de respecter la directive TVA
pour les bateaux. Dans cette "moisson de remontrances", la France est
visée par une "mise en demeure", trois "avis motivés" et une traduction
devant la CJUE.
6 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Se démarquant des chantres de la "diversité", le Haut Conseil
à l'intégration pointe les tensions suscitées dans l'entreprise par les
revendications religieuses. En réponse, il invoque la sacro-sainte
laïcité.
Après avoir agité l'école, les services publics et les
crèches, la laïcité suscite le débat dans l'entreprise. « Le
paysage a bien changé », observe Jean-Christophe Sciberras,
président de l'Association nationale des directeurs des ressources
humaines (DRH). Selon lui, « la revendication religieuse se
fait plus forte, en raison notamment du recours à une main d'œuvre
immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années
soixante ». Les chantiers du bâtiment constitueraient un cas
emblématique : « on y observe le plus souvent des
équipes constituées par communautés d'appartenance et par affinités
religieuses », rapporte le Haut Conseil à l'intégration (HCI).
Dans un avis publié le mois dernier, celui-ci ne craint pas d'aborder
un sujet « tabou et politiquement incorrect ».
D'autant qu'il aurait « toujours considéré la question de la
laïcité comme intrinsèquement liée à celle de l'intégration des
personnes d'origine étrangère ».
Problèmes concrets
Le service de repas halal, l'aménagement
des horaires en vue des prières et l'octroi de congés pour les fêtes
religieuses seraient gérés « avec assez de
souplesse » dans les grandes entreprises. En revanche, le port
de signes religieux, l'ouverture de salles de prière et les relations
hommes-femmes seraient plus délicats à traiter. La légalité s'en
trouverait bafouée : « Ainsi, tel restaurant ne
possède pas de vestiaire pour femmes parce que son patron n'envisage
pas d'en embaucher. [Dans] un salon de coiffure strictement réservé aux
femmes, l'inspecteur du travail ne peut entrer pour effectuer un
contrôle parce que son intervention troublerait leur
intimité. »
Deux types de restrictions de l'expression religieuse peuvent
être inscrites dans le règlement intérieur des entreprises :
elles portent, d'une part, sur les impératifs de sécurité, d'hygiène et
de santé et, d'autre part, sur la tâche du salarié définie dans son
contrat de travail. « La jurisprudence du "boucher de Mayotte"
(arrêt de la Cour de cassation, mars 1998) est claire sur ce
point : un salarié boucher de confession islamique demandait,
après deux ans de travail, de ne plus avoir à traiter de viande de
porc ; l'employeur refuse ; le salarié cesse son
travail et invoque un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais
le juge estime que "l'employeur ne commet aucune faute en demandant au
salarié d'exécuter la tâche pour laquelle il a été
embauché". » Par ailleurs, « le juge français a
évoqué au cours de plusieurs affaires la relation avec la clientèle
pour justifier la restriction du port du foulard par des femmes
musulmanes. Ainsi, la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion (1997)
a admis le licenciement pour cause réelle et sérieuse d'une salariée de
confession islamique qui refusait d'adopter la tenue conforme à l'image
de marque de l'entreprise. »
Tandis que la loi leur interdit de répertorier la religion de
leurs employés, patrons et DRH risquent des poursuites judiciaires
quand ils refusent de céder à certaines revendications. En effet,
« certains seront tentés de lire toute limitation de
l'expression religieuse [...] comme une discrimination religieuse,
quand bien même cette restriction serait proportionnée et
justifiée ». À ce titre, déplore le HCI, « la Halde a
participé de cette évolution qui par certains aspects ne favorise guère
l'apaisement entre salariés et entre employeur et salariés ».
Sentiment d'injustice
En outre, des accommodements peuvent être perçus comme des
privilèges accordés à une minorité : « Si certains
sont exemptés de travail le vendredi ou le samedi, serait-ce à dire que
d'autres doivent impérativement les remplacer ces jours-là ?
Si certains ont des horaires aménagés, pourquoi alors le refuser à
d'autres dont les raisons ne seraient pas religieuses mais familiales
par exemple ? » Souhaitant palier l'absence de
réponses claires et homogènes, le HCI soutient « la mise en
œuvre d'un dispositif à la fois législatif et règlementaire ».
Aujourd'hui, ces questions seraient traitées au plus près du terrain.
Selon le HCI, il conviendrait de promouvoir explicitement « la
neutralité religieuse », de façon à « favoriser la
qualité du lien social dans l'entreprise ». Concrètement, cela
supposerait la révision des règlement intérieurs, et l'organisation de
séminaires où serait diffusée la bonne parole républicaine.
« La laïcité est le moyen de faire coexister
pacifiquement dans un espace commun une pluralité de
convictions », martèle le HCI. C'est ignorer la violence des
inventaires, et négliger les instrumentalisations auxquelles se prête
un principe ambigu. C'est en son nom qu'on tente, parfois, d'étouffer
des traditions façonnées par le christianisme – en allant jusqu'à
réclamer que les sapins soient retirés des écoles à l'approche de de
Noël ! Mais n'est-ce pas en son nom, également, que le Front
national dénonce désormais l'immigration ? « En
dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la
laïcité », assure Élisabeth Badinter, dans un entretien
accordé au Monde des religions. Le
22 septembre, deux condamnations ont été prononcées par le
tribunal de Police de Meaux en application de la loi du
11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans
l'espace public. Or, si l'on en croit l'enquête du Guardian,
cela ne devrait rien changer au comportement des femmes incriminées. À
moins qu'elles renoncent définitivement à sortir de chez elles,
confrontées à des injures dont la violence irait croissant. Curieuse
façon d'œuvrer à la concorde sociale.
6 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Tandis que plane le spectre d'une délocalisation des activités
de recherche et développement (R&D), le crédit impôt recherche
(CIR) confirme son succès.
La France décroche dans la course à l'innovation mondiale,
rapportent Les Échos. Selon une étude
publiée jeudi dernier, 27 septembre, par la Business Software
Alliance, elle a perdu quatre places au classement mondial de la
compétitivité dans les technologies de l'information. Les
infrastructures ne seraient pas en cause. Quant à l'environnement
légal, il s'améliorerait « avec des avancées dans le domaine
de la signature électronique, de la confidentialité des données et de
la législation sur la cybercriminalité ». En revanche,
soulignent nos confrères, la France accuse un certain retard
« au niveau des investissements en R&D, mais aussi du
capital humain » : alors que dix mille créations d'emploi sont
annoncées cette année dans l'informatique par le Syntec Numérique, les
entreprises craignent de ne pouvoir subvenir à leurs besoins en main
d'œuvre.
Des effectifs en hausse
C'est une inquiétude récurrente, dont Philippe Adnot, sénateur
non inscrit de l'Aube, s'était fait l'écho dans un rapport présenté
l'année dernière. Cela étant, au regard des effectifs alloués, les
activités de recherche et développement auraient régulièrement augmenté
entre 2000 et 2008. En la matière, « il n'existe pas de
mouvement global de délocalisation », soutient le
parlementaire. Sur la même période, les entreprises n'en auraient pas
moins accru leur présence à l'étranger, où le nombre de centres
français de R&D aurait augmenté de 20 %. Ce phénomène
résulterait, pour partie, des héritages consécutifs à des
fusions-acquisitions. Mais aussi de la volonté de s'adapter aux
spécificités locales, voire d'optimiser les ressources à l'échelle
mondiale : « Cette vision [...], relativement
ancienne dans le secteur des télécoms, a été reprise par EADS en 2006.
De même, plus récemment, Sanofi Aventis, après avoir annoncé la
rationalisation de sa R&D en 2009, a conclu au cours de l'année
2010 plusieurs partenariats avec des organismes renommés dans le cadre
d'une stratégie d'excellence mondiale centrée sur des sujets encore non
traités par l'entreprise. » Quant à la réduction des coûts,
sans nul doute escomptée, « elle n'a pas été à ce jour
pleinement vérifiée » selon le rapporteur, dont les
interlocuteurs ont souligné « les coûts liés au turn-over
important des ingénieurs dans certains pays, les coûts de traduction,
les coûts de reconstitution du savoir ».
Le poids de l'étranger
Quoi qu'il soit, dans une économie internationalisée, il
s'avère délicat d'apprécier les flux de R&D. Témoin, cette
coïncidence survenue à la rentrée 2010 : « Le
15 septembre 2010, Renault inaugurait en Roumanie un nouveau
centre technique dédié à la mise au point des véhicules et des organes
mécaniques de la plateforme Logan. Six jours auparavant, le P-DG de
Google, Éric Schmidt, annonçait la création en France d'un centre de
recherche et développement (R&D) pour l'Europe qui recruterait
prioritairement dans les écoles et les universités françaises dont
l'excellence en mathématiques est reconnue. » De fait,
remarque Philippe Adnot, « les entreprises
étrangères financent une part non négligeable de la dépense intérieure
en R&D » : 20,8 % en 2007 et
22,2 % en 2008, contre 13 % aux États-Unis,
17 % en Finlande et 5 % au Japon ; entre
2007 et 2008, la part des dépenses intérieures de R&D des
filiales sous contrôle étranger a même augmenté de plus de
11 %.
Les plus optimistes y verront, certes, le signe d'une
attractivité renforcée par le succès du crédit impôt recherche. À
l'issue d'une enquête menée auprès de sociétés réputées innovantes,
Alma Consulting Group a confirmé, selon le résumé des Échos,
que « pour la majorité des entreprises françaises, le CIR a
bel et bien un effet de levier sur l'emploi en R&D :
39 % ont renforcé leurs équipes de chercheurs de
50 %, et même doublé leurs effectifs dans 22 % des
cas. Autre effet positif : 38 % des sociétés
déclarent avoir augmenté de 50 % le nombre d'innovations
commercialisées, et 24 % ont lancé deux fois plus de produits
innovants sur le marché. De nouvelles offres qui ont généré une
augmentation de chiffre d'affaires de 50 % pour une entreprise
sur trois, et même de 100 % pour une sur quatre. »
Toutefois, on ne saurait se contenter de ces chiffres.
D'autant que, dans les années à venir, les entreprises conduiront
probablement un audit sur la localisation de leurs centres de
R&D, prévient le sénateur de l'Aube. « À cet
égard », remarque-t-il, « plus ces centres seront
intégrés à un écosystème d'innovation dynamique, et plus il sera
onéreux pour l'entreprise de modifier la géographie de sa
R&D ». Ou comment enraciner l'activité sous les vents
de la mondialisation.
6 octobre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Le marasme financier se prête à la surenchère fédéraliste.
Avec le risque, pour l'Union européenne, d'essuyer de nouveaux échecs
dont l'économie ferait les frais.
Une réforme de la "gouvernance économique" de l'UE a été
approuvée par le Parlement européen le 28 septembre. Selon ses
promoteurs, la discipline budgétaire des États membres devrait s'en
trouver renforcée, ainsi que la surveillance des déséquilibres
macro-économiques. Cela étant, les fantasmes des européistes les plus
fervents sont loin d'être réalisés. Dans un entretien accordé à La Tribune,
le Français Joseph Daul, chef de file des eurodéputés PPE, prône un
"big bang" fédéral. Ce serait « très simple » selon
lui : « Les gouvernements [...] devraient décider de
s'attaquer de façon drastique à leur endettement en prenant, en bloc et
le même jour, des mesures telles que la convergence vers le haut de
l'âge de la retraite et de la durée hebdomadaire du travail, ou encore
l'harmonisation de leur fiscalité. » Des paroles en l'air.
Multiples précédents
D'autres évoquent une nouvelle révision des traités européens.
« Parmi les mesures envisagées figure notamment la
transformation de l'Eurogroupe en une institution à part entière,
disposant d'un secrétariat renforcé et de procédures propres afin
d'assurer la continuité des travaux entre chaque réunion mensuelle des
ministres des Finances de la monnaie unique », croit savoir La Tribune.
Cela serait-il inenvisageable en l'état du droit ? Des années
durant, le Conseil européen des chefs d'État ou de gouvernement de
l'Union s'était réuni en marge du formalisme juridique... Étant donné
la gestation délicate du Fonds européen de stabilité financière, la
ratification laborieuse du traité de Lisbonne, le fiasco du traité
établissant une constitution pour l'Europe, peut-être faudrait-il
s'épargner des péripéties supplémentaires. D'autant qu'une telle
aventure nourrirait vraisemblablement l'incertitude honnie par
l'économie.
Chronique enregistrée pour RFR le
vendredi 29 juillet 2011.
Une fois n'est pas coutume, l'assainissement budgétaire
s'annonce comme un thème majeur de la campagne présidentielle. Cela
suscite d'ailleurs un certain malaise à gauche. En revanche, les
souverainistes s'en donnent à cœur joie. Tandis que les gouvernements
semblent impuissants à résoudre la crise des dettes souveraines, ils
agitent une solution miracle, le retour aux monnaies nationales, et
proclament que l'histoire leur a donné raison – ce qui n'est pas
impossible.
« Sans doute eût-il mieux valu que la Grèce ne rentre
pas dans l'euro », reconnaît, par exemple, Alain Madelin.
« En conservant son drachme », explique-t-il,
« elle n'aurait pu s'endetter inconsidérément comme elle l'a
fait sous le parapluie de l'euro et la sous-compétitivité de son
économie aurait pu être corrigée par une dévaluation ». Oui
mais voilà : abandonner la monnaie unique, c'est autre chose
que de ne pas l'avoir adoptée. Aux yeux de l'ancien ministre de
l'Économie, il apparaît « impossible d'organiser une
conversion forcée de l'ancienne monnaie quand celle-ci continue d'avoir
cours comme ce serait le cas avec l'euro ». Pour s'imposer, en
effet, « le nouveau drachme [...] se devrait d'être plus
attractif que l'euro ». Concrètement, comment voudriez-vous
convaincre tout un chacun d'échanger ses euros contre des drachmes ou
des francs dont la valeur serait appelée à fondre sur le marché des
devises ? Toujours selon Alain Madelin, « le seul
exemple connu de sortie d'une zone monétaire par la
dévaluation » serait celui du Mali en 1962, « dont
l'échec fut piteux ». Voilà un précédent qui mériterait d'être
étudié avec la plus grande attention.
Outre la monnaie unique, Marine Le Pen et Nicolas
Dupont-Aignan pointent une réforme intervenue en 1973, qu'ils dénoncent
sous le nom de « loi Rotschild ». C'est une allusion
à la banque éponyme, qui fut l'employeur éphémère de Georges Pompidou,
dont celui-ci est accusé d'avoir servi les intérêts alors qu'il était
devenu président de la République. Par cette loi, l'État avait renoncé
à se financer directement auprès de la Banque de France ;
depuis lors, il doit compter avec les taux fixés par les marchés.
C'était une façon de lutter contre les dérives inflationnistes.
Mais selon ses détracteurs, tel Aristide Leucate s'exprimant
dans L'Action Française 2000 du
17 mars dernier, « on ne mesure pas à quel point
l'impuissance publique ayant résulté de cette funeste décision allait
conduire à la privatisation progressive de la chose
publique ». Jacques Bainville aurait-il partagé cette
analyse ? Il n'y a « rien de plus terrible que la
liberté donnée à l'État d'imprimer du papier-monnaie »,
écrivait-il dans L'Action Française du 2 novembre 1925. À ses
yeux, l'indépendance de la Banque de France constituait un
« garde-fou » grâce auquel avait été contenu
« le gaspillage financier, inhérent aux
démocraties ».
Bien que les circonstances aient changé, cela donne à
réfléchir et pose, à nouveau, la question du rapport du politique à
l'économique. Schématiquement, deux conceptions s'opposent :
l'une respecte l'indépendance de chacun des ordres, quand l'autre croit
pouvoir placer le second sous la tutelle du premier. On l'observe à
travers les réactions suscitées par la crise de la dette :
tandis que les uns appellent l'État à réduire ses besoins de
financement, les autres prônent la censure des agences de notation –
autrement dit, ils s'attaquent au thermomètre plutôt que de soigner la
fièvre... « Quand on n'a pas assez de bonne monnaie, et qu'on
est bien résolu à ne pas recourir à la fausse, quand on veut se
contenter de ce peu de bonne monnaie plutôt que d'aller à la ruine par
une richesse fictive, que faut-il faire ? » se
demandait Jacques Bainville, quelques mois plus tard, toujours dans les
colonnes du quotidien royaliste. « Se restreindre »,
répondait-il. Selon lui, « il n'y a pas d'autre système que
les économies ».
Certains s'y refusent néanmoins. Ce faisant, ils se fourvoient
dans le volontarisme. Par ce terme, je ne désigne pas le dirigisme,
mais un certain rationalisme : d'aucuns fantasment sur
l'économie comme d'autres planifiaient jadis le découpage administratif
de la France suivant des formes géométriques. Dans un article publié
par Causeur en mai dernier, Georges Kaplan
raconte comment s'est développé un véritable système monétaire dans la
cour d'école qu'il fréquentait à l'âge de dix ans, où il échangeait des
billes avec ses camarades. Preuve que l'organisation économique revêt
un caractère en partie spontané. Et qu'à l'inverse, la volonté pure ne
suffit pas à la transformer. La plupart des royalistes n'étant pas
abusés par le mythe du contrat social, ils devraient pourtant
l'admettre sans difficulté !
Selon la formule popularisée par Milton Friedman,
« il n'y a pas de repas gratuit ». Autrement dit, il
y a toujours un prix à payer. Peut-être la monétisation de la dette
présente-t-elle quelque vertu. Je ne me risquerai pas à en débattre,
mais je tiens à mettre en garde nos auditeurs contre l'illusion selon
laquelle l'ardoise pourrait être effacée d'un coup de baguette magique.
Hélas, le mensonge volontariste se trouve nourri par la
tentation populiste. De fait, on se targue de prendre le parti du
« peuple » contre l'« oligarchie »
ou quelque « super-classe mondiale ». Autant
revendiquer l'espoir de provoquer un sursaut en précipitant la
République vers l'abîme. Car galvaniser le mécontentement populaire,
c'est bien choisir la politique du pire. Le constat établi en 1926 par
Jacques Bainville demeure d'actualité : « Les neuf
dixièmes de la France ne comprennent rien à ce qui se passe. D'où la
difficulté de demander à la masse, représentée par ses élus, des
sacrifices dont la portée et la destination lui échappent. »
Selon l'historien d'AF, « dans toute la mesure où
elle était indépendante de l'élection, la Restauration a été économe.
Dans toute la mesure où elle dépendait de l'opinion publique, elle a
suscité un mécontentement et des rancunes que ne désarmait pas le
retour de la prospérité. "Grande et importante leçon", eussent dit nos
pères. Elle explique la lâche paresse avec laquelle nos gouvernements
démocratiques se sont laissé aller, comme la Révolution elle-même, sur
la pente facile des assignats et de l'inflation. »
Or, comme l'écrivait encore Jacques Bainville, en 1933 cette
fois-ci, « la foule comprend à la lueur des éclairs dans le
ciel, quand l'orage des changes commence à gronder. [...] Après quoi,
de nouveau, elle oublie tout. » Sous la
Ve République, la construction européenne et le carcan du
droit ont tempéré l'incurie monétaire, mais non le laxisme budgétaire.
L'opinion publique semble disposée à l'entendre plus qu'elle ne l'a
jamais été. C'est une opportunité à saisir.
Les citations de Jacques Bainville sont tirées de La Fortune
de la France, un recueil d'articles paru en 1937 et disponible
gratuitement dans la bibliothèque numérique des "Classiques
des sciences sociales".
Rendez-vous sur le site de RFR pour
découvrir les autres interventions :
15 septembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
À la faveur de la crise, une formule chère à l'AF se trouve
remise à l'honneur. À tort ou a raison ? Le débat est ouvert.
Commentant sur son blog un éditorial de Libération,
où Nicolas Demorand appelait à « réarmer le pouvoir
politique » contre l'influence des marchés financiers,
Jean-Philippe Chauvin l'a jugé « maurrassien ».
Lecteur d'une presse moins consensuelle, Aristide Leucate n'en retient
pas moins des considérations du même ordre. Dans L'Action
Française 2000 du 1er septembre, il a
relevé cette citation d'un confrère vaudois : « C'est
à l'État [...] qu'il appartient de cadrer (et non de régenter dans le
détail) l'activité économique, pour s'assurer qu'elle reste au service
du bien commun. » Suivait la reprise d'une formule chère à
l'AF : « Politique d'abord ! »
Monétiser la dette
Ces propos feraient l'unanimité s'ils n'étaient éclairés par
ceux de Marine Le Pen, pointant « notre dépendance de
plus en plus forte vis-à-vis des marchés ». « Parce
que c'est à eux exclusivement qu'on peut emprunter, parce qu'ils ont un
monopole et qu'ils peuvent nous imposer leurs conditions, nous imposer
des taux d'intérêt élevés », l'État devrait
« reprendre le contrôle de la politique monétaire, de la
politique budgétaire et de son financement », soutient
l'égérie populiste. Celle-ci vise une réforme remontant à 1973,
dénoncée sous le nom de « loi Rotschild » :
allusion à la banque éponyme, employeur éphémère de Georges Pompidou,
dont celui-ci est accusé d'avoir servi les intérêts devenu président de
la République. Par cette loi, l'État avait renoncé à se financer
directement auprès de la Banque de France ; depuis lors, il
doit compter avec les taux du marché. Ce faisant, il entendait se
prémunir des dérives inflationnistes.
Tandis que l'Occident peine à s'extraire de la spirale des
déficits, peut-être la perspective de monétiser la dette mérite-t-elle
d'être débattue. Mais en gardant à l'esprit qu'« il n'y a pas
de repas gratuit », selon l'expression popularisée par Milton
Friedman. Autrement dit, tout se paie d'une façon ou d'une autre. Or,
le coût s'avère d'autant plus élevé que l'on s'entête à faire
abstraction des forces à l'œuvre dans le système économique.
« Ce qui ne peut pas être refuse d'être », martelait
Charles Maurras dans La Politique naturelle. « Ce qui doit
être, ce que produit l'antécédent qu'on a posé, suit le cours de sa
conséquence », poursuivait-il, déplorant les méfaits des
« volontés mirifiques » : « On
annonçait l'abondance : il faut rogner la monnaie. Les
salaires ont monté, mais les prix aussi ; il faut que les
salaires montent encore : comment monteront-ils si l'on n'a
plus d'argent pour les payer ? » Les proclamations
selon lesquelles « la politique de la France ne se fait pas à
la corbeille », l'affirmation désinvolte que
« l'intendance suivra », les gargarismes en faveur
d'un « parti des politiques » sont autant
d'incantations procédant d'une conviction morale : la
politique apparaît plus noble que les activités économiques et
financières, puisqu'on lui prête, à tort ou à raison, la seule ambition
de servir le bien commun. De cela devrait découler une organisation
sociale retranscrivant formellement cette hiérarchie :
« politique d'abord », nous dit-on. Or, si l'on s'en
tient à Maurras, « quand nous disons "politique d'abord", nous
disons la politique la première, la première dans l'ordre du temps,
nullement dans l'ordre de la dignité ». Ni dans celui du droit.
Volontarisme
Aussi la formule nous paraît-elle galvaudée. Et même dévoyée,
étant donné qu'elle participe d'un volontarisme aux antipodes de
l'empirisme cher à l'AF : on nous promet de reconstruire la
société sur la base d'une abstraction, à la façon des révolutionnaires
envisageant le découpage administratif de la France suivant des formes
géométriques tracées au sommet de l'État. Dans ces conditions, comment
s'étonner que soit survenue la crise des subprimes ?
« La lune ! On n'a qu'à demander la lune »,
clamait Maurras. « Des mains dociles iront la cueillir dans le
ciel », comme d'autres, responsables politiques en tête, ont
annoncé aux ménages américains qu'ils pourraient se porter acquéreurs
de leur logement quel que soit leur niveau de revenus. « Mais,
peu à peu, les évidences se font jour. »
Justifiant la baisse d'un cran de la note souveraine des
États-Unis, Standard & Poor's a invoqué « la profonde
division politique » observée outre-Atlantique. Cela
« mène à une impasse et a empêché un règlement réel du
problème de la dérive budgétaire fédérale », selon Jean-Michel
Six, le chef économiste Europe de l'agence de notation, interrogé par Les Échos.
Sur le Vieux-Continent, les calculs politiciens nourrissent la
cacophonie diplomatique, rendant d'autant plus hasardeux le
rétablissement de la confiance. Preuve que, dans son acception
maurrassienne, le "politique d'abord" demeure d'actualité. Ne nous y
trompons pas : fustiger les agences de rating,
les traders et autres spéculateurs, c'est
témoigner d'une sollicitude déplacée à l'égard du personnel politique,
que l'on dédouane de ses responsabilités par la désignation d'un bouc
émissaire.
La France compte suffisamment de démagogues s'attaquant aux
magnats du capitalisme, ennemis à bien des égards imaginaires, tant
doit être relativisé le poids des individus et de leur cupidité dans le
système financier. Derrière les fonds de pension, n'y a-t-il pas de
modestes retraités ? Les royalistes ont mieux à faire que de
noyer leurs voix parmi celles des néo-marxistes au discours convenu.
Dans ce contexte, il leur appartient plutôt de dénoncer l'accumulation
des déficits aux dépens des générations futures, une fiscalité rendue
illisible par les atermoiements politiciens, l'interférence des
calendriers électoraux dans les négociations internationales...
Autrement dit, l'incurie républicaine – celle des institutions.
Politique d'abord !
15 septembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Quand le Parlement européen se fait taper sur les doigts par
les juges de Luxembourg.
En vertu de l'immunité dont ils bénéficient, les députés au
Parlement européen ne peuvent être recherchés, détenus ou poursuivis
pour des opinions exprimées dans l'exercice de leurs fonctions.
On se souvient que cela n'avait été d'aucun secours à Bruno
Gollnisch, tandis qu'il était trainé en justice par quelque ligue de
vertu, avec la bénédiction de l'assemblée. Il y a deux ans, celle-ci
s'était montrée plus solidaire à l'égard de l'Italien Aldo Patriciello,
mis en cause pour dénonciation calomnieuse.
L'intérêt général vu par les eurodéputés
Au cours d'une altercation sur un parking public, ce dernier
aurait accusé un agent de police de falsifier des procès-verbaux, aux
dépens des automobilistes donc. Ce faisant, à en croire la majorité de
ses collègues eurodéputés, il aurait agi dans l'intérêt général de son
électorat. Cela n'a pas convaincu la Cour de Justice de l'Union
européenne (CJUE). En effet, les déclarations de
M. Patriciello lui sont apparues « relativement
éloignées de ses fonctions de membre du Parlement européen ».
Or, dans son arrêt rendu le 6 septembre, la Cour
« considère que l'immunité peut être accordée seulement
lorsque le lien entre l'opinion exprimée et les fonctions
parlementaires est direct et évident ».
Ce principe étant posé, c'est toutefois aux juridictions
nationales qu'il appartient de l'appliquer. Et cela indépendamment de
l'opinion exprimée par le Parlement européen, dont la Cour souligne que
« la décision de défense de l'immunité [...] constitue
uniquement un avis sans aucun effet contraignant à l'égard des
juridictions nationales ».
15 septembre 2011 Article publié dans L'Action Française 2000
Le navire européen prend l'eau de toutes parts. En dépit du
zèle manifesté par le Parlement français, la mise en œuvre du "plan de
sauvetage" de la Grèce, arrêté en juillet dernier, n'est pas assurée.
Un timide soulagement s'est emparé des capitales européennes
dans la matinée du 7 septembre. Ce jour-là, le tribunal
constitutionnel allemand a validé (entre autres) la création du Fonds
européen de stabilité financière (FESF) – le principal instrument dont
se sont dotés les États européens pour combattre la crise des dettes
souveraines. « Andreas Vobkuhle, le président de la
cour de Karlsruhe [...] a toutefois insisté sur la nécessité pour le
Bundestag d'exercer l'entièreté de ses compétences budgétaires, et de
ne jamais y renoncer », rapportent Les Échos.
« Il a précisé que le gouvernement doit solliciter
l'approbation de la commission budgétaire du Bundestag pour toute
nouvelle aide. »
Calendes grecques
Cette inclination à protéger les prérogatives d'un parlement
national est volontiers montrée en exemple par les souverainistes
républicains : ils y voient, naturellement, un garde-fou
contre les velléités fédéralistes de l'Union européenne. Mais c'est
aussi un frein à l'action du gouvernement, dont les marges de manœuvre
se trouvent réduites dans les négociations internationales. De fait,
les considérations de politique intérieure pourraient ruiner le travail
des diplomates qui s'évertuant, bon an, mal an, à échafauder le
"sauvetage" de la Grèce. Outre la volte-face d'Helsinki, on signalera
la défiance de Bratislava, tout disposé à reporter aux calendes
grecques, justement, le renforcement du FESF : la Slovaquie
sera le dernier État de la zone euro à voter le nouveau plan d'aide à
Athènes, a annoncé le Premier ministre Iveta Radicová.
Ce projet, dévoilé le 21 juillet, sera-t-il jamais
ratifié par chacune des parties ? Le cas échéant, l'impact à
court terme sera limité pour les finances publiques de la France. En
effet, sa contribution ne se fera pas sous forme de liquidités, mais
par un apport de garanties au FESF, en charge d'émettre les obligations
qui lui permettront, ensuite, de prêter lui-même à la Grèce. Toutefois,
expliquent Les Échos, « la dette
publique brute de la France sera augmentée à mesure des émissions du
FESF, ce qui représentera près de 15 milliards d'ici à 2014
(0,7 % de PIB), auxquels il faut ajouter le premier plan
d'aide ainsi que les émissions au bénéfice de l'Irlande et du
Portugal ». Au total, l'aide apportée aux pays en difficulté
devrait représenter 40 milliards d'euros, soit 2 % du
PIB, selon le député UMP Gilles Carrez, rapporteur du collectif
budgétaire.
Un cap impossible
Outre la volonté idéologique de "sauver l'euro", celle
d'éviter un "saut dans l'inconnu" peut motiver cette démarche. D'autant
que les banques françaises sont parmi les plus exposées à la dette
hellène. Mais encore faudrait-il s'accorder sur un cap à moyen terme,
sans quoi la confiance sera bien difficile à rétablir, quelles que
soient les sommes déversées dans le tonneau des Danaïdes. Étant donné
la prégnance du fait national et l'interférence des échéances
électorales, peut-être cela s'avère-t-il impossible ? Telle
est la conviction qui pourrait bien gagner l'Europe. En tout cas,
certains tabous sont en passe d'être brisés : le gouvernement
allemand étudierait désormais l'hypothèse d'un retour au drachme,
affirment nos confrères du Spiegel.
Peut-être s'agit-il d'une rumeur délibérément diffusée afin
d'exercer une pression sur Athènes. Quoique les circonstances y
suffiraient vraisemblablement : la Grèce pourrait se trouver à
court de liquidités dès le mois prochain. On devine la tension qui doit
animer les discussions avec la BCE et la Commission européenne,
suspendues quelques jours durant à l'occasion d'un différend... Des
dissensions se font jour de toutes parts – jusque dans les couloirs
feutrés de la Banque centrale européenne ! Alors que les
ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept se réunissaient à
Bruxelles lundi dernier, 12 septembre, les représentants de
sept États sont montés au créneau pour dénoncer leur mise à l'écart des
négociations portant sur la réforme de l'Union économique et monétaire.
« Nous sommes insatisfaits de la rencontre Merkel-Sarkozy et
de ses effets », a même déclaré Donald Tusk, le chef du
gouvernement polonais, qui attendait – « et attend
toujours » – « des décisions beaucoup plus
fermes ».
Serait-il déçu par la règle d'or promise par le président de
la République ? D'autres ont déjà manifesté leur scepticisme à
ce propos, tel Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen.
Fidèle à la mission que lui assigne son mandat, il exhorte néanmoins
les responsables européens à serrer les rangs. En vain. Reste la
proposition de l'Allemand Günther Oettinger, commissaire européen en
charge de l'Énergie : selon lui, il conviendrait de mettre en
berne, à l'abord des édifices communautaires, les drapeaux des États
sortant des clous du Pacte de stabilité. Voilà qui devrait nous tirer
d'affaire.
Causeur a publié jeudi dernier,
8 septembre 2011, une
contribution de Georges Kaplan que nous serions prêt à signer
pratiquement sans réserve. Extrait.
« La question n'est pas de savoir si l'État peut ou
ne peut pas légiférer, contrôler, inciter et contraindre ; ça
n'a jamais été le problème. Le vrai problème, tel qu'il a toujours été,
consiste à comprendre et à anticiper les conséquences des législations,
des contrôles, des incitations et des contraintes. [...] Le discours
politique, à de très rares exceptions près, ne restera jamais rien
d'autre qu'une suite de mots mis bout à bout par un politicien qui
cherche à nous vendre du rêve contre notre suffrage. Chaque politique
volontariste est une nouvelle rustine destinée à colmater les fuites
provoquées par les politiques volontaristes précédentes et qui
provoquerons bientôt elle-même de nouvelles fuites que nous devrons à
leur tout colmater avec de nouvelles politiques volontaristes. C'est le
cycle sans fin d'autojustification de l'intervention publique qui
déclenche des crises, les attribue au marché et recommence. N'en
déplaise aux apôtres de la toute puissance de l'État, la réalité c'est
le marché. Même en Union soviétique, le marché existait toujours et ses
lois continuaient à s'imposer au planificateur. La raison en est très
simple : c'est que le marché, voyez vous, c'est
nous ; le marché c'est le produit de nos réflexions, de nos
raisonnements et de nos actions. Tant que les êtres humains disposeront
d'une volonté propre et seront disposés à coopérer pacifiquement entre
eux, aucune politique, aussi volontariste et coordonnée soit-elle, ne
pourra jamais réussir à s'affranchir de cette réalité. »