10 février 2010
La commission des Affaires européennes de l'Assemblée
nationale s'est réunie le 3 février pour
examiner deux propositions de résolution promouvant la
« clause de l'Européenne la plus favorisée ». Avec,
en perspective, selon les explications des rapporteurs, l'établissement
d'« un statut pleinement harmonisé de la femme en Europe qui
ferait la synthèse des meilleures lois en la matière ».
À l'origine de ces initiatives : des députés issus,
d'une part, de la gauche démocrate et républicaine (Parti communiste,
Parti de gauche, Verts), et, d'autre part, du groupe socialiste,
radical, citoyen et divers gauche. Lesquels n'entendaient pas
apparaître en retrait sur la scène européenne, où les féministes sont
galvanisés par « une présidence espagnole pleine
d'allant ». Entre autres événements ponctuant le semestre,
citons : la
conférence sur « les femmes, la paix et la sécurité », puis le "sommet européen des
femmes au pouvoir" en février ; l'adoption par le
Conseil de conclusions sur l'éradication de la violence à l'encontre
des femmes prévue le 8 mars ; une conférence le
25 mars sur « l'égalité entre les hommes et les
femmes, une base pour la croissance et l'emploi » ;
la "Ve rencontre de femmes espagnoles et africaines pour un
monde meilleur" le 28 mars ; un "séminaire technique"
le 29 avril sur « le rôle de la femme dans le développement
rural ».
Identifiant « les termes du débat »
parlementaire, les rapporteurs observent que « les arguments
"contre" [...] ne concernent ni les principes, ni l'intention des
propositions de résolution, mais le calendrier et les
circonstances ». Et de rappeler que « la "clause de
l'Européenne la plus favorisée" a déjà fait l'objet d'une évocation,
d'une tentative d'inscription à l'agenda européen, sous présidence
française », sans avoir « reçu l'écho que l'on aurait
souhaité ». « Certains pays sont
réticents », souligne Mme Anne Grommech. En
conséquence, le corapporteur UMP veut « éviter toute prise de
position prématurée ». D'autant que « la faisabilité
d'une [telle] démarche vient d'être mise à l'étude [...] avec
d'ailleurs l'hypothèse d'un traité entre quatre États : la
Belgique, l'Espagne, la Suède et la France. Un groupe de travail
interministériel a été constitué. [...] Ses conclusions sont prévues
pour le mois de mars. »
Le député pointe une autre difficulté, concernant
« les domaines sur lesquels porte la "clause de
l'Européenne la plus favorisée" ». À ses yeux,
« il y a un exemple qui est très concret,
c'est celui de l'interruption volontaire de grossesse.
Aujourd'hui, en France, l'IVG n'est possible que dans les douze
semaines. Or, passer à dix-huit semaines, délai applicable en Suède,
supposerait un débat approfondi. Il faut notamment souligner qu'un tel
délai de dix-huit semaines pourrait permettre de sélectionner le sexe
de l'enfant. Menée sur la base d'une clause automatique sans débat
préalable, une telle réforme peut aboutir à des situations compliquées
de déséquilibre entre les garçons et les filles telles qu'on les
connaît en Chine et en Inde. »
« Dans de telles circonstances, conclut
Mme Grommech, il convient de rejeter les propositions
présentées, car prématurées sur le plan diplomatique et exigeant des
études approfondies, sur des questions très sensibles. »
Suivant son avis, la commission des Affaires européennes a rejeté
chacune des résolutions. Ce faisant, la droite parlementaire a pourtant
démontré, une fois de plus, combien elle est soumise à la gauche dans
les débats "sociétaux".
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6 février 2010
La présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne
poursuit sur sa lancée.
S'exprimant
le jeudi 4 février au nom de l'Union européenne, le
représentant permanent de l'Espagne auprès de l'ONU, Juan Antonio
Yanez-Barnuevo, a remercié Ban Ki-moon « pour sa proposition
de réforme de l'architecture de l'égalité des sexes au sein de
l'organisation ».
Laquelle fut apparemment présentée en janvier dernier, dans
un rapport de vingt-cinq pages dont nous proposerons
peut-être une synthèse si notre niveau d'anglais s'avère suffisant pour
en décrypter l'essentiel.
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4 février 2010
Le second sommet européen des femmes au pouvoir s'est tenu à
Cadix le mercredi 3 février.
Convoqué à l'initiative des gouvernements espagnol et
britannique, il s'inscrivait dans la continuité d'une réunion organisée
à Athènes dix-huit ans auparavant. À cette occasion fut adoptée une
"déclaration politique" censée donner « une
impulsion définitive » à l'égalité hommes-femmes dans l'Union
européenne, selon le vœu formulé le 27 janvier par le ministre
espagnol de l'Égalité, Mme Bibiana Aido (photo).
Les signataires – parmi lesquels figure la Française
Nora Berra, secrétaire d'État en charge des Aînés – observent
que « l'amélioration des résultats scolaires des femmes n'a
pas été accompagné d'une présence proportionnelle dans les sphères de
décision » ; ce qui serait un véritable
« gâchis ». Et de stigmatiser « les
stéréotypes sexistes » qui « continuent de promouvoir
des comportements différents pour les femmes et les hommes, constituant
le terreau des discriminations ».
Révoltés contre des aspirations dont la variété nous semble
profondément structurée par l'identité sexuelle, les signataires
s'imaginent que « la participation équilibrée des femmes et
des hommes est indispensable à l'épanouissement personnel et
collectif ». L'égalité serait, en outre, « une
condition préalable pour obtenir une croissance durable ».
« La valeur économique des politique d'égalité des sexes est
évidente », affirment-ils. Elle assurerait notamment une
natalité pérenne – hypothèse sur laquelle il y aurait matière à
discuter, bien qu'elle soit apparemment vérifiée par certaines
statistiques.
Sans surprise, le texte appelle à « des changements
structurels et culturels dans tous les domaines de la vie ».
Ce qui suppose, entre autres, des incitations à partager les tâches
ménagères, des mesures de discrimination positive, voire l'organisation
régulière de sommets européens réunissant exclusivement des femmes. Les
participantes se sont également engagées « à promouvoir
l'égalité des sexes dans l'action extérieure et la coopération au
développement de l'Union européenne ».
Aujourd'hui, 4 février, s'ouvre par ailleurs à Cadix
le "forum européen des femmes Pékin + 15"
« au cours duquel sera analysé le degré de respect des
objectifs stratégiques et des mesures fixées lors de la
Ive Conférence mondiale sur les femmes de l'ONU, qui s'est
tenue à Pékin en 1995 », selon les informations fournies par
la présidence du Conseil.
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4 février 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Madrid nous avait prévenus : l'égalité hommes-femmes figure
parmi les priorités de son semestre européen.
Intervenant devant une commission du Parlement européen, le
ministre espagnol de l'Égalité, Mme Bibiana Aído, a exprimé,
selon le communiqué de l'assemblée, la volonté « d'encourager
le partage des tâches entre les femmes et les hommes ». Par
ailleurs, au cours d'une conférence organisée à Bruxelles par la
Commission européenne et l'Otan sur « les femmes, la paix et
la sécurité », le premier vice-président du gouvernement
espagnol, Mme María Teresa Fernández de la Vega « a
défendu l'idée de recourir à des quotas afin de parvenir à ce que les
femmes participent à tous les niveaux, civil et militaire, aux
processus de paix et au règlement des conflits ». Et de
demander « instamment aux organisations internationales de
prendre des "engagements contraignants" » à cet effet.
Le secrétaire général de l'Otan, le Danois Anders Fogh
Rasmussen, aurait certes « appuyé la suggestion de fixer des
"objectifs" pour la participation de la femme [sic] à tous les
niveaux », rapporte la présidence espagnole du Conseil de
l'Union européenne. Il aurait « cependant considéré que le
fait d'imposer un quota à l'Otan "ne serait pas réaliste" étant donné
"les différentes traditions nationales qui s'y trouvent" ».
Remarque de bon sens, au demeurant bien timorée. Faut-il rappeler que
l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est une structure à
vocation militaire ? Avec cela, la stabilisation de
l'Afghanistan semble en bonne voie...
Le rendez-vous "féministe" suivant était fixé au mercredi
3 février, date à laquelle devait se tenir à Cadix une
« réunion informelle des femmes ministres en
exercice » de l'UE. Madrid nous a annoncé qu'une "déclaration
politique" serait adoptée lors de ce sommet. Faut-il s'attendre à de
nouvelles surprises ?
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22 janvier 2010
Vers une nouvelle formation du Conseil de l'UE ?
Le 3 février prochain se tiendra à Cadix, en Espagne,
une « réunion informelle des femmes ministres en
exercice » de l'Union européenne. L'événement est annoncé très
sérieusement par
le secrétariat général du Conseil, sans autre détail au
demeurant.
Mise à jour le 26 janvier - La
présidence espagnole apporte quelques précisions :
« La [sic] ministre de l'Égalité présidera aux côtés de la
première vice-présidente [sic] du gouvernement, à Cadix (11 heures), le
sommet européen des femmes au pouvoir, une initiative à laquelle
participeront les ministres et représentantes politiques des plus
hautes sphères des divers États membres. Une déclaration politique sera
adoptée lors de ce sommet. » Nous ne manquerons pas d'en rendre compte.
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7 janvier 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
La Commission européenne convoque le féminisme au service de la croissance.
« L'égalité entre les femmes et les hommes est une
priorité pour notre pays et pour l'Union européenne »,
proclame le président du gouvernement espagnol. Sans doute José Luis
Rodríguez Zapatero a-t-il accueilli avec bienveillance le rapport
publié le 18 décembre par la Commission européenne.
« L'égalité des sexes n'est pas seulement une question de
diversité et d'équité sociale », affirme-t-on à Bruxelles.
Elle constituerait aussi « une condition préalable à la
réalisation des objectifs de croissance durable, d'emploi, de
compétitivité et de cohésion sociale ». Pour preuve, la
participation croissante des femmes au marché du travail serait
« à l'origine d'un quart de la croissance économique annuelle
depuis 1995 ».
Des États sceptiques ?
« Les investissements dans les politiques égalitaires
sont payants », martèle le rapport. Mais tous les États n'en
sont pas convaincus : examinant les mesures nationales de lutte contre
la crise, la Commission pointe « le risque de détérioration du
statut des politiques égalitaires ». La tentation serait
d'autant plus grande d'y renoncer que les femmes sembleraient moins
affectées par le conjoncture économique. Mais le taux d'emploi des
hommes se redresserait plus rapidement.
Constatant l'« influence marquée de la parentalité
[sic] sur la participation au marché du travail », la
Commission stigmatise le « partage traditionnel des
rôles », mais aussi le « manque de structure
d'accueil pour les enfants ». En conséquence, elle réclame
« des politiques et des incitations pour persuader les hommes
et leur permettre d'assumer une plus grande part des tâches
familiales » ; ce serait même « un défi
majeur à relever ». Plus raisonnablement, elle souligne que «
l'absence de mesures adéquates permettant de trouver un équilibre entre
vie professionnelle et vie familiale peut [...] inciter les femmes et
les hommes à ne pas avoir d'enfants ou à en avoir moins, ce qui pose
problème eu égard au vieillissement de la population ».
Fait remarquable : « Dans les pays où les
conditions sont favorables s'agissant des services de garde d'enfants,
des systèmes de congé parental et des régimes de travail flexibles, le
taux d'emploi des femmes et le taux de natalité sont tous les deux plus
élevés. » Ayant réconcilié en apparence féminisme et natalité,
Bruxelles ne craint pas d'affirmer qu'« au besoin, il
conviendrait de [...] supprimer les éléments financiers qui dissuadent
les seconds titulaires de revenus [...] de travailler ».
Incohérence
Ce rapport, nourri d'idéologie, n'est pas sans présenter
quelque incohérence. Saluant la réforme du congé parental, la
Commission observe qu'elle encouragera les pères à profiter de cette
possibilité. Une perspective manifestement contraire à l'objectif
assigné par ailleurs à l'égalité des sexes, censée « permettre
aux États membres d'exploiter pleinement l'offre potentielle de main
d'œuvre ».
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17 décembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
L'institution de la "parité" dans les conseils
d'administration est un vieux serpent de mer. Forte d'un soutien
inédit, une nouvelle proposition de loi plébiscitant les quotas a été
déposée à l'Assemblée nationale.
Les conseils d'administration des cinq cents premières
entreprises françaises compteraient 8 % de femmes. Situation
inacceptable aux yeux des élites féministes. Le mois dernier, le
ministre du Travail Xavier Darcos s'était autorisé à « poser
la question des quotas ». Dans la foulée, une proposition de
loi a été déposée à l'Assemblée nationale le 3 décembre afin
d'instituer en cinq ans la composition à parité des conseils
d'administration des sociétés cotées. Les entreprises récalcitrantes
s'exposeraient à des difficultés administratives, mais non à des
sanctions financières – à moins qu'un amendement soit adopté en ce sens.
Récidives
En 2006, déjà, le Parlement avait exigé que la proportion de
représentants de chaque sexe ne dépasse pas 80 %. Il s'était
heurté à l'opposition du Conseil constitutionnel, selon lequel on
« ne saurait [...] faire prévaloir la considération du sexe
sur celle des capacités et de l'utilité commune ». Mais la
Constitution a depuis été révisée, stipulant désormais que
« la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes [...]
aux responsabilités professionnelles et sociales ».
Tandis que la crainte d'une nouvelle censure semble écartée,
« un consensus se dégage aujourd'hui sur la nécessité d'agir
de façon contraignante », observe Marie-Jo Zimmermann, le
président de la délégation de l'Assemblée nationale aux Droits des
femmes. En mars dernier, avec seize autres députés, elle avait proposé,
en vain, de fixer des quotas à 40 %. Quelques mois plus tard,
plus d'une centaine de collègues lui apportent leur soutien. Parmi les
signataires figurent Jean-François Copé, le président du groupe UMP à
l'Assemblée, mais aussi Hervé Gaymard, que l'on imaginait plus
réactionnaire.
« Sensibiliser »
« La loi ne peut tout résoudre »,
reconnaissent les auteurs de cette proposition, « mais elle
peut induire un changement dans les mentalités et les pratiques. [...]
On peut espérer que des conseils d'administration exemplaires
insuffleront une nouvelle sensibilité face aux questions d'égalité
salariale ou d'accès à la formation et que notre modèle social et
culturel permettra aux femmes de mieux concilier leur vie
personnelle et leur vie professionnelle. »
Mme Zimmermann affirme « la nécessité d'une action
volontariste ». Elle ne croit pas si bien dire : aux
antipodes de l'empirisme, sa démarche vise, au fond, à réorganiser la
cité non pas selon ses exigences intrinsèques – en tirant des
conséquences sociales de la différence des sexes –, mais au regard
d'une idéologie.
Dans cette perspective, la priorité sera donnée à la lutte
contre les "stéréotypes". Un "groupe d'experts" de la Commission
européenne présente les pistes à suivre : « La
plupart des pays ayant les plus longues traditions en matière de
politiques de déségrégation [sic] – Danemark, Allemagne, Finlande,
Islande et Pays-Bas – montrent la volonté d'affronter la ségrégation à
un stade précoce de la vie en investissant dans des "événements
motivationnels" ou dans des programmes éducatifs conçus pour encourager
de façon positive les choix "atypiques" parmi les jeunes filles et
garçons, et de promouvoir de nouveaux modèles à imiter. [...] Un bon
exemple est celui des campagnes d'information parallèles intitulées Girls'
Day (journée des filles) et New Pathways for boys
(nouveaux parcours pour les garçons) en Allemagne. »
Ces velléités idéologiques se parent d'un alibi économique
dont les outrances tempèrent la crédibilité : « dans
un scénario optimal » échafaudé par la Commission européenne, « le
comblement de l'écart des taux d'emploi pourrait entraîner une hausse
du PIB de 15 % à 45 % en Europe » ;
rien de moins ! Quant à Xavier Darcos, il se montre
alarmiste : « La France ne peut se permettre de voir
son potentiel féminin quitter le pays, parce que nous n'aurons pas
agi. »
Équilibre
Selon le ministre, « il est clair que notre société,
pour son propre développement et propre équilibre, doit parvenir à
faire aboutir positivement ce sujet ». Tel n'est pas l'avis
d'Éric Zemmour, accusé de « justifier
l'injustifiable » dans un documentaire sorti en salles le
25 novembre. Le polémiste, qui juge sa pensée caricaturée, a
exigé par huissier l'arrêt d'exploitation du film. Fustigeant
« une époque de mixité totalitaire, castratrice », il
observe que « les mères célibataires n'ont jamais été aussi
nombreuses ; jamais aussi pauvres » et craint, à
terme, « des tsunamis politiques et sociaux »
provoqués par les transformations familiales. Il rappelle en outre
l'originalité de la tradition française :
« François Ier fut le premier roi d'Occident qui
accepta les femmes à sa cour. L'amour courtois fut inventé dans le
Sud-Ouest de la France. Les salons du XVIIIe siècle, tenus par
des femmes, furent une exclusivité française. » En plein débat
sur l'identité nationale, il était opportun de souligner « cet
équilibre subtil entre virilité dominante et féminité
influente » inventé par la France (1).
(1) Éric Zemmour : Le Premier Sexe ;
J'ai lu, 122 p., 4,80 euros.
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5 novembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
La loi sera aménagée pour préserver la retraite des mères de famille
et se conformer à la jurisprudence. Cela en application d'un principe
égalitaire que nous récusons.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour
2010 comporte un article réformant la majoration de durée d'assurance
(MDA) pour enfant accordée aux mères relevant du régime général. Dans
un rapport d'information rédigé au nom de la délégation "aux droits des
femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes", Mme
Marie-Jo Zimmermann, député de la Moselle, rappelle que « ces
majorations sont aujourd'hui de huit trimestres par enfant élevé. Elles
bénéficient à la quasi-totalité des mères et comptent pour une part
très importante (de l'ordre de 20 %) dans les montants des
retraites des femmes, montant qui demeure malgré ces effets correctifs
bien inférieur à celui des pensions des hommes. »
Les statistiques sont édifiantes : en 2004, les
femmes recevaient une retraite inférieure en moyenne de 38 % à
celle des hommes, au montant d'autant plus faible qu'elles avaient eu
d'enfants. Ceux-ci affectent évidemment leur carrière professionnelle
(82 % des travailleurs à temps partiel sont des
femmes) ; en revanche, leur présence « peut même
avoir plutôt un effet positif [sur celle des hommes] par l'image de
responsabilité qu'elle confère au père ».
Discrimination
Dans ces conditions, remarque Mme Zimmermann, « la
majoration de durée d'assurance apparaît bien comme un élément
essentiel pour préserver une particularité française, la conjugaison
d'un fort taux d'activité féminine avec une fécondité [relativement...]
dynamique ». Une majorité de parlementaires partagent sans
aucun doute son point de vue. Mais le législateur doit compter avec la
Cour de cassation, dont l'arrêt du 19 février dernier imposait
d'étendre aux hommes le bénéfice des MDA. Une perspective évidemment
insupportable pour les finances publiques. À l'avenir, l'essentiel des
majorations pourra donc être attribué à la mère ou au père, ou bien
partagé entre eux. Outre des conflits entre les parents, le député
craint « le risque d'entraîner des choix d'opportunité sans
lien avec la finalité de la majoration et qui se révèleront pénalisants
pour les mères ».
Un nouveau mensonge
Au moins le dispositif sera-t-il sauvegardé. Solution bancale
apportée à un problème strictement juridique ? Pas tout à
fait, car l'évolution de la jurisprudence n'est pas hermétique à celle
des mentalités. L'entrée en vigueur de la Convention européenne des
droits de l'homme, sur laquelle s'est appuyée la Cour de cassation, ne
remonte-t-elle pas à 1953 ? Si le rapport fustige
« une vision étroite du principe d'égalité », il n'en
conteste pas les fondements. Selon Mme Zimmermann, en effet,
« les majorations de durée d'assurance, comme les autres
droits familiaux, ont pour objectif de corriger les effets sur les
pensions de retraite des inégalités professionnelles subies par les
femmes. Elles ont donc, en principe, vocation à disparaître au fur à
mesure que la situation des hommes et des femmes se
rapprochera. »
Or, au regard du bien commun, il ne convient pas seulement de
"compenser" les sacrifices consentis par les mères, mais aussi
d'encourager l'accueil des enfants. Sans quoi, homme ou femme, chacun
devra s'accommoder demain d'une retraite de clopinettes ! En
réalité, « l'égalité ne peut régner nulle part »,
observait Charles Maurras, « mais son obsession, son désir,
établissent un esprit politique directement contraire aux besoins
vitaux d'un pays » (Mes Idées politiques).
Peut-être faut-il le rappeler ? Les hommes ne portent
pas d'enfants... ; le bon sens voudrait qu'on en tire quelque
conséquence. « Dans un État puissant, vaste, riche et complexe
comme le nôtre, chacun assurément doit avoir le plus de droits
possible », poursuit le maître de l'AF ;
« mais il ne dépend de personne de faire que ces droits soient
égaux quand ils correspondent à des situations naturellement inégales.
Quand donc, en un tel cas, la loi vient proclamer cette égalité, la loi
ment, et les faits quotidiens mettent ce mensonge en
lumière. » Mme Zimmermann juge
« indispensable de fixer un pourcentage minimum de
membres du sexe sous-représenté au sein des conseils d'administration
et des conseils de surveillance pour les sociétés cotées en
bourse » ; ces quotas ne seraient qu'un nouveau
mensonge.
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5 juin 2008
Article publié dans L'Action Française 2000
Une véritable fatwa contre la liberté des femmes, selon Sihem Habchi.
Révélée par les médias le 29 mai, la décision du tribunal de
grande instance de Lille rendue le 1er avril, annulant un
mariage alors que l'épouse avait menti sur sa virginité, a provoqué un
véritable tollé. Sihem Habchi, au nom de l'association Ni putes ni
soumises, s'est insurgée contre l'instauration d'« une véritable fatwa
contre la liberté des femmes ». Le PS, quant à lui, s'est offusqué d'un
jugement « atterrant » qui « bafoue le droit des femmes à disposer de
leur corps ». Ils ont beau jeu de dénoncer la soumission de la Justice
aux préceptes islamistes, ceux-la même qui sont si prompts à accueillir
sur notre sol des immigrés porteurs de valeurs qui nous sont
étrangères... À la lecture de l'énoncé du verdict, en tout cas, on
nuance leurs réactions.
Héritage manifeste du mariage religieux, la reconnaissance de
nullité est une procédure quasiment tombée en désuétude : « elle n'est
plus enseignée à la faculté que comme une curiosité », précise Eolas
dans son Journal d'un avocat (1). Elle s'appuie sur l'article 180 du Code
civil : « Le mariage qui a été contracté sans le consentement libre des
deux époux, ou de l'un d'eux, ne peut être attaqué que par les époux,
ou par celui des deux dont le consentement n'a pas été libre, ou par le
ministère public. L'exercice d'une contrainte sur les époux ou l'un
d'eux, y compris par crainte révérencielle envers un ascendant,
constitue un cas de nullité du mariage. S'il y a eu erreur dans la
personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre
époux peut demander la nullité du mariage. »
« Qualité essentielle »
« Mais la loi se garde de définir ces qualités essentielles,
remarque Eolas, et la jurisprudence de la cour de cassation laisse le
juge décider si, selon lui, les qualités invoquées sont ou non
essentielles. [...] Seules exigences de la jurisprudence : l'erreur
doit être objective et déterminante, c'est-à-dire reposer sur un fait
et être telle que, sans cette erreur, l'époux ne se serait pas marié. »
De fait, la Justice admet que la virginité d'une femme puisse
constituer une « qualité essentielle » aux yeux de son futur mari.
Aussi Sihem Habchi s'inquiète-elle d'« un glissement vers
l'institutionnalisation du relativisme culturel ». Le jugement n'en
reste pas moins « conforme à la jurisprudence classique » selon
Philippe Lemaire, procureur de la République de Lille : «
c'est le mensonge qui motive la décision du juge » (Le Monde, 29/05/2008).
Ni pute ni soumise réclame que « les législateurs
rétablissent cette faille de la loi ». En admettant que ses
valeurs soient effectivement partagées par la République, celle-ci se
retrouvera confrontée à un dilemme insoluble : comment pourrait-elle
garantir le libre consentement des époux tout en en restreignant les
motifs légaux ? Pour l'heure, c'est la femme dont on déplore la
"répudiation" qui fait les frais de ces polémiques. Selon son avocat,
Me Charles-Édouard Mauger, cité par l'AFP, elle aurait été «
traumatisée » par la médiatisation de l'affaire, et depuis
l'appel du procureur de la République de Lille, « elle va très, très,
très mal ». En définitive, le sort de la malheureuse, ainsi que la
crainte – à bien des égards légitime – d'une "islamisation" de la
France sont en partie instrumentalisés au service d'un certain
féminisme. C'est une réponse bien insuffisante aux outrances inspirées
par l'islam : on n'imposera pas le respect dû aux femmes par de
vulgaires revendications libertaires.
(1) http://www.maitre-eolas.fr/
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