15 janvier 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Regard critique sur la loi contre la burqa,
qui aurait préparé les esprits à bannir les crèches de Noël de tous les
espaces ouverts au public.
Une crèche de Noël « porte-t-elle atteinte au
principe de laïcité dans les lieux publics » ? La
question a été posée par l'AFP, et reprise par plusieurs de nos
confrères, après qu'un usager de la SNCF se fut plaint d'une
représentation de la nativité dans la gare de Villefranche-de-Rouergue
(Aveyron). Or, l'envisager, c'est méconnaître la nature de la laïcité
telle qu'elle est définie dans le droit français.
Jugeant cette polémique « ridicule », le
socialiste Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la
laïcité, a dû le rappeler : « La neutralité
s'applique seulement à l'État et aux bâtiments de la fonction publique,
comme les mairies ou les écoles. » En conséquence, a-t-il
souligné, « il n'y a pas d'impossibilité à installer une
crèche dans une gare, car si l'entreprise est privée avec une mission
de service public, le lieu de la gare est un espace public, un peu
comme la rue ».
De l'école à la rue
La rue où, précisément, le port du voile intégral est proscrit
depuis le 11 avril 2011 et l'entrée en vigueur de la loi votée
à cet effet. Cela en vertu de la laïcité, s'imagine-t-on
vraisemblablement. Prétendant lutter contre une pratique
marginale, au risque d'en faire la promotion, le président Sarkozy et
sa majorité auront distillé l'idée que, dorénavant, la laïcité ne
devrait plus s'imposer seulement à l'école, mais dans tous les lieux
ouverts au public. De là à s'indigner de croiser un curé en soutane, il
n'y qu'un pas... Potentiellement blessés par des lois dirigés à leur
encontre, nos compatriotes musulmans assistent, de plus, au spectacle
d'une France en prise avec sa religion historique. À ce petit jeu-là,
personne n'a rien à gagner, sinon quelque politiciens exploitant avec
démagogie la hantise croissante de l'islam, sans craindre d'en
légitimer les propagateurs les plus radicaux. Chapeau !
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7 mars 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Une proposition de loi a été déposée à l'Assemblée nationale
afin d'interdire « le financement par des États étrangers des
cours d'arabe donnés en France ».
Son auteur, Damien Meslot, député UMP de Belfort, déplore que
« dans certains quartiers sensibles, des cours d'arabe,
financés par des réseaux occultes venant de l'étranger, prodiguent des
enseignements dont le contenu véhicule des messages
extrémistes ». Lesquels constitueraient, selon lui,
« des appels aux troubles de l'ordre public ».
Son argumentation nous apparaît quelque peu bancale. En effet,
si ces cours constituaient effectivement « un danger pour la
sécurité de notre territoire national », pourquoi faudrait-il
les interdire au regard de leur financement, et non de leur nature
même ? Quant à la volonté de préserver la France de
l'influence étrangère, elle n'est pas manifeste, le texte proposé
visant seulement à la protéger des États « non partie à la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales ». Autrement dit, Washington et Ryad seraient
affectés, mais pas Berlin et Ankara, par exemple.
Aussi cette proposition de loi relève-t-elle, à nos yeux, du
pur affichage. De fait, la hantise de l'islam se prête à la démagogie
tout autant que son apologie. En outre, si ce texte devait être examiné
par l'Assemblée, celle-ci se trouverait confrontée à deux écueils.
D'une part, elle devrait s'inquiéter des réactions internationales, et
notamment des représailles susceptibles d'entraver la "diplomatie
d'influence" mise en œuvre par la France, forte d'un vaste réseau
d'enseignement à l'étranger. D'autre part, elle risquerait de museler
la liberté d'expression à nos propres dépens. En effet, tandis qu'il
fustige l'islamisme. M. Meslot pointe « des messages
contraires aux valeurs de la République ». Si bien que les
royalistes pourraient être les premiers à faire les frais de sa
politique... Prudence !
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6 octobre 2011
Article publié dans L'Action Française 2000
Se démarquant des chantres de la "diversité", le Haut Conseil
à l'intégration pointe les tensions suscitées dans l'entreprise par les
revendications religieuses. En réponse, il invoque la sacro-sainte
laïcité.
Après avoir agité l'école, les services publics et les
crèches, la laïcité suscite le débat dans l'entreprise. « Le
paysage a bien changé », observe Jean-Christophe Sciberras,
président de l'Association nationale des directeurs des ressources
humaines (DRH). Selon lui, « la revendication religieuse se
fait plus forte, en raison notamment du recours à une main d'œuvre
immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années
soixante ». Les chantiers du bâtiment constitueraient un cas
emblématique : « on y observe le plus souvent des
équipes constituées par communautés d'appartenance et par affinités
religieuses », rapporte le Haut Conseil à l'intégration (HCI).
Dans un avis publié le mois dernier, celui-ci ne craint pas d'aborder
un sujet « tabou et politiquement incorrect ».
D'autant qu'il aurait « toujours considéré la question de la
laïcité comme intrinsèquement liée à celle de l'intégration des
personnes d'origine étrangère ».
Problèmes concrets
Le service de repas halal, l'aménagement
des horaires en vue des prières et l'octroi de congés pour les fêtes
religieuses seraient gérés « avec assez de
souplesse » dans les grandes entreprises. En revanche, le port
de signes religieux, l'ouverture de salles de prière et les relations
hommes-femmes seraient plus délicats à traiter. La légalité s'en
trouverait bafouée : « Ainsi, tel restaurant ne
possède pas de vestiaire pour femmes parce que son patron n'envisage
pas d'en embaucher. [Dans] un salon de coiffure strictement réservé aux
femmes, l'inspecteur du travail ne peut entrer pour effectuer un
contrôle parce que son intervention troublerait leur
intimité. »
Deux types de restrictions de l'expression religieuse peuvent
être inscrites dans le règlement intérieur des entreprises :
elles portent, d'une part, sur les impératifs de sécurité, d'hygiène et
de santé et, d'autre part, sur la tâche du salarié définie dans son
contrat de travail. « La jurisprudence du "boucher de Mayotte"
(arrêt de la Cour de cassation, mars 1998) est claire sur ce
point : un salarié boucher de confession islamique demandait,
après deux ans de travail, de ne plus avoir à traiter de viande de
porc ; l'employeur refuse ; le salarié cesse son
travail et invoque un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais
le juge estime que "l'employeur ne commet aucune faute en demandant au
salarié d'exécuter la tâche pour laquelle il a été
embauché". » Par ailleurs, « le juge français a
évoqué au cours de plusieurs affaires la relation avec la clientèle
pour justifier la restriction du port du foulard par des femmes
musulmanes. Ainsi, la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion (1997)
a admis le licenciement pour cause réelle et sérieuse d'une salariée de
confession islamique qui refusait d'adopter la tenue conforme à l'image
de marque de l'entreprise. »
Tandis que la loi leur interdit de répertorier la religion de
leurs employés, patrons et DRH risquent des poursuites judiciaires
quand ils refusent de céder à certaines revendications. En effet,
« certains seront tentés de lire toute limitation de
l'expression religieuse [...] comme une discrimination religieuse,
quand bien même cette restriction serait proportionnée et
justifiée ». À ce titre, déplore le HCI, « la Halde a
participé de cette évolution qui par certains aspects ne favorise guère
l'apaisement entre salariés et entre employeur et salariés ».
Sentiment d'injustice
En outre, des accommodements peuvent être perçus comme des
privilèges accordés à une minorité : « Si certains
sont exemptés de travail le vendredi ou le samedi, serait-ce à dire que
d'autres doivent impérativement les remplacer ces jours-là ?
Si certains ont des horaires aménagés, pourquoi alors le refuser à
d'autres dont les raisons ne seraient pas religieuses mais familiales
par exemple ? » Souhaitant palier l'absence de
réponses claires et homogènes, le HCI soutient « la mise en
œuvre d'un dispositif à la fois législatif et règlementaire ».
Aujourd'hui, ces questions seraient traitées au plus près du terrain.
Selon le HCI, il conviendrait de promouvoir explicitement « la
neutralité religieuse », de façon à « favoriser la
qualité du lien social dans l'entreprise ». Concrètement, cela
supposerait la révision des règlement intérieurs, et l'organisation de
séminaires où serait diffusée la bonne parole républicaine.
« La laïcité est le moyen de faire coexister
pacifiquement dans un espace commun une pluralité de
convictions », martèle le HCI. C'est ignorer la violence des
inventaires, et négliger les instrumentalisations auxquelles se prête
un principe ambigu. C'est en son nom qu'on tente, parfois, d'étouffer
des traditions façonnées par le christianisme – en allant jusqu'à
réclamer que les sapins soient retirés des écoles à l'approche de de
Noël ! Mais n'est-ce pas en son nom, également, que le Front
national dénonce désormais l'immigration ? « En
dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la
laïcité », assure Élisabeth Badinter, dans un entretien
accordé au Monde des religions. Le
22 septembre, deux condamnations ont été prononcées par le
tribunal de Police de Meaux en application de la loi du
11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans
l'espace public. Or, si l'on en croit l'enquête du Guardian,
cela ne devrait rien changer au comportement des femmes incriminées. À
moins qu'elles renoncent définitivement à sortir de chez elles,
confrontées à des injures dont la violence irait croissant. Curieuse
façon d'œuvrer à la concorde sociale.
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20 avril 2011
Article publié dans L'Action Française 2000
Des propos prêtés au maire de Strasbourg ont déclenché un tollé
sur la frange la plus "réactionnaire" de la Toile.
L'Agrif part en croisade contre l'"allahicité" – un concept en
vogue dans la blogosphère catholique, censé désigner la
« synthèse dialectique de l'islam et de la laïcité ».
L'association présidée par Bernard Antony vient de créer un prix qui
en récompensera chaque année « un grand penseur ou poète ».
Pour 2011, ses foudres se sont abattues sur Roland Ries, sénateur PS du
Bas-Rhin et maire de Strasbourg.
Selon un communiqué de l'Agrif, « à des parents
d'élèves qui lui demandaient pourquoi on servait à leurs enfants des
menus halal dans les cantines scolaires de Strasbourg et pas de repas
maigre par exemple avec du poisson le vendredi »,
M. Ries aurait répondu : « Nous servons de
la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par
respect pour la laïcité. »
Moult blogueurs se sont emparés de cette annonce. Néanmoins,
si l'on excepte un article publié par Causeur (le site d'Élisabeth
Lévy), seule la frange réactionnaire de la Toile semble l'avoir
diffusée. Cela pourrait expliquer le silence du maire de Strasbourg,
qui se refuse, pour l'heure, à réagir par communiqué. Il n'en dément
pas moins les accusations de l'Agrif : ces propos sont
« totalement contraire à ses convictions », nous a
confié l'un de ses collaborateurs.
Quant aux repas servis dans les cantines de Strasbourg, ils
garantiraient effectivement aux élèves musulmans la possibilité de
manger halal tous les jours – et cela depuis plus de dix ans. En
revanche, du poisson ne figure pas toujours au menu le vendredi. Mais
un repas végétarien est proposé quotidiennement. « Les
catholiques y trouvent leur compte », nous a-t-on assuré. Sans
doute l'Agrif ne sera-t-elle pas de cet avis !
NB - La réacosphère a beau se targuer de verser dans la
"réinformation", elle a fait écho au communiqué de l'Agrif sans
témoigner d'un esprit critique manifeste. Au point que nous sommes
peut-être les premiers à signaler la réaction du maire de Strasbourg –
qu'il a certes fallu solliciter. Si les accusateurs n'ont pas d'autre
preuve à agiter que la bonne foi supposée d'une mère de famille, alors
l'attribution de leur "prix" relève d'une mascarade dérisoire, dont la
publicité donne à réfléchir sur l'influence de la Toile.
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20 mai 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le vote d'une loi contre le port du voile intégral rassurerait
peut-être l'électorat courtisé par l'UMP, mais il pourrait fournir à
cette pratique une publicité inespérée, faute de s'appuyer sur des
bases juridiques suffisamment solides.
Un projet de loi prohibant le port de voile intégral ou, plus
vraisemblablement, la dissimulation du visage dans l'espace public,
devait être présenté en Conseil des ministres mercredi dernier,
19 mai. Dans l'attente d'en découvrir la teneur, on se
demandait par quelle prouesse juridique le garde ses Sceaux prétendrait
dissiper les menaces de censure soulignées le 25 mars par le
Conseil d 'État.
Une conception élargie de l'ordre public
Inutile d'invoquer la laïcité : « Elle ne
peut s'imposer directement à la société ou aux individus qu'en raison
des exigences propres à certains services publics (comme c'est le cas
des établissements scolaires). » La sauvegarde de la dignité
humaine ne serait pas une base beaucoup plus solide. En effet, la Cour
européenne des droits de l'homme l'a jugée indissociable de la
protection du "libre arbitre", tandis qu'elle se penchait sur les
évanouissements d'une femme soumise aux sévices de deux
complices : les salafistes peuvent compter sur le soutien des
sadomasochistes ! Quant à la sécurité publique, elle
constituerait « un fondement très solide pour une interdiction
de la dissimulation du visage, mais seulement dans des circonstances
particulières » ; en l'absence de troubles avérés,
une interdiction générale reposerait « sur une logique
artificiellement préventive » – laquelle n'a jamais été admise
par la jurisprudence.
En définitive, seule une acception élargie de "l'ordre public"
pourrait s'accommoder de la lubie présidentielle. Il faudrait y voir,
selon les termes du Conseil d'État, « le socle d'exigences
réciproques et de garanties fondamentales de la vie en
société ». « Mais une telle conception, juridiquement
sans précédent, serait exposée à un sérieux risque de censure
constitutionnelle ou conventionnelle, ce qui interdit de la
recommander », ont conclu les magistrats.
1 900 cas en France
Or, une censure de loi « sonnerait comme une défaite
de la République. Il est donc essentiel de bien peser les enjeux et les
risques d'une telle interdiction », avait prévenu la mission
d'information parlementaire sur le voile intégral, dans son rapport
publié en janvier dernier. Les élections régionales et la déroute de
l'UMP auront ouvert la voie aux plus téméraires.... Au risque de faire
la publicité d'une pratique certes en progression, mais qui demeure
marginale.
1 900 femmes porteraient le voile intégral sur le
territoire national, selon les estimations du ministère de l'Intérieur
(dont 270 établies dans les collectivités d'outre-mer). La
moitié seraient âgées de moins de trente ans, et l'immense majorité
(90 %) auraient moins de quarante ans. Les deux tiers seraient
des Françaises, parmi lesquelles la moitié appartiendraient aux
deuxième et troisième générations issues de l'immigration.
Fait remarquable, un quart des femmes intégralement voilées seraient
des converties.
En quête d'identité
« Il s'agit d'une pratique anté-islamique importée ne
présentant pas le caractère d'une prescription religieuse », a
rapporté Éric Raoult au nom de la mission parlementaire.
« Elle participe de l'affirmation radicale de personnalités en
quête d'identité dans l'espace social mais aussi de l'action de
mouvements intégristes extrémistes ; elle représente un défi
pour de nombreux pays. » Et de citer
Mme Nilüfer Göle, directrice d'études à l'École des hautes
études en sciences sociales, faisant le constat que « les
filles portant le foulard en France sont plutôt en rupture avec la
manière traditionnelle dont le portait leur mère ou leur
grand-mère ». La même analyse serait valable au sujet des
femmes portant volontairement le niqab, auxquelles la mission a
attribué deux motivations : « en premier lieu, la
recherche de pureté dans la pratique d'un culte plus austère ;
en second lieu, la volonté de prendre ses distances avec une société
jugée pervertie ».
De grands principes
Prenant acte de la situation, les parlementaires ont proposé,
entre autres, de « renforcer la formation civique délivrée
dans le cadre du contrat d'accueil et d'intégration ». Si la
l'interdiction devait être votée – puis appliquée... –, des stages de
"citoyenneté" seraient peut-être imposés aux contrevenants. Sans doute
y inculquerait-on le principe de laïcité, censé permettre, selon nos
députés schizophrènes, « l'intégration à la communauté
nationale de ceux qui rejoignent la France pour y travailler et y
vivre », mais « n'interférant pas dans leur culture
et leur religion ». « Lutter contre le port du voile
intégral c'est [...] faire œuvre de libération », a encore
proclamé le rapport parlementaire. « C'est notre vivre
ensemble fondé sur l'esprit des Lumières qui est bafoué », a
confirmé André Gérin.
Les pouvoirs publics se fourvoient dans l'idéologie
contractualiste. Laquelle exclut fort logiquement la perspective
d'assimilation – un processus dont l'aboutissement tient moins aux
volontés individuelles qu'à l'enracinement progressif des générations.
Renouant avec ses grands principes, la République se remémorera-t-elle
également ses velléités totalitaires ? Selon les révélations
du Figaro (04/05/2010), le ministre Éric Besson
serait « disposé » à exposer à la déchéance de leur
nationalité des Français coupables d'« atteintes caractérisées
aux valeurs fondamentales de notre République ». Les
royalistes sont prévenus.
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25 février 2010
C'est toujours avec plaisir que nous l'écoutons parler... Mais Jacques
Myard se fourvoie dans un mauvais combat en faisant l'apologie de la laïcité.
Le député souverainiste Jacques Myard voudrait faire du
9 décembre la « journée nationale de la
laïcité ». À cet effet, il vient de présenter
une proposition de loi,
enregistrée à la présidence de l'Assemblée le mercredi
24 février. « Il s'agirait non seulement de célébrer
publiquement l'un des piliers de la République »,
explique-t-il dans l'exposé des motifs, « mais aussi d'y
consacrer quelques heures des programmes scolaires et
médiatiques ».
Dans son collimateur, on entrevoit l'islam, qu'il se garde
pourtant de nommer, évoquant « certains groupes
religieux » qui « tentent d'imposer des comportements
clairement contraires au principe de laïcité, et en particulier à la
neutralité du service public qui en découle ». De son point de
vue, un « hommage à la loi sur la séparation des Églises et de
l'État de 1905 » serait une réponse à l'islamisation rampante.
« Cette loi a permis de mettre fin à toutes les tensions
politico-religieuses caractérisant la vie politique française depuis la
Révolution », affirme-t-il un peu hâtivement, passant sous
silence les brimades infligées au pays réel qui n'avait pas encore
déserté les paroisses.
Le laïcisme hérité de la IIIe République continue
d'empoisonner nos mentalités, en dépit du tournant entamé
par le président Sarkozy
en faveur d'une laïcité plus saine, qui
« n'est pas la négation ou le rejet du fait
religieux » mais « un principe d'apaisement dont
dépendent la concorde et la paix civiles ». Dans ces
conditions, les velléités du député des Yvelines ne froisseront pas
seulement des officines islamiques. Bien au contraire, elles
galvaniseront les plus sectaires, enclins à couvrir d'une pudeur
déplacée l'héritage chrétien qui imprègne en profondeur le pays.
Autrement dit, la France foulera au pied son propre passé, au lieu
d'encourager tous ses citoyens à se l'approprier.
Nos parlementaires devraient plutôt célébrer Marie avec une
ferveur renouvelée. D'autant que nos compatriotes musulmans pourraient
tout à fait se joindre à la fête du 15 août !
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7 janvier 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Depuis la fin novembre, Quick s'essaie à la vente de
hamburgers certifiés halal. Le groupe de
restauration rapide se lance ainsi sur un marché porteur, qui affiche
régulièrement une croissance à deux chiffres.
Le concurrent européen de McDonald's, contrôlé à 95 %
par un fonds public français, s'est immiscé malgré lui dans le débat
sur l'identité nationale : depuis le 30 novembre, des
repas certifiés halal sont servis dans huit
restaurants Quick de l'hexagone. Les hamburgers y sont garnis d'une
viande issue d'un abattage rituel, opéré par égorgement
« au nom de Dieu », face à La Mecque, par un
sacrificateur habilité par un organisme religieux avec l'agrément de
l'État. Le porc étant réputé haram (illicite),
des allumettes de dinde ont remplacé les lardons.
30 % de hausse
La démarche, expérimentale, permettra d'évaluer l'ampleur des
difficultés logistiques : les prescriptions islamiques
pourraient s'avérer délicates à respecter dans des cuisines où des
aliments "licites" risquent de cohabiter avec quelques autres proscrits par la loi
coranique. L'enseigne veillera sans doute à dissiper la méfiance des
clients, alors que son concurrent KFC, ayant investi un créneau
similaire, est justement accusé d'avoir trahi leur confiance. À
Villeurbanne, ils sont invités à vérifier l'origine des commandes dans
un cahier mis à leur disposition en français et en arabe. Avec ce
changement de carte, rapporte notre consœur Carole Bianchi,
« "le fast-food a vu son chiffre d'affaires progresser de
30 % et a dû embaucher deux fois plus de personnel en moins de
quinze jours, selon le gérant Karim Bouzeenaba » (20 Minutes,
15/12/2009).
Nouveau marché
L'alimentation halal constitue un marché
en plein essor, enregistrant régulièrement une croissance supérieure à
10 %. Spécialisé « dans les études marketing
ethniques », le cabinet Solis lui attribue un chiffre
d'affaires de 4 milliards d'euros en 2009 (dépenses des
ménages, sans compter la consommation en restauration hors domicile de
type sandwicheries, restaurants, collectivités...). Par comparaison, le
"bio" drainerait seulement 2,6 milliards d'euros, selon
l'estimation citée par Anne-Hélène Pommier (Le Figaro,
16/12/2009).
« Longtemps limité à des commerces
traditionnels », le circuit de distribution de ces produits
s'étend aujourd'hui aux grandes et moyennes surfaces, observe Solis,
« notamment aux grandes enseignes d'hypermarchés qui
présentent des offres de produits halal élaborés pour partie par les
plus grands groupes agroalimentaires français ».
Industriels et distributeurs cibleraient les "baby-boomers de
la diversité", nés en France et forts d'un pouvoir d'achat supérieur à
celui de leurs aînés. Mais ils communiquent encore avec pudeur,
préférant généralement promouvoir les "saveurs d'Orient". Si Maggi fait
figure d'exception, la plupart commercialisent leurs produits halal
sous une marque spécifique. Tel Casino, en pointe avec Wassila, ou
Panzani, qui fut le premier à lancer une campagne publicitaire sur les
chaines "hertziennes". C'était l'été dernier, à l'occasion du ramadan :
« Certains de nos clients se retrouvent dans les personnages
de la pub, ça leur fait plaisir, c'est pour eux une preuve
d'intégration » se félicitait alors Sébastien Beyhourst,
directeur marketing de Zakia Halal (Libération,
26/08/2009).
Entre intégration et assimilation
Preuve que l'intégration n'est en aucun cas synonyme
d'assimilation ? L'"islamisation" du pays, volontiers
dénoncée, suscite un malaise compréhensible. Observons toutefois
qu'elle ne va pas sans paradoxes : s'ils se distinguent de
leurs compatriotes par certaines habitudes de consommation, imposées
par leur foi, les musulmans peuvent désormais se fournir dans les mêmes
boutiques, s'asseoir à la même table... Voire se joindre aux mêmes
fêtes : à la veille de Noël, Caroline Taix signalait que
« chapons, foie gras et dinde farcie halal [avaient] fait leur
apparition dans les rayons des épiceries spécialisées » (Les Échos,
24/12/2009).
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3 décembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000
Le gouvernement et les parlementaires de la majorité
promeuvent le développement de la finance islamique sur la place de
Paris. Aperçu des enjeux économiques et sociaux.
Le mois dernier, Bercy accueillit un colloque présentant les
« opportunités pour les entreprises françaises »
offertes par la finance islamique. Christine Lagarde a confirmé qu'elle
menait un « combat » en faveur de son développement
sur le territoire national. Par ce biais, le ministre de l'Économie
entend renforcer l'attractivité de la place de Paris et capter des
liquidités au volume croissant, issues de rentes pétrolières et
gazières.
Cinq principes
La finance islamique recouvre les activités censées respecter
les prescriptions du Coran. Elle repose sur cinq principes :
interdiction de l'intérêt versé selon le seul écoulement du
temps ; prohibition de la spéculation et de
l'incertitude ; exclusion des secteurs haram
(vente d'armes, d'alcool ou de porc, pornographie) ; partage
des profits et des pertes ; adossement à des actifs tangibles.
Des exigences mises en valeur par la Crise... Évalué à
700 milliards de dollars, ce marché devrait représenter
1 000 milliards d'euros à l'horizon 2020, selon Elyès
Jouini et Olivier Pastré, auteurs d'un rapport pour Paris Europlace.
« Soit [...] l'équivalent du tiers des fonds propres de
l'ensemble des banques mondiales en 2007 ou l'équivalent de la moitié
de la capitalisation boursière de la place financière de Paris
aujourd'hui. »
Les banques françaises n'ont pas manqué d'investir ce marché.
BNP-Paribas s'y emploie depuis les années quatre-vingt, principalement
dans le Golfe persique et en Asie du Sud-Est. Depuis 2003, le groupe
s'appuie sur une filiale basée à Bahrein. « Cette entité est
soumise aux mêmes contraintes et dispositions légales que BNP-Paribas,
notamment en matière de connaissance des clients, de lutte contre le
blanchiment d'argent, etc. Néanmoins, [...] elle dispose d'un comité de
charia composé de docteurs en théologie [...] chargés d'approuver
toutes les opérations mises en place », expliqua Maya
Boureghda lors d'une table ronde organisée au Sénat au printemps 2008.
Immigrations
Sur le territoire européen, le Royaume-Uni fait figure de
pionnier. Par rapport à lui, « la France a pris beaucoup de
retard dans le développement de son industrie financière
islamique », observe Zoubeir Ben Terdeyet, directeur
d'Isla-Invest. Peut-être parce que « en Grande-Bretagne, les
populations musulmanes sont constituées surtout de personnes
originaires du Pakistan, de l'Inde et du Golfe persique, soit des
régions où les banques islamiques sont très présentes. En France, en
revanche, la communauté musulmane est composée, en majorité, de gens
issus d'Afrique du Nord où la finance islamique est assez
inexistante. » Jean Arthuis, qui préside la commission des
Finances de la chambre haute, déplore l'« inertie
nationale », tout en martelant que peu d'aménagements légaux
seraient nécessaires pour y remédier. D'ailleurs, l'Autorité des
marchés financiers a déjà approuvé des OPCVM (organismes de placement
collectif en valeurs mobilières) compatibles avec la charia.
Outre-Rhin, le land de Saxe a émis une obligation islamique
– ou sukuk – qui lui a rapporté 100 millions
d'euros.
Un exemple à suivre ? Probablement aux yeux du
sénateur UMP Philippe Marini, auteur d'un amendement à la proposition
de loi « tendant à favoriser l'accès au crédit des petites et
moyennes entreprises ». Adopté définitivement par le
Parlement, après avis favorable du gouvernement, son texte prévoyait la
modification du Code civil sur la fiducie (transfert temporaire de
propriété), afin que le détenteur de sukuk
puisse se prévaloir d'un
droit de propriété des actifs supports. Saisi par l'opposition, le
Conseil constitutionnel a censuré cet amendement le 14 octobre
dernier, pour un motif de forme. Scandalisé, le député PS Henri
Emmanuelli avait dénoncé une atteinte à la laïcité par
« l'introduction de la charia dans le droit
français ». Une accusation récusée par sa collègue UMP Chantal
Brunéi : « Nous n'ajoutons ici qu'un instrument
d'investissement supplémentaire dans la boîte à outils – un parmi
beaucoup d'autres, et que personne n'est obligé
d'utiliser ! »
Communautarisme
Sans doute eût-il été plus opportun d'agiter l'épouvantail du
communautarisme. L'année dernière, Jean Arthuis avait regretté que
« la réflexion présentement engagée soit essentiellement
tournée vers la banque d'investissement et de financement au détriment
de la banque de détail ». La demande des particuliers
n'apparaît pas manifeste, mais Zoubeir Ben Terdeyet veut croire en son
émergence : « Lorsque la viande halal est apparue en France, presque personne n'en achetait. [...]
Beaucoup de musulmans qui ne consommaient
pas de viande halal,
par effet de mimétisme, font maintenant comme
leurs voisins en s'en procurant. Le même phénomène pourrait avoir lieu
concernant les produits de finance islamique. » Leur
développement s'accompagnerait d'un « effet
intégrateur potentiel » selon Jean Arthuis ; ce
serait un signal positif envoyé à la communauté musulmane nationale,
une sorte de reconnaissance.... Dans le débat qui anime la rédaction de
L'Action Française 2000 et qui oppose, plus ou moins,
les partisans de l'assimilation à ceux de l'intégration communautaire,
l'ancien ministre de l'Économie soutiendrait vraisemblablement les
seconds.
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17 juillet 2008
Article publié dans L'Action Française 2000
Le Conseil d'État confirme le refus d'accorder la nationalité française à une Marocaine adepte d'un islam trop radical.
Mme Fazia M. a trente-deux ans. Elle est mariée à un Français et mère
de trois enfants. En dépit de sa maîtrise de la langue, le 16 mai 2005,
le gouvernement s'est opposé par décret à sa naturalisation, arguant,
conformément au Code civil, d'un « défaut d'assimilation ». À juste
titre selon le Conseil d'État, dont la décision du 27 juin a été
révélée par Le Monde vendredi dernier.
La presse a monté en épingle le port de la burqa, dont le juge
administratif aurait proclamé l'incompatibilité avec l'obtention de la
nationalité française. Mais le verdict n'y fait aucune mention. Il
stipule que la requérante a « adopté une pratique radicale de sa
religion, incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté
française, et notamment avec le principe d'égalité des sexes ;
qu'ainsi, elle ne remplit pas la condition d'assimilation ».
Effectivement, Fazia M. ne cache pas les attaches salafistes de son
foyer, où elle vivrait « presque recluse » selon le commissaire du
gouvernement cité par Le Monde. On s'interroge sur l'objectivité des
motifs invoqués. Sans doute est-il impossible d'échapper tout à fait à
l'arbitraire en la matière... D'autant qu'une législation tatillonne
instaurerait une véritable "idéologie d'État". Il appartient à
l'exécutif de faire bon usage de son pouvoir discrétionnaire.
Laïcisme, islamisme, même combat !
Après l'annulation du mariage d'un couple musulman dont
l'épouse avait menti sur sa virginité, cette affaire confirme
l'évolution des "bonnes consciences médiatiques", enfin débarrassées
de leur angélisme islamophile. Faut-il s'en réjouir ? En partie
seulement, car les ressorts de cette réaction sont douteux. « La France
se doit de rester l'avant-garde du combat laïque, seul rempart contre
les dérives fanatiques dont les femmes sont les premières victimes »,
affirme l'association Ni Putes ni Soumises. Méfions-nous du laïcisme,
dont les adeptes sont des alliés objectifs des islamistes, tant ils
sont prompts à fouler aux pieds notre identité nationale – influencée
certes par deux siècles de république, mais façonnée surtout par plus
d'un millénaire de christianisme ! Quant aux slogans égalitaires
inspirés par une idéologie féministe, ils mènent à une
impasse. C'est dans la valorisation des différences qu'on enseignera à
nos petits sauvageons le respect dû aux femmes : en effet, qui voudra
leur faire croire qu'elles sont des hommes comme les autres ?
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5 juin 2008
Article publié dans L'Action Française 2000
Une véritable fatwa contre la liberté des femmes, selon Sihem Habchi.
Révélée par les médias le 29 mai, la décision du tribunal de
grande instance de Lille rendue le 1er avril, annulant un
mariage alors que l'épouse avait menti sur sa virginité, a provoqué un
véritable tollé. Sihem Habchi, au nom de l'association Ni putes ni
soumises, s'est insurgée contre l'instauration d'« une véritable fatwa
contre la liberté des femmes ». Le PS, quant à lui, s'est offusqué d'un
jugement « atterrant » qui « bafoue le droit des femmes à disposer de
leur corps ». Ils ont beau jeu de dénoncer la soumission de la Justice
aux préceptes islamistes, ceux-la même qui sont si prompts à accueillir
sur notre sol des immigrés porteurs de valeurs qui nous sont
étrangères... À la lecture de l'énoncé du verdict, en tout cas, on
nuance leurs réactions.
Héritage manifeste du mariage religieux, la reconnaissance de
nullité est une procédure quasiment tombée en désuétude : « elle n'est
plus enseignée à la faculté que comme une curiosité », précise Eolas
dans son Journal d'un avocat (1). Elle s'appuie sur l'article 180 du Code
civil : « Le mariage qui a été contracté sans le consentement libre des
deux époux, ou de l'un d'eux, ne peut être attaqué que par les époux,
ou par celui des deux dont le consentement n'a pas été libre, ou par le
ministère public. L'exercice d'une contrainte sur les époux ou l'un
d'eux, y compris par crainte révérencielle envers un ascendant,
constitue un cas de nullité du mariage. S'il y a eu erreur dans la
personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre
époux peut demander la nullité du mariage. »
« Qualité essentielle »
« Mais la loi se garde de définir ces qualités essentielles,
remarque Eolas, et la jurisprudence de la cour de cassation laisse le
juge décider si, selon lui, les qualités invoquées sont ou non
essentielles. [...] Seules exigences de la jurisprudence : l'erreur
doit être objective et déterminante, c'est-à-dire reposer sur un fait
et être telle que, sans cette erreur, l'époux ne se serait pas marié. »
De fait, la Justice admet que la virginité d'une femme puisse
constituer une « qualité essentielle » aux yeux de son futur mari.
Aussi Sihem Habchi s'inquiète-elle d'« un glissement vers
l'institutionnalisation du relativisme culturel ». Le jugement n'en
reste pas moins « conforme à la jurisprudence classique » selon
Philippe Lemaire, procureur de la République de Lille : «
c'est le mensonge qui motive la décision du juge » (Le Monde, 29/05/2008).
Ni pute ni soumise réclame que « les législateurs
rétablissent cette faille de la loi ». En admettant que ses
valeurs soient effectivement partagées par la République, celle-ci se
retrouvera confrontée à un dilemme insoluble : comment pourrait-elle
garantir le libre consentement des époux tout en en restreignant les
motifs légaux ? Pour l'heure, c'est la femme dont on déplore la
"répudiation" qui fait les frais de ces polémiques. Selon son avocat,
Me Charles-Édouard Mauger, cité par l'AFP, elle aurait été «
traumatisée » par la médiatisation de l'affaire, et depuis
l'appel du procureur de la République de Lille, « elle va très, très,
très mal ». En définitive, le sort de la malheureuse, ainsi que la
crainte – à bien des égards légitime – d'une "islamisation" de la
France sont en partie instrumentalisés au service d'un certain
féminisme. C'est une réponse bien insuffisante aux outrances inspirées
par l'islam : on n'imposera pas le respect dû aux femmes par de
vulgaires revendications libertaires.
(1) http://www.maitre-eolas.fr/
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