17 novembre 2018
Telle est, en substance, l'opinion exprimée par des députés socialiste et Les Républicains, à l'occasion d'un débat parlementaire portant sur l'accueil des réfugiés.
Il y a un mois, le mercredi 17 octobre 2018, un amendement a été adopté à l'Assemblée nationale afin d'encourager l'accueil des migrants par la population – cela contre l'avis du Gouvernement. On doit ce texte à Aurélien Taché, député du Val-d'Oise, autrefois encarté au Parti socialiste, désormais affilié à la République en marche. Ce dernier a donc proposé « la création d'un crédit d'impôt pour les Français qui hébergent des réfugiés, à hauteur de 1 500 euros maximum, à raison de 5 euros par nuitée
».
« L'objectif de ce crédit d'impôt
», a-t-il expliqué, « c'est de mettre fin à la situation actuelle, qui fait que les seules rencontres que font les réfugiés pendant deux ans se limitent à leurs visites à la préfecture ou dans une association
» ; de son point de vue, « il est important que les réfugiés puissent rencontrer les gens avec qui ils vont vivre et avec qui ils devront construire le pays
». Peut-être faut-il préciser que, la veille, une mesure similaire avait été adoptée pour faciliter l'hébergement des sans-abri ; par ailleurs, ce sont bien des réfugiés, reconnus comme tels, qui sont concernées – et non des immigrés clandestins.
La charité sous-traitée à la population : un vrai scandale !
« Ce crédit d'impôt ne s'appliquera que si les réfugiés concernés sont suivis par une association agréée par le préfet
», a souligné son promoteur. Le contrôle auquel sera soumis ce dispositif n'en a pas moins été jugé insuffisant par Joël Giraud, député des Hautes-Alpes, rapporteur général de la commission des Finances. Ainsi que par Gérald Darmanin, qui représentait le Gouvernement au moment du vote. Une fois n'est pas coutume, le reste de la majorité ne l'aura pas suivi.
D'autres réserves ont été émises dans les rangs de l'opposition. Selon Fabien Di Filippo, député de la Moselle, Les Républicains, il serait « déplorable
» de « sous-traiter
» ainsi « l'accueil des migrants à nos compatriotes
». Son collègue Jean-Louis Bricout, député du Nord, socialiste, est apparemment du même avis : de son point de vue, « cet amendement remplace la solidarité nationale par la solidarité individuelle
», ce qui, a-t-il confessé, le « choque un peu
». Autrement dit, aux yeux des députés PS et LR, il serait intolérable que le pays réel prenne les choses en main – comme si l'État devait revendiquer un monopole sur la charité. Dont acte.
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27 mai 2018
Considérations politiques sur le nouveau Star Wars censé présenter les origines du célèbre contrebandier.
Que dire de Solo – A Star Wars Story ? Ce film est-il porteur d'un quelconque message ? Ron Howard, son réalisateur, lui prête « une dimension politique
». En effet, « chaque personnage est victime d'une oppression
», a-t-il expliqué à nos confrères du Journal du dimanche (19 mai 2018). « Il y a même un droïde féministe qui milite pour l'égalité des droits
», s'est-il félicité.
Lando et sa sexualité prétendument débridée
Effectivement, la rébellion attisée sur Kessel par L3-37 aurait pu donner à réfléchir dans cette galaxie lointaine où l'esclavage semble banal. Cet épisode est toutefois traité sous un angle parodique – tout comme la relation que Lando entretient avec cette agitatrice. Selon Jonathan Kasdan, coscénariste, cela témoignerait d'« une certaine fluidité dans la sexualité
» du capitaine Calrissian où même « les droïdes ont une place
» ; c'est en tout cas ce qu'il a prétendu dans un entretien accordé au Huffington Post, cité par Star Wars Universe (18 mai 2018). « J'aurais adoré qu'il y ait un personnage plus explicitement LGBT dans ce film
», a-t-il par ailleurs regretté ; « je pense que le temps est venu pour ça
», a-t-il poursuivi, négligeant la naïveté propre à La Guerre des étoiles. Donald Glover, le nouvel interprète de Lando, a surenchéri en ces termes auprès de la radio Sirius XM citée par Première (22 mai 2018) : « Comment ne pas être pansexuel dans l'espace ? Il y a tellement de choses avec lesquelles faire l'amour. Je n'ai pas trouvé ça étrange. Oui, il drague tout ce qui bouge. Et alors ? Ça ne m'a pas semblé si bizarre parce que si vous êtes dans l'espace, toute est possible ! Il n'y a pas que des gars et des filles.
[…] Êtes-vous un homme ou une femme ? On s'en fiche. Amuse-toi.
»
Le héros prié d'adopter un nouveau langage
Tout cela n'a rien de manifeste à la découverte du film. À moins que des considérations idéologiques expliquent précisément la platitude qui s'en dégage ? Lawrence Kasdan, l'autre coscénariste, père de Jonathan et qui officia jadis à l'écriture de L'Empire contre-attaque puis du Retour du Jedi, n'est pas loin de le suggérer dans les colonnes du Point (24 mai 2018). « Tout ce que nous écrivons maintenant est devenu plus compliqué
», a-t-il expliqué à notre confrère Philippe Guedj, non sans lâcher un soupir. Et de poursuivre : « Les archétypes incarnés par Han Solo n'ont plus cours
[…] parce que les hommes doivent désormais devenir de chics types. Et ça, c'était un vrai challenge à relever. Impossible de laisser Han parler aux femmes comme il s'adresse à Leia dans La Guerre des étoiles et L'Empire contre attaque.
» C'était mieux avant !
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10 mai 2018
Parler d'obsolescence programmée à tort et à travers, cela détourne les consommateurs de leurs responsabilités. Au risque de provoquer la panne des produits et d'accélérer leur renouvellement…
L'obsolescence programmée a fait l'objet d'un débat organisé à l'Institut d'études politique de Paris, le 3 mai 2018, à l'initiative du Centre de sociologie des organisations, sur lequel nous sommes déjà revenu. Dans son intervention, Dominique Roux-Bauhain, professeur à l'université Reims Champagne-Ardenne, a tenu à dissiper une certaine confusion : l'obsolescence programmée désigne une réduction « délibérée
» de la durée de vie des produits, a-t-elle souligné ; en cela, a-t-elle expliqué, elle doit être distinguée de l'obsolescence psychologique ainsi que de l'obsolescence d'après-vente. « Attention à ne pas mettre tout et n'importe quoi sous ce terme
», a-t-elle prévenu. « Certes, il y a des cas délictueux
» d'obsolescence programmée, a-t-elle concédé – à tort selon nous. Cependant, a-t-elle poursuivi, c'est « l'arbre qui cache la forêt
». De son point de vue, il serait même « dangereux
» de donner la priorité à la dénonciation d'un tel phénomène : cela conforterait les consommateurs dans l'idée que leurs produits tombés en panne seraient irréparables.
Des consommateurs paranos
Un visite des réseaux sociaux en ligne le confirme : confrontés au dysfonctionnement d'un appareil, les internautes, fatalistes, incriminent volontiers l'obsolescence programmée. Le mois dernier, par exemple, sur le forum associé à 60 Millions de consommateurs, le propriétaire d'un smartphone s'est plaint de ne plus pouvoir passer d'appel à l'issue d'une mise à jour logicielle, s'indignant d'emblée d'un cas d'obsolescence programmée. Or, sans doute était-il victime d'un bug, à moins qu'il ait été déboussolé par un changement d'interface (ce dont nous avons nous-même fait l'expérience). Quoi qu'il en soit, peut-être aura-t-il été tenté d'acheter un nouvel appareil, alors qu'un petit bidouillage aurait vraisemblablement suffi à tout remettre en ordre.
De fait, quand une panne survient, « les gens sont globalement incompétents
», a constaté Dominique Roux-Bauhain. « Le premier réflexe, c'est jeter
», a-t-elle regretté. C'est pourquoi, selon elle, il faudrait « développer des structures de diagnostic
». Plus généralement, sans doute conviendrait-il de rappeler aux consommateurs qu'ils sont libres de leurs choix – tout en les éclairant à ce sujet. Or le fantasme de l'obsolescence programmée les détourne précisément de leurs responsabilités, les réduisant au statut de victimes impuissantes d'une industrie réputée malfaisante.
Personne ne veut des produits durables
Peut-être ce climat de défiance explique-t-il en partie les difficultés que les fabricants rencontrent parfois pour vendre des produits plus robustes. À l'image de Maped, dont les rapporteurs et autres compas de qualité supérieure n'ont pas trouvé leur public, si l'on en croit les responsables de cette entreprise cités par France Info. Peut-être la conviction, ancrée dans l'esprit des gens, que les produits sont sabotés dans les usines explique-t-elle également que les industriels privilégient le design aux dépens du reste, comme on l'observe avec les ordinateurs portables, de plus en plus fins, mais aussi plus difficiles à démonter et dotés d'une mémoire soudée qui sacrifie l'évolutivité.
Par ailleurs, si l'on s'imagine que les produits sont programmés pour tomber en panne, à quoi bon les entretenir ? Or, selon le Gifam, 70 % des pannes de fers à repasser et de cafetières sont dues à l'entartrage, comme le rapportent Thomas Lombès et Bastien Poubeau dans leur étude publiée en 2014 dans le cadre de l'École des mines. La notoriété croissante de l'association Hop ne va pas arranger les choses, bien au contraire. Sa cabale contre Epson en témoigne : alors que l'industriel japonais prétend changer gratuitement le tampon absorbeur de ses imprimantes, ses militants ignorent délibérément cette promesse (dont il faudrait vérifier qu'elle soit bien tenue) ; dans un reportage diffusé sur France 2 le 29 mars, ils entretiennent même la confusion entre la fin de vie d'un appareil et celle d'un consommable ! Il est vrai qu'en installant un pilote pirate, une imprimante équipée d'un tampon prétendument usagé peut tout à fait continuer à fonctionner quelque temps. Tout dépendra en fait des conditions d'utilisation. Mais il faudra compter avec d'éventuelles déconvenues
Maintenance préventive contre obsolescence programmée
« Il y a quelques années j'ai dépanné une imprimante qui faisait de grosses traces à chaque impression, dont le propriétaire avait, un an auparavant, réinitialisé le compteur
[…] pour permettre de reprendre les impressions
», a raconté un internaute, TeoB, dans un commentaire publié en début d'année sur le site LinuxFr.org ; « le tampon était noyé d'encre qui avait débordé et qui tapissait tout le fond de l'imprimante
», précisait-il ; « ça m'a pris quelques heures pour tout remettre en état, plus une nuit de séchage
», se souvenait-il. On comprend que son intervention se sera avérée plus coûteuse que celle prônée par le fabricant quelques mois plus tôt.
Les accusations proférées contre Apple sont elles aussi perverses : la possibilité d'utiliser un smartphone équipé d'une batterie usagée, au prix d'un ralentissement, ne devrait-elle pas être préférée à l'obligation d'en changer ? Dans une perspective écologiste, il faudrait assurément se féliciter qu'un tel choix soit proposé aux utilisateurs. En effet, la fabrication d'une batterie n'est pas sans incidence sur l'environnement… Quant aux mises à jour, certes gourmandes en ressources matérielles, il convient plutôt de se réjouir de leur déploiement, le cas échéant. Ce sont les constructeurs qui en font l'économie qui devraient être prioritairement mis en accusation : à quoi bon préserver la réactivité d'origine d'un smartphone si plus aucune application ne peut y être installée ? Dans l'idéal (quoique...), il faudrait certes abolir la loi de Wirth – ou celle de Moore. Mais seules les propriétés de la physique et les limites de la créativité humaine le permettront peut-être un jour. En attendant, c'est un moindre mal.
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16 avril 2018
Un sénateur Les Républicains veut bannir des écoles les quelques signes religieux encore visibles aux yeux des élèves. Appliquées à la lettre, ses propositions relèveraient d'une folie totalitaire.
Une proposition de loi a été déposée à la chambre haute afin de « renforcer l'effectivité du principe de laïcité
» et de « lutter contre le prosélytisme dans le cadre de l'enseignement public
». Son auteur, Jérôme Bascher, sénateur de l'Oise, revendique une conception manifestement radicale de la laïcité.
Cachez ce clocher que je ne saurais voir !
Son texte vise explicitement les parents accompagnateurs des sorties scolaires. Concrètement, s'il était appliqué, les femmes de confession musulmane qui portent le voile seraient obligatoirement priées de le retirer en pareille circonstance.
« L'école, et plus généralement le temps scolaire, doit demeurer un sanctuaire où aucun signe religieux ostentatoire ne doit être exposé aux élèves
», proclame Jérôme Bascher dans l'exposé des motifs. Si tel était effectivement le cas, sans doute conviendrait-il d'expurger les manuels scolaires et de mettre à l'Index bien des œuvres littéraires : le baptême de Clovis serait effacé de l'histoire de France, entre autres exemples ; quant aux Misérables de Victor Hugo, ils mettraient toujours en scène Jean Valjean, mais celui-ci n'y croiserait plus l'évêque Myriel. Par ailleurs, peut-être faudrait-il fermer les volets des salles de classe dont les fenêtres laisseraient apparaître le clocher d'un église, signe religieux ostentatoire s'il en est…
Le père Noël est une ordure
Sans aller aussi loin, le texte proposé stipule tout de même que « les propos et agissements visant à exercer une influence sur les croyances ou l'absence de croyances des élèves sont interdits dans les écoles, collèges et lycées publics, ainsi qu'aux abords immédiats de ces établissements, lors des entrées ou sorties des élèves ou dans un temps très voisin de celles-ci, et lors des sorties scolaires organisées par ces établissements
». Autrement dit, un élève pourrait être puni pour avoir raconté à un camarade de classe qu'il allait à la messe le dimanche… Ou même pour lui avoir dit s'il croyait ou non au père Noël !
Fait remarquable : cette proposition de loi ubuesque n'émane pas de la France insoumise, mais d'un élu Les Républicains. Dont acte.
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21 décembre 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
Un laïcisme obtus transforme la crèche en symbole identitaire.
La justice s'acharne contre les crèches ! Celle installée dernièrement par Robert Ménard vient d'en faire les frais. Hélas ! Une suspicion plane toutefois sur le maire de Béziers – comme sur tous les édiles bravant une laïcité dévoyée : trouveraient-ils le même intérêt à mettre en scène la Nativité s'ils ne risquaient pas d'être traînés devant les tribunaux ? La polémique aidant, ils apparaissent comme les hérauts d'autant plus méritants de traditions attaquées de toutes parts.
La magie de Noël !
Sans doute la légitimité prêtée à leur combat tient-elle à la hantise suscitée par l'immigration et l'islam ; que va-t-il advenir de l'identité nationale ? Dans le cas des crèches, cependant, il faut le rappeler, c'est à l'initiative de « libres penseurs
» que des interdictions sont prononcées. Quant à nos compatriotes musulmans, ils ne semblent pas indisposés par cet héritage religieux. Dans une boulangerie du Val-de-Marne, en pleine effervescence au moment du Ramadan, on n'a certes pas installé de crèche ces jours-ci, mais on a tout de même planté un sapin, avec, entre autres décorations, un bonnet de père Noël – cousin pas si lointain de saint Nicolas, une figure chrétienne donc, dont on s'étonne d'ailleurs qu'elle soit encore tolérée dans des édifices publics… À l'approche du réveillon, voilà déjà quelques années (en 2009), nos confrères des Échos avaient remarqué que « chapons, foie gras et dinde farcie halal
[avaient] fait leur apparition dans les rayons des épiceries spécialisées
». De ce point de vue, la fête de la Nativité conserve de beaux restes, tant elle s'avère encore fédératrice. C'est la magie de Noël !
Qu'en sera-t-il demain ? Peut-être les crèches vont-elles continuer à refleurir. Des cochons pourraient y être substitués aux moutons. Pour décorer un intérieur en toute saison, à côté d'une représentation de la bataille de Poitiers. Cela, au fond, avec la bénédiction des institutions républicaines, dont le laïcisme obtus contribue directement à dévoyer la crèche en étendard du combat identitaire. Les croyants n'ont pas lieu de s'en réjouir. Les profanes non plus.
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16 février 2017
Article publié dans L'Action Française 2000
La présentation d'une nouvelle Alpine est imminente. Pour Renault, il s'agit de renouer avec une tradition en sommeil depuis une vingtaine d'années.
L'attente aura été longue : le mois prochain (en mars 2017), à l'occasion du salon de Genève, sera enfin dévoilée la nouvelle Alpine ; plus d'un quart de siècle se sera écoulé depuis la présentation, en mars 1991, au même endroit, de l'A610, ultime héritière d'une dynastie fondée en 1955. Pour peu qu'ils soient chauvins, cela ne manquera pas de réjouir les amateurs de conduite, sinon de pilotage. « À quoi sert la course automobile ?
», avait jadis demandé le général de Gaulle. « À faire gagner la France !
», lui avait répondu Jean Rédélé, fondateur d'Alpine.
Montée en gamme
C'est d'abord sur la route que cette nouvelle voiture se frottera à ses rivales. Moins bourgeoise qu'une Porsche Cayman, elle s'annonce toutefois plus confortable qu'une Lotus Élise. À travers elle, Renault prétend investir le segment du « sport premium
». Sans doute les ventes seront-elles modestes, quoique les quelque deux mille premiers exemplaires ouverts à la réservation aient déjà trouvé preneur. En tout cas, c'est un petit pas vers la montée en gamme du Losange. De toute façon, comme l'expliquait dernièrement Carlos Tavares, ancien directeur général de Renault, aujourd'hui à la tête de PSA, « la course au volume est une dimension d'un autre âge
» (Les Échos) – la priorité étant désormais donnée à l'accroissement des marges.
Reniant l'aspect spartiate de la célèbre A110, ce nouveau modèle se rapprochera davantage, dans sa philosophie, de l'A310 appelée à lui succéder en 1971. Mais pas dans son design ! Se raccrochant aux épisodes les plus glorieux de son histoire, Alpine inscrit son renouveau dans l'héritage quasi-exclusif de la berlinette disparue en 1977. D'un point de vue technique, cependant, sa lointaine descendante s'en distingue à bien des égards. Son moteur ne sera plus disposé en porte-à-faux arrière, mais en position centrale, juste derrière les sièges. De plus, « elle va disposer d'un châssis en aluminium qui est la marque de fabrique de Lotus et non d'Alpine
», s'indigne Jacques Cheinisse, numéro 2 historique de la marque, dans un entretien au site Motor 1. Cela étant, toute tradition n'est-elle pas nécessairement critique ?
Soucieux de renouer avec elle, Renault enracine à Dieppe, siège historique de la marque, la production de la nouvelle Alpine. C'est un choix rationnel dans une optique strictement économique, cette usine étant spécialisée dans les productions de niche et tout particulièrement dans celle des voitures de sport. Mais c'est aussi un atout marketing, les clients potentiels exigeant aujourd'hui, plus ou moins consciemment, des gages d'authenticité. En revanche, le retour du "A fléché" en compétition apparaît, quant à lui, très artificiel : si les victoires sont engrangées sur les circuits des European Le Mans Series, elles le sont en fait par un constructeur tiers (Signatech) dont les voitures ont simplement été repeintes aux couleurs d'Alpine.
Noblesse mécanique
Le public sera-t-il dupe ? On verra bien. Mais peut-être Renault aura-t-il tiré quelque leçon de ses erreurs, parfois récentes. En 2010, il avait tenté une relance bien hasardeuse de Gordini, un nom prestigieux lui aussi, ravalé au rang de simple finition. Par ailleurs, ses modèles sportifs ont souvent pâti d'un manque de noblesse mécanique. Sur ce point, les circonstances jouent en sa faveur : sous les capots des Porsche et autres BMW, par exemple, afin de réduire les consommations, les moteurs quatre cylindres sont désormais légion, si bien que l'Alpine n'aura pas à rougir de la comparaison. Si les acheteurs sont conquis, il sera tentant de transformer l'essai afin d'en récolter des dividendes via la production d'une modèle plus largement diffusé (on parle déjà d'un SUV). Au risque de rompre les fils reliant Alpine à son passé, lesquels sont pourtant la clef du succès escompté.
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14 décembre 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Critiqué, avant même sa sortie, par les partisans les plus virulents de Donald Trump, Rogue One – A Star Wars Story semble inspiré par les études de genre et l'apologie de la "diversité".
Alors que Dark Vador vient de faire son retour au cinéma, son ombre plane sur la vie politique américaine. Son nom se trouve régulièrement associé à celui de Donald Trump. Un conseiller du président élu, Steve Bannon, s'est lui-même placé sous son patronage, selon des propos, au demeurant confus, rapportés par le Hollywood Reporter (18 novembre 2016). Cela n'a pas échappé à Christopher Suprundec, grand électeur républicain, qui s'en est offusqué dans le New York Times (5 décembre), tout en annonçant qu'en dépit des usages, il n'accorderait pas sa voix à Donald Trump. C'était quelques jours avant la sortie de Rogue One, le nouveau Star Wars, ce mercredi 14 décembre 2016 en France. « Je n'emmènerai pas mes enfants le voir pour célébrer le mal, mais pour leur montrer que la lumière peut en triompher
», a-t-il expliqué. Chris Weitz, coscénariste du film, s'est risqué lui aussi à galvaniser la résistance au trublion républicain. Sur Twitter, le 11 novembre, détournant le logo de l'Alliance rebelle, il lui a associé le slogan suivant : « La Guerre des étoiles contre la haine
». À ses yeux, « l'Empire est une organisation de suprématistes blancs ». À laquelle s'oppose, selon son collègue Gary Whitta, « un groupe multiculturel mené par une femme courageuse
» – les héros de Rogue One. Les partisans les plus virulents de Donald Trump, affiliés au mouvement Alt-Right, ne s'y sont pas trompés : ils appellent au boycott du film. Aussi Bob Iger, P-DG de la Walt Disney Company, propriétaire de Lucasfilm, a-t-il tenté d'éteindre l'incendie : « en aucune façon, il ne s'agit d'un film politique
», a-t-il déclaré à nos confrères du Hollywood Reporter (12 décembre).
Revendications féministes
Kathleen Kennedy, productrice, présidente de Lucasfilm, n'en revendique pas moins un certain engagement. Tout particulièrement vis-à-vis des femmes : « j'espère que nous avons une influence sur la façon dont elles sont vues tant dans les divertissements que dans l'industrie hollywoodienne
», a-t-elle déclaré, comme le rapporte 20 Minutes (5 décembre). Les études de genre semblent avoir influencé l'écriture du rôle principal de Rogue One. Celui-ci n'aurait pas été conçu pour un homme ou pour une femme, au dire du réalisateur, Gareth Edwards ; « Jyn est une personne qui se trouve être une fille
», a-t-il expliqué dans un entretien à Vulture (9 décembre). Échafaudant les théories les plus fantaisistes, certains fans s'imaginent d'ailleurs que Rey, l'héroïne du Réveil de la Force (un autre épisode de la saga), serait la réincarnation d'Anakin Skywalker… Quoi qu'il en soit, comme l'explique l'actrice Felicity Jones, il n'était pas question de « sexualiser
» le personnage qu'elle incarne. Autrement dit, le bikini de la princesse Leia reste au placard. « On ne voit même pas les bras de Jyn
», a-t-elle souligné dans un entretien à Glamour (29 novembre). Faisant la promotion du film, elle n'en a pas moins mis en scène sa féminité sur un plateau de télévision, retirant ses chaussures à talons hauts tandis qu'elle mimait un combat l'opposant à l'animateur Jimmy Fallon (The Tonight Show, NBC, 30 novembre).
Bons sentiments intéressés
Son personnage est le chef de file d'une équipe bigarrée. Diego Luna, un Mexicain, interprète du capitaine Cassian Andor, y voit « un beau message pour le monde dans lequel nous vivons
», comme le rapporte Polygon (2 décembre). « La diversité nous enrichit et nous rend plus forts
», a-t-il expliqué à The Wrap (5 décembre). Ce discours convenu, plein de bons sentiments, n'exclut par quelque considération plus terre-à-terre. « Nous vivons dans un monde de cinéma globalisé
», a souligné Donnie Yen, un Chinois, interprète de Chirrut Îmwe, dans un entretien à Première (12 décembre). Dans les bandes-annonces destinées à l'Empire du Milieu, son personnage est d'ailleurs plus particulièrement mis en avant. Évoquant sur Écran large (12 décembre) « le "multicultularisme" du casting
», Jacques-Henry Poucave soutient qu'il est « bien plus motivé par la nécessité pour le film de cartonner partout dans le monde que par la volonté d'attaquer les pauvres petits caucasiens
». Comme l'écrivait Charles Maurras, dans un tout autre contexte, « les idées
[…] sont toujours le masque des intérêts
» (L'Action Française, 8 novembre 1937).
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2 novembre 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Demain, les voitures seront autonomes, pilotées par des algorithmes et leur intelligence artificielle. Cette perspective soulève bien des questions.
Dans les embouteillages ou sur autoroute, le conducteur d'une voiture à la pointe de la technologie (ou du marketing...) peut désormais lâcher le volant. Mais c'est de façon plus discrète, sinon sournoise, que des algorithmes prennent d'ores et déjà les commandes. Comme à bord de la BMW 330e iPerformance, une berline équipée d'un moteur hybride : « la voiture gère
[...] la réponse des deux moteurs en fonction du trafic et du profil de la route
», rapporte notre confrère Romain Heuillard ; « elle utilisera ainsi le moteur électrique en montée avant une descente dans laquelle elle pourra profiter de la récupération d'énergie
», explique-t-il sur Clubic (25 mars 2016).
Objectif 2025
Ce n'est qu'un début. « La révolution va venir par étapes
», annonce Carlos Ghosn, président de Renault, dans un entretien au Figaro (6 octobre). « Concernant la voiture sans chauffeur
», précise-t-il, « elle n'arrivera probablement pas avant 2025
». De toute façon, souligne-t-il, « pour que le régulateur franchisse le pas et autorise ces véhicules, il faudra que toutes les conditions soient réunies, notamment en matière de responsabilité
». C'est un défi lancé aux juristes. Voire aux philosophes : en cas d'accident jugé inéluctable, qui faudra-t-il protéger en priorité ? « Clarifier ces questions de droit et d'éthique à long terme demandera un grand débat international
», prévient Mercedes, dans un communiqué cité par Numerama (18 octobre) ; selon la marque à l'Étoile, ce serait « le seul moyen de parvenir à un consensus global et de promouvoir l'acceptation des résultats
».
Les constructeurs automobiles travaillent donc à concrétiser la promesse de la voiture autonome. Tout comme les spécialistes du numérique. Ceux-ci finiront-ils par supplanter ceux-là dans le contrôle de leur propre industrie ? Dans l'immédiat, Apple ayant renoncé à construire sa propre voiture, les uns et les autres semblent enclins à poursuivre leurs recherches main dans la main : Renault et Nissan ont annoncé en septembre dernier un partenariat avec Microsoft sur la voiture connectée, prélude à la voiture autonome ; quant à Fiat et Chrysler, par exemple, ils collaborent timidement avec Google. L'économie hexagonale tirera-t-elle quelque bénéfice ce cette révolution ? Nos confrères d'Industrie et Technologies ont recensé par moins de « vingt technologies made in France qui permettent de lâcher le volant
».
Faire comme un homme
Beaucoup d'investissements ont été consacrés au développement des capteurs. Mais « la conduite requiert des capacités cognitives
[...] de haut niveau, exigeant en outre un apprentissage
», comme l'explique Denis Gingras, professeur à l'université de Sherbrooke au Québec, cité par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA, 4 octobre). « Aujourd'hui, les algorithmes vérifient qu'ils ne rencontrent pas d'obstacles prédéfinis : pas de piéton, pas de camion, pas de moto, pas de mur, etc.
», souligne Jen-Hsun Huang, directeur général de Nvidia, cité par L'Usine digitale (28 septembre) ; « mais quand on conduit
», poursuit-il, « on n'énumère pas de liste de ce genre, on voit juste que la route est libre
». Voilà précisément ce à quoi devront parvenir les intelligences artificielles.
Celles-ci éviteront probablement des accidents aux automobilistes. Mais peut-être les placeront-elles également sous surveillance. Ainsi Tesla a-t-il annoncé que ses voitures autonomes seraient soumises à des conditions d'utilisation : « pas question pour les taxis d'imaginer revendre leur licence pour devenir propriétaire d'une voiture autonome lucrative, qui irait chercher et déposer toute seule les clients
», résume Guillaume Champeau sur Numerama (21 octobre). Ce faisant, le constructeur de Palo Alto entend privilégier sa propre plate-forme de covoiturage, faisant concurrence à Uber. Ses clients seront-ils prêts à le tolérer ? C'est possible : parmi les acheteurs de livres numériques, par exemple, beaucoup demeurent fidèles à Amazon en dépit des contraintes que celui-ci leur impose. Quoi qu'il en soit, « le véhicule autonome va bouleverser l'industrie automobile dans son business model
», prévient François Jaumain, associé spécialiste des transports chez PWC, cité par le CCFA (27 octobre) ; « le volume des ventes comme indicateur de performance va laisser sa place, peu à peu, aux kilomètres parcourus
», annonce-t-il notamment.
Libérer le code source
Peut-être une garantie de transparence dissiperait-elle un certain nombre d'inquiétudes suscitées par l'émergence de la voiture autonome. Dans l'idéal, les intelligences artificielles appelées à la piloter ne devraient-elles pas constituer un "bien commun" ? Au moins devront-elles s'accorder sur un langage commun : conscients de cette nécessiter, Ford et Jaguar-Land Rover travaillent déjà à faire communiquer leurs véhicules. Udacity, une entreprise californienne, cultive une tout autre ambition : voilà qu'après avoir développé un logiciel de conduite autonome, elle va le diffuser en "open source", comme le rapporte Industrie et Technologies (27 octobre). Un exemple à suivre !
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3 août 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Facebook et Twitter sont pointés du doigt tandis que leurs services sont
mis à profit par les propagandistes islamistes.
Tandis que se multiplient les attentats terroristes, certains de nos
confrères ont annoncé qu'ils ne diffuseraient plus ni les noms, ni les
photographies des islamistes responsables de ces forfaits. Les députés
Marine Brenier (LR) et Meyer Habib (UDI) ont même déposé une proposition
de loi afin d'y contraindre tous les médias. De leur point de vue, « refuser
un nom et un visage aux terroristes, c'est leur refuser la victoire
» ;
« il faut cesser d'entretenir le phénomène malsain de
starification des criminels
», ont-ils
expliqué, soulignant toutefois que cela n'empêcherait pas « d'accomplir
un véritable travail d'enquête et de fond sur les profils des
terroristes
». Dans
les colonnes du Monde, Patrick Eveno, président de
l'Observatoire de la déontologie de l'information, s'étonne que « des
élus garants des libertés fondamentales se rallient à cette demande de
censure, quand ils ne la suscitent pas
» ; de toute façon,
cela lui semble « illusoire au temps des réseaux sociaux
».
Des blocages administratifs sans conséquence
Dans
un rapport enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le
13 juillet dernier (2016), Kader Arif, député (PS) de la
Haute-Garonne, déplore, à ce propos, « la facilité avec laquelle
il a pu accéder en quelques clics aux publications françaises de Daech
».
« Chaque jour
», précise-t-il, « trois nouvelles
vidéos rattachées à Daech sur des réseaux comme Facebook ou Youtube sont
diffusées, leur publicité étant assurée notamment sur Twitter
».
Un « djihadiste facilitateur
» affirme d'ailleurs qu'il
« attrape partout sur Facebook
» !
En réaction, les pouvoirs publics ordonnent des blocages administratifs,
en application de la loi du 13 novembre 2014. Avec un résultat
mitigé : « en plus des nombreuses possibilités de
contournement des blocages, les sites terroristes effectivement bloqués
ne sont en fait pas du tout visités
», observe le
rapporteur ; de mars à décembre 2015, moins de cinq cents tentatives
de connexion auraient ainsi été mises en échec. Comme le rappelle Kader
Arif, la loi du 24 juillet 2015 prévoit, quant à elle, la mise en
place de « dispositifs techniques d'interception automatique
visant à repérer au sein du flux massif de données de communications les
métadonnées identifiant des comportements suspects en matière de
terrorisme
». Or, déplore-t-il, « les plateformes
semblent très réticentes envers le développement de tels outils,
estimant qu'il est difficile de qualifier en amont des contenus
terroristes et qu'une contextualisation du contenu est nécessaire
».
D'un contexte à l'autre
Selon le contexte, en effet, un même contenu pourra être diffusé à des
fins d'apologie ou de dénonciation. « Il est ainsi mentionné dans
les conditions générales d'utilisation de certains de ces réseaux
sociaux, que les contenus apologétiques en matière de terrorisme ou de
violences ne peuvent être retirés que lorsqu'ils ne sont pas accompagnés
d'un commentaire de l'auteur de la publication désapprouvant
formellement ces contenus
» ; faut-il le regretter avec le
rapporteur ? Tous les contributeurs de la "réinfosphère" ne partagent
pas son avis. En février dernier, la mésaventure de l'abbé Guy Pagès y
avait suscité l'indignation : prétendant lutter contre l'islam à la
lumière des atrocités commises en son nom, ce prêtre avait mis en ligne
des images insoutenables, si bien que les serveurs hébergeant son site
Internet avaient été saisis ; cela « sous les auspices des
nouvelles dispositions légales relatives à la lutte contre le terrorisme
»,
si l'on en croit son
témoignage rapporté par Riposte laïque.
En tout cas, aux yeux du rapporteur, il apparaît « nécessaire de
renforcer le contrôle sur les réseaux sociaux, qui
[...] ne
jouent pas toujours le jeu
». En février, Twitter a révélé
qu'il avait suspendu cent vingt-cinq mille comptes depuis le milieu de
l'année dernière. Il emploierait à cet effet une centaine de personnes.
C'est « extrêmement peu compte tenu le volume de contenus et de
signalements des utilisateurs
», dénonce Kader Arif. Selon lui,
« ce manque de moyens humains peut expliquer qu'une vidéo comme
celle revendiquant les meurtres de Magnanville le 14 juin 2016,
postée sur Facebook Live en direct, n'ait été
[...] retirée de
Facebook que onze heures après sa diffusion
».
Censure pudibonde
Ce manque de réactivité peut sembler trancher avec la fermeté qu'observe
Facebook à l'égard des utilisateurs coupables de braver le puritanisme
américain. Les Femen en ont déjà fait les frais, par exemple, tous comme
leurs détracteurs accompagnant d'une illustration sans floutage ni
artifice la dénonciation de leurs manifestations "topless". La censure
d'une reproduction de L'Origine du monde, le célèbre tableau
de Gustave Courbet, a même suscité une bataille judiciaire dont l'un des
enjeux a été de déterminer si les institutions françaises étaient
compétentes pour juger Facebook. Cela renvoie à « la nature même
des outils numériques, c'est-à-dire leur caractère transnational
»,
que ne manque pas de souligner le rapporteur. Selon lui, « la
coopération internationale doit donc être accrue sur ces sujets
»,
en premier lieu au niveau européen, « afin d'éviter de donner la
possibilité aux acteurs de jouer entre les différents pays pour se
protéger des blocages techniques mis en œuvre localement
».
Mais si Facebook et Twitter sont aujourd'hui des outils fondamentaux de
la propagande djihadiste, cela n'a pas toujours été le cas, comme le
rappelle Marc Hecker, chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri
(Institut français des relations internationales) : « Nombre de
djihadistes se montrent méfiants à l'égard des grands réseaux sociaux,
créés aux États-Unis et soupçonnés par les radicaux d'être mités aux
services de renseignement américains. La donne change réellement à
partir de 2012, année où le djihad en Syrie commence à attirer un flux
important de volontaires étrangers. Parmi eux se trouvent des centaines
puis des milliers de jeunes occidentaux, habitués à utiliser Facebook,
Twitter et Youtube.
» McDonald's finira-t-il par ouvrir un
restaurant dans les territoires conquis par l'État islamique ? Ironie
mise à part, l'islamisme apparaît à bien des égards comme un produit
typique de la mondialisation.
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18 mai 2016
Article publié dans L'Action Française 2000
Voilà qu'on reparle des "racines chrétiennes" de la France. Un député
propose même de les inscrire dans la Constitution.
Karim Ouchikh, président du Siel (parti associé au FN), ferait-il des
émules ? « Si tous les cultes sont formellement égaux devant
la loi, les religions ne le sont pas devant la mémoire
», expliquait-il
dans le précédent numéro de L'Action Française 2000
(n° 2931 du 5 mai 2016) ; « sans jamais promouvoir un État
confessionnel
», poursuivait-il, « il nous faut donc
fonder une laïcité qui admettrait la prééminence du fait chrétien dans
le débat public
».
La laïcité contre l'islam
Éric Ciotti, député (LR) des Alpes-Maritimes, semble lui faire
écho : « s'il faut défendre à tout prix la laïcité en tant que
facteur d'unité, elle ne peut avoir pour corollaire l'effacement de
notre culture commune
», affirme-t-il dans l'exposé des motifs
d'une
proposition de loi constitutionnelle, enregistrée à la présidence de
l'Assemblée nationale le 6 mai dernier (2016). « La France a
été culturellement façonnée et imprégnée par son histoire chrétienne qui
a forgé les modes de vie, l'organisation sociale, ou encore le
calendrier civil ou les fêtes religieuses
», souligne-t-il.
Soucieux de « graver cette empreinte durable dans le premier
article de notre loi fondamentale
», il propose de
réviser la Constitution en conséquence, afin qu'y soit mentionnée la
« tradition chrétienne
» dont la France est l'héritière.
Mais parallèlement, la "laïcité" serait ajoutée à la devise de la
République – « liberté, égalité, fraternité
». Ce
faisant, il s'agirait de « rappeler avec force la place
fondamentale de ce principe
». Celui-ci « n'a eu de cesse
de reculer
», déplore Éric Ciotti. « L'espace public
est progressivement devenu un lieu d'expression d'appartenances et de
pratiques religieuses
», dénonce-t-il. Bien qu'il ne soit pas
cité, c'est évidemment l'islam qui est visé. Instrumentaliser la laïcité à
ses dépens, voilà une démarche à nos yeux malvenue, quoique désormais
convenue. « La laïcité ne doit
[...] pas nous conduire à
ignorer qui nous sommes, ni d'où nous venons
», prétend certes
M. Ciotti. Cependant, comment pourrait-il en être autrement, étant
donné l'acception dévoyée qu'il en propage par ailleurs ? Selon lui,
« le modèle français exige des individus de confiner à la sphère
privée ce qui relève de leurs croyances religieuses
». Si tel
était effectivement le cas, les prêtres en soutane se trouveraient bannis
de nos rues, au même titre que les femmes couvertes d'un voile
islamique !
Polémique calculée
Toutefois, en l'état actuel du droit, la laïcité ne vire pas
nécessairement au laïcisme. C'est pourquoi il nous semblerait impossible
d'engager des poursuites contre le socialiste Pierre Moscovici,
commissaire européen, qui revendique pourtant, dans l'exercice de ses
fonctions, des convictions de nature quasi religieuse : « je
ne crois pas aux racines chrétiennes de l'Europe
», a-t-il
déclaré le 8 mai sur BFM TV. Comme si
c'était une affaire de foi ! Sans doute s'agit-il, dans un cas comme
dans l'autre, d'envoyer un signal politique, sans traduction concrète,
mais délibérément polémique et "clivant". Rama Yade, quant à elle « rêve
d'un second tour face à Marine Le Pen
», comme
le rapportait Le Point le 28 avril ;
« je voudrais que symboliquement le choix des Français, ce soit
elle ou moi
», a-t-elle déclaré à notre consœur Émilie Trevert.
Dans ces conditions, les détracteurs du « grand remplacement »
ne manqueraient pas d'en faire l'enjeu du scrutin, au risque de déchaîner
bien des passions... Les responsables politiques ont beau se gargariser du
"vivre-ensemble", celui-ci fera vraisemblablement les frais des joutes
électorales.
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