2 septembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
En plein été, alors que la "rigueur" venait de s'immiscer
timidement à Bercy, un commissaire européen a relancé le projet d'un
"impôt européen". Les contribuables seront-ils trahis par
Paris ?
Un serpent de mer a ressurgi, au cours de l'été, sous
l'impulsion du commissaire européen en charge de la Programmation
financière et du Budget, le Polonais Janusz Lewandowski. Selon les
révélations du Financial Times Deutschland
(09/08/2010), il va proposer aux États membres de l'Union la création
d'un "impôt européen" – peut-être une taxe sur les voyages aériens ou
les transactions financières, rapporte l'agence Reuters.
Un pavé dans la marre
« Cette nouvelle ne constitue pas une
surprise » au yeux d'Alain Bournazel. Sans doute le secrétaire
général du Rassemblement pour l'Indépendance de la France (RIF)
s'est-il rappelé qu'en novembre dernier, Herman Van Rompuy avait plaidé
en faveur d'une taxe environnementale alimentant les caisses de l'UE.
De quoi satisfaire le Parlement européen, qui avait regretté, dans une
résolution adoptée en 2007, que le financement du budget communautaire
« ne contribue pas à la visibilité de l'engagement en faveur
de l'intégration européenne ». Quant à Nicolas Sarkozy,
présenté comme un « grand briseur de tabous » par
Alain Lamassoure, il « avait finalement renoncé à s'attaquer à
celui-là, après avoir évoqué l'idée d'un impôt affecté à l'Union
européenne durant sa pré-campagne présidentielle » (Questions
d'Europe, 29/03/2010).
« En dotant l'Union européenne de la personnalité
juridique », on lui aurait donné « les moyens de
créer un nouvel impôt », prévient Alain Bournazel. Peut-être
l'opinion publique y a-t-elle été préparée, tandis qu'on tentait de lui
vendre un traité sous l'appellation symbolique de
« constitution européenne ». Les "ressources propres"
de l'Union n'en demeurent pas moins fixées par le Conseil des
ministres, statuant à l'unanimité après consultation du Parlement
européen. En outre, la décision des gouvernements « n'entre en
vigueur qu'après son approbation par les États membres, conformément à
leurs règles constitutionnelles respectives » (article 311-3
du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne). Dans ces
conditions, « l'impôt européen n'a pas la moindre chance
d'aboutir », estime Nicolas-Jean Brehon (Le Monde,
16/08/2010). D'autant que Paris, Berlin et Londres l'ont d'ores et déjà
condamné. « Nous jugeons cette idée [...] parfaitement
inopportune », a déclaré à l'AFP Pierre Lellouche, le
secrétaire d'État en charge des Affaires européennes. La Commission
aura vraisemblablement jeté un pavé dans la marre dans l'espoir
d'arracher aux États une petite rallonge budgétaire, susceptible
désormais d'apparaître comme un "moindre mal" devant les électeurs.
Trois ressources
Les recettes de l'UE devraient s'élever cette année à quelque
122,9 milliards d'euros. Elles proviennent, principalement,
des droits de douane perçus sur les importations en provenance des pays
tiers, d'une "ressource TVA", et d'un prélèvement sur le revenu
national brut (RNB) de chaque État membre. « Bien qu'il
s'agisse d'un élément d'équilibrage, cette ressource constitue
aujourd'hui la source de revenu la plus importante et représente 76 %
des recettes totales », souligne la Commission européenne.
Contre 11 % en 1988. « Tout se passe comme si l'Union
était financée, non par ses cinq cents millions de citoyens, mais par
vingt-sept contribuables - les vingt-sept ministres du
Budget », constate Alain Lamassoure. En effet, « les
deux principales ressources [...] ne diffèrent en rien des
contributions nationales classiques qui financent les organisations
internationales », confirme Nicolas-Jean Brehon (Dictionnaire
critique de l'Union européenne, Armand Colin).
Nostalgie européiste
« Ce n'était pas l'intention des pères
fondateurs », déplore Janusz Lewandowski. Le Parlement
européen l'avait rappelé : « La première Communauté
européenne, la Communauté européenne du charbon et de l'acier, créée le
23 juillet 1952, était financée par un véritable système de
ressources propres, fondé sur un prélèvement opéré sur chaque tonne
d'acier produite, payable directement par les sociétés fabriquant du
charbon et de l'acier au budget de la CECA. » Preuve que la
"marche forcée" vers le fédéralisme ne va pas sans quelque accrocs.
Le Parlement européen voudrait « redonner vie à la
lettre et à l'esprit des traités fondateurs ». Mais sans révolution
juridique, puisqu'il « estime que, comme le prévoient les traités
[...], la souveraineté fiscale doit demeurer du ressort des États
membres qui pourraient toutefois autoriser l'Union, pour une période
limitée et révocable à tout instant, à bénéficier directement d'une
certaine proportion des prélèvements fiscaux, comme c'est le cas dans
la plupart des États membres à l'égard de leurs collectivités
régionales ou locales ». Autrement dit, si un impôt "européen"
devait être institué à court ou moyen terme, ce serait en marge du
contrôle de Bruxelles. N'en déplaise aux idéologues, les États n'ont
pas dit leur dernier mot.
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29 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
La Cour internationale de justice a estimé conforme au droit
international la déclaration d'indépendance du Kosovo. Aux subtilités
juridiques de son raisonnement fait écho la désinvolture des
déclarations politiques.
Administré par l'ONU depuis 1999, le Kosovo avait proclamé son
indépendance le 17 février 2008, lors d'une session
extraordinaire de son parlement. À la demande de la Serbie, l'Assemblée
générale des Nations unies avait saisi la Cour internationale de
justice (CIJ) sur la légalité de cette déclaration. Par dix voix contre
quatre, la Cour a conclu, le 22 juillet, que le droit
international n'avait pas été violé. Ce faisant, les juges de La Haye
ont-ils reconnu l'indépendance du Kosovo ? Pas tout à fait.
Décryptage d'un raisonnement
Il incombait à la Cour, selon ses propres explications, de
déterminer « si le droit international applicable interdisait
ou non cette déclaration ». Mais elle n'était pas tenue
« de prendre parti sur le point de savoir si le droit
international conférait au Kosovo un droit positif de déclarer
unilatéralement son indépendance, ni, a fortiori,
sur le point de savoir si le droit international confère en général à
des entités situées à l'intérieur d'un État existant le droit de s'en
séparer unilatéralement ». D'ailleurs, c'est en donnant
satisfaction à la Serbie que la CIJ aurait étendu la portée du droit
international...
La Cour s'est donc bornée à examiner les règles onusiennes
susceptibles de s'opposer à la déclaration incriminée. Elle s'est
penchée, notamment, sur le principe d'intégrité territoriale, pour
conclure que son application était « limitée à la sphère des
relations interétatiques ». Passant en revue des déclarations
d'indépendance jadis condamnées par l'ONU, elle a jugé que leur
"illicité" découlait « non de leur caractère
unilatéral », mais du fait qu'elles allaient de pair
« avec un recours illicite à la force ou avec d'autres
violations graves de normes de droit international général ».
À ses yeux, « le caractère exceptionnel des résolutions
susmentionnées semble confirmer qu'aucune interdiction générale des
déclarations unilatérales d'indépendance ne saurait être déduite de la
pratique du Conseil de sécurité ».
S'interrogeant sur sa compétence, la Cour ne devait tenir
compte « ni de la nature politique des motifs qui pourraient
avoir inspiré la demande, ni des conséquences politiques que pourrait
avoir son avis ». On ne reprochera pas aux juges de faire leur
travail. Aussitôt l'avis connu, cependant, la France s'est empressée
d'appeler les États n'ayant pas reconnu le Kosovo « à ne plus
tarder davantage pour le faire ». Son message s'adressait plus
particulièrement aux cinq membres de l'Union européenne ayant refusé,
jusqu'à maintenant, de lui emboîter le pas : d'une part,
l'Espagne, la Roumanie et la Slovaquie, qui craignent d'alimenter des
revendications séparatistes ; d'autre part, Chypre et la
Grèce, en raison de leur différend avec la Turquie.
Incantations du Quai d'Orsay
« Pensant à la déception probable des
Serbes », Bernard Kouchner leur a renouvelé son
« amitié personnelle ». Gageons que cette
désinvolture n'aura pas été très appréciée à Belgrade, capitale d'un
État amputé de son berceau historique. Le ministre serbe des Affaires
étrangères, Vuk Jeremic, a jugé « crucial » que ses
concitoyens « ne répondent pas aux éventuelles
provocations ». « Il est primordial de garder notre
calme, de rester persévérants, résolus et unis dans la poursuite de ce
combat » qui ne peut être que « pacifique »,
a-t-il déclaré (Coulisses de Bruxelles,
22/07/2010). Son homologue français appelle à « surmonter de
manière pragmatique les problèmes concrets demeurant entre Belgrade et
Pristina, dans l'intérêt de tous et d'abord de la communauté serbe du
Kosovo ». Pour l'heure, ce ne sont que des mots.
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29 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Un rapport prétend identifier les « meilleures
pratiques » des entreprises.
Le Centre d'analyse stratégique aurait pour mission
« d'éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en
œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale,
environnementale ou culturelle ». En conséquence, il aurait
mandaté le cabinet Deloitte pour réalisé une étude sur « la
promotion de la diversité dans les entreprises », censée
mettre en valeur « les meilleures pratiques » dans ce
domaine.
Sont donnés en exemple, entres autres : Casino, qui
a lancé une campagne de "testing" afin « d'évaluer les
pratiques de recrutement et d'identifier les discriminations liées à
l'origine » ; Johnson & Johnson, un fabricant
américain de produits pharmaceutiques, qui « a indexé une
partie des bonus de son personnel dirigeant sur le respect des
objectifs diversité ».
Reconnaissons aux auteurs du rapport le mérite d'avoir plus ou
moins confessé leur idéologie en admettant que « la
diversité est une notion à géométrie variable » et qu'il est
impossible de « cerner exactement l'étendue » des
"discriminations". Surtout lorsqu'on affirme « qu'elles
prennent racine dans des stéréotypes véhiculés par la société
elle-même » et qu'une « grande majorité [...] sont
indirectes et inconscientes ».
Même si « le recul et les chiffres manquent bien
souvent pour évaluer des pratiques », on n'échappe pas aux
recommandations. Ainsi est-il proposé « d'introduire le lieu
de résidence dans les critères de discrimination définis par la
loi », où l'on semble décidé à glisser tout et n'importe quoi.
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29 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
La technologie participe pleinement des rivalités
internationales. En témoigne l'importance des supercalculateurs exposée
ci-dessous – un instrument parmi d'autres au service de la "puissance",
sans laquelle la "souveraineté" n'est qu'une coquille vide.
Lundi dernier, 26 juillet 2010, le président
de la République a participé à la 35e conférence
internationale sur la physique des hautes énergies. Fier d'accueillir
l'événement, qui ne s'était plus tenu en France depuis vingt-huit ans,
l'Élysée avait souligné la « signification
particulière » que lui conférait la présentation des premiers
résultats du LHC – un accélérateur de particules installé à Genève
« ayant battu tous les records de puissance ».
Un impératif industriel
Ces travaux requièrent des calculs intensifs. Outre la
recherche scientifique, l'industrie et la finance partagent ce besoin,
mis en exergue par Pierre-Heny Suet, Joël Hamelin et Jean-Loup Loyer
dans une "note de veille" du Centre d'analyse stratégique publiée
courant juillet. Un besoin auquel répondent des supercalculateurs, qui
réalisent en un jour la tâche qu'un ordinateur personnel mettrait cent
cinquante ans à accomplir. Leur puissance, traduite en opérations par
seconde, ou flops, double presque chaque année, et les simulations
numériques s'affinent à mesure que croissent leurs performances. Alors
qu'il construisait quelque soixante-dix ailes pour valider la fiabilité
d'un avion dans les années quatre-vingt, Boeing n'en fabrique plus
qu'une dizaine aujourd'hui ; quant au CEA, il développe
désormais des têtes nucléaires sans pratiquer aucun essai. C'est dire
combien la compétitivité, voire l'autonomie stratégique de la France,
dépendent de l'accès aux supercalculateurs.
Les plus performants sont implantés aux États-Unis, qui
disposent de 56 % de la puissance cumulée des cinq cents
premiers ordinateurs mondiaux, devançant l'Union européenne
(30 %), la Chine et le Japon. La France, qui s'était laissé
distancer, aurait consacré d'importants efforts depuis 2007 pour
revenir dans la course. En trois ans, sous l'impulsion d'une structure
créée à cet effet (GENCI), elle a multiplié par trente ses capacités.
Le Centre d'analyse stratégique a salué l'« une des meilleures
dynamiques de croissance mondiales en 2009 ». Cela dit, la
machine la plus performante de l'Hexagone stagne au dix-huitième rang
mondial. De nouveaux progrès sont attendus cette année, avec
l'extension des capacités de la machine Jade du CINES, et la mise en
service d'un supercalculateur pétaflopique (1) par la direction des
applications militaires du CEA. Enfin, d'ici un ou deux ans,
Bruyères-le-Châtel (Essonne) accueillera un Très Grand Centre de calcul
(TGCC). Cette initiative s'inscrit dans le projet PRACE (Partnership
for Advanced Computing in Europe), grâce auquel les scientifiques
français ont accès, depuis le 1er juin, au supercalculateur de
Jülich (Allemagne), le seul approchant aujourd'hui le pétaflops en
Europe.
Bien qu'ils ne représentent que 30 % du marché
mondial, les États-Unis fournissent 95 % des grands
ordinateurs. Outre-Atlantique, le développement des nouvelles
générations de supercalculateurs serait largement financé sur fonds
gouvernementaux. « Vouloir préserver une certaine autonomie
européenne [...] demande que soit compensé le handicap
existant », ont averti les héritiers du Plan. Le cas échéant,
il faut espérer que l'État saura épargner à Bull les déboires qu'il a
traversés jadis... Sinistres conséquences d'un colbertisme
décadent !
Bull, seul en Europe
Le "champion national" de l'informatique n'en est pas moins
devenu, depuis les retraits de Siemens et de Philips, le seul
constructeur européen de supercalculateurs. Mais les microprocesseurs
utilisés dans ces machines demeurent à 99 % nord-américains.
Autrement dit, la France reste totalement dépendante
d'approvisionnements extérieurs pour le composant de base.
« La Chine, en revanche, vient de s'affranchir de cette
dépendance en construisant un supercalculateur de classe téraflops basé
sur des processeurs Loongson 3A chinois. » Pékin entend bien
maîtriser chacun des maillons de la chaîne technologique.
L'exploitation des supercalculateurs requiert une
programmation plus complexe que celle d'une machine ordinaire. Une
tâche pour laquelle seules quelques dizaines de spécialistes
bénéficieraient en France des compétences nécessaires. Or,
« pour Hewlett Packard, par exemple, le logiciel représente
désormais plus des deux tiers des coûts de production »...
D'où la proposition du Centre d'analyse stratégique de créer des
formations qualifiantes en calcul intensif de la licence au doctorat.
« À l'heure où le nombre d'étudiants inscrits en
science connaît une baisse très préoccupante, c'est à vous de faire
vivre l'amour de la science », a lancé le chef de
l'État a l'adresse des chercheurs. Selon Nicolas Sarkozy,
« c'est la destinée de l'homme que de créer sans
cesse ». Une fois n'est pas coutume, Maurras ne disait pas
autre chose : « Animal industrieux, voilà, je pense,
la définition première de l'homme », a-t-il écrit dans un
texte révélé par Maurras.net. « Il ne peut rien laisser en
place. Il lui faut défaire et refaire, décomposer pour le recomposer
sur un autre plan tout ce qu'il trouve autour de lui, et son système de
remaniement perpétuel l'aura conduit, de proche en proche, à interposer
sa main, son travail, sa peine et son art entre toutes les matières
premières que la nature lui fournit et que jadis il utilisait telles
quelles. [...] L'admirable, l'humain et le divin de cette triomphale
aventure, c'est que jamais la joie d'aucune réussite n'y fit retarder
l'âpre effort industriel. »
Assez de romantisme !
Aussi la tentation de fuir un univers gangrené par la
technologie relève-t-elle du romantisme. À la différence du président
de la République, cependant, nous nous garderons de nous en remettre à
la science dans l'espoir « que l'humanité progresse
réellement ». « Le progrès ou, pour mieux parler, les
progrès, loin de nous délivrer de notre condition, la précisent en la
compliquant », écrivait encore Maurras. « À l'homme
volant s'ajoutera la ville volante, vertigineuse colonie d'une
métropole adorée et dans laquelle la discipline sociale, la stabilité
sociale sera, comme aujourd'hui sur le pont d'un navire, la condition
première de cet heureux triomphe de l'art humain servi par la richesse
et la diversité de lois de l'univers. Bien assurés de l'immuable,
émerveillons-nous des belles métamorphoses cachées dans l'abîme du
Temps. La vérité politique et sociale qui nous conduit n'a pas la forme
du regret. Elle est plutôt désir, curiosité, solide espérance apportant
les moyens de réaliser l'avenir avec une imperturbable
sécurité. » En route vers l'exaflops !
(1) Selon les préfixes du système international d'unités,
1 téraflops = 10 puissance 12 flops ;
1 pétaflops = 10 puissance 15
flops ; 1 exaflops =
10 puissance 18 flops ; etc.
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19 juillet 2010
Quarante-huit ans après l'accession de l'Algérie à l'indépendante,
nostalgiques du FLN ou de l'OAS continuent de se livrer bataille.
En témoigne la proposition
de loi enregistrée à la présidence du Sénat le
7 juillet 2010, dont l'exposé des motifs dénonce « un
détournement de la vocation du Mémorial national du quai
Branly ».
Soutenu par une vingtaine de collègues, le communiste Guy
Fischer demande que soient retirés les noms des victimes de la
fusillade de la rue d'Isly, qui figurent sur la colonne
centrale depuis le 26 mars 2010. Mais il propose également que
soient « interdites les cérémonies honorant la mémoire des
membres de l'OAS lorsqu'elles se déroulent devant les monuments aux
morts, à l'intérieur ou aux abords de cimetières et en d'autres lieux
publics et qu'elles s'accompagnent de prises de parole tendant, soit à
ériger les membres de cette organisation en martyrs et héros de
l'Algérie française, soit à valoriser les actes dont ils se sont rendus
coupables ». N'est-ce pas souffler sur les braises ?
Le sénateur du Rhône entendrait « prévenir les
initiatives [...] susceptibles [...] de nuire à la réconciliation des
mémoires et à l'apaisement des rapports entre la France et
l'Algérie ». Préoccupation légitime, dont on doute de la
sincérité tant il nous semblerait préférable de laisser les
nostalgiques vaquer discrètement à leurs occupations, plutôt que de les
mobiliser par des provocations. De toute façon,
« l'apaisement » recherché par M. Fischer
supposerait un effort de compréhension davantage qu'une nouvelle
stigmatisation.
Hélas, les communistes ne sont pas les seuls à pratiquer ce
jeu malsain. Nous en savons quelque chose à l'Action française, où la
tentation de ruminer les ressentiments historiques demeure si
pressante !
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16 juillet 2010
Réfutation d'un préjugé souverainiste.
Dans un
précédent billet, nous avions ms en doute l'idée, chère
aux Manants du Roi, selon laquelle l'ouverture par la France
du marché des jeux en ligne procéderait d'un nouveau diktat
européen.
Dans un nouvel arrêt rendu le 8 juillet, la
Cour de Justice de l'Union européenne a constaté
« que des considérations d'ordre culturel, moral ou religieux
peuvent justifier des restrictions quant à la libre prestation des
services par des opérateurs de jeux de hasard, notamment dans la mesure
où il pourrait être considéré comme inacceptable de permettre que des
profits privés soient tirés de l'exploitation d'un fléau social ou de
la faiblesse des joueurs et de leur infortune. Selon l'échelle des
valeurs propre à chacun des États membres et eu égard au pouvoir
d'appréciation dont ceux-ci disposent, il est donc loisible à un État
membre de limiter l'exploitation des jeux de hasard en confiant
celle-ci à des organismes publics ou caritatifs. »
Cela semble pourtant clair !
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15 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Vilipendé par ses prédécesseurs, Bernard Kouchner
s'enorgueillit de réformer l'action culturelle extérieure de l'État,
dont les lycées français à l'étranger demeurent un formidable
instrument.
Deux anciens ministres des Affaires étrangères – « et
non des moindres », de l'avis même du principal intéressé –
ont invectivé Bernard Kouchner dans les colonnes du Monde
du 6 juillet : « Cessez d'affaiblir le Quai
d'Orsay », ont-ils lancé à leur successeur. « Nous
sommes inquiets des conséquences pour la France d'un affaiblissement
sans précédent de ses réseaux diplomatiques et culturels »,
ont déclaré Alain Juppé et Hubert Védrine. « Nous restons, et
resterons, le deuxième réseau du monde derrière les États-Unis, et loin
devant les pays émergents cités par les auteurs de cette
tribune », a aussitôt répondu l'accusé, qui ne se résout pas
« à idéaliser le passé au point de croire qu'on ne peut pas
gagner en efficacité ».
L'Institut français
Cette controverse aura gâché la fête pour Bernard Kouchner,
qui célébrait l'adoption par la chambre basse, le 5 juillet,
du projet de loi relatif à l'action extérieure de l'État. « Il
s'agit de l'aboutissement de la plus ambitieuse réforme menée par la
France dans le domaine de la diplomatie d'influence depuis des
décennies », proclame-t-on fièrement au Quai d'Orsay.
La création de l'Institut français en est la mesure phare.
« Cet établissement, que devrait présider Xavier Darcos, sera
chargé de promouvoir dans le monde notre création artistique, nos
industries culturelles, nos idées, notre langue, nos savoirs. Il
s'appuiera sur nos cent quarante-trois centres culturels à l'étranger
auquel il donnera son nom. Avec lui, la France disposera de la "marque"
qui, à l'heure de la mondialisation, faisait défaut à sa diplomatie
d'influence. » La loi crée deux autres établissements publics
censés rationaliser l'existant : « Campus France sera
chargé de promouvoir la mobilité internationale des étudiants et de
renforcer l'attractivité de notre enseignement supérieur. France
expertise internationale devra renforcer les capacités de notre pays à
projeter son expertise dans les pays émergents ou en développement,
comme dans les organisations internationales. »
S'exprimant devant les députés le ministre des Affaires
étrangères a promis « un effort permanent de mise en cohérence
avec le réseau des Alliances françaises ». « Les deux
réseaux devront développer les actions communes, rapprocher leur label
et rendre leurs cartes parfaitement complémentaires. Nous avons déjà
discuté d'un logo commun et avons retenu une proposition. Une
convention, la première du genre, sera signée très rapidement entre
l'Institut français et les Alliances françaises » – lesquelles
contribuent à diffuser la langue de Molière depuis le
XIXe siècle.
Un outil irremplaçable
Jusqu'à présent, la "diplomatie d'influence" de la France
s'appuyait sur les centres et instituts culturels, les Instituts
français de recherche à l'étranger, les services de coopération et
d'action culturelle (SCAC) des ambassades, mais aussi son réseau
d'enseignement – « un outil d'influence irremplaçable à
l'égard des familles du pays d'implantation comme des étrangers tiers,
du fait du lien indéfectible ainsi créé avec la France, sa langue, sa
culture et ses valeurs », selon Mme Geneviève Colot,
auteur d'un rapport sur « le rayonnement de la France par
l'enseignement et la culture » enregistré à la présidence de
l'Assemblée nationale le 12 janvier, Elle y recensait quatre
cents soixante et un établissements scolaires répartis dans plus de
cent trente pays et appartenant à trois catégories distinctes
(homologués, conventionnés et en gestion directe). Plus de
82 000 Français et 91 000 étrangers étaient inscrits
dans des établissements en gestion directe ou conventionnés en
2008-2009, le réseau poursuivait son extension.
Un fragile équilibre menacé par la gratuité
Le député s'était toutefois inquiété de « deux
faiblesses majeures » : l'entretien du patrimoine
immobilier des lycées français à l'étranger, « dont l'État se
désengage », et la croissance des charges de personnel –
conséquence, notamment, « d'une forme de "normalisation" de la
rémunération des personnels employés à l'étranger, qui se traduit par
le paiement de cotisations sociales de plus en plus élevées, là encore
sans que l'État compense suffisamment ce surcoût aux
établissements ». En résumé, Mme Colot pointait la
« situation de fragile équilibre dans laquelle se trouve cet
ensemble remarquable » : « Il s'en faut de
peu que le réseau ne devienne victime de son succès, victime d'un effet
de ciseau entre son attractivité croissante. » Laquelle
s'accroît à mesure que la scolarité gratuite s'étend à de nouveaux
niveaux (au bénéfice des seules familles françaises toutefois). Sans
doute faudra-t-il renoncer à cette mesure promise par Nicolas Sarkozy
au nom de l'égalité républicaine.
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15 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
En affichant sa préférence pour un service diplomatique placé
sous le contrôle des gouvernements, la France s'est attiré de vives
critiques au sein du Parlement européen, formulées plus
particulièrement par un eurodéputé belge.
Réuni en session plénière, le Parlement européen a entériné le
7 juillet l'accord dessinant les contours du Service européen
pour l'Action extérieure (SEAE). À l'approche de l'événement, notre
confrère Jean Quatremer, chantre d'une Europe fédérale, avait regretté
que « la diplomatie européenne échappe à la Commission et au
Parlement » (Coulisses de Bruxelles,
28/06/2010).
Un chantage payant
Pourtant, la fronde des députés n'a pas été sans résultats.
Par exemple : le contrôle des instruments financiers
extérieurs de l'UE (politiques de développement et de voisinage)
restera de la compétence de la Commission ; le personnel du
SEAE sera composé d'au moins 60 % de fonctionnaires
européens ; son budget opérationnel sera géré par la
Commission ; le Parlement recevra de la Commission un document
comptable retraçant l'ensemble de ses dépenses "action
extérieure" ; avant de prendre leurs fonctions, les
représentants spéciaux de l'UE et les chefs de délégation pourront se
présenter pour une audition informelle devant la commission des
Affaires étrangères du Parlement ; le Haut Représentant pour les
Affaires étrangères et la Politique de sécurité (Mme Catherine
Ashton) consultera les députés sur ses principales options ;
certains parlementaires auront accès à des documents
confidentiels ; une structure sera en charge des "droits de
l'homme" au niveau central ainsi que localement, dans les délégations.
Nationaliste français !
Ce sont autant de motifs de satisfaction pour Guy Verhofstadt,
le chef de file de la rébellion parlementaire. Dans le collimateur de
l'ancien Premier ministre belge, aujourd'hui député au Parlement
européen, figurait la France et son secrétaire d'État en charge des
Affaires européennes : « Certains nostalgiques de
l'Europe du congrès de Vienne, à l'instar de Pierre Lellouche, auraient
voulu que le SEAE devienne le docile serviteur des intérêts nationaux.
[...] Malgré leurs manœuvres pitoyables, le SEAE ne sera pas un lobby
intergouvernemental [...] avec le Foreign Office et le Quai d'Orsay
comme grands ordonnateurs », a-t-il écrit à Jean Quatremer,
auquel il reprochait de « relayer sans distance un point de
vue si vieille France » (Coulisses de Bruxelles,
01/07/2010). Et de railler « la frustration d'un nationaliste
comme Pierre Lellouche » ! Cela dit, les origines de
M. Verhofstadt le prédisposaient quelque peu à ses velléités
fédéralistes. Serait-il nationaliste lui aussi ?
S'exprimant le 23 juin devant la commission des
Affaires étrangères du Sénat, Pierre Lellouche avait annoncé qu'il ne
transigerait pas « sur le respect de nos intérêts et de nos
lignes rouges [...], qu'il s'agisse [...] de l'objectif d'une présence
des agents issus des diplomaties nationales à hauteur au moins d'un
tiers des effectifs ou de l'autonomie du Service et du principe
d'équidistance, y compris en termes budgétaires ».
« La clef de la légitimité de l'action diplomatique, c'est le
Conseil européen », autrement dit les chefs d'État ou de
gouvernement, avait-il encore martelé devant les journalistes le
28 juin (Euractiv, 29/06/2010).
Diplomatie et bananes
L'inénarrable Verhofstadt s'en est indigné :
« Je ne comprends pas comment certains peuvent affirmer que ce
sont les États-nations qui doivent être exclusivement compétents en
matière de politique étrangère », a-t-il avoué dans
l'hémicycle de Strasbourg. « J'ai parfois l'impression que pas
mal de collègues qui sont un peu sceptiques concernant ce service
vivent encore au XIXe siècle », a-t-il poursuivi.
Selon lui, « ce n'est que là où la méthode communautaire est
d'application que nous avons réussi, comme dans le domaine du marché
intérieur ». L'opération navale Atalanta, luttant
contre la piraterie au large de la Somalie, est pourtant saluée comme
un succès, bien qu'elle soit orchestrée, comme il se doit en matière de
défense, suivant la stricte méthode intergouvernemetnale. N'en déplaise
à M. Verhofstadt, on ne met pas en œuvre une politique
étrangère de la même façon qu'on règlemente la courbure des bananes.
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15 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe et Guyane.
Drapeaux
L'accord de Nouméa, remontant à 1998, prévoit, à terme,
l'organisation d'un référendum d'"autodétermination" en
Nouvelle-Calédonie. Réuni le 24 juin par le Premier ministre,
le huitième comité des signataires a recommandé que le drapeau
tricolore et celui du FLNKS (Front de libération nationale kanak et
socialiste) puissent flotter côte à côte lors des Jeux du Pacifique qui
se tiendront sur l'archipel l'année prochaine.
Autonomie
La première loi adoptée par une collectivité locale a été
publiée au Journal officiel du 30 juin, apprend-on sur le site
Secteur public (07/07/2010). En application de la
loi constitutionnelle du 28 mars 2003, le conseil régional de
Guadeloupe a pu créer un établissement public de formation
professionnelle doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière, placé sous sa tutelle.
La Guyane et la Martinique disposent également de ce pouvoir
normatif, auquel sont soustraits la nationalité, les droits civiques,
les garanties des libertés publiques, l'état et la capacité des
personnes, l'organisation de la justice, le droit pénal, la procédure
pénale, la politique étrangère, la défense, la sécurité et l'ordre
publics, la monnaie, le crédit et les changes, ainsi que le droit
électoral.
Orpaillage
Un militaire a disparu en Guyane, dans la rivière Tampock, le
jeudi 8 juillet. Il participait à la mise en place d'un point
de contrôle fluvial lorsque une embarcation rapide, forçant le passage,
a percuté sa pirogue.
Cette opération s'inscrivait dans la mission Harpie, où les
forces armées en Guyane (FAG) sont engagées en soutien des forces de
gendarmerie et de police, afin de lutter contre l'orpaillage
clandestin. Une activité qui engendre un climat d'insécurité, une
dégradation écologique importante et un faisceau d'activités
criminelles (trafic de drogues, prostitution, immigration clandestine),
selon les explications de l'état-major des armées. Un millier d'hommes
sont ainsi mobilisés, dont 450 sont déployés en permanence, sur les
réseaux fluviaux pour neutraliser les flux logistiques des orpailleurs,
ou bien en forêt pour démanteler les sites d'exploitation d'or
illégaux. Depuis 2008 auraient été saisis ou détruits
263 pirogues, près de 90 kg de mercure (un produit
utilisé pour agglomérer les petites particules d'or),
209 armes à feu, 159 groupes électrogènes,
152 quads...
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15 juillet 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Un nouveau commandement militaire est créé tandis que
l'Assemblée nationale doit ratifier un traité de coopération avec
l'Inde.
Le Commandement interarmées de l'espace (CIE) a été créé le
1er juillet, conformément aux orientations fixées en 2008 par
le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Il compte
vingt-cinq militaires – un effectif doublé par rapport aux structures
de l'état-major des armées dédiées jusqu'alors au domaine spatial.
Ce commandement stratégique devra coordonner des capacités et
des acteurs en nombre croissant ; il sera l'interlocuteur
privilégié des armées étrangères partenaires, de l'UE et de l'OTAN pour
les questions spatiales militaires. Le contrôle opérationnel des moyens
existants reste toutefois à la charge des organismes qui en étaient
déjà responsables : la Direction interarmées des réseaux
d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) pour les
télécommunications ; la Direction du renseignement militaire
(DRM) pour l'observation ; le Commandement de défense aérienne
et des opérations aériennes (CDAOA) pour la surveillance de l'espace.
Observation par satellite
Le spatial civil n'est pas en reste : l'Assemblée
nationale a été saisie d'un projet de loi autorisant l'approbation d'un
accord-cadre censé encourager la coopération entre la France et l'Inde,
dans la continuité d'un traité signé en 1977. Via
le CNES (Centre national d'études spatiales) et l'ISRO (Indian space
research organisation), Paris et New Delhi mènent le développement
conjoint de satellites d'observation, grâce auxquels ils se livrent à
une étude approfondie des échanges d'énergie et d'eau dans l'atmosphère
tropicale. Ils organisent également le rapprochement de leurs équipes
scientifiques afin d'exploiter des données relevées en orbite.
Dans le cas des programmes Megha-Tropiques (étude du climat
tropical) et SARAL (altimétrie océanographique) lancés cette année, le
CNES fournit la charge utile (les instruments d'observation) tandis que
l'IRSO livre la plateforme du satellite (propulsion, panneaux solaires,
télécommunications) et assure le lancement. Un schéma analogue
continuera à prévaloir pour les futures missions ; autrement
dit, les contributions procèdent d'apports en nature. Ce faisant, le
gouvernement escompte un essor des activités à l'exportation des grands
groupes industriels français (EADS Astrium, Thales), voire de PME en
charge de la fabrication de sous-systèmes.
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