19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Les chefs d'État ou de gouvernement de l'Union européenne se
penchent sur la défense. Sans doute nous promettront-ils encore monts
et merveilles, à défaut de construire une Europe militaire
véritablement tangible.
François Hollande croit-il au Père Noël ? L'opération
Sangaris lancée en Centrafrique « ne devrait rien coûter à la
France », a-t-il assuré à l'antenne de France 24,
RFI et TV5 Monde. Les 19 et
20 décembre 2013, le Conseil européen se réunira à Bruxelles.
À l'ordre du jour de ce sommet figure la Politique de sécurité et de
défense commune (PSDC) – une première depuis 2008. À cette occasion,
donc, le chef de l'État proposera que soit créé un fonds susceptible de
financer pareille intervention. « Ce sont toujours les mêmes
qui assurent la défense des autres mais, contrairement aux mercenaires
classiques, rémunérés pour leurs services, ils le font en assumant tous
les coûts, y compris humains », proteste Arnaud Danjean,
président de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement
européen. Ses jérémiades n'y changeront rien. Au contraire :
elle participent d'une arrogance française susceptible d'exaspérer nos
partenaires, déjà indisposés par le fantasme hexagonal d'une "Europe
puissance".
Européisme ingénu
Mme Maria Eleni Koppa, député grec au Parlement
européen, cultive, ingénument, l'européisme inhérent à sa fonction.
« Malheureusement », observe-t-elle avec dépit,
« le manque de confiance et les égoïsmes nationaux continuent
à peser sur l'avenir de la PSDC, et finalement sur la construction
européenne elle-même ». Comment pourrait-il en être
autrement ? Les intérêts des États – ou ceux de leurs
dirigeants – demeurent les moteurs les plus puissants de la politique
internationale – y compris en Europe. De fait, aux yeux de Paris, les
"progrès" de l'Europe militaire se justifient par la nécessité de
« pallier l'insuffisance de certaines capacités
nationales », selon les termes employés à l'automne dernier
par l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA).
« Au Mali, nous aurions pu agir seuls, mais pas aussi
vite », a-t-il souligné ; « le concours de
moyens de renseignement britanniques et américains a été précieux, et
30 % de nos besoins de transport ont été assurés par nos
partenaires nord-américains et européens ». De son point de
vue, « les initiatives de type European Air Transport Command
(EATC) pour l'aviation de transport doivent être soutenues dans les
domaines où nos insuffisances sont les plus criantes ». Son
fonctionnement « peut être comparé à un
covoiturage », explique l'Hôtel de Brienne :
« Par exemple, lorsqu'un avion français se rend en
Afghanistan, il peut revenir avec des soldats allemands, ce qui évite
un voyage à vide. »
Outre la France, quatre États ont intégré le Commandement
européen du transport aérien (Allemagne, Pays-Bas, Belgique,
Luxembourg), créé en marge de l'Union européenne. Tout comme la Force
de gendarmerie européenne (Eurogendfor) ou l'Organisation conjointe de
coopération en matière d'armement (Occar). D'autres projets devraient
voir le jour prochainement sans requérir l'aval de Bruxelles. Par
exemple, un rapprochement est envisagé entre Paris, Londres, Rome et
Amsterdam, dont les armées mettront chacune en œuvre des drones Reaper
d'origine américaine. La formation des pilotes, voire le "maintien en
condition opérationnelle" (MCO) des appareils, pourraient faire l'objet
d'une mutualisation. À plus long terme, Dassault, EADS et
Finmeccanica pourraient produire un drone en commun. Comme le
rapportent Les Échos, les industriels s'y engageraient
« à la condition non négociable qu'un des trois pays
potentiellement intéressés - Allemagne, France et Italie - assume le
rôle de contractant unique au profit des deux autres, histoire d'éviter
les foires d'empoigne de la plupart des projets européens d'armement
précédents ». Allusion, notamment, aux déboires du programme
A400M.
L'union fait la faiblesse
Selon notre confrère Jean-Dominique Merchet, auteur d'un petit
livre dénonçant « la grande illusion » de la défense
européenne, l'industrie d'armement serait « victime de l'idée
que plus on embarque de partenaires [...], mieux c'est » -
idée dont le seul mérite serait d'être "européenne"... « On
peut faire, demain, des Airbus de la défense dans d'autres
domaines », tempère Christian Mons, président du Conseil des
industries de défense françaises, cité par Nicolas Gros-Verheyde,
animateur du blog Bruxelles 2.
« Mais encore faut-il avoir un marché commun et non des
marchés fragmentés », poursuit-il. « Aujourd'hui, il
n'y a pas une demande unique. Chaque état-major conçoit son besoin, en
fonction de ses impératifs. » Aussi les échafaudages
juridiques seront-ils sans grande incidence sur les coopérations à
venir. « Depuis l'adoption du traité de Lisbonne »,
se désole Arnaud Danjean, « nous nous battons pour que les
instruments qui y sont prévus soient mis en œuvre, avant de passer à
une nouvelle étape. Ainsi la façon dont pourrait se concrétiser la
coopération structurée permanente, prévue par le traité, ne fait même
pas l'objet d'une réflexion ; quant aux groupements tactiques
(battlegroups) qui, eux, existent maintenant physiquement, ils ne sont
jamais utilisés. » L'"Europe de la défense", dans son
acception la plus stricte (la PSDC), peut certes s'enorgueillir de
quelques succès, à commencer par l'opération Atalante luttant contre la
piraterie au large de la Somalie. La France vient d'en reprendre le
commandement, confié le 6 décembre au contre-amiral Bléjean, dont
l'état-major navigue ces jours-ci à bord du Siroco.
À l'origine, cependant, Paris et Madrid ont dû batailler pour
convaincre leurs partenaires européens de l'opportunité d'un tel
engagement. « La prise de conscience au niveau européen est
toujours lente », observe Nicolas Gros-Verheyde.
« Car il y a toujours des pays concernés au premier chef et
d'autres qui le sont moins. Mais la pression des événements joue
souvent en faveur de la mobilisation. »
Changer de perspective
Conscient de ces difficultés, François de Rugy, député Vert de
Loire-Atlantique, se dit « malheureusement assez sceptique sur
la capacité de l'Union européenne à mettre en œuvre une politique de
défense ». En effet, a-t-il expliqué lors d'une discussion en
commission, « la défense pose la question du commandement,
donc de la décision politique, et donc des institutions politiques qui
permettent de prendre des décisions, que ce soit en urgence ou à plus
long terme ». Nous partageons son scepticisme, mais sans en
être malheureux. De notre point de vue, son affliction procède d'une
erreur de perspective. L'"Europe" n'est jamais qu'un instrument parmi
d'autres, ici au service de la sécurité nationale. Si, à titre
personnel, à la différence de souverainistes plus radicaux, nous lui
reconnaissons quelque mérite, c'est sans illusion sur sa portée. Le
16 décembre dernier, alors que les ministres des Affaires
étrangères se réunissaient au siège du Conseil de l'Union européenne,
les militaires travaillant dans le bâtiment auraient été priés de
laisser leur uniforme au vestiaire. C'est dire la considération de l'UE
pour le métier des armes !
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19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand Najat Vallaud-Belkacem trahit ses idéaux.
Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre...
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et
porte-parole du gouvernement, a beau se gargariser des "études de
genre" à chacun de ses discours, elle se montre plus conservatrice en
famille.
Ses aveux, recueillis sur le plateau des Maternelles,
ont été diffusés sur France 5 lundi
9 décembre. « Je vois bien que ma petite fille est
plus naturellement attirée par les Barbie que par le camion de
pompiers », a-t-elle reconnu. En conséquence, a-t-elle
confessé, « je ne me prive pas de lui offrir une Barbie, mais
je lui raconte des histoires dans lesquelles Barbie sauve le
monde ». De façon à tempérer une inclination "naturelle",
donc. Nous qui croyions que tout était affaire de culture et autres
"stéréotypes"...
Dans vos histoires, Madame le ministre, Barbie se
balade-t-elle un flingue à la main ? À vrai dire, nous ne
connaissons qu'une seule de ses aventures, dont une petite fille nous a
demandé la lecture. On y découvre une princesse qui s'ignore. Un modèle
d'élégance. Excellente couturière, qui plus est ! Le récit
s'avère d'autant plus réactionnaire que Barbie, une jeune femme
altruiste, est appelée à renouer avec ses origines oubliées,
dissimulées par une usurpatrice. Ah, le poids de l'héritage !
D'une façon ou d'une autre, il se rappelle toujours à nous.
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19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
La mise en valeur des "langues de France" pourrait contribuer,
nous dit-on, à refonder la politique d'intégration. Que recouvre cette
expression ?
Lâchée par Le Figaro, la
"bombe" a explosé à la mi-décembre 2013. Pourtant, d'autres auraient pu
s'en emparer beaucoup plus tôt. À l'origine d'une polémique
nationale, les cinq rapports commandés par le gouvernement afin de
« refonder la politique d'intégration » étaient
disponibles sur le site Internet de la Documentation française depuis
le 18 novembre.
Asile linguistique
Nous nous souvenons avoir signalé leur publication lors d'un
conseil de rédaction de L'Action Française 2000,
où il avait été décidé de ne pas les recenser d'emblée, faute de place
dans nos colonnes. Allez comprendre pourquoi l'affaire n'a éclaté
qu'aujourd'hui ! Le système médiatique échappe à ses propres
acteurs...
À certains égards, les sources du scandale s'avèrent plus
lointaines encore. Entres autres propositions controversées figure,
dans le rapport du groupe de travail "connaissance-reconnaissance", la
promotion des "langues de France". Une expression dont les
rapporteurs ne revendiquent pas la paternité. « La Délégation
à la langue française du ministère de la Culture et de la Communication
est aussi celle aux langues de France », se plaisent-ils à
souligner. À leurs yeux, « il est essentiel de rappeler, car
peu connu, que les langues de France sont : la variété
dialectale de l'arabe (arabe maghrébin), le berbère, le yiddish,
l'arménien occidental, le judéo-espagnol et le romani. Il s'agit, en
fait, de langues qui ne sont considérées comme langues officielles dans
un aucun autre pays. » Autrement dit, « la France a
fait un choix républicain d'accueillir ces langues »,
auxquelles il conviendrait de consacrer, par exemple, « une
année dédiée ».
En attendant, l'Autorité de régulation professionnelle de la
publicité (ARPP) vient d'épingler quarante-trois publicités diffusées
au premier trimestre 2013, la plupart en raison d'une absence de
traduction en français d'un slogan en anglais. Bienvenue dans la tour
de Babel !
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22 novembre 2013
Mis en cause en raison de ses origines marocaines, le porte
parole du gouvernement est victime d'attaques déplacées, procédant
d'une conception éminemment idéologique de la nationalité.
Mme Najat Vallaud-Belkacem est-elle la cible
d'attaques racistes ?
Nos confrères de L'Express
le prétendent, rapportant ces propos qu'auraient lancés, à
son
intention, quelques militants de la Manif pour tous :
« Puisque tu l'aimes tant que ça, le mariage pour tous, t'as
qu'à le faire dans ton pays ! » Les faits
sont vraisemblables. Nous-même avons été témoin de
conversations du même genre. Quitte à les désigner sous une étiquette
infamante, cependant, plutôt conviendrait-il de parler de xénophobie. À
vrai dire, étant donné son joli sourire - entre autres
qualités – nous doutons que le canon
porte-parole du
gouvernement soit exposé à des quolibets comparables à ceux dirigés
contre Mme Taubira.
Entre le Maroc et la France, cela va sans dire,
Mme Vallaud-Belkacem devrait choisir. En cas de guerre, de
toute façon, n'y serait-elle pas contrainte ? Cette rhétorique
manichéenne nous rappelle les
dilemmes auxquels nous confronte Pierre
Palmade : « Tu préfères avoir des dents en
bois ou
une jambe en mousse ? [...] Une tête de veau ou deux bras de
neuf mètres ? » Autant de questions que tout un
chacun se pose tous les jours du matin au soir. En vérité, la suspicion
à l'endroit des personnalités affublées d'une double nationalité
participe d'un mépris des faits – comme si tout se résumait au droit.
Le lien juridique unissant Mme Vallaud-Belkacem au Maroc en
obnubile quelques-uns, mais que pèse-t-il comparé à trente ans
d'enracinement hexagonal, conforté par un mariage et la naissance de
deux enfants ? Il y a quelque chose de piquant à constater le
peu de considération accordée aux attaches familiales par ceux-là même
qui se targuent, précisément, de défendre "la" famille. Idéologie,
quand tu nous tiens...
Qu'importe sa progéniture donc : en premier lieu,
Najat Vallaud-Belkacem est priée de renier ses parents. C'est à cette
condition, visiblement, qu'elle pourrait, peut-être, mériter sa place
au gouvernement. L'assimilation à la nation procéderait non pas d'une
histoire, personnelle et plus encore familiale, mais d'une abjuration.
D'un acte de pure volonté. C'est à se demander si les réactionnaires ne
sont pas les tenants les plus fanatiques du contrat social !
Or, à ce qu'il paraît, renoncer à la nationalité marocaine ne serait
pas une sinécure. Cela dépendrait du bon vouloir du roi. Autrement dit,
si les Franco-Marocains devaient être bannis du gouvernement français,
François Hollande devrait solliciter l'avis de Mohamed VI pour
désigner ses ministres. L'Europe n'étant pas en cause, les
souverainistes pourraient s'en accommoder. Pas nous. Najat, on est avec
toi ! Sauf quand tu joues les ayatollahs de la parité
hommes-femmes, mais c'est une autre histoire 😉
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14 novembre 2013
Alors que nous déplorions, depuis longtemps, les penchants
conspirationnistes des royalistes, nous observons, ces jours-ci,
combien ce travers est communément partagé.
Un exemple vient de nous être donné par
SOS Racisme. Indisposée par la une de Minute,
selon laquelle « maligne comme un singe, Taubira retrouve la
banane », l'association y voit la preuve « que les
insultes envers la [sic] garde des Sceaux n'étaient pas un acte
isolé ». Autrement dit, les déclarations grotesques d'une
ex-candidate FN aux municipales n'auraient pas procédé d'une erreur de
casting, ni l'humour déplacé d'une jeune fille d'un manque de maturité.
Selon SOS Racisme, en effet, « il y a bien une stratégie
globale de l'extrême droite, qui tente de légitimer l'utilisation de la
haine raciale comme forme acceptable du débat démocratique ».
Dans le cadre de cette « stratégie
globale », n'en doutons pas, les responsables de Minute
et ceux du Front national se seront concertés avant de s'échanger des
quolibets. Leur « divorce étalé au grand jour »
n'abusera que les naïfs, tels
nos confères du Huffington Post. Au
moins ceux-ci ont-ils le mérite de souligner qu'il « ne date
pas d'hier ». Preuve que le complot à l'œuvre a été planifié
de longue date. Merci à SOS Racisme de l'avoir enfin déjoué !
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31 octobre 2013
Des conspirationnistes prêtent à Paris et à quelques-uns de
ses partenaires la volonté d'envahir la Grèce.
Voilà que l'Union européenne prépare, paraît-il, l'invasion de
la Grèce ! Cette annonce circule sur la Toile francophone,
apparemment à l'initiative du Comité Valmy, relayé par quelques
souverainistes à la crédulité confondante.
Dans ce tissu d'âneries, il est question de la Force de
gendarmerie européenne (FGE). Également dénommée Eurogendfor, celle-ci
nous est présentée comme « l'armée privée de l'UE ».
Double méprise : d'une part, les effectifs qui lui sont
rattachés ne sont pas des mercenaires, mais des militaires ;
d'autre part, elle a été créée en marge de l'Union européenne, ce que
Mme Élisabeth Guigou avait d'ailleurs regretté lors d'un débat
à l'Assemblée nationale.
« On prépare [...] pour la première fois »
son engagement, rapportent les imbéciles du Comité Valmy. Or, la FGE a
déjà été déployée à trois reprises, en Bosnie-Herzégovine, en
Afghanistan ainsi qu'en Haïti. Au regard de ses missions, force est de
constater qu'elle n'a pas été créé dans le seul but de mater
« des adolescents musulmans immigrés en France »,
n'en déplaise à ces ignares ! Ceux-ci évoquent une
« unité d'intervention spéciale de trois mille
hommes », alors qu'elle ne compte, en réalité, qu'une
trentaine de permanents. « La FGE [...] possède une capacité
initiale de réaction rapide d'environ huit cents personnels sous un
délai de trente jours », précise
l'Hôtel de Brienne. En fait, chaque opération donne lieu à
une "génération de force", sur la base d'un catalogue recensant des
capacités déclarées par les États.
Soucieux de nous révéler le dessous des cartes, nos
conspirationnistes en herbe soutiennent que la Force de gendarmerie
européenne a été « fondée en secret – ni vu, ni
connu ». Dans les colonnes de L'Action Française
2000, nous l'avons pourtant déjà évoquée au moins à trois
reprises (en février
2010, juillet
2010 et mars
2011)... et toujours sur la base de documents officiels.
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29 octobre 2013
C'est bien connu : sous la coupe de Créon prospèrent
des banquiers perfides... Les Antigones se sont choisi un nouvel
ennemi, hélas très consensuel.
Quoiqu'elles soient moins affriolantes que leurs homologues
venues d'Ukraine, les Antigones nous sont sympathiques, d'autant que
leur manifeste était bien tourné. Hélas, depuis leur coup d'éclat au
Lavoir moderne, elles se dispersent, voire s'égarent. Les voilà au
faîte de l'indignation la plus convenue, maintenant
qu'elles s'attaquent à l'économie.
« Danser devant une banque », nous
expliquent-elles, « c'est opposer des liens humains aux liens
marchands ». Curieuse conception du commerce :
jusqu'à présent, jamais nous n'avions pris notre boulanger pour un
animal ; ni même notre banquier ou notre assureur –
lequel est d'ailleurs un ami, preuve que cette dichotomie s'avère
purement rhétorique.
« Depuis 1973 », prétendent les Antigones,
« notre pays n'emprunte plus à sa propre banque centrale pour
financer l'école de nos enfants, nos hôpitaux, nos routes, payer nos
soldats, construire les quelques grands projets que nos dirigeants
envisagent encore ». C'est méconnaître la substance de cette
loi, dont
la portée est largement exagérée à la faveur de quelque
exégèse conspirationniste popularisée par le Front national et ses
affidés. « Non, notre pays emprunte à des banques
privées », poursuivent-elles. « Évidemment pas à taux
zéro, mais variant entre 3,5 et 7 %. » Ces temps-ci,
c'est beaucoup moins, mais il est vrai qu'une flambée prochaine de
l'OAT nous paraît vraisemblable. « Ces intérêts colossaux
représentent une grande partie de la dette de notre pays »,
déplorent les Antigones. Aussi faudrait-il « abroger la loi de
1973 », nous disent-elles, ignorant manifestement que celle-ci
l'a déjà été – du moins formellement – il y a vingt ans.
Notre argent sera bientôt « ponctionné, taxé, volé,
réquisitionné pour le remboursement de la dette, autrement dit des
banques », préviennent encore les Antigones. En réalité, les
banques sont loin d'être les seules à souscrire des obligations d'État.
Outre les compagnies d'assurance, par l'entremise des fonds de pension,
d'humbles retraités figurent parfois parmi leurs détenteurs. De fait,
les « les apparatchiks du système », comme elles disent, arborent de
multiples visages.
N'en déplaise aux Antigones, « il n'y a pas de repas
gratuit ». Si d'aventure leur "solution miracle" se trouvait
mise en œuvre, leur épargne serait également ponctionnée, non par une
taxe supplémentaire, mais par l'inflation. À ce propos, rappelons la
mise en garde de Jacques Bainville : il n'y a « rien
de plus terrible que la liberté donnée à l'État d'imprimer du
papier-monnaie », écrivait-il dans L'Action
Française du 2 novembre 1925.
Cela étant, nous
rejoignons les Antigones quand elles dénoncent la
« collectivisation des pertes ». À nos yeux, plus
qu'un scandale moral, c'est une aberration économique.
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24 octobre 2013
De la mystique souverainiste appliquée à l'immigration.
Dans notre entourage, un camarade s'interroge :
« Depuis les accords de Schengen, une des étapes constitutives
de "l'Europe" qui fit disparaître tous contrôles aux frontières,
comment pourrions-nous efficacement lutter contre l'invasion
clandestine ? »
Nous ne saurions lui répondre. À vrai dire, étant donné les
différences de niveau de vie observées de part le monde, nous doutons
qu'aucune politique puisse annihiler l'immigration clandestine. Parlons
du Kosovo, puisque la jeune Leonarda vient d'y être envoyée sous le feu
des projecteurs : apparemment, le revenu moyen des habitants y
serait quinze fois moindre qu'en France ! Or, l'ancienne
province de Serbie n'est pas le plus pauvre État du monde, loin
s'en fait. Dans ces conditions, que pèsent les « pompes
aspirantes » chères au Front national ? Pour une
femme résignée à faire le trottoir en Europe, peut-être la CMU ne
sera-t-elle jamais qu'une maigre consolation.
Quoi qu'il en soit, l'immigration clandestine n'est pas un
phénomène propre à l'espace Schengen. Le Royaume-Uni a beau s'en tenir
à l'écart, il n'en est pas moins confronté au phénomène. En outre, il
semblerait que l'écrasante majorité des immigrés clandestins pénètrent
dans l'Hexagone en toute légalité. Preuve qu'un rétablissement des
contrôles aux frontières suffirait à changer la donne... Comme
toujours, l'"Europe" a bon dos.
Publié dans Immigration, Populisme, Souverainisme | 1 Commentaire
24 octobre 2013
Quand Joseph de Maistre inspire la rhétorique d'un
gouvernement socialiste.
Au plus fort des manifestations contre le "mariage pour tous",
nous avions à l'esprit ces propos de Joseph de Maistre, selon lequel
« il n'y a point d'homme dans le monde ».
« J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des
Russes », écrivait-il dans ses Considérations sur la France.
« Mais quant à l'homme », poursuivait-il,
« je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il
existe c'est bien à mon insu ».
Mme Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de
la Famille, lui fait écho dans
un entretien accordé au Figaro
(16 octobre 2013) : « je ne suis pas dans la
défense de la famille, mais dans la promotion des familles »,
a-t-elle déclaré à nos confrères. Habile réponse aux idéologues
réactionnaires, aux yeux desquels il ne saurait exister de familles
"homoparentales", ni même "recomposées" – comme si le divorce de vos
parents faisait de vous un orphelin !
À trop verser dans l'abstraction, on sombre dans un perpétuel
déni.
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18 octobre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Devenu un partenaire stratégique de Paris, Hanoï est
résolument engagé dans la francophonie.
Vendredi 4 octobre 2013 s'est éteint le général Giáp,
héros de l'indépendance du Vietnam, dont le Premier ministre,
M. Tan Dung, venait d'effectuer une visite en France. À cette
occasion, un "partenariat stratégique" a été signé entre Paris et
Hanoï. « Le Vietnam est un partenaire [...] particulièrement
cher à la France », a martelé Jean-Marc Ayrault.
« D'abord en raison de l'histoire entre nos deux
pays », a-t-il expliqué, mais aussi du fait « de
notre appartenance commune à la Francophonie ». Comme le
souligne Pierre Journoud, chargé d'études à l'Irsem (Institut de
recherche stratégique de l'École militaire), le Vietnam « a
été l'un des rares en Asie, sinon le seul, à jouer avec autant de
persévérance la carte de la Francophonie politique, dans sa double
dimension bilatérale et multilatérale ».
La langue française vecteur du désenclavement
On compterait aujourd'hui 623 000 francophones au
Vietnam, représentant 0,7 % de la population. « On ne
saurait [...] voir dans la modestie du nombre de locuteurs de français
au Vietnam qu'un lent et inexorable déclin depuis la fin de l'ère
coloniale », soutient Pierre Journoud. « Du point de
vue purement comptable, la tendance globale paraît même plutôt
favorable depuis la fin de la guerre froide : les francophones
étaient estimés à 70 000 personnes en 1990, d'âge généralement
élevé, soit seulement 0,1 % de la population... Plus
surprenant, le nombre d'apprenants de français était moins élevé à
l'époque coloniale qu'aujourd'hui. » « Résolument
engagée dans la francophonie », la République socialiste du
Vietnam « a renoué par étapes avec la coopération culturelle
et linguistique avec la France, avant de marquer son adhésion à la
Francophonie institutionnelle » en 1970. Dans les années
quatre-vingt-dix, Hanoï « a fait de la langue française l'un
des vecteurs de son désenclavement ». Il a d'ailleurs proposé
que le français devienne la seconde langue de travail de l'Asean
(Association des nations de l'Asie du Sud-Est).
« Le Vietnam n'est pas francophone, au sens
linguistique », souligne encore Pierre Journoud,
« mais la volonté que ses dirigeants ont jusqu'à présent
manifestée, malgré bien des obstacles, de nourrir une francophonie de
qualité et de valoriser la Francophonie institutionnelle témoigne de
leur conviction que celle-ci peut servir les grands objectifs de leur
politique étrangère : favoriser l'insertion régionale et
internationale du Vietnam ; renforcer le glacis stratégique
que tente de se constituer ce pays qui a dû affronter par les armes les
ambitions impérialistes de la France, des États-Unis... et de la
Chine. » Preuve que le français na pas dit son dernier
mot !
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