Chronique du féminisme espagnol

4 mars 2010

Madrid continue d'agiter son étendard féministe sur la scène internationale.

« Les droits de la femme et la lutte contre la violence à caractère sexiste » sont « au centre des activités des Nations Unies cette semaine », a annoncé la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne.

Devant la commission de l'ONU sur la condition juridique et sociale de la femme, le ministre espagnol de l'Égalité « a réitéré ce lundi [...], au nom de l'UE, l'engagement des États membres envers la déclaration et la plateforme d'action de Pékin, à l'occasion de son quinzième anniversaire. [...] Mme Aído a de plus affirmé qu'"il est urgent d'entreprendre de nouvelles actions" afin de répondre aux besoins des jeunes filles et des femmes après des conflits armés et a jugé "essentiel" [...] d'élargir l'accès à l'information sur la santé sexuelle et reproductive. » Signalons au passage que l'ONU s'apprête à regrouper, sous la houlette d'une direction commune, ses différentes composantes censées œuvrer en faveur de l'égalité hommes-femmes.

Dès demain, Madrid réaffirmera son volontarisme féministe par la voix de Miguel Lorente, délégué du gouvernement espagnol en charge des questions liées à la violence sexiste. En marge du premier sommet UE-Maroc, celui-ci doit ouvrir un séminaire de deux jours portant sur les sujets suivants : « genre et participation politique à l’échelle locale » ; « questions liées au genre au niveau local au Maroc et en Espagne » ; « perspectives d’intégration de l’égalité des sexes dans les politiques publiques locales ».

Le progressisme vire à droite

4 mars 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Le congé maternité en débat au Parlement européen.

L'UE s'achemine vers l'allongement de la durée minimale du congé de maternité. La Commission européenne avait proposé qu'elle soit portée de quatorze à dix-huit semaines (contre seize en France). Un progrès jugé insuffisant par la commission des Droits de la femme du Parlement européen, qui s'est prononcée le mardi 23 février pour une durée minimale de vingt semaines. Par dix-neuf voix pour, treize contre et une abstention, elle a adopté le rapport sur la santé et la sécurité des travailleuses enceintes rédigé par la Portugaise Edite Estrela, membre du groupe de l'Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D).

En vertu de la directive actuellement en vigueur, les femmes sont déjà tenues de prendre deux semaines de repos, avant ou après l'accouchement. Le projet de révision imposerait six semaines après la naissance de l'enfant, dont l'allaitement se trouverait ainsi facilité. Dans un communiqué, le Parlement européen souligne que « les États membres devraient encourager l'octroi de congé dans cette perspective ». Selon la commission parlementaire, ils devraient également « veiller à ce que les pères soient habilités à prendre un congé de paternité entièrement payé d'au moins deux semaines » (onze jours dans l'Hexagone).

Cela tranche avec le féminisme auquel nous avaient habitués les arcanes européens. Le secrétaire national de l'UMP s'en est ému : selon Philippe Juvin, ces propositions « stigmatisent les femmes dans leur rôle de mère. Ce texte n'est que l'aboutissement d'un lobbying des intégristes de tout crin et ne permettra pas de promouvoir l'émancipation des femmes dans nos sociétés ». « Avec le rapport Estrela, ajoute-t-il, la gauche réenferme la femme dans le modèle opprimant de la maternité exclusive. »

Que la "droite" se rassure : rien n'est encore joué. Le 25 mars, les députés seront appelés à s'exprimer en session plénière. Il faudra ensuite solliciter l'accord du Conseil des ministres, où la Grande-Bretagne affichera vraisemblablement ses réticences. « La directive devrait mettre en place des standards minimum au niveau européen pour la santé et la sécurité des femmes enceintes et ne pas ajouter de coûts supplémentaires sur la feuille de paye pour les entreprises déjà surtaxées et les systèmes de santé nationaux », a indiqué le directeur de la chambre de commerce britannique cité par AP (Euractiv, 26/02/2010).

La confusion règne en Europe

4 mars 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Agacement des Américains, dissensions entre les gouvernements et la Commission, critiques persistantes à l'encontre du Haut Représentant.... L'Europe du traité de Lisbonne peine à soigner sa crédibilité internationale.

Le traité de Lisbonne « permet à l'Europe de se faire clairement entendre auprès de ses partenaires mondiaux », proclame le site officiel de l'UE. Trois mois après son entrée en vigueur le 1er décembre 2009, les faits contredisent apparemment cette affirmation péremptoire.

Députés en embuscade

Après avoir déploré la confusion régnant dans l'Union, dont trois présidences se disputent désormais la représentation internationale (Conseil européen, Conseil, Commission), le gouvernement américain a dû recevoir la lettre l'informant « de la fin de l'application provisoire d'un accord sur le traitement et le transfert de données de messagerie financière [...] aux fins de son programme de surveillance du financement du terrorisme ». Réunis le 22 février, les représentants des Vingt-Sept en avaient approuvé le texte suite au veto du Parlement européen étrennant ses nouveaux pouvoirs. Dans un communiqué publié le lendemain, l'assemblée a confirmé que « les députés sont déterminés à exercer leur pouvoir budgétaire et leur contrôle démocratique dans le domaine de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), y compris pour ce qui est des mécanismes de financement du service d'action extérieure ».

L'architecture du Service européen pour l'Action extérieure (SEAE) n'est pas encore fixée.  Selon Jean Quatremer, il serait « quasiment acquis que celui-ci sera dirigé par un diplomate français de très haut rang, fin connaisseur des affaires européennes et bourreau de travail, secondé par un directeur politique italien ou allemand » (Coulisses de Bruxelles, 22/02/2010). Pour l'heure, la nomination d'un nouveau représentant à Washington illustre les difficultés posées par la fusion des piliers communautaire et intergouvernementaux. José Manuel Durão Barroso a dépêché outre-Atlantique son directeur général des Relations extérieures, Joao Vale de Almeida. Ce faisant, le président de la Commission européenne s'est attiré les foudres des États membres.

Nomination controversée

« Envoyer un simple fonctionnaire à Washington pour succéder à un ancien Premier ministre, l'Irlandais John Bruton, qui avait sur place des réseaux d'une rare efficacité, n'est sans doute pas la chose la plus intelligente à faire au moment où les relations transatlantiques connaissent quelques remous à la suite de l'annulation par Barack Obama du sommet UE-États-Unis », poursuit notre confrère. Mais il y a plus. En application du traité de Lisbonne, les anciennes délégations de la Commission, placées désormais sous la responsabilité du Haut Représentant, sont appelées à représenter l'Union européenne tout entière. Aussi Pierre Lellouche a-t-il rappelé que « les États doivent être consultés ». Le secrétaire d'État en charge des Affaires européennes a exprimé le mécontentement de la France le 22 février, lors du Conseil des Affaires étrangères. « Plusieurs délégations [...] ont approuvé mon intervention », a-t-il confié à la presse (Bruxelles 2, 22/02/2010).

Mme Catherine Ashton, Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, par ailleurs vice-président de la Commission, pourrait se trouver tiraillée entre deux institutions rivales. « On voit [...] apparaître un aspect assez peu visible du traité de Lisbonne », commente notre confrère Nicolas Gros Verheyde, qui expliquerait « pourquoi nombre d'États membres militaient en sa faveur ». Avec la création du SEAE, en effet, la Commission perd « une partie de l'autonomie acquise durant des années. On assiste [à] une certaine "renationalisation" des délégations extérieures de la Commission européenne. » Mais de là à évoquer un traité souverainiste, il y a un pas que nous nous garderons de franchir !

L'indignation fut de mise, également, à l'occasion de la réunion informelle des ministre de la Défense, organisée à Palma de Majorque les 24 et 25 février. Mme Ashton n'était pas là, préférant, notamment, assister à l'investiture du nouveau président ukrainien (dont la visite était annoncée à Bruxelles le 1er mars). Toute la réunion aurait été préparée « en étroite collaboration » avec elle, a assuré Luis Cuesta, le secrétaire général espagnol de la Politique de défense, bien incapable d'étouffer les sarcasmes. Le secrétaire d'État néerlandais Jack De Vries a donné le ton sur Twitter : « Mme Ashton a brillé par son absence. Solana [son prédécesseur], lui, était toujours là... » (Bruxelles 2, 24/02/2010) Et le ministre de la Défense Hervé Morin d'ajouter, devant quelques journalistes : « Je trouve particulièrement savoureux, alors que nous devons évoquer les questions des relations entre l'UE et l'OTAN, que le secrétaire général de l'OTAN soit là et qu'il n'y ait personne pour l'UE... » (Bruxelles 2, 25/02/2010)

Quelques perspectives

Plus sérieusement, selon un compte rendu de la présidence espagnole, les ministres de la Défense sont convenus, entre autres, d'élargir les objectifs de l'opération Atalanta afin d'y inclure le contrôle des ports somaliens où amarrent les bateaux pirates. Ils prévoient, en outre, d'élargir l'utilisation potentielle des groupements tactiques aux missions humanitaires, et se sont accordés sur l'opportunité de doter leurs réunions « de pouvoir de décision en matière de déploiement des capacités, d'apport de forces et de moyens aux opérations en cours, d'impulsion à l'industrie européenne de la défense et de développement des clauses d'assistance mutuelle et de solidarité ».

Le bric-à-brac de Paris et Berlin

18 février 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Aperçu du nouvel agenda franco-allemand.

Bien que la désignation d'un ministre commun soit abandonnée, on relève quelques "gadgets" dans l'agenda présenté le 4 février à l'issue du 12e conseil des ministres franco-allemand, tels le vague projet d'élaborer des propositions de lois communes et la circulation d'un "train de la science" de part et d'autre du Rhin en 2010 et 2011.

Paris et Berlin promettent la préparation d'un manuel scolaire commun sur l'Europe et l'histoire de la construction européenne, ainsi qu'une intensification des échanges et autres jumelages. Ils confirment leur accord sur la "gouvernance économique" de l'Union européenne, réfléchissent à la construction d'un nouveau lanceur spatial et veulent donner « une nouvelle impulsion » au rapprochement de leurs réseaux diplomatiques. Ils envisagent « une étude systématique des possibilités de colocalisation franco-allemande lors des décisions immobilières », et même « l'objectif d'aller jusqu'à dix ambassades communes à l'horizon 2020 ». Simple effet d'annonce ?

La défense européenne entre utopie et réalisme

18 février 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

Tandis que le Royaume-Uni envisage une coopération accrue avec ses partenaires de l'UE, le ministre allemand des Affaires étrangères veut mettre sur pied une « armée européenne ». La France, quant à elle, doit ratifier un traité portant création de la Force de gendarmerie européenne.

L'Otan figure en tête des menaces extérieures identifiées par la nouvelle doctrine de défense russe, approuvée le 5 février par le président Medvedev. Moscou s'inquiète, entres autres, d'un élargissement potentiel de l'Alliance à la Géorgie et l'Ukraine. Une perspective à laquelle la France s'est opposée jusqu'à maintenant. Ce veto ne fut pas étranger à l'accueil bienveillant que la presse russe réserva à son retour dans le commandement militaire intégré de l'Otan sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy (Courrier International, 13/03/2009).

Albion croit en l'Europe de la défense

Justifiant sa politique atlantiste, le président de la République avait déclaré, le 11 mars 2009 : « En mettant fin à une ambiguïté [...], nous créons la confiance nécessaire pour développer une défense européenne forte et autonome. » Ses arguments auraient-ils convaincu outre-Manche ? « Le retour de la France [...] offre l'occasion d'une coopération accrue avec un partenaire clef », peut-on lire dans le "livre vert" britannique publié le 3 février. « L'Otan demeure la pierre angulaire de notre sécurité », rappellent ses auteurs. Cependant, « le Royaume-Uni améliorera de façon importante son influence si nous et nos partenaires européens parlons et agissons de concert ». Et d'affirmer que « lors des opérations de stabilisation en Bosnie et en Afrique, lors des opérations antipiraterie au large de la Somalie [...], l'UE a démontré qu'elle peut jouer un rôle important dans la promotion de notre sécurité ». Eurosceptique, Albion ?

Plus radical, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, voudrait édifier une « armée européenne » placée « sous plein contrôle parlementaire ». C'est « l'objectif à long terme », a-t-il affirmé le 6 février lors de la conférence de Munich sur la sécurité. Objectif à nos yeux irréaliste, dont la poursuite pourrait néanmoins mobiliser réflexions et moyens. À la lumière des faits, en tout cas,  ce rêve – ou ce cauchemar ! – apparaît bien lointain.

Inutiles, les GT 1500 ?

La création d'un quartier général européen, promue par la France, suscite toujours des réticences. Or, « le dispositif actuel tient du bricolage » selon notre confrère Nicolas Gros-Verheyde (Bruxelles 2, 14/02/2010). « Le dispositif des QG excentrés à Potsdam (pour le Congo), à Paris (pour le Tchad), à Londres (pour Eunavfor) ne montre pas sa pleine efficacité. Ce sans compter la difficulté qui existe à pourvoir les postes – les forces nationales ne s'empressant pas toujours de pourvoir les postes d'état-major d'autant plus quand l'opération dure... »

Soulignons également l'immobilisme d'un embryon d'armée européenne formé par les groupements tactiques. Forts d'environ 1 500 hommes, ils sont censés fournir à l'Europe une capacité de réaction rapide. Pleinement opérationnels depuis le 1er janvier 2007, ils n'ont jamais été utilisés, bien que des États membres se succèdent tous les six mois pour  assurer la disponibilité permanente de deux battlegroups. « Jusqu'à présent, au moins deux situations ont répondu à tous les critères de déploiement des groupements tactiques », au Tchad et en République démocratique du Congo, selon l'analyse de Caroline Henrion publiée le 18 janvier sous l'égide du GRIP (Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité). « Ces exemples montrent que non seulement les Européens ne s'accordent pas sur les situations dans lesquelles il faut intervenir, mais hésitent également à envoyer des troupes sur le terrain. » Pourquoi s'en étonner ? Obtenir le consensus des vingt-six États participant à la Politique de sécurité et de défense commune n'est pas une sinécure ! (Vingt-six, et non vingt-sept, car le Danemark fait l'objet d'une dérogation.)

Six États dans la FGE

La Force de gendarmerie européenne (FGE), quant à elle, regroupait seulement cinq États à l'origine : la France, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas et le Portugal, rejoints depuis par la Roumanie. Selon le gouvernement, sa création répondait à la nécessité « de combler le vide opérationnel [...] entre le moment où les forces armées entrent sur le théâtre des opérations et le moment où les forces de police parviennent à y remplir normalement leurs fonctions ». La FGE comporte un état-major permanent implanté à Vicence, en Italie, où la France est représentée par six officiers. Chaque opération donne lieu à une "génération de force", sur la base d'un catalogue recensant des capacités déclarées par les États. Opérationnelle depuis 2006, la FGE est engagée depuis 2007 en Bosnie-Herzégovine, où elle arme une partie de l'Unité de police intégrée de l'opération européenne Eufor Althéa. Depuis décembre 2009, elle contribue également à la formation de la police afghane au sein de la mission de l'Otan, où la France a engagé 132 gendarmes.

En marge de l'UE

Son fonctionnement repose actuellement sur une "déclaration d'intention". Le 18 octobre 2007, les États fondateurs ont signé un traité confortant son existence. Afin d'autoriser sa ratification, un projet de loi a été enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le 3 février. Fallait-il passer par ces lourdeurs juridiques ? Le gouvernement se justifie dans son "étude d'impact" : « Par rapport à la déclaration d'intention du 17 septembre 2004 et aux textes qui la complètent, le traité [...] permet de clarifier un certain nombre de points relatifs aux droits et obligations des personnels de la force ainsi qu'au droit applicable dans le cadre d'opérations extérieures : conditions d'entrée et de séjour sur le territoire de l'État hôte (État sur lequel se trouve le quartier général permanent : Italie) ; privilèges et immunités ; juridiction pénale et disciplinaire ; dommages ; assistance médicale ; aspects juridiques et médicaux en cas de décès. »

« Comme le suggèrent l'intitulé même de la force et son insigne bleu, la FGE est un projet européen », martèle le gouvernement, qui tient à saluer « une étape importante de la construction de l'Europe de la défense ». La FGE n'en reste pas moins une force autonome : peut-être s'agit-il d'une « avancée concrète en matière de gestion de crise », mais, le cas échéant, ces progrès auront été accomplis en marge de l'UE.

Le Parlement européen s'affirme

18 février 2010
Article publié dans L'Action Française 2000

La montée en puissance du Parlement européen se confirme.

En application du traité de Lisbonne, les accords internationaux signés par l'Union européenne traitant de la coopération judiciaire et policière pénale sont désormais soumis à son approbation. Un droit de veto étrenné à Strasbourg le 11 février, où l'assemblée a privé d'effet juridique un accord  sur les transferts de données bancaires vers les États-Unis. Cela contre l'avis des gouvernements, évidemment.

Deux jours plus tôt, les parlementaires européens avaient adopté un ensemble de "principes clefs" qui seront mis en œuvre dans le nouvel accord-cadre définissant leurs relations avec la Commission. Le Parlement exige d'être traité avec les mêmes égards que le Conseil des ministres. « Cela se rapporte particulièrement à l'accès aux réunions et à une documentation complète sur les réunions de la Commission avec les experts nationaux », explique-t-il dans un communiqué. Par ailleurs, lors des sessions plénières, une nouvelle heure de questions sera introduite avec les commissaires – y compris le Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, dont l'agenda est déjà surchargé.

Enfin, constatant que « le rôle du Parlement européen s'est considérablement accru », le gouvernement a révisé le décret « relatif aux cérémonies publiques, préséances, honneurs civils et militaires ». Dorénavant, les députés français au Parlement européen occupent le rang suivant celui des députés et sénateurs. Jusqu'au 6 février, ils en étaient séparés, entre autres, par le grand chancelier de la Légion d'honneur, le chef d'état-major des armées et le maire de Paris.

L'Européenne la plus favorisée en débat à l'Assemblée (2)

13 février 2010

Mercredi dernier, 10 février, la commission des lois de l'Assemblée nationale a examiné une proposition de résolution rejetée une semaine auparavant par la commission des Affaires européennes.

Présenté par des députés issus du groupe SRC (socialiste, radical, citoyen et divers gauche), ce texte promeut la "clause de l'Européenne la plus favorisée". « Il s'agit d'identifier les dispositions les plus favorables aux femmes dans les États membre de l'Union européenne dans chaque domaine, et de proposer que les États membres alignent leur législation sur celle de l'État membre où elle est la plus favorable aux femmes », a résumé, dans son rapport, Mme Pascale Crozon (PS).

Selon un mécanisme jugé « curieux » par le député UMP Étienne Blanc, le législateur national devrait s'inspirer des législations étrangères "les plus progressistes" – « notion qui, en droit, [le] laisse d'ailleurs perplexe ». En conséquence, « sans porter un jugement sur le fond de la proposition », le parlementaire a exprimé son « opposition radicale » quant à la forme de la proposition.

« Il ne s'agit pas aujourd'hui de décider du contenu de la loi future », a souligné le socialiste Jérôme Lambert. « On ne peut à l'évidence pas légiférer à la hâte sur ce sujet », a-t-il reconnu. « Il s'agit "simplement" – mais la portée symbolique est forte – de voter une résolution invitant le gouvernement français dans les négociations européennes à venir à soutenir le principe de la clause de l'Européenne la plus favorisée. Qui peut refuser une telle chose ? La cause des femmes ne mérite-t-elle pas l'affirmation de la volonté d'une égalité la meilleure possible ? » Cela ne se discute pas : « Sur le fond du texte lui-même, on ne peut être contre », a déclaré Mme Marie-Jo Zimmermann. « Si nous le rejetions, expliquer notre décision pourrait être délicat. », a averti l'UMP François Vannson.

La chambre basse a manifestement du temps à perdre en échange d'inepties. La commission a adopté sans modification l'article unique de la proposition de résolution, inscrite à l'ordre du jour de la séance publique du 18 février prochain.

L'Européenne la plus favorisée en débat à l'Assemblée (1)

10 février 2010

La commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale s'est réunie le 3 février pour examiner deux propositions de résolution promouvant la « clause de l'Européenne la plus favorisée ». Avec, en perspective, selon les explications des rapporteurs, l'établissement d'« un statut pleinement harmonisé de la femme en Europe qui ferait la synthèse des meilleures lois en la matière ».

À l'origine de ces initiatives : des députés issus, d'une part, de la gauche démocrate et républicaine (Parti communiste, Parti de gauche, Verts), et, d'autre part, du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Lesquels n'entendaient pas apparaître en retrait sur la scène européenne, où les féministes sont galvanisés par « une présidence espagnole pleine d'allant ». Entre autres événements ponctuant le semestre, citons : la conférence sur « les femmes, la paix et la sécurité », puis le "sommet européen des femmes au pouvoir" en février ; l'adoption par le Conseil de conclusions sur l'éradication de la violence à l'encontre des femmes prévue le 8 mars ; une conférence le 25 mars sur « l'égalité entre les hommes et les femmes, une base pour la croissance et l'emploi » ; la "Ve rencontre de femmes espagnoles et africaines pour un monde meilleur" le 28 mars ; un "séminaire technique" le 29 avril sur « le rôle de la femme dans le développement rural ».

Identifiant « les termes du débat » parlementaire, les rapporteurs observent que « les arguments "contre" [...] ne concernent ni les principes, ni l'intention des propositions de résolution, mais le calendrier et les circonstances ». Et de rappeler que « la "clause de l'Européenne la plus favorisée" a déjà fait l'objet d'une évocation, d'une tentative d'inscription à l'agenda européen, sous présidence française », sans avoir « reçu l'écho que l'on aurait souhaité ». « Certains pays sont réticents », souligne Mme Anne Grommech. En conséquence, le corapporteur UMP veut « éviter toute prise de position prématurée ». D'autant que « la faisabilité d'une [telle] démarche vient d'être mise à l'étude [...] avec d'ailleurs l'hypothèse d'un traité entre quatre États : la Belgique, l'Espagne, la Suède et la France. Un groupe de travail interministériel a été constitué. [...] Ses conclusions sont prévues pour le mois de mars. »

Le député pointe une autre difficulté, concernant « les domaines sur lesquels porte la "clause de l'Européenne la plus favorisée" ». À ses yeux, « il y a un exemple qui est très concret, c'est celui de l'interruption volontaire de grossesse. Aujourd'hui, en France, l'IVG n'est possible que dans les douze semaines. Or, passer à dix-huit semaines, délai applicable en Suède, supposerait un débat approfondi. Il faut notamment souligner qu'un tel délai de dix-huit semaines pourrait permettre de sélectionner le sexe de l'enfant. Menée sur la base d'une clause automatique sans débat préalable, une telle réforme peut aboutir à des situations compliquées de déséquilibre entre les garçons et les filles telles qu'on les connaît en Chine et en Inde. »

« Dans de telles circonstances, conclut Mme Grommech, il convient de rejeter les propositions présentées, car prématurées sur le plan diplomatique et exigeant des études approfondies, sur des questions très sensibles. » Suivant son avis, la commission des Affaires européennes a rejeté chacune des résolutions. Ce faisant, la droite parlementaire a pourtant démontré, une fois de plus, combien elle est soumise à la gauche dans les débats "sociétaux".

Le mythe des 80 %

9 février 2010

C'est bien connu : 80 % des lois votées par le Parlement français seraient d'origine communautaire. Cité par tout un chacun, ce pourcentage a pénétré les esprits sans avoir jamais fait l'objet d'une démonstration. C'est donc un « mythe » que la fondation Terra Nova entend démonter dans une étude rendue publique le 5 février.

Ses auteurs, Matthias Fekl et Thomas Platt, ont scruté la législation française promulguée entre 1998 et 2008. Aussi n'ont-ils pris en compte « que les actes [européens] nécessitant une adaptation au niveau national, et non ceux qui se substituent purement et simplement à l'action du législateur ». « L'exercice de quantification est difficile et risqué », affirment-ils. « Les résultats sont donc à interpréter avec prudence. » D'autant que « si l'Union européenne est bien présente au quotidien dans chacun des vingt-sept États membres, si son action irrigue et affecte en profondeur les systèmes juridiques nationaux, les interactions entre normes européennes et loi nationale sont infiniment plus complexes qu'une simple transposition, "bête et méchante", de normes imposées de l'extérieur ».

Selon leurs calculs, « environ 25 % des dispositions législatives adoptées par le Parlement comportent un ou plusieurs articles transposant des dispositions d'origine communautaire. Moins de 10 % des lois comportaient une part significative de mesures de transposition du droit communautaire. Moins de 10 % du total des articles législatifs adoptés ont vocation à transposer des dispositions communautaires. [...] La mesure sectorielle de cet impact s'inscrit dans la logique des compétences transférées à l'Union : un impact fort pour l'agriculture, les transports, l'économie, l'environnement ; un impact modéré mais réel pour l'emploi et le social [...], la justice ; un impact marginal pour la culture, l'éducation, la défense, les affaires étrangères. Mais, contrairement à une idée reçue, même dans les secteurs les plus européanisés, la législation nationale "autonome" demeure largement majoritaire. Le cas de l'agriculture [...] est le plus révélateur. Un peu plus de 60 % des lois comportent des éléments d'origine communautaire. [...] Mais, quand on affine par article, on s'aperçoit que seulement 18 % de l'activité législative nationale dans ce domaine a une origine communautaire. »

« On est donc loin des 80 %, martelés tant par les fédéralistes soucieux de montrer l'importance de l'Europe que par les souverainistes cherchant à dénoncer le poids tentaculaire de la "bureaucratie" bruxelloise. » Sans doute les uns et les autres partagent-ils en définitive une vision commune de l'Europe, un comble !

Féminiser l'ONU

6 février 2010

La présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne poursuit sur sa lancée.

S'exprimant le jeudi 4 février au nom de l'Union européenne, le représentant permanent de l'Espagne auprès de l'ONU, Juan Antonio Yanez-Barnuevo, a remercié Ban Ki-moon « pour sa proposition de réforme de l'architecture de l'égalité des sexes au sein de l'organisation ».

Laquelle fut apparemment présentée en janvier dernier, dans un rapport de vingt-cinq pages dont nous proposerons peut-être une synthèse si notre niveau d'anglais s'avère suffisant pour en décrypter l'essentiel.