L'Action française, féministe avant l'heure ?

5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

L'Action française d'avant-guerre n'était pas fermée aux femmes. Bien au contraire, certaines la rejoignaient précisément pour combattre une République misogyne, comme l'explique le travail d'une étudiante en histoire à l'IEP de Paris.

Tous les domaines se prêtent aux "études de genre" – y compris l'histoire de l'Action française, susceptible d'illustrer le parcours de « femmes outsiders en politique », selon le titre d'un ouvrage paru l'été dernier (en 2013). Camille Cleret y consacre un article à « l'engagement féminin d'Action française ». Depuis toujours, souligne-t-elle, « la signification politique de l'engagement féminin d'Action française fut inévitablement contestée et caricaturée » : « qualifiées alternativement de "duchesses douairières", ou de "demoiselles à dot" », les militantes d'AF « étaient systématiquement jugées avec mépris par les adversaires de la ligue ». Or, « initialement et officiellement cantonnées dans la sphère des activités charitables, ces militantes surent se réapproprier le "politique d'abord", mot d'ordre de l'Action française, afin d'acquérir un rôle et, pour certaines d'entre elles, des responsabilités au sein de cette formation ».

Ligue féminine

Les femmes désireuses de s'engager à l'Action française étaient appelées à rejoindre une structure spécifique, l'Association des dames et des jeunes filles royalistes, héritière d'une ligue féminine indépendante, la Ligue royaliste des dames. « Née en 1904 de l'opposition aux mesures touchant alors les congrégations religieuses », celle-ci « se distinguait cependant d'autres formations féminines fondées dans le même contexte en raison de la priorité conférée, dès ses origines, au combat politique sur le combat religieux ». Cette préoccupation se traduisait dans l'orientation donnée aux "œuvres sociales royalistes", qui occupaient « une place prépondérante dans la vie de ces femmes ». « Ventes et fêtes de charité, arbres de Noël, distribution de layettes, de nourriture et de vêtements, colonies de vacances : ces activités de bienfaisance mentionnées dans les colonnes du quotidien s'inscrivent dans la lignée des œuvres de charité pratiquées depuis des siècles par les femmes chrétiennes mais impliquent toutefois une finalité politique clairement assumée. » Témoin, l'ouverture d'un "restaurant de charité", conçu, selon ses promoteurs, comme « un centre de propagande ouverte ».

Des « efforts quotidiens » visaient à « "semer" les différents journaux affiliées à l'Action française » : « Telle ligueuse faisait lire L'Action Française à son boulanger, une autre à son bijoutier, la dentiste en faisait la promotion auprès de ses patients, et la modiste auprès de ses clients. Ces femmes "papotaient", pour reprendre l'expression d'Eugen Weber, mais elles papotaient avec détermination, ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas occasionnellement de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement. » Au lendemain du 6 février 1934, notamment, « elles se rendirent ainsi à l'école du Louvre pour interrompre une conférence donnée par Mme Caillaux ».

Maurras adulé

Au-delà des structures officielles, « lectrices, sympathisantes, correspondantes, admiratrices participaient à leur manière au rayonnement de la ligue », rapporte Camille Cleret. Ces femmes semblaient « unies par un même engouement – on pourrait même parler de dévotion – envers la figure de Maurras, leur "cher maître" » : « La correspondance de ce dernier laisse clairement transparaître cette ferveur partagée par des femmes aux profils sociologiques et professionnels très dissemblables. » Quelques-unes « appartenaient aux milieux dirigeants de la ligue ». Deux personnalités retiendraient plus particulièrement l'attention « par leur présence dans les archives et dans les rubriques du quotidien » : la marquise de Mac Mahon, « oratrice de talent », fonda la Ligue royaliste des dames ; quant à « l'énergique » Marthe Daudet, alias Pampille, seconde épouse de Léon Daudet, elle devint en 1936 « la propagandiste en chef de l'Action française, tentant alors de centraliser les différents services de propagande de la ligue ».

Paradoxe apparent

« De telles destinées » apparaissent « surprenantes » aux yeux de  Camille Cleret, qui les inscrit « dans le cadre d'une ligue [...] affichant clairement un idéal de virilité ». De son point de vue, la « singularité » du militantisme féminin d'Action française reposerait, précisément, « sur la discordance entre les objectifs réactionnaires de femmes viscéralement attachées à la tradition et la modernité assumée de leurs activités politiques ». S'agit-il vraiment d'un paradoxe ? « Ferventes monarchistes, les ligueuses envisagent la restauration tant attendue comme un vecteur de promotion de la condition féminine visant à redonner aux femmes le rôle politique et social que la Révolution leur avait injustement ôté. » Selon Paul Bourget, il existait même « un féminisme de la tradition », comme il existait « un féminisme de l'anarchie » ! « Mme Pierre Chardon, conférencière d'Action française dans les années 1930, classait ainsi les femmes royalistes dans la mouvance féministe », relève Camille Cleret. « De plus, les militantes d'Action française entretenaient des liens avec des organisations féministes modérées. Suzanne Desternes, par exemple, était à la fois membre du comité directeur de l'Union nationale pour le vote des femmes et conférencière attitrée de l'Action française. » En conséquence, « le modèle féminin promu par l'Action française était [...] assez ambivalent pour être perçu de manière totalement contradictoire par des observateurs extérieurs et par les femmes elles-mêmes ». Ainsi Marie-Thérèse Moreau, présidente de la section féminine des Jeunesses patriotes, refusa-t-elle d'adhérer à la ligue « en raison de sa "mauvaise réputation antiféministe" », tandis que « la journaliste Marthe Borély s'en éloigna après la Première Guerre mondiale en raison des opinions trop peu conservatrices à son goût de Charles Maurras sur cette question ».

Le genre, déjà...

Tout cela témoigne, selon Camille Cleret, « de la relation complexe entretenue par l'Action française avec les femmes et la question du féminisme ». Relation qu'elle se risque toutefois à simplifier ici ou là. Ainsi suggère-t-elle que l'antisémitisme de quelque militante ou sympathisante l'aurait conduite à « s'attribuer, par le discours racial, une position sociale que son statut de femme lui interdirait normalement ». Par ailleurs, en conclusion, l'auteur invite à « renverser le mythe d'une féminité allergique à l'extrême droite et à la xénophobie, mythe qui consiste à essentialiser une nature dite féminine associée à la douceur mais également à la fragilité, à la faiblesse et donc à transformer les femmes en éternelles victimes d'un système patriarcal oppressif ». De telles hypothèses, en l'absence d'un argumentaire nuancé,  nous semblent formulées avec une certaine légèreté.

Cela étant, cette étude prouve que certains débats ne datent pas d'hier. « Les collaborateurs de l'Action française étaient surtout obsédés par le risque de confusion des genres », affirme Camille Cleret, prenant Léon Daudet à témoin : « la femme ne doit pas se faire le singe de l'homme », avait-il prévenu. « La masculinisation de la femme serait un fléau pour notre civilisation et pour elle-même. Car elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu'elle se fasse doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu'elle voudra : mais qu'elle reste femme. » L'histoire ne serait-elle qu'un éternel recommencement ?

Christine Bard, Bibia Pavard (dir.), Femmes outsiders en politique, L'Harmattan, 202  pages, 21 euros.

La laïcité, voilà l'ennemi !

15 janvier 2014
Article publié dans L'Action Française 2000

Regard critique sur la loi contre la burqa, qui aurait préparé les esprits à bannir les crèches de Noël de tous les espaces ouverts au public.

Une crèche de Noël « porte-t-elle atteinte au principe de laïcité dans les lieux publics » ? La question a été posée par l'AFP, et reprise par plusieurs de nos confrères, après qu'un usager de la SNCF se fut plaint d'une représentation de la nativité dans la gare de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). Or, l'envisager, c'est méconnaître la nature de la laïcité telle qu'elle est définie dans le droit français.

Jugeant cette polémique « ridicule », le socialiste Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, a dû le rappeler : « La neutralité s'applique seulement à l'État et aux bâtiments de la fonction publique, comme les mairies ou les écoles. » En conséquence, a-t-il souligné, « il n'y a pas d'impossibilité à installer une crèche dans une gare, car si l'entreprise est privée avec une mission de service public, le lieu de la gare est un espace public, un peu comme la rue ».

De l'école à la rue

La rue où, précisément, le port du voile intégral est proscrit depuis le 11 avril 2011 et l'entrée en vigueur de la loi votée à cet effet. Cela en vertu de la laïcité, s'imagine-t-on vraisemblablement. Prétendant lutter contre une pratique  marginale, au risque d'en faire la promotion, le président Sarkozy et sa majorité auront distillé l'idée que, dorénavant, la laïcité ne devrait plus s'imposer seulement à l'école, mais dans tous les lieux ouverts au public. De là à s'indigner de croiser un curé en soutane, il n'y qu'un pas... Potentiellement blessés par des lois dirigés à leur encontre, nos compatriotes musulmans assistent, de plus, au spectacle d'une France en prise avec sa religion historique. À ce petit jeu-là, personne n'a rien à gagner, sinon quelque politiciens exploitant avec démagogie la hantise croissante de l'islam, sans craindre d'en légitimer les propagateurs les plus radicaux. Chapeau !

Délation 2.0

6 janvier 2014

Projet de billet avorté pour L'Action Française 2000.

Ouvrant la session de l'IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA), a cité Antonio Gramsci, se demandant s'il était l'auteur d'un constat ou d'une prémonition : « L'ancien monde est en train de mourir, un nouveau monde est en train de naître mais, dans cette période intermédiaire, des monstres peuvent apparaître. »

Pareille inquiétude n'est pas le propre des militaires à l'affut des bouleversements géopolitiques, loin s'en faut. Qu'adviendra-t-il de la société que nous contribuerons à façonner au cours de la nouvelle année ? Tandis que nos faits et gestes sont archivés dans le nuage informatique - quand bien même nous nous refuserions à nous exhiber sur les réseaux sociaux -, la hantise d'une surveillance généralisée est devenue convenue. Des regards accusateurs se sont tournés vers Google, la NSA, la loi de programmation militaire... Mais qu'en est-il de votre voisin ? L'internet offre des opportunités inédites aux activistes politiques. Que ce soit pour organiser la Manif pour tous ou traquer l'ennemi. À la faveur d'un piratage, les coordonnées des sympathisants supposés de Dieudonné ont été livrés à la vindicte militante. On devine que la Toile n'a plus rien de virtuel pour les victimes d'expéditions punitives. S'attaquant à d'autres cibles, les Anonymous s'étaient déjà essayés à la délation en ligne...

Dans le cas présent, le trouble à l'ordre public étant désormais caractérisé, peut-être cela donnera-t-il quelque crédibilité aux gesticulations du ministre de l'Intérieur. Preuve que la politique reprend encore ses droits, fût-ce à mauvais escient ?

Schizophrénie féministe

19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Quand Najat Vallaud-Belkacem trahit ses idéaux.

Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre... Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, a beau se gargariser des "études de genre" à chacun de ses discours, elle se montre plus conservatrice en famille.

Ses aveux, recueillis sur le plateau des Maternelles, ont été diffusés sur France 5 lundi 9 décembre. « Je vois bien que ma petite fille est plus naturellement attirée par les Barbie que par le camion de pompiers », a-t-elle reconnu. En conséquence, a-t-elle confessé, « je ne me prive pas de lui offrir une Barbie, mais je lui raconte des histoires dans lesquelles Barbie sauve le monde ». De façon à tempérer une inclination "naturelle", donc. Nous qui croyions que tout était affaire de culture et autres "stéréotypes"...

Dans vos histoires, Madame le ministre, Barbie se balade-t-elle un flingue à la main ? À vrai dire, nous ne connaissons qu'une seule de ses aventures, dont une petite fille nous a demandé la lecture. On y découvre une princesse qui s'ignore. Un modèle d'élégance. Excellente couturière, qui plus est ! Le récit s'avère d'autant plus réactionnaire que Barbie, une jeune femme altruiste, est appelée à renouer avec ses origines oubliées, dissimulées par une usurpatrice. Ah, le poids de l'héritage ! D'une façon ou d'une autre, il se rappelle toujours à nous.

Comment s'intégrer dans la Babel hexagonale

19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

La mise en valeur des "langues de France" pourrait contribuer, nous dit-on, à refonder la politique d'intégration. Que recouvre cette expression ?

Lâchée par Le Figaro, la "bombe" a explosé à la mi-décembre 2013. Pourtant, d'autres auraient pu s'en emparer beaucoup plus tôt. À l'origine d'une  polémique nationale, les cinq rapports commandés par le gouvernement afin de « refonder la politique d'intégration » étaient disponibles sur le site Internet de la Documentation française depuis le 18 novembre.

Asile linguistique

Nous nous souvenons avoir signalé leur publication lors d'un conseil de rédaction de L'Action Française 2000, où il avait été décidé de ne pas les recenser d'emblée, faute de place dans nos colonnes. Allez comprendre pourquoi l'affaire n'a éclaté qu'aujourd'hui ! Le système médiatique échappe à ses propres acteurs...

À certains égards, les sources du scandale s'avèrent plus lointaines encore. Entres autres propositions controversées figure, dans le rapport du groupe de travail "connaissance-reconnaissance", la promotion des  "langues de France". Une expression dont les rapporteurs ne revendiquent pas la paternité. « La Délégation à la langue française du ministère de la Culture et de la Communication est aussi celle aux langues de France », se plaisent-ils à souligner. À leurs yeux, « il est essentiel de rappeler, car peu connu, que les langues de France sont : la variété dialectale de l'arabe (arabe maghrébin), le berbère, le yiddish, l'arménien occidental, le judéo-espagnol et le romani. Il s'agit, en fait, de langues qui ne sont considérées comme langues officielles dans un aucun autre pays. » Autrement dit, « la France a fait un choix républicain d'accueillir ces langues », auxquelles il conviendrait de consacrer, par exemple, « une année dédiée ».

En attendant, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) vient d'épingler quarante-trois publicités diffusées au premier trimestre 2013, la plupart en raison d'une absence de traduction en français d'un slogan en anglais. Bienvenue dans la tour de Babel !

Solidarité avec Najat Vallaud-Belkacem

22 novembre 2013

Mis en cause en raison de ses origines marocaines, le porte parole du gouvernement est victime d'attaques déplacées, procédant d'une conception éminemment idéologique de la nationalité.

Mme Najat Vallaud-Belkacem est-elle la cible d'attaques racistes ? Nos confrères de L'Express le prétendent, rapportant ces propos qu'auraient lancés, à son intention, quelques militants de la Manif pour tous : « Puisque tu l'aimes tant que ça, le mariage pour tous, t'as qu'à le faire dans ton pays ! » Les faits sont  vraisemblables. Nous-même avons été témoin de conversations du même genre. Quitte à les désigner sous une étiquette infamante, cependant, plutôt conviendrait-il de parler de xénophobie. À vrai dire, étant donné son joli sourire - entre autres qualités – nous doutons que le canon porte-parole du gouvernement soit exposé à des quolibets comparables à ceux dirigés contre Mme Taubira.

Entre le Maroc et la France, cela va sans dire, Mme Vallaud-Belkacem devrait choisir. En cas de guerre, de toute façon, n'y serait-elle pas contrainte ? Cette rhétorique manichéenne nous rappelle les dilemmes auxquels nous confronte Pierre Palmade : « Tu préfères avoir des dents en bois ou une jambe en mousse ? [...] Une tête de veau ou deux bras de neuf mètres ? » Autant de questions que tout un chacun se pose tous les jours du matin au soir. En vérité, la suspicion à l'endroit des personnalités affublées d'une double nationalité participe d'un mépris des faits – comme si tout se résumait au droit. Le lien juridique unissant Mme Vallaud-Belkacem au Maroc en obnubile quelques-uns, mais que pèse-t-il comparé à trente ans d'enracinement hexagonal, conforté par un mariage et la naissance de deux enfants ? Il y a quelque chose de piquant à constater le peu de considération accordée aux attaches familiales par ceux-là même qui se targuent, précisément, de défendre "la" famille. Idéologie, quand tu nous tiens...

Qu'importe sa progéniture donc : en premier lieu, Najat Vallaud-Belkacem est priée de renier ses parents. C'est à cette condition, visiblement, qu'elle pourrait, peut-être, mériter sa place au gouvernement. L'assimilation à la nation procéderait non pas d'une histoire, personnelle et plus encore familiale, mais d'une abjuration. D'un acte de pure volonté. C'est à se demander si les réactionnaires ne sont pas les tenants les plus fanatiques du contrat social ! Or, à ce qu'il paraît, renoncer à la nationalité marocaine ne serait pas une sinécure. Cela dépendrait du bon vouloir du roi. Autrement dit, si les Franco-Marocains devaient être bannis du gouvernement français, François Hollande devrait solliciter l'avis de Mohamed VI pour désigner ses ministres. L'Europe n'étant pas en cause, les souverainistes pourraient s'en accommoder. Pas nous. Najat, on est avec toi ! Sauf quand tu joues les ayatollahs de la parité hommes-femmes, mais c'est une autre histoire 😉

SOS Racisme, une officine conspirationniste

14 novembre 2013

Alors que nous déplorions, depuis longtemps, les penchants conspirationnistes des royalistes, nous observons, ces jours-ci, combien ce travers est communément partagé.

Un exemple vient de nous être donné par SOS Racisme. Indisposée par la une de Minute, selon laquelle « maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane », l'association y voit la preuve « que les insultes envers la [sic] garde des Sceaux n'étaient pas un acte isolé ». Autrement dit, les déclarations grotesques d'une ex-candidate FN aux municipales n'auraient pas procédé d'une erreur de casting, ni l'humour déplacé d'une jeune fille d'un manque de maturité. Selon SOS Racisme, en effet, « il y a bien une stratégie globale de l'extrême droite, qui tente de légitimer l'utilisation de la haine raciale comme forme acceptable du débat démocratique ».

Dans le cadre de cette « stratégie globale », n'en doutons pas, les responsables de Minute et ceux du Front national se seront concertés avant de s'échanger des quolibets. Leur « divorce étalé au grand jour » n'abusera que les naïfs, tels nos confères du Huffington Post. Au moins ceux-ci ont-ils le mérite de souligner qu'il « ne date pas d'hier ». Preuve que le complot à l'œuvre a été planifié de longue date. Merci à SOS Racisme de l'avoir enfin déjoué !

Il n'y a point de famille dans le monde

24 octobre 2013

Quand Joseph de Maistre inspire la rhétorique d'un gouvernement socialiste.

Au plus fort des manifestations contre le "mariage pour tous", nous avions à l'esprit ces propos de Joseph de Maistre, selon lequel « il n'y a point d'homme dans le monde ». « J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes », écrivait-il dans ses Considérations sur la France. « Mais quant à l'homme », poursuivait-il, « je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe c'est bien à mon insu ».

Mme Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de la Famille, lui fait écho dans un entretien accordé au Figaro (16 octobre 2013) : « je ne suis pas dans la défense de la famille, mais dans la promotion des familles », a-t-elle déclaré à nos confrères. Habile réponse aux idéologues réactionnaires, aux yeux desquels il ne saurait exister de familles "homoparentales", ni même "recomposées" – comme si le divorce de vos parents faisait de vous un orphelin !

À trop verser dans l'abstraction, on sombre dans un perpétuel déni.

Les armées à l'épreuve de l'État-providence

18 octobre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Un nouveau manifeste dénonce le désintérêt de la France pour ses armées. Il faudra faire avec, estime, en substance, leur chef d'état-major.

Tandis que le Parlement examine une nouvelle loi de programmation militaire, un manifeste, largement diffusé à l'initiative du général de corps d'armée (2S) Jean-Claude Thomann, brosse le tableau d'une armée française réduite « à l'état d'échantillon ». S'ils ne versent pas dans la nuance, ses auteurs se gardent d'incriminer la seule « disette budgétaire » : selon eux, « la fin de la Guerre froide, les impératifs de l'État-providence et la volonté des "post-modernes" d'en finir avec le "fracas des armes" ont été les abrasifs les plus puissants » à l'origine de cette décadence. Mais les plus hautes autorités du pays n'en ont-elles pas conscience ?

L'ennemi invisible

« En l'absence d'ennemi visible aux frontières, les opinions publiques sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis des expéditions lointaines, surtout lorsque les enjeux et les résultats sont indirects », observe l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées (CEMA). Devant la nouvelle promotion de l'École de guerre, il s'est essayé à un exercice prospective. Aujourd'hui, « certaines opérations durent quelques jours, comme l'évacuation de ressortissants conduite à Beyrouth en 2006 », a-t-il souligné. « D'autres durent quelques mois, comme la Libye, en 2011. La plupart durent plusieurs années, et parfois bien davantage : nous sommes au Liban depuis 1978, soit trente-cinq ans, au Tchad depuis 1986, en Afghanistan depuis 2001. » Or, prévient le CEMA, « cette caractéristique est, pour les années qui viennent, celle qui sera le plus souvent remise en cause ». En effet, explique-t-il, « tant les gouvernements que les opinions publiques font preuve d'impatience, aussi bien dans la vie de tous les jours que dans leur évaluation stratégique. [...] Si l'intérêt d'un outil militaire en complément de la diplomatie est correctement perçu par l'autorité politique, il n'en demeure pas moins que son emploi reste conditionné par le temps médiatique et les contraintes de la politique intérieure. C'est une difficulté supplémentaire pour le commandement militaire, que d'appliquer ce vieux principe de la guerre de l'économie des moyens à un champ médiatique, voire politicien ! »

Le ministère de la Défense britannique se demande, quant à lui, « comment réduire l'opposition croissante de l'opinion publique [...] envers les opérations de combat », rapporte notre confrère Philippe Chapleau, animateur du blog Lignes de défense. Entre autres propositions, il préconise un déploiement accru des drones, des forces spéciales, des sociétés militaires privées et des supplétifs locaux. Appliquées en France, ces mesures ne suffiraient pas à rassurer les "Sentinelles de l'agora" représentées par le général Thomann. De leur point de vue, « l'absence actuelle de menace militaire majeure n'est qu'un simple moment de l'Histoire. [...] C'est une faute vis-à-vis de la sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la capacité de résilience du pays face à une éventuelle situation de chaos, dont nul ne peut préjuger le lieu, l'heure et la nature. » Il serait donc « plus que temps [...] de permettre à la France de se remettre à penser en termes de risques et de puissance stratégique ». Mais dans quelle mesure en serait-elle capable ? C'est la société tout entière qui semble s'y refuser !

Politique d'abord

Cela étant, les institutions ne sont pas sans incidence sur la donne. L'amiral Guillaud se félicite d'ailleurs d'une « singularité » française héritée, dirons-nous, d'une certaine tradition monarchique : « un lien direct dans le domaine des opérations entre le CEMA et le président de la République ». Cela « garantit l'adéquation entre les objectifs politiques et leur traduction en effets militaires, et ce avec une réactivité que beaucoup nous envient », martèle l'amiral, qui cite deux exemples récents : « l'intervention de notre aviation au-dessus de Benghazi, en Libye, le 19 mars 2011 ; et celle de nos forces spéciales, de nos hélicoptères de combat et de nos chasseurs pour bloquer la progression des groupes terroristes vers le Sud malien, le 11 janvier 2013. À chaque fois, l'effet militaire a été appliqué quelques heures seulement après la décision politique. À chaque fois, cette réactivité a été décisive. » Répétons-le encore une fois : c'est un atout à préserver – politique d'abord !

Des nouvelles phobies scolaires

31 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000

Parmi les mission assignées à l'École figure désormais la lutte contre l'"homophobie", qu'il conviendrait d'élargir aux "transphobies" et autres "phobies" connexes, selon un rapport sollicité par la Rue de Grenelle. Morceaux choisis.

Les pouvoirs publics n'en finissent pas de désigner de nouveaux fléaux sociaux. Parmi ceux-ci figurent désormais les "LGBT-phobies". Lesquelles « doivent être abordées avec la même force et les mêmes convictions républicaines que le racisme, l'antisémitisme ou le sexisme par l'ensemble des acteurs de la communauté éducative », soutient Michel Teychenné, auteur d'un rapport commandé par le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon.

LGBT-phobie

En préambule, l'auteur propose la définition suivante de la "LGBT-phobie" : « peur, rejet ou aversion, souvent sous la forme d'attitudes stigmatisantes, de comportements discriminatoires ou de violences envers les lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuel(le)s ». On devine qu'elle se décline sous des formes diverses. Moqueries et insultes seraient, parait-il, les plus répandues. Leur « banalisation » serait même observée « dès l'école primaire », où « l'emploi de mots comme "pédé" ou "enculé", par exemple, n'est d'ailleurs souvent pas conscientisé par le jeune ». Les instituteurs devront-ils expliquer aux élèves ce dont il retourne ? On leur souhaite bien du plaisir ! Selon le rapporteur, « une éducation sur les stéréotypes, les préjugés, les rôles ou l'identité peut être mise en place dès le plus jeune âge [...] afin de conduire à l'acceptation de la diversité humaine, y compris de la transidentité ou de la transgression du genre ». À l'école primaire, précise-t-il, « c'est au travers notamment de la diversité des familles, de l'homoparentalité, du refus des insultes et des discriminations que le sujet peut être abordé ». Soucieux d'« agir sur les représentations et les préjugés », il entend « valoriser des représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité de l'homosexualité et de la transsexualité à l'école ». Autre proposition, plus explicite : « sensibiliser à ces questions les éditeurs de manuels scolaires qui pourront notamment s'appuyer sur les travaux et les recommandations de la Halde ». Laquelle regrettait, par exemple, que nulle mention ne soit faite, dans les manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre), des comportements homosexuels observés parfois chez les animaux.

Vingt-cinq mille élèves

« En Europe occidentale », déplore M. Teychenné, « la France est en retard en matière de politiques publiques de lutte contre les LGBT-phobies à l'école ». L'année dernière, vingt-cinq mille élèves de l'enseignement secondaire (2,6 % des effectifs) auraient bénéficié d'une intervention de « sensibilisation aux discriminations LGBT ». Certains établissements se distinguent, comme à Saint-Étienne, où des lycéens ont participé au "festival du film gay et lesbien". La moitié des conseils académiques de vie lycéenne (CAVL) auraient demandé « à se saisir des problématiques des LGBT-phobies au lycée ». En revanche, la promotion de la ligne Azur, mise en place à l'intention des adolescents s'interrogeant sur leur sexualité, aurait rencontré quelques ratés : « Environ la moitié des établissements n'ont pas diffusé les affiches. Quant aux établissements qui les ont utilisées, la moitié les a installées uniquement à ou près de l'infirmerie. Seuls un quart des établissements les ont placardées dans un lieu de passage, comme demandé dans le courrier d'accompagnement. » Qu'en est-il dans le privé ? « Les échanges que j'ai eus avec le secrétariat général de l'enseignement catholique laissent entrevoir une prise de conscience des dangers de l'homophobie », confie le rapporteur. Selon lui, « dans le respect de la spécificité de l'enseignement catholique, la mise en place d'un dispositif propre à l'enseignement catholique sous contrat pourrait être envisagée de façon complémentaire à [ses] recommandations ».

Constructivisme

Peut-être les responsables de l'enseignement catholique s'inquiètent-ils sincèrement de la détresse des jeunes homosexuels. « Parmi les adolescents et jeunes adultes », souligne François Beck, du département enquêtes et analyses statistiques de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), « les populations LGBT ont deux à sept fois plus de risques d'effectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur vie que les populations hétérosexuelles ». « Ces risques sont de deux à quatre fois supérieurs pour les filles, et de cinq à dix fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de suicides chaque année », précise Michel Teychenné. Or, selon lui, « la prévention du suicide chez les jeunes LGBT sera d'autant plus efficace que le climat scolaire sera inclusif et que les équipes éducatives seront sensibilisées et formées à lutter contre les LGBT-phobies ». De son point de vue, « l'ensemble des actions mises en œuvre doivent viser à déconstruire les préjugés, idées fausses et stéréotypes ». D'ailleurs, explique-t-il, « homophobie, transphobie et discriminations envers les femmes » participeraient « du même ordre sexuel dans lequel les rapports sociaux correspondent à une hiérarchie des genres et des sexes ». Et de pointer un « un contexte normatif où tout le monde est présupposé hétérosexuel ». Peut-être espère-t-il changer la donne ? Ce serait verser, nous semble-t-il, dans un volontarisme bien utopique.