5 mars 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
L'Action française d'avant-guerre n'était pas fermée aux
femmes. Bien au contraire, certaines la rejoignaient précisément pour
combattre une République misogyne, comme l'explique le travail d'une
étudiante en histoire à l'IEP de Paris.
Tous les domaines se prêtent aux "études de genre" – y compris
l'histoire de l'Action française, susceptible d'illustrer le parcours
de « femmes outsiders en
politique », selon le titre d'un ouvrage paru l'été dernier
(en 2013). Camille Cleret y consacre un article à
« l'engagement féminin d'Action française ». Depuis
toujours, souligne-t-elle, « la signification politique de
l'engagement féminin d'Action française fut inévitablement contestée et
caricaturée » : « qualifiées alternativement
de "duchesses douairières", ou de "demoiselles à dot" », les
militantes d'AF « étaient systématiquement jugées avec mépris
par les adversaires de la ligue ». Or, « initialement
et officiellement cantonnées dans la sphère des activités charitables,
ces militantes surent se réapproprier le "politique d'abord", mot
d'ordre de l'Action française, afin d'acquérir un rôle et, pour
certaines d'entre elles, des responsabilités au sein de cette
formation ».
Ligue féminine
Les femmes désireuses de s'engager à l'Action française
étaient appelées à rejoindre une structure spécifique, l'Association
des dames et des jeunes filles royalistes, héritière d'une ligue
féminine indépendante, la Ligue royaliste des dames. « Née en
1904 de l'opposition aux mesures touchant alors les congrégations
religieuses », celle-ci « se distinguait cependant
d'autres formations féminines fondées dans le même contexte en raison
de la priorité conférée, dès ses origines, au combat politique sur le
combat religieux ». Cette préoccupation se traduisait dans
l'orientation donnée aux "œuvres sociales royalistes", qui occupaient
« une place prépondérante dans la vie de ces
femmes ». « Ventes et fêtes de charité, arbres de
Noël, distribution de layettes, de nourriture et de vêtements, colonies
de vacances : ces activités de bienfaisance mentionnées dans
les colonnes du quotidien s'inscrivent dans la lignée des œuvres de
charité pratiquées depuis des siècles par les femmes chrétiennes mais
impliquent toutefois une finalité politique clairement
assumée. » Témoin, l'ouverture d'un "restaurant de charité",
conçu, selon ses promoteurs, comme « un centre de propagande
ouverte ».
Des « efforts quotidiens » visaient à
« "semer" les différents journaux affiliées à l'Action
française » : « Telle ligueuse faisait lire
L'Action Française à son boulanger, une autre à son bijoutier, la
dentiste en faisait la promotion auprès de ses patients, et la modiste
auprès de ses clients. Ces femmes "papotaient", pour reprendre
l'expression d'Eugen Weber, mais elles papotaient avec détermination,
ce qui ne les empêchait d'ailleurs pas occasionnellement de descendre
dans la rue pour manifester leur mécontentement. » Au
lendemain du 6 février 1934, notamment, « elles se
rendirent ainsi à l'école du Louvre pour interrompre une conférence
donnée par Mme Caillaux ».
Maurras adulé
Au-delà des structures officielles, « lectrices,
sympathisantes, correspondantes, admiratrices participaient à leur
manière au rayonnement de la ligue », rapporte Camille Cleret.
Ces femmes semblaient « unies par un même engouement – on
pourrait même parler de dévotion – envers la figure de Maurras, leur
"cher maître" » : « La correspondance de ce
dernier laisse clairement transparaître cette ferveur partagée par des
femmes aux profils sociologiques et professionnels très
dissemblables. » Quelques-unes « appartenaient aux
milieux dirigeants de la ligue ». Deux personnalités
retiendraient plus particulièrement l'attention « par leur
présence dans les archives et dans les rubriques du
quotidien » : la marquise de Mac Mahon,
« oratrice de talent », fonda la Ligue royaliste des
dames ; quant à « l'énergique » Marthe
Daudet, alias Pampille, seconde épouse de Léon Daudet, elle devint en
1936 « la propagandiste en chef de l'Action française, tentant
alors de centraliser les différents services de propagande de la
ligue ».
Paradoxe apparent
« De telles destinées » apparaissent
« surprenantes » aux yeux de Camille
Cleret, qui les inscrit « dans le cadre d'une ligue [...]
affichant clairement un idéal de virilité ». De son point de
vue, la « singularité » du militantisme féminin
d'Action française reposerait, précisément, « sur la
discordance entre les objectifs réactionnaires de femmes viscéralement
attachées à la tradition et la modernité assumée de leurs activités
politiques ». S'agit-il vraiment d'un paradoxe ?
« Ferventes monarchistes, les ligueuses envisagent la
restauration tant attendue comme un vecteur de promotion de la
condition féminine visant à redonner aux femmes le rôle politique et
social que la Révolution leur avait injustement ôté. » Selon
Paul Bourget, il existait même « un féminisme de la
tradition », comme il existait « un féminisme de
l'anarchie » ! « Mme Pierre
Chardon, conférencière d'Action française dans les années 1930,
classait ainsi les femmes royalistes dans la mouvance féministe »,
relève Camille Cleret. « De plus, les militantes d'Action française
entretenaient des liens avec des organisations féministes modérées.
Suzanne Desternes, par exemple, était à la fois membre du comité
directeur de l'Union nationale pour le vote des femmes et conférencière
attitrée de l'Action française. » En conséquence,
« le modèle féminin promu par l'Action française était [...]
assez ambivalent pour être perçu de manière totalement contradictoire
par des observateurs extérieurs et par les femmes
elles-mêmes ». Ainsi Marie-Thérèse Moreau, présidente de la
section féminine des Jeunesses patriotes, refusa-t-elle d'adhérer à la
ligue « en raison de sa "mauvaise réputation
antiféministe" », tandis que « la journaliste Marthe
Borély s'en éloigna après la Première Guerre mondiale en raison des
opinions trop peu conservatrices à son goût de Charles Maurras sur
cette question ».
Le genre, déjà...
Tout cela témoigne, selon Camille Cleret, « de la
relation complexe entretenue par l'Action française avec les femmes et
la question du féminisme ». Relation qu'elle se risque
toutefois à simplifier ici ou là. Ainsi suggère-t-elle que
l'antisémitisme de quelque militante ou sympathisante l'aurait conduite
à « s'attribuer, par le discours racial, une position sociale
que son statut de femme lui interdirait normalement ». Par
ailleurs, en conclusion, l'auteur invite à « renverser le
mythe d'une féminité allergique à l'extrême droite et à la xénophobie,
mythe qui consiste à essentialiser une nature dite féminine associée à
la douceur mais également à la fragilité, à la faiblesse et donc à
transformer les femmes en éternelles victimes d'un système patriarcal
oppressif ». De telles hypothèses, en l'absence d'un
argumentaire nuancé, nous semblent formulées avec une
certaine légèreté.
Cela étant, cette étude prouve que certains débats ne datent
pas d'hier. « Les collaborateurs de l'Action française étaient
surtout obsédés par le risque de confusion des genres »,
affirme Camille Cleret, prenant Léon Daudet à témoin :
« la femme ne doit pas se faire le singe de
l'homme », avait-il prévenu. « La masculinisation de
la femme serait un fléau pour notre civilisation et pour elle-même. Car
elle y perdrait son ascendant et son prestige. Qu'elle se fasse
doctoresse, avocate, suffragette, ministresse, tout ce qu'elle
voudra : mais qu'elle reste femme. » L'histoire ne
serait-elle qu'un éternel recommencement ?
Christine Bard, Bibia Pavard (dir.), Femmes
outsiders en politique, L'Harmattan, 202 pages, 21
euros.
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15 janvier 2014
Article publié dans L'Action Française 2000
Regard critique sur la loi contre la burqa,
qui aurait préparé les esprits à bannir les crèches de Noël de tous les
espaces ouverts au public.
Une crèche de Noël « porte-t-elle atteinte au
principe de laïcité dans les lieux publics » ? La
question a été posée par l'AFP, et reprise par plusieurs de nos
confrères, après qu'un usager de la SNCF se fut plaint d'une
représentation de la nativité dans la gare de Villefranche-de-Rouergue
(Aveyron). Or, l'envisager, c'est méconnaître la nature de la laïcité
telle qu'elle est définie dans le droit français.
Jugeant cette polémique « ridicule », le
socialiste Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la
laïcité, a dû le rappeler : « La neutralité
s'applique seulement à l'État et aux bâtiments de la fonction publique,
comme les mairies ou les écoles. » En conséquence, a-t-il
souligné, « il n'y a pas d'impossibilité à installer une
crèche dans une gare, car si l'entreprise est privée avec une mission
de service public, le lieu de la gare est un espace public, un peu
comme la rue ».
De l'école à la rue
La rue où, précisément, le port du voile intégral est proscrit
depuis le 11 avril 2011 et l'entrée en vigueur de la loi votée
à cet effet. Cela en vertu de la laïcité, s'imagine-t-on
vraisemblablement. Prétendant lutter contre une pratique
marginale, au risque d'en faire la promotion, le président Sarkozy et
sa majorité auront distillé l'idée que, dorénavant, la laïcité ne
devrait plus s'imposer seulement à l'école, mais dans tous les lieux
ouverts au public. De là à s'indigner de croiser un curé en soutane, il
n'y qu'un pas... Potentiellement blessés par des lois dirigés à leur
encontre, nos compatriotes musulmans assistent, de plus, au spectacle
d'une France en prise avec sa religion historique. À ce petit jeu-là,
personne n'a rien à gagner, sinon quelque politiciens exploitant avec
démagogie la hantise croissante de l'islam, sans craindre d'en
légitimer les propagateurs les plus radicaux. Chapeau !
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6 janvier 2014
Projet de billet avorté pour L'Action Française 2000.
Ouvrant la session de l'IHEDN (Institut des hautes études de
défense nationale), l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des
armées (CEMA), a cité Antonio Gramsci, se demandant s'il était l'auteur
d'un constat ou d'une prémonition : « L'ancien monde
est en train de mourir, un nouveau monde est en train de naître mais,
dans cette période intermédiaire, des monstres peuvent
apparaître. »
Pareille inquiétude n'est pas le propre des militaires à
l'affut des bouleversements géopolitiques, loin s'en faut.
Qu'adviendra-t-il de la société que nous contribuerons à façonner au
cours de la nouvelle année ? Tandis que nos faits et gestes
sont archivés dans le nuage informatique - quand bien même nous nous
refuserions à nous exhiber sur les réseaux sociaux -, la hantise d'une
surveillance généralisée est devenue convenue. Des regards accusateurs
se sont tournés vers Google, la NSA, la loi de programmation
militaire... Mais qu'en est-il de votre voisin ? L'internet
offre des opportunités inédites aux activistes politiques. Que ce soit
pour organiser la Manif pour tous ou traquer l'ennemi. À la faveur d'un
piratage, les coordonnées des sympathisants supposés de Dieudonné ont
été livrés à la vindicte militante. On devine que la Toile n'a plus
rien de virtuel pour les victimes d'expéditions punitives. S'attaquant
à d'autres cibles, les Anonymous s'étaient déjà essayés à la délation
en ligne...
Dans le cas présent, le trouble à l'ordre public étant
désormais caractérisé, peut-être cela donnera-t-il quelque crédibilité
aux gesticulations du ministre de l'Intérieur. Preuve que la politique
reprend encore ses droits, fût-ce à mauvais escient ?
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19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Quand Najat Vallaud-Belkacem trahit ses idéaux.
Entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre...
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et
porte-parole du gouvernement, a beau se gargariser des "études de
genre" à chacun de ses discours, elle se montre plus conservatrice en
famille.
Ses aveux, recueillis sur le plateau des Maternelles,
ont été diffusés sur France 5 lundi
9 décembre. « Je vois bien que ma petite fille est
plus naturellement attirée par les Barbie que par le camion de
pompiers », a-t-elle reconnu. En conséquence, a-t-elle
confessé, « je ne me prive pas de lui offrir une Barbie, mais
je lui raconte des histoires dans lesquelles Barbie sauve le
monde ». De façon à tempérer une inclination "naturelle",
donc. Nous qui croyions que tout était affaire de culture et autres
"stéréotypes"...
Dans vos histoires, Madame le ministre, Barbie se
balade-t-elle un flingue à la main ? À vrai dire, nous ne
connaissons qu'une seule de ses aventures, dont une petite fille nous a
demandé la lecture. On y découvre une princesse qui s'ignore. Un modèle
d'élégance. Excellente couturière, qui plus est ! Le récit
s'avère d'autant plus réactionnaire que Barbie, une jeune femme
altruiste, est appelée à renouer avec ses origines oubliées,
dissimulées par une usurpatrice. Ah, le poids de l'héritage !
D'une façon ou d'une autre, il se rappelle toujours à nous.
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19 décembre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
La mise en valeur des "langues de France" pourrait contribuer,
nous dit-on, à refonder la politique d'intégration. Que recouvre cette
expression ?
Lâchée par Le Figaro, la
"bombe" a explosé à la mi-décembre 2013. Pourtant, d'autres auraient pu
s'en emparer beaucoup plus tôt. À l'origine d'une polémique
nationale, les cinq rapports commandés par le gouvernement afin de
« refonder la politique d'intégration » étaient
disponibles sur le site Internet de la Documentation française depuis
le 18 novembre.
Asile linguistique
Nous nous souvenons avoir signalé leur publication lors d'un
conseil de rédaction de L'Action Française 2000,
où il avait été décidé de ne pas les recenser d'emblée, faute de place
dans nos colonnes. Allez comprendre pourquoi l'affaire n'a éclaté
qu'aujourd'hui ! Le système médiatique échappe à ses propres
acteurs...
À certains égards, les sources du scandale s'avèrent plus
lointaines encore. Entres autres propositions controversées figure,
dans le rapport du groupe de travail "connaissance-reconnaissance", la
promotion des "langues de France". Une expression dont les
rapporteurs ne revendiquent pas la paternité. « La Délégation
à la langue française du ministère de la Culture et de la Communication
est aussi celle aux langues de France », se plaisent-ils à
souligner. À leurs yeux, « il est essentiel de rappeler, car
peu connu, que les langues de France sont : la variété
dialectale de l'arabe (arabe maghrébin), le berbère, le yiddish,
l'arménien occidental, le judéo-espagnol et le romani. Il s'agit, en
fait, de langues qui ne sont considérées comme langues officielles dans
un aucun autre pays. » Autrement dit, « la France a
fait un choix républicain d'accueillir ces langues »,
auxquelles il conviendrait de consacrer, par exemple, « une
année dédiée ».
En attendant, l'Autorité de régulation professionnelle de la
publicité (ARPP) vient d'épingler quarante-trois publicités diffusées
au premier trimestre 2013, la plupart en raison d'une absence de
traduction en français d'un slogan en anglais. Bienvenue dans la tour
de Babel !
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22 novembre 2013
Mis en cause en raison de ses origines marocaines, le porte
parole du gouvernement est victime d'attaques déplacées, procédant
d'une conception éminemment idéologique de la nationalité.
Mme Najat Vallaud-Belkacem est-elle la cible
d'attaques racistes ?
Nos confrères de L'Express
le prétendent, rapportant ces propos qu'auraient lancés, à
son
intention, quelques militants de la Manif pour tous :
« Puisque tu l'aimes tant que ça, le mariage pour tous, t'as
qu'à le faire dans ton pays ! » Les faits
sont vraisemblables. Nous-même avons été témoin de
conversations du même genre. Quitte à les désigner sous une étiquette
infamante, cependant, plutôt conviendrait-il de parler de xénophobie. À
vrai dire, étant donné son joli sourire - entre autres
qualités – nous doutons que le canon
porte-parole du
gouvernement soit exposé à des quolibets comparables à ceux dirigés
contre Mme Taubira.
Entre le Maroc et la France, cela va sans dire,
Mme Vallaud-Belkacem devrait choisir. En cas de guerre, de
toute façon, n'y serait-elle pas contrainte ? Cette rhétorique
manichéenne nous rappelle les
dilemmes auxquels nous confronte Pierre
Palmade : « Tu préfères avoir des dents en
bois ou
une jambe en mousse ? [...] Une tête de veau ou deux bras de
neuf mètres ? » Autant de questions que tout un
chacun se pose tous les jours du matin au soir. En vérité, la suspicion
à l'endroit des personnalités affublées d'une double nationalité
participe d'un mépris des faits – comme si tout se résumait au droit.
Le lien juridique unissant Mme Vallaud-Belkacem au Maroc en
obnubile quelques-uns, mais que pèse-t-il comparé à trente ans
d'enracinement hexagonal, conforté par un mariage et la naissance de
deux enfants ? Il y a quelque chose de piquant à constater le
peu de considération accordée aux attaches familiales par ceux-là même
qui se targuent, précisément, de défendre "la" famille. Idéologie,
quand tu nous tiens...
Qu'importe sa progéniture donc : en premier lieu,
Najat Vallaud-Belkacem est priée de renier ses parents. C'est à cette
condition, visiblement, qu'elle pourrait, peut-être, mériter sa place
au gouvernement. L'assimilation à la nation procéderait non pas d'une
histoire, personnelle et plus encore familiale, mais d'une abjuration.
D'un acte de pure volonté. C'est à se demander si les réactionnaires ne
sont pas les tenants les plus fanatiques du contrat social !
Or, à ce qu'il paraît, renoncer à la nationalité marocaine ne serait
pas une sinécure. Cela dépendrait du bon vouloir du roi. Autrement dit,
si les Franco-Marocains devaient être bannis du gouvernement français,
François Hollande devrait solliciter l'avis de Mohamed VI pour
désigner ses ministres. L'Europe n'étant pas en cause, les
souverainistes pourraient s'en accommoder. Pas nous. Najat, on est avec
toi ! Sauf quand tu joues les ayatollahs de la parité
hommes-femmes, mais c'est une autre histoire 😉
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14 novembre 2013
Alors que nous déplorions, depuis longtemps, les penchants
conspirationnistes des royalistes, nous observons, ces jours-ci,
combien ce travers est communément partagé.
Un exemple vient de nous être donné par
SOS Racisme. Indisposée par la une de Minute,
selon laquelle « maligne comme un singe, Taubira retrouve la
banane », l'association y voit la preuve « que les
insultes envers la [sic] garde des Sceaux n'étaient pas un acte
isolé ». Autrement dit, les déclarations grotesques d'une
ex-candidate FN aux municipales n'auraient pas procédé d'une erreur de
casting, ni l'humour déplacé d'une jeune fille d'un manque de maturité.
Selon SOS Racisme, en effet, « il y a bien une stratégie
globale de l'extrême droite, qui tente de légitimer l'utilisation de la
haine raciale comme forme acceptable du débat démocratique ».
Dans le cadre de cette « stratégie
globale », n'en doutons pas, les responsables de Minute
et ceux du Front national se seront concertés avant de s'échanger des
quolibets. Leur « divorce étalé au grand jour »
n'abusera que les naïfs, tels
nos confères du Huffington Post. Au
moins ceux-ci ont-ils le mérite de souligner qu'il « ne date
pas d'hier ». Preuve que le complot à l'œuvre a été planifié
de longue date. Merci à SOS Racisme de l'avoir enfin déjoué !
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24 octobre 2013
Quand Joseph de Maistre inspire la rhétorique d'un
gouvernement socialiste.
Au plus fort des manifestations contre le "mariage pour tous",
nous avions à l'esprit ces propos de Joseph de Maistre, selon lequel
« il n'y a point d'homme dans le monde ».
« J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des
Russes », écrivait-il dans ses Considérations sur la France.
« Mais quant à l'homme », poursuivait-il,
« je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il
existe c'est bien à mon insu ».
Mme Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de
la Famille, lui fait écho dans
un entretien accordé au Figaro
(16 octobre 2013) : « je ne suis pas dans la
défense de la famille, mais dans la promotion des familles »,
a-t-elle déclaré à nos confrères. Habile réponse aux idéologues
réactionnaires, aux yeux desquels il ne saurait exister de familles
"homoparentales", ni même "recomposées" – comme si le divorce de vos
parents faisait de vous un orphelin !
À trop verser dans l'abstraction, on sombre dans un perpétuel
déni.
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18 octobre 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Un nouveau manifeste dénonce le désintérêt de la France pour
ses armées. Il faudra faire avec, estime, en substance, leur chef
d'état-major.
Tandis que le Parlement examine une nouvelle loi de
programmation militaire, un manifeste, largement diffusé à l'initiative
du général de corps d'armée (2S) Jean-Claude Thomann, brosse le tableau
d'une armée française réduite « à l'état
d'échantillon ». S'ils ne versent pas dans la nuance, ses
auteurs se gardent d'incriminer la seule « disette
budgétaire » : selon eux, « la fin de la
Guerre froide, les impératifs de l'État-providence et la volonté des
"post-modernes" d'en finir avec le "fracas des armes" ont été les
abrasifs les plus puissants » à l'origine de cette décadence.
Mais les plus hautes autorités du pays n'en ont-elles pas
conscience ?
L'ennemi invisible
« En l'absence d'ennemi visible aux frontières, les
opinions publiques sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis des
expéditions lointaines, surtout lorsque les enjeux et les résultats
sont indirects », observe l'amiral Édouard Guillaud, chef
d'état-major des armées (CEMA). Devant la nouvelle promotion de l'École
de guerre, il s'est essayé à un exercice prospective. Aujourd'hui,
« certaines opérations durent quelques jours, comme
l'évacuation de ressortissants conduite à Beyrouth en 2006 »,
a-t-il souligné. « D'autres durent quelques mois, comme la
Libye, en 2011. La plupart durent plusieurs années, et parfois bien
davantage : nous sommes au Liban depuis 1978, soit trente-cinq ans, au
Tchad depuis 1986, en Afghanistan depuis 2001. » Or, prévient
le CEMA, « cette caractéristique est, pour les années qui
viennent, celle qui sera le plus souvent remise en cause ». En
effet, explique-t-il, « tant les gouvernements que les opinions
publiques font preuve d'impatience, aussi bien dans la vie de tous les
jours que dans leur évaluation stratégique. [...] Si l'intérêt d'un
outil militaire en complément de la diplomatie est correctement perçu
par l'autorité politique, il n'en demeure pas moins que son emploi
reste conditionné par le temps médiatique et les contraintes de la
politique intérieure. C'est une difficulté supplémentaire pour le
commandement militaire, que d'appliquer ce vieux principe de la guerre
de l'économie des moyens à un champ médiatique, voire
politicien ! »
Le ministère de la Défense britannique se demande, quant à
lui, « comment réduire l'opposition croissante de l'opinion
publique [...] envers les opérations de combat », rapporte
notre confrère Philippe Chapleau, animateur du blog Lignes
de défense. Entre autres propositions, il préconise un
déploiement accru des drones, des forces spéciales, des sociétés
militaires privées et des supplétifs locaux. Appliquées en France, ces
mesures ne suffiraient pas à rassurer les "Sentinelles de l'agora"
représentées par le général Thomann. De leur point de vue,
« l'absence actuelle de menace militaire majeure n'est qu'un
simple moment de l'Histoire. [...] C'est une faute vis-à-vis de la
sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la
capacité de résilience du pays face à une éventuelle situation de
chaos, dont nul ne peut préjuger le lieu, l'heure et la
nature. » Il serait donc « plus que temps [...] de permettre à
la France de se remettre à penser en termes de risques et de puissance
stratégique ». Mais dans quelle mesure en serait-elle
capable ? C'est la société tout entière qui semble s'y
refuser !
Politique d'abord
Cela étant, les institutions ne sont pas sans incidence sur la
donne. L'amiral Guillaud se félicite d'ailleurs d'une
« singularité » française héritée, dirons-nous, d'une
certaine tradition monarchique : « un lien direct
dans le domaine des opérations entre le CEMA et le président de la
République ». Cela « garantit l'adéquation entre les
objectifs politiques et leur traduction en effets militaires, et ce
avec une réactivité que beaucoup nous envient », martèle
l'amiral, qui cite deux exemples récents :
« l'intervention de notre aviation au-dessus de Benghazi, en
Libye, le 19 mars 2011 ; et celle de nos forces
spéciales, de nos hélicoptères de combat et de nos chasseurs pour
bloquer la progression des groupes terroristes vers le Sud malien, le
11 janvier 2013. À chaque fois, l'effet militaire a été
appliqué quelques heures seulement après la décision politique. À
chaque fois, cette réactivité a été décisive. » Répétons-le
encore une fois : c'est un atout à préserver – politique
d'abord !
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31 juillet 2013
Article publié dans L'Action Française 2000
Parmi les mission assignées à l'École figure désormais la
lutte contre l'"homophobie", qu'il conviendrait d'élargir aux
"transphobies" et autres "phobies" connexes, selon un rapport sollicité
par la Rue de Grenelle. Morceaux choisis.
Les pouvoirs publics n'en finissent pas de désigner de
nouveaux fléaux sociaux. Parmi ceux-ci figurent désormais les
"LGBT-phobies". Lesquelles « doivent être abordées avec la
même force et les mêmes convictions républicaines que le racisme,
l'antisémitisme ou le sexisme par l'ensemble des acteurs de la
communauté éducative », soutient Michel Teychenné, auteur d'un
rapport commandé par le ministre de l'Éducation nationale, Vincent
Peillon.
LGBT-phobie
En préambule, l'auteur propose la définition suivante de la
"LGBT-phobie" : « peur, rejet ou aversion, souvent
sous la forme d'attitudes stigmatisantes, de comportements
discriminatoires ou de violences envers les lesbiennes, gays,
bisexuels, transsexuel(le)s ». On devine qu'elle se décline
sous des formes diverses. Moqueries et insultes seraient, parait-il,
les plus répandues. Leur « banalisation » serait même
observée « dès l'école primaire », où
« l'emploi de mots comme "pédé" ou "enculé", par exemple,
n'est d'ailleurs souvent pas conscientisé par le jeune ». Les
instituteurs devront-ils expliquer aux élèves ce dont il
retourne ? On leur souhaite bien du plaisir ! Selon
le rapporteur, « une éducation sur les stéréotypes, les
préjugés, les rôles ou l'identité peut être mise en place dès le plus
jeune âge [...] afin de conduire à l'acceptation de la diversité
humaine, y compris de la transidentité ou de la transgression du
genre ». À l'école primaire, précise-t-il, « c'est au
travers notamment de la diversité des familles, de l'homoparentalité,
du refus des insultes et des discriminations que le sujet peut être
abordé ». Soucieux d'« agir sur les représentations
et les préjugés », il entend « valoriser des
représentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilité
de l'homosexualité et de la transsexualité à l'école ». Autre
proposition, plus explicite : « sensibiliser à ces
questions les éditeurs de manuels scolaires qui pourront notamment
s'appuyer sur les travaux et les recommandations de la
Halde ». Laquelle regrettait, par exemple, que nulle mention
ne soit faite, dans les manuels de SVT (sciences de la vie et de la
terre), des comportements homosexuels observés parfois chez les
animaux.
Vingt-cinq mille élèves
« En Europe occidentale », déplore
M. Teychenné, « la France est en retard en matière de
politiques publiques de lutte contre les LGBT-phobies à
l'école ». L'année dernière, vingt-cinq mille élèves de
l'enseignement secondaire (2,6 % des effectifs) auraient
bénéficié d'une intervention de « sensibilisation aux
discriminations LGBT ». Certains établissements se
distinguent, comme à Saint-Étienne, où des lycéens ont participé au
"festival du film gay et lesbien". La moitié des conseils académiques
de vie lycéenne (CAVL) auraient demandé « à se saisir des
problématiques des LGBT-phobies au lycée ». En revanche, la
promotion de la ligne Azur, mise en place à l'intention des adolescents
s'interrogeant sur leur sexualité, aurait rencontré quelques
ratés : « Environ la moitié des établissements n'ont
pas diffusé les affiches. Quant aux établissements qui les ont
utilisées, la moitié les a installées uniquement à ou près de
l'infirmerie. Seuls un quart des établissements les ont placardées dans
un lieu de passage, comme demandé dans le courrier
d'accompagnement. » Qu'en est-il dans le privé ?
« Les échanges que j'ai eus avec le secrétariat général de
l'enseignement catholique laissent entrevoir une prise de conscience
des dangers de l'homophobie », confie le rapporteur. Selon
lui, « dans le respect de la spécificité de l'enseignement
catholique, la mise en place d'un dispositif propre à l'enseignement
catholique sous contrat pourrait être envisagée de façon complémentaire
à [ses] recommandations ».
Constructivisme
Peut-être les responsables de l'enseignement catholique
s'inquiètent-ils sincèrement de la détresse des jeunes homosexuels.
« Parmi les adolescents et jeunes adultes », souligne
François Beck, du département enquêtes et analyses statistiques de
l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé),
« les populations LGBT ont deux à sept fois plus de risques
d'effectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur
vie que les populations hétérosexuelles ». « Ces
risques sont de deux à quatre fois supérieurs pour les filles, et de
cinq à dix fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de
suicides chaque année », précise Michel Teychenné. Or, selon
lui, « la prévention du suicide chez les jeunes LGBT sera
d'autant plus efficace que le climat scolaire sera inclusif et que les
équipes éducatives seront sensibilisées et formées à lutter contre les
LGBT-phobies ». De son point de vue, « l'ensemble des
actions mises en œuvre doivent viser à déconstruire les préjugés, idées
fausses et stéréotypes ». D'ailleurs, explique-t-il,
« homophobie, transphobie et discriminations envers les
femmes » participeraient « du même ordre sexuel dans
lequel les rapports sociaux correspondent à une hiérarchie des genres
et des sexes ». Et de pointer un « un contexte
normatif où tout le monde est présupposé hétérosexuel ».
Peut-être espère-t-il changer la donne ? Ce serait verser,
nous semble-t-il, dans un volontarisme bien utopique.
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