« La guerre des monarchistes français »

24 avril 2011

À l'approche du mariage du prince William, L'Express consacre deux pages aux royalistes.

Votre serviteur arbore-t-il un « sourire poupin » ?. C'est, en tout cas, l'avis de ma consœur Julie Joly, qui l'écrit dans L'Express du 20 avril 2011. Nan mais... Au moins notre racaille préférée nous saura-t-elle gré de l'avoir fait passer pour « une fille rangée » – portrait ô combien immérité, n'est-ce pas ? 😉

Cet article est loin d'avoir enthousiasmé notre collègue François Marcilhac, qui s'en désole sur le blog du Centre royaliste d'Action française. De fait, ce coup de projecteur sur les querelles dynastiques n'est pas à l'honneur des royalistes. Cela étant, bien qu'elle rebondisse sur quelques clichés, notre consœur les tempère, soulignant tout particulièrement la diversité d'une mouvance où l'on croise certes « descendants de la grande noblesse », mais aussi « maurrassiens de la dernière heure, jeunes Chouans idéalistes, vieux réacs ou intellos pur jus ». Car, explique-t-elle, « on l'aura compris, les monarchistes ne défendent pas un programme, mais une famille ».

Mégalomanie mise à part, cela nous donne à réfléchir sur notre métier – que nous apprenons sur le tas –, tandis que nous ne nous reconnaissons que partiellement dans les propos qui nous sont prêtés. Par exemple, si la prose de Maurras a exercé sur nous quelque influence, nous ne croyons pas avoir subi un « choc » à sa lecture. Conséquence de notre expression maladroite ? D'une interprétation excessive ? D'une dramatisation inhérente à la démarche journalistique ? Sans doute aurons-nous l'occasion de le vérifier à l'épreuve de notre propre expérience.

Décalage horaire

21 avril 2011

Du poids de la dette et du rapport aux marchés... Rebond sur le dernier éditorial de L'Action Française 2000.

« L'heure est au nationalisme », annonce François Marcilhac à la une de L'Action Française 2000 (n° 2815 du 21 avril 2011). Cela « plus que jamais », au moment où le gouvernement, « sous prétexte d'équilibre des finances publiques », tenterait de placer la France sous le tutelle des agences de notation – allusion au projet de loi constitutionnelle examiné ces jours-ci par l'Assemblée nationale.

C'est exagérer, nous semble-t-il, la portée de la réforme envisagée. Cela étant, quelle qu'en soit la nature, c'est manifestement son motif qui indispose notre éditorialiste : loin de prôner une rigueur exemplaire, le gouvernement prétend néanmoins assainir les finances publiques ; c'est là que le bât blesse.

À l'opposé des « mondialistes », François Marcilhac se range parmi « les partisans de l'indépendance des nations face aux marchés ». Discours éminemment convenu, dont les auteurs croient généralement se parer de vertus morales quand ils se fourvoient dans un snobisme dérisoire. Méprisant la finance, ils disent vouloir en émanciper l'État. Ce serait, sans nul doute, le priver d'un irremplaçable levier d'investissement. On reconnaît ici un travers typique du souverainisme, négligeant la puissance au nom d'une indépendance fantasmée.

Hélas, faute de solliciter les marchés à bon escient, la République a contracté une dette dont l'ampleur est devenue telle – 85 % de la richesse nationale produite en un an – que les responsables politiques se trouvent désormais au pied du mur. Alors qu'elle jouit d'un statut privilégié sur les marchés obligataires, la France pourrait perdre la confiance de ses créanciers, au risque d'alourdir le poids de sa dette, dont la charge – c'est-à-dire le remboursement des seuls intérêts – représente d'ores et déjà le deuxième poste budgétaire de l'État. Faudrait-il précipiter la nation vers la banqueroute en vertu de quelque principe fumeux ?

Le gouvernement se livre, incontestablement, à une opération de communication financière. Mais on aurait tort de traiter son action avec dédain car, en pratique, elle contribuera peut-être à rendre quelque souffle à un État menacé d'étranglement budgétaire. C'est abuser le gogo que de blanchir les politiques en faisant porter le chapeau à Moodys and co. Le système de notation financière présente certes des faiblesses, dont la recension semble d'ailleurs faire l'objet d'un large consensus. Les agences n'en remplissent pas moins une fonction indispensable : en leur absence, faute de pouvoir s'appuyer sur une évaluation des risques, les créanciers imposeraient vraisemblablement des taux supérieurs aux États emprunteurs.

Dans l'immédiat, pour le meilleur ou pour le pire, il n'est pas possible de faire tourner la planche à billets. Et si d'aventure le franc était rétabli, la dette contractée jusqu'alors s'en trouverait renchérie. Va-t-on la dénoncer ? Libéré du joug communiste, d'aucuns s'y seraient essayés avec succès. Le jeu s'avère toutefois dangereux. Mieux vaudrait identifier l'ensemble des dominos avant de s'amuser à pousser le premier – vaste programme ! Quoi qu'en disent les démagogues, dont la propagande personnifie dans quelques figures cupides les multiples ramifications du système financier, c'est tout un chacun qui finirait par payer les frais de sa faillite. Peut-être la complexité des interdépendances est-elle préjudiciable au bien commun. Mais le cas échéant, plutôt que de mettre le feu à la toile, il appartiendrait au politique de la détricoter méticuleusement. Patiemment et sans fracas. Ne s'agirait-il pas d'un travail capétien ?

Laïcité : Roland Ries dément les accusations de l'Agrif

20 avril 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Des propos prêtés au maire de Strasbourg ont déclenché un tollé sur la frange la plus "réactionnaire" de la Toile.

L'Agrif part en croisade contre l'"allahicité" – un concept en vogue dans la blogosphère catholique, censé désigner la « synthèse dialectique de l'islam et de la laïcité ». L'association présidée par Bernard Antony vient de créer un prix qui en récompensera chaque année « un grand penseur ou poète ». Pour 2011, ses foudres se sont abattues sur Roland Ries, sénateur PS du Bas-Rhin et maire de Strasbourg.

Selon un communiqué de l'Agrif, « à des parents d'élèves qui lui demandaient pourquoi on servait à leurs enfants des menus halal dans les cantines scolaires de Strasbourg et pas de repas maigre par exemple avec du poisson le vendredi », M. Ries aurait répondu : « Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par respect pour la laïcité. »

Moult blogueurs se sont emparés de cette annonce. Néanmoins, si l'on excepte un article publié par Causeur (le site d'Élisabeth Lévy), seule la frange réactionnaire de la Toile semble l'avoir diffusée. Cela pourrait expliquer le silence du maire de Strasbourg, qui se refuse, pour l'heure, à réagir par communiqué. Il n'en dément pas moins les accusations de l'Agrif : ces propos sont « totalement contraire à ses convictions », nous a confié l'un de ses collaborateurs.

Quant aux repas servis dans les cantines de Strasbourg, ils garantiraient effectivement aux élèves musulmans la possibilité de manger halal tous les jours – et cela depuis plus de dix ans. En revanche, du poisson ne figure pas toujours au menu le vendredi. Mais un repas végétarien est proposé quotidiennement. « Les catholiques y trouvent leur compte », nous a-t-on assuré. Sans doute l'Agrif ne sera-t-elle pas de cet avis !

NB - La réacosphère a beau se targuer de verser dans la "réinformation", elle a fait écho au communiqué de l'Agrif sans témoigner d'un esprit critique manifeste. Au point que nous sommes peut-être les premiers à signaler la réaction du maire de Strasbourg – qu'il a certes fallu solliciter. Si les accusateurs n'ont pas d'autre preuve à agiter que la bonne foi supposée d'une mère de famille, alors l'attribution de leur "prix" relève d'une mascarade dérisoire, dont la publicité donne à réfléchir sur l'influence de la Toile.

Remontrances européennes

20 avril 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Défaut potentiel de transposition, atteinte au principe de libre circulation : la routine !

La France protègerait-elle insuffisamment ses mers ? C'est, en tout cas, l'accusation formulée le 6 avril par la Commission européenne. Bruxelles lui a adressé un avis motivé, constatant qu'elle ne lui avait pas communiqué ses dispositions concernant la transposition d'une directive-cadre portant sur la « stratégie pour le milieu marin ».

La veille, Paris avait été désavoué par la Cour de Justice de l'Union européenne. En cause : le code français de déontologie des professionnels de l'expertise comptable, qui proscrit le démarchage. Cela en violation de la directive "services". « Cette interdiction est susceptible d'affecter davantage les professionnels provenant des autres États membres en les privant d'un moyen efficace de pénétration du marché français », observe la Cour, qui pointe, en conséquence, « une restriction à la libre prestation de services transfrontaliers ».

Victime d'une logique similaire, Bucarest est prié de réviser sa fiscalité. A été jugée contraire au droit de l'Union une taxe frappant les véhicules lors de leur première immatriculation en Roumanie. « Cette réglementation a pour effet de dissuader l'importation et la mise en circulation de véhicules d'occasion achetés dans d'autres États membres », souligne la Cour. Énième illustration de la mise en œuvre, par les juges de Luxembourg, du principe de libre circulation.

Face à la mondialisation, mobiliser les ambitions

20 avril 2011

Troisième chronique enregistrée pour RFR. SI nous versons délibérément dans la polémique, c'est en toute amitié pour nos camarades, dont la variété des opinions nous chagrine d'autant moins que les options électorales ont toujours été les plus diverses à l'AF.

L'UMPS n'en a plus pour longtemps ! En effet « l'union des patriotes » est en marche. Emporté par la "vague bleu Marine", Paul-Marie Coûteaux s'attèle à sa réalisation afin de constituer « un gouvernement de salut public incluant toutes les forces qui refusent le fatalisme mondialiste ».

C'est, à n'en pas douter, un renfort de poids pour Marine Le Pen. La notoriété du Front national est certes sans commune mesure avec celle du Rassemblement pour l'indépendance de la France. Sauf, peut-être, aux yeux de quelques royalistes (dont nous avons été) qui se sont flattés d'entre-apercevoir grâce à lui les arcanes du pouvoir. Le RIF s'est d'ailleurs enthousiasmé de voir l'AFP faire écho à son appel – preuve que cela n'était pas gagné d'avance. Reconnaissons toutefois qu'en pareille circonstance, nous n'aurions pas boudé notre plaisir.

Sont donc appelés à se rassembler les « patriotes », c'est-à-dire, dans le cas présent,  visiblement, les souverainistes, pourfendeurs de l'Union européenne et des multiples avatars du multilatéralisme (Otan, OMC, etc.). Le terme "patriote" apparaît employé dans une acception pour le moins restrictive, ou plutôt exclusive : quid, par exemple, de nos camarades de l'Alliance royale ? Tout patriotisme leur serait-il étranger ? L'attachement à son pays ne se mesure pas à l'aune des convictions politiques.

La mobilisation des "volontaires patriotes" ne va pas sans quelque connotation révolutionnaire. De fait, le souverainisme cultive une certaine nostalgie du jacobinisme... Cela étant, ayant été formé à l'école d'Action française, nous ne récusons pas le principe du "compromis nationaliste". Reste son objet.

Or, fédérer quelques grincheux contre une Europe méconnue ne suffit pas à tracer un cap. Considérons l'expérience britannique : les Tories ont beau vociférer contre l'Union européenne, ils n'ont pas songé un instant à en claquer la porte depuis leur retour au pouvoir. C'est tout naturel : l'exercice des responsabilités se heurte à des réalités volontiers négligées par l'opposition. A fortiori quand celle-ci est privée de toute culture de gouvernement, à l'image du Front national.

N'en déplaise aux esprits romantiques, l'action politique est loin de se réduire à quelques coups d'éclats annoncés avec fracas. Elle s'inscrit dans un système – par analogie à la mécanique newtonienne. Un système où de multiples forces interviennent. Inertie oblige, on n'en modifie pas l'équilibre d'un claquement de doigts.

Parmi les forces en jeu, il y a les représentations de l'opinion, avec lesquelles interagissent les discours politiques. En la matière, les ressorts exploités par le Front national et ses alliés potentiels sont-ils fondamentalement différents de ceux privilégies par l'UMP ou le Parti socialiste ? À bien y réfléchir, cela n'est pas évident.

Prenons quelques exemples : attribuer directement à l'immigration la responsabilité du chômage, c'est promouvoir la conception malthusienne de l'emploi à l'œuvre dans la réforme des 35 heures ; promettre aux contribuables de nationalité française qu'ils seront les bénéficiaires exclusifs des aides sociales, c'est souscrire aux sollicitations permanentes de l'État-providence ; fustiger le droit d'ingérence, qui sert de prétexte aux opérations militaires, c'est encourager la France à sortir de l'histoire ; enfin, dénoncer la loi du marché, par nature immuable, c'est entretenir les illusions volontaristes  condamnant le politique à sa déchéance.

À ce titre, appeler à lutter contre la mondialisation, voire le mondialisme, nous apparaît significatif. Passer d'un terme à l'autre, c'est laisser entendre qu'un architecte est à l'œuvre dans la construction du "village global". C'est faire beaucoup d'honneur à Jacques Attali ! C'est aussi légitimer la frilosité de la nation confrontée à la nouvelle donne internationale.

Si le PS et l'UMP s'accordent sur un relatif attentisme, alors leurs détracteurs se livrent, somme toute, à des menées défaitistes. Ils pourraient louer le génie de la France, parier sur l'inventivité de son peuple, galvaniser les énergies pour affronter la concurrence des pays émergents. Mais que nous proposent-ils, sinon de bâtir un bunker dont les fondations reposeraient vraisemblablement sur du sable ?

À cette « union des patriotes », la raison comme les sentiments nous font préférer la mobilisation des ambitions – fussent-elles mercantiles ! – afin qu'aux quatre coins du monde soient portées les couleurs de la France.

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Critique du néo-gaullisme

29 mars 2011

La mise en œuvre de la résolution 1973 du CSNUE a donné lieu à quelques tergiversations sur le rôle de l'Otan. C'est l'objet de notre seconde chronique diffusée par Radio Fréquence royaliste.

Le 17 mars, à la demande de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Liban, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1973 – une résolution censée légitimer l'usage de la force pour protéger les populations civiles de Libye.

Aussitôt, une controverse est apparue quant à la contribution de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord. En dépit de l'activisme déployé par son secrétaire général, le Danois Anders Fogh Rasmussen, l'Otan est demeurée sur la touche tandis qu'une coalition internationale entamait ses opérations dans le ciel libyen. Cela n'était pas pour déplaire au locataire du Quai d'Orsay : « Les pays arabes ne veulent pas d'une opération sous le drapeau Otan », a martelé Alain Juppé. Il est vrai que l'étoile polaire « a mauvaise presse en Afrique et au Proche-Orient », comme l'a souligné, par exemple, Olivier Kempf, sur son blog consacré aux Études géopolitiques européennes et atlantiques (EGEA).

Cela étant, la bannière américaine bénéficie-t-elle d'une meilleure image ? Bien sûr que non. Or, faute de mobiliser d'emblée les moyens alliés, il a bien fallu confier la coordination des opérations à l'oncle Sam. Lequel n'a pas caché son impatience de céder les rênes. Jean-Dominique Merchet, qui n'a rien d'un atlantiste patenté, s'est interrogé sur son blog Secret Défense : « Quelles structures militaires sont capables de commander une opération multinationale dans la durée ? Soit les Américains, soit l'Otan d'une manière ou d'une autre », a-t-il répondu. « La France n'avait pas les outils de coordination éprouvés et tout le monde avait peur d'un accident », a renchéri Kardaillac. « On a concédé à Zébulon Ier (autrement dit, Nicolas Sarkozy) un "conseil politique" des pays combattants où chacun enverra un sous-fifre pour nous faire plaisir en écoutant l'oracle », a-t-il écrit sur le forum Vive le Roy. Allusion au "compromis" en application duquel une coalition d'États participe désormais au pilotage politique des opérations en partenariat avec l'Alliance atlantique.

Une telle issue apparaissait assez prévisible. C'est pourquoi les réticences exprimées par Alain Juppé semblent s'inscrire dans une certaine tradition gaullienne, en vertu de laquelle la France se devrait de jouer les empêcheur de tourner en rond, mais sans jamais envisager sérieusement la rupture du lien transatlantique. C'est un retour au néo-gaullisme que le président de la République avait mis en sourdine quelques années durant.

À vrai dire, l'ancien Premier ministre avait annoncé la couleur dès son retour au gouvernement. Alors qu'il occupait l'Hôtel de Brienne, Alain Juppé avait proclamé « notre ambition d'édifier une Europe politique ». Ce serait, selon lui, « un objectif réaliste », en dépit du constat, qu'il établit lui-même, selon lequel « l'idée de l'Europe comme pôle d'influence, sans même parler d'une Europe puissance, n'est pas partagée par tous ». « C'est essentiellement une idée française », a-t-il reconnu, « et qui ne fait d'ailleurs même pas l'unanimité chez nous ».

C'est un énième écho au plan Fouchet... Il s'agit, plus ou moins, d'appliquer à l'Europe la quête d'une pseudo-grandeur chère au général de Gaulle. Un vieux fantasme hexagonal dont on mesure l'inanité à l'heure où Paris et Berlin s'opposent sur la question libyenne. « On va avoir du travail pour préserver l'unité de l'UE », a remarqué un diplomate cité par Les Échos. Et alors ? De toute façon, l'Europe ne parviendrait à parler d'une seule voix qu'en sortant délibérément de l'histoire.

Si nous avons choisi d'évoquer ici cette posture néo-gaullienne, c'est parce qu'elle n'est pas sans exercer une certaine attraction sur les royalistes. En témoigne l'enthousiasme que suscita Dominique de Villepin bravant l'impérialisme américain à la tribune des Nations Unies, tandis que se dessinait une nouvelle invasion de l'Irak. L'arrogance du discours a flatté les sentiments, excité notre fibre chauvine, mais n'était-ce pas le masque de notre impuissance ? Dans l'espoir d'influencer les Américains, la nomination d'un Français a la tête du commandement allié pour la Transformation (en l'occurrence, le général Abrial) nous semble a priori plus efficace que ces vaines gesticulations.

On entretient par l'esbroufe l'illusion d'une puissance perdue, ou l'on espère son retour à la faveur d'une étincelle de volonté qui, une fois jaillie à la tête de l'État, suffirait à embraser la planète entière. La méfiance exprimée régulièrement à l'égard d'une Otan caricaturée ne s'explique pas autrement. À l'entretien du lien transatlantique, on oppose traditionnellement, et bien naïvement, l'approfondissement potentiel des relations avec Moscou. Ce faisant, on feint d'ignorer, par exemple, l'accueil favorable que la presse russe réserva au retour de la France dans les structures alliées intégrées.

Le réel s'avère complexe, mais les royalistes doivent trouver le courage de l'affronter s'ils veulent mener à bien l'un des premiers combats qui se présentent à eux, à savoir, celui de la crédibilité.

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Du nouveau sur le blog

20 mars 2011

Signalons quelques mises à jour.

Et d'abord le lancement d'une "revue de presse" grâce à laquelle nous partagerons désormais les fruits de notre travail de veille : parmi les multiples articles, rapports ou communiqués que nous parcourons chaque semaine, certains retiennent plus particulièrement notre attention ; ils seront dorénavant mentionnés sous forme de liens, agrémentés d'un bref commentaire.

Un flux RSS leur est dédié : http://blog.scribel.net/bookmarks/rss.php

Un problème affectant le flux des articles vient par ailleurs d'être résolu : les textes introductifs sont désormais de la partie.

Peut-être la prochaine évolution portera-t-elle sur l'ajout d'une feuille de styles dédiée à l'impression... Affaire à suivre !

Feu sur Moody's and Co !

17 mars 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Accusées de faire la pluie et le beau temps sur les marchés financiers, où elles influencent les taux d'emprunt, les agences de notation demeurent dans le collimateur des politiques. Mais les responsabilités sont partagées.

L'horizon semble loin de se dégager pour la Grèce. Le 7 mars, Moody's a dégradé de trois crans sa notation souveraine, suscitant la colère d'Athènes. Paris est lui aussi monté au créneau : les agences « ne devraient pas noter des pays qui sont sous contrat avec la Commission européenne, le FMI et la BCE », a déclaré Christine Lagarde à l'antenne de France Culture (Les Échos, 11/03/2011).

Fourvoiement

Le ministre de l'Économie va-t-il ouvrir des discussions en conséquence ? Le cas échéant, souhaitons-lui bon courage : cela supposerait, vraisemblablement, de réviser la constitution américaine – dont le premier amendement garantit la liberté d'expression –, à défaut d'empêcher la circulation des informations de part et d'autre de l'Atlantique. Vaste programme, à l'aune duquel on mesure la démagogie du propos. Les responsables politiques sont coutumiers de ces fourvoiements volontaristes, grâce auxquels ils flattent peut-être l'opinion, mais entretiennent aussi le fatalisme ambiant, en revendiquant paradoxalement leur impuissance.

Les agences de notation ont certes prêté le flanc à la critique. Comme le rappelle Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), elles se sont montrées « parfois dépassées par la complexité des produits qu'il leur était demandé de noter » – tels les CPDO (Constant Proportion Debt Obligation), élaborés à partir des couvertures de défaillance (CDS), dont la valeur s'est effondrée avec la crise en dépit du "triple A" qui leur avait été attribué (Cahiers de l'évaluation, n° 5, février 2011). Norbert Gaillard, consultant pour la Banque mondiale, pointe, quant à lui, l'erreur « d'avoir surnoté la Grèce et, dans une moindre mesure, le Portugal et l'Espagne au cours des années 2000, c'est-à-dire lors des premières années d'existence de la zone euro » – comme si la monnaie unique avait dissipé tout risque de défaut de paiement. « Entre 1999 et 2003, Fitch et S&P ont relevé la note de la Grèce de trois et quatre crans sans qu'il y ait de véritables justifications économiques ou financières. [...] Aujourd'hui, les agences tentent de rattraper leur erreur, mais elles dégradent trop tard et sont donc obligées de le faire massivement. » Ce faisant, elles nourrissent la défiance des investisseurs à l'égard des États emprunteurs, alimentant d'autant la crise des dettes souveraines – on parle d'une action « pro-cyclique ».

Cela dit, « même si des événements ponctuels – dont il ne s'agit pas de minorer l'importance – relancent les débats publics sur l'adéquation des niveaux de rating, la seule mesure "réaliste" de la performance des agences – la capacité à trier les risques avec un succès statistique – plaide pour [elles], en tous cas celles qui ont un recul historique », affirme Pierre Cailleteau, ancien responsables de la notation des États pour Moody's Investors Service. En outre, « comme le rappellent souvent les agences de notation, si elles étaient parfaitement prescientes, elles n'auraient que deux types de ratings : fera défaut – ne fera pas défaut ».

Médiation nécessaire

Or, la médiation qu'elles opèrent entre émetteurs et souscripteurs d'un titre obligataire apparaît indispensable, ceux-ci n'étant disposés à prêter à ceux-là que s'ils sont en mesure d'évaluer le risque encouru. Reste que le marché de la notation se trouve concentré autour de trois agences. Les deux principales, Moody's et Standard & Poor's, en détiendraient même 80 %. « Dans la mesure où de nombreux émetteurs exigent une double notation, ces agences se retrouvent parfois en situation de quasi-monopole », observe Jean Tirole, membre du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre. Aussi l'AMF s'est-elle fixé pour objectif de « promouvoir les solutions alternatives à l'évaluation de crédit par les agences de notation, en responsabilisant les acteurs qui investissent dans ces produits ». « Les grandes banques peuvent très bien [...] recourir à des modèles de notation interne », remarque Jean-Pierre Jouyet. D'autres plaident en faveur d'une agence publique, dont l'indépendance serait néanmoins garantie sous la houlette de la Banque centrale européenne ou du Fonds monétaire international. On n'en est pas encore là.

Dans l'immédiat, il appartient au régulateur de réviser les règles prudentielles dont on mesure aujourd'hui la perversité. Si les politiques stigmatisent désormais le rôle des agences, ils ont auparavant contribué à les ériger en acteurs clefs du système financier. « Ces dernières sont devenues au cours du temps des "auxiliaires de régulation" et retirent de ce statut des revenus considérables », souligne Jean Tirole. « Les institutions régulées (banques, compagnies d'assurance, [courtiers], fonds de pension) voient leurs exigences en capital diminuer sérieusement lorsqu'elles détiennent des créances bien notées. » Cela en application des accords de Bâle II. « Pour lutter contre l'effet pro-cyclique que les notations peuvent avoir, il est effectivement très souhaitable de conduire une revue approfondie des différents dispositifs réglementaires afin de les purger, autant que faire se peut, de références aux notations externes », reconnaît Jean-Pierre Jouyet. Preuve qu'à l'heure de la mondialisation, le "politique d'abord" n'est pas inopérant.

Féminisme européen

17 mars 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Au programme : prime d'assurance, quotas dans les entreprises et lutte contre les "stéréotypes".

Le verdict est tombé le 1er mars : « La prise en compte du sexe de l'assuré en tant que facteur de risques dans les contrats d'assurance constitue une discrimination. » En conséquence, « la règle des primes et des prestations unisexes s'appliquera à compter  du 21 décembre 2012 », a annoncé la Cour de Justice de l'Union européenne.

Bien qu'il mette les assureurs dans un relatif embarras, cet arrêt n'a pas tempéré la frénésie féministe qui gangrène l'Union européenne. Dès le lendemain, en effet, la commission des Droits de la femme du Parlement européen s'est prononcée en faveur de quotas afin d'imposer une représentation égalitaire de chacun des sexes dans les entreprises. (Il s'agit toutefois d'un simple avis.)

Quant au Conseil des ministres, il a adopté le 7 mars un « nouveau pacte européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes ». Une fois n'est pas coutume, il n'y est pas question de « genre », mais de « sexe ». Cela excepté, le document ne recèle aucune surprise, bien que l'on continue de s'interroger quant au projet de « mettre un terme à la conception stéréotypée des rôles de l'homme et de la femme ». À cet effet, « le Conseil demande instamment que des mesures soient prises au niveau des états membres et, le cas échéant, au niveau de l'Union ». En toute logique, s'ils tenaient leur engagement, les Vingt-Sept ne devraient-ils pas réprimander les parents offrant des poupées à leurs filles et réservant les voitures aux garçons ?

Dans un communiqué publié le 8 mars, à l'occasion de la journée internationale de la femme,l'Élysée s'est en tout cas gardé de verser dans de telles extrémités : « Rappelant que l'un des facteurs d'inégalité professionnelle reste la maternité et qu'une partie de celles qui interrompent leur activité professionnelle le font par manque de mode de garde adapté, le président de la République a indiqué que le rythme de créations de solutions de garde serait poursuivi, ainsi que leur diversification notamment en s'appuyant sur les crèches d'entreprises. »

Remontrances européennes

17 mars 2011
Article publié dans L'Action Française 2000

Une pluie de remontrances s'est abattue sur les États membres de l'Union européenne le 14 mars.

Parmi les communiqués diffusés ce jour-là par Bruxelles, trois concernaient la France. Destinataire d'un "avis motivé", Paris est prié d'ouvrir à la concurrence les marchés publics portant sur l'achat de certaines données géographiques ; aujourd'hui, en effet, services et établissements publics de l'État sont tenus de solliciter l'Institut géographique national (IGN). Par ailleurs, faute d'avoir renouvelé les autorisations d'une soixantaine d'établissements à fort potentiel de pollution, la France se voit trainée devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Laquelle sera également appelée à se prononcer sur la "taxe télécom" ; introduite en 2009 pour contribuer au financement de l'audiovisuel public, celle-ci violerait la législation européenne, selon laquelle un tel prélèvement devrait être directement lié à la couverture des coûts de la réglementation du secteur des télécommunications.