Priorité donnée à la parité

6 juillet 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Le gouvernement entend « mettre l'égalité entre les femmes et les hommes au cœur de l'action publique ».

À cet effet, a-t-il été annoncé le 27 juin, « les ministres s'investiront personnellement » : « Ils nommeront auprès d'eux un haut-fonctionnaire à l'égalité des droits pour proposer et suivre les mesures à mettre en œuvre dans leur ministère. La logique de la parité sera étendue à l'ensemble de la sphère publique. De nouveaux principes de nomination seront arrêtés pour une représentation équilibrée dans les grandes instances de la République, en particulier les autorités administratives indépendantes (Conseil supérieur de l'audiovisuel par exemple) et les principaux organismes consultatifs de l'État. »

Loin de tempérer cette frénésie féministe, l'UMP verse dans la surenchère, à la faveur d'une autocritique légitimée par sa déroute électorale. Faute de respecter la parité, le parti paie « cinq millions d'euros d'amende par an », a déploré Rachida Dati, au micro d'Europe 1. « Une femme à la tête de l'UMP ou même de l'Assemblée ou de la France, cela aurait de la gueule », a-t-elle poursuivi. Quant à Roselyne Bachelot, à à l'antenne de Public Sénat, elle a proposé « la division par deux des circonscriptions ainsi que l'élection d'un ticket homme-femme qui pourrait assurer la parité parfaite ». Un vrai concours Lépine !

Hollande face à Poutine

21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

À l'issue d'un entretien avec Vladimir Poutine, le président de la République s'est présenté devant la presse aux côtés de son homologue russe, offrant aux journalistes un contraste saisissant...

Le président russe, Vladimir Poutine, a rencontré François Hollande le 1er juin 2012. Devant la presse, tandis que son homologue français nageait dans les vacuités, il s'est risqué à aborder les questions les plus épineuses.

À commencer par celle du bouclier antimissile. À ce propos, a-t-il déclaré, « la France est un des rares pays qui non seulement nous écoute [mais] nous entend aussi ». Paris semble d'autant mieux placé pour jouer les médiateurs avec Washington qu'il est peut-être le seul, en Europe, à disposer des compétences industrielles en jeu dans la défense antimissile, et donc de l'expertise requise pour une discussion "d'égal à égal". « Il nous faut [...] des garanties militaires et technologiques qui seraient consacrées par des textes juridiquement contraignants », a martelé Vladimir Poutine, qui ne se satisfera pas de quelques paroles rassurantes. « On nous a promis de ne pas élargir l'Otan, ensuite de ne pas déployer les bases militaires », a-t-il rappelé, « mais l'Otan continue à s'élargir vers l'Est, et les bases militaires poussent comme des champignons autour de nos frontières ».

Évoquant la Syrie, le président russe s'est gardé d'apparaître comme un thuriféraire insensible de la Realpolitik : « Lorsque j'entends que la Russie a des intérêts spécifiques dans ce pays, je peux vous dire que c'est une erreur totale », a-t-il déclaré. Les victimes civiles le préoccuperaient davantage. Or a-t-il laissé entendre, les perspectives d'ingérence doivent être abordées avec prudence : « Regardez ce qui se passe en Irak, en Libye, dans d'autres pays de la région. Est-ce que ces pays sont devenus plus sûrs, vers quoi évoluent-ils ? Nous proposons, s'agissant de la Syrie, d'agir de façon très correcte, de façon très pondérée. »

Enfin, alors qu'un journaliste lui demandait si Moscou accepterait d'accueillir le président syrien et sa famille, Vladimir Poutine a lancé cette pique contre la France : « S'agissant de Monsieur Assad, je peux vous dire qu'il a visité beaucoup plus souvent Paris que Moscou. » « Sur les visites du président Assad père et fils, je n'ai aucune responsabilité » a répondu François Hollande, manifestement décidé à incarner, courageusement, la continuité de l'État.

Pêche : Bruxelles prié de revoir sa copie

21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

La réforme de la Politique commune de la pêche (PCP) proposée par la Commission européenne est mal accueillie au Sénat.

Que va-t-il advenir de la pêche française ? Cinq sénateurs rattachés à divers groupes politiques s'en inquiètent : Joël Guerriau (Union centriste), Odette Herviaux (groupe socialiste), Gérard Le Cam (groupe communiste, républicain, citoyen), Bruno Retailleau (UMP) et Charles Revet (UMP). Dans une proposition de résolution enregistrée le 6 juin, ils rappellent l'objectif de la Commission européenne : « lutter plus efficacement contre la surpêche qu'elle considère comme généralisée dans les eaux européennes et réduire la surcapacité des flottes ». Or, le diagnostic de Bruxelles leur apparaît d'autant plus « discutable » qu'il s'appuie sur des données scientifiques jugées « insuffisantes » : « à peine la moitié des stocks sont aujourd'hui connus, avec des marges d'erreur importantes », soutiennent les parlementaires. En tout cas, préviennent-ils, si le "rendement maximal durable" était atteint dès 2015 pour toutes les espèces, conformément aux recommandations de la Commission, la France devrait « fermer 50 % de ses pêcheries, ce qui aurait des conséquences économiques et sociales désastreuses pour le littoral français ». Le projet de régulation de la flotte de pêche par l'attribution de quotas revendables inspire la plus grande méfiance : les expériences menées en ce sens par l'Islande, les pays baltes, ou encore le Danemark et les Pays-Bas, l'auraient été au détriment de la pêche artisanale.

Vers l'interdiction des rejets

Quant à l'interdiction des rejets, ce serait « une fausse bonne idée », coûteuse à mettre en œuvre en raison des moyens de surveillance qu'elle nécessite. « Il est préférable d'adopter une démarche d'amélioration de la sélectivité des engins de pêche, pour prévenir les prises indésirables », clament les auteurs de la résolution : "trier sur le fond plutôt que sur le pont". D'autant que l'interdiction des rejets poserait « des problèmes techniques immenses à la pêche française au chalut qui est multi-spécifique ». Les navires, alors surchargés, ne seraient pas adaptés pour ramener à terre l'ensemble des prises.

Dans la nuit du 12 au 13 juin, les gouvernements européens sont pourtant convenus d'interdire progressivement les rejets. En revanche, ils excluent d'imposer l'instauration de quotas transférables. De fait, comme le relèvent les sénateurs, « les textes de la Commission [...] ont été accueillis de manière extrêmement critique par la plupart des États membres de l'Union européenne intéressés ainsi que par le Parlement européen ». Une assemblée avec laquelle il faudra compter : en application du traité de Lisbonne, celle-ci est désormais appelée à jouer un rôle actif dans la définition de la Politique commune de la pêche (PCP).

Quarante ans de McDo

21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

La première implantation hexagonale d'un restaurant McDonald's remonte à quarante ans. Depuis, l'enseigne est devenue le symbole de la mondialisation. Et de ses nuances.

Le 30 juin 1972, il y bientôt quarante ans, un premier restaurant aux couleurs de McDonald's ouvrait ses portes dans l'Hexagone. C'était à Créteil. Depuis, l'enseigne s'est disséminée dans plus de neuf cents communes, où sont répartis près de mille deux cents établissements, dont trois cents franchisés. La France est même devenue le deuxième contributeur aux résultats du groupe américain. Un chiffre d'affaires record est enregistré à Marne-la-Vallée (Disney Village), ainsi que sur les Champs-Élysées. Symbole de la "malbouffe" importée des États-Unis, la chaîne de restauration rapide s'est attiré les foudres des pourfendeurs de la mondialisation, à l'image de l'inénarrable José Bové : en 1999, on s'en souvient, il avait "démonté" un McDo à Millau.

Défense bien huilée

Alors qu'il dirigeait l'entreprise, Jack Greenberg avait jugé déplacées les attaques dont elle était victime : « nous sommes d'abord un amalgame de petites entreprises », avait-il clamé, fin 2002, dans un entretien accordé à L'Express. La filiale hexagonale se vante de « privilégier un approvisionnement local » : « 100 % des produits alimentaires servis dans les restaurants McDonald's de France en 2010 ont été fabriqués en Europe », martèle sa communication officielle. « La France demeure le premier pays fournisseur des achats alimentaires pour les hexagonaux avec près de 76 % de volume. » Et de s'ériger en « partenaire majeur de l'agriculture française ». Bel exemple de philanthropie !

De fait, si McDonald's symbolise effectivement la mondialisation, c'est avec ses nuances, dont témoigne la "régionalisation" de l'offre entreprise depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Jusqu'à l'immixtion, en avril dernier, de la traditionnelle baguette dans les restaurants hexagonaux. Celle-ci finira-t-elle par traverser l'Atlantique ? On n'en est pas encore là, même si un McDo new yorkais serait, paraît-il, largement inspiré de celui des Champs-Élysées.

Régionalisme en ligne

21 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Une petite révolution s'annonce sur la Toile, où les domaines de premier niveau vont se multiplier.

Dans les méandres de l'internet, les utilisateurs se repèrent avec des adresses dont la variété des "terminaisons" était jusqu'à présent limitée : on comptait une vingtaine d'extensions génériques, dont la plus populaire demeure le ".com", et deux cent cinquante extensions territoriales, environ, tels le ".fr" associé à la France, mais aussi le ".tv", théoriquement réservé aux Tuvalu, un archipel de l'océan Pacifique.

Le 13 juin 2012, l'Icann, l'organisme californien qui contrôle les domaines, a annoncé avoir reçu près de deux mille dossiers éligibles à de nouvelles extensions personnalisées. « Personne n'a demandé ".facebook" ou ".twitter", même pas les deux entreprises qui visiblement n'y voient aucun intérêt », rapporte Libération. À l'inverse, Google pourrait saisir l'opportunité de colmater une faille de sécurité, selon Stéphane Van Gelder, un collaborateur de l'Icann. Aujourd'hui, explique-t-il, la société dépend d'un tiers en charge du ".com". « Or, Google fait sûrement davantage confiance à ses propres techniciens et ne dépendra plus de personne s'il obtient le ".google". Une extension personnalisée peut aussi avoir un intérêt majeur pour les banques. La Société générale pourra dire à ses clients : "N'ouvrez aucune page qui ne possède pas l'extension .sociétégénérale." »

Nos confrères ont recensé soixante-six dossiers déposés par des organisations régionales, portant notamment sur les ".paris", ".corsica" et ".bzh". L'obtention par la Bretagne d'un domaine de premier niveau « valorisera et donnera une visibilité nouvelle aux activités économiques, sociales, culturelles », veut croire le Conseil régional. C'est beaucoup espérer d'une simple extension, même si, symboliquement, la décentralisation en France se décide manifestement aux États-Unis. Rappelons toutefois que des domaines étaient déjà dédiés à l'Outre-mer français : dix extensions associées à la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, la Réunion, Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, aux Terres australes et antarctiques françaises, et à Wallis et Futuna.

Faut-il abattre Nathalie Kosciusko-Morizet ?

15 juin 2012

Lecture un tantinet polémique d'un pamphlet signé NKM.

Parmi les personnalités figurant sur la "liste noire" du Front national, dévoilée à l'approche du second tour des élections législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet constitue un « cas spécifique » aux yeux de Marine Le Pen. L'année dernière, en effet, à la veille des cantonales, elle avait jugé l'élection d'un socialiste préférable à celle d'un frontiste. « C'est une proposition à laquelle je tiens », a-t-elle répété quelques mois plus tard, dans un pamphlet s'attaquant ouvertement au « front antinational ».

La critique s'avère convenue. « Le Front national peut bien [...] prendre les traits avenants d'un sourire, d'une blondeur, d'un prénom », il n'en reste pas moins associé à des éléments radicaux, souligne l'auteur. « Ce n'est pas une leçon de morale », prétend NKM, qui n'en verse pas moins dans les bons sentiments. « C'est forts de nos différences que nous devons trouver un chemin ensemble », clame-t-elle tout en récusant « l'éloge des singularités ». « Qu'il y ait en chacun de nous un fond d'aigreur, [...] une petite haine de l'autre, c'est l'évidence. », affirme-t-elle. Or, « cette part obscure de nous-mêmes » formerait, selon elle, le « terreau » du FN.

Réduire le vote lepeniste à un défaut d'altruisme, voilà qui nous semble assez léger. Depuis quand la charité se mesure-t-elle à l'aune des sympathies politiques ? La moralité des individus est une chose ; les représentations façonnant l'opinion en sont une autre. Nathalie Kosciusko-Morizet s'y attaque en partie. S'agissant du "protectionnisme", par exemple, elle soutient que « le FN fait comme si de telles mesures n'existaient pas. Or elles existent. [...] L'appartenance à l'Union européenne ne les interdit nullement. Au contraire, nous disposons de normes qui sont destinées à assurer la qualité de produits. » Par ailleurs, écrit-elle, « il faut être clair là-dessus : les immigrés sont des actifs, ils contribuent de manière nécessaire et profitable à l'économie de notre pays ». Se défendant de tout angélisme, elle martèle qu'« il faut être tout aussi clair sur les difficultés. Car il y en a. Il y a des biais et des fraudes. Il existe une immigration de complaisance, qui fait un usage abusif des allocations chômage et familiales. La lutte contre ces abus est prioritaire. »

Qu'importent les faits : de toute façon, observe l'auteur, « le "programme" du FN n'a pas du tout vocation à être réalisé. [...] Il est là pour frapper, par le caractère radical de ses propositions. [...] La meilleure illustration en est donnée par le chapitre économique. » De fait, l'incriiniation grotesque de la "loi de 1973", ainsi que le fantasme d'un recours indolore à la création monétaire, en disent long sur le sérieux du FN. Celui-ci préconise, également, « la suppression de la binationalité, sans jamais rappeler que certains binationaux ne peuvent pas répudier leur nationalité d'origine, quand bien même ils le voudraient ».

Enfin, « un pays comme le nôtre a le droit souverain, aujourd'hui, de choisir qui s'installe ou non sur son territoire. Mais dès lors qu'une personne y est installée légalement, il n'est plus possible de la discriminer », estime l'ancien ministre de l'Écologie. « Ce que la France choisit de faire aujourd'hui, c'est de mener une politique ferme de lutte contre l'immigration illégale. Et cette politique rend évidement inutile toute forme de "préférence nationale". » D'autant que « parmi tant d'autres effets dévastateurs, cette préférence favoriserait l'immigration clandestine et elle rendrait impossible l'intégration des étrangers. Stigmatisés, ces derniers n'auraient d'autre choix que de se replier au sein de mouvements communautaristes ou fondamentalistes. » Un risque à méditer.

« Être français, cela se conquiert, se construit, se partage. C'est un perpétuel projet, pas une rente », proclame encore NKM. « La tentation de la rente. Voilà qui fait consensus entre le FN et la gauche », poursuit-elle. Même si « dans le cortège des désespérances, le Front national, lui, joue le rôle des pleureuses. » Enfonçons le clou : en vérité, le populisme n'est rien d'autre que la déclinaison plus ou moins "nationaliste" du néo-malthusianisme abreuvant le discours socialiste. La hantise du plombier polonais découle de la même croyance que la mise en œuvre des trente-cinq heures ; quant aux immigrés, ils sont vilipendés au même titre que ces salauds de riches. « La confusion sert toujours les mêmes », déplore Nathalie Kosciusko-Morizet. « Le FN parle d'"UMPS". Mais l'alliance électorale, objective, celle dont l'histoire politique témoigne, elle est entre le PS et le FN. Même si Lionel Jospin, en 2002, a été le dindon de la farce. » Elle ne croyait pas si bien dire... Pour la faire battre dans l'Essonne, Marine Le Pen n'a-t-elle pas appelé à voter pour son rival socialiste ? PS, FN, même combat !

Bruxelles veille sur Schengen

7 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Annoncée bruyamment sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la réforme de l'espace Schengen est discutée ces jours-ci, sous la houlette d'une Commission européenne avide de nouveaux pouvoirs.

Draguant dans les eaux du Front national, Nicolas Sarkozy l'avait martelé durant sa campagne électorale : « Il n'est pas question que nous acceptions de subir les insuffisances de contrôle aux frontières extérieures de l'Europe. » Depuis, l'agitation médiatique s'est assagie, mais la réforme de l'espace Schengen demeure en discussion. La question figurait à l'ordre du jour des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne, appelés à se réunir à Luxembourg le jeudi 7 juin 2012.

Dysfonctionnements criants

Mises sur la table en septembre dernier, les propositions de la Commission européenne portent, d'une part, sur les conditions d'évaluation de Schengen et, d'autre part, sur les modalités de rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l'UE. Deux domaines dans lesquels Bruxelles entend accroître son influence, aux dépens des gouvernements qui rechignent à lui céder leurs responsabilités. « En cas d'urgence nécessitant une réaction immédiate (une attaque terroriste, par exemple), les États membres pourraient certes toujours prendre des décisions unilatérales pour réintroduire les contrôles », résume un rapport du Sénat, « mais seulement pour une période ne dépassant pas cinq jours, après quoi une décision au niveau de l'UE serait prise, sur proposition de la Commission, afin d'autoriser une éventuelle prorogation ». Dans une lettre adressée le 19 avril à la présidence danoise de l'UE, Paris et Berlin réclamaient, entre autres, que ce délai soit porté à trente jours. Quant aux flux migratoires, ils ne constitueraient pas en eux-mêmes « une menace pour la sécurité », selon la Suédoise Cecilia Malmström, commissaire européen aux Affaires intérieures. « Il en résulte un certain paradoxe » relevé par la Chambre haute : « Le phénomène à l'origine de la réforme se retrouve à la marge de la proposition de la Commission, dans un simple considérant. »

Par conséquent, s'il était franchi, ce pas supplémentaire en direction du fédéralisme ne répondrait pas, nous semble-t-il, aux dysfonctionnements les plus criants de l'espace Schengen. « Lorsqu'un migrant ne réunit pas les conditions pour voyager dans l'espace Schengen, l'État membre qui délivre un titre de séjour (temporaire) devrait opter pour la délivrance d'un titre de séjour (provisoire) qui ne soit pas équivalent à un visa Schengen de court séjour », souligne timidement la Commission. Sans trop se mouiller, celle-ci considère que « les États membres devraient informer les titulaires de ces documents, d'une façon appropriée et efficace, des conditions auxquelles ils peuvent (ou ne peuvent pas) voyager dans l'espace Schengen ». L'année dernière, alors que des migrants affluaient en provenance de Tunisie ou de Libye sur l'île de Lampedusa, l'Italie leur aurait accordé des visas avec une certaine légèreté, les autorisant à traverser les Alpes en toute légalité...

La Grèce inquiète

Aux frontières extérieures de l'espace Schengen, la pression « se concentre sur un nombre limité de points sensibles, en particulier l'axe de la Méditerranée orientale qui passe par la Turquie et la Grèce », souligne la Commission. Au cours du dernier trimestre de 2011, près de 30 000 franchissements irréguliers ont été repérés aux frontières extérieures, dont environ 75 % sur cet axe. « À la suite des graves insuffisances identifiées en Grèce, la Commission considère que les efforts fournis, notamment en ce qui concerne le contrôle des frontières terrestres et maritimes extérieures, doivent rester une priorité. » En janvier dernier, le Sénat s'était alarmé de la situation, déplorant que l'accord de réadmission entre la Turquie et la Grèce ne soit pas mis en œuvre en raison de la persistance du conflit chypriote. « Or, si la plupart de ces migrants sont appréhendés, les conditions de rétention en Grèce sont tellement mauvaises, les procédures de traitement des demandes d'asile et de refoulement si insatisfaisantes, que ces personnes doivent être relâchées. » Elles seraient  souvent appréhendées à nouveau dans le cadre d'une opération organisée par Frontex à un stade ultérieur de leur parcours, généralement dans les Balkans.

Les déboires politico-financiers rencontrés par Athènes n'invitent guère à l'optimisme. « Plusieurs pays prépareraient la réintroduction des contrôles aux frontières dans le cas d'une situation d'urgence en Grèce », rapporte le site Internet Presseurop, citant un quotidien autrichien. « Rappelant le cadre juridique des accords de Schengen, le Standard précise que "contrairement à la très débattue sortie de la zone euro [...], la fermeture des frontières avec la Grèce par ses partenaires ne poserait pas de problèmes". » Qu'importe la légalité de telles mesures au regard du droit européen : nécessité fait loi.

Pêche : l'Outre-mer négligé par l'UE

7 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Aveugle aux spécificités de l'Outre-mer, l'Union européenne freinerait le développement de la pêche locale, en dépit de ressources halieutiques souvent abondantes.

Tandis que l'Union européenne planche sur la réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), trois parlementaires l'appellent à prendre en compte les spécificités des régions ultrapériphériques françaises. Maurice Antiste et Serge Larcher, sénateurs de Martinique apparentés socialistes, et Charles Revet, sénateur UMP de Seine-et-Marne, ont déposé en ce sens une proposition de résolution enregistrée le 31 mai à la présidence de la Chambre haute. « La pêche ultramarine représente une part très importante de la pêche française », soulignent-ils dans l'exposé des motifs. « On comptait ainsi en 2009 près de 2 500 navires de pêche dans les quatre DOM, contre moins de 5 000 en France hexagonale. [...] Les DOM représentent près de 35 % de la flotte artisanale française et 20 % des effectifs de marins-pêcheurs au niveau national. » Hélas, Bruxelles se montrerait « aveugle aux réalités de la pêche ultramarine française ». Les règles de gestion de la ressource, qui constituent le cœur de la PCP, seraient « pensées par et pour l'Europe continentale », déplorent les sénateurs. L'application aux DOM de l'interdiction des aides à la construction de navires constituerait « l'illustration la plus préoccupante » du phénomène. La situation apparaît d'autant plus regrettable que la flotte ultramarine serait « artisanale et vétuste », alors que l'Outre-mer disposerait « d'atouts indéniables, au premier rang desquels des ressources halieutiques relativement abondantes et bien souvent sous-exploitées  ».

Faire entendre sa voix

En cause, également, les politiques commerciale et de développement, en vertu desquelles l'UE conclut des accords de libre-échange avec certains pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). « Il est incompréhensible que l'UE encourage le développement de la pêche dans des pays potentiellement concurrents, tout en privant la pêche des RUP [régions ultrapériphériques] d'un soutien équivalent », dénoncent MM. Antiste, Larcher et Revet. Par rapport à leurs concurrents régionaux, les pêcheurs réunionnais devraient supporter des coûts de production et de commercialisation quatre à cinq fois supérieurs. Dans ces conditions, il apparaît « nécessaire que la voix de l'Outre-mer puisse se faire entendre au niveau européen en matière de pêche ». Or, « aucune instance de dialogue ne permet [...] aux DOM de s'exprimer au sein de l'UE sur le sujet ». À la différence des autres régions ultrapériphériques de l'Union européenne, situées dans les eaux occidentales, les départements français d'outre-mer ne seraient représentés dans aucun comité consultatif régional (CCR). « Comme le demandent les professionnels et le gouvernement français, il est donc important qu'un CCR spécifique aux RUP soit mis en place », martèlent les sénateurs. Affaire à suivre.

Le parasite et la fourmi

7 juin 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Petite pique en direction de François Hollande, thuriféraire des eurobonds.

D'une pauvreté affligeante, les premières conférences de presse du président Hollande lassent davantage que celles de son prédécesseur, qui ne ménageait pas nos confrères, mais savait ponctuer ses interventions de quelques touches d'humour.

Le 23 mai, le nouvel hôte de l'Élysée s'est fendu d'une question qui se voulait rhétorique : « Est-il acceptable que certaines dettes souveraines pour être financées soient obligées de consentir des taux d'intérêts à plus de 6 % et que d'autres pays [puissent] accéder à des financements à des taux d'intérêts voisins de zéro dans la même Union monétaire, budgétaire ? » Or, si l'Union monétaire constitue une réalité, certes chaotique, l'union budgétaire demeure un fantasme. Lequel se réaliserait à la faveur d'une mutualisation des emprunts obligataires promue par François Hollande. En Europe comme en France, sans doute s'agit-il de faire payer les riches – comprenez l'Allemagne. On imagine avec quelle facilité celle-ci va se laisser convaincre : la fourmi n'est pas prêteuse... Autant parasiter ouvertement les sommets internationaux !

Dans un accès de magnanimité, Berlin semble enclin à inscrire aux calendes grecques l'introduction des "eurobonds". On attend avec impatience les conclusions du prochain Conseil européen, dont le chef de l'État se gargarisera vraisemblablement comme il fit de celles du G8, après y avoir glissé une coquille vide – en l'occurrence, le mot "croissance". « Je considère que le mandat que j'avais reçu du peuple français a été, dans un premier temps, déjà honoré », a-t-il déclaré, fort de son succès diplomatique. Rien de plus "normal" !

L'Argentine, un pays rebelle

21 mai 2012
Article publié dans L'Action Française 2000

Au milieu du village global, un pays résiste, encore et toujours, aux canons de la mondialisation promus par les artisans de la gouvernance planétaire...

À la faveur de l'élection présidentielle, la France aurait « réaffirmé sa profonde vocation républicaine, qui fait primer la volonté politique sur la fatalité des marchés, la sensibilité sociale sur les recettes financières, et la justice et la solidarité sur l'exclusion », selon Hugo Chavez. S'agit-il d'un soutien de poids pour François Hollande ? Affaibli par la maladie, bientôt sur le départ, le président du Vénézuela s'est fait voler la vedette, sur la scène latino-américaine, par son homologue argentin, Cristina Kirchner.

Repsol exproprié

Celle-ci s'attire les éloges des pourfendeurs de la mondialisation, tel Aymeric Chauprade : « l'Argentine [...] apporte au monde une preuve supplémentaire que la voie du redressement et de la liberté des peuples passe par l'indépendance nationale et la rupture » avec le FMI, la Banque mondiale, l'Union européenne, etc., a-t-il écrit sur son blog. Il y a dix ans, déjà, Buenos Aires s'était distingué en cessant de rembourser quelque 100 milliards de dollars de dette extérieure. Aujourd'hui, il pratique « un protectionnisme décomplexé », comme le relevaient, début mars, nos confrères de La Tribune. De fait, « pour exporter en Argentine, on doit s'engager à importer des produits argentins ou à investir dans le pays pour ne pas risquer de voir ses produits bloqués aux douanes. Parmi les cas les plus connus, le constructeur automobile allemand Porsche a dû en 2011 s'engager à acheter du vin et de l'huile d'olive argentins pour faire entrer une centaine de véhicules. Le fabricant canadien Blackberry a dû, lui, annoncer l'ouverture d'une unité de production en Terre de Feu (sud) pour continuer à vendre ses portables. » Cependant, « en janvier, lassée des retards provoqués par les nouveaux contrôles, le constructeur automobile Fiat a arrêté son usine de Ferreyra (Cordoba, centre) pendant 48 heures. Un avertissement pour le gouvernement. »

Celui-ci ne semble pas se laisser démonter, comme en témoigne la nationalisation de la société pétrolière YPF, aux dépens du groupe espagnol Repsol... et dont pourrait profiter Total, qui en était déjà un partenaire habituel. Scandalisés, le Washington Post et le Wall Street Journal ont appelé à exclure l'Argentine du G20, où son voisin chilien mériterait de lui succéder. En réaction, le gouvernement espagnol a annoncé une limitation des importations de biodiesel argentin. Mais selon l'analyse du Fauteuil de Colbert, publiée par l'Alliance géostratégique (AGS), « il va sans dire que Madrid est quelque peu démunie dans cette crise. La Commission européenne a beau dire que... la Commission européenne ne peut rassembler ni coalition, ni moyens de coercitions pour soutenir l'Espagne. Cerise sur le gâteau, le nouveau gouvernement de Mario Rajoy prend à peine ses marques dans une Espagne exsangue, et la contestation sociale gronde. »

Les Malouines

Cela étant, poursuit l'auteur, « il y a [...], forcément, quelques probabilités que la crise argentino-espagnole ne vienne heurter le conflit anglo-argentin ». Voilà tout juste trente ans se déroulait la guerre des Malouines. Depuis, le différend opposant Londres et Buenos Aires ne s'est jamais dissipé. Les tensions se sont même ravivées à l'approche de cet anniversaire, puisque les navires battant le pavillon de l'archipel ne sont plus autorisés à accoster dans les ports argentins... Dans cette affaire, Mme Kirchner bénéficie d'ailleurs du soutien de la Bolivie, du Brésil, du Chili et de l'Uruguay.

Ces deux crises, avec l'Espagne d'une part, le Royaume-Uni d'autre part, « gravitent autour de la question des richesses pétrolières qui gisent au large des côtes du Brésil et de l'Argentine - et en Guyane », explique le Fauteuil de Colbert. « Sous cet angle, il est moins certain que l'action argentine actuelle ne vise qu'à détendre les cours actuels de l'or noir sur le marché argentin. Cette action n'a-t-elle pas quelques visées à plus long terme ? » L'auteur relève encore « des enjeux de puissance car les richesses pétrolières brésiliennes permettrait à Brasilia de produire plus d'or noir que BP ou Exxon ». Quoi qu'il en soit, conclut-il, « il est possible de se demander si Buenos Aires peut faire face à deux crises sérieuses avec deux pays ayant des intérêts voisins dans les deux conflits ».