Aberrations égalitaires

5 novembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

La loi sera aménagée pour préserver la retraite des mères de famille et se conformer à la jurisprudence. Cela en application d'un principe égalitaire que nous récusons.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010 comporte un article réformant la majoration de durée d'assurance (MDA) pour enfant accordée aux mères relevant du régime général. Dans un rapport d'information rédigé au nom de la délégation "aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes", Mme Marie-Jo Zimmermann, député de la Moselle, rappelle que « ces majorations sont aujourd'hui de huit trimestres par enfant élevé. Elles bénéficient à la quasi-totalité des mères et comptent pour une part très importante (de l'ordre de 20 %) dans les montants des retraites des femmes, montant qui demeure malgré ces effets correctifs bien inférieur à celui des pensions des hommes. »

Les statistiques sont édifiantes : en 2004, les femmes recevaient une retraite inférieure en moyenne de 38 % à celle des hommes, au montant d'autant plus faible qu'elles avaient eu d'enfants. Ceux-ci affectent évidemment leur carrière professionnelle (82 % des travailleurs à temps partiel sont des femmes) ; en revanche, leur présence « peut même avoir plutôt un effet positif [sur celle des hommes] par l'image de responsabilité qu'elle confère au père ».

Discrimination

Dans ces conditions, remarque Mme Zimmermann, « la majoration de durée d'assurance apparaît bien comme un élément essentiel pour préserver une particularité française, la conjugaison d'un fort taux d'activité féminine avec une fécondité [relativement...] dynamique ». Une majorité de parlementaires partagent sans aucun doute son point de vue. Mais le législateur doit compter avec la Cour de cassation, dont l'arrêt du 19 février dernier imposait d'étendre aux hommes le bénéfice des MDA. Une perspective évidemment insupportable pour les finances publiques. À l'avenir, l'essentiel des majorations pourra donc être attribué à la mère ou au père, ou bien partagé entre eux. Outre des conflits entre les parents, le député craint « le risque d'entraîner des choix d'opportunité sans lien avec la finalité de la majoration et qui se révèleront pénalisants pour les mères ».

Un nouveau mensonge

Au moins le dispositif sera-t-il sauvegardé. Solution bancale apportée à un problème strictement juridique ? Pas tout à fait, car l'évolution de la jurisprudence n'est pas hermétique à celle des mentalités. L'entrée en vigueur de la Convention européenne des droits de l'homme, sur laquelle s'est appuyée la Cour de cassation, ne remonte-t-elle pas à 1953 ? Si le rapport fustige « une vision étroite du principe d'égalité », il n'en conteste pas les fondements. Selon Mme Zimmermann, en effet, « les majorations de durée d'assurance, comme les autres droits familiaux, ont pour objectif de corriger les effets sur les pensions de retraite des inégalités professionnelles subies par les femmes. Elles ont donc, en principe, vocation à disparaître au fur à mesure que la situation des hommes et des femmes se rapprochera. »

Or, au regard du bien commun, il ne convient pas seulement de "compenser" les sacrifices consentis par les mères, mais aussi d'encourager l'accueil des enfants. Sans quoi, homme ou femme, chacun devra s'accommoder demain d'une retraite de clopinettes ! En réalité, «  l'égalité ne peut régner nulle part », observait Charles Maurras, « mais son obsession, son désir, établissent un esprit politique directement contraire aux besoins vitaux d'un pays » (Mes Idées politiques).

Peut-être faut-il le rappeler ? Les hommes ne portent pas d'enfants... ; le bon sens voudrait qu'on en tire quelque conséquence. « Dans un État puissant, vaste, riche et complexe comme le nôtre, chacun assurément doit avoir le plus de droits possible », poursuit le maître de l'AF ; « mais il ne dépend de personne de faire que ces droits soient égaux quand ils correspondent à des situations naturellement inégales. Quand donc, en un tel cas, la loi vient proclamer cette égalité, la loi ment, et les faits quotidiens mettent ce mensonge en lumière. » Mme Zimmermann juge « indispensable de fixer un pourcentage minimum de membres du sexe sous-représenté au sein des conseils d'administration et des conseils de surveillance pour les sociétés cotées en bourse » ; ces quotas ne seraient qu'un nouveau mensonge.

L'entracte est terminé

5 novembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

Privé du soutien de la cour constitutionnelle tchèque, Vaclav Klaus jette l'éponge. Le traité de Lisbonne pourrait entrer en vigueur dès le 1er décembre. D'ici là, les Vingt-Sept devront s'accorder sur les nominations aux postes clefs.

Les derniers espoirs des nonistes s'évanouissent : mardi 3 novembre, la cour constitutionnelle tchèque a rejeté l'ultime recours déposé contre le traité de Lisbonne. Résigné, le président Vaclav Klaus considère que « sa probable entrée en vigueur ne va pas être la fin de l'histoire » (Coulisses de Bruxelles, 17/10/2009). A-t-il vraiment envisagé de lui faire obstacle ? Un rappel de ses responsabilités passées permet d'en douter : il dirigeait le gouvernement tchèque quand celui-ci déposa sa demande d'adhésion à l'UE ; élu chef de l'État en février 2003, il assista depuis à l'entrée de son pays dans l'Union, à la négociation du traité établissant une constitution pour l'Europe, puis à celle du traité de Lisbonne qui s'acheva le 13 décembre 2007.

« Une discussion assez vive »

Quoi qu'il en soit, ce trublion souverainiste peut se targuer d'avoir fait plier l'Europe. Le 29 octobre, à l'issue d'« une discussion assez vive », selon le témoignage du président de la République, les chefs d'État ou de gouvernement des Vingt-Sept sont convenus d'un arrangement dissipant sa crainte – réelle ou prétendue – d'une remise en cause des décrets Benes par lesquels furent expulsés de Tchécoslovaquie trois millions d'Allemands des Sudètes. La République tchèque sera ajoutée aux États mentionnés dans le protocole stipulant que la Charte des droits fondamentaux « n'étend pas la faculté de la Cour de justice de l'Union européenne, ou de toute juridiction de la Pologne ou du Royaume-Uni, d'estimer que les lois, règlements ou dispositions, pratiques ou action administratives de la Pologne ou du Royaume-Uni sont incompatibles avec les droits, les libertés et les principes fondamentaux qu'elle réaffirme ». Le droit primaire européen sera amendé en ce sens à la faveur d'un protocole inclus dans le prochain traité d'élargissement. Encore une fois, il s'agit moins d'une véritable dérogation que d'une "explication de texte".

Ainsi peut-on « tourner la page de dix ans de débats institutionnels stériles », se félicite Nicolas Sarkozy ; « raisonnablement, on peut dire que le traité de Lisbonne entrera bien en vigueur d'ici à la fin de l'année, sans doute dès le 1er décembre », a-t-il annoncé. Dans l'immédiat, les responsables européens s'affairent sur deux chantiers. Le premier recouvre des aménagements règlementaires, voire quelques clarifications politiques, avec, par exemple, la mise en place du Service européen pour l'action extérieure, ou la répartition des responsabilités entre, d'une part, le Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et, d'autre part, le gouvernement continuant d'assurer la présidence semestrielle de l'Union. Le second chantier est plus médiatisé : les tractations s'accélèrent afin de distribuer les postes.

Qui sera le nouveau Washington ?

Pour amuser la galerie, on insiste sur la "parité" ou le degré d'engagement "européen" des candidats potentiels. Plus sérieusement, on souligne également la nécessité de respecter un certain "pluralisme politique" : c'est une exigence du Parlement européen, dont l'accord sera indispensable pour installer la nouvelle Commission. L'attention se focalise plus particulièrement sur la désignation du président du Conseil européen – l'instance réunissant les chefs d'État ou de gouvernement – élu pour deux ans et demie, dont le mandat sera renouvelable une fois. C'est un choix capital selon Valéry Giscard d'Estaing : « l'Europe doit rechercher et inventer son George Washington », rien de moins, avait-il lancé en 2008 ! Jacques Delors se montre plus réaliste : « Je n'étais pas partisan de la création d'un tel poste, mais si c'est ainsi, ce doit être un facilitateur et non un président à la française. Si c'est un président exécutif, qui veut représenter l'Europe partout, il y aura des conflits avec les autres chefs d'État et à l'intérieur des institutions. Cela amènerait plutôt une paralysie de l'ensemble qu'une avancée. » (Toute l'Europe, 22/10/2009) « Il y a un débat », reconnaît le président de la République, qui préférerait manifestement un « leader charismatique ». Nostalgique des six mois qu'il a passés à la tête de l'UE, il nourrit selon nous quelques illusions.

Convoitise

« Nous nous sommes mis d'accord avec Mme Merkel pour [...] soutenir le même candidat le moment venu », a-t-il révélé lors d'une conférence de presse. Aucun Français ne serait sur les rangs. Paris ne semble pas convoiter davantage la fonction de Haut Représentant. « Je ne crois pas que ce soit l'intérêt de la France de revendiquer ce poste », a déclaré Hubert Védrine (Europe 1, 12/10/2009). « Dans le système de Lisbonne, il y a un poste en tout pour la France et je comprends la position des autorités françaises, notamment du président, qui voudraient que la France ait le poste de commissaire pour le marché intérieur, y compris les services financiers. » Le chef de l'État entend confier ce portefeuille à Michel Barnier ; peut-on compter sur lui pour défendre les intérêts de la France ?

Le livre à l'heure numérique

5 novembre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

La numérisation massive d'ouvrages entreprise par Google interpelle les pouvoirs publics, en France et en Europe. Il était temps : c'est une nouvelle révolution qui s'est engagée.

La numérisation des contenus culturels serait « l'une des priorités » du ministre de la Culture. Aussi Frédéric Mitterrand a-t-il installé le 26 octobre une "commission sur la numérisation des fonds patrimoniaux des bibliothèques".

Appels du pied

Présidée par Marc Teissier (ancien directeur général du Centre national de la cinématographie, ancien président de France Télévisions, aujourd'hui directeur général de Vidéo futur), elle devra évaluer « la pertinence d'un accord entre la BNF et Google du triple point de vue du partage et du rayonnement des contenus français sur Internet, de l'intérêt économique et financier pour l'État et le contribuable, du message politique à adresser à la communauté internationale ».

Incapables d'assumer le coût d'une numérisation massive et rapide de leur fonds documentaire, les bibliothèques sont sensibles aux appels du pied du géant américain de l'internet, qui se propose de prendre en charge ce vaste chantier. Dans un entretien accordé à Frédérique Roussel, Robert Darnton, le directeur de la bibliothèque universitaire d'Harvard, révèle qu'en vertu d'un accord conclu en 2005, Google a numérisé 800 000 ouvrages, « aujourd'hui disponibles pour tout le monde », mais dont les fichiers ne seront pas exploitables par l'établissement avant 2050 ! Bruno Racine, le président de la Bibliothèque nationale de France, exigerait quant à lui des conditions plus favorables : « Dans le cas des discussions préliminaires que nous avions eues avec Google, la proposition était que les œuvres [...] soient également accessibles à travers [les sites Internet] Gallica et Europeana. » (Libération, 14/10/2009)

Se saisissant d'un sujet connexe, la Commission européenne avait publié le 19 octobre les conclusions de consultations relatives "au droit d'auteur dans l'économie de la connaissance". « Partout dans le monde, d'importants programmes de numérisation ont d'ores et déjà été lancés », observe Viviane Reding, le commissaire luxembourgeois responsable de la Société de l'information et des Médias.

Un défi mondial

« Si nous agissons rapidement », poursuit-elle, « des solutions européennes créant un environnement concurrentiel pour la numérisation des livres pourraient fonctionner plus tôt que celles qui sont actuellement envisagées aux États-Unis avec l'accord sur Google Books. » Un accord dont l'application pourrait mettre à la disposition des Américains les copies numériques d'ouvrages européens inaccessibles sur le Vieux Continent. « S'assurer que les Européens disposent d'un accès à leur propre patrimoine culturel, tout en garantissant que les auteurs européens perçoivent une juste rémunération est donc un sujet d'une actualité brûlante », souligne la Commission. Au cœur de ses préoccupations : le statut des œuvres orphelines, dont les ayant-droit sont inconnus. Naturellement, « l'avènement de la culture en ligne du partage et de l'échange de fichiers [...] oppose ceux qui souhaitent aller vers un système de droits d'auteur plus permissif et ceux qui tiennent au maintien du statu quo ».

Nouveaux usages

Le "piratage" des livres est encore un phénomène marginal : moins de 1 % des ouvrages disponibles en France au format papier seraient susceptibles d'être téléchargés illégalement ; cela représenterait entre 4 000 et 6 000 titres, dont une grande partie de bandes dessinées, selon l'étude Ebookz réalisée pour l'Observatoire du livre et de l'écrit en Île-de-France. L'offre illégale se développera vraisemblablement avec le demande, suspendue aux ventes des terminaux de lecture électronique. Amazon vient de commercialiser en France son Kindle, tandis que Sony proposera courant novembre une version tactile de son Reader, facilitant notamment les annotations (le prix devrait avoisiner les 300 euros). Mais les technophiles sont loin d'être les seuls concernés par cette révolution numérique : d'ores et déjà, trente-trois années de publication de L'Action Française quotidienne sont disponibles en téléchargement gratuit sur Gallica.

Eurosceptique, Jacques Delors ?

27 octobre 2009

Lançons une pique contre le manichéisme de nos amis souverainistes.

Les souverainistes s'imaginent qu'ils sont les seuls à proclamer la vocation des nations à perdurer ; du moins nous donnent-ils cette impression. C'est à se demander s'ils ont jamais écouté Hubert Védrine, ou même Jacques Delors. Dans un entretien accordé à Toute l'Europe, l'ancien président de la Commission européenne confirme que la construction d'une Europe véritablement fédérale serait une utopie : « Si on entend par l'Europe fédérale quelque chose à l'exemple des États-Unis, je n'ai jamais pensé que c'était réaliste, parce que les nations existent, avec leur passé, leur histoire. »

Eurosceptique, Jacques Delors ? Donnons lui l'occasion de rappeler sa position : « J'ai toujours dit qu'il fallait une fédération des États-nations, dans laquelle nous sommes d'accord sur les points dans lesquels nous exerçons en commun la souveraineté et sur ce qui reste du domaine national, mais où, au sommet, nous avons un système plutôt fédéral qui nous permet de préparer les décisions, de décider et d'agir. »

Or, poursuit-il, « ce n'est pas le cas actuellement ». Quant au traité de Lisbonne, s'il « apporte quelques améliorations », « ce n'est pas suffisant » selon lui. Fichtre ! Ce traité inique n'était-il pas censé priver la France de tous les attributs d'un État souverain ? Comme tous les traités européens précédents, soit dit en passant...

Signalons également les réserves de Jacques Delors à propos de la désignation d'un "président stable" du Conseil européen : « Si c'est un président exécutif » – hypothèse en définitive illusoire –, « qui veut représenter l'Europe partout, il y aura des conflits avec les autres chefs d'État et à l'intérieur des institutions. Cela amènerait plutôt une paralysie de l'ensemble... »

Le Sénat et l'Europe

22 octobre 2009

Hubert Haenel consacre un rapport parlementaire « à la fonction de contrôle du Sénat sur les questions européennes ». Une fonction « en pleine mutation pour le parlement français, en raison de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 et de la réforme des règlements des assemblées qui vient d'en tirer les conséquences ».

La chambre haute s'appuie désormais non plus sur une délégation, mais sur une véritable commission en charge des Affaires européennes. « Cette disposition a mis fin à une anomalie : au sein de l'Union, les assemblées françaises étaient les seules (avec le parlement maltais) à ne pas être dotées d'un tel organe. L'évolution a été radicale puisque, aujourd'hui, la commission "chargée des affaires européennes" est la seule dont l'Assemblée nationale et le Sénat soient constitutionnellement obligés de se doter. »

D'ores et déjà, le Sénat serait l'assemblée ayant adressé à la Commission « le plus grand nombre d'"observations" sur la subsidiarité et la proportionnalité. Cela dans le cadre d'une procédure informelle introduite par José Manuel Barroso après l'échec des référendums français et néerlandais de 2005, officialisée et renforcée par le traité de Lisbonne.

Passons sur l'examen détaillé des dispositions réglementaires propres au Sénat ; leur complexité a eu raison de notre curiosité. En conclusion, Hubert Haenel souligne que les institutions européennes « apparaissent souvent lointaines, difficilement compréhensibles et malaisément contrôlables ». Force est de constater, à la lecture de ce rapport, que l'appréhension des institutions françaises n'est pas une sinécure... L'UE se distingue surtout par son originalité, à laquelle se heurte le mimétisme des analystes de bas étage.

Où sont les plombiers polonais ?

20 octobre 2009

La hantise du "plombier polonais" avait gagné l'opinion française en 2005, contribuant au rejet du "traité constitutionnel" européen. Il s'agissait bien d'un épouvantail, si l'on en croit des statistiques à la fiabilité certes discutable.

« Les chiffres publiés par Eurostat sont [...] à prendre avec précaution », prévient Euractiv. Ils méritent toutefois d'être cités : « Dans le cas de la Pologne, 15 000 travailleurs ont été recensés en France en 2005 contre 14 000 en 2007. Contrairement à la déferlante annoncée, on s'orienterait donc plus vers une stabilité voire un léger déclin. [...] La comparaison avec la Grande-Bretagne se révèle [...] éclairante : en 2005, 88 000 travailleurs polonais ont été recensés outre-Manche. Trois ans plus tard, ce chiffre est porté à 370 000, soit quatre fois plus. [...] Autant dire que la France ne joue pas dans la même cour. La part dérisoire de travailleurs polonais présents sur son territoire au regard des effectifs accueillis en Grande-Bretagne [résulterait] de l'application [...] d'une politique migratoire relativement stricte à l'égard des derniers pays ayant rejoint l'UE. »

Étonnant, n'est-ce pas ?

Qu'est-ce que l'européisme ?

17 octobre 2009

Constatant notre aversion pour le souverainisme, des esprits manichéens nous rattachent injustement au courant européiste. Voyons comment Hubert Védrine définit celui-ci. Extrait du Rapport sur la France et la mondialisation auquel nous souscrivons volontiers.

Le courant fédéraliste européen [...] se présente plutôt comme "intégrationniste". C'est à son propos qu'est de plus en plus souvent employé le terme "européiste", pour le distinguer d'un courant beaucoup plus large, pro-européen, mais qui veut aller moins loin dans l'intégration. Les européistes ont longtemps prétendu être les seuls vrais "européens", taxant d'anti-européens les non-intégrationnistes. Cette prétention n'a pas survécu aux référendums de 2005 et à leurs suites. Il y a plusieurs façons d'être "européen".

Des États-nations archaïques

Avec de bonnes raisons et de louables intentions, ce courant avait milité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour le dépassement des États-nations, par définition archaïques, égoïstes et dangereux, leur politique étrangère y compris, comme les deux guerres mondiales étaient censées l'avoir montré, et la construction d'une Europe très intégrée. Il a inspiré au moins deux générations d'élites, même s'il est toujours demeuré minoritaire dans le grand public.

Politiquement, le centre en a été longtemps l'incarnation. La droite française s'est ralliée à la construction européenne en espérant que naîtrait ainsi une "Europe puissance", sous leadership français. Désespéré sous De Gaulle, un peu plus à l'aise sous Pompidou, le courant intégrationniste a repris espoir sous Valéry Giscard d'Estaing (avec l'élection du Parlement européen au suffrage universel, plus qu'avec l'institutionnalisation du Conseil européen). Et surtout sous Mitterrand avec la relance de la construction européenne au Conseil européen de 1984, la nomination de Jacques Delors à la tête de la Commission et jusqu'en 1995, avec cet extraordinaire leadership européen à trois, avec Helmut Kohl, qui a conçu Maastricht et a réussi à le faire ratifier. C'est dans ces années-là que la gauche, dans son immense majorité déjà pro-européenne par antinationalisme, s'est mise à son tour à croire à "l'Europe puissance" et plus encore à une improbable "Europe sociale", qui réconcilierait ses divers objectifs. En même temps, enhardi par ces avancées et la perspective d'une monnaie unique dont il attendait un choc politiquement fédérateur, le courant fédéraliste redevenait très ambitieux.

La fuite en avant institutionnelle des années qui ont suivi Maastricht - traité d'Amsterdam, traité de Nice, Convention, traité "constitutionnel" - est la résultante de deux forces. D'une part la volonté de presque tous les États membres, à commencer par l'Allemagne et la Grande Bretagne, d'élargir aussi vite que possible pour différentes raisons l'Union européenne aux anciens membres du pacte de Varsovie libérés par la fin de l'URSS, ce qui nécessitait un nouveau traité ; et d'autre part la volonté des forces fédéralistes (Commission, Parlement européen, médias proches de la Commission, journalistes français, allemands et italiens, think tanks spécialisés, milieux économiques) de donner à chaque fois aux nouvelles institutions un caractère plus intégré, y compris pour la politique étrangère, en attendant "la prochaine étape" carrément fédérale.

Pas d'échappatoire

Ce retour en arrière est indispensable pour comprendre pourquoi, pour les tenants de cette thèse, pendant cette quinzaine d'années, ce qui concernait la politique étrangère et de défense française, sa définition, sa conduite, son adaptation paraissait de moins en moins important. Puisque la diplomatie française était vouée à se fondre un jour dans une politique étrangère européenne commune (en oubliant au passage la distinction fondamentale entre "commune" et "unique"), puisque c'était souhaitable et inéluctable, pourquoi s'accrocher à des traditions ou zones d'influence dépassées (francophonie, Afrique, monde arabe, Nord-Sud) qui énervaient nos partenaires européens (supposés eux, des européens parfaitement désintéressés) et agaçaient les Américains [...] ? Pourquoi, si ce n'est par goût de la gloire, maintenir ces voyages des ministres ou du président français, ces missions, ces initiatives, ces sommets franco-quelque chose, le siège français au Conseil de sécurité, l'obsession de la francophonie, etc., alors que le sens de l'histoire imposerait d'"européaniser" lentement mais sûrement notre politique étrangère ?

Aucun parti, aucun leader (pas même Jacques Delors, plutôt réaliste, ou Valéry Giscard d'Estaing, parce qu'ancien président français) n'a complètement préconisé cette ligne. Mais elle a pesé très lourd sur le débat public de 1992 à 2005. Cette tendance qui taxait de frileux tout ce qui n'était pas elle, aurait mérité une interpellation critique. [...] Les autres pays européens renonçaient-ils ainsi à eux-mêmes (voir les zones d'influence de chaque État membre) ? Européaniser, n'est-ce pas en fait abandonner ? En quoi une Europe refuge de nations fatiguées d'elles-mêmes pourrait-elle être forte ?

Mais plus que ces interrogations légitimes, c'est plutôt le désaveu brutal en 2005 [...] qui a donné un coup d'arrêt à cette fuite en avant. Même si le traité simplifié est, comme c'est probable, ratifié, avec un haut commissaire pour les relations extérieures cumulant les fonctions actuelles de Javier Solana, M. PESC, et de Benita Ferrero-Waldner, commissaire européen pour les Relations extérieures - progrès bienvenu -, et que la France fait tout pour qu'il réussisse dans sa mission, il y aura demain, comme aujourd'hui, une politique étrangère française et britannique, et allemande, etc. Nous n'allons pas nous en remettre à "l'Europe", contrairement à ce que certains annonçaient ou préconisaient, ni mettre sac à terre.

Pas d'échappatoire possible. Nous allons devoir continuer à penser et à repenser notre politique étrangère, pour nous-mêmes, et aussi pour peser de tout notre poids dans l'élaboration de la partie européenne commune des politiques étrangères des Vingt-Sept, la Politique étrangère de sécurité et de défense commune, et dans son renforcement, auquel nous avons intérêt.

Vaclav Klaus est-il un bouffon ?

15 octobre 2009

En provenance de Prague, des échos médiatiques dessinent le portrait d'un trublion tchèque dont l'irresponsabilité apparaît à la mesure de ses provocations : que vaut la parole d'un État dont le chef monnaie soudainement sa signature, au mépris des institutions de son propres pays et des engagements souscrits auprès de vingt-six partenaires ?

Non content de se réfugier derrière l'ultime recours déposé par ses complices sénateurs, qui lui imposerait de patienter jusqu'à la décision de la Cour constitutionnelle pour apposer son paraphe, le président tchèque a demandé jeudi dernier (8 octobre) « à ce qu'une note de bas de page de deux lignes soit ajoutée en lien avec la charte des droits fondamentaux », selon le témoignage du Premier ministre suédois, président en exercice du Conseil européen. Autrement dit, Vaclav Klaus suggère la réouverture des négociations bouclées le 13 décembre 2007. Il a certes « convenu que le procédé était "peu habituel" », rapporte Jean Quatremer. Bel exemple de désinvolture !

Son outrecuidance forcerait l'admiration s'il n'était pas censé représenter dix millions d'habitants. Les aléas de la cohabitation française semblent insignifiants comparés au sabotage qui sévit en Tchéquie. Là-bas, le président s'attaque ouvertement à son gouvernement, dont il observe pourtant de longue date, depuis le château de Prague, le déploiement de la politique européenne. Élu par les parlementaires en février 2003, Vaclav Klaus se trouvait déjà dans son fauteuil présidentiel quand fut organisé, quatre mois plus tard, le référendum autorisant l'adhésion de son pays à l'Union européenne le 1er janvier 2004. Il y était toujours installé quand furent négociés le traité établissant une constitution pour l'Europe, puis le traité de Lisbonne.

Un traité dont la portée nous semble largement exagérée par les souverainistes. Cela n'est pas sans incidence sur l'accueil que nous réservons à l'édification des barricades tchèques. Apporteront-elles quoi que ce soit à la France ? Les responsables politiques ayant bien d'autres chats à fouetter, autant souhaiter qu'elles s'écroulent au plus vite. Cette conviction nous rend d'autant plus enclins à fustiger le nationalisme de posture pratiqué par Vaclav Klaus. Cela dit, nos compatriotes l'ayant choisi pour coqueluche devraient s'interroger : apparemment, certains seraient tout disposés à porter à la tête du pays un agitateur qui en saperait la crédibilité internationale ; cela au nom de l'intérêt de la France. Nouveau paradoxe.

Les nonistes dans l'impasse démocratique

15 octobre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

Quand les opposants au traité de Lisbonne se mordent le queue, par la faute d'une sacro-sainte démocratie qu'ils veulent s'imaginer bafouée.

Moult nonistes contestent la légitimité du référendum autorisant la ratification du traité de Lisbonne par l'Irlande ; la démocratie n'a-t-elle pas été bafouée ? Qu'importent les 67 % de suffrages exprimés en faveur du "oui" : organiser une seconde consultation, c'était mépriser la "volonté du peuple", dont certains s'imaginent qu'elle s'exprime dans le décompte d'opinions aléatoires. Entorse à leurs principes, ces rhéteurs semblent refuser au peuple le droit de changer d'avis !

À juste titre, ils observent qu'on se gardera de le consulter à nouveau après lui avoir arraché son accord. L'hypocrisie est certes inhérente à l'entretien du mythe démocratique. Soulignons néanmoins qu'un "oui" ne saurait être traité comme un  "non" dès lors qu'un contrat est en jeu – ici un accord liant vingt-sept États. Me Eolas l'illustre sur son blog avec un exemple concret : l'installation d'un ordinateur requiert l'acceptation du contrat d'utilisation. « Si vous refusez, votre ordinateur ne marchera pas. Mais vous aurez la satisfaction d'être libre face à votre écran noir. » Après avoir cliqué "oui", il fonctionnera, mais « ne vous demandera plus à chaque allumage si vous acceptez les conditions contractuelles. Inutile : vous les avez acceptées et êtes lié par elles. » Cela relève, somme toute, du bons sens.

Contestable en théorie, l'invocation de la démocratie se retourne naturellement contre les souverainistes. Défendant son principe, ceux-ci s'opposent à des contradicteurs qui, loin de le rejeter, semblent l'encenser avec d'autant plus de ferveur qu'ils entendent l'appliquer dans un cadre supranational dont il était jusqu'alors exclu. Or, l'influence des gouvernements s'étiolera à mesure que sera comblé le "déficit démocratique" affublant l'Union européenne.

À quelques jours du référendum, Pierre Lellouche évoqua « le sort institutionnel de 500 millions d'Européens »  placé « entre les mains de 3 ou 4 millions d'Irlandais ». Un scandale démocratique ! Déjà illusoire dans un cadre national, la pratique de la démocratie l'est plus encore au niveau européen. Mais se risquer à l'expliquer, n'est-ce pas commencer à écorcher son mythe ? Cela réclamerait, quoi qu'il en soit, une attention du public bien difficile à capter. En cas de victoire du "non", la démocratie aurait fourni un prétexte idéal aux européistes soucieux de passer outre la décision d'un État souverain... Entre souveraineté et démocratie, le choix apparaît inévitable.

L'UE face aux barricades tchèques

15 octobre 2009
Article publié dans L'Action Française 2000

Seul contre tous, le président tchèque Vaclav Klaus bataille pour retarder l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, désormais ratifié par tous les États membres de l'Union européenne à l'exception de son pays. Les négociations en cours s'en trouvent d'autant plus délicates...

Après avoir franchi le barrage irlandais, le traité de Lisbonne se heurte aux barricades tchèques. Depuis le château de Prague, où il n'a jamais laissé flotter le drapeau bleu étoilé, le président Vaclav Klaus orchestre l'exaspération de ses homologues européens, réfugié derrière l'ultime recours déposé le 30 septembre par ses complices sénateurs : « Je ne peux rien signer avant la décision de la Cour constitutionnelle », a-t-il affirmé le 3 octobre (Euractiv, 05/10/2009). « Il est difficile de dire combien de temps cela prendra », proclame son conseiller politique Ladislav Jakl (La Croix, 06/10/2009). Peut-être plusieurs mois.

Klaus exige une dérogation

Le président Klaus s'est entretenu par téléphone le 8 octobre avec le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union. Un pas en avant ? Depuis juillet dernier, il refusait tout contact avec les responsables européens (Coulisses de Bruxelles, 08/10/2009). Au cours de la conversation, selon le témoignage de son correspondant, il demanda « à ce qu'une note de bas de page de deux lignes soit ajoutée en lien avec la charte des droits fondamentaux » annexée au traité. Prudent, le Suédois répondit qu'il s'agissait « d'un mauvais message envoyé au mauvais moment pour l'UE ». C'est le moins que l'on puisse dire. Cette requête serait motivée par la crainte d'encourager les revendications des Allemands expulsés après la Seconde Guerre mondiale – une inquiétude que récuse le gouvernement tchèque. En échange de sa signature, M. Klaus exige une dérogation dont la concession supposerait la modification d'un traité négocié de longue date, signé le 13 décembre 2007 par les représentants de vingt-sept États, et ratifié depuis par vingt-six d'entre eux (le processus s'est achevé en Pologne samedi dernier).

Les Tchèques pourraient en être scandalisés : que vaut la parole d'un État dont le chef joue ainsi les trublions, au mépris de son gouvernement et de son propre parlement ? Jean-Louis Bourlanges fustige « une manifestation d'égocentrisme extrêmement immorale »... Bataillant seul contre tous, Vaclav Klaus s'attire pourtant moult sympathies dans son pays : il y serait « très populaire » selon Christian Lequesne, directeur du Centre d'études et de recherches internationales, « car il plaît pour sa capacité de résister. Il résiste sur le traité de Lisbonne, sur le débat mondial sur le changement climatique, il capitalise en interne son côté "Astérix". Mais paradoxalement, les gens qui approuvent sa politique ne sont pas contre l'Europe. » (Euractiv, 12/10/2009) En France, il est devenu la coqueluche des souverainistes. Alain Bournazel, secrétaire général du Rassemblement pour l'indépendance et la souveraineté de la France (RIF), a pris la tête d'un comité de soutien informel. Il faut tenir jusqu'aux élections britanniques de juin 2010 ! David Cameron, le chef de file des Tories, est pressenti pour succéder à Gordon Brown au 10 Downing Street. Le cas échéant, si le traité de Lisbonne n'était pas encore appliqué, il organiserait un référendum ; du moins l'a-t-il laissé entendre à ses électeurs potentiels.

Du bricolage

Le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, se trouve dans l'embarras. Son gouvernement souhaiterait permettre l'entrée en vigueur du traité « d'ici la fin de l'année ». Lundi dernier, il a fait part de son intention de « négocier avec ses partenaires européens une solution possible ». Le Conseil européen réunira les chefs d'État ou de gouvernement des Vingt-Sept les 29 et 30 octobre. Peut-être s'accordera-t-il pour annexer au traité d'adhésion de la Croatie un nouveau protocole susceptible de satisfaire le président Klaus. Encore du bricolage institutionnel !

En attendant, ce climat d'incertitude complique les négociations en cours, portant sur  la répartition des postes, mais aussi, à travers elle, sur l'équilibre des institutions européennes. En filigrane se heurtent les intérêts divergents des États ; ainsi les pays les moins peuplés chercheront-ils vraisemblablement à privilégier la Commission, censée les protéger de l'influence de leurs partenaires les plus puissants.

Tony Blair est-il disqualifié ?

Le mandat de la Commission arrive à son terme le 31 octobre. Si elle devait intervenir dès maintenant, sous l'égide du traité de Nice, la désignation d'un nouveau collège susciterait de vives discussions. « L'Allemagne a d'ores et déjà fait savoir que si le traité de Lisbonne ne pouvait être appliqué, elle plaiderait pour un exécutif européen restreint à quinze ou dix-huit commissaires », rapporte Euractiv (06/10/2009). On devine que les États batailleraient ferme pour retarder la perte de leur commissaire.

La semaine dernière, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, suivis par l'Autriche, sont partis en croisade contre Tony Blair. « Il a plus souvent divisé que rassemblé », déplore le chef de la diplomatie du Grand Duché, faisant allusion au soutien qu'il apporta aux velléités guerrières  de George W. Bush. Fort de l'appui de Paris, l'ancien Premier ministre britannique était pressenti pour assurer la présidence du Conseil européen pendant deux ans et demi. « L'idée d'une présidence stable était une proposition uniquement française qu'il a fallu, au début, défendre avec acharnement », raconte Jean-Pierre Jouyet. Toutes les réticences de nos partenaires n'ont pas été dissipées, et certains préféreraient sans doute confier ce poste à une personnalité dotée d'une moindre stature internationale ; pour la cantonner, éventuellement, à la préparation des réunions des chefs d'État ou de gouvernement.

Dix ans de travail

Quoi qu'il en soit, sous le régime de Lisbonne, le président du Conseil européen devrait compter avec le maintien d'une présidence tournante, les États membres continuant d'assurer tour à tour, pour une durée de six mois, la présidence des différentes formations du Conseil des ministres (à l'exception du Conseil des Affaires étrangères). Sur la scène internationale, il devrait se faire une place aux côtés du Haut Représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité (HR), dont les pouvoirs seraient accrus par rapport à ceux dont dispose aujourd'hui Javier Solana (lui aussi maintenu à son poste pour le moment).

« Dans l'accomplissement de son mandat », précise le traité sur l'Union européenne, « le Haut Représentant s'appuie sur un service européen pour l'action extérieure. Ce service travaille en collaboration avec les services diplomatiques des États membres et est composé de fonctionnaires des services compétents du secrétariat général du Conseil et de la Commission ainsi que de personnel détaché des services diplomatiques nationaux. L'organisation et le fonctionnement du service européen pour l'action extérieure sont fixées par une décision du Conseil. » Autrement dit, tout reste à construire. « C'est un nouveau travail de dix ans qui s'engage », commente Nicolas Gros-Verheyde (Bruxelles 2, 9/10/2009).

Concurrence des institutions

Afin d'en jeter les bases, les ambassadeurs du Coreper II (Comité des représentants permanents à Bruxelles) vont plancher sur le sujet au moins deux fois par semaine à l'approche du Conseil des Affaires étrangères du 26 octobre. S'appuyant sur des éléments issus des administrations existantes, le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) leur fera inévitablement de l'ombre. Sa mise en place agace naturellement les Britanniques, les Français témoignant quant à eux du plus grand enthousiasme. « Le HR est un "objet" non encore identifié, assez hétéroclite : un peu commissaire, un peu ministre (puisqu'il préside le Conseil des Affaires étrangères), et toujours diplomate en chef de l'UE et chef de la défense de l'UE. » Se demandant où il logera, l'animateur du blog Bruxelles 2 soulève une question qui n'a rien d'anodine, en ce sens qu'elle illustre la proximité qu'il entretiendra soit avec les "nationalistes" du Conseil, soit avec les "apatrides" de la Commission...

On le voit, Vaclav Klaus est loin de tenir entre ses mains tout le destin du continent. S'il se résout à signer, l'Europe s'en trouvera-t-elle transfigurée ? Les européistes veulent croire qu'elle parlera enfin d'une seule voix grâce à Lisbonne. On mesurera leur manque de réalisme à la lumière des tractations accompagnant la mise en œuvre du traité... On se souvient de l'interpellation d'Henry Kissinger : « L'Europe, quel numéro de téléphone ? » L'ironie de Jean-Louis Bourlanges nous semble de circonstance : tout au plus l'UE disposera-t-elle bientôt d'un « standard téléphonique ».