5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le rapport de l'Académie des sciences sur le changement
climatique, rendu public le 28 octobre, a suscité
des réactions contradictoires.
Tandis que Paul Molga pointait, dans Les Échos,
le désaveu des climato-sceptiques, Drieu Godefridi – qui
appartiendrait plutôt à ceux-ci... – a salué, sur le site de
l'institut Hayek, la crucifixion des idéologues du climat. Claude
Allègre aurait signé le document tout comme ses détracteurs !
Sans doute ce paradoxe reflète-t-il les efforts de diplomatie
déployés par les rapporteurs. Ils ont synthétisé, en quelques pages,
les contributions au débat organisé à la demande de Valérie Pécresse,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui s'était
inquiétée, au printemps dernier, que « des voix s'élèvent
[...] pour remettre en cause l'existence d'un large consensus parmi les
chercheurs sur les causes et les conséquences du réchauffement
climatique ».
Il en résulte un document pointant des connaissances, mais
identifiant également des incertitudes. C'est en cela, semble-t-il, que
l'Académie des sciences se distingue du GIEC, ou de certains de ses
représentants, dont le discours est parfois jugé péremptoire.
« Depuis la seconde moitié du XIXe siècle,
plusieurs indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un
réchauffement climatique [...] modulé dans le temps, avec une
augmentation de 1975 à 2003 », affirme-t-elle. En cause, «
principalement » : l'augmentation de la concentration
du CO2 dans l'atmosphère, qui découlerait
« incontestablement » de l'activité humaine.
Mais « des incertitudes importantes
demeurent », notamment, sur la modélisation des nuages,
l'évolution des glaces marines et des calottes polaires, le couplage
océan-atmosphère, l'évolution de la biosphère et la dynamique du cycle
du carbone.
« Environ la moitié du CO2 produit par les activités
humaines à un moment donné et rejeté dans l'atmosphère, y subsiste.
L'autre moitié est actuellement absorbée par l'océan et la végétation
continentale : il faut environ un siècle pour que la fraction
transmise à l'atmosphère soit diminuée de moitié. La connaissance des
mécanismes d'échanges océan-atmosphère et continent-atmosphère a fait
de grands progrès mais reste encore incertaine pour des prédictions
plus précises à l'échelle du siècle. Cette connaissance dépend de la
description de la circulation océanique profonde et et de la complexité
de la photosynthèse. Les incertitudes sur l'effet global indirect d'un
changement de concentration du CO2, avec toutes les rétroactions prises
en compte, font l'objet de débats au sein de la communauté des
climatologues.. »
Or, d'après Jean-Michel Bélouve, dont l'institut Hayek a
également publié l'analyse, « on aborde là un point crucial de
la dispute entre partisans et détracteurs du GIEC. [...] Les
climatologues qui inspirent le GIEC affirment que l'effet direct du CO2
est fortement amplifié par des rétroactions positives. [...] Les
sceptiques, au contraire, exposent que la nature dispose de
rétroactions négatives, la principale étant la formation de nuages,
engendrés en plus grande quantité par cette vapeur d'eau
supplémentaire. »
Quoi qu'il en soit, selon l'Académie des sciences,
« la validité des projections pour les décennies à venir et
leurs incertitudes sont une question centrale ». La prudence
est de mise !
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5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Parmi les multiples remontrances rendues publiques par la
Commission européenne le 28 octobre, plusieurs concernaient la
France.
La plus médiatisée portait un nouveau coup au bouclier fiscal,
accusé de constituer « un obstacle à la libre circulation des
capitaux », étant donné que seuls les impôts payés en France
interviennent dans le calcul d'un éventuel remboursement.
Paris est prié, également, de mieux appliquer le droit
européen portant sur l'étiquetage de produits chimiques (harmonisé au
niveau mondial), la qualité de l'air (polluée par des particules en
suspension), la prévention des inondations et les semences fruitières.
Bruxelles conteste, en outre, un accord bilatéral conclu avec
la Russie pour le survol de la Sibérie, au motif qu'il ne s'applique
pas à toutes les compagnies aériennes de l'Union. Agitant la
jurisprudence, la Commission signale que, depuis 2002, la plupart des
accords de ce type ont été adaptés. Moscou ferait figure d'exception en
refusant pareille évolution.
La République tchèque, quant à elle, est poursuivie
devant la Cour de justice pour avoir acheté quatre avions de transport
tactique sans mise en concurrence. C'est une première, affirme notre
confrère Nicolas Gros-Verheyde : jusqu'à maintenant, en effet,
la Commission s'était abstenue d'interférer dans des contrats
strictement militaires. Ce faisant, elle semble rompre avec une
interprétation plus souple des traités, et anticipe l'entrée en vigueur
d'une directive encadrant les marchés de défense. Ce n'est peut-être
qu'un début...
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5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
L'adoption d'un nouvel accord-cadre par le Parlement et la
Commission européenne suscite l'inquiétude du Conseil des ministres.
Le Parlement européen poursuit sa "montée en puissance" aux
dépens des gouvernements. Le 20 octobre a été signé un nouvel
accord-cadre régissant ses rapports avec la Commission, qui s'est
engagée à lui garantir la participation aux réunions, l'accès aux
documents – y compris confidentiels –, le suivi des
négociations internationales, etc., dans les mêmes conditions que le
Conseil des ministres.
Celui-ci s'en est inquiété dans une déclaration où il constate
« que plusieurs dispositions [...] tendent à modifier
l'équilibre institutionnel [...], à reconnaître au Parlement européen
des prérogatives qui ne sont pas prévues par les traités ». Il
prévient qu'il « saisira la Cour de justice de tout acte ou
action du Parlement européen ou de la Commission pris en application
des dispositions dudit accord-cadre qui porterait atteinte aux intérêts
du Conseil ou aux prérogatives que les traités lui
confèrent ».
Loin de se laisser intimider, les eurodéputés continuent de
jouer les maîtres-chanteurs, menaçant de bloquer l'adoption du prochain
budget européen s'ils n'obtiennent pas l'assurance qu'un débat sera
bientôt ouvert sur l'affectation à l'Union de nouvelles ressources
propres.
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5 novembre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le projet de loi portant réforme des retraites a été adopté
définitivement le 27 octobre. Reste à passer l'examen du
Conseil constitutionnel et les soubresauts de sa mise en œuvre, en
attendant la remise à plat du système.
Tandis que les raffineries reprenaient le travail, le débat
s'ouvrait sur le coût des conflits sociaux. Dénonçant « la
chienlit », la CGPME l'a estimé à 4 milliards d'euros
dans un communiqué du 25 octobre. Sans doute Nicolas Sarkozy
espère-t-il tirer quelque bénéfice de cet investissement lors d'un
prochain rendez-vous avec les urnes. « C'est une réforme
difficile, j'en suis le premier conscient », a-t-il déclaré le
20 octobre. « Et il est normal que dans une
démocratie chacun puisse exprimer son inquiétude ou son opposition.
Mais certaines limites ne doivent pas être franchies et mon devoir est
de garantir le respect de l'ordre républicain au service de tous les
Français. »
Des marchés rassurés
Un discours de relative fermeté apprécié par les marchés
financiers. Pour preuve, après s'être accru en septembre, l'écart de
taux à dix ans entre la France et l'Allemagne s'est resserré le mois
dernier. Cela devrait offrir un répit temporaire à Bercy, d'autant que
Paris aurait déjà accompli 90 % de son programme de
financement pour 2010, selon les chiffres publiés par Isabelle Couet (Les Échos,
28/10/2010).
Autrement dit, les contribuables échappent au renchérissement
de la dette, dont les plus jeunes ne seraient pas les moindres
victimes. De ce point de vue, ils se sont montrés peu inspirés en
séchant les cours pour aller manifester. Quoique à brève échéance, la
question du partage du travail se posera effectivement selon Philippe
Askenazy, directeur de recherche au CNRS. Pour les nouveaux venus sur
le marché du travail, « la difficulté ne viendra pas du
secteur privé mais du public », a-t-il expliqué aux Échos
(26/10/2010) : « Dans les trois fonctions publiques,
qui représentent un cinquième de l'emploi salarié en France, les
recrutements se font principalement pour remplacer des départs à la
retraite. [...] Le fait qu'un senior reste deux ans de plus devrait
ainsi faire baisser de 20 % les recrutements d'agents au cours
des dix ans à venir. Cela fait de l'ordre de 30 000 postes de
moins par an pendant une dizaine d'années. Cela peut paraître peu [...]
mais cela va être très concentré sur une seule classe d'âge. »
Quoi qu'il en soit, la réforme en cours ne préjuge guère de la
retraite dont bénéficieront nos jeunes actifs. Le texte définitif du
projet de loi prévoit d'ores et déjà le lancement, au premier semestre
2013, d'une « réflexion nationale » censée préparer,
enfin, « une réforme systémique de la prise en charge
collective du risque vieillesse ». La République
tiendra-t-elle ses promesses ?
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13 octobre 2010
L'Otan se préoccupe du "genre", y compris sur le théâtre
afghan.
Nous n'en revenons pas : deux conseillers
« pour les questions de genre » sont affectés à
l'ISAF, la Force internationale d'assistance à la sécurité engagée en
Afghanistan. L'Otan
s'en réjouit : c'est « une
première » dans une opération placée sous sa responsabilité. À
cet effet, le capitaine Ella van den Heuvel a suivi une formation
spécifique aux Pays-Bas, complétée par un stage en Suède, avant de
rejoindre Kaboul, « où elle aide les commandants pour ce qui
est de la prise en compte de la dimension de genre ».
« Il est encore très difficile d'intéresser les
femmes à la carrière militaire », déplore cet officier.
« Je pense que c'est parce qu'elles se font encore des idées
fausses sur l'armée. Lorsque je raconte mon expérience, et que je
précise que j'aide les femmes afghanes, la plupart de mes collègues
féminines me disent qu'elles aimeraient en faire autant. Mais la
dimension de genre n'est pas seulement l'affaire des
femmes... » Effectivement : « La dimension de genre
devrait faire partie intégrante des activités de chaque division, de
chaque opération, qu'elle soit planifiée ou en cours
d'exécution ; elle devrait aussi être prise en compte dans les
ressources, le renseignement, le budget et les finances »,
selon l'amiral Giampaolo di Paola, président du Comité militaire de
l'Otan.
Dans l'Armée nationale afghane (ANA), la première femme
sous-officier viendrait de prendre ses fonctions au commandement des
forces multinationales. Sa tenue tranchera avec celle de ses
compatriotes, dont l'écrasante majorité portent la burqa (du moins en
Kapisa). Mais l'Otan ne gagnera pas « le cœur et les
esprits » de la population en s'attaquant de la sorte aux
mentalités locales. Bien que ce discours s'adresse vraisemblablement
aux opinions occidentales, on s'inquiète de voir l'idéologie pénétrer
jusque dans les rangs des armées.
Publié dans Défense, Féminisme & Genre | 1 Commentaire
12 octobre 2010
La DGSE communique, par la voix de son patron et celle de son
directeur technique, à la recherche de nouveaux ingénieurs. Aperçu de
la "doctrine officielle" primant dorénavant en matière de renseignement.
« La connaissance et l'anticipation », dont
le renseignement est « un élément essentiel », sont
appelées à devenir « le cinquième pilier de la défense et de
la sécurité nationale », avec la prévention, la dissuasion, la
protection et la projection, annonce Érard Corbin de Mangoux, dans
un entretien accordé à Isabelle Lasserre. Nommé à la tête de
la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), il a entamé
« une petite révolution intellectuelle » :
« Pour la première fois, on intègre le renseignement, au plus
haut niveau de l'État, dans la panoplie d'outils dont disposent les
décideurs de la politique étrangère, de sécurité et de défense. C'est
le sens de la création du Conseil national du renseignement qui, sous
l'autorité du président, définit les orientations stratégiques en la
matière. » (1)
Quelles menaces ?
« Les services français ont développé des
coopérations d'abord avec leurs partenaires étrangers, avant de
comprendre tout l'intérêt qu'ils avaient à resserrer les liens avec les
autres services nationaux qui sont leurs premiers partenaires
naturels. » Le monde dans lequel ils opèrent « a
profondément changé depuis vingt ans. Les menaces sont devenues
beaucoup plus diverses, diffuses et changeantes que naguère. Elles
émanent de groupes terroristes, d'organisations criminelles, d'États,
de réseaux proliférant et de pirates. Elles prennent leur source dans
des conflits déstabilisateurs et des États faillis, sans parler des
cybermenaces – nouvelles et en plein développement – et de
l'espionnage, toujours aussi actif. »
Mais « contrairement au tableau très sombre que
certains médias ou analystes étrangers brossent de la société
française, les valeurs démocratiques et laïques qui la fondent,
l'habitude qu'a notre pays d'accueillir des populations étrangères
depuis plus d'un siècle, le modèle intégrationniste »
rendraient la France « moins exposée que d'autres à cette
dérive pathologique qu'est le radicalisme violent ». On
voudrait le croire ! Quoi qu'il en soit, « on sait
que quelques individus seulement peuvent causer des dommages
insupportables pour nos concitoyens. Même si la société française en
produit infiniment peu, c'est déjà trop, et il faut donc les repérer
assez tôt pour les empêcher de nuire. »
Selon son directeur, « le mode de fonctionnement de
la DGSE est assez atypique ». Seuls les Allemands seraient
organisés de la même façon : « Nous sommes un service
intégré, qui réunit à la fois la partie technique, les capacités
d'analyse et les opérations plus offensives. Les Britanniques [...] ont
trois agences différentes : une agence technique qui travaille
pour tout le monde ; un service de renseignement extérieur qui
collecte l'information ; et un service d'analyse qui mouline
le tout. Plus, bien sûr, un service intérieur. C'est un modèle qui
marche bien, mais qui est plus vorace que le nôtre en hommes et en
argent. Le système français permet une meilleure coordination et une
efficacité accrue. En gros, nous sommes capables de mobiliser
l'ensemble de nos équipes sur un thème donné et de traiter tous les
aspects d'un dossier, y compris l'analyse. »
Appel à candidatures
Entre autres faiblesses, Érard Corbin de Mangoux
pointe des difficultés de recrutement : « Nous
cherchons à recruter des agents qui fassent preuve, dans leur travail,
de retenue et de discrétion. Mais parfois nous n'avons pas le
choix : certaines langues sont difficiles à trouver sur le
marché ou ne sont pratiquées que par des personnes qui ne présentent
pas toutes les qualités requises. Dans ce cas, il faut faire des
compromis. »
Entre cent et cent cinquante postes d'ingénieurs seraient à
pouvoir chaque année jusqu'en 2014. « La plupart des membres
de la direction technique effectuent les mêmes tâches que dans le
privé », rapporte
notre confrère Rémy Maucourt. « On pourrait presque
croire qu'ils travaillent pour une société comme une autre, mais les
enjeux restent fondamentalement différents. La pression est importante,
venant de la hiérarchie mais surtout de la nature des missions. Les
contraintes de confidentialité sont extrêmes : un agent ne
parle pas de ses activités, ni à ses proches ni à sa famille. Au
public, il ne donne que son prénom. Il ne consulte pas ses mails
personnels au bureau : pour des raisons de sécurité, son
réseau est fermé. »
Si certains jugent « valorisant » de
travailler pour le pays, d'autres soulignent que »le
patriotisme n'entre pas en ligne de compte dans le
recrutement ». Des conditions avantageuses compenseraient
l'interdiction de se syndiquer ou de faire grève...
« Aujourd'hui, la défense des intérêts de la nation n'est plus
le principal argument pour attirer les candidats vers les services
secrets. » Selon Bernard Barbier, directeur technique, ceux-ci
offriraient simplement « un bon début de carrière ».
Une perspective exaltante, sans doute à la mesure de lépoque.
(1) « Le Conseil national du renseignement (CNR)
définit les grandes orientations et fixe les priorités assignées aux
six services de renseignement français : la DGSE ;
la DRM (Direction du renseignement militaire) qui traite le
renseignement d'intérêt militaire et opérationnel ; la DPSD
(Direction de la protection et de la sécurité de la défense) qui veille
à la sécurité des informations et du personnel relevant de la Défense
nationale ; la DCRI (Direction centrale du renseignement
intérieur), issue de la fusion de la DST et des RG ; la DNRED
(Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières et
financières) qui dépend du ministère de l'Intérieur ; enfin,
le TRACFIN, service s'occupant des circuits financiers clandestins et
de´pendant du ministère du Budget. Le CNR est anime´ par un
coordonnateur national, l'ambassadeur Bernard Bajolet, placé sous
l'autorité du président de la République. »
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11 octobre 2010
Une fois n'est pas coutume, le RIF s'engage dans un combat
gagné d'avance.
Les souverainistes ne manquent pas d'humour. Las d'accumuler
les déconvenues, le Rassemblement pour l'indépendance de la France
(RIF) s'est lancé dans un combat gagné d'avance : il appelle à signer une
pétition contre l'impôt européen, dont les esprits censés
savent bien que l'instauration n'est pas pour demain (voir, par
exemple, notre
article consacré au « spectre d'un impôt
européen »).
« Avec le traité de Lisbonne, l'Union européenne a
acquis la personnalité juridique étatique », proclament
Jean-Paul Bled, Alain Bournazel, Nicolas Lacave, et Nicolas Smeets.
« Elle a donc aujourd'hui la capacité de prélever l'impôt
directement, sans passer par les États membres »,
affirment-ils sans craindre de verser dans la désinformation.
Faut-il le leur rappeler ? La Communauté européenne
dispose de la personnalité juridique depuis belle lurette. Quant au
traité de Lisbonne, il maintient la définition des ressources de
l'Union sous la coupe des États. En effet, selon l'article 311 du
TFUE : « Le Conseil, statuant conformément à une
procédure législative spéciale, à l'unanimité et après consultation du
Parlement européen, adopte une décision fixant les dispositions
applicables au système des ressources propres de l'Union. Il est
possible, dans ce cadre, d'établir de nouvelles catégories de
ressources propres ou d'abroger une catégorie existante. Cette décision
n'entre en vigueur qu'après son approbation par les États membres,
conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. »
C'est pourtant clair !
Publié dans Souverainisme | 1 Commentaire
7 octobre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Confrontés au choc des cultures, les soldats du 27e bataillon
de chasseurs alpins ont évolué sous le feu des talibans, dans un
paysage majestueux, de novembre 2008 jusqu'à juin 2009.
Aperçu d'un récit captivant.
« Là-bas, très loin de la France, c'est vraiment la
guerre... » Patrick de Gmeline – un historien militaire – l'a
constaté au plus près des combats. Intégré dans la réserve du
27e bataillon de chasseurs alpins (27e BCA) basé à
Cran-Gevrier (Haute-Savoie), il a côtoyé, des mois durant, les soldats
de la task force Tiger, engagée en Afghanistan de
novembre 2008 à juin 2009. Fort de riches descriptions, son
livre (1) nous convie à leur rencontre. « Au-delà du seul récit
des faits militaires, qui a ses limites, j'ai voulu proposer au public
un récit privilégiant les hommes », annonce-t-il d'emblée.
Huit mois de préparation
L'auteur rend compte des huit mois de préparation intense, ponctués
par des événements douloureux, voire tragiques, telle l'embuscade de
Surobi, où dix Français trouvent la mort. La nouvelle tombe lors de la
permission estivale, nourrissant l'inquiétude du chef de corps, le
colonel Nicolas Le Nen. De retour au sein du bataillon, celui-ci ne
constate aucune désertion. Sa confiance en ses hommes s'en trouve
renforcée : « Ils ont à peine vingt ans, peu d'instruction,
certains issus de milieux que l'on appelle maintenant "défavorisés", et
ils sont des exemples pour toute une jeunesse. » Un sergent confie
que ce drame « ne change rien à sa résolution : il préfère, comme
il le dit, "combattre les terroristes chez eux plutôt que d'attendre et
de les voir arriver en force chez lui" ».
« Vous servez un pays et une nation qui se sont forgés, au fil
des siècles, à coups d'épées », rappelle le chef de corps, à
l'approche du départ. « Cette idée de nation est le creuset dans
lequel se sont fondues et se fondent encore l'unité et la cohésion de
notre peuple, mais aussi nos valeurs essentielles de liberté, d'égalité
et de fraternité. Vous verrez dans quelques mois ce que constituent un
pays et un peuple qui ne constituent pas une nation, des tribus
afghanes qui s'entredéchirent, des seigneurs de la guerre et de la
drogue exploiter les paysans, des femmes et des filles asservies par
leurs maris, leurs pères et leurs frères... »
Près de sept heures de vol sont nécessaires pour découvrir de
« magnifiques paysages, alternant les plaines vertes, irriguées de
nombreux cours d'eau, les vastes surfaces arides, rocheuses, dénudées,
les montagnes élevées, couronnées de neige sous un ciel qui peut être
très bleu ». Dans la vallée de Tagab, où évoluent les compagnies
du 27e BCA, « les villages sont composés de maisons à toits
en terrasses, construites [...] en terre séchée de couleur ocre. Elles
sont séparées par des murs épais, hauts de deux mètres cinquante, qui
délimitent des rues ou plutôt des ruelles. Les portes des maisons
s'ouvrent, comme des trous sombres, dans ces murs qui protègent des
intempéries et défendent en même temps, transformant les habitations en
autant de petits fortins. »
Où sont les femmes ?
Les hommes paraissent « dignes et fiers », mais jamais, ou
presque, on ne croise le regard de leurs épouses. « La femme, chez
le paysan le plus inoffensif – s'il y en a un ! – est vraiment
considérée comme moins que rien », constatent les militaires
français. « Si un muret se présente [...], elle doit le franchir
seule, sans l'aide de l'homme qui marche loin devant, et le faire
franchir aux plus jeunes enfants. Sans compter que leurs vêtements ne
leur facilitent pas la tâche. Elles sont presque toutes "burqanisés" –
terme inventé par les alpins – et leurs longues robes entravent leurs
mouvements... » Tandis qu'il dirige une distribution de matériel
scolaire, un lieutenant est furieux : « Il s'aperçoit que les
filles n'ont pas droit à ces fournitures. L'une d'elle, même, qui tente
de s'approcher, reçoit des pierres lancées par des
garçons ! » À l'opposé, l'auteur décrit, à l'entrainement,
« près de l'un des VAB de la Légion, un caporal féminin, sourcils
froncés sous son casque ». Se trouve-t-elle vraiment à sa
place ? Une fois n'est pas coutume, des considérations
opérationnelles rendent l'engagement des personnels féminins
indispensable : ils sont les seuls habilités à fouiller des
Afghanes.
Les infirmières françaises doivent attendre un mois avant que des
femmes se présentent à elles, après que trois cents hommes eurent déjà
défilé dans leur service. « Si elles viennent au début
accompagnées d'un mari ou d'un frère, elles vont venir progressivement
seules, en confiance. » La distance est de mise lors des premiers
contacts avec la population. Patrouillant dans une ambiance qu'ils
jugent moyenâgeuse, les soldats ont fière allure, revêtus de leur
treillis, encombrés par le Famas, affublés d'un gilet pare-balles...
« Des Martiens sur les Champs-Élysées, à Paris, ne feraient pas
plus d'effet », commente Patrick de Gmeline. Un officier accepte,
non sans hésitation, l'invitation d'un villageois qui le convie à
prendre le thé. Pénétrant chez son hôte, qui se révélera très aimable,
il veille « à immédiatement retirer ses gants et son casque :
il sait que les Américains, dans ces circonstances, ne le font pas, ce
qui contribue à les faire (très) mal voir ».
Le passage par la base aérienne de Bagram avait déjà provoqué un
semblant de choc culturel. « Une base ? Non, une ville, avec
ses 13 000 habitants et, surtout, ses infrastructures si
représentatives de la puissance [...] américaine.
[...] En somme une petite parcelle des riches États-Unis au milieu
sinon du désert, du moins d'un monde oriental dont la pauvreté est
flagrante. » Les Français sont partagés entre le rire et la
stupéfaction... « Mais cette force matérielle est peut-être aussi
une faiblesse. Le ménage [...] est fait par des "locaux", autrement dit
des Afghans venus des villages voisins, c'est-à-dire de la misère.
Comment perçoivent-ils cette abondance déplacée dans ce pays aux mains
des talibans qui ont la part belle pour leur propagande, au moins sur
ce point ! » Plus tard, un lieutenant s'indigne :
« Les pays riches ont oublié qu'ils ont de la chance... Ils sont
devenus fous ! » Pour quelques-uns, en effet,
« l'Afghanistan est aussi une sorte de fuite d'un pays, le leur
pourtant, où la vie est devenue ultramédiatisée, sans plus de valeurs
hormis matérielles, guidée par le seul culte de l'argent, pleine de
contradictions. Ce n'est pas en faisant de l'Afghanistan un pays
occidentalisé, américanisé, qu'on lui donnera un idéal de vie. »
Sur le terrain, l'attention est requise à chaque instant. Outre les
embuscades, plane la menace des IED, les engins explosifs improvisés.
Les soldats évoluent avec trente, parfois cent kilos sur le dos. Au
cours des arrestations, ils doivent compter avec des policiers afghans
témoignant « d'un zèle très relatif », quand la fouille d'une
maison ne se transforme pas « en déluge de feu ». Les alpins
opèrent souvent de nuit, profitant de l'avantage procuré par les
lunettes de vision nocturne, et s'approchant de leur objectif aussi
discrètement que possible. Cependant, des veilleurs guettent à la
sortie de leurs bases de Nijrab et Tagab...
Point d'orgue des opérations : la conquête de la vallée
d'Alasay, « dans laquelle les soldats afghans et alliés ne sont
pas entrés depuis un an et où les Soviétiques, il y a quelques années,
ne s'aventuraient que difficilement ». Au cours des combats, un
soldat afghan est étranglé par un taliban arrivant par derrière.
« Ils ont vraiment des couilles ces insurgés », remarque un
sergent. Alors qu'un missile Milan atteint sa cible, « un cri de
triomphe jaillit des poitrines... comme lorsqu'un joueur de foot marque
un but. [...] Tels des gosses, les alpins saluent chaque impact de cris
de sioux. » Mais la guerre n'est pas un jeu. En témoigne, dans
cette bataille, la mort, à vingt-trois ans, du caporal Nicolas Belda.
« Malgré le bruit assourdissant, le silence tombe sur les hommes
dont l'œil s'est figé. »
La TF Tiger, une troupe d'élite
« Aveuglés par leur fierté toute moyen-orientale de guerriers,
[les talibans] sont tombés dans le piège tendu : accepter un bras
de fer qu'ils n'étaient pas capables de remporter. » Cette
victoire renforce l'estime gagnée auprès des Américains, qui auraient
volontiers confié une telle opération aux forces spéciales. « Les
soldats US sont visiblement bluffés par l'esprit traditionnellement
débrouillard des "Frenchies", leur sens du système D. Combien de
véhicules américains, embourbés ou en panne, ont été remis dans l'axe
ou réparés par des alpins techniciens ! » Un sergent ironise
: « Des généraux américains [...] doivent encore se demander [...]
comment des soldats peuvent faire cela sans porter un t-shirt Navy
Seals, des lunettes Ray-Ban et un hélicoptère par personne ! »
Au fil des pages, humour et émotion sont au rendez-vous. Mais on
retient surtout la noblesse des caractères dépeints par Patrick de
Gmeline, qui forcent l'admiration. D'aucuns jugeront peut-être son
ouvrage apologétique. Faut-il s'en offusquer ? « Nous ne
sommes pas dupes, la majorité des Français ne comprend pas ce que nous
faisons », déplore un lieutenant. « C'est difficile pour un
soldat de ne pas se sentir soutenu par un élan national. » Ce
livre vient rendre justice à nos soldats. Ce n'est pas le moindre de
ses mérites.
(1) Patrick de Gmeline : Se battre pour l'Afghanistan - Soldats de montagne contre les talibans ; Presses de la cité, mai 2010, 398 p., 21 euros.
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7 octobre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le passé de la France irrigue jusqu'à la rhétorique des terroristes
islamistes à l'origine des dernières prises d'otages. Preuve que le
"travail de mémoire" ne relève pas seulement des polémiques nationales.
L'esprit des cinéastes est loin d'être le seul hanté par le souvenir
de la colonisation. En témoigne la rhétorique d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique (AQMI), qui détient les sept otages – dont cinq Français –
enlevés au Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre.
L'organisation a réactivé « la figure de l'ennemi traditionnel de
l'Algérie », selon l'analyse de Mathieu Guidère (1), en
« exploitant le sentiment de frustration populaire face aux
conditions de vie difficiles ». On retrouverait les principaux
arguments invoqués jadis pour légitimer les attentats de 1995. Ceux-ci
avaient été perpétrés par le GIA (Groupe islamique armé), dont une
dissidence, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le
combat), fit depuis allégeance à Oussama ben Laden, formant la
quatrième branche d'Al-Qaïda, après celles établies en Arabie saoudite,
en Afghanistan et en Irak.
L'Irak, dont l'invasion, et l'insurrection qui s'ensuivit, auraient
« contribué, depuis 2003, à mélanger les combattants originaires
de tous les pays du Maghreb », et fourni aux islamistes « un
argument de recrutement très porteur ». Autant de facteurs
préparant le ralliement du GSPC, réalisé par l'entremise des
terroristes tchétchènes. Ce faisant, « il a entamé une mutation
vers les attentats-suicides à visée internationale », offrant
« une base arrière pour tous les islamistes en Afrique du Nord et
au Sahel ».
La France apparaît comme une cible prioritaire, étant donné son
implication au Maghreb, synonyme d'ingérence, et même de pillage, dans
la bouche des islamistes. Souvent désignée comme « la mère
nourricière du régime algérien », elle est stigmatisée par
l'entretien d'« une certaine confusion historique entre la période
des croisades et celle des colonisations ». Dans une vidéo
diffusée le 11 septembre 2006, Zawahri avait salué en ces termes
le rapprochement des réseaux terroristes : « Cette union
bénie sera un os dans la gorge des croisés américains et français,
ainsi que de leurs alliés, et fera naître la peur dans le cœur des
traitres et des fils mécréants de France. » Le 3 janvier
2007, Abdelwadoud dénonçait, quant à lui, « l'axe du mal conduit
militairement par l'Amérique et culturellement par la France, avec le
soutien de l'Otan ». Entre autres méfaits commis par Al-Qaïda au
Maghreb islamique figurent deux attentats contre l'entreprise française
Razel (BTP), l'attaque du siège d'Interpol en Algérie, l'assassinat de
touristes français en Mauritanie fin 2007, le meurtre de Michel
Germaneau en juillet dernier... Sombre bilan.
(1) Mathieu Guidère : « La tentation internationale d'Al-Quaïda au Maghreb », Focus stratégique n° 12, décembre 2008. Un document de 55 pages disponible gratuitement sur le site Internet de l'IFRI.
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7 octobre 2010
Article publié dans L'Action Française 2000
Le dialogue se poursuit désormais entre Paris et Bruxelles avec une
moindre théâtralité. D'autant que la Commission européenne renonce,
pour le moment, à poursuivre la France pour
« discrimination ».
Paris et Bruxelles seraient-ils décidés à calmer le jeu dans
l'affaire les opposant sur l'expulsion des Roms ? La polémique
avait atteint son comble à la mi-septembre, après que Viviane Reding se
fut décidée à jouer la vierge effarouchée. « J'ai été
personnellement choquée par des circonstances qui donnent l'impression
que des personnes sont renvoyées d'un État membre uniquement parce
qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique »,
avait-elle déclaré le 14 septembre. « Je pensais que l'Europe
ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde
Guerre mondiale. » Regrettant « que les assurances politiques
données par deux ministres français [soient] contredites par une
circulaire administrative », elle avait dénoncé « un affront
», avant de conclure : « Après onze ans d'expérience à la
Commission, je dirais même plus, c'est une honte. »
Sarko fait son show
Confronté à une telle suffisance, le président de la République a
profité du Conseil européen du 16 septembre pour élever la voix.
Au risque de froisser ses homologues, vraisemblablement exaspérés par
sa volonté d'instrumentaliser un sommet international à des fins de
propagande intérieure. « La France a agi et continuera d'agir dans
le strict respect du droit européen », avait-il martelé lors d'une
conférence de presse, avant d'entrouvrir une porte de sortie :
« En vérité, je pense que la Commission et nous, nous sommes sur
la même position. Les choses vont revenir dans la normale et s'il n'y
avait pas eu ces propos outranciers, ceci aurait été géré tout à fait
normalement. La Commission est dans son rôle en posant des questions,
en regardant si l'esprit et la lettre des traités sont respectés. [...]
S'il s'avérait que dans la transposition [de la directive encadrant
droit de libre circulation et de séjour], les gouvernements qui nous
ont précédé, comme le nôtre, aient commis des erreurs [...], mais
naturellement qu'on les corrigerait. »
Mise en demeure
Or, le mercredi 29 septembre, Bruxelles a confirmé qu'il
enverrait « une lettre de mise en demeure à la France en demandant
la transposition complète de la directive, à moins qu'un projet de
mesure de transposition ainsi qu'un calendrier précis pour son adoption
ne soit transmis avant le 15 octobre 2010 ». Aussitôt, Paris
a réagi avec satisfaction, soulignant que d'autres États membres (sinon
la majorité) étaient passibles d'une telle procédure, au demeurant
banale, sinon anecdotique, puisque la Commission cessait de
pointer (pour le moment) une application discriminatoire du droit de
l'Union.
La mécanique européenne peut souffrir des rivalités au sein du
triangle institutionnel (Conseil des ministres où sont représentés les
gouvernements, Commission, Parlement), mais non des hostilités
ouvertes, dont les sommets les plus fédéraux seraient d'ailleurs les
premiers à pâtir. Aussi cette crise semble-t-elle évoluer selon le
scénario le plus vraisemblable. Mme Reding pourra s'enorgueillir
d'avoir engagé quelques poursuites, poussée par un tropisme fédéraliste
inhérent à sa nationalité luxembourgeoise, auquel s'ajoute la prégnance
des rivalités institutionnelles. En effet, comment expliquer sa
participation au bal des hypocrites, sinon par la volonté de flatter
les parlementaires, rendus incontournables par l'entrée en vigueur du
traité de Lisbonne, après avoir été cantonnés, des années durant, à
l'adoption de résolutions ?
Astérix tient bon
Quant à Nicolas Sarkozy, il aura démontré, une fois de plus, la
force de sa détermination, bravant, seul contre tous, le monstre
bruxellois, selon un refrain bien connu... Pierre Lellouche, le
secrétaire d'État en charge des Affaires européennes, se serait même
risqué à justifier ce numéro d'esbroufe : il conviendrait de
« rassurer les Français inquiets de l'ingérence de l'exécutif
européen dans les affaires intérieures françaises », aurait-il
confié, en substance, à notre confrère Jean Quatremer, scandalisé par
ce « coming out souverainiste » !
Cela dit, « l'affaire n'est pas classée », a prévenu
Mme Reding, en réponse au mécontentement exprimé par certains
parlementaires. « Je trouve que la communication de la Commission
est ridicule » a déclaré, par exemple, l'eurodéputé italien Sonia
Alfano (ADLE). Le Berlaymont a adressé des demandes d'informations
complémentaires aux autorités françaises. « J'ai fait part de ma
profonde déception concernant la circulaire du 5 août », a
rappelé le vice-président de la Commission. « Elle a été modifiée
le 13 septembre. Que s'est-il passé entre, et que se passe-t-il à
l'heure actuelle ? [...] Il nous faut examiner les copies des
ordres d'expulsion afin de comprendre clairement ce qui est arrivé. Il
nous faut les chiffres, tous les chiffres, afin de pouvoir continuer
notre analyse. » La maîtresse d'école a du pain sur la planche.
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